KL-Mauthausen - un carnet de notes

clunisois 6,048 views 86 slides Oct 14, 2013
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About This Presentation

Documentation sur le camp de concentration de Mauthausen éditée à l'occasion de l'exposition "La part visible des camps - les photographies du camp de concentration de Mauthausen" par l'Amicale des anciens prisonniers politiques Luxembourgeois de Mauthausen.
Plus de détails...


Slide Content

KL-MAUTHAUSEN
UNCARNETDENOTES

KL-MAUTHAUSEN
UNCARNETDENOTES
Documentation s ur lecamp deconcentr ationdeMauthausen éditéeàl'occasion
del'exposition «La part visible des camps»les photographies du camp de
concentr ationdeMauthausen présentée au CentreCultu reldeRencontr e,
Abbayed eNeumünster,Luxembourg
Grand-Duché deLuxembourgd u 18maiau 20 juin 2006
Tous les jours de 11.00 à18.00 heur es
Entréelibre
©Amicale des Anciens Prisonniers Politiques Luxembourgeois de Mauthausen

ENGUISEDEPRÉFACE...
LECOMITÉDEL'AMICALE DESANCIENSPRISONNIERS POLITIQUES
LUXEMBOURGEOIS DEMAUTHAUSEN.
Lecomitéd el'Amicale des Anciens Pri-
sonniers Politiques Luxembourgeois de
Mauthaus ena pensé qu'il serait utilede
publier uncahier pédagogique, p our ac-
compagner l'exposition «LaPart visibledes
camps,les photographies du camp deconcentration de
Mauthausen »au CentrecultureldeRencon-
treAbbayed eNeumünst er.
Eneffet,cen'est pas unhasard sicette
exposition - quiadéjàétém ontrée aux
Archives nationales àParis et au Centre
mondiald elaPaix àCaenet quiest actuel-
lement montrée au Palais EpsteinàVienne
sous le titrede«Das sichtbareUnfaßbare–
Fotographien v omKonzentrationslager Mauthausen »
-est accueillie p ar leCentredeNeumüns-
ter: une plaquecommémorative r appelle
que pendant l'occupation nazie, 3 .500
résistants luxembourgeois ont d'abordé té
emprisonnés ici,dans ce quiétait encoreà
l'époquel a prisoncentraledu Luxem-
bourg,avant d'êtredéportés dans les pri-
sons et les camps nazis. Undeces camps
était lecampde concentr ationdeMaut-
hausen q uicomprenait,àlui s eul, quel
que
49 sous-camps,o u kommandos,c omme
Gusen,Melk,Hartheim,Ebensee....
Nos remerciements vont à toutes celles et
tous ceux quinous ont aidés dans cette
entreprise q uia pour but demaintenir la
mémoired ecelles et deceux quiont risqué
leur vie pour queleLuxembourg s oit libre.
Ungrandmerciàceux quifont cetravailde
mémoire ,les Amicales amies deMauthausen,
mais aussi toutes les autres amicales de
lieux demémoire. MerciàlaFondation
nationale delaRésistance, au Comitéd u
Souvenir delaRésistance,aux Ministères de
l'Education nationale et delaFormation
professionnelle ainsi qu’àceluid elaCul-

3
ture,del'Enseignement supérieur et dela
Recherche. Merciaux commissaires del'ex-
position,merciaux amis français pour leur
aide!
L'Amicale des Anciens Prisonniers Poli-
tiques Luxembourgeois deMauthausen
organised epuis 1968,àl'intention des
jeunes denos lycées un voyageéducatif, u n
«pèlerinage »àMauthausen et quelques-
uns de ses kommandos. Quelque 2 000
jeunes,acc ompagn és au début pard'an-
ciens déportés, témoins dela première
génération, mais aussi par leurs profes-
seurs,o nt depuis donnédeleur temps
pour essayer decomprendre.... On trou-
vera,àcôtéd 'uncertainnombred edocu-
ments rédigés par le professeur Steve
Kayser quenous remercions,d es témoi-
gnages dejeunes qui seront peut-êtr e, un
jour les témoins dela 3
e
génération. On
comprendraen lisant le présent carnet de
notesquelebut deces pèlerinages n'est pas
de pérenniser lahaine d'unennemidis-
ENGUISEDEPRÉFACE...
4Lalibération du 6 mai
1945du camp d’Ebensee
avecles prisonni ers luxem-
bourgeois.
rangée1,degaucheàdroite:
JengiMajerus,J.P.Kolbach,
Metty Docke ndorf,J os
Hammelmann,Oskar Lewin,
Robert Ma roldt
rangée 2 (sur lalocom otive)
Erny Pesch,G eorges Biwer,N icky
Bercehem,JengiWeyer
Photographe inconnu (il semble -
rait qu’àlalibération,les Lux em-
bourgeois soient allés emprunter
unappareil photoau village
d’Ebensee et aient fait les photos
eux-mêmes (ou avecl’aided’un
co-libéré)

paru,m ais d'essayer derappelerce qui s'est
passé pour mieux comprendre le passé,et,
partant notre présent et notrefutur:
«erënnerena verstoën», voilàladevise q u'avait
donnée,dès 1968,l'Amicale àces voyages.
Ou pour ledireavec leHolocaust Museum
deWashington D.C. "For theDeadand for the
Living wem ust bear Witness" (Elie Wiesel).
Lelecteur trouveraa ussides témoignages
d'anciens déportés, t émoignages emprun-
tés, pour la plupart,au livre«Lëtzebuer-
ger zu Mauthausen »,édité par l'Amicale
deMauthausen en1970. Celivreaété p ré-
facé par BobSheppard, ancienPrésident
du Comitéi nternationald eMauthausen,
et dans les lignes suivantes il s'adresseaux
jeunes denotre pays. Nous pensons que ses
mots ont gardé toutel eur valeur :
«C'est àlajeunessed u Grand-Duché q ueje voudrais
m'adresser encore. Sachez que vos pères necherchent
pas à tirer decedevoir qu'ils ont accompli degrand
coeur,ni vainegloire,ni triomphe,nihonneur. Sachez
quela souffranceleur a tout simplement,m ieux qu'à
beaucoup d'autres,o uvert un peu plus les yeux sur les
défauts et les qualités des hommes et si parfois leur
regard vous semblelointain,c'est qu'ils revoient des
choses qu'ils ne veulent pas que vous voyiez,jamais,ni
vous,niles vôtres,niceux qui vous succéderont,n iles
peuples qui vous entourent.
Sachez quela souffranceaengendrél acompréhension,
quelahaineaengendrél abonté. Ils veulent tout
modestement être un témoignage dece qu'ilnefaut plus
connaîtred ans unmonde qui peut être sibeau. Songez-
y,jeunes du Luxembourg, q uilirez celivre. Songez aussi
quel'importance d'un pays et sa valeur ne semesure pas
au mètrecarréde surfaceau sol,àladensitéd e telleou
telle population,àla puissancede telleindustrie, s ur-
tout pas àlagloired e telou telhomme,mais àla tenue
de tous ses enfants dans l'adversité.»
Quececarnet pédagogique s oit uncompa-
gnondela visitedel'exposition. Ilest pré-
vu,enfinde volume,la possibilité-l es
feuilles sont détachables!– quecelui quile
veut, puisseécrire ses réactions, s es ques-
tions, ses commentaires. Et, s'ilest inté-
ressé par les pèlerinages dejeunes, q u'il
nous contacte pour êtr e tenu au cour ant.
ENGUISEDEPRÉFACE...4
4Lalibération du 6 mai
1945du camp d’Ebensee
avecles prisonni ers luxem-
bourgeois.
Photographe inconnu

5
4Enguised'introduction
4Lecamp deconcentration deMauthausen
4Unité1|Vers l’apocalypse:de lanaissanced ’unedictature
4Unité 2 | KL-Mauthausen: unaperçu historique
4Unité 3 | Les prisonniers de l’abîme: vie et mort au camp
4Unité4|LeDevoir de mémoire: réflexions sur l’indicible
4Unité5|Mémoires du Crime:E rënneren aVerstoen
4Unité 6 | Questions:lajeunessef aceàl'indicible
4Unité 7 | Lapart del'invisible:l'histoired 'uneexposition
4Unité8|Bibliographie delamémoire
4Unité9|Notes
4Unité10 |Commentaires-Impressions-Réflexions sur l'exposition
4Unité11|Questions et demande de renseignements,a dresses pratiques
INDEX
INDEX

LECAMPDECONCENTRATION
DEMAUTHAUSEN
LECOMITÉINTERNATIONALDEMAUTHAUSEN
7
Dans la petitecommune autrichiennede
Mauthausen, s ituéeaux environs deLinz,
près du Danube, les occupants nazis ont
érigé,après l'Anschluß de1938,lecamp de
concentr ationdeMAUTHAUSEN. Comme
unecitadelle sortie du moyen âge,bâtieen
pierres degranit,l ecamp deMauthausen
est resté un témoin p oignant des barbaries
nazies.
Lecamp deconcentr ationdeMauthausen
fut classécamp decatégorie III,ce qui voulait
dire qu'il s'agissait d'uncamp dont lebut
était d'éliminer ses prisonniers par des tra-
vaux forcés. Les premiers à yêtredétenus
furent des criminels et des élémentsaso-
ciaux,ensuited es antifascistes d'Allemagne
et d'Autriche, des témoins deJéhovahe t
des Tsiganes. À partir de1940,d es milliers
d'étrangers furent incarcérés:d enom-
breux Polonais,i ntellectuels pour la
plupart,d es Espagnols républicains,d es
Tchèques,d es Juifs hollandais et,à partir
delafinde1941,des prisonniers deguerre
d'Union s oviétiqueainsi q uedes ressortis-
sants des autres pays occupés par l'armée
allemande.
Il s'agissait d'hommes et defemmes queles
Nazis arrêtèrent par «mesurede sécurité» à
caused eleur nationalité, d'activités de
résistance p olitique, deleur raceou de
leur conviction r eligieuse. Très vitele
camp principalavec s acarrièree t sonesca-
lier delamort (Todesstiege) dut êtreétendu à
unemultitude decamps secondaires:i l y
eneut 49en tout,dont les plus connus
furent GUSEN, EBENSEE, MELK, LINZ, LOIBL-
PASS,REDL-ZIPF etSTEYR.
En tout, quelque 2 00.000 prisonniers y
furent détenus,d ont quelque4 .700 fem-
mes et plus de15.000 jeunes et enfants
enregistrés nommément.
4Mur de soutènement
près des baraques des ate-
liers.Endocumentant la
constructiondu camp ,le
photographe témoigne
involontairement del a
mortàMauthausen :àl’ar-
rière-plan,on distinguel es
cheminées fumantes des
fours crématoires.
Mauthausen entre1942 et
1944.
Photo:M arianoConstante,
archives privées

8
Les prisonniers originaires de tous les pays
européens «par mesurede sécurité» ["Schutz-
häftlinmge"!]étaient Polonais,Russes,Hon -
grois,Français,Yougoslaves,Italiens,Tchè-
ques,Allemands,Autrichiens,Hollandais,
Belges,Estoniens,Lettons,Lithuaniens,
Grecs,Roumains,Luxembourgeois,Nor-
végiens,Anglais,Albanais,Bulgares et quel -
ques uns Américains. Ils durent tout d'a-
bord travailler dans les carrières et, plus
tard,dans laconstruction des fabriques
souterr aines d'armement et,à partir de
1943 dans l'industrie guerrière.
Ceux quiétaient incapables de travailler
furent assommés,ou asphyxié s dansles
wagons ou chambres àgaz deMAUTHAUSEN
ou deSCHLOSSHARTHEIM; d'autres furent
fusillés ou tués par injection mortelleau
coeur. Des milliers sont morts de faim.
Entre1938et 1945au moins 103.000
détenus sont morts dans ces camps d'exter-
mination. Les survivants furent libérés les
5et 6 mai1945 par les troupes américai-
nes.
Alademande des détenus interna tionaux,
laRépubliqued 'Autriche aconservél es
anciens camps deconcentr ationcomme
mémoriale t lieu de souvenir. Devant le
camp,d es monuments nationaux gardent
lamémoired es victimes innocentes du
nazisme.
INTRODUCTION
4Lecamp deconcentr a-
tiondeMaut hausen (ma-
quettedu camp photo
gra-
phiéeau musée deMaut
-
hausen)
Photo:G uy Docke ndorf

UNITÉ1
VERSL’APOCALYPSE:
DELANAISSANCED’UNEDICTATURE
PARSTEVEKAYSER
9
Lajeunessee t ledynamisme deHitler ex-
pliquent engrande p artie son succès. Sa
rhétoriquee st aussi simpliste q uebrutale.
Néanmoins,i laccapared es millions de
gens enthousiasmés par ses «visions».
Tout commeeux,Adolf Hitler est marqué
par les déceptions delaPremièreGuerr e
mondiale. Tout commeeux,ilconnaît le
chômage, lamisèree t ledésarroi del’a-
près-guerr e. Cedésillusionnement porte
engermelenational-socialisme. En tant
qu’orateur politique, lejeuneHitler se
transforme v iteenfigurede prouedu parti
N.S.D.A.P. (Nationalsozialistische DeutscheArbei-
terpartei). A partir de1924,Hitler publie
ses idées dans ce qu'ilconsidèreê tre une
analyseautobiographiqued el'histoireal-
lemande,le«MeinKampf». Mais,àl’épo-
que, personnenele prendau sérieux.
L'ignorance et l'indifférence du monde
entier mèneront tout droit àlacatastrophe…
L’idéologienazie secristalliseautour des
cinq piliers suivants:
4la révisiondu traitédeVersailles (le
«Diktat» des vainqueurs delaPremière
Guerremondiale s erait àl'originedela
misèred u peuple allemand)
4laluttec ontrelechômage ( il ya 6mil-
lions dechômeurs enAllemagne au
début des années ’30)
4lamisee n placed’unedictature (lades-
truction deladémocratie p arlemen-
taireenest laconséquence fatale)
4
l’accentuation d’unnationalisme agres -
sifet raciste ( laconquêted el’espace
vital«Lebensraum» seferaau détriment
des populations de l’Est)
4lahantised el'ennemihéréditaire ( les
Juifs deviennent les boucs-émissaires
pour tout ce qui tournemalenAlle-
magne)

10
Ces objectifs sont imprégnés de popu-
lisme,de racismeet d’antisémitisme. Nous
les retrouvons denos jours dans les dis-
cours decertains hommes politiques. L’é-
tudedu passén ’est pas uneentreprise
vaine,d'autant plus quele phénomènene
selimite pas aux milieux d'extrême-droite.
N’oublions pas quele succès deHitler se
justifie p ar sonélectorat. Il utiliseles insti-
tutions delaRépubliqued eWeimar à ses
fins, pour ensuitel es détruire.
Enjanvier 1933,leN.S.D.A.P. remportel es
élections. Pratiquement un tiers des Al-
lemands votent pour le partinazi. Le 30
janvier 1933,Hitler est nomméchancelier
du Reich,«Reichskanzler» . Ildevient ainsi
chefdu gouvernement allemand. Par sur-
enchère, les nazis parlent dela prisedu
pouvoir, «Machtergreifung ». Cette termino-
logieest plus éloquente q uecelledechan-
gement politique, q uicependant corres-
pondàla réalitéd es choses.
Enmoins de18mois,ladémocratie alle-
mandeest liquidée. Elleest balayée p ar des
moyens qu'elle p révoit dans laConsti-
tution w eimarienne. LeParlement alle-
mandest dissous dans uncadrelégal.
L'opposition p olitiquee st traquéeet mu-
selée. Lenouveau régimegouverne en
semantla t erreur. LaGESTAPO (Geheime
Staatspolizei) ,laSA (Sturmabteilung) et laSS
(Schutzstaffel) sont lebras fort du Partinazi.
A partir du 28février 1933,les adversaires
deHitler sont sommairement arrêtés. Ils
connaissent les horreurs dela«Schutzhaft»
dans les premiers camps deconcentr ation,
commeàDachau,d ès le22 mars 1933.
Commeles nazis entendent sefaire plébis-
citer,ils organisent denouvelles élections.
Elles ne sont pas libres. Néanmoins,l e
N.S.D.A.P. n'obtient que43,9% des voix.
Hitler décidealors d'intensifier son pou-
voir. Par la voielégale–grâceau fameux
«Ermächtigungsgesetz» demars 1933 –lechan -
celier du Reichgouverne s ans Parlement.
Les syndicats sont interdits. A partir de
juillet 1933,leN.S.D.A.P. devient le parti
officielde tous les Allemands,l e seulàêtr e
toléré. La démocratie a vécu.
Alamort du Président du ReichHin-
denburge naoût 1934,Hitler devient le
nouveau chefd'Etat del'Allemagne. En
plus il prendle titrede«Führer» . Au
moyende plébiscites contrôlés,l e régime
se procure un semblant delégitimité p o-
pulaire. Dorénavant,l e peupleallemand
est mis au pas,«gleichgeschaltet» . Dès l'âge
de six ans,chaqueAllemand doit s'engager
dans unedes multiples organisations na-
zies, telles queles Jeunesses Hitlériennes
(«Hitler-Jugend», HJ),le servicedu travail
obligatoire ( «Reichsarbeitsdienst»R.A.D. ) ou
l'armée propr ement di te,la«Wehrmacht» .
UNITÉ1|VERSL’APOCALYPSE:DELANAISSANCED’UNEDICTATURE

11
La propagande national-socialistef init par
créer un véritable culteautour dela per-
sonnedu «Führer» :«EinVolk,einReich,ein
Führer» . Ce sloganillustrelecaractère t ota-
litaired u régime q uiofficialisel ecrime
commemoyen politique.
Les Jeux Olympiques de1936 masquent
malladictatur e. Eneffet,à p artir de1935,
les lois deNurembergé liminentlaci-
toyennetédelaminoritéj uive. Les Juifs
deviennent ennemis del'Etat. Ils sont sys-
tématiquement poursuivis et expropriés.
Cette p olitiqued emarginalisation cul-
minedans la«Reichskristallnacht» ennovem-
bre1938. Sous les «auspices»d el'Etat al-
lemand, p lus de 30.000 Juifs sont arrêtés,
plus de 7.500 magasins juifs sont saccagés,
191 synagogues sont dévastées. Les autorités
parlent de 91morts!
Bientôt,l a violence t oucheles personnes
handicapés,l es homosexuels,l es Romaet
Sinti,les témoins deJéhovah. Ledéclen-
chement delaSecondeGuerremondiale
permet aux nazis d'exporter leur soifd'ex-
termination r aciale. Bientôt un réseau de
camps deconcentr ationavecd’innom-
brables annexes couvrelacarted el'Eu-
rope
centraleet orientale. Cetteindustrie
delamort détruit toutedignitéh umaine,
avant dedétruirel 'homme p roprement
dit.
C'est un univers pervers au borddel'a-
bîme, q ui s'ouvredès le10mai1 940 (date
àlaquelleleGrand-Duché deLuxembourg
est occupé p ar l’arméeallemande) àmaints
ressortissants luxembourgeois. Le premier
détenu,o riginaired u Grand-Duché, ar-
rivele17 octobre1 941dans lecamp de
Natzweiler. Il portelenumérod ematri-
cule 387.
La plupart des détenus luxembourgeois
sont des résistants. Ils ont affronté u n ré-
gimedictatoriale tcriminel. Leur attitude
courageusee t patriotiquee st exemplairee t
devrait nous inciter à veiller aux valeurs de
basedenotredémocratie, t elles quele res-
pect et la tolérance.
Les évènements d'hier, s ont unavertisse-
ment pour la postéritéà r ester vigilante:
des idées extrémistes portées par unfana-
tisme p olitiquee mpoisonnent irrévoca-
blement nos libertés. Travaillons ensemble
pour sauvegarder et cultiver laflamme du
souvenir!Ainsi, nous parviendrons à
construiren otreavenir et celuidenos
enfants sur des bases solides,d ignes dela
condition humaine.
UNITÉ1|VERSL’APOCALYPSE:DELANAISSANCED’UNEDICTATURE

UNITÉ 2
KL-MAUTHAUSEN
UNAPERÇUHISTORIQUE
PARSTEVEKAYSER
13
EnAutriche, lecamp deMauthausen est
mis enfonction enaoût 1938. Ildevient
vite synonyme de souffrances et decrimes
infligés àenviron 2 00.000 victimes au
nomdelafolie p olitiquee t racialenazie.
Presquel amoitié des détenus subit une
mort atrocedans lecamp principalo u dans
unde ses multiples camps annexes.
4L’extension del’univers concentration-
naireàM authausen (1938-1941)
Lechoix du siteincombeaux instances
supérieur es delaSS. Heinrich Himmler,
Oswald Pohlet Theodor Eickeen pren-
nent ladécision s ans respecter les réticen-
ces des autorités locales ou dela popula-
tion. C'est lacarrièred egranit surnom-
mée“Wiener Graben” qui retient l'intérêt de
laReichsleitung-SS. Depuis quelque t emps
“l'ordren oir”essaied'étendre s on pouvoir
sur l'économiedu Reich. La société “Deut-
scheErd- undSteinwerke Gmbh” (DESt)est fon-
dée. CetteentrepriseSS v aexploiter lacar-
rièredeMauthausen. Le travailest assuré
par des concentr ationnaires qui sont logés
dans uncamp érigéenhaut delacolline
surplombant leGraben. Mauthausen de-
vient ainsile premier lieu du crimeoù
emprisonnement («Schutzhaft» ) et travaux
forcés («Zwangsarbeit» ) vont de pair. Bien-
tôt l'extermination ( «Vernichtung») va se
joindreau catalogued es horreurs...
Lanouvelledelacréation d'uncamp de
concentr ationàMauthaus enest divulguée
àlafindu mois demars 1938. Cependant
ilfaut attendrel e8août avant l'arrivée
d'un premier grouped e 300 internés en
provenance deDachau. Il s'agit decrimi-
nels dedroit commund 'origineallemande
et autrichienne. La tristebesogne de poser
la première p ierred'unabattoir humain
4Todesstieg e
Photo:G uy Docke ndorf

14
leur incomb e. Leur nombre p asseà1000 à
lafindenovembre1 939, pour atteindre
3000 prisonniers au cours del'hiver
1939/1940. Acetteé poque,lecamp compte
20 blocs diposés selon un plan rectangu-
laire permettant aux gardiens d'observer
chaquem ouvement.
Les conditions d'int ernement sont diffici-
les. Elles reflètent l'immoralitée t lefana-
tismedes hauts officiers SS. Le taux de
mortalitée st particulièrement important,
sibien q u'unfour crématoire y est installé
enmai1940,afin defairedisparaîtr eles
cadavres qui semultiplient. Dans sa pre-
mière phase,lecamp deMauthausen est un
véritable camp delamort. Lecommandant
du camp,l eSS-Sturmbannführer Franz
Ziereis,l e responsable dela section p oliti-
que,leSS-Hauptsturmführer KarlSchulz,
ainsi queleI. Schutzhaftlagerführer,l e
SS-Hauptsturmführer GeorgBachmayer
incarnent la terreur nazie. Les peines cor-
porelles sont àl'ordred u jour. La réclu-
siondans la prisondu camp,lebunker,est
redoutée. Commedans les autres camps
inspirés du modèledit deDachau («Dach-
auer Modell»), u nehiérarchie impitoyable
fait decertains criminels les chefs privilé-
giés des autres prisonniers. Ils occupent
des postes,c ommele«Lagerältester» ,le
«Blockältester» ,le«Stubenältester» ou les
«Kapos» .
A partir du printemps 1940,lecamp com-
menceà s'internationaliser. Les internés
arrivent enmassed ePologne ( mars 1940)
et d'Espagne ( août 1940). Les Espagnols
républicains sont traqués enEuropeo ccu-
pée. Les nazis sont décidés àles fairedispa-
raître. En raisondel'exiguïtéd es lieux,
mais également en raisondeladiversifica-
tionéconomique, des camps annexes voient
lejour. Gusenenest le premier. Le régime
quotidien y est très dur. Gusenoccupera
un statut particulier et connaîtr a une très
largeautonomie:nous pouvons même p ar -
ler d'un “systèmebipolaireMauthausen/
Gusen” (MichelFabréguet). Lecamp prin -
UNITÉ 2 | KL-MAUTHAUSENUNAPERÇUHISTORIQUE
4Todesstieg e
Photo:G uy Docke ndorf

15
cipal s'agrandit. L'aspect decedernier
rappelle u neforteresseàlafois menaçante
et propre. Les gigantesquesconstructions
engranit, r éalisées par des prisonniers
dans l'entrée du camp, v oient lejour pen-
dant cette période. Les blocks sont ornés
defleurs!Les baraques des SSet unedou-
bleclôtureenfildefer barbelé s ous ten-
sionélectrique v ont bientôt cloisonner les
déshérités àl'intérieur del'abîme. D'ail-
leurs les équipes des “têtes demort” (SS-
Totenkopfverbänd e) profitentde t ous les
agréments d'une vie “normale”: u n terrain
de sports et une piscineleur sont réservés.
Ceci témoignedu cynisme d'un système
politique p erverti q uiafait dela violence
et du meurtre un pilier de sonorganisa-
tion.
Au cours del'année1940-1941 la répres-
sionbrutale contreles prisonniers s'inten-
sifie. Exécutions enmasseet pénuries sont
àl'ordred u jour. Dès lors lecamp de
Mauthausen est l'uniquec amp àêtreclassé
camp delacatégorie 3 («Lagerstufe III»),
destinéaux internés jugés criminels incor-
rigibles, p our lesquels les perspectives
d'une rééducation, v oired'une réinsertion
sociale s ont quasiment nulles (“für schwer
UNITÉ 2 | KL-MAUTHAUSENUNAPERÇUHISTORIQUE
4Blocdegranit quel es
prisonniers devaie nt monter
enhaut du camp enemprun -
tant l’escali er delamort; à
côté:piqur eàl’aidede
laquelledel’essenceétait
injectée brutalem ent dans
lecoeur del a victim e:mort
immédiate!
Photo:G uy Docke ndorf

16
belastete, insbesondereauch gleichzeitig kriminell v or-
bestrafte, ausgesprochen asoziale unddaher kaumnoch
erziehbareSchutzhäftlinge” ). Al'arrivée des nou -
veau-venus engare,ces derniers franchis-
sent à piedla route traversant le villagede
Mauthausen endirection du camp. Les
volets restent clos. Personnene semontre.
La population locale sembleindifférente
aux brutalités exercées sous ses yeux contre
des gens quela propagande fait passer pour
des criminels très dangereux.
Enmême temps laDEStentreencontact
avecles municipalités environnantes,d es
sociétés et des entreprises locales. Malgrél a
mauvaise r éputation des SS,les indigènes
s'accommodent del'exploitation delamain
d'oeuvredeconcentr ationnaires,au point
qued'aucuns finissent par s'y mêler direc-
tement. A plus d'une r eprised es clichés
pris dans unecarrière r espectivement à
l'intérieur du camp deMauthausen font
apparaîtr edes civils dans les coulisses.
Souvent des ouvriers civils travaillent corps
àcorps avecles prisonniers. Des scènes de
fraternisation sont cependant r ares.
4L’évolution du complexeconcentration-
nairedeMauthausen (1941-1944)
A partir de1941,les prisonniers des camps
deconcentr ation sont de plus en plus
exploités par l'industriedes armements .
Dorénavant le“SS-Wirtschaftsverwaltungshaup-
tamt” (WVHA) assurelecontrôle sur lané-
buleusec oncentr ationnaire. Les camps
annexes deMauthausen semultiplient:
Vöcklabruck ( juin1941),Bretstein ( été
1941) et Steyr-Münichholz (mars 1942).
Au cours del'année1941,les conditions de
détention deviennent encore p lus terri-
bles. Tout commedans d'autres camps, t els
queBuchenwald et Dachau par exemple,
des femmes en provenance du KL-Ra-
vensbrück s ont forcées à se prostituer.
Entrejuillet 1941et avril1943,le taux de
mortalitém ensuel est de9,5%!Maut-
hausen devient le théâtred'opérations
d'extermination ciblées (“Aktionen” ). Ainsi
enaoût les SS procèdent àlaliquidation
des prisonniers invalides dans lecadredu
fameux programme d'euthanasie camouflé
sous les sigles “T4”, “Aktion14f13”dans le
château deHartheim. Les Espagnols com-
munistes deviennent les victimes d'exécu-
tions enmasse q ui se prolongent jusqu'en
mai1942àGusen.
L'injection dans lecoeur (“Frühsport”),l a
pendaison, laballe tiréedans lanuque, la
doucheàl'eau glaciale ( “Badeaktion” ) sont de
tristes variantes des pratiques d'assassinat.
Depuis mars 1942,les bourreaux nazis pro-
cèdent àdes gazages au pesticideZyklon-B
UNITÉ 2 | KL-MAUTHAUSENUNAPERÇUHISTORIQUE

17
dans lachambreàgaz deMauthausen. On
recourt également àl'asphyxie des victimes
au monoxyde decarbonedans des camions
spécialement conçus àcettef in (“Gaswa-
gen”). Lacréativitéd estructrice del'Homme
ne semble plus connaîtredelimites.
Les prisonniers viennent de toutel'Eu-
rope. Des groupes importants arrivent de
Tchécoslovaquie ( septembre1 941) et de
l'URSS ( octobre1 941). Les internés russes
(90%),ainsi q ueles internés d'origine
slave (60%)-l es Polonais et les Tchèques-
sont les plus éprouvés. N'oublions pas non
plus les Sintiet Romadéportés en été1941
à partir du camp deBuchenwald. Toutes
ces victimes subissent les pires sévices.
D'ailleurs,l es Soviétiques placent les orga-
nisateurs du Crimedevant unnouveau
problème. Les SS vouent ces “sous-hommes”à
unemort implacable. Ils cherchent par
conséquent àles séparer du restedes pri-
sonniers. Uncamp de prisonniers de
guerre(“SS-Kriegsgefangenenarbeitslager”) est
crééau seindu camp deMauthausen. Dans
un premier temps quatreblocs leur sont
réservés. Ils sont bientôt remplacés par un
camp provisoire, le“Russenlager”implantéà
l'extrémitéo uest du camp principal. A
partir demai1942 cette structureest dis-
UNITÉ 2 | KL-MAUTHAUSENUNAPERÇUHISTORIQUE
4Lefameux interprète
(“Dolmetscher”: si unp ri-
sonniernecompren ait pas
unordre(donnéenalle-
mand),le SSou leKapo
prenait le«Dolmetscher»
Photo:G uy Docke ndorf

19
soute:lamajoritéd es internés russes a tré-
passé. Acetteé poqueMauthausen et Gu-
sen “abritent” plus de15.000 concentr a-
tionnaires.
LenomdeMauthausen r estera p rofondé-
ment ancréd ans lamémoirec ollectived e
pratiquement toutes les nations européen-
nes. Entrejuin1941et novembre1 942
quelque1 .700 Juifs néerlandais y subissent
des supplices inimaginables. Lebilane st
frappant: s ur les 850 premiers,o nne
compte q ue8 survivants endécembre1 941.
Les autres 850 quiarrivent en1942 sont
tous exterminés!Alafin delaguerr e un
seuldétenu aur aéchappéàlamort.
En1943,l'effort deguerrenazidoit faire
faceaux revers militaires du front del'Est,
aux bombardements alliés des villes alle-
mandes,ainsi q u'àla p énurie demain
d'oeuvredans l'industrie des armements.
Les internés des camps deconcentr ation
sont unemaind'oeuvrefacileàexploiter.
En plus ils sont disponibles enmasse.
Mauthausen n'échappe p as àcettel ogique
d'uneguerre totale. Les autorités SSnégo-
cient entreautres avecles “Reichswerke Her-
mannGöring” ,Steyr-Daimler-Puch et Messer-
schmit. Désormais les conditions del'inter-
nement s'améliorent sensiblement pour
une partiedes détenus. Le taux demorta-
litébaisse. Cecine veut pas dire quel'assas-
sinat decollectivités entières aurait cessé.
Au contraire,des expériences médicales,
des liquidations,d ont le programme “T4”
continuent àêtr e perpétrées.
En tout cas lecamp deMauthausen s e
changeencentreadministr atifd'uncom-
plexedecamps annexes qui sont parfois
éloignés de plusieurs centaines dekilomè-
tres:Loibl-Pass (juin1943), Fabriklager
Stadt Wien (été1943),Ebensee ( novembre
1943),Gusen II (mars 1944),Melk ( avril
UNITÉ 2 | KL-MAUTHAUSENUNAPERÇUHISTORIQUE
4Chambreàgaz
Photo:G uy Docke ndorf

20
1944) et Linz III (mai1944). On y re-
trouvec inq camps deconcentr ation,huit
camps de production industrielle ( “Fabrik-
lager”) et une vingtainedecamps et decom-
mandos externes de petite taille. L'indus-
triedel'aviation, v oirel'industrie de pro-
ductiondes engins balistiques, t els quela
fuséedu typeA-4, connue s ous ladénomi-
nationV2 (“Vergeltungswaffe” ) produited ans
des galeries àEbensee,mettent lamain s ur
lamajeur e partie du «réservoi r humain».
Les internements passent globalement de
15.000 en1943 à 73.000 en1944. Le
camp soucheest généralement le point de
départ dans lecalvaired 'undéporté, avant
d'êtreattribuéà u ndes commandos exter-
nes. Or au cours del'année1944,la popu-
lationdu camp principal s egonfledefaçon
incroyable. Ceciest laconséquence des
refoulements de prisonniers issus des
camps “évacués” àl'approche des Alliés.
Du printemps àl'automne on passede
9000 à16000 internés. Afinde parer
quelque p eu àcette s ituation,Mauthausen
subit unedernière r estructur ationinterne
des blocs.Ondistinguem aintenant Lager I
(blocs 1-20) des “Speziallager”,l es Lager II
(blocs 21-24) et Lager III(création nou-
velle). Du 28maiau 19juin 7500 Juifs
hongrois sont «évacués»d 'Auschwitz et
déportés àMauthausen. Endécembre1 944,
uncampement fortuit,l e“Zeltlager”,l eur est
réservé. Les conditio ns de vie y sont parti-
culièrement précaires. Souvent lecamp
principald evient également ladernière
étape p our des prisonniers infirmes et
moribonds,e xténués par le travail. Ils
finissent leurs jours en végétant dans l'in-
firmerie installéedans l'ancien“Russenlager”
à partir demars 1943. Dorénavant les che-
minées des fours crématoires crachent à
plein poumon s ans discontinuer les cen-
dres des témoins del'indicible... C'est
également au cours deces mois décisifs
qu'uncomitéinternationald e prisonniers
ainsi qu'unemilice s edéveloppent clan-
destinement. Cependant leurs cadres o-
rientés vers uncommunisme militant ne
parviennent pas à réaliser unconcensus
parmiles co-détenus. Ils sont par consé-
quent incapables de se révolter contrela
terreur des SS.
4Les derniers mois au borddu gouffre
moral(1945)
Les derniers mois delaguerr e sont parti-
culièrement meurtriers. Entrejanvier et
avril1945,ondécompteau-delàde 45000
morts. AMauthausen le taux demortalité
mensuel est de12,5 %!D'une p art les gar-
diens SScontinuent à perpétrer leurs cri-
mes contreles prisonniers. D'autre part le
camp est en proieà un surpeuplement in-
commensu rable. Vu l'état fébriledes déte-
UNITÉ 2 | KL-MAUTHAUSENUNAPERÇUHISTORIQUE

21
nus et vu les conditions hygiéniques déplo-
rables,l es maladies contagieuses commen-
cent à sévir defaçonincontrôlable. L'af-
flux des déshérités en provenance de
Auschwitz,d eGross-Rosen et deSachsen-
hausen est fatal. Les crématoires ne peu-
vent plus répondreàl'entassement des
cadavres quigisentle longdes routes des
marches delamort (“Todesmärsche” ). Encer-
tains endroits,o ncommencemêmeà
creuser des charniers.
Enmars 1945il ya plus de85.000 prison-
niers, p armieux 2.000 femmes!Le 7 mars
un transport de1.980 femmes concentr a-
tionnaires -françaises,belges,h ongroises
et tsiganes -en provenance deRavensbrück
atteint Mauthausen.Entr e 20 et 120 d'en-
treelles meurent avant mêmel'arrivée. Dix
jours plus tard 692 détenus sont transférés
àBergen-Belsen.Dans cecontextec haoti-
queont lieu les seules rébellions ouvertes
dedétenus dans l'histoired u camp princi-
paldeMauthausen. Dans lanuit du 1au 2
février 1945, p lus de400 prisonniers
soviétiques tentent uneévasionà partir du
bloc 20. La répressionest féroce. Avec
l'appuid 'une partiedela population locale
une véritable chasseàl'homme alieu,l a
“Mühlenvierteler Hasenjagd” . Seulement deux
famillesfont preuvedecivismeet aident
UNITÉ 2 | KL-MAUTHAUSENUNAPERÇUHISTORIQUE
4Plaquett eexplicative
des chambres àgaz
Photo:G uy Docke ndorf

22
des fugitifs à secacher. 12 fugitifs échap-
pent àlafrénésie p opulaire. Le 23 mars
1945les femmes internées au bloc18 refu-
sent de suivreles ordres des SS. Cet acte
restera s ans suites. Mais les gardiens sont
loind'avoir capitulé: jusqu'àlafin du mois
d'avril p lus de 2000 personnes sont en-
coregazées, sans quelecomitéinternatio-
naldes prisonnie rs ne puisses'y opposer.
Le 3mai1945les SSabandonnent leurs
postes. Unebrigadedes pompiersde
Vienne s e voit attribuer lagarde. Les pri-
sonniers sont livrés àleur propre sort. En
dépit de scènes anarchiques,d ecas delyn-
chages,l ecomitéi nternational r éussit à
maintenir uncertainordrejusqu'àl'arri-
véedes soldats américains dela 3
rd
Army,le
5mai1945. Lecampannexed eEbensee est
libéréle 6mai. Lalibération est marquée
d'enthousiasme,de tragédies et dedécep-
tions.
UNITÉ 2 | KL-MAUTHAUSENUNAPERÇUHISTORIQUE
4Fours crématoires
(Gusen )
Photo:G uy Docke ndorf

UNITÉ 3
LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:
VIEETMORTAUCAMP
23
4Les prisonniers luxembourgeois dans le complexed eMauthausen
Tableau 1 :la répartition selon les lieux de travail
CommandosInternés luxembourgeoisEffectif leplus élevéDated 'ouverture
Mauthausen 52(36)*p.i. 08.08.38
Gusen I,II 45 24.0172 5.05.40
Ebensee 281 8.437 18.11.43
Linz I, II,III 126 .6902 0.02.43
Melk 11 10.314 20.04.44
Wien-Floridsdorf1 0?1 4.07.44
Loibl-Pass 91 .2970 2.06.43
Wels I61.8972 7.12.42
Wiener-Neudorf5 2.954 02.08.43
Schwechat-Haidfeld 42.568? .12.44
Amstetten 42.966 19.03.45
St.Valentin 41 .4802 1.08.44
Mödling 4? ?
Wien-West Sauerwerke 31.4802 0.08.44
Wien-Neustadt3 6970 8.08.43
Steyr-Municholz3 1.9711 4.03.42
St.Aegyd2400 02.11.44

24
*52 ont étéaffectés àdes commandos internes au camp principal. 36 ne l'ont jamais quitté. Les autres
ont été répartis dans und es camps annexes,après une période de quarantaine au camp souche.
in:Guth,Fernand: Les Luxembourgeois àM authausen, 1979, pp. 72-73
En tout 162 déportés luxembourgeois passent par lecomplexed eMauthausen. Le premier
arrivele 27 août 1941. Ledétenu Kerngut H. portelenumérod ematricule 2 464. Ilest âgé
de41ans. Au cours del'année1943, 2 1Luxembourgeois sont déportés enAutriche.
Cependant legros,à s avoir 88 prisonniers, y sera transférée n1944. Pendant les derniers mois
delaguerr e,ce seront encore u nefois 52 transferts. Les derniers ressortissants luxembour-
geois atteignent Mauthausen enmai1945. Les plus jeunes,G. Nikla (n°103649) et J. Schlang
(n°124336),e n provenance du camp d'Auschwitz,o nt 17 ans. Ils sont tous les de ux Juifs.
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP
Schlier-Redl-Zipf 11 .488 11.10.43
SSOberritzmühle 18 32 0.11.42
Eisnerz 14 00 15.06.43
4CampdeMelk
Photo:G uy Docke ndorf

25
Tableau 2 :la répartition dedécès de Luxembourgeois suivant le lieu dedécès
in:Guth,Fernand: Les Luxembourgeois àM authausen, 1979, pp. 114
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP
Lieu dedétention Nombred emorts
Campdeconcentration deMauthausen 8
Camp sanitaired eMauthausen 15
Gusen 12
Schloss Hartheim 3
Ebensee 3
Melk 3
Wels1
Wien-Floridsdorf1
Wien-Schwechat1
Pendant le rapatriement2
total4 9
4Fours crématoires
(Mauthausen )
Photo:G uy Docke ndorf

26
4Lelangage des camps:le „désespé-
ranto“
„C'est undiplomatef rançais déporté,
Albert Chambon, q uicréale titregénéri-
quedece parler du camp queles Alle-
mands appelaient Lagerspr ache.
Désespéranto... Lemot fit fortune àMaut-
hausen,Buchenwald, Dachau et leurs in-
nombrables kommandos. Les Polonais et
probablement les Tchèques,l es Italiens
l'adoptèrent. Onne pouvait mieux trouver
pour nommer unenouvellelanguei nter-
nationale enformation q uidevait être
comprise p ar les représentants d'une ving-
tainedenationalités plongés dans un
mondedemort,d efaim,defroid,de
peur,dedésespoir absolu.“
in:Bernadac, Christian :Dictionnaired u Désespéranto– Le
langagedes camps,Michel Lafon,1999, p. 7
Kapo –Déportéc hargédel'exécution
d'un travail,d'unecorvée,d'unkom-
mandointérieur ou extérieur et dela
discipline des Stücks qu'ilcommande.
L'originedu mot semble double; capo
enitalien s ignifiechef; et dès l'ouver-
turedes camps (1933) les détenus de-
vaientappeler respectueusement leurs
responsables de travailKameraden-
Polizei, q ui par contractionaurait
donnéKa-Po“ (ibidem. p.50)
Oberk aposundKapos hattendieAufsicht
über dieArbeitsko mmandos imStein-
bruch,indenWerkstätten, Magazinen,
Küchen u ndKrankenabeilungen undden
Baukommandos. AllediesePositionen w a-
reninMauthausen bis kurz vor der Be-
freiung durchkriminellkategorisierte
Häftlingedominiert,d iehäufignur auf
deneigenenindividuellen Vorteilbedacht
waren. DieFunktionen inder Verwaltung,
alsobeispielsweiseLagerschreiber und
Blockschreiber,Dolmetscher,i mKran-
kenrevier undimSanitätslager wurden
etwaab1943 mehrheitlich v on politischen
Häftlingenbesetzt. (in site webdu mémo-
rialdeMauthausen: http://www.mauthau-
sen-memorial.at)
Lelecteur trouve u ndictionnaire s imilaire
dans l'étudedu camp deMauthausen p ub-
liée par l'ancien détenu Hans Marsalek:
Marsalek, Hans:DieGeschichted es Konzentrationslagers Maut-
hausen,Österr eichisch eLagerge meinsch aft Mauthaus en,
1995, pp. 347-362
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP

27
1JeanMajerus :
("Vom R.A.D. ins KZ", p ubliés d'abordd e
1947-1949 dans le«Rappel»,i n:Lëtzebuer ger zu
Mauthause n, 2
e
édition,1970, pages 183 -214)
L'arrivée au camp deMauthausen
Der Transport geht weiter; Unruhe u nd
Schläge w erdenhäufiger. DiebeidenSS-
Männer rivalisieren mit demKapo, w er
die trefflichsten Schläge austeilenkann.
Was magnur in siegefahren s ein,diebei-
denSS warendoch zu Beginnder Fahrt
äusserst anständig? Wahrscheinlich w ieder
einBefehl v onoben. Sogar aufTransport
muss ausgerottet werden. UnsereToten-
zahlhat sich schonauf 28hochgeschraubt.
KeinMensch s tört sichandennackten
Leichen; mangeht über siehinweg wie
über eine unebeneStrasse; man verzehrt
seineBrotrationnebenden starrenLei-
bern,dieeinenmit geöffneten Augen
anschauen, als ob sie umRuhe imTode
bitten wür den. (...)
Im verminderten Tempo ü berfahren w ir
eineBrücke; es muss gegen 2 Uhr mittags
sein; dieBremsen kreischen; vor uns ein
Bahnhofmit der Überschrift:Mauthau-
sen!Wir sindda. Schon t önt uns Geschrei
entgegen:Aussteigen! Wir habenkaumZeit
uns dieUmgebung anzuschauen: SS-Wach -
mannschaften, assistiert von unzähligen
Hundennehmen u ns inEmpfang. Etwaein
Dutzend Mal wirdabgezählt. DieHerren
scheinennicht zubegreifen,dass vonje-
weils Hundert nur kaumdieHälfte ü brigist.
Oder ist di eTotenziffer nicht hoch genug?
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP
TÉMOIGNAGES

28
Das Städtchen ist ausgestorben, als unsere
Kolonneandenkleinen, s chmuck enHäu-
sern vorbeimarschiert. DieSS scheinen
sichkeinenDeut umdieZivilbevölk erung
zu scheren: s ie tunals ob sie«zuhause»
imLager wären,d.h. sie schreien u nd
schlagen munter drauflos. Das lauteGe-
räusch der Holzschuhe bricht sich zwi-
schendenHäusermauernd er engenStras-
sen undder Widerhall v ersucht denAn-
schein z u erwecken,eineganzeArmee w äre
imAnmarsch. Unddochist unsereKo-
lonnekleingeworden, es sindkaumm ehr
10 Hundertschaften; inSachsenhausen
war es nochdas Doppelte: w as magmit den
anderen Leidensgenossen geschehen s ein?
(...) EinzelnePistolenschüsse w erdenhin-
ter uns laut:dieOpfer sind vonihrem
Kreuzweg erlöst. (...) Unser Weg schlän-
gelt sichjetzt dieHöhehinan u nd,als
unser Blick sich wieder indieFerne rich-
tenlässt,bemerke n wir ganz obenaufder
Kopped ie
"Festung " Mauthausen, unser
neuer Auf
enthaltsort. Hier, w ieder be-
kanntef ranzösische Schriftsteller Jean
CAYROL
1
Maut hausen bei seiner Ankunft
sieht:«Unecolline très élevée,et tout enhaut, perdu
dans lebrouillard, u ne sortedechâteau mongol; une
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP
1
n.d.l.r.:J eanCayr ol,1911-
2005,me mbredel ’Académie
Goncourt,
auteur e. a.du
scénariodu filmd’Alain
Resnais «Nuit et Brouillard»
(1955)
4Appellplatz de
Mauthausen
Photo:G uy Docke ndorf

29
porteénormecomme unegueule qui vous happe,et de
toutes parts des projecteurs qui vous aveuglent; unemise
en scène prodigieuse, incroyable r éalisationdes rêves de
Kafka.» (...)
Links bemerke n wir inder Tiefedas be-
rühmteRussenlager; eben verschwindet
einKommando inder Tiefe:diebluttrie-
fendeSteintreppem it 186 Stiegenhat es
aufgenommen; dieseTreppe w ird vielen
immer inErinnerung bleiben. Unsere
Kolonnehat sich wieder inFünferr eihen
zusammengefunden; inmilitärischster
Ordnung r ücken wir durchdas Lagertor
aufdenAppellraum, der sich vor der
Schreibstubeausbreitet. InFünferr eihen
gestaffelt,h arren wir unserem z ukünftigen
Schicksal,das sichbaldeinstellen wird.
DieLagerpolizei, die sichaus reichsdeut-
schenHäftlingen r ekrutiert, t ut ganz wich-
tig. (...) Nur hie unddalässt einLager-
polizist sichherab, u mdenKapos inihrer
Arbeit,l ies Schlägerei behilflich z u sein.
Auch verschiedeneSS-Offiziere u nd–
Gradierten ehmendieElendsparade des
Zugangs ab. PlötzlicheinBefehl: " Mützen
ab!" DieMützen fliegennur so vonden
Köpfen,dennkeiner will unnötigerweise
auffallen,der Schläge s ind schongenug.
Der Führer des Lagers Mauthausen, Bach-
mayer hat dieSzenebetreten undgibt
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP
4Blocdemarbre repré-
sentant le général r usse
Karbischew (tuéàc oups de
jets d’eau glacée )
Photo:G uy Docke ndorf

30
seineBefehle: " Juden u ndKranke,Re-
vierbedürftige r echts raus! (...)
IrèneGauchier schreibt inihrer Brochur e
«Camps delaMort»hierzu folgendes:
«Dansem acabre. C'est ainsi quele17 février 1945,
arrivedeSachsenhausen u nconvoid'environ 2 000
évacués (2700 au départ,1700 àl'arrivée). Selon
l'habitude, onles fait aligner sur la placed'appel,dans
laneige par -12 degrés. Lecommandant les trouvant
trop nombreux intimeaux malades l'ordrede sortir des
rangs: plus de 250 hommes,e spérant êtrehospitalisés,
se présentent. C'est trop peu encore, unecentained'au-
tres sont désignés d'office. Le totalattteint environ
400. Alors, tandis quele restedu convoi passeàl'im-
matriculation, commence p our les malheureux sélec-
tionnés uneinfernale s arabande q uidureralanuit
entière:à trois reprises ils doivent subir unedouchegla-
céed'unedemi-heurec haquefois. Ceux quine tombent
pas immédiatement decongestion s ont contraints d'exé-
cuter une sortededansemacabre,et quiconque t rébuche
est achevéàcoups de matraque puis de hache.» (...)
UnsereKolonne marschiert jetzt inden
Vorhofdes Duschraumes. Ander Spitze
die400 Häftlinge,diedas Schicksal s ohart
anfassen s oll. DieToten w erdenaufLast-
wagenhereingefahren u nd vor demKre-
matoriumabgeladen, als ob sieSteine
wären. (...)
ImVorhof des Duschraumes müssen w ir
uns allemiteinander ausziehen,obschon
keineHoffnung besteht,d ass dieLetzten
noch vor Nacht geduscht undentlaust sein
werden, u ndbis Einbruch der Dunkelheit
haben w ir bestimmt noch4Stunden. Was
es heißt,n ackt aneinemFebruartagi nder
Kälte zu stehenkannnur der ermessen,
der es schonmitgemacht hat: wieder eine
Methode,dieTotenziffer zu erhöhen.
Jeannot,Nicky,Roger undichhaben
GlückimerstenDrittel der Kolonne z u
sein, sodass wir nach u ngefähr einer
StundeWartenandieReihekommen.
Zuvor geht einRaunen durchdieKo-
lonne,dass das Duschwasser nicht warm
sei. Wie wir später erfahren, ist dies die
ersteKaltdusche der 400 Teilnehmer der
dansem acabreg ewesen. ArmeFreunde,
was müsst ihr ausgehalten haben!
2AntoineSchroeder,
"Block19–Quarantäne, Ankunft inMelk,
in:Lëtzebue rger zu Mauthaus en, pages 174-177)
Einalter Häftlingmit rotemWinkel und
der Nummer 345 schritt aufmich zu: "Was
bist du für einLandsmann?" sagteer.
"Luxemburger", w ar meineAntwort. "Wie
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP

31
langebist du denndrin?" – "Fast drei
Jahre." – "Nun,ichkommeheuteAbend
zu dir" sagteer undgingdann weg. Abends
kamer dannnochmit einemFranzosen
mit krausem Haar. Ja,ich seiaus Esch,als
er michfragte, w oher ich sei. Ichmüsste
ihndochkennen. Ich schautei hngut an
undnacheiner Weile sagteich: "Ja,es war
1939inEsch,als Siedas Themaa ufeiner
Konferenz –Ist Spanien v erloren –be-
handelten". Wir kannten u ns. Eineillegale
Organisation wurdeaufgebaut, teils für die
Versorgung kranker und schwacher Kame-
raden, t eils umdemmörderischen Vor-
gehender grünen
2
Kapos Einhalt zu ge-
bieten, w as keineleichteSache w ar,dadie-
se vomSS-Lagerführer unddemgrünen
Lagerältesten geschützt wurden. Starke
Verlusteh attendieFranzosen u nddie un-
garischenJuden zu verzeic hnen. (...)
Der WiderstandimLager machte s ich
bemerkbar. Eines Tages verkündeted er
SS-Lagerführer,e r wisse,dass geheime
ZellenimLager existieren u nddaßer sie
ausräuchern w erde. SeineWut ließer dann
aneinemösterreichischen katholischen
Priester aus,der ihn tagtäglich r asieren
mußte, u ndersetztei hndurcheinen
Griechen. "Ich weiß, schrieer deneinge-
schüchterten Österreicher an,dass du täg-
lichbetest,d amit ich verrecken soll. Und
möchtest mir auchnochdieKehledurch-
schneiden." Das Endedes Krieges war
noch w eit entfernt und schonhatteer
Angst davor. GeflüchteteRussen ließer
vor demganzen Lager aufhängen u nd
prahlte, währenddieOpfer amStrangdie
letztenZuckungen machten. Die übrigen
Russen mußten, s olangedieGeflüchteten
nochnicht eingefangen w aren,barfuß u nd
imLaufschritt ihreFronarbeit verrichten
unter ständigenSchlägen der Kapos, s o
dass ihreFüße u ndKörper bluteten. Die-
ser Lagerführer wurdenachder Befreiung
gehängt.
DieSolidaritäthat imLager somanchem
das Lebengerettet. Es konnteaber eine
solchenicht geben, w enn sienicht auf
internationaler Basis aufgebaut war. In
Melk, w ieinallenanderen Lagern, w ar die
internationale Solidarität undder Wider-
standeinelebendigeTatsache. Icherin-
neremichimmer daran,als eines Tages ein
französischer Häftling z u mir kam und sich
ärgerte, w eilichab und zu des Abends
wennes dunkel war,französischen Geist-
lichenEssenaufihrenBlockbrachte. "Sie
sitzenimmer abends da zu beten", s agteer.
Icherwidertei hm,dass wir hier die ver-
schiedensten Meinungen
3
imLager hät-
ten,dass wir aber alle,auchdieseGeist-
lichen,hier seien, w eil wir Widerstand ge-
gendieNazi-Unterdrückung geleistet ha-
ben. Alles was imLager vonder SS verbo-
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP
2
DieHäftlinge trugenauf
ihrer Sträflin gskleidung
eineNumm er sowie ein
Dreieckmit verschi edenen
Farben,d as sieineineder
vier Gruppen einreihte:
4diepolitischen Gegner ,
die sogenannten"Schutz-
häftlinge" trugenaus-
nahmslos ein r otes Drei -
eck; hierzu gehörtenfast
alleLuxemburger.Im
Dreieckbefand sichau-
ßerdem der ersteBuch-
stabeder Na tionalität,
alsofür dieLuxemburger
ein"L".DieBibelfor-
schertrugenein violet-
tes Drei eck und waren
ausnahm slos Krie gs-
dienstverwei gerer.Die
spanischen r epublika-
nischenWiderstands-
kämpfer trugenein
blaues Drei eck.
4dieJudentrugendenbe-
kanntengelbenStern,
dieSinti undR omaein
schwarzes Drei eck
4diekriminellenHäft-
lingetrugeneinengrü-
nenWinkel.Dieser grüne
Winkel wurdemit der
Spitzen ach unten von
BV-Häftlin gen(Berufs-
verbreche r)getragen.
DieSV-Häftlin ge(Sicher-
ungsverwahrte) mit der
Spitzen achobenbefan-
den sichn ochinStraf-
haft.Die "Grünen" waren
imAllgemeinen schwer-
steVerbreche r undcha-
rakterlich übelsteEle -
mente,die siebis zum
Schluß zumTeil beherr-
schendeStellung enim
Lager innehattenund sie

32
ten war und trotzdem u nter ständiger Le-
bensgefahr ausgeführt wurde, trug zur Lin-
derung des unerträglichen Lagerlebens bei.
Was wir in unserer sogenannten Freiheit
hier draußen als unbedeutend oder ge-
ringfügig inFormeiner Hilfebetrachten,
hatteimLager,e inen unermeßlichenWert.
Alles ist vergänglich,dochdiedurchdie
Solidarität geschmiedeten BandeimLager
könnendurchnichts zerbrochen werden.
3Metty Dockendorf:
Kanner amKZ ( Melk) in:Rappel,1949, pages
593-598)
T' war zu Melk,engemNiewelager vu Maut -
hausen, w ou UfankFebruar 1945 "Zu-
gänge" ukomm sinn: 2000 Prisonnéier ...
an137 Kanner. Joet wareKanner,Kanner
amAlter vun8-13 Joer an 't ass engem
direkt onheemlechginn, w éieegesinn
huet,datt esou eppes Onschëlleges and'KZ
kéim. (...) Et huet een undéiDausende
Prisonnéier missen denken,déibeieis
Lager souzen andéi selwer esou Kanner
doheemhaten. Watfir eenAndrock muss
dat op sigemaach hunn? Vundene ville
Jongen v u 14,15a16 Joer,d éibeieis
waren, w ëllemer guer net schwätzen, ob-
schondat ochnëmmeKanner waren!
Allkoumen se vundeemberühmten Ver-
nichtungslager Auschwitz aPolen, wou di
Kanner schon1bis 2 Joer agespaart waren.
Wéid'russesch Offensiv méinokommass,
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP
gegenüber den “Politi-
schen” schwer miß -
brauchten.
4zur Gruppe der Asozial-
en,dieeinen schwarzen
Winkel
trugen,gehörten
dieArbeits
verweigerer,
Arbeitssche ue,
noto-
rischeSäufer,L andstrei
-
cher,Zuhälter,E intänzer
usw.Des Weiteren wur -
den zu die ser Gruppe
auchdie Homosexuel-
len,diemit einem rosa-
rotenWinkelgezeichnet
waren.(Charles Hein tz,
inLëtzebuerger zu Maut -
hausen,op. cit.pages
26-28)
3
n.de.l.r.A.Schroeder avait
étéfait prisonni er par les
Nazis pour ses convictio ns
communistes
4Le sort des
enfants et
femmes
Photo:G uy Docke ndorf

33
sinn semat anereKZler evakuéiert ginn. Si
hunneis erzielt,d att dat ochee vundene
bekannten " Doudesmärsch" war; deeglaang
sinandeoffeneWagonëgefuer,e rëm zu
Fouss gaangeandobäieng schrecklech
Keelt,d att sebalgeckeggi sinn. Andësem
Transport warenoche puer Lëtzebuerger
an zwéindervu simat beieis op Melk
komm. (...)
D'Kanner sinnnatiirlech ochaneBlock
gestach ginnanaus hiren u gestrachenen
Zivilkleeder sigesträift "Kostümer"
entstan. Dat Lächerléchst beideemganze
Butek w ar,datt side roudeWénkelkritt
hunnanesou schon z ou 8,10,12 Joer
"politesch Verbriecher" waren. Eppes
hunnd'Preisen net vergiess:h innen
d'Kopp ze schueren!!! T' kanneenet bal
net gleewen, mäet war esou. (...)
DenAarbechtsprogramm hat d'SS séier
opgestallt:f ir op deSchantgen s chaffen z e
goën waren se zekleng; näischt mangong
ochnet; duefir sinn seander Kichen
"ugestallt" ginnfir Gromperen fir d'SS ze
schielen. DéiSaachass amUfank net esou
genägaang, mäet huet net laanggedauert,
doass virgeschriwweg inn: 2Kesselen v un
25Liter huet allJongmisse schielen, s oss
ass ennet aus der Kichegelooss ginn.
Schonem 6Auer hunn semisstenopstoën
abis andeNomëtteg 4/5Auer geschafft.
DenOwesappell gouw matgemaach anda
konnten se schlofe goen. (...)
Mir hunneis owes, w ann seamBett lou-
chene wéinegënnerhal, s ou wéiet ebe
goungandannhunn sedëtt andat erzielt
anochdatt seet zu Auschwitz besser haten,
well sedonet esou schwéier hu misse schaf-
fen. (...)
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP
4Signes distinctif s des
détenus
Photo:G uy Docke ndorf

34
EenOwent heescht et d'Grompereschieler
–d'Kanner –misstendeenanerenDagem
5Auer opstoen w ellméiAarbecht wär,
d'SSkréichBesuch. Si sinndannochmat
Zäit geruff ginnfir hiren " Déngscht"
unzetrieden. Ausgerechent konntemer se
deeMueren net zesummekréien and'SS
huet geflucht ageroost,d att senet erbäi-
koumen. DéiSaach war esou: wéid'Jongen
engZäit amLager waren, s inn selues alues
méikënnegginnan sihunneLandsmann
fonnt,d eenentweder aus deem selwechten
Duerf w éi sioder aus der Ëmgéigend,e
Bekannten v unhirenElteren asw. Dann
ass et virkomm,datt sebei sie schlofegaang
sinn, well sedoëmmer schéigeschwat kru-
tenanochemoleguddeMaufelniewe-
laanscht erwëscht hunn. Mir konntendann
natiirlech s ichenbis mer seallbeieneen
haten.
DenDagass lues erëmgaang, ' t ass owes 8
Auer ginnaneis Jongen w arennachnet
erëmaus der Kichen. Wéimer kucke
goungen, s ot deCapo,datt sinachfir
mindestens 3 Stonnenhätten,mir hu
geflucht,d eCapom at,mä wat konnt dat
déngen? (...) Endlechëm zwou Auer
koume segekroch w éiHallefdoudeger. De
Capo sot eis,datt siander Kichen " zou
Nuet giess" hätten. Si warenalsoamg aang
vu mueres 5bis nuets 2 Auer,d .h. 21
Stonnen. (...) Op deeCoup hinn, sinn
der erëmenetlechkrankginna4hunnet
net méigepackt.
Trotz aller Schikanerei w ar degroussen
Deelnach zimmlechdichteg anhunn sech
guddderduerch geschloën. Mëtt Mäerz
warender 8dout,e puer krankandeganze
Rescht gesond amonter. (...)
AmAbrëll s innd'Russem éinoop eis ges-
touss (mir ware86 km vu Wien,der Strooss
nogerechent) anet huet geheescht mir
géiwenevakuéiert ginn. Geschwënn derno
koumdenUerder:d 'Kanner anallKrank
gin zréckop Mauthausen and'Haaptlager,
vuneis ass näischt gesot ginn. Et war eis
Angscht,m ir missten ochdohinner, w ell
mir der Menung w aren, w ann sieis eng
Kéier andär Festung hätten, w ir et geschitt
fir eis,d o wir ke eliewegfortkomm.
Den13. Abrëllass deCapom at deKanner
andeKrank enop RichtungMauthausen
oofmarschéiert. E puer Deegdrop sinnda
verschiddenTransporter oofgaang amir
sinn zu Ebensee gelannt, w at ocheNiewe-
lager vu Mauthausen war.
De 6. Mee1945 simir dobefreit ginnane
wéinegmi spéit simer duurchd'Ameri-
kaner gewuer ginn,datt ochMauthausen
fräi war. D'Kanner hatenalsohiirt Liewen
gerett. Hoffentlech hunn senachee vun
der Famillerëmfonnt,d eeguddfir sege-
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP

35
suergt huet, well sihätten verdéngt,n ach
frou StonnenamLiewen z ekréien,no-
deem se schonesou jonkesou Schreck-
leches matgemaach haten.
4JeanMajerus :
DieBefreiung des Lagers Ebensee
4
am 6. Mai
1945(in; Lëtzebuerger zu Mauthausen, op. cit., pages
209– 214)
Das Krematoriumarbeitet Tag undNacht
und vermagn icht,alle Leichen z u ver-
brennen,die sich zu Hunderten v or dem
Revier häufen. DieTagessterbeziffer steigt
auf 250, 300. Am 26. April sindes 374
Tote. SpezielleKommandos sinddabei,
Gräber auszuwerfen, u mdie vielenToten
verschwinden z u lassen. DieArbeit im
Steinbruch nimmt trotzdem nicht anmör-
derischem Tempoab; nur dieMeister wer-
den vonTag zu Tagnervöser: s iedenken
vielleicht andenTag, wo sichdieHäftlinge
für ihre unmenschliche Behandlung r äch-
en werden. EinTeilder SS-Wachmann-
schaft ist zur nahenFront abgezogen w or-
den. (...)
Wir zählenFreitag, den4. Mai. Seit ein
paar Tagen wirddes öfteren Alarmg ege-
ben:Panzeralarm! MotorisierteVorhuten
der Allierten s ollenin10 kmEntfernung
vonEbensee gesichtet worden s ein. Man
erwartet dieBefreiung v onTag zu Tag.
(...) Der Lagerko mmandant Ganz hat
einen t euflischen Planausgeheckt. Den
ganzen Abend ü ber geht der Ruf: "Block-
schreiber!" "Blockälteste". Auchdie ver-
schiedenenFreunde, diekeinenSchrei-
berposten haben, hasten u mher:d er
Widerstand imLager schält sichaus der
sterilenOrganisation heraus um zu han-
deln. Ich weiss überhaupt nicht, u m was es
geht,aber ichmerke,dass Unheilvolles in
der Luft liegt. Erst spät inder Nacht
kommt Fernand Hames zu mir und weiht
michindas Schrecklicheein:Ganz willdas
gesamteLager indieStollenführen,
damit, w ieer sichausdrückt "keinemein
Leidgeschieht", w ennPanzerkämpfe in
Ebensee s tattfinden. (...) Das gesamte
Lager weigert sich,demBefehlGanz' Folge
zuleisten. Das "Comitéi nternational" hat
diesen Entschlußg efaßt,n achdemdie
Wachmannschaft Luftwaffe denHäftlingen
Unterstützung gegendieSS zugesagt hat.
Hält Ganz trotzdem an seinemEntschluß
fest,dann wirdder Durchbruch v ersucht.
Viele werdendiesenKampfm it demTode
büßenmüssen,aber dieMehrzahl v on uns
wirddochfrei sein,lebenkönnen. Schon
tauchen ü berallWaffenauf; Vorbereitung-
en werdengetroffen,denStacheldraht
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP
4
AbdemJahr 1943 zwang en
die strategischenLuftan-
griffeder Alliiertendie
deutsche Rüstung sindustrie
dieProduktio nin unterirdi-
sche,bombensichereProduk-
tionsstätte zu verlage rn.
DieForschungseinrichtungen
sollten von Peenemünde
nachEben see verlage rt
werden, woe benfalls ein
gigantische s Stollensystem
geplant war:
-Entwicklung der Flak-
rakete"Wasserfall"
(Flieger-abwehrake te)
-Entwicklung Interkon-
tinentalrakete"Ameri-
karakete"
ImNovember 1943 wur de
das KZEbenseegegründet,
Tarnbezeichnung“SS-Ar-
beitslage r Zement”:Einsatz
der Häftlin geimStollen-
bau.Ohn ediegeringsten
Sicherheitsvorke hrungen
mußten dieHäftlinge8-11
Stunden amTagarbeiten.
DieStollenanlage sollte
allerdin gs niemals ihrem
ursprüng lichenZweckdie -
nen.Albert Speer (6.6.1944)
wollteals Rüstung sminister
dieStollenanlagefür die
Produktio n vonPanzerge-
trieben umfunktio nieren.
Wegender Drin glichkeit der
Treibstof ferzeugung sollte
inder Stollenanlage“A”
eine unterirdische Raffine-
riebeschlossen werden. In
der Tat wurdeam5 .2.1945
mit der
Rohöldestillatio n
begonnen.
Inder Anlage B
wurdenfür dieSteyer-
Daimler-PuchAG Motorteile
für Lastwage n undP anzer
hergestellt.

36
hinten z u durchbrechen u nddieWach-
türme z u stürmen. Dannerwartet man
schlaflos dengrauenden Morgen,der die
Entscheidung ü ber Lebenoder Todbrin-
gen soll.
Samstag, 5. Mai. Seit 5Uhr ist das Lager
aufdenBeinen; sämtlicheBlocks rücken
aufdenAppellplatz, u mGanz dieAntwort
auf seinenhinterlistigen Befehl z u geben.
Um8Uhr steht das ganzeLager:1 6.270
Häftlinge, w ennichmichgenau erinnern
kann. Wir erwarten denLagerko mman-
danten. (...) Dannerscheint Ganz; er
scheint nervöser als sonst,aber sein stolzer
Schritt ist wie stets. Er steigt aufeinen
Tisch, ü berblickt dieTausendeHäftlinge,
seineOpfer. MehrereSS-Männer halten
ihreMaschinenpistolen imAnschlag; dann
spricht Ganz. DieEntfernung erlaubt es
mir nicht, seineWorte zu verstehen. Aber
dannbrandet einWort,e inSatz auf:
"Nein, w ir betretendenStollennicht!"
Das hat sichGanz nicht erwartet. Wirder
denBefehl z umSchiessen geben? Ein paar
Minuten s teht er regungslos,d ann senkt er
denKopf... Er verläßt das Lager. (...)
Wir warten,das ganzeLager wartet aufdie
Befreiung... 6. Mai1945!Endlich,es ist
genau 15Minuten v or drei,brandet ein
tosender Jubelauf:dieAmerikaner sind
da!... Wir sindfrei,frei... Alles umarmt
sich... Wir habenTränenindenAugen.
Nebenmir steht KaplanMaroldt und sagt
voller Rührung: " Elograd,andesemMo-
ment,g eet d'Schluß-Oktav-Prozessioun
ander Stad unn". WenigeMeter vor mir
klettert Freund Jos Hammelmann auf
einenPanzerspähwagen u nd versucht seine
Englischkenntnisseand enMann zu brin-
gen. –Die verschiedenenNationenhaben
sichinkleineGruppen geschlossen: drü-
ben tönt uns die«Marseillaise» entgegen,
unddort singenMenschen aller Nationen
die "Internationale",j eder in seiner Spra-
che. (...)
ImStollen w irdeineZugmaschine gefun-
den,diemit Dynamit gefüllt ist. Also
doch... Ganz wollte1 6.000 Menschen in
dieLuft sprengen. Unser Herrgott hielt
seine schützende Hand ü ber uns,damit
dies Schreckliche nicht geschehe.
GegenAbend s tehen w ir Luxemburger
Freunde dannaufdemAppellplatz und
können u ns nicht entscheiden,mit dem
kleinen " organisierten" Wägelchenauch
eine "Fußtour" zu unternehmen. Schließ-
lichlanden w ir für dieersteNacht der wie-
dergewonnenen Freiheit aufdemBlock
Georges', u m später unseren Freund Will
Langini s trahlend z u empfangen, als er
schwerbepackt dieLuxemburger Korona
aufsucht; seinOrganisationstalent bringt
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP

37UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP
4Plaquecommémorative
luxembour geoise
(Ebensee )
Photo:G uy Docke ndorf

38
uns indenGenuße ines saftigenSchweine-
bratens,e iner guten Butterstulle u.v.m.
DieersteNacht ist dannalles andereals
schön:dieBäckerei wird vonhungernden
Menschen gestürmt; andereLeidensge-
nossen,diedurchdie plötzlicheBefreiung
denKopfein wenig verloren haben, v er-
greifen s ichanden zurückgelassenen Ge-
wehrkugeln,drüben steht eineBarackein
Flammen:manbefür chtet das Übergreifen
des Feuers aufdas ganzeLager,d as jain
einenNadelwald hineingebaut wordenist.
Diesem u nbeschreiblichen Chaos,d as
durchdiegroßeFreude z u verstehen ist,
stellt sichein "Comitéi nternational" ent-
gegen, u ndbringt es fertig,dieOrdnung
wieder einigermaßen herzustellen. Präsi-
dent dieses Comités ist der FranzoseJean
Laffitte; als Vertreter unseres Häufchens
wirdeinstimmigFreund Metty Dockendorf
gewählt. Dieses Comitél eistet großeAr-
beit:Wäsche u ndKleidung gelangen z ur
Verteilung; dieVerpflegung w irdmeister-
haft gehandhabt. Wir Luxemburger "woh-
nen" aufder ehemaligen Bäckerstube; Al-
bert ist schonaufdemHeimweg; Camille
undRobert Steichen s indinEbensee u nd
"organisieren" für uns bei
denAmeri-
kanernSchok olade; HengDiesch
bourg und
Jos Colabianchi s indFahrer beider
Ver-
pflegung u nd versäumen natürlich
nicht,
uns nochextra zu verpflegen; Kaplan
Maroldt hat sichbeimEbenseer Pfarrer
einquartiert.
DieStimmung ist gut; aber wir warten
ungeduldig aufdieHeimbeförderung.,d ie
auf sich wartenläßt. (...) DieFranzosen
habeninderWäscherei einenkleinen
"Club" eingerichtet, w omandieneuesten
Nachrichten erfahren kann. Auch steigt
des Abends eineintimeFeier,imBeisein
hoher Offiziered er Missionfrançaise. Wir
Luxemburger sindeingeladen u ndMetty
trägt mit einer Harmonika-Einlage z um
Gelingender Feier bei. Einimprovisiertes
Telephongespräch Mettys bringt uns in
guteStimmung.
Einfranzösischer Geistlicher,d er nachder
Befreiung dieZebrakleidung nochimmer
mit seinenKameraden t eilen w ill,hat
einenBlockals Kapelleeingerichtet und
zelebriert dieMesse. Der erstenDanksag-
ungsmesse w ohnen w ir Luxemburger fast
ausnahmslos bei, während diefranzösische
Beteiligung äusserst geringist. Nachder
Zelebrierung s chenkt der geistlicheFreund
jedem v on uns einPäckchenTabak. Am
nächsten Morgen s treitendieFranzosen
sich umdiePlätzei nder "Kapelle" und
wollen s ogar dieAusländer hinauswerfen.
Aber nachder Messe w irdkeinTabakmehr
ausgeteilt. (...)
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP

39
Freitag, 2 5. Mai1945. Nacheinemkur-
zenAufenthalt inLuxemburg, w o wir lie-
benswürdig vomRapatriement empfangen
werden, s teheichdannendlich v or unse-
remHeim. Es ist genau 15Minuten v or
Mitternacht... Ichfallemeiner lieben
Mutter undmeinemliebenVater indie
Arme u ndjubele: " Doheem,doheem,all
dat Schrecklecht ass eriwwer; elokënne
mer erëmalleguertef rou sinn. –Niiméi
Krich,niiméiKZ,niiméiMauthausen!"
5PaulineWeyer-Besch,
Memoiren aus demKrieg:d as Schicksald es
KZ-Häftlings JengiWeyer aus der Sicht seiner
Frau.
Abmarsch v onAuschwitz am13.01.1945.
Jengikamm it 4.500 Häftlingen auf
Fußmarsch u nd teilweisem it Güterzügen
nachMauthausen ohneetwas zu essenau-
ßer Schnee,denn siehattennur für einen
TagEssen z ugeteilt bekommen,das bestand
aus einer ScheibeKommißbrot undStück -
chenWurst,d as musstef ür 14Tage rei-
chen. Am 25.01.1945 inMauthausen an-
gekommen,mussteer dieKleider abge-
ben,dann standenallenackt dreiTagebei
-22 GradKältei mAppellhof. BeiJengi
war einFranzose, einArzt aus Argentan:
sie rieben sichgegenseitig Brust undRüc-
ken um sich vor demErfrieren z u schüt-
zen. Aber beidem schrecklichenFuß-
marsch vonAuschwitz nachMauthausen
starben anHunger oder durchErschießen
über dieHälfted er Häftlinge. Nachdrei
TagenMauthausen, w urden sie wieder auf
Lastwagen geladen u ndkamenindas letzte
KZEbensee. Dort waren s choneinige
Luxemburger,d ie sichJengi seiner sofort
annahmen u ndihmetwas zumEssen
gaben,ihnaus der Dusche ( Gaskammer)
herausnahmen, ihnbeieinem p olnischen
Gefangenen imBett versteckten u mihn
vor demKrematorium z u retten. Sein
damaliges Gewicht betrug4 4Kilo.
DieletztenWocheninEbensee w arenda-
durchein wenigbesser, w eileinzelne
Luxemburger Häftlingeaufhöheren Posi-
tionen w aren undfür Jengi wieeinWun-
der waren,daer so vieleHöllendurchge-
macht hatte. (...)
Mit denAmerikanern ( der 3. USPan-
zerarmee) dieEbensee befreiten, kamauch
einLuxemburger inUSUniformi ns La-
ger. Als er sah, was das war, woer sichbe-
fand unddie vielenabgemagerten u nd
nackten Menschen s ah,kamihm zumBe-
wusstsein, dass auchLuxemburger dort
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP

40
seinkönnten. Er fragten achdenLuxem-
burgern u ndman verwies ihnandieBa-
rackemitdenFranzosen. Dort fander
auchJengi. Es stellte sichheraus,d ass der
Luxemburg-Amerikaner aus Diekirch
stammte, mit NamenScheer. EndeMai
kamendiemeisten Luxemburger inihrer
Heimat an.
6PaulMersch:
DieBefreiung des Lagers Mauthausen (Paul
Mersch,in:Lëtzebue rger zu Mauthaus en,op. cit. , pages
148-149)
Der 5. Maibricht an. ImLager immer
nochdasselbeBild: KeinSS,nur Polizei
die uns bewacht, s owohlimLager als auch
aufdenWachttürmen. Ich schreitem it
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP
4ZyklonB
Photo:G uy Docke ndorf

41
einemLuxemburger Kollegen ü ber den
Appellplatz. Danaht einSS,neines ist ein
Polizist. Ich reißedenKollegen z ur Seite,
der denWachmann beinahe angestoßen
hätte, w as normalerweisee ineTracht Prü-
geleingebracht hätte,nahmStellung an
undgemeinsam z ogen wir gemäßLager-
ordnung u nsereMützen ab. Dochder Po-
lizeimann w inkteab u nd sagtein seinem
Wiener Dialekt: " Behalt's dieMützen ur
ruhigauf,morgenmußich sie vielleicht
vor euchabziehen". Das hatteeingeschla-
gen. Wir blickten u ns beidean,amliebsten
hätten w ir vor Freudegeweint. Das bedeu-
tetedoch... daß tatsächlichdieBefreiung
naht!...
Und wirklich,am selbenTag,kurz nach
Mittag, s inddiePosten v ondenWacht-
türmen v erschwunden. Aufeinmal, auf
demAppellplatz,e inRuf... einSchrei...
Einjunger,abgemagerter, s chon v om
Todegezeichneter Russeh ebt dieHand
und zeigt aufdenTurm ü ber demEin-
gangstor, w oeine weißeFahnehochgezo-
gen wird.
Wir stehen, s tarren,fallenaus der Er-
starrung u ndersteigenimNu das breite
Dachdes Bunkers. UngeahnteKräfte w er-
den plötzlichindenSchwächsten t ätig.
Alles steigt, ringt sichempor,alles möchte
einDachgewinnen. Armefliegenindie
Höhe,Stimmen ü berschreien s ich,man
jauchzt,m anlacht,man weint,man singt,
manjubelt,alle Dächer werden z u Tanz-
flächender unbändigsten Lust, vorneam
Toreflatternm it einemMaledieFahnen
aller Nationen,dieheimlichindenletzten
Tagenangefertigt worden w aren,einbrei-
tes Spruchband s pannt sich vonTurm zu
Turm u ndheißt in spanischer Sprachedie
Befreier willkommen, w ir toben, u nsere
Ausgelassenheit wirdTosen, da,einTank
führt die sichergebenden Polizisten u nd
Schutzwachen ab; der anderef ährt am
Tor
vor: "Goodafternoon, Captain, t hanks
to
you, thanks to theAllies and thanks to
God!"
Nun sind wir wieder frei. DieHumanität
hat gesiegt. Wir dürfen w ieder Mensch,
endlich wieder Mensch sein.
UNITÉ 3 | LESPRISONNIERSDEL’ABÎME:VIEETMORTAUCAMP

UNITÉ4
LEDEVOIRDEMÉMOIRE:
RÉFLEXIONSSURL’INDICIBLE
PARSTEVEKAYSER
43
Auschwitz,Majdanek, Treblinka,Natzweiler-Strut-
hof,Mauthausen s ont synonymes de souffrances inima-
ginables,d ebarbaries et decrimes sans précédents,d e
miseàmort industrielle. Faceàcette tragédiehumaine
undevoirdemémoire s 'impose. Cedevoir est d'autant
plus important quedes scientifiques révisionnistes ten-
tent denier la réalitéirréelledel'univers concentration-
naireau point de lamenacer d'oubli.
4Une terminologie discutable
Sinous voulons nous référer àl'extermi-
nationdu peuplejuif,nous nous trouvons
confrontés aux notions les plus courantes,
celles deHolocauste et deShoahqui prêtent à
des débats étendus. L'historien américain
d'origineluxembourgeoiseArno Mayer
s'est engagéàdivulguer lanotion p lus ob-
jectived u «judéocide».
Le termeHolocauste a uneconnotation r eli-
gieuse. Issudu grec,il sert à traduirel 'hé-
breu «ola» qui se rapporteàl'holocauste
au cours duquel Abrahame st prêt àoffrir
sonfils IsaacàD ieu. (Genèse, 2 2,1-18)
ElieWieselintroduit cettenotionàlafin
des années 1970. Elleconnaît uneénorme
popularitéd ans l'espace germanophone
grâceà une série télédiffusée en1978/
1979, qui portelemême titre. Deux pro-
blèmes se posent:Isaacd evient le premier
survivant àl'holocaustee t l'extermination
des Juifs risqued 'êtreinterprétée defaçon
erronée.
Bien quelanotion deShoahconnaisseaussi
uneorigine r eligieuse ( «malheur»,«tem -
pête»Psaume 3 5,8),elle semblecepen-
dant mieux traduirec e quiest inimagina-
ble. En1959,laKnesset décide q uele 27
janvier sera retenu commedatedelacom-
mémorationofficielledu génocide p erpé-
trécontrele peuplejuif. En1985,la sortie
du filmdocumentaire« Shoah» réalisé
4Monuments commémo-
ratifs juifet del’ancienne
RDA
Photo:G uy Docke ndorf

44
par Claude Lanzmann émeut avant tout le
publicfrançais.
4Ledevoir de mémoire
Afindenous représenter ce quiest irre-
présentable, le témoignage direct des der-
niers survivants est uneexpérience p éda-
gogiquef ondamentale. Le vécu des victi-
mes dela terreur nazieest une sourcehis-
toriquei ndispensable. LaShoahe st le plus
grandcrime perpétré par l’Homme contre
l'Homme. Pénétrer ladimensio ninnom-
mabledecettecatastrophe, c’est pénétrer
un univers pleindehaine, p leinde vio-
lence, plein de perversion.
Grâceàlamémoired ela premièreg énéra-
tionnous sommes capables decomprendre
quelaShoahne peut pas êtreanalysée s ous
l'angledenos principes moraux tradition-
nels. D'une p art l'extermination p renddes
dimensions quasiindustrielles et perver-
ses. D'autre part dans cet univers dela
mort,lefait de voler la rationde painou
une piècede vêtement à uncodétenu ne
peut pas êtr e perçu comm e uncrime.
Les récits des survivants démontr ent qu'en
rapport aveccet enfer,la survien'a riende
glorieux, r iend'héroïque. Eneffet com-
ment se sentir heureux d'avoir échappéaux
massacres, sil'onest conscient du fait que
UNITÉ4|LEDEVOIRDEMÉMOIRE:RÉFLEXIONSSURL’INDICIBLE
4Monuments commémo-
ratifs juifet del’ancienne
RDA
Photo:G uy Docke ndorf

45
des milliers, v oiredes millions d'autres
hommes,f emmes et enfants qui parta-
geaient lemême sort,ont trouvé u nemort
atroce? Les rescapés ne prononcent géné-
ralement pas les noms deleurs bourreaux.
Selonl'historien américain Langer,« les
Allemands voyaient les Juifs commedes
masses anonymes,l es Juifs voyaient les
Allemands commedes assassins anony-
mes.»Iln e s'agit pas de règlements de
compte. Ona plutôt l'impression q ueles
victimes seconfrontent àleur passé trop
souvent indicible. Ces souvenirs neles ont
jamais quittées et neles quitteront jamais.
L'impact deCe quiadéchirél eurs vies fut
trop violent.
Par conséquent lamission à remplir par les
générations futures consisteà redonner
aux victimes leur dignitée t leur individua-
lité,en reconstituant leurs noms et en
réécrivant leur histoire r espective. Cepen-
dant ledevoir demémoirec omported iffé-
rentes facettes. Ilfaut quenous en tenions
compte, s inous entendons tirer des leçons
sérieuses de cette tragédie.
4
La singularitéd el'événement et la«ba -
nalitéd u mal».(HannahArendt)
Dans les camps deconcentr ationlades-
truction des internés n'est pas seulement
physique, mais aussimorale. Denombreux
UNITÉ4|LEDEVOIRDEMÉMOIRE:RÉFLEXIONSSURL’INDICIBLE
4Plaquecommémorative
(Sintie t Roma)
Photo:G uy Docke ndorf

46
chercheurs insistent sur l'insuffisance de
nos mots à traduirel a réalitédelaShoah.
Les bourreaux ont réussiàa néantir toute
dignitéh umaine. L'ancienconcentr ation-
naireitalienPrimoLevi parledela«bestia-
lisation»des prisonniers. L'êtrehumain
perd touteformed'espoir et deconfiance
dans sa raison. Auschwitz ou Mauthausen
ne permettent pas àleurs victimes de vivre,
mais Auschwitz ou Mauthausen les rédui-
sent à végéter…
HannahArendt constate: «Ils moururent
commedu bétail,commedes choses qui
n'auraient nicorps niâme,nimême u n
visage sur lequellamort aurait pu apposer
son sceau. C'est dans cetteégalitém ons-
trueuse, s ans fraternitén ihumanité- u ne
égalité q ueles chats et les chiens auraient
pu partager-quel 'on voit,comme s ielle s'y
reflétait,l 'imagedel'enfer.»
Or laShoahneconstituen i unaccident,n i
une parenthèsed el'histoire. Ilfaut la voir
comme u n syndrome, u n paradigmedu
XX
e
siècle, v oiredela sociétéc ontempo-
raine. LaSolution Finaleest conçueau
seind'uneEuropec ivilisée. Elleest perpé-
trée par des hommes ordinaires, q uiaprès
laguerr e vont prétendren 'avoir fait qu'ex-
écuter les ordres deleurs supérieurs. La
politiqued 'extermination p erpétrée p ar
les nazis est le résultat delaconjonction de
plusieurs facteurs socio-économiques,à
UNITÉ4|LEDEVOIRDEMÉMOIRE:RÉFLEXIONSSURL’INDICIBLE
4Monument commémora-
tif(Sintie t Roma)
Photo:G uy Docke ndorf

47
savoir lehaut degréd ebureaucratisation
dela société,leniveau dedéveloppement
technologiquee t leconformisme s ocial.
C'est dans unmondemoderne organisé,
discipliné àla pointed ela technologie,
quececrimecollectif aétécommis.
Dans cecontexte, nous pouvons avancer
l'expressiondela«banalitéd u mal»for-
gée par HannahArendt en rapport avecles
exécutants. Lecaractèrei ndustriel, v oire
même«banal» delaShoahfait peur parce
quelacatastrophe s 'est déroulée p armi
nous. Il s'agit biende voir que sous leman-
teau protecteur denotre société réglemen-
tée, structurée et démocratisée, l'injustice
et lechaos couvent. Le progrès n'empêche
pas l'Homme dedévelopper sacréativité
destructrice. Au contr aire...
4Uneéducation qui s'impose.
Les leçons à tirer decettecatastrophe hu-
maine sont incommensur ables. SergeKlars-
feldestime q ue«l'étude dela shoah[…]
est aussi uneleçonmorale et civique q ui
enseigne q uela valeur fondamentale est le
respect absolu de la personne humaine ».
Faceàl’unicitéd elaShoah, u ndevoir de
mémoire s’impose. Cependant,i lnefaut
pas penser que par le seulfait decommé-
morer,l 'avenir serait sainet sauf. Tout
dépenddelafaçondont nous utilisons la
mémoire. Référons-nous àl'historien
français Georges Bensoussan. Il précise
que«[…]l'invocation àla "mémoire"[…]
n'est pas une diguecivique. Le souvenir ne
défend,nine protègede rien:onn'édu-
que pas contreAuschwitz.». Et Bensoussan
deconclur e:«L'éducation acomme p re-
mièrefonctiondedécrypter lechemine-
ment politique q uigénérala t ragédie.»
Notreapproche àlaShoahdoit donc tenir
compteàlafois du caractère p articulier de
laShoahet des conditions internes et
externes de la société quil 'ont engendrée.
Laconfrontation àl’indicible est un pos-
tulat éducatif dans l’enseignement mo-
derne. L’analysed es origines del’Holo-
causte p ermet aux jeunes gens de saisir nos
valeurs démocratiques dans touteleur fra-
gilité. Ils réaliseront queles nationalismes,
les fanatismes politiques,l es fascismes,l es
propos xénophobes,l es racismes,l es géno-
cides sont de tristes réalités. L’enseignant
doit permettreaux jeunes de regarder dans
le
passé,afind’affronter encommunl e
monde
contemporain.
«Transmettr elaflamme du souvenir,c ’est
transmettrelaclé p our comprendrel e
mondecontemporain.» ( Lycée technique
deBonnevoie, Projet Contrel'Oubli,
1998)
UNITÉ4|LEDEVOIRDEMÉMOIRE:RÉFLEXIONSSURL’INDICIBLE

UNITÉ5
MÉMOIRESDUCRIME:
ERËNNERENAVERSTOËN
49
Depuis 1968,l'Amicale deMauthausen
organise, u nefois par an, une visitedu
camp deMauthausen et de quelques-uns
de ses kommandos àl'intention des classes
du secondaire, classiquee t technique. Ces
voyages éducatifs ont pour devise: Erën-
nerena verstoën.
L’article s uivant aété rédigéen1994 par
VéroniqueDock endorf, p etite-fillede
Metty Dockendorf, anciendéportéd es
camps de Mauthausen, Melket Ebensee.
Pélerinage dejeunes du 5au 9avril 1994
"AuchDingehabenihreTränen …
IhreSpuren haftennochandenKleidern, obdes Leides,
in siehineingeweint,d er Fragen,diekeineAntwort fin-
den,der Hoffnungen,die sichnicht erfüllten u nddoch
nochKraft gaben für denTag."
KardinalDr. Franz König
(in:AuchDingehabenihreTränen,TyroliaVerlag)
Das ehemalige Konzentr ationslager Maut-
hauseninder Nähe vonLinz inÖsterreich
ist einOrt,and emdieseTränen noch
nicht getrocknet sind. DieJugendwallfahrt
der "Amicale des Anciens Prisonniers
Politiques deMauthausen, w urde1968
vonMetty Dockendorf, ehemali gemKZ-
Häftling u ndlangjährigem Sekretär der
Amicale ins Lebengerufen u ndhat sei-
ther,bis auf 2Ausnahmen, jedes Jahr 20 –
30 jungeLeuten achMauthausen u nd
einige s einer Nebenlager,Ebensee u nd
Gusengebracht. Alle,diemitgefahren s ind,
haben s chnellerkannt,d ass es hier darum
geht, wiees das Washington Holo
caust Mu-
seum sagt:For thedeadand for theliving,
wemust
bear witness!
Soist dennbesonders heuted ieReise
wichtiger dennjegeworden, w ennman
bedenkt, w ieviel rechtsradikale, r assistische
4Monument commémora-
tifluxembour geois
Photo:G uy Docke ndorf

50 UNITÉ5|MÉMOIRESDUCRIME:ERËNNERENAVERSTOËN
4
Fallschirmspring erwand
(Les prisonni ers étaie nt
poussés du haut del a
falaisee t s’écrasaie nt soit
sur le sol, soit sen oyaient
dans l’eau.Ja rgoncruel des
SS:ceux quié taient tués
ainsi,furent appelés par les
SSparachutistes)
Photo:G uy Docke ndorf

51
Tendenzen heute wieder aufkommen, wie-
vieleMenschen nichts dazugelernt zu ha-
ben scheinenaus Geschehnissen, die vor
60 Jahren dieWelt zumStillstehen ge-
bracht haben. Aufklärung, Sensibilisier-
ungfür dieGeschichte, doch vor allem
Warnung v or einer Zukunft mit erneut
nazistischen u nd rassistischen Idealen s ind
dieHauptzie leder Juge npèlerin age.
Mauthausen w ar einArbeitslager,i ndem
dieHäftlinge v ernichtet wurden,inGas-
kammern, amGalgen, durchGenickschuß
aber auch undbesonders durchArbeit bis
zumTode. Zeugnis der unsäglichenSchin-
dereiimSteinbruch v onMauthausen, dem
"Wiener Graben",i st die sogenannte " To-
desstiege",d ie186,aus grobgehauenen
Steinblöck enbestehende Stufen z ählt.
DieseTodesstiege mußten dieHäftlinge,
beladenmit einembis zu 50 kg schweren
Stein,inFünferr eihenhinaufst eigen.
Schwäche w urdenicht zugelassen , wer un-
ter der Last zusammenbrach, w urde von
denNachfolgenden, w enner sienicht mit
zu Fallbrachte u ndhinunterriß, niederge-
trampelt ode r vondenSSerschossen .
Auchdas Lager selbst,d ieäußeren Mauern
sowieinterne Gebäude s indintegrale rhal-
ten undhinterlassen bleibende Eindrück e
der Lebensbedingungen der Häftlinge.
EinMuseumi mInnerne iner Baracke
dokumentiert eindringlich Leben u nd
Sterben imKZ,deckt Hintergründe auf
undbeschreibt , wiedas Hauptlager und
seine49Nebenlager (vondenen w ir auch
zweibesucht haben,Ebensee u ndGusen)
funktionierten u nd wie,ohnediegeringste
Einwendung der öffentlichen Meinung,
dort Tausende v onMenschenleben r ück-
sichtslos vernichtet wurden. Die
Phantasie
der Nazis für immer neueMord
methoden
kanntek eineGrenzen, Menschen w urden
zur Ware und zum überflüsssigen Ballast,
UNITÉ5|MÉMOIRESDUCRIME:ERËNNERENAVERSTOËN

52
der beseitigt werdenmußte, s obesonders
dieHäftlinge,diedieBuchstaben " RU" auf
demHemd t rugen, w as sovielbedeutet wie
"Rückkehr unerwünscht".
DieHäftlinge w urdenimKZ zuerst ihrer
Persönlichkeit beraubt, s ieexistierten,
nachdemallediegleicheKleidung bekom-
menhatten,nur noch unter einer Num-
mer und wurdenin politische, nationale
und rassistischeKategorieneingeteilt.
DieReise w urde, wiejedes Jahr,inden
Osterferien organisiert:h euer (=1994)
war es das Lycéeclassiqued eDiekirch.
Besonders hervorzuheben ist,daßder
Direktor des Lyzeum, Robert Bohnert
selbst dieGruppe v on 25Schülernbeglei-
tete. DieGruppe w urdebegleitet vom
Sekretär und vomPräsidenten der Ami-
cale:der Präsident,Jos Hammelmann, hat
uns auf unserer Reisebegleitet under ver-
mochteo ft durch seine persönlichenEr-
lebnisse, dieer uns bereitwillig erzählte,
vielmehr zu bewegen,als nackteZahlen
undgeschichtliche Fakten,die schwierig
nachvollziehbar sind. Ihmmöchtei chan
dieser Stellenocheinmale ingroßes Danke -
schönausprechen,denndurch sein wert-
volles Zeugnis und seinePräsenz wurde
dieseReise z u einer einmaligen Erfah-
rung, s eineAnekdoten, s eineErin
ner-
ungen, s chmerzliche w ie schöne,mach
ten
für uns dieRealität des Zweiten Weltkrieges
lebendiger und greifbarer.
DieFülle vonEindrück en,die wir inden
wenigenTagengewonnenhaben,konnten
jedochnicht so schnell v erarbeitet werden,
undes scheint unmöglich,diegesamte
Tragweited er Realitäten, diedas KZMaut -
hausen aufzeigt, z u erfassen. Irgendwann,
das haben w ir allegemerkt, w erdendie
Faktenabstrakt, verklingenZahlen v on
Toten u ndGequälten u ngehört,i rgend-
wann taucht das Bedürfnis auf, zu lachen,
der Wunsch, z u entfliehenaus dieser ver-
gangenen,grausamen Welt die sich uner-
bittlichimmer wieder inneuen, s chreckli-
cherenFormenauftut.
UNITÉ5|MÉMOIRESDUCRIME:ERËNNERENAVERSTOËN

53
AuchDingehabenihreTränen, w oimmer und wie
immer menschlicher Haß unschuldigenWesenohne
GrundeinLeidohneMaß zufügten,inVergan-
genheit undGegenwart. DieseTränen w erden so-
langenicht trocknen, s olange wir nicht ihrenUr-
sachen undGründennachgehen; solange w ir sie
nicht aufhellen u ndihreWurzeln bloßlegen,dieda
sind:Massenwahn oder Rassenwahn, die wieeine
geistigeSeucheVerwirrung s tiften; oder als Über-
heblichkeit,als stolzeSelbstherrlichkeit,als falsche
Ideologie u ndIntoleranz das menschliche u nd
gesellschaftliche Verhalten vergiften.(…)
KardinalDr Franz König,i bidem
Nicht umsonst standder Pélerinage u nter
demMotto "Erinnern u ndVerstehen" . Brutali st
klar geworden, w arumes vongroßer Wich-
tigkeit ist,dassman sicherinnert:Das Ver-
gangenedarfnicht vergessen w erden, u m
inder Zukunft Ähnliches zu vermeiden.
Undnur dadurch,dass immer wieder an
diese schrecklicheZeit erinnert wird,kann
Verstehen entstehen,nur dadurch wirdes
möglich,dass heutigeJugendlicheerken-
nen, wodie wahrenWerted er Menschheit
liegen. Wir müssen aus der Not der Ge-
fangenen von damals lernen!
Dochdaes immer weniger Zeitzeugen gibt,
und viele vondenen,dienochleben, p hy-
sischoder psychisch nicht mehr inder
Lage sind,ihreErfahrungen aus Konzen-
trationslagern weiterzugeben, müssen w ir,
Jugendliche u ndErwachsene v onheute,
dieRolleder Zeitzeugen ü bernehmen,
verstärkt vor Bewegungen w ieFaschismus,
Nationalismus,Antisemitismus warnen
undihnenentschiedenentgegentr eten.
Würdenmehr Menschen w achgerüttelt aus
ihrer Indifferenz gegenüber öffentlichen
Ungerechtigk eiten,gegenüber Leid von
Menschen, gegenüber Verantwortungslo-
sigkeit vieler Politiker undgegenüber
neuen,bedrohlichenTendenzen z u Na-
tionalismus undRechtsradikalismus,d ie
inRassismus undAntisem itismus ausar-
ten,dann wäreeingroßer Schritt ineine
menschlichereZukunft getan,inder keine
Gefahr mehr besteht,d ass sichGrausam-
keiteneines zweiten Weltkrieges wiederho-
len. DieErfahrung dieser Reisehat mich
offener gemacht für Zeitgeschehen u nd
sensibler für mensch lichesLeid, das um
uns täglichgeschieht. Ichkanndeshalbfol-
gendeSätzedes Künstlers Herbert Friedl
nachvollziehen :
UNITÉ5|MÉMOIRESDUCRIME:ERËNNERENAVERSTOËN

54
"Ich sahnie wieeinKZ-Häftling gepeinigt wurde,
wieer hungerte, w ieer fror,aber ichhabedie
Kleider gesehen, dieblieben.
Ichhabenieeinemit hunderten gesunden,kranken
Menschen v ollgepferchteBaracke erlebt, wohlaber
dieabsoluteLeere, diefolgte.
Ich war niebeieiner Hinrichtung dabei,kenneaber
dieBetroffenheit,d ie solcheOrte undStättenaus-
lösen.
Ich weißdaßeinGranitblock das Endebedeuten
kann, wenn dieKraft fehlt, zu widerstehen.
IchkennedieGrößedes Massengrabes,d as sich
unter demgrünenRasenteppich v erbirgt, unddie
Höheder Aschenhalde.
IchkennediedunklenTümpelimSteinbruch u nd
die scheinbar endloseStiege… u nd viele stumme
Zeugen,diemir denWeg zu diesenBildern wiesen.
(…)
UndichhabeMenschen kennengelernt,d iedieses
Grauen überlebt haben.
IchkennealsodenSchreckenaus zweiter Hand.
DieBetroffenheit ließ mich reagieren(…) "
Herbert Friedl
(in:AuchDingehabenihreTränen,TyroliaVerlag)
MögedieBetroffenheit auch uns reagieren
lassen u ndnicht nur einseitiges Gefühl
bleiben! Wir sindes denen s chuldig,die
im 2. Weltkrieg u mgekommen s ind, und
nochmehr sind wir es denMenschen
schuldig,dieheuteUngerechtigk eit,Leid,
Peinigung u ndDiskriminierung erleben
müssen.
"Tränen w erdennicht trocknen, s olange wir nicht
mithelfen, s olchenAbgründenmenschlicher Ver-
irrung undHassens inihrengeistigenAnfängenmit
ganzer Kraft zu wehren"
Heuteist es an uns,dieAufklärungsarbeit
zu leisten,diebisher Zeitzeugen leisteten.
Wir,die wir denSchreckenaus zweiter Hand
kennen,müssen denFriedender Zukunft
gewährleisten. EineJugendreise w iedie
der Amicale v onMauthausen, t rägt erhe-
blichdazu bei,dass JugendlichendieAu-
gengeöffnet werdenfür Realität der Ver-
gangenheit und der Gegenwart.
VéroniqueDockendorf
UNITÉ5|MÉMOIRESDUCRIME:ERËNNERENAVERSTOËN

UNITÉ 6
10 QUESTIONS:
LAJEUNESSEFACEÀL’INDICIBLE
PARDESÉLÈVESDEL’ATHÉNÉE
55
Pèlerinage àMauthausen –
25au 29m ars 2002
"Avant d'être partie pour Mauthausen,
moi personnellement,j eneme suis guère
poséde questions au sujet delaDeuxième
Guerremondiale et les camps deconcen-
tration, puisque p our moicelaappartenait
au passéet jen'étais pas directe
ment con-
cernée. Mais, une fois sur place…"
DanièleMousel
"Quand nous apercevons les restes des
bâtiments formant lecomplexed u camp de
concentr ationdeMauthausen, nous avons
du malànous imaginer quec'est ici que
des soldats ont tuédes milliers degens.
Aujourd'huinous n'entendons plus les cris
des prisonniers,n ous n'entendons plus les
aboiements des chiens. Ilnous est impossi-
blede saisir toutes les tragédies qui se sont
déroulées àMauthausen. Nous avons beau
êtrechoqués sur lechiffred es morts,m ais
nous ne sentons pas l'odeur des cadavres
queles nazis brûlaient par milliers.
En visitant lemémorialbeaucoup de ques-
tions me passent par la tête."
Claude Scholtes
4Pourquoi lahaine des nazis s'acharne-
t-elleessentiellement contrel es Juifs ?
"Le taux des chômeurs était très élevé pen-
dant les années trente. Hitler cherchait un
coupable decettemisère:les Juifs. Il réus-
sissait àgagner les élections defaçon
démocratique. Après uncertain t emps,

56
personnen'osait plus s'opposer àla volonté
du Führer."
Claude Scholt es
"Les gens pensaient que tout s'améliorerait
avecHitler. Beaucoup luifaisaient con-
fiance,mais ils nemettaient pas en ques-
tion ses méthodes."
Jenny Linster
4Les habitants des alentours du campet
de ses annexes étaient-ils au courant
des atrocités commises contred es
gens innocents?
"On peut estimer qu'au début les habitants
étaient convaincus queles nombreux pri-
sonniers queles nazis amenaient àMaut-
UNITÉ 6 | 10 QUESTIONS:LAJEUNESSEFACEÀL’INDICIBLE
4
1
er
jour au camp
Photo:G uy Docke ndorf

57
hausen étaient des criminels très dange-
reux."
AnnickSchmitgen
"Beaucoup de gens prétendent qu'ils n'ont
rien remarqué. Mais l'odeur delamort et
ces masses degens qui passaient dans les
villages? Peut-êtr e queles habitants avaient
peur."
NicoleTurmes
"Les gens des alentours avaient peur d'être
poursuivis et emprisonnés àleur tour."
Nathalie Schmit
"Pourquoi les Alliés,l es Etats-Unis par
exemple, ne sont-ils pas intervenus plus
tôt ?"
FrischDiane
UNITÉ 6 | 10 QUESTIONS:LAJEUNESSEFACEÀL’INDICIBLE
4
Plaques commémoratives
dont celle du Luxembour g
(Gusen )
Photo:G uy Docke ndorf

58
4Comment des Hommes peuvent-ils faire
tant de malàd'autres Hommes?
"Les SSet leurs collaborateurs avaient la
fermeconviction qu'ils agissaient en vertu
d'unejustecause. C'est laloidu plus fort.
Ils pensaient quec es prisonniers n'avaient
pas ledroit de vivre parce qu'ils étaient des
êtres inférieurs etnuisibles àla société."
JulieAspden
"Tous Juifs,Polonais,adversaires politi-
ques, tsiganes,h omosexuels, t émoins de
Jéhovah sont réduits à unnumérod e
matricule. Plus d'identité, p lus de person-
nalité..."
AnnickSchmitgen
"Onavait besoindebeaucoup de person-
nes pour réaliser untel "carnage",n otam-
ment les machinistes conduisant les trains
qui transportaient les prisonniers dans un
des camps deconcentr ationou encorel es
employés responsables d'organiser les
horaires et la routedes trains. Ils portent
tous leur part de responsabilité. Mais,c'est
souvent par inconscience q u'ils finissent
par y êtr emêlés."
Oscar Lemmer
4Comment unSSpeut-ild’unepart tortu-
rer ou assassin er des milliers degens
innocents et d’autrep art mener une vie
depèredefamille?
"Jen'ai toujours pas de réponseàcette
question et ilm'est impossible decroire
queles SS,ayant maltraitéet tuédes mil-
liers de prisonniers, p ouvaient vivre une
vienormale et êtrecapables d'aimer quel-
qu'un."
DominiqueSchauss
"Comment les SS pouvaient-ils tortur er et
tuer tant degens, sans sehaïr, sans se
détester eux-mêmes ?"
DominiqueSchauss
UNITÉ 6 | 10 QUESTIONS:LAJEUNESSEFACEÀL’INDICIBLE

59
"Jemedemande comment les SSont pu
continuer la vieaprès laguerr e, tout en
sachant qu'ils ont commis des crimes terri-
bles."
NicoleTurmes
4Comment les médecins SSpouvaient-
ils justifier leurs expériences sur des
cobayes vivants et leurs meurtres ?
"L'extermination s edéroulait sous les yeux
des médecins: t antôt ils y assistaient, t antôt
ils la perpétraient. Dans tous les cas,ils
étaient au cour ant."
Claudine Riva
"Les bourreaux croyaient queleurs crimes
servaient l'Etat hitlérien et lacivilisation
aryennedu "Herr enmensch".
Claude Scholtes
UNITÉ 6 | 10 QUESTIONS:LAJEUNESSEFACEÀL’INDICIBLE
4
Mur des lamentations
Photo:G uy Docke ndorf

60
4Comment les prisonniers ont-ils résisté
àlapression physiquee t psychique
exercée sur eux par les gardiens SS?
"La seule raison queje puissem'imaginer
est qu'ils ont vraiment eu undésir très fort
de survivr eet de revoir leurs proches. "
DanièleMousel
"Je pense quebeaucoup de prisonniers
haïssaient tellement les SS qu'ils voulaient
survivre pour leur montrer queladignité
l'emporte sur lab rutalité."
MélanieStoffel
"Beaucoup survivaient grâceàleur foi reli-
gieuse."
AnnickSchmitgen
4Que savaient les familles des détenus
sur les camps de concentration?
"Les familles des détenus ne savaient pas au
justece qui se passait dans les camps. Le
sort deleurs proches leur est caché. Leur
correspondanceest censurée. Ainsiles
familles n'appr enaient rien sur la situation
des prisonniers."
BéatriceWédeux
UNITÉ 6 | 10 QUESTIONS:LAJEUNESSEFACEÀL’INDICIBLE
4
Panneaux explicatif s des
travaux fo rcés (Ebensee)
Photo:G uy Docke ndorf

61
4Qu’enest-ildela solidaritée ntrepri-
sonniers ?
"Leur viene tenait qu'à unfilet ils en
étaient conscients."
Béatrice Wédeux
"Il s'agissait de survivre. Dans une telle
situation chacunc hercheà sauver sa propre
peau. Les prisonniers n'hésitaient pas à
voler."
Claudine Riva
4Pourquoi est-ceq u’ona utilisédes in-
secticides dans les chambres àgaz ?
"Commel'idéologienaziefaisait des Juifs
des parasites,i lfallait les éliminer comme
des parasites par des moyens appropriés:
uninsecticide,leZyklon-B."
AnneKruchten
4Pourquoi commémorons-nous?
"En tout et pour tout,nous pouvons con-
clure quecommémorer semble démodé
parce quebonnombred ejeunes ne savent
pas quoi commémorer."
Claudine Riva
"Pour moilacommémoration nous oblige
non seulement àanalyser ce qui s'est passé,
mais surtout pourquoi cela s'est passé! "
FrischDiane
"Lacommémoration est très importante
pour éviter quedes discriminations racia-
les ne réapparaissent."
JulieAspden
"Ilest très utile quenous,les jeunes d'au-
jourd'hui,lanouvel legénération, gar-
dions le souvenir du national-socialisme
pour réagir en temps utilecontredes
démagogues quiessaient d'imposer leurs
conceptions r acistes à un peuple entier."
AnnickSchmitge n
UNITÉ 6 | 10 QUESTIONS:LAJEUNESSEFACEÀL’INDICIBLE

62
"Ence quiconcerne d'autres formes de
commémoration, je pense quec'est une
question délicate. Des voyages vers les lieux
du crime,la visited'unmuséeou l'organi-
sationd'uneexposition t hématiquem e
semblent avoir plus de sens qu'uncortège.
Eneffet,cela permet aux gens de s'infor-
mer et decomprendre p ourquoi il ya
commémoration."
Béatrice Wédeux
"Jecrois qu'une t able rondeest nécessaire
pour analyser nos impressions,n os ques-
tions,n os peurs et nos réactions. Ladis-
cussionet la réflexion s ur ce qu'ona vu et
entendu au cours denotre visiteàM aut-
hausen est indispensable p our nous sensi-
biliser àces horribles évènements."
AnneKruchten
UNITÉ 6 | 10 QUESTIONS:LAJEUNESSEFACEÀL’INDICIBLE
4
Tablededissection
Photo:G uy Docke ndorf

63
"D'ailleurs ilneconvient pas de toujours
condamner,m ais ilfaut fairecomprendre
aux jeunes laleçon q u'ondoit tirer decette
catastrophe. Amonavis,lacommémora-
tionnedoit plus rester une rétrospective
sur les évènements passés,m ais devenir
une perspective p our l'avenir et les futures
générations. De telles choses nedevront
plus se r eproduire."
DanièleMousel
"Qu'en est-ildeladignitéh umainedans
cettecatastrophe ?"
AnneKruchte n
UNITÉ 6 | 10 QUESTIONS:LAJEUNESSEFACEÀL’INDICIBLE
4
Vueà traverslemonu-
ment commémoratif juif
Photo:G uy Docke ndorf

64
Mauthausen
Mir hunë t héirenëmmer nees:
Waat Mënschenmat Mënschen
kënnemachen.
Réischt wann's d'and ëseMaure stees,
Begraïfs dë alldéi schrecklechSaachen.
Aus Geschicht gëtt Realitéit!
Op eemolkanns dealles spieren,
Daat waat dir and'Gesiicht hei schléit;
Du kanns dëch nët méidogéint wieren.
SouvillLeidenan souvillHaass!
De pickegenDrot ass bliwen.
Et wiist nët iwert alles Gras
AWonnegigaer opgeriwen.
Mee zesummen hu mir hei verstaan:
Et ass une is lo zë vermeiden
Dass anZukunft Mënschen eppes man,
Wou anerer drënner leiden."
Jenny Linste r
UNITÉ 6 | 10 QUESTIONS:LAJEUNESSEFACEÀL’INDICIBLE

UNITÉ 7
LAPARTDEL’INVISIBLE:
L’HISTOIRED’UNEEXPOSITION
MESSAGES DEL’AMICALE FRANÇAISEDESDÉPORTÉS,
FAMILLESETAMISDEMAUTHAUSEN ETDESESKOMMANDOS
65
4Hommage aux martyrs de Mauthausen
Le soixantième anniversaired elaLibé-
rationdu camp nazideMauthausen s e
devait d'êtremarqué p ar des manifesta-
tions significatives demémoire, d'hom-
mage,d'universalité. L'exposition q ui vous
est présentée est l'undeces événements. Je
ne songe pas àlaforme choisied'ungenre
largement utiliséd ans tous les domaines de
notre vieculturelle, scientifique, p oliti-
que, pour sonaccessibilité, s onadaptabi-
litéà tous les niveaux désirés. Sonorigina-
lité,émouvante p arfois insupportable,
tient à soncontenu:i l s'agit d'unfonds
exceptionnel de photographies prises par
les SS,dissimulées et sauvegardées par des
déportés résistants espagnols,au prix de
leur vie,au prix d'unacted e résistance. Au
travers du quotidiendela vieau camp,e n
captant les regards des malheur eux et de
leurs bourreaux,elles projettent unéclai-
rageàlafois multiple, u niforme, u nique
sur lacondition inhumaine, impitoyable
des détenus.
Sonexemplaritém érited'être soulignée.
Cetteexposition, impulsée p ar les Ami-
cales espagnoleet françaised 'anciens déte-
nus deMauthausen, aété proposée au Mi-
nistèreFédérald el'Intérieur autrichien
quienassurelalogistique, la synchronis-
taionet unegrande p artiedu financement.
Elleaétéinaugurée le 6mai 2005au camp
deMauthausen.
Elleest symboliquee t prometteuse, p our
l'Autriche, q uiapprouvec ourageuseme nt
sonhistoire, la partageet la regardeavec ses
anciennes victimes, p our l'Espagne et la
France, p ays martyrs du nazisme, q uicon-
fient un temps l'évocation deleur passéà
un pays devenu ami,libreet démocrate.

66
Nous pouvons parler d'unemémoired e
l'Europe, doncd'uneoeuvrede paix.
Cettem anifestation, p our se réaliser,adû
surmonter biendes obstacles psychologi-
ques et matériels. Elleanécessité u n travail
considérable, éclaté,àlalimited u possi-
ble. Quechacune n soit remercié, en
France,enEspagne,enAutriche,et tout
particulièrement les commissaires Stephan
Matyus et Ilsen About.
Cetteexposition, p résentée en trois lan-
gues, seraitinérante, t émoignage inlassa-
ble,éternellement présent et enmême
temps sublimé. Nous lui souhaitons lon-
gue vie. C'est le plus belhommage q ui
puisseê tre rendu aux martyrs du camp de
Mauthausen.
MichelleRousseau-Rambaud,
Présidented el'Amicale Française
deMauthausen, Paris(in:La part visibledes camps -Les
photographies du camp de concentration deMauthausen,c atalo-
guedel'exposition,Editions Tirés ias, 2005)
4Message deDanielSimondel’Amicale
Françaised eMauthausen
«(...) L’idéed’uneexposition internatio-
naledes photographies deMauthausen fut
lancée p ar nous lors d’une r encontr e,à
Barcelone,au Muséed’histoired elaCa-
talogne. Mais nous sommes àl’abrid e
toute vanité, s achant parfaitement com-
bienilest aiséde proposer, q uandc’est
pour poser lefardeau sur d’autres: qu’hom-
magedonc soit rendu à tous ceux qui, pour
avoir bien voulu entendrec e vœu quenous
formions,o nt portélacharge d’unchan-
tier difficile, s inon périlleux,e t nous ont
conservél eur confiance.
D’abordn os amis espagnols,d épositaires
avecl’Amicale françaised ’une part impor-
tantedu fonds d’images provenant du ser-
vice photographiqueSS du camp, v olées et
transmises jusqu'ànous par des déportés
républicains espagnols (…) tous ou pres-
que partis deFranceet – pour ceux d’entre
eux quiavaient survécu – revenus la plu-
part guetter enFrance, t renteans encoreà
tout lemoins, q u’uneaubedémocratique
libérât enfinlecield’Espagne. Ces docu-
ments, p our eux tel unbutin deguerre,
commeles nombreuses photographies pri-
ses àlalibération p ar Francisco Boix,les
combattants delaRépubliquee spagnoleet
leurs héritiers n’ont pas considéréc omme
allant de soi–et nous pouvons lecom-
prendre–l’idéed’en rassembler les fonds,
conservés àBarcelone,Paris,Vienne et ail-
leurs,n icelledeles placer àcôtéd es cli-
chés del’arméeaméricaine delibération –
UNITÉ 7 | LAPARTDEL’INVISIBLE:L’HISTOIRED’UNEEXPOSITION

67
afortioril ’idéedeles rapporter enAu-
triche…
C’est ainsi un projet franco-espagnol au-
quelleMinistèreautrichien del’Intérieur
afait d’emblée lemeilleur accueil,deve-
nant le partenaire s ans lequelileût été
irréalisable. Les autorités fédérales autri-
chiennes,e nchargedu siteet des archives
deMauthausen, ont mesurél a significa-
tionhistorique, idéologique, s ymbolique,
du geste quedeux associations européen-
nes demémoired eMauthausen accom-
plissaient endirection del’Autriche d’au-
jourd’hui; en retour,l eMinistèreautri-
chienafait decetteexposition u necontri-
butionéclatanteaux manifestations com-
mémoratives du 60
e
anniversaired ela
libération, àMauthausen même, p uis
bientôt àVienneet dans d’autres villes
d’Autriche. Et puis, soyons clairs:l ’Etat
autrichiena pris à sacharge l’essentiel –
sinon p lus –du financement del’exposi-
tion,enchacune de ses trois versions,alle-
mande,castillane, française, après celui
des travaux exploratoires. (...)
Je veux aussi souligner,au nomdecelles et
ceux,demagénération ou plus jeunes,e n
chargedésormais du devenir d’uneasso-
ciationdemémoired es camps, q uiont
présentéaux rescapés deMauthausen le
projet decetteexposition, laconfiance q ue
ceux-cinous ont confirmée encettecir-
constance. Unassentiment parfois réservé,
nous a-t-il semblé, s ur le sens du projet
lui-même,mais cetteconfiance de prin-
cipe sur laquelleonne revient pas,et quia
pris decefait le sens d’uncontrat plus
profond. Du fonddu cœur,j e veux les
remercier decegagedelégitimité q u’ils
nous ont ainsiaccordé. Qu’il sachent en
tout cas queles réticences muettes que
nous observions nous ont plongés dans la
perplexité: en vérité, u negrandeexposi-
tiondes photographies deMauthausen,
était-celemoment et la priorité? Etait-ce
trop tardou trop tôt, trop compliqué, in-
essentiel? Si pourtant nous avons main-
tenu lecap,c’est enconsidérant d’abord
combien ilaétédemandéàces images,d ès
l’été1945, pour montrer la réalitéd es
camps,e t plus encore, àcertaines d’entre
elles,comme p ièces àconviction au procès
deNuremberg. C’est aussiennous fon-
dant sur cette véritéoriginaire: ces clichés
ont étédérobés afin quenous les ayons
aujourd’hui sous les yeux,et non, telles des
reliques,d ans nos tiroirs. (...) Enfin,à
soixanteans dedistance, et alors quele
souvenir des camps est aujourd’hui sur la
lignede partagedes générations,i lconve-
nait, selonnous,d ene pas laisser passer
l’opportunité q ue,ces images,n ous les
regardions ensemble, entregénérations et
entrenations européennes. Ces docu-
UNITÉ 7 | LAPARTDEL’INVISIBLE:L’HISTOIRED’UNEEXPOSITION

68
ments épars et ténus,l es voicidonc ras-
semblés pour la premièref ois,accueillis
sous les lambris delaRépublique, exposés
en pleineclarté,d’unemanière r aisonnée
et éloquente. Acharge p our nous tous
d’affronter ladifficultéd evant laquelleils
nous placent.
Ledoute, peut-êtrela sourdeinquiétude
des survivants deMauthausen, est quenous
ne sachions pas à quel point la photogra-
phien’atteste p as le quotidien q uifut le
leur –nid’ailleurs, s ymétriquement,c elui
des bourreaux,à v oir leurs autoportr aits
complaisants. En réalité, s il’imageexerce
toujours un pouvoir spécifiqued efascina-
tion,nous comprenons mieux qu’en1945
en quoielleest aussi unleurre:aux clichés
nazis deMauthausen, documents SS,nous
nedemandons certes plus aujourd’hui
d’établir,n imêmed’illustrer l’existence
du systèmeconcentr ationnaire. Ce que
montrent les photos cache,escamote, en
un sens annihilece qu’elles nemontrent
pas. Contrairement àcertaines idées re-
çues,les images des camps ne sont pas plus
terrifiantes queles mots,et relèvent, t out
commeeux,delacritiqueh istorique.
Commeles récits de rescapés,e lles doivent
êtreconsidérées –mêmecelles deMaut-
hausen q uiont étéconservées sinombreu-
ses – pour leur extrême r areté,le sort
invraisemblable au termede quoielles ont
subsisté, t els ces papiers enfouis, t racés
d’uneécrituremoribonde,exhumés çaet
làdu soldes camps. Fragments àdécoder
puis à sertir, pour leur extrêmefragilité, et
parce q u’ils sont autant degrimoires.
L’investigation des sciences humaines sol-
licitedoncaussiles talents du graphiste,
pour la salled’exposition et pour lecatalo-
gue. Au bout du compte, nous sommes
invités non seulement à voir,mais àmesu-
rer, par l’image accompagnée de sonappa-
reil textuelet scénographique, «la part
visibledes camps». Ce qui senomme p ro-
prement l’impact,ce pouvoir decapter
notreconscience,decréer des affects, s e
sublimeen uncheminement vers l’intelli-
gibilité q uienappelleà toutes les dimen-
sions del’esprit –de sorte que s’accom-
plisse, s ije puis citer Saint-John Perseen
pareillecirconstance, unagrandissement del’œil
aux plus hautes mers intérieures .
L’oncommenceaujourd’huià s aisir dis-
tinctement quelamémoired es camps
outrepassele registredela stricteconnais-
sancehistorique p our prendre p lacedans
lechamp globald elaculture. (...)
DanielSimon,
membred u comitéd el'Amicale françaised e
Mauthausen ,extraits del'allocut iondu 23 juin
2005àP aris,Hôtel deRohan
UNITÉ 7 | LAPARTDEL’INVISIBLE:L’HISTOIRED’UNEEXPOSITION

UNITÉ8
BIBLIOGRAPHIEDELAMÉMOIRE
PARSTEVEKAYSER
69
"EinLebenerlischt, undes ist bedeutsam, dass
dieseeinzelnen, p ersönlichenTodesfälle –
jeder vonihnen tragisch,jeder anders –beson-
ders schwer wiegen,besonders spürbar werden,
mehr als dieMillionenTotenaus denSta-
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(Primo,Leviin:Millu Liana:Der Rauch über Birkenau,
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UNITÉ8|BIBLIOGRAPHIEDELAMÉMOIRE

UNITÉ9
NOTES
PAR(inscrire votren om).........................................................................................
......................................................................................................................
73

74 UNITÉ9|NOTES

75UNITÉ9|NOTES

76 UNITÉ9|NOTES

UNITÉ10
COMMENTAIRES-IMPRESSIO NS-
RÉFLEXIONSSURL’EXPOSITION
ÀDÉTACHERETÀJOINDREAUMUR-MESSAGE
77

78 UNITÉ10 |COMMENTAIRES-IMPRESSIONS-RÉFLEXIONS SURL’EXPOSITION

79UNITÉ10 |COMMENTAIRES-IMPRESSIONS-RÉFLEXIONS SURL’EXPOSITION

80 UNITÉ10 |COMMENTAIRES-IMPRESSIONS-RÉFLEXIONS SURL’EXPOSITION

UNITÉ11
ÀDÉTACHERETÀENVOYERÀUNEDESADRESSESSUIVANTES
81
Si vous êtes intéressé(e) à participer à und es voyages éducatifs organisés
par l'Amicale deMauthausen, veuil lez-nous contacter à une des adresses suivantes:
4CamilleMersch, présiden t, tél:58.65.25o u 091.386.561, cmariska @pt.lu
4Guy Dockendorf , secrétaire, tél: 809.288 ou 021.133.516,g [email protected]
NOM:
PRÉNOM:
ADRESSE:
TÉL.:
ADRESSEE-MAIL:
QUESTION(S):

82 UNITÉ11|COORDONNÉESETQUESTIONS

83UNITÉ11|COORDONNÉESETQUESTIONS

84 UNITÉ11|COORDONNÉESETQUESTIONS

©Amicale des Anciens Prisonniers Politiques Luxembourgeois de Mauthausen ©Conceptiongraphiq ue:Guy Schuler/CCRN