450: Suger était né probablement aux environs de Saint-Omer, en
1081, d'un homme du peuple nommé Hélinand.—Lorsque Philippe I
er
confia aux moines de Saint-Denis l'éducation de son fils Louis le
Gros, ce fut Suger que l'abbé en chargea.—Sa conduite, comme celle
de ses moines, excita d'abord les plaintes de saint Bernard (Ép. 78);
mais plus tard il mena, de l'aveu de saint Bernard lui-même (Ép.
309), une vie exemplaire.—Il écrivit lui-même un livre sur les
constructions qu'il fit faire à Saint-Denis, etc. «L'abbé de Cluny ayant
admiré pendant quelque temps les ouvrages et les bâtiments que
Suger avait fait construire, et s'étant retourné vers la très-petite
cellule que cet homme, éminemment ami de la sagesse, avait
arrangée pour sa demeure, il gémit profondément, dit-on, et s'écria:
«Cet homme nous condamne tous, il bâtit, non comme nous, pour
lui-même, mais uniquement pour Dieu.» Tout le temps, en effet, que
dura son administration, il ne fit pour son propre usage que cette
simple cellule, d'à peine dix pieds en largeur et quinze en longueur,
et la fit dix ans avant sa mort, afin d'y recueillir sa vie, qu'il avouait
avoir dissipée trop longtemps dans les affaires du monde. C'était là
que, dans les heures qu'il avait de libres, il s'adonnait à la lecture,
aux larmes et à la contemplation; là, il évitait le tumulte et fuyait la
compagnie des hommes du siècle; là, comme le dit un sage, il n'était
jamais moins seul que quand il était seul; là, en effet, il appliquait
son esprit à la lecture des plus grands écrivains, à quelque siècle
qu'ils appartinssent, s'entretenait avec eux, étudiait avec eux; là, il
n'avait pour se coucher, au lieu de plume, que la paille sur laquelle
était étendue, non pas une fine toile, mais une couverture assez
grossière de simple laine, que recouvraient, pendant le jour, des
tapis décents.» Vie de Suger, par Guillaume, moine de Saint-Denis.
451: En 1128, il détourne un abbé du pèlerinage de Jérusalem.
(Operum t. I, p. 85; voy. aussi p. 323.)—En 1129, il écrit à l'évêque
de Lincoln, au sujet d'un Anglais nommé Philippe, qui, parti pour la
terre sainte, s'était arrêté à Clairvaux et y avait pris l'habit:
«Philippus vester volens proficisci Jerosolymam, compendium viæ
invenit, et cito pervenit quo volebat... Stantes sunt jam pedes ejus in
atriis Jerusalem; et quem audierat in Euphrata, inventum in campis