L’AISANCE DE L’ISLAM ET LES PRÉDICATEURS DU RIGORISME

chamithami50 0 views 44 slides Oct 04, 2025
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About This Presentation

Le Coran est un guide pratique non seulement pour les musulmans, mais pour toute l'humanité. Il s'adresse à tous les esprits avec un langage adapté à chaque époque et chaque lieu. C'est ainsi qu’Allah a voulu que le Coran soit universel, et pour le comprendre, il faut réfléchir ...


Slide Content

SÉRIE : COMMENT RENOUVELER VOTRE FOI
L’AISANCE DE L’ISLAM ET LES PRÉDICATEURS DU RIGORISME
Ils ont dit... !!! et ils vous ont trompés
THAMI CHAMI

Sommaire
Rappel.............................................................................................................2
Dédicace.........................................................................................................5
Introduction....................................................................................................6
Les caractéristiques du discours coranique...................................................7
Le coran est-il une énigme ?.........................................................................10
Comment l'extrémisme religieux est-il apparu ?...........................................13
Les fatwas (verdicts) religieuses effrayantes...............................................16
Les prédicateurs de la tromperie et de l'extrémisme....................................21
Prédicateur organique..................................................................................26
1

Rappel
Allah dit: «Et rappelle, car le rappel profite aux croyants. » - Adh-Dhariyat 55 -
Pour mieux éclairer le rappel posons une interrogation fondamentale : l’Homme est-il
soumis au destin ou responsable de ses propres actes ?
Une des réponses se trouve dans ce verset coranique: « En vérité, Allah ne modifie
point l’état d’un peuple, tant que les [individus qui le composent] ne modifient pas ce
qui est en eux-mêmes. » - Ar-Ra’d, 11 -
Ce verset constitue un appel profond à chaque musulman pour transformer sa
mentalité en vue de changer son propre état, seul moyen de sortir du cercle vicieux
du retard intellectuel. Allah a fait de l’évolution une loi universelle et a doté l’être
humain d’une volonté et d’une capacité de l’opérer. L’évolution, en tant que moteur
inné pousse l’Homme à progresser dans tous les domaines de la vie, à corriger son
cheminement civilisationnel et à améliorer son existence. Cependant, ce processus
exige une volonté agissante et une mise en œuvre concrète.
Une telle transformation commence par le renouvellement des idées et des
perceptions, car celles-ci influencent la compréhension de la réalité. Cette tâche
nécessite une libération de l’ignorance, considérée comme l’un des pires fléaux de
l’humanité. Allah nous exhorte ainsi à ignorer les ignorants. Le Très-Haut dit :
« Accepte ce qu’on t’offre de raisonnable, commande ce qui est convenable et
éloigne-toi des ignorants. » - Al-A’raf, 199 - L’ordre : « éloigne -toi » signifie ne pas
prêter attention à ceux qui s’entêtent dans une opinion fausse et illogique. Ali Ibn Abi
Talib ; - qu’Allah soit satisfait de lui - disait: « Ne débats pas avec un ignorant, car il te
vaincra par son ignorance. » L’objectif de cette réflexion est d’inciter les musulmans à
combattre l’ignorance et à rechercher une connaissance fondée sur des preuves
claires et des arguments solides. Cela permet de passer d’une foi héritée à une foi
éclairée qui puise sa force dans des certitudes rationnelles. Le Prophète - paix et salut
sur lui - a dit: « La foi s’use dans le cœur de l’un d’entre vous, comme le tissu s’use.
Demandez donc à Allah d’évoluer votre foi. » - Rapporté par At-Tabarani - Cette
évolution ne peut s’accomplir que par la quête de savoir, source de connaissance
d’Allah. Le Très-Haut dit: « Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent Allah.
Allah est, certes, Puissant et Pardonneur. » - Fatir 28 -
La véritable connaissance évolue celui qui la possède en le rapprochant de son
Seigneur car plus la compréhension de la création s’approfondit, plus la foi
s’intensifie. C’est pourquoi Allah commande à Son Prophète - La paix et la bénédiction
soient sur lui - de demander davantage de science: « Et dis: Mon Seigneur. Accroît
mon savoir. » - Taha 114 -
Ce commandement s’adresse à tous les croyants, car rien n’est plus précieux que le
savoir, qui évolue les Hommes en dignité et en piété. Le Très-Haut dit:« Allah élèvera
en degrés ceux d’entre vous qui auront cru et ceux qui auront reçu le savoir. Allah est
parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. » - Al-Mujadila 11 -
L’évolution de la foi repose sur la compréhension de la place centrale du savoir dans
la vie individuelle et collective. Le savoir offre une signification spirituelle, morale et
2

esthétique, tout en insufflant paix et sérénité. Il est une obligation pour chaque
musulman, car c’est par lui que la religion se développe. Le Prophète -paix et salut sur
lui - a affirmé: « Allah enverra à cette communauté, à la fin de chaque siècle,
quelqu’un qui renouvellera sa religion.» - Rapporté par Abu Dawud -
Le renouvellement de la religion signifie s’efforcer de rectifier ce qui a été modifié ou
dévié dans la compréhension de la croyance pour réformer les dérives dans la
relation des croyants avec leur foi, en raison de l’ignorance répandue et de la culture
religieuse pleine de contradictions. Cela ne signifie en aucun cas un changement, une
diminution ou une augmentation .dans les fondations de la religion. Allah dit:
«Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon
bienfait. Et J’ai agréé l’Islam comme religion pour vous. » - Al-Maïda 3 -
Le sens de : « J’ai parachevé pour vous votre religion » ne signifie pas que la religion
était incomplète et qu’elle a ensuite été complétée. L’intention est plutôt l’achèvement
de la transmission de la vérité et de la législation divine. Allah dit: « Et ceux qui ne
croient pas disent: Pourquoi n’a-t-on pas fait descendre sur lui le Coran en une seule
fois. Nous l’avons révélé ainsi pour raffermir ton cœur. Et Nous l’avons récité
soigneusement Et ils ne t’apporteront aucune parabole, sans que Nous ne
t’apportions la vérité avec la meilleure interprétation. » Al-Furqan 32 -
La sagesse divine a voulu que la construction doctrinale se fasse progressivement,
pour permettre son enracinement dans les esprits et sa stabilisation dans les cœurs.
Ainsi, les législations révélées successivement traitaient les affaires selon leur
contexte et leur moment. Une fois l’ensemble des préceptes issus du Coran et de la
Sunna transmis, ils sont devenus complets et suffisants pour guider la communauté
dans ses pratiques cultuelles, ses interactions sociales et tous les aspects de sa vie.
C’est cela le sens de l’achèvement de la religion.
Allah dit également : « Chercherai-je un autre juge qu’Allah, alors que c’est Lui qui a
fait descendre vers vous ce Livre bien exposé. Ceux auxquels Nous avons donné le
Livre savent qu’il est descendu avec la vérité venant de ton Seigneur. Ne sois donc
point du nombre de ceux qui doutent. Et la parole de ton Seigneur s’est accomplie en
toute vérité et équité. Nul ne peut modifier Ses paroles. Et Il est l’Audient, l’Omniscient
Al-An’am 114-115 -L’évolution de la pensée est la clé de corriger les enseignements
religieux. Si une pensée déconnectée de la raison engendre une confusion entre ce
qui relève de l’imitation et ce qui nécessite un effort de réflexion. Celui qui aspire à un
renouveau doit comprendre que la connaissance du contexte est aussi essentielle
que celle des textes. L’application erronée des textes au contexte ou vice versa, ne
résoudra aucun problème et pourrait même nuire à la perception des textes eux-
mêmes.
Pour conclure, le changement individuel et collectif passe par une transformation des
mentalités et des idées. Cela implique une compréhension équilibrée entre le texte
sacré et la réalité, afin d’accomplir un véritable progrès intellectuel et spirituel. Allah
dit: « Certes, ce Coran guide vers ce qu’il y a de plus droit, et il annonce aux croyants
qui font de bonnes œuvres qu’ils auront une grande récompense. » - Al-Isra, 9 -
Qu’Allah nous guide, ainsi que vous, vers ce qu'Il aime et agrée.
3

Dédicace
À mes chers proches, ceux qui occupent une place spéciale dans mon cœur, mes
enfants bien-aimés, la prunelle de mes yeux et la joie de ma vie. Vous qui apportez
vos bonnes qualités à chaque instant par la volonté de notre Seigneur, je vous offre
ma satisfaction et mes prières sincères.
À ma compagne de vie et sœur de l'âme, je prie sincèrement pour ta miséricorde et
ton pardon. À vous tous, je dédie chaque mot écrit de ma main pour plaire à Dieu, et
chaque idée qui m’a guidé et rapproché de la vérité divine. Que Dieu nous rassemble
tous autour de ce qu'Il aime et agrée, et qu'Il nous accorde le bonheur dans ce monde
et dans l'autre. Il est capable de tout et digne d'exaucer nos prières.
Que la paix et les bénédictions soient sur notre Prophète Muhammad, ainsi que sur sa
famille et ses compagnons.
Soyez toujours sous la protection et les soins d’Allah Le Très-Haut
4

Introduction
Le Coran est un guide pratique non seulement pour les musulmans, mais pour toute
l'humanité. Il s'adresse à tous les esprits avec un langage adapté à chaque époque et
chaque lieu. C'est ainsi qu’Allah a voulu que le Coran soit universel, et pour le
comprendre, il faut réfléchir correctement sur les versets visibles et écrits. Comme le
dit Le Plus-Puissant : «Il y a bien là un rappel pour quiconque a un cœur, prête l’oreille
tout en étant témoin » - QÂF 37 -
La vérité du Coran est unique et ne change pas avec le temps ou le lieu. Les
différences d'opinion sur les interprétations proviennent souvent de malentendus des
commentateurs et de leur niveau de connaissance à l'époque. Pire encore, certains
juristes pensent que le Coran ne peut être compris correctement qu'à travers les
interprétations des anciens, ce qui limite l'esprit et l'empêche de plonger dans la
profondeur des versets. Cela peut conduire à des déviations et à un éloignement de la
volonté divine. Allah dit : « Ne méditent-ils donc pas sur le Coran. S’il provenait d’un
autre qu’Allah, ils y trouveraient certes maintes contradictions » An-Nisa, 82 -
L’expression « Ne méditent-ils donc pas sur le Coran » incite à la réflexion et
encourage l'exploration des sens profonds des versets . Le Coran ne doit pas être
réduit à une seule interprétation, car les compréhensions varient selon les personnes,
leur niveau d'éducation et leur capacité à saisir des significations évolutives en
fonction des conditions de vie. Peu importe les avancées des connaissances
humaines, elles ne peuvent contredire le Coran ; ce qui contredit les paroles d’Allah,
c'est la limitation de la compréhension humaine de sa parole. Comme Le Très-Haut dit
: «Nous leur montrerons Nos signes dans l’univers et en eux-mêmes, jusqu’à ce qu’il
leur devienne évident que c’est cela la Vérité. Ne suffit-il pas que ton Seigneur soit
témoin de toute-chose. » - Fussilat, 53 -
Et ma réussite dépend d’Allah , c’est en Lui que je place ma confiance.
5

Les caractéristiques du discours coranique
Le discours coranique présente de multiples facettes et styles, car les gens
appartiennent à des groupes variés avec des cultures différentes, des affiliations
multiples et des mentalités hétérogènes. Le Plus-Puissant s'adresse à eux selon leur
compréhension et leur époque, pour que le message corresponde à leur niveau
d'intellect, ce qui leur permet de le saisir. Ainsi, il est essentiel que le prédicateur
tienne compte de la relation entre son style de discours et le niveau de
compréhension de son auditoire. Si une personne reçoit un savoir qu'elle ne peut pas
comprendre, en raison de ses capacités cognitives et culturelles, cela peut la
déséquilibrer et l'éloigner du message. Abu Hamid al-Ghazali, - Qu’Allah lui fasse
miséricorde - dans son ouvrage :( Revitalisation des sciences de la religion ) déclare :
« Il faut s'en tenir à ce que l'apprenant peut comprendre. Ne lui présente pas ce qui
dépasse son esprit, car cela peut le rebuter ou embrouiller son esprit. On dit souvent :
« Parle à chacun selon son intelligence, pèse tes mots selon sa compréhension, sinon
tu risques de provoquer un rejet à cause de ce décalage. »
Nous faisons souvent erreur en pensant qu'un seul style de discours convient à tout
le monde pour les influencer et les encourager à croire et à agir. De même, ceux qui
pensent que la meilleure méthode est la dureté qui change les convictions se
trompent également. Il est crucial d'évaluer la capacité de compréhension de
l'auditeur, afin de ne pas tomber dans des explications trop complexes. L'objectif du
discours religieux ne se limite pas à transmettre des règles et des preuves, mais à
utiliser des moyens sages pour guider les gens. Ibn Mas'ud – Allah l’agrée -a dit: « Si
tu racontes à un groupe une histoire que leur esprit ne peut comprendre, cela peut
causer de la confusion pour certains d'entre eux » - rapporté par Muslim -
Le hadith interrompu montre que l'objectif du discours est de prendre en compte la
capacité des gens à comprendre, afin de ne pas les décourager à agir en raison d'une
mauvaise interprétation. Ibn Qutaybah - Qu’Allah lui fasse miséricorde - a déclaré
dans son livre *Oyoun al-Akhbar* : « Le savant sage attire les gens vers son savoir
par son comportement et sa dignité, tandis que le savant ignorant les repousse avec
des discours inappropriés et excessifs. »
La manière dont un conseil ou une exhortation est présentée influence la réaction des
gens. Un discours peut être juste, mais s'il est mal formulé, il n'atteindra pas son
objectif. Le Coran appelle les gens avec des mots et des styles qui correspondent à
leur capacité de compréhension. Il utilise à la fois des encouragements et des
avertissements, mais l'approche douce et encourageante prédomine sur la dureté et
l'intimidation. Il est bien connu que plus la menace est exagérée, plus la résistance
humaine augmente. C'est une nature humaine que nous devons reconnaître et
prendre en compte.
La sagesse d'un prédicateur réside dans le choix de méthodes attrayantes et
impactantes, en évitant des expressions dures et offensantes, qu'il serait facile de
remplacer par des manières plus douces qui transmettent le même message.
6

Des phrases bien choisies montrent que le prédicateur sait comment s'exprimer. En
revanche, ceux qui crient et lancent des accusations à la légère, sans se soucier de la
manière dont ils s'expriment, en accusant les autres de désobéissance, d'ignorance
ou de corruption, ne font qu'éloigner les gens. Allah dit : « Allez vers Pharaon. Il s’est
vraiment rebellé. Puis, parlez-lui gentiment. Peut-être se rappellera-t-il ou [Me]
craindra-t-il » - Taha, 43 -
Pharaon, qui s'est proclamé « je suis votre Seigneur le Plus Haut », a pourtant Allah
ordonne Moïse et Aaron d'adopter un discours doux et attractif dans leur appel à Le
Plus-Puissant plutôt que d'utiliser des menaces et de la peur. Malheureusement, le
discours des « érudits rigides » contient souvent des méthodes effrayantes et
intimidantes, avec une exagération dans leurs avertissements sur les punitions
divines, notamment en mentionnant constamment les maladies, les catastrophes
naturelles, et les tyrans qui s'attaquent aux peuples. Ils accentuent également les
châtiments dans la tombe et l'enfer.
Il est illogique d'effrayer ceux qui sont au bord de la destruction, ou de décourager
ceux qui se repentent. L'exagération peut bouleverser l'équilibre ; plus quelque chose
dépasse ses limites, plus il devient contre-productif. Ainsi, le recours à la peur doit
être utilisé avec parcimonie et seulement en cas de nécessité absolue. Si un
prédicateur se limite à effrayer, il conduira les gens au désespoir, et le désespoir les
éloignera de la miséricorde d’Allah, Il ne faut pas fermer les portes de l'espoir et
plonger les gens dans la désespérance de la miséricorde divine.
La porte du repentir est toujours ouverte, et Le Très-Haut ne trouve aucune faute trop
grande pour être pardonnée. Sa miséricorde englobe tout. Comme le dit Allah :
«Dis : "Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne
désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Car Allah pardonne tous les péchés. Oui,
c’est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux » - Az-Zumar 53 -
L'essentiel de l'appel à Allah repose sur la bienveillance et l'hypothèse de bonnes
intentions, tout en cherchant des excuses et en encourageant. Cette approche
renforce la sécurité et la tranquillité, tout en stimulant la foi. À l'inverse, le mépris et la
peur génèrent de l'anxiété et favorisent l'extrémisme. Par conséquent, lorsque le
prédicateur utilise la peur dans son appel, il doit évaluer les inconvénients par rapport
aux avantages. Il est essentiel que les bénéfices de cette approche soient supérieurs
aux nuisances, car c'est pour cela que les prophètes -Que la paix et la bénédiction
soient sur eux - ont été envoyés et les livres révélés. Allah dit : « Par la sagesse et la
bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux
de la meilleure façon. Certes, ton Seigneur connaît le mieux celui qui s’égare de Son
sentier et c’est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés.» - An-Nahl 125 -
Le verset comprend les moyens de transmettre le message de l'Islam, à savoir :
1- La sagesse : C’est la capacité de dire la bonne chose, d'agir correctement et d'avoir
une opinion juste. Allah dit : « Il donne la sagesse à qui Il veut. Et celui à qui la sagesse
est donnée, vraiment, c’est un bien immense qui lui est donné. Mais seuls les doués
d’intelligence s’en souviennent. » - AL-Baqara 269 -
7

2- La belle exhortation : c’est une parole douce et raisonnable qui touche le cœur et
éveille les émotions, sans utiliser de raisonnements fallacieux. Allah dit : «C’est par
quelque miséricorde de la part d’Allah que tu as été si doux envers eux. Mais si tu
avais été rude, au cœur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. Pardonne-leur
donc, et implore pour eux le pardon (d’Allah). Et consulte-les à propos des affaires;
puis, une fois que tu t’es décidé, confie-toi donc à Allah. Allah aime, en vérité, ceux
qui Lui font confiance i» - Al-Imran 159 -
3- Le bon débat : Il est basé sur des preuves et des raisonnements logiques, sans
recourir à l'égoïsme. Allah dit : « Et ne discutez que de la meilleure façon avec les
gens du Livre, sauf ceux d’entre eux qui sont injustes. Et dites : "Nous croyons en ce
qu’on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, et notre Dieu et votre Dieu
est le même , et c’est à Lui que nous nous soumettons. » - Al-Ankabut,46 -
La modération dans l'appel à Allah n'est pas simplement une position entre
l'encouragement et la peur, mais une approche intellectuelle, éthique et
comportementale qui prône l'équilibre dans tous les aspects de la vie. Cela implique
de rechercher continuellement la vérité dans ses orientations et choix, sans excès ni
négligence. Le Très-Haut dit : « Et aussi Nous avons fait de vous une communauté de
justes pour que vous soyez témoins aux gens, comme le Messager sera témoin à
vous. » - Al-Baqara 143 -
Dans le (Tafsir Al-Manar) Muhammad Rashid Rida -Qu’Allah lui fasse miséricorde
-expliqué le verset : « la communauté médiane » signifie justice, excellence et
prééminence, car dépasser le nécessaire est un excès, et en rester en deçà est une
négligence. Les deux excès représentent un écart par rapport à la voie juste.
L'excellence se trouve dans le juste milieu entre deux extrêmes. »
Al-Qurtoubi – Qu’Allah lui fasse miséricorde - a également souligné que « le juste
milieu étant éloigné de l'extrémisme et du laxisme, est louable ».
8

Le coran est-il une énigme ?
De nombreux croyants pensent que le Coran est difficile à comprendre sans recourir
aux ouvrages d’interprétation. À leurs yeux, il semble obscur, nécessitant une
explication pour en saisir le sens. Certains érudits, attachés à une vision rigide,
prétendent qu’il est inaccessible sans leur expertise et leur savoir, renforçant l’idée
que seuls eux peuvent en décrypter les messages. Cette perception a conduit
beaucoup à se détourner de la méditation personnelle sur le Coran, croyant qu’une
compréhension autonome est hors de portée.
Si l’objectif des interprétations est de rendre le Coran plus clair, pourquoi les
exégètes divergent-ils souvent entre eux ? La multitude d’ouvrages d’interprétation,
s’étendant parfois à des significations évidentes, a éloigné les croyants de la réflexion
directe sur le texte sacré. Avec le temps, cette approche a contribué à marginaliser le
Coran dans la vie quotidienne, réduisant sa lecture à un simple rituel dénué de
compréhension profonde. Pourtant, le Coran a été révélé dans une société simple,
dépourvue de savants spécialisés en exégèse. Les premiers destinataires, des
nomades aux mœurs modestes, n’ont pas demandé au Prophète – qu’Allah le bénisse
et lui accorde la paix – des explications complexes sur chaque verset. Ils en
reconnaissaient spontanément la beauté et l’éloquence, s’efforçant d’en appliquer les
enseignements. Omar ibn al-Khattab – qu’Allah soit satisfait de lui – a déclaré : « Nous
mémorisions dix versets et ne passions pas aux suivants avant de les mettre en
pratique. » De même, Abu Abd al-Rahman al-Sulam – qu’Allah soit satisfait de lui
rapportait : « Lorsque nous apprenions dix versets, nous ne progressions pas tant que
nous n’avions pas compris leurs prescriptions et interdictions. »
Cela illustre que l’intérêt des premiers musulmans pour le Coran reposait sur la
méditation et la mise en œuvre de ses objectifs, plutôt que sur une analyse purement
linguistique. Révélé en arabe clair, le Coran se veut accessible sans nécessiter de
codes complexes. Comme Allah l’affirme : « Nous avons facilité le Coran pour la
méditation. Y a-t-il quelqu’un qui réfléchisse » - Al-Qamar 17 -
Le verset est clair : Allah a rendu ces paroles facile à mémoriser, tant au niveau de la
langue que du sens, pour ceux qui souhaitent le comprendre et réfléchir sur ses
enseignements. Les compagnons du Prophète - qu’Allah le bénisse et lui accorde la
paix – n'avaient que peu besoin de lui poser des questions sur le sens de quelques
versets, et le Prophète n’a pas laissé d’interprétation officielle qui servirait de
référence stricte pour tous les commentaires futurs. Le cheikh Metwally Al-Shaarawi
qu’Allah lui fasse miséricorde dit :  « Que si le Coran avait besoin d’interprétation le
Prophète en serait le mieux placé, mais il a plutôt donné aux gens ce dont ils avaient
besoin pour leur compréhension. » Les besoins d’interprétation sont apparus plus
tard, lorsque les musulmans arabes ont commencé à interagir avec d’autres peuples,
rendant nécessaire l’explication des subtilités linguistiques. Les sciences du langage
n’ont commencé à être tirées du Coran qu’environ un siècle après la migration vers
almadina.
9

Cela montre que le Coran est intrinsèquement lié à la langue, et lorsque les
musulmans ont négligé leur langue, ils ont aussi négligé la compréhension de livre
sacret. Cela a entraîné un éloignement des significations coraniques, et beaucoup
s’appuient uniquement sur les "érudits" pour les interprétations, ne comprenant
parfois même pas leurs explications. La langue est essentielle pour transmettre et
produire des connaissances. Elle permet de comprendre les significations verbales en
harmonie avec leur contexte. Aujourd'hui, beaucoup d'Arabes ont oublié leur langue
en raison d’un taux d'analphabétisme croissant, exacerbée par des systèmes
éducatifs rétrogrades qui privilégient l'endoctrinement plutôt qu'une vraie culture de
la connaissance. Cela a creusé le fossé entre les masses et les élites. Ainsi, beaucoup
de croyants se contentent de suivre aveuglément ceux qui parlent au nom de l'islam,
sans discernement entre le vrai et le faux, et ils n'acquièrent leurs connaissances qu'à
travers l'écoute des "érudits". Cela crée une dynamique de dépendance, où ceux qui
ne connaissent pas la langue du Coran se retrouvent à imiter sans comprendre. Les
générations successives héritent d'une ignorance des paroles d’Allah, et cette lacune
se renforce avec le temps.
L’analphabétisme n'est pas seulement un manque de capacité à lire et écrire ; il
s'accompagne d'une "ignorance intellectuelle" qui menace l'identité religieuse.
Beaucoup de musulmans ont abandonné l'invitation à "lire", qu'elle soit religieuse ou
non. Le Plus-Haut a dit : « Et le Messager a dit : « Ô Seigneur Mon peuple a vraiment
pris ce Coran pour une chose délaissée » Al-Furqan 30 -
Le Coran n’est pas une énigme. Les paroles du Plus-Haut sont adaptées à la sagesse
et à la connaissance humaine, et elles sont conçues pour tous, pas seulement pour un
groupe. Il est capable d’englober différentes réalités à travers un échange ouvert
entre la connaissance et le monde. Si une personne est consciente de la connexion
entre les paroles d’Allah et la réalité, elle comprendra que cette interaction est
toujours dynamique et ouverte à l'évolution. Cependant, ceux qui ont des doutes
transforment ce message en énigme.
Il est évident que la compréhension des croyants est limitée par des interprétations
rigides qui ignorent la fluidité du message coranique, remplaçant la simplicité par la
complexité. Ils isolent les versets de leur contexte et en détournent le sens, bloquant
ainsi leur compréhension face aux évolutions des consciences humaines. Cela est dû
à un manque d’efforts intellectuels, qui se tournent vers le passé au lieu de s’ouvrir à
l’avenir, menant à une vision déformée de la réalité fondée sur des explications
erronées qui justifient le déclin. Le Coran ne peut pas être une énigme ou un texte
réservé à une élite. Le Plus-Puissant déclare clairement qu’il est un guide pour tous
les gens, peu importe leur origine. Comme le dit le verset : «Le mois de Ramadan est
celui au cours duquel le Coran a été descendu [révélé] comme guide pour les gens, et
preuves claires de la bonne direction et du discernement. . » - Al-Baqara 185 -
L’expression "guide pour les gens" signifie que le Coran oriente tous les individus
vers ce qui leur est bénéfique et les préserve du mal, chacun selon sa capacité de
compréhension et de réflexion, à condition d’utiliser leur esprit de manière attentive.
Certains versets sont claires et n'ont pas besoin d'interprétation, car de nombreuses
10

versets se clarifient d'elles-mêmes ou s'expliquent mutuellement. Par exemple, cet
verset lorsque Adam Et son épouse s’excusent:« Ô notre Seigneur Nous avons fait du
tort à nous-mêmes. Et si Tu ne nous pardonnes pas et ne nous fais pas miséricorde,
nous serons très certainement du nombre des perdants » - Al-A'raf 23 -
La réponse à leur demande se trouve dans verset suivant : «Puis, Adam reçut de son
Seigneur des paroles, et Allah agréa son repentir car c’est Lui, certes l’Accueillant au
repentir, le Miséricordieux. » - Al-Baqara 37 - Certaines versets ne sont comprises
que par ceux qui sont "bien enracinés dans la connaissance", ce qui désigne une
connaissance approfondie reposant sur des spécialités. Allah dit : «Nous n’avons
envoyé avant toi que des hommes à qui Nous faisions des révélations. Demandez-
donc aux érudits du Livre , si vous ne savez pas . » - Al-Anbiya 7 -
Ces « érudits du Livre » sont des experts dans différents domaines, comme le
souligne le verset : «Telles sont les paraboles que Nous proposons aux gens ;
cependant, seuls les savants les comprennent . » - Al-Ankabut 43 -
Il existe également des versets relatifs à l’invisible que seul Le Très-Haut connaît,
même le Prophète – qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix - ne les savait pas. Allah
déclare : « C’est Lui qui détient les clefs de l’Inconnaissable. Nul autre que Lui ne les
connaît. Et Il connaît ce qui est dans la terre ferme, comme dans la mer. Et pas une
feuille ne tombe qu’Il ne le sache. Et pas une graine dans les ténèbres de la terre, rien
de frais ou de sec, qui ne soit consigné dans un Livre explicite.» - Al-An'am 59 -
Ainsi, quiconque lit ou écoute le Coran avec réflexion finira par trouver guidance et
encouragement. Cette guidance a été confirmée par Le Très-Haut pour Son Prophète
dans le verset: « Ne méditent-ils pas sur le Coran ? Ou y a-t-il des cadenas sur leurs
cœurs . » - Mohammed 24 - Il est donc de droit pour chaque musulman de s'instruire
en religion afin d'accroître sa connaissance. Cela lui permettra de recevoir non
seulement la guidance de l’orientation, mais aussi celle de l’inspiration et de l’action.
Comme le dit Le très-Haut : « Quant à ceux qui se mirent sur la bonne voie, Il les guida
encore plus et leur inspira leur piété.» - Mohammed 17 -
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Comment l'extrémisme religieux est-il apparu ?

Le terme « Faqeeh » en arabe signifie celui qui mémorise le saint Coran, puis au fil
des années son usage s'est spécialisé pour interpréter ( le Coran et la Sunna ) après il
est promu. Il commence a donné des fatwas : les avis juridiques religieux sur des
domaines variés pour régler un problème particulière. sur lequel la jurisprudence
islamique n'est pas claire .
Au fil du temps son autorité s'est élargie. Il ne concerne plus seulement les situations
non mentionnées, mais aussi les questions dérivées des textes eux-mêmes, qu'ils
soient coraniques ou issus de hadiths. Cependant, avec le temps, les fatwas sont
évoluées en un système de tradition, où les musulmans sont devenus dépendants des
opinions des« Faqeeh » . Ils suivaient leurs enseignements sur les règles juridiques,
les interprétations des versets coraniques et des hadiths. Les juristes se contentaient
souvent de transmettre ce qu'ils avaient appris de leur école de pensée, considérant
que seule leur interprétation était valable, et qu’ignorer cela était synonyme de
déviation ou d'hérésie.
De cette manière, chaque école de pensée a commencé à appréhender la religion
d'un point de vue étroit, cherchant uniquement les textes qui soutenaient leurs
opinions et écartant ceux qui ne leur convenaient, souvent en manipulant ou en
interprétant les textes à leur manière. Cela a conduit à une prépondérance de
l'extrémisme religieux, justifié par des préoccupations de prudence, se concentrant
sur des méthodes de peur et d’intimidation.
Cette approche a déformé les attributs d’Allah en faisant de la punition des pécheurs
une forme de vengeance. Ils ont même inclus "le Vengeur" parmi les noms du très-
Haut, alors que ce terme ne fait pas partie des noms les plus beaux d'Allah. En réalité,
il décrit un attribut de Son châtiment. Comme le souligne le verset : «Informe Mes
serviteurs que c’est Moi le Pardonneur, le Très Miséricordieux, et que Mon châtiment
est certes le châtiment douloureux. » - Al-Hijr,49-50 -
Interprétation de deux versets : Lorsque Le Plus-Puissant mentionne la miséricorde et
le pardon, Il insiste avec des termes forts comme (c’est Moi le Pardonneur) et. En
revanche, lorsqu’il parle du châtiment, Il ne dit pas (c’est Moi le bourreau), mais Il dit :
« Mon châtiment est certes douloureux », signifiant qu'Il décrit le châtiment pour ceux
qui le méritent. Et Il ne se décrit pas, Gloire à Allah Le Plus-Haut. Cette insistance sur
la peur a créé une lourdeur qui n'est pas ordonnée par la loi d’Allah. Les partisans de
la rigueur croient à tort que le strictement est synonyme de dévotion, alors qu'il va à
l'encontre de la nature humaine et d'un principe fondamental de l'islam : tout est
permis par défaut, tandis que la rigueur repose sur l'idée que tout est interdit.
Les« Faqeeh » rigoureux ont donc imposé des règles basées sur des opinions
extrêmes, instillant la peur parmi les croyants. Ils ont propagé des histoires sur les
supplices du tombeau, les horreurs du jour du jugement et les punitions éternelles
pour des petites erreurs, utilisant la peur comme une méthode de contrôle.Abu Hamid
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Al-Ghazali qu’ Allah lui fasse miséricorde – déclare : « Que ce temps n'est pas propice
à l'usage excessif de la peur. Il a noté que cette approche ne ramène pas les gens
vers la vérité, mais les éloigne davantage, car la mention des espoirs et des
promesses est plus douce pour les cœurs. Ainsi, les prédicateurs se sont concentrés
sur la peur, ce qui a conduit à plus de corruption et à une persistance dans le péché. »
Cette dérive a conduit de nombreux croyants" à adopter la foi dans la peur et
l'angoisse, obsédés par les menaces et le châtiment qui les attendent au jour du
jugement. Cette terreur crée une agitation intérieure qui les empêche de trouver la
paix et la sérénité. Les "érudits du rigorisme" ont alors utilisé leur pouvoir pour
imposer leur vision sans dialogue ni reconnaissance de l’opinion d’autrui. Leur
préoccupation principale est d’élargir les interdictions et de distraire les gens avec
des questions secondaires, au lieu de les orienter vers le bien de la communauté.
Ils rejettent la responsabilité des problèmes des gens sur leurs péchés, facilitant ainsi
leur contrôle et les poussant à se soumettre aux tyrans. Ils créent une fausse sécurité
qui n'existe pas réellement. Ils font croire que le surcroît de difficulté et d'effort est un
signe de piété, alors qu'en réalité, c'est un comportement blâmable dans la foi,
causant dérives émotionnelles, intellectuelles et comportementales, et menant à un
rejet du véritable islam.
Ce climat a transformé le "croyant" en une personne rigide et extrême, éloignée de la
raison et de la sagesse, qui refuse de considérer que son opinion peut être erronée. Il
suspecte et blâme ceux qui ne partagent pas son avis, allant jusqu'à les accuser
d’infidélité, en se basant sur des interprétations erronées et des hadiths douteux pour
justifier ses positions, tout en se cachant derrière un prétendu souci pour la foi.
Il est très regrettable que la peur fondée sur le "rigorisme" n'ait pas fait la distinction
entre le respect de la loi religieuse et l'accomplissement de son but. Elle a échangé
les moyens et les objectifs, en se concentrant sur l’imposition de fardeaux aux gens
au lieu de les alléger, imposant des règles qui ne relèvent pas de la foi et faisant ainsi
perdre l'essence humaine de la religion. Cela a conduit à ce que la peur devienne une
composante essentielle de la psychologie des croyants, se transformant en la
principale source de leurs croyances et comportements.
Le rigorisme est devenu une fin en soi, plutôt qu'un moyen d'interpréter les règles.
Cette confusion a renforcé un climat de peur qui s'est ancré dans l'esprit des
croyants, les rendant incapables de faire face à la vie de manière positive. Ils vivent
dans une angoisse excessive, souvent disproportionnée par rapport aux résultats
réels, en raison d'un conflit entre la rigueur et la peur, chacune nourrissant l'autre.
Cela les amène à rejeter des idées éclairées et rationnelles, qu'ils considèrent comme
des innovations dangereuses, fuyant la vérité et la conscience de la réalité. Ils croient
que la foi en Allah doit s'accompagner d'une peur qui mène à l'anxiété et à la panique,
pensant que cette souffrance est le prix à payer pour un bonheur éternel après la
mort. Ce besoin constant de craindre tout et rien découle d'une mauvaise perception
du Tout-Puissant, en interprétant ses attributs de manière erronée. Alors que ses
noms et qualités devraient rapprocher le croyant de Lui, ceux-ci s'en éloignent,
cherchant protection contre sa colère et sa sévérité, et trouvent refuge auprès
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des "érudits" qui encouragent le dogmatisme et inhibent la pensée critique. Ce
changement d'idéologie a entraîné une radicalisation des comportements, générant
une atmosphère de terreur et un sentiment d'insécurité, menant à l'extrémisme et à la
violence comme moyens d'imposer des principes religieux.
L'extrémiste religieux, convaincu de détenir la vérité, considère tout désaccord
comme un interdit et cherche à éliminer toute opposition par la force, au détriment de
l'humanité. Cela engendre un cycle de déstabilisation et de désintégration sociale,
montrant que personne ne peut devenir un terroriste sans d'abord être extrémiste, et
aucun extrémiste ne peut l'être sans avoir d'abord été rigide dans ses convictions.
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Les fatwas (verdicts) religieuses effrayantes
L'héritage spirituel est lié à la culture religieuse que nous avons reçue de nos
ancêtres, qu'elle soit écrite ou orale, qu'elle concerne l'exégèse, la tradition, les
principes juridiques ou la théologie. Cet héritage représente le système culturel
partagé qui influence la pensée collective, avec son autorité d'ordre et d'interdiction
de réconfort et d'intimidation. Il façonne l'identité et les croyances des musulmans,
détermine leurs comportements et influence même leur apparence extérieure.
Nous trouvons donc les croyants développent la conviction que cet héritage religieux
est infaillible et ne doit pas être critiqué. Cela permet au "droit de la rigueur" de
s'imposer dans le champ religieux, devenant un système idéologique puissant avec
des prérogatives absolues. Les responsables de cet héritage détiennent donc une
autorité considérable pour façonner une conscience collective imprégnée de "culture
de la peur", une peur qui colore tous les aspects de la vie humaine. La culture de la
stagnation" ne se limite pas à une définition étroite de la culture mais englobe l'effort
de comprendre les choses de manière objective afin d'acquérir des connaissances
utiles. Cette culture inhibe le raisonnement, qui est essentiel pour le progrès. Elle
devient un obstacle majeur à la pensée libre et à la recherche de la vérité, limitant les
capacités cognitives des croyants.
En conséquence, le croyant perd son équilibre, réagit de manière irrationnelle et a du
mal à interagir sainement avec la réalité. Sa peur des jugements arbitraires, qui
régulent ce qui est licite ou illicite, devient une condition permanente, le rendant
passif et hésitant. Cette surabondance de règles et de fatwas effrayantes entraîne
des conflits intérieurs, poussant le croyant à se replier sur lui-même et à créer un
monde intérieur fantasque, rempli d'illusions.
Cette mentalité devient alors rigide et intolérante, rejetant les avancées scientifiques
et les raisonnements que Le Plus-Haut a clairement encouragés. L'absence de
réflexion dans la foi est sanctionnée, car elle est essentielle pour distinguer le bien du
mal. La foi doit se fonder sur la compréhension et la capacité à prouver sa validité. Le
Coran souligne que suivre aveuglément les traditions sans réflexion est erroné,
comme le mentionne le verset : « Et quand on leur dit: Suivez ce qu’Allah a fait
descendre, ils disent: Non, mais nous suivrons les coutumes de nos ancêtres. Quoi.
Et si leurs ancêtres n’avaient rien raisonné et s’ils n’avaient pas été dans la bonne
direction . » - AL-Baqara 170 -
Le raisonnement permet au croyant de connaître Le Plus-Puissant et de croire en lui
grâce à une réflexion personnelle plutôt qu'à une simple imitation. C'est pourquoi la
loi islamique accorde une grande importance à la préservation de l'intellect, afin d'en
tirer des bénéfices et d'éviter les maux, permettant ainsi d'accomplir la mission d'être
le représentant d’Allah sur terre, selon les objectifs et les intérêts légitimes. Allah a
clairement indiqué dans le Coran qu'il existe un lien étroit entre le raisonnement et ces
sacrées paroles. Ce lien est mutuel : le raisonnement aide à comprendre et à
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appliquer la révélation, tandis que la révélation élargit les horizons de l'intellect et ses
sources de connaissance. Comme le dit le verset: « Certes, Nous avons exposé les
preuves pour des gens qui comprennent. » - AL-AN’ÂM 98 -
Ce verset montre que la compréhension des versets d’Allah permet à l'Homme d'avoir
une vision claire et complète, transformant sa foi en actions concrètes. Cela
représente un véritable éveil de conscience, rendant l'individu capable d'évaluer, de
comparer et d’apprendre des décisions cruciales basées sur ces informations, dans le
but de trouver des solutions qui renforcent ses convictions. Il en découle que la
"conscience" est un produit de la pensée qui influence l'individu entraînant des
comportements soit positifs, soit négatifs. La relation entre la conscience et la foi est
presque proportionnelle : lorsque l'un augmente, l'autre augmente également en
conséquence. Cette relation est donc complémentaire et réciproque.
Un individu peut être qualifié de superficiel dans sa conscience s'il adopte des idées
et des comportements issus de concepts erronés, qui déforment la réalité et ancrent
un mode de pensée rigide et monotone. Ainsi, il devient soumis à une "culture de la
peur", caractérisée par une pensée désordonnée, des coïncidences et des
improvisations, ainsi que des illusions et des croyances erronées. Ces perceptions
aux méthodes et résultats confus, affectent tous les aspects de la vie et continuent de
se développer, entraînant un déclin de la pensée rationnelle et un accroissement des
jugements basés sur des mythes et des superstitions. Allah dit: « Et ils dirent : "Si
nous avions écouté ou raisonné, nous ne serions pas parmi les gens de la Fournaise.
Ils ont reconnu leur péché. Que les gens de la Fournaise soient anéantis à jamais. »
- AL-Moulk 10-11 -
Le péché qui les a conduits à être parmi les "gens de la fournaise" est qu'ils n'ont pas
compris les paroles d’Allah avec leur raison et ne les ont pas abordées avec sérieux.
Cela nécessite de soumettre les sacrées paroles du Plus-Haut à la raison pour en tirer
des leçons et comprendre les implications, afin d'éveiller la conscience. Grâce à cette
conscience, l'Homme peut transformer son savoir en idées utiles pour corriger sa foi.
La conscience est essentielle au croyant et la lie à son comportement. Il ne peut être
conscient sans raisonner, donc le développement de la foi est étroitement lié à la
conscience. Le Plus-Puissant dit: « afin d’en faire pour vous un rappel que toute
oreille attentive conserve. » - AL-Haqah 12 -
Qu'entend-on par "oreille attentive", c’est celle qui écoute et soumet les paroles à la
réflexion pour en tirer des bénéfices. La compréhension ne doit pas être superficielle ;
l'esprit doit s'arrêter sur le sens des paroles pour en saisir les significations
profondes. Le Prophète - La paix et la bénédiction soient sur lui - a dit : « Lisez le
Coran, et ne vous laissez pas tromper par ces exemplaires accrochés, car Allah ne
punit pas un cœur qui comprend le Coran. » - rapporté par Abou Daoud -
Cela signifie que comprendre le Coran" implique de le soumettre à la réflexion afin
de saisir ses significations et d'agir en conséquence. Le Plus-Haut décrit ceux qui
sont complètement dépourvus de "conscience coranique": « Nous avons destiné
beaucoup de djinns et d’hommes pour l’Enfer. Ils ont des cœurs, mais ne
comprennent pas. Ils ont des yeux, mais ne voient pas. Ils ont des oreilles, mais
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n’entendent pas. Ceux-là sont comme les bestiaux, même plus égarés encore. Tels
sont les insouciants. » - Al-A’raf 179 -
Ainsi, la lecture consciente de la parole d’Allah repose sur une profonde réflexion
élevant la pensée et le comportement du lecteur, en s'appuyant sur cette "conscience
coranique". Quand nous lisons Ses mots, nous pouvons comprendre le sens littéral,
mais il est très difficile de le saisir pleinement sans réflexion. Allah dit : « Certes, ce
Coran guide vers ce qu’il y a de plus droit, et il annonce aux croyants qui font de
bonnes œuvres qu’ils auront une grande récompense » - AL-ISRÂ 9 -
Le verset montre que Le Plus-Puissant a révélé le Coran pour qu'on puisse réfléchir et
méditer sur ses significations, et non simplement répéter ses mots sans comprendre.
Ainsi, la réflexion est un des principaux objectifs de la compréhension.
az-Zamakhshari - Qu’Allah lui fasse miséricorde - a déclaré : « Réfléchir et méditer le
Coran , c'est l'examiner attentivement pour en saisir les conséquences et le but. »
Cela signifie que la réflexion nécessite une attention sérieuse, permettant d'examiner
le verset en profondeur avant de porter un jugement.
Lorsque nous parlons de "réfléchir sur le Coran", nous faisons référence à l'idée
d'explorer ses significations en utilisant notre raison pour clarifier ses ordres et ses
interdits, afin d'en tirer des leçons et de les appliquer. Le Plus-Haut dit: [Voici] un
Livre béni que Nous avons fait descendre vers toi, afin qu’ils méditent sur ses versets
et que les doués d’intelligence réfléchissent. » -SÂD 29 - Ce verset souligne qu'il n'y
a pas de véritable réflexion sans souvenir, c'est-à-dire sans faire appel à notre
connaissance pour l'appliquer lorsque cela est nécessaire, ce qu'on appelle
"l'engagement cognitif". Comme le dit Le Très-Haut: « Ceux qui pratiquent la piété,
lorsqu’une suggestion du Diable (Satan) les touche se rappellent [du châtiment
d’Allah], et les voilà redevenus clairvoyants. » - AL-A’RÂF 201 -
La clarté ici se réfère à la compréhension obtenue grâce à la connaissance acquise
lors de la réflexion, permettant ainsi de prendre des décisions éclairées. Il est évident
que l'ignorance a contribué à la propagation de la "foi illusoire". Plus il y a
d'ignorance, plus il est facile de contrôler une personne par la peur. Il est donc
essentiel de renforcer des concepts véritables et des critères justes, basés sur des
faits et une pensée rationnelle. Cela nécessite, d'une part, de libérer l'esprit de la
"conscience illusoire", et d'autre part, d'acquérir une connaissance authentique
menant à une conscience réelle", qui préserve la dignité de l'Homme, sa liberté et
ses véritables désirs. Cela doit établir les bases d'une dimension humaine qui émane
de l'esprit de l'Islam dans la formation psychologique et intellectuelle de l'individu. Le
Très-Haut dit: « Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers. »
- AL-ANBIYÂ 107 - La miséricorde divine est l'essence de l'Islam. Le Prophète - La
paix et la bénédiction soient sur lui - a dit: « Je n'ai pas été envoyé pour maudire, mais
pour être une miséricorde. » Il a également déclaré : « Ô gens, je suis une miséricorde
envoyée. » Et selon Anas ibn Malik - qu’Allah soit satisfait de lui – déclare que le
Prophète - La paix et la bénédiction soient sur lui - a dit: « Facilitez et ne rendez pas
les choses difficiles, et annoncez de bonnes nouvelles et ne créez pas de répulsion. »
C’est pour cela que le croyant doit cultiver le désir d'acquérir une conscience
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provenant d'une source religieuse bien comprise, afin de se libérer des résidus du
"droit rigide" qui a généré une foi fondée sur la peur excessive. Ce sentiment de
culpabilité permanent découle d'idées déraisonnables qui suscitent des doutes sur sa
foi, et génèrent de l'anxiété. Se libérer de cette peur ne signifie pas abandonner la
religion, mais plutôt renoncer à des croyances excessives et intolérantes, et cultiver
une confiance bienveillante envers Allah.
La peur devient néfaste si elle conduit au désespoir et à la perte d'espoir en la
miséricorde d’Allah et cette peur est alors condamnable. Jaber ibn Abdallah qu’Allah
soit satisfait de lui - déclare que le Prophète - La paix et la bénédiction soient sur lui -
a dit : « Que l'un de vous ne meure pas sans avoir une bonne opinion d’Allah (rapporté
par Muslim). Ce hadith met l'accent sur l'espoir en Allah plutôt que sur la peur qui
mène au désespoir. Comme le dit le Plus-Haut: « Dis : Ô Mes serviteurs qui avez
commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde
d’Allah. Car Allah pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui le Pardonneur, le Très
Miséricordieux » - AZOUMAR 53 - Un des sages dit  : « Que l'adoration fondée sur
l'espoir est préférable à celle fondée sur la peur. La première est une adoration par
amour, tandis que la seconde est une obéissance par contrainte. L'adoration par
amour repose sur une compréhension qui correspond à une conscience réelle",
intégrant une peur raisonnable d’Allah associée à la vénération, en se basant sur la
connaissance de Ses noms et de Ses attributs. Si les gens connaissaient vraiment Le
Très-Haut ils l’aimeraient et ne lui désobéiraient pas. » Ibn Qayyim, - qu’Allah soit
satisfait de lui - dans son livre (Madarij as-Salikin) dit : « Que l'amour est l'âme de la
foi et des bonnes actions. Sans amour, la foi est comme un corps sans âme. » Cela
montre que la foi basée sur l'amour est essentielle pour renforcer la confiance du
croyant dans ses croyances, lui apportant ainsi une paix intérieure. Comme le dit Le
Plus-Puissant : «ceux qui ont cru, et dont les cœurs se tranquillisent à l'évocation
d'Allah. N'est ce point par l'évocation d'Allah que se tranquillisent les cœurs. Ceux qui
croient et font de bonnes œuvres, auront le plus grand bien et aussi le plus bon
retour. » - .AR-RA’D 28-29 -
Lorsqu’une croyance s’unit véritablement à la connaissance d’Allah l’effet de la foi
authentique se manifeste clairement par une profonde sérénité. En effet, la foi reflète
une vérité qui puise sa force et sa pérennité dans une idée fondamentale et centrale :
"La raison est l’argument d’Allah auprès des Hommes" . Elle constitue le garant
essentiel pour préserver les principes, les valeurs et les objectifs de l’islam afin qu’ils
demeurent vivants et ancrés au cœur de la société. Cela nécessite cependant de
surmonter de nombreux obstacles érigés par les adeptes de l’excès qui cherchent à
entraver ce sentiment de quiétude, pourtant crucial pour l’équilibre des pensé et des
émotions. Le Plus- Haut: dit « Allah ne fit cela que pour (vous) apporter une bonne
nouvelle et pour qu’avec cela vos cœurs se tranquillisent. Et il n’y a de victoire que de
la part d’Allah. Allah est Puissant est Sage. » -Al-Anfal 10 -
La tranquillité est une bénédiction divine et un besoin urgent pour le musulman. Cela
requiert un effort constant et profond pour comprendre pleinement la volonté de Le
Plus-Puissant, car son but est d'apporter du bien à l'Homme. Une foi basée
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uniquement sur la peur et le profit s'effondrera rapidement face à l'épreuve. Il est
important que l'invitation à la foi doit être fondée sur la conviction, laquelle est liée à la
raison. La raison recherche des vérités pour en tirer profit et désire des
connaissances et des expériences pour être satisfaite. De nos jours, l'Islam a besoin
de prédicateurs capables de présenter ses idées et principes d'une manière moderne,
attrayante et claire, afin de susciter l'intérêt plutôt que la répulsion. L'angoisse face à
Allah, si elle n'est pas tempérée par la connaissance, peut devenir nuisible. Ainsi, il
n'y a rien de plus aimé par Le Plus-Puissant que la quête de la connaissance, car Il
veut être adoré avec sagesse et non dans l'ignorance. Allah dit: « Il en est parmi les
gens qui adorent Allah marginalement . S’il leur arrive un bien, ils s’en tranquillisent, et
s’il leur arrive une épreuve, ils détournent leur visage, perdant ainsi (le bien) de l’ici-
bas et l’au-delà. Telle est la perte évidente. » - AL-HAJJ 11 -
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Les prédicateurs de la tromperie et de l'extrémisme.
Les partisans du rigorisme religieux considèrent que les hommes de religion
détiennent l'autorité suprême sur toutes les affaires, qu'elles soient spirituelles ou
profanes. Selon eux, chaque action requiert une fatwa pour être validée ou rejetée.
Leur approche vise à instiller le doute chez le croyant, l'incitant à se reposer
exclusivement sur leur jugement plutôt que sur la science et le savoir. Ces prêcheurs
de la tromperie s'appuient souvent sur des avis contestables pour émettre des
fatwas, ce qui génère une prolifération de décisions erronées et marquées par
l'ignorance. Ils déforment les interprétations des versets coraniques utilisent des
hadiths faibles, inventés ou isolés pour légiférer, malgré l'interdiction d'en faire des
bases juridiques. Ces pratiques ont entraîné une dérive, où les croyants sont égarés
par des fatwas dépourvues de rationalité, d'équilibre et de cohérence logique. Elles
s'appuient sur des principes flous comme la prévention des maux potentiels, une
prudence exagérée et l'évitement de toute similitude avec les non-musulmans.
Ces fatwas vont à l'encontre des principes les plus élémentaires de la raison et du
bon sens, car elles s'appuient sur des textes religieux superficiels sans une analyse
approfondie et sans preuve claire pour de nombreux sujets. Elles n'ont pas de
fondement dans l'interdiction, mais visent plutôt à restreindre le champ des actions
permises, en interdisant de nombreuses choses normalement licites sous prétexte de
protéger la foi de toute innovation, considérant toute nouveauté comme une hérésie.
Leur justification est un hadith de Jabir ibn Abd Allah qui déclare que le prophète - La
paix et la bénédiction soient sur lui - dit: « Toute innovation est une égarement, et
toute égarement mène au feu. » - rapporté par Muslim -
L'objectif du hadith est d'interdire de modifier ce que le Prophète a clairement
expliqué en matière de culte et de relations interpersonnelles. Cependant, ils ont mal
compris ce principe et l'ont appliqué à l'interdiction de toute nouveauté dans le
domaine scientifique, même si elle est bénéfique pour les gens.Pour ces (fuqaha) ils
commencent à interdire selon leurs propres goûts, sans aucune base légale ou
explication des principes d'interdiction dans la loi islamique. Cela a conduit à
restreindre la vie des gens sous prétexte de "fermer les voies du mal", ce qui a
empêché beaucoup de ce qui est à la base permis. En effet, l'interdiction est une
exception et non une règle générale ; elle est particulière et a ses propres règles,
tandis que ce qui est permis est plus courant. L'interdiction a une raison qui lui est
propre, et cette raison doit être fondée sur des principes, tels qu'un texte explicite et
un raisonnement solide. Ainsi, la loi de l'interdiction repose sur le principe qui stipule
que "les jugements sont liés à leurs causes, tant qu'elles existent ou n'existent pas".
La culture de l'interdiction" a englobé tout ce qui était nouveau ou récent dans la vie
des musulmans.Les (fuqaha) du rigorisme" se sont opposés à ces changements
brandissant le glaive de l'interdiction. Ils ont émis des fatwas presque sans cesse
interdisant par exemple l'imprimante et allant jusqu'à déclarer les utilisateurs
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coupables d'apostasie, au nom de la peur de déformer le Coran et les textes religieux.
Ils ont également interdit de dire que la terre tourne, arguant que cela contredisait le
verset : « et la terre Nous l'avons étendue. »
Ils ont même interdit l'eau du robinet, la considérant impropre pour les ablutions, sous
prétexte que son origine était inconnue, alors que seuls les Hanafites l'ont jugée pure,
d'où le surnom de "hanfiyya" pour le robinet. Ils ont décrété que les vaccins étaient
un défi à la volonté de Le Plus-Puissant. De même, le "radio" a été interdit, considéré
comme un outil diabolique cherchant à égaler le pouvoir d’Allah en parlant aux gens et
visant à corrompre l'esprit des musulmans.
Cette guerre contre le "radio" s'est étendue à tous les appareils électroniques. Ils ont
mené une bataille contre le café pendant quatre siècles, le qualifiant d'aliénant et plus
dangereux que l'alcool, avec des ordres de fouetter ceux qui en vendaient ou en
consommaient. Ils ont même inventé un hadith attribué au Prophète disant : « que
celui qui boit du café se présentera le jour du jugement avec le visage noir comme le
fond des tasses. »Une nouvelle controverse a émergé concernant le port du pantalon,
considéré comme incompatible avec la décence, interdisant même la prière en
pantalon et remettant en question la virilité des hommes qui le portent. Ils ont interdit
tout ce qui venait des terres de l'incroyance, et ont déclaré apostats ceux qui
interagissaient avec ces choses, en invoquant le concept de "loyauté et désaveu".
Ils ont également émis des fatwas sur les djinns et l'occupation du corps humain,
autorisant ainsi la pratique de la sorcellerie au nom de la religion. Cette attitude
agressive, omniprésente dans ce type de fatwas, va de pair avec un appel à appliquer
immédiatement des sanctions strictes contre quiconque oserait enfreindre les
interdictions des " fuqaha", soutenus par un pouvoir oppressif hostile à la liberté
d'opinion et à la pensée rationnelle. Ces fatwas sont un mélange de contradictions
qui laissent croire au croyant qu'il peut bâtir une renaissance civilisationnelle sur la
base du passé et de ses principes, alors qu'il est évident que la pensée ne progresse
pas en revenant en arrière. Elle doit transcender l'imitation, ce qui a entraîné une
apathie chez la communauté islamique l'éloignant de ses véritables enjeux au nom de
fatwas qui prétendent "protéger la religion".
Il aurait été préférable qu'ils émettent des fatwas pour unir les efforts et les énergies
afin de combattre l'injustice, la pauvreté, le chômage, la faim, l'ignorance et la
tyrannie, plutôt que de gaspiller leur temps et leur énergie à lutter contre des moulins
à vent. Les fatwas et les conceptions juridiques désordonnées que les " fuqaha du
rigorisme" ont tenté de propager à travers la communauté, par tous les moyens
possibles et avec un excès d'enthousiasme, ont utilisé la peur comme un moyen
d'obtenir la conviction. Ils parlent abondamment du châtiment sévère d’Allah, ignorant
Sa vaste miséricorde, qu'ils ont réduite à des certificats de pardon. Le Très-Haut dit :
« Et Ma miséricorde embrasse toute chose. Je la prescrirai à ceux qui (Me) craignent
acquittent l’aumône, et ont foi en Nos signes. » - Al-A'raf 156 -
La miséricorde d’Allah englobe tout, y compris Son châtiment. Cela signifie que même
Son châtiment fait partie de Sa vaste miséricorde. Le problème ne réside pas dans le
cadre réglementaire des fatwas, mais dans leur essence même. Une fatwa prétend
21

exprimer la volonté divine" sur une question donnée, ce qui relève d'une forme de
sacralisation et de sacerdoce inappropriée. Alors que le Coran énumère un nombre
limité d'interdictions, les" fuqaha rigoristes" ont multiplié les fatwas à tel point
qu'elles deviennent presque innombrables. Aujourd'hui, certains changent d'avis,
adoucissent leurs positions et valident ce qu'ils avaient autrefois interdit, tout en
persistant à attribuer des mensonges à Le Très-Haut en pleine conscience de leurs
actes. Ils manipulent les paroles divines et prétendent que certaines choses viennent
d’Allah pour en tirer de maigres bénéfices. Le Plus-Puissant met en garde ceux qui
inventent des mensonges à Son sujet: «  Et ne dites pas, conformément aux
mensonges proférés par vos langues: Ceci est licite et cela est illicite, pour forger le
mensonge contre Allah. Certes, ceux qui forgent le mensonge contre Allah ne
réussiront pas. » - An-Nahl 116 -
Mohamed Shahrour - q u’Allah lui fasse miséricorde – déclare : Le Très-Haut a
clairement défini dans le Coran ce qui doit être interdit, et nul autre que Lui n'a le droit
de légiférer en matière d'interdictions. Même le Prophète, - paix et salut sur lui-, a
pour mission de transmettre la révélation sans avoir le droit d'interdire. Son rôle se
limite à conseiller les gens pour éviter ce qu'il considère contraire à la charia.
Le Très-Haut dit: Ô Prophète pourquoi, en recherchant l’agrément de tes femmes
t’interdis-tu ce qu’Allah t’a rendu licite. Et Allah est Pardonneur, Très Miséricordieux.
Allah vous a prescrit certes, de vous libérer de vos serments. Allah est votre Maître et
c’est Lui l’Omniscient, le Sage » - At-Tahrim 1-2 - Le terme "Prophète" est utilisé au
lieu de "Messager", ce qui signifie que ce qui est dit par lui dans ce contexte est une
décision personnelle et non une révélation divine. Seul Le Plus-Puissant doit établir
des lois et des règlements. Si le verset avait commencé par "Ô Messager", cela aurait
signifié qu'il est chargé de transmettre la révélation divine, et dans ce cas, il est
protégé de toute influence personnelle.Allah dit: « Ô Messager Transmets ce qui t’a
été descendu de la part de ton Seigneur. Et si tu ne le faisais pas, alors tu n’aurais pas
communiqué Son message. Et Allah te protégera des gens. Certes, Allah ne guide pas
les gens mécréants. » - Al-Ma'idah 67 -
L'infaillibilité du Messager n'annule pas la liberté de choix du Prophète ni sa capacité
à agir en dehors du cadre de la révélation. Ses actions et décisions en dehors de sa
mission prophétique résultent de la sagesse de son esprit et de son bon jugement. Si
ses choix s'écartent de la vérité, Le Plus-Puissant ne l'approuve pas ; au contraire,
cela montre que la volonté divine surpasse la volonté prophétique. Ainsi, une action
ou une parole du Prophète qui dévie du droit chemin est due à son humanité et non à
une erreur des prophètes chargés de transmettre le message. Allah dit: « Dis : Gloire à
mon Seigneur. Ne suis-je qu’un être humain-Messager » - Al-Isra 93 -
Les avertissements du Coran concernant les prophètes ne sont pas des erreurs, mais
des épreuves. La différence entre une erreur et une épreuve est immense. Par
exemple, Le Très-Haut dit: « Et Nous avions certes éprouvé Salomon en plaçant sur
son siège un corps . Ensuite, il se repentit » - Sad 34 -
Dans cet verset, "éprouvé" signifie qu'il a été testé, sans qu'il ait commis d'erreur de
sa part. Ainsi, les avertissements divins ne diminuent en rien leur valeur. Cela montre
22

la sagesse d’Allah, car Il sait que les miracles des prophètes impressionnent leur
peuple, qui peut alors les vénérer au point de les diviniser. C'est ainsi que certains
peuvent tomber dans l'idolâtrie. Pour éviter cela, Le Plus-Puissant teste parfois Ses
prophètes pour montrer aux gens qu'ils ne sont pas des dieux, mais des serviteurs
honorés.
Cela réfute les affirmations des Juifs et des Chrétiens. Le Très-Haut dit: « Les Juifs
disent : Uzayr est fils d’Allah, et les Chrétiens disent : Le Messie est fils d’Allah . Telle
est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant
eux. Qu’Allah les anéantisse. Comment s’écartent-ils (de la vérité)Ils ont pris leurs
rabbins et leurs moines, ainsi que le Messie - fils de Marie - comme Seigneurs en
dehors d’Allah, alors qu’on ne leur avait commandé que d’adorer un Dieu unique. Pas
de divinité à part Lui. Gloire à Lui . Il est au-dessus de ce qu’ils [Lui] associent. »
- At-Tawbah 30-31 - Si les épreuves n'avaient pas d'utilité, Le Très - Puissant ne les
aurait pas imposées à Ses prophètes. Ces épreuves apportent de nombreux
bénéfices et enseignements comportementaux et éducatifs, qui ne peuvent être
acquis qu'après avoir traversé ces épreuves. Les histoires des prophètes dans le
Coran nous montrent leur parcours de manière réaliste, à travers leurs interactions
avec la réalité, avec toutes ses contradictions. Ainsi, tout ce qui est ordinaire et en
dehors de la mission prophétique n'est pas infaillible. Allah dit: « Dis : S’il y avait sur
Terre des Anges marchant tranquillement, Nous aurions certes fait descendre sur eux
du ciel un Ange-Messager. Dis : Allah suffit comme témoin entre vous et moi. Il est,
sur Ses serviteurs, Parfaitement Informé et Clairvoyant. » - Al-Isra 95-96 -
Pour connaître la personnalité du Prophète, il est nécessaire de considérer toutes les
mentions dans le Coran qui montrent un aspect de sa personnalité, qu'il s'agisse de
sa mission prophétique ou de son rôle de messager. Ces deux rôles complètent sa
personnalité dans un lien intime. Ainsi,il ne peut pas déclarer ce qui est interdit ou
permis de sa propre initiative. Cependant, s'il s'agit d'une abstention personnelle d'un
acte que Le Plus-Puissant a permis par nécessité, comme en cas de maladie ou de
répulsion, cela est acceptable. Allah a reproché à Son Prophète d'interdire ce qu'Il lui
avait permis, sans préciser ce dont il s'agissait. En raison de divergences dans les
récits basés sur des opinions peu rationnelles l'intention du jugement absolu apparaît
ce qui signifie que tout ce qui est permis ne doit pas être interdit par quiconque, quel
que soit son statut.
Dans le Coran, les interdictions sont au nombre de quatorze. Il en a détaillé neuf dans
la sourate Al-An'am :
1. Ne pas associer de partenaires à Allah.
2. Être bienveillant envers les parents.
3. Ne pas tuer vos enfants par crainte de pauvreté.
4. Ne pas s'approcher des immoralités, qu'elles soient apparentes ou cachées.
5. Ne pas tuer la personne qu’Allah a interdite, sauf en toute justice.
6. Ne pas s'approcher des biens des orphelins, sauf de la meilleure manière.
7. Être justes dans la mesure et le poids.
8. Quand vous parlez, soyez justes, même si c'est un proche.
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9. Respectez vos engagements envers Allah.
Deux interdictions sont mentionnées dans la sourate An-Nisa :
10. Il vous est interdit d'épouser vos mères et vos filles.
11. Il vous est interdit de consommer la viande morte, le sang et le porc.
Une interdiction est mentionnée dans la sourate Al-Ma'idah :
12. Allah a permis le commerce et interdit l'usure.
Et une autre dans la sourate Al-Baqara :
13. L'injustice et la transgression sans droit.
Une interdiction est mentionnée dans la sourate Al-A'raf :
14. Ne dites pas sur Allah ce que vous ne savez pas.
Pour amorcer un véritable renouveau culturel, il est crucial de se libérer des entraves
des " fuqaha du rigorisme" et des principes figés qui le sous-tendent. La créativité
doit prendre le pas sur la simple reproduction des schémas du passé, car persister
dans les mêmes bases conduit inévitablement aux mêmes résultats. Une pensée
ancrée dans l’héritage des anciens, sans un effort de réflexion autonome, ne peut
produire d'avancées. Cette posture, qui s’oppose au changement et se limite à
ressasser les traditions, à mémoriser des fatwas erronées et à idéaliser un passé figé,
doit être dépassée. Youssef al-Qaradawi - qu’Allah lui fasse miséricorde - rappelle
que les jugements tels que l’interdiction, l’autorisation ou l’obligation relèvent
exclusivement de l’autorité divine. Le Très-Haut dit : « Qu’avez-vous à ne pas manger
de ce sur quoi le nom d’Allah a été prononcé. Alors qu’Il vous a détaillé ce qu’Il vous a
interdit, à moins que vous ne soyez contraints d’y recourir. Et beaucoup de gens
égarent, sans savoir, par leurs passions. C’est ton Seigneur qui connaît le mieux les
transgresseurs. » - Al-An’am 119 -
Ce verset met en évidence une vérité fondamentale : Le Très-Haut a clairement défini
les interdits dans le Coran, et tout ce qui n’y est pas explicitement interdit est permis.
Si cette règle était comprise par tous les croyants, nous ne serions pas confrontés à
l’actuelle confusion marquée par des interdictions fondées sur des interprétations
arbitraires et non éclairées. Le Coran offre des principes clairs et constants,qui
échappent aux caprices des juristes rigoristes.Ces derniers ne peuvent par leur
consensus, contredire les commandements divins. Une relecture critique et active de
l’héritage religieux s’impose, non pour s’y complaire passivement, mais pour en
extirper les erreurs, les superstitions et les déformations introduites par des "
fuqaha", influencés par des pouvoirs rétrogrades. Les arguments qu’ils ont diffusés
reposent souvent sur des prémisses biaisées et contraires à la logique, à l’expérience
et à la sagesse d’un esprit critique. Allah dit:  « Et il y a parmi eux certains qui roulent
leur langues en lisant le coran pour vous faire croire que cela provient du coran, alors
qu’il n’est point du coran; et ils disent : Ceci vient d’Allah alors qu’il ne vient pas
d’Allah. Et ils disent sciemment des mensonges contre Allah. » - Al-Imran 78 -25
24

Prédicateur organique
Le Très-Haut dit dans un verset : « Commanderez-vous aux gens de faire le bien, et
vous oubliez vous- mêmes de le faire, alors que vous récitez le Livre? Êtes-vous donc
dépourvus de raison. » - Al-Baqara 44 -
La responsabilité du blocage religieux au sein de la communauté incombe en grande
partie aux « hommes de religion », considérés comme les producteurs du savoir
religieux et porteurs d’une symbolique qui les associe, dans l’imaginaire collectif, à la
détention d’une partie de la vérité. Historiquement, les « prédicateurs » ont souvent
été perçus comme des figures véhiculant un discours religieux classique, livré depuis
les tribunes sans réflexion personnelle ou vision intellectuelle innovante.
Pour que la communauté puisse progresser, elle a un besoin urgent d’un «prédicateur
organique », c’est-à-dire quelqu’un qui conjugue une conscience religieuse éclairée
avec un sens moral éveillé, l’incitant constamment à remplir sa mission de
transmission. Cela implique de contribuer activement au renouvellement de la pensée
islamique, afin que les musulmans puissent rejoindre les rangs du progrès et de la
renaissance. Un tel prédicateur ne doit pas se replier dans des tours d’ivoire,
s’adressant aux gens avec condescendance ou les regardant avec méfiance et
mépris. Si l’action de prêcher s’éloigne des préoccupations réelles et des problèmes
des individus, elle se réduit à un luxe intellectuel vide de sens, servant souvent à
perpétuer les structures de pouvoir en place. Cette prédication devient alors une
forme subtile de soutien à l’ordre établi, parfois à travers des méthodes insidieuses
comme le conditionnement des esprits.
Ainsi, celui qui n’est pas sensible aux souffrances et aux aspirations de sa
communauté ne mérite pas le titre de prédicateur, même s’il dispose d’un savoir
encyclopédique. Car la fonction d’un prédicateur ne se limite pas à la transmission du
savoir ; elle est aussi réformatrice, correctrice et profondément sociale. Le «
prédicateur organique » n’est pas celui qui a écrit de nombreux livres ou qui maîtrise
parfaitement l’art de l’éloquence et des théories. C’est plutôt celui qui s’investit sans
relâche pour transformer les esprits et les idées, et qui s’engage sincèrement en
faveur des causes de sa communauté, incarnant ainsi l’antithèse des « prédicateurs
au service des pouvoirs ». Le Très-Haut dit : « En tant que Messagers annonciateurs
et avertisseurs, afin qu’après la venue des Messagers il n’y eût pour les gens point
d’argument devant Allah. Allah est Puissant et Sage.» - An-Nisa 165 -
L’envoi successif des prophètes et messagers visait à corriger les déviations dans la
compréhension de la mission de gérance sur Terre. Chaque fois que l’humanité
s’éloignait de la vérité et que des pratiques erronées s’installaient dans le culte ou les
interactions sociales, Le Très-Haut envoyait un messager pour réformer et renouveler
les concepts, libérant ainsi les esprits des chaînes qui les empêchaient de remplir leur
rôle de gérants de manière optimale. Allah dit : « C’est Lui qui a envoyé parmi les
illettrés un Messager issu d’eux, pour leur réciter Ses versets, les purifier et leur
25

enseigner le Livre et la sagesse, alors qu’ils étaient auparavant dans un égarement
manifeste. » - Al-Jumu’a 2 -
La purification mentionnée dans ce verset consiste à débarrasser l’âme de ses
impuretés naturelles et morales, à diminuer ses vices, tout en développant ses vertus
et ses qualités éthiques. Cela permet à l’être humain de bâtir la Terre sur des bases de
justice, d’égalité, d’amour et de fraternité. Cependant, atteindre cet objectif exige de
renouveler les idées et les perceptions pour qu’elles s’adaptent aux nouveautés et
aux évolutions des sociétés humaines. Cela garantit que les gens ne se détournent
pas de la voie divine, laquelle invite à un mouvement civilisationnel dans la pensée, la
morale et l’action. Cette voie vise à sauver l’Homme de l’emprise matérielle et de la
réduction des relations humaines à des interactions mécaniques, semblables à celles
entre des objets. C’est pourquoi le discours coranique appelle constamment à une
réforme méthodique, en harmonie avec la nature humaine saine et originelle.
Un programme réformateur n’a aucune valeur s’il ne repose pas sur un savoir solide
capable de prouver sa validité et de le transformer en un outil constructif dans la
réalité. Ce savoir doit permettre à la société de s’élever par la créativité, le progrès et
le développement, afin que la communauté croyante ne devienne pas dépendante
des autres. En effet, la loi de la causalité n’accorde aucun favoritisme et ne distingue
pas entre croyants et non-croyants. Les problèmes humains ne peuvent être résolus
que par la réflexion, un processus intellectuel structuré et méthodique, suivant une
stratégie organisée et des objectifs clairs.
Les obstacles ne peuvent être surmontés par de simples prières ou supplications, ni
en restant coincé dans une zone floue entre le destin et les erreurs humaines – une
zone où prédominent les malentendus plutôt qu’une véritable foi. La foi en le destin ne
peut être invoquée pour expliquer la corruption des Hommes ; il est bien plus
judicieux et efficace d’adopter une méthode fondée sur la clairvoyance et la logique,
exercée dans le cadre d’une conscience croyante éclairée.
Les versets relatant l’histoire de la quête spirituelle du prophète Ibrahim - paix sur lui-
illustrent parfaitement cette approche. Chaque étape de son cheminement vers une
foi authentique reposait sur une réflexion active pour résoudre les problèmes, jusqu’à
ce qu’il parvienne à une conclusion claire et décisive, renforçant ainsi la justesse de
son raisonnement. Le Très-Haut dit: « Et comment aurais-je peur des associés que
vous Lui donnez alors que vous n’avez pas peur d’associer à Allah des choses pour
lesquelles Il ne vous a fait descendre aucune preuve. Lequel donc des deux partis a le
plus droit à la sécurité si vous savez Ceux qui ont cru et n’ont point entaché leur foi
par quel qu’inquiété, ceux-là ont la sécurité; et ce sont eux les bien-guidés »
- Al-An’am 81-82 - Ces deux versets illustrent, après l’épreuve du choix entre la vérité
et l’erreur, ainsi que l’examen des preuves tirées des signes de l’univers, l’harmonie
parfaite entre la raison et les indices de la guidance. Cette harmonie permet
d’atteindre une conscience croyante éclairée, menant le croyant vers l’amélioration
de soi et l’accomplissement spirituel.
Cher frère en islam, saisis l’occasion de te repentir et de revenir à Lui, car cette
opportunité demeure tant que ton temps sur Terre ne s’est pas écoulé. Efforce-toi dès
26

maintenant de réformer tes pensées, car ce sont elles seules qui peuvent renouveler
ta foi. Ce renouvellement est la clé indispensable pour corriger tes actions. Allah dit:
«En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les [individus ] ne
modifient pas ce qui est en eux-mêmes.» - Ar-Ra’d 11 -
Allons, mon frère en Allah, consacrons un moment à la foi pour réfléchir à nos idées et
à ce que nos mains ont accompli. Fortifie-toi dans ta religion, sois convaincu dans ta
foi, et associe le savoir à la sagesse, la sagesse au savoir. Ressens la vigilance divine
dans chaque acte et à tout instant. Garde-toi de rêver sans agir, car cela est le
commerce des insouciants. Sois honnête avec toi-même avant que les autres ne le
soient avec toi.
Qu’Allah fasse miséricorde à celui qui reconnaît ses péchés, demande pardon à son
Seigneur et revient à Lui. Hâte-toi de préparer ton salut avant qu’il ne soit trop tard, et
fais en sorte que ta langue répète sans cesse cette parole d’Allah : « Et je me suis hâté
vers Toi, Seigneur, afin que Tu sois satisfait. » - Taha 84 -
Ton appel à toi-même doit commencer par les étapes suivantes :
Premièrement: L’affluence de La lecture : Le Très-Haut dit : « Lis au nom de ton
Seigneur qui a créé » - Al-‘Alaq,1 - Le début de la révélation Allah a appelé de
s’intéresse a la lecture, dans le but de transformer et de renouveler la mentalité d’une
« société ignorante » dominée par l’analphabétisme, l’ignorance, la rudesse et la
dureté. À l’époque, l’importance de la lecture n’était pas aussi évidente qu’elle l’est
aujourd’hui, avec les connaissances accumulées dans l’histoire humaine. Mais Allah,
dans Sa sagesse, savait que la lecture est essentielle pour le renouveau, le progrès de
la civilisation et l’élévation de l’Homme. Elle constitue la voie principale pour
comprendre, percevoir, et acquérir savoir et connaissances.
La lecture est une activité mentale impliquant comparaison, analyse, déduction et
remémoration d’informations dans le cerveau, qu’elles soient écrites ou visuelles. Elle
repose sur des éléments clés tels que l’attention, la perception, l’appréciation,
l’émotion et l’interaction. Ce n’est pas un simple luxe intellectuel, mais un moyen de
transformer les idées en une réalité cognitive et comportementale.
Pour le musulman, le livre le plus bénéfique à lire et à méditer est le Coran, dont les
objectifs sont clairs et justes. Cela exige une lecture constante et exploratoire, soit
par une introspection spirituelle et croyante, soit par une analyse rationnelle et
intellectuelle.
Deuxièmement : Méditer le Coran : Quiconque réfléchit aux objectifs du Coran
découvre que Le Plus-Puissant a fait de la connaissance une condition essentielle
pour profiter de ce Livre noble. Allah dit : « Telles sont les paraboles que Nous
donnons aux gens ; mais seuls les savants les comprennent. » - Al-Ankabut 43 -
Un musulman ne peut tirer pleinement profit du Coran qu'en ayant un esprit éveillé et
une clairvoyance lumineuse. Sans réflexion, les Hommes ne sauraient bénéficier des
signes répandus dans l’univers visible, ni comprendre les lois qui les mènent à la
certitude de l’existence du Créateur. En effet, la foi se renforce par les preuves
rationnelles et scientifiques, alors qu’elle s’affaiblit par l’imitation aveugle et
l’acceptation passive des traditions. La raison établit un lien entre le savoir et le
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Coran, guidant l’Homme de la contemplation à la certitude scientifique. Ainsi, le
croyant progresse du perceptible au conceptuel. Allah dit: « Mais ceux qui sont bien
enracinés dans la science disent : Nous y croyons tout est de la part de notre
Seigneur. Mais, seuls les doués de raison s’en rappellent. » - Al-Imran 7 -
Interprétation :« Les doués de raison » sont ceux dont la foi s’est pleinement réalisée,
combinant la certitude rationnelle, que le Très-Haut considère comme un chemin vers
les vérités et la certitude coranique, fondée sur une révélation précédée de preuves
claires. Cette combinaison prépare le croyant à accueillir les effets du message divin,
à travers des actes d’adoration réfléchis et des relations sincères, exemptes de toute
association ou hypocrisie. Celui qui ouvre son cœur aux vérités du Coran et de la
science en retire une foi toujours croissante. Le Très-Haut dit : « Lumière sur lumière.
Allah guide vers Sa lumière qui Il veut, et Allah propose aux Hommes des paraboles.
Allah est Omniscient. » - An-Nour 35 -
La lumière de la raison ne contredit jamais celle du Coran. Les deux se complètent et
reflètent une vision intégrale de la foi, affirmant que la certitude croyante est une
entité indivisible. La foi devient ainsi un mode de vie complet, une vérité supérieure
qui se manifeste par divers aspects. Elle élève le croyant dans ses valeurs morales et
le raffermit dans son comportement. Telle est la réalité d’une foi consciente et
éclairée.
Troisièmement : Associer la science à la foi : Le croyant sincère ne doit pas se
contenter d’une foi isolée de la science, car Le Très-Haut n’accepte ni l’une ni l’autre
séparément. Ensemble, elles complètent la foi et la portent vers des sommets de
perfection. Leur séparation prive la foi de son véritable message. Allah les a rendues
inséparables, car de leur union naît un comportement croyant équilibré et
harmonieux, résultant de l’association du Coran et de la science. Le Très-Haut dit:
«Allah élèvera en degrés ceux d’entre vous qui auront cru et ceux qui auront reçu le
savoir. Allah est parfaitement Connaisseur de ce que vous faites.. » - Al-Mujadila 11 -
Ce verset contient une promesse divine d’élever le rang des croyants, en particulier
ceux qui possèdent la science, soulignant que le savoir augmente la dignité et
l’honneur dans ce monde et dans l’au-delà. Le Très-Haut dit également: « Sache donc
qu’il n’y a point de divinité à part Allah. » - Mohammed 19 -
L’ordre ici est adressé au Prophète - La paix et la bénédiction soient sur lui - le plus
connaisseur des Hommes sur Allah et le plus craintif envers Lui. Malgré cela, Allah lui
enjoint de rechercher encore davantage de savoir. Le Très-Haut ordonne a lui : « Et
dis : Ô mon Seigneur, accrois mes connaissances. » - Taha 114 - Cette quête
précieuse demande des efforts soutenus, afin que la foi en Allah devienne encore
plus solide et empreinte de certitude.
L’objectif de la science est de dévoiler les mystères, qu’ils se trouvent dans le Coran
ou dans l’univers. Chaque fois que l’Homme découvre un secret, il ressent une joie
incomparable. Cette satisfaction découle de la relation entre le cerveau et la
connaissance. Irving Biederman, professeur en neurosciences à l’Université de
Californie du Sud, explique dans un article publié par Scientific American : « Lorsque
nous essayons de comprendre une théorie ou une information complexe, l’effort est
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souvent difficile et loin d’être amusant. Mais dès qu’on parvient à la saisir pleinement,
un immense sentiment de satisfaction et de bonheur nous envahit. » De même, le
croyant, lorsqu’il contemple la beauté de la création, la précision de sa conception et
la sagesse du Créateur dans Sa gestion, approfondit son savoir et en retire un plaisir
spirituel. Ses sentiments se remplissent d’amour et de crainte révérencielle envers Le
Plus-Puissant. Allah dit : « Et afin que ceux à qui le savoir a été donné sachent que (le
Coran) est en effet, la Vérité venant de ton Seigneur. Qu’ils y croient alors, et que
leurs cœurs s’y soumettent en toute humilité ! Et Allah guide certes vers le droit
chemin ceux qui croient . » - Al-Hajj 54 -
Lorsqu’on écarte la science, la divergence dans la compréhension et la perception
s’installe, et la foi devient un état purement mental et émotionnel, échappant à toute
justification ou analyse. Il est donc essentiel que la foi soit constamment confrontée à
la science afin de s’élever, grâce aux diverses expériences cognitives, vers une
certitude éclairée.
Il est évident qu’un concept dépourvu de rationalité et de preuve ne peut convaincre
l’intellect. En conséquence, la science joue un rôle primordial dans la dissipation des
voiles de l’ignorance et des obstacles divers qui empêchent la foi innée de s’ouvrir
aux expériences personnelles et cognitives. Ainsi, la vraie foi n’est pas un simple état
émotionnel figé, mais un système de connaissances en constante évolution et
renouvellement. C’est pourquoi le Créateur a établi la foi sur la base de la science, qui
ne peut être solide qu’en s’appuyant sur des preuves et des démonstrations
rationnelles permettant ainsi au croyant de distinguer la religion authentique de celle
qui est erronée. En cela, le prophète Abraham (paix sur lui) représente un modèle
exemplaire. Celui qui croit en son esprit et non en ses émotions. Allah dit: « Et quand
Abraham dit : Seigneur. Montre-moi comment Tu ressuscites les morts, Allah dit : Ne
crois-tu pas encore. Si dit Abraham; mais que mon cœur soit rassuré. Prends donc
dit Allah, quatre oiseaux, apprivoise-les (et coupe-les) puis, sur des monts séparés
mets-en un fragment ensuite appelle-les: ils viendront à toi en toute hâte. Et sache
qu’Allah est Puissant et Sage. » - Al-Baqara 260 -
À ce moment-là, Abraham (paix sur lui) était en quête de vérité, aspirant à la guidance
divine et attendant avec espoir ce que son Seigneur lui accorderait comme
compréhension juste. Il était convaincu qu’il avait un Seigneur qui dirigeait sa
guidance et toutes ses affaires. Il adopta le principe de réflexion et de recherche de
preuves, car la possibilité implique la nécessité, et tout ce qui est contingent a besoin
d’un point d’arrêt dans sa chaîne de dépendance, qui est un Être nécessaire à
l’existence. Son objectif était d’atteindre une connaissance fondée sur une preuve
tirée de l’observation de la puissance absolue du Créateur, qui constitue l’essence de
sa certitude en Allah.
Ce verset commence par l’affirmation de la seigneurie divine, suivie de la demande de
révélation et de clarification: « Seigneur, montre-moi comment Tu ressuscites les
morts." Cela illustre un aspect de la vision islamique de la foi, basée sur l’observation
rationnelle, afin d’obtenir une certitude stable et apaisante enracinée dans une
croyance correcte. Cette foi repose sur une expérience personnelle et directe qui
29

nourrit les sens et apaise le cœur sans nécessiter de discours. Le Coran, en tant que
méthodologie intégrée pour l’organisation et l’évolution de la vie dans l’univers, exige
une interprétation scientifique fondée sur les vérités et la logique. Cela vise à relier
l’esprit du Coran au progrès intellectuel, en mettant en lumière les signes du miracle
divin dans les sujets qu’il aborde. Cette approche ouvre la voie à des projets
intellectuels pour le relèvement de la communauté, dans une harmonie entre les
enseignements coraniques et la science.
Cependant, toute connaissance n’engendre pas nécessairement une foi en Allah ou
une crainte révérencielle envers Lui. Pour certains, elle peut même devenir une
épreuve qui les détourne de l’acceptation de la vérité. Le Très-Haut dit : « Et dans les
cieux et sur la Terre, que de signes auprès desquels les gens passent, en s’en
détournant. » -Youssouf 105 -
Al-Qushayri, - qu’Allah lui fasse miséricorde -, commente : « Même si les preuves
sont manifestes, elles ne profitent pas lorsque les cœurs sont voilés, tout comme le
soleil, bien qu’éclatant, ne sert à rien si les yeux sont frappés de cécité. »
Malheureusement, lorsque la communauté musulmane a négligé les capacités
intellectuelles qui lui permettent de maîtriser les causes et de tirer profit des moyens
et qu’elle a abandonné une méditation approfondie du Coran incluant les signes de
l’univers et de l’âme, une fracture s’est créée entre les enseignements coraniques et
les résultats objectifs de la science. La foi de la communauté est alors devenue figée
se réduisant à une théologie mystique qui enveloppe l’univers d’une aura de mystère,
rejetant toute interprétation scientifique fondée sur la raison. Cela a consolidé des
exégèses erronées et des pensées confuses, ancrant des idées contradictoires qui
ont empêché la meilleure des communautés de remplir son rôle de vicaire sur Terre et
d’assumer les exigences de la civilisation et du progrès. Le Très-Haut dit: « Et ne
soyez pas comme ceux qui ont oublié Allah ; [Allah] leur a fait alors oublier leurs
propres personnes; ceux-là sont les pervers. » - Al-Hashr 19 -
Quatrièmement : Renouvelez votre foi : L’appel au renouvellement de la foi se
manifeste dans le Coran par des enseignements clairs et des applications concrètes.
L’islam est venu pour transformer et rectifier les croyances et illusions qui dominaient
la société préislamique, voilant la nature humaine et altérant les valeurs
fondamentales. Le renouvellement et la réforme sont donc essentiels pour affermir la
foi, dont l’objectif est d’orienter la pensée humaine sur la bonne voie. C’est dans cette
perspective que le message islamique intègre la nécessité de la transformation. Allah
dit : «Quant à ceux qui se mirent sur la bonne voie, Il les guida encore plus et leur
inspira leur piété. - Mohammed 17 -
Le terme « Il les guide davantage » souligne que la foi, assimilée à la guidance, peut
croître ou diminuer. Comme le rappelle le Prophète - paix et salut sur lui - : «
Renouvelez votre foi, car elle s’use comme un tissu. ... » Si le renouvellement est
possible, quelles en sont les méthodes, les limites et la valeur ?
Dans le Coran, cet appel à revitaliser la foi prend des formes variées, soit à travers
des mises en pratique concrètes, soit par la critique du conformisme rigide et de
l’imitation aveugle des anciennes générations. Allah dit : « Et c’est ainsi que Nous
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n’avons pas envoyé avant toi d’avertisseur en une cité sans que ses gens aisés
n’aient dit : Nous avons trouvé nos ancêtres sur une religion et nous suivons leurs
traces. Il dit : Même si je viens à vous avec une meilleure direction que celle sur
laquelle vous avez trouvé vous ancêtres. Ils dirent : Nous ne croyons pas au message
avec lequel vous avez été envoyés » - Zukhruf 23
Parmi les outils les plus importants et les plus nobles du renouvellement soulignés par
le Coran figure la libération de l’esprit des chaînes du conformisme. C’est une
question centrale en islam, qui ne reconnaît que la foi consciente et choisie. L’Homme
est rendu responsable de sa croyance et des conséquences qui en découlent, tandis
que l’excuse de l’imitation aveugle est catégoriquement rejetée. Allah dit : «Le jour où
leurs visages seront tournés dans le Feu, ils diront : Hélas pour nous Si seulement
nous avions obéi à Allah et obéi au Messager Et ils dirent : Seigneur ! Nous avons obéi
à nos chefs et à nos grands. C’est donc eux qui nous ont égarés du Sentier.»
- Al-Ahzab 66-67 -
L’islam a ainsi tracé une voie novatrice pour une foi en constante régénération, en
appelant à la réflexion, à la méditation, à l’usage de la raison et à la contemplation. Ce
chemin vise à libérer l’Homme de l’emprise de l’imitation aveugle et à le soustraire à la
domination des marchands de religion, qui cherchent à contrôler son esprit et son
destin. Chaque fois que la vie stagne et que l’humanité s’éloigne de la vérité, Allah
envoie un messager pour redresser le chemin, renouveler les concepts et corriger les
idées fausses. Chaque prophète a apporté un miracle spécifique, adapté à l’époque et
à la culture de son peuple, sans répéter les signes de ses prédécesseurs. Grâce à ce
renouvellement constant, les lois divines ont permis à l’humanité de progresser,
d’évoluer et de s’élever.
Les enseignements de la dernière révélation sont venus rectifier les pratiques
erronées de la société préislamique. Ces règles se distinguent par leur souplesse :
elles ont évolué, varié et parfois changé en fonction des contextes et des besoins,
afin de s’adapter aux réalités de l’époque. Cela a permis à la foi renouvelée de
s’inscrire dans un cadre distinct, marqué par des valeurs, des comportements et des
manifestations inédites pour la société.
Cependant, les malentendus et les confusions surgissent à chaque époque sous des
formes diverses. Il est donc impératif pour les musulmans de clarifier ces ambiguïtés
en renouvelant les outils de compréhension de la foi, à la fois dans ses dimensions
spirituelles et civilisationnelles. Ce renouvellement ne constitue pas une innovation
blâmable, mais une nécessité incontournable pour répondre aux changements et
complexités de notre temps. Les décisions juridiques et les fatwas doivent tenir
compte de quatre variables : le temps, le lieu, les personnes et les circonstances. Le
Coran et la Sunna ont établi ce principe, qui doit être interprété en tenant compte de
notre réalité contemporaine et non de celle des générations passées. Ces dernières
ont compris la religion en fonction de leur contexte, de leurs connaissances et de
leurs capacités intellectuelles. C’est précisément ce qui justifie aujourd’hui la
nécessité du renouvellement dans notre époque. Toutefois, il est crucial de
reconnaître que si la religion elle-même est immuable, les compréhensions et
31

interprétations passées ne sont pas des vérités sacrées ou intangibles. Elles doivent
être réévaluées pour vérifier leur pertinence et leur efficacité. En effet, l’Homme ne
peut appréhender une réalité que si elle s’inscrit dans le cadre de son propre système
de pensée. C’est ainsi que le Coran nous enseigne la voie du renouvellement. Le
Très-Haut dit : « Ô vous qui avez cru Croyez en Allah, en Son messager et au Livre
qu’Il a fait descendre sur Son messager. »- An-Nisa 136 -
En méditant sur ce verset, il apparaît qu’Allah s’adresse aux croyants tout en leur
ordonnant de croire à nouveau. Cela implique qu’Il leur demande de renouveler leur
foi, afin de progresser et d’accroître ce qu’ils possèdent déjà. L’accent est mis sur
l’augmentation, car, comme il est bien établi, la foi peut croître ou décroître. Ce
renouvellement passe par la réflexion et la méditation sur les signes de l’univers et de
l’âme humaine, ce qui élève le niveau d’unicité d’Allah et renforce la droiture dans
l’obéissance aux commandements divins.
Des hadiths prophétiques confirment et encouragent cette idée de renouvellement, en
la considérant comme une obligation. Parmi ces hadiths :
* Abou Hourayra - qu’Allah l’agrée – déclare que le Prophète - paix et salut sur lui - a
dit : « Allah envoie à cette communauté, au début de chaque siècle, quelqu’un pour
renouveler sa religion. » - rapporté par Al-Hakim -
* Abdullah ibn Amr ibn Al-As - qu’Allah les agrée- déclare que le Prophète - paix et
salut sur lui- a dit : « La foi s’use dans le cœur de l’un de vous comme s’use un
vêtement. Demandez donc à Allah de renouveler la foi dans vos cœurs. » - Rapporté
par Al-Hakim - Et Abou Hourayra - qu’Allah l’agrée -a déclaré également que le
Prophète - paix et salut sur lui - a dit : « Renouvelez votre foi. » On lui demanda : « Ô
Messager d’Allah comment devons-nous renouveler notre foi ? » Il répondit Multipliez
les paroles : Il n’y a de divinité digne d’adoration qu’Allah » - Rapporté par Ahmad -
Le premier hadith évoque le renouvellement de la religion, tandis que les deux
suivants insistent sur celui de la foi. La relation entre le renouvellement de la foi et
celui de la religion est semblable à celle d’un édifice avec ses fondations. Les pieux
prédécesseurs se sont attachés à définir le concept de foi comme une réalité établie,
en s’appuyant sur des preuves linguistiques, des témoignages scripturaires et des
arguments rationnels qui en démontrent la validité :
* Premièrement : Les preuves linguistiques : Les linguistes s'accordent à dire que Le
verbe croire renvoie à la tranquillité et à la confiance issues de la croyance, qui
conduisent l'individu à devenir croyant.
Cependant, dans le Coran et la Sunna, le concept de foi englobe un ensemble de
qualités interdépendantes mais distinctes. Comprendre la foi nécessite donc de
mettre en lumière ces caractéristiques, qui apparaissent comme des synonymes dans
la structure cognitive du terme tout en lui donnant une signification complexe difficile
à séparer. Abou Hourayra - qu’Allah l’agrée - déclare que le Prophète - paix et salut
sur lui - a dit :« La foi comporte plus de soixante-dix ou soixante branches. La
meilleure d’entre elles est de dire : « Il n’y a de divinité digne d’adoration qu’Allah ». la
plus basse consiste à retirer un obstacle de la route, et la pudeur est une branche de
la foi. »- Rapporté par Muslim -
32

De nombreuses versets coraniques décrivent les attributs de la foi à travers ses effets
et ses manifestations dans la vie pratique, plutôt que de la définir de manière abstraite
ou purement rationnelle.
* Deuxièmement : Les références scripturaires : Les juristes ont défini la foi en disant :
« La foi est la croyance du cœur, l’attestation par la langue et l’action des membres. »
La croyance du cœur désigne une certitude fondée sur la connaissance et la
compréhension. Allah dit : « Ceux qui ont cru, et dont les cœurs se tranquillisent à
l'évocation d'Allah. N'est ce point par l'évocation d'Allah que se tranquillisent les
cœurs. » - AR-RA’D 28 -
La croyance du cœur englobe deux aspects :
* La croyance intellectuelle et cognitive, basée sur l’acceptation des faits.
* La croyance pratique, qui consiste à traduire cette acceptation en obéissance et en
engagement. Dans cette définition, la croyance du cœur équivaut à un engagement
certain, fruit d’une interaction entre l’intellect et l’émotion, car le cerveau et le cœur
entretiennent une relation étroite et réciproque où chacun influence l’autre.
Puisque la foi est une conviction intellectuelle, les plus savants sont aussi ceux qui
craignent le plus Allah. En effet, la connaissance constitue le fondement même de la
foi, qui repose sur cette base pour croître et évoluer. Plus une personne acquiert de
savoir, plus sa certitude en le Créateur s’approfondit, la rendant sincèrement croyante
et engagée selon les exigences de son savoir. Cela se manifeste par une crainte
respectueuse et visible dans son comportement. Al-Fayrouzabadi, - qu'Allah lui fasse
miséricorde,- a dit dans son lexique : « La crainte révérencielle est plus spécifique
que la peur. En effet, la crainte des savants envers Allah est une peur associée à la
connaissance. »
La foi sincère mène à une détermination à agir en accord avec la connaissance, et
non dans l'ignorance. Ainsi, l'engagement prend à la fois une forme intellectuelle et
pratique, avant de se diffuser et de se manifester dans les membres et les actions. On
peut donc définir la foi comme un comportement actif et objectif, et non comme un
repli sur soi-même ou un enfermement intérieur. Au contraire, la foi est une
expérience ouverte visant à faire émerger les effets de ses nobles qualités sur
l'individu et la société. Cela passe par l'effort pour utiliser les moyens disponibles et
par un bon confiance en Allah.
C'est pourquoi les savants de l'Islam ont unanimement affirmé : « Pas de foi sans
actes, et pas d'actes sans foi. » Ainsi, lorsque la foi se manifeste dans les actions, le
croyant atteint un niveau de conscience spirituelle. Ce chemin ne peut être emprunté
qu'à travers les bonnes actions, qui servent de pont entre la connaissance et la foi.
Allah, exalté soit-Il, dit :« Quiconque, mâle ou femelle, fait une bonne œuvre tout en
étant croyant, alors Nous lui ferons vivre une bonne vie. Et Nous les récompenserons,
certes, en fonction des meilleures de leurs actions.» - An-Nahl 97 -
Si le croyant réfléchit, croit et ne traduit pas sa foi par des actions concrètes, il
n'atteindra pas le niveau de foi qu'Allah, exalté soit-Il, attend de lui. En effet, le
comportement vertueux et les bonnes actions sont deux piliers fondamentaux de la
foi, sans lesquels elle ne peut exister. Les abandonner entraîne la chute du fondement
33

même de la foi. C'est pourquoi Allah, exalté soit-Il, a lié dans de nombreux passages
de Son Livre la foi et les bonnes actions. Il dit : Et exauce [les vœux] de ceux qui
croient et accomplissent les bonnes œuvres et leur accroît Sa faveur, tandis que les
mécréants ont un dur châtiment« . - Ach-Choura 26 -
Al-Ajourri Al-Baghdadi,- qu’Allah lui fasse miséricorde -, a dit : « Les croyants
n’entrent pas au Paradis par la seule foi. Allah a associé à celle-ci les bonnes actions
qu’Il leur a facilitées. Ainsi, la foi n’est complète pour personne tant qu’elle n’est pas
confirmée par le cœur, exprimée par la langue et traduite par les membres. » Quant à
l’imam Malik, - qu’Allah lui fasse miséricorde -, il a déclaré : « La foi consiste à
connaître la vérité, à la mettre en pratique et à viser la justesse dans les paroles et les
actes. »
* Les preuves discursives : La théologie dialectique repose sur des prémisses
rationnelles pour définir la foi, à l’instar d’autres concepts complexes à forte
dimension spirituelle. Cela a conduit à de vives controverses parmi les théologiens
des premiers siècles, centrées sur des questions clés liées à la foi. Ces débats
avaient pour objectif de clarifier les aspects obscurs de ce concept. Cependant, cette
approche a provoqué les premiers désaccords parmi les musulmans, les divisant en
différentes écoles et courants sur les dimensions doctrinales et conceptuelles de la
foi, qu’il s’agisse des écoles juridiques ou théologiques.
La foi a ainsi été réduite à des formulations intellectuelles et dogmatiques
transformant son essence en une idéologie fermée sur elle-même. Ce processus a
alimenté des conflits théologiques où chaque groupe a élaboré ses systèmes
cognitifs à partir de biais idéologiques spécifiques. Dès lors, la foi est devenue une
problématique centrale parmi les concepts théologiques, avec un champ sémantique
de plus en plus éclaté. Elle s’est imposée comme un des pivots fondamentaux de
l’appartenance dans le discours théologique. Cette dérive intellectuelle a détourné la
foi de sa fonction première, qui est d’être un comportement concret et une pratique
réelle. Il est donc impératif de libérer le concept de foi de son abstraction excessive,
résultat de la domination d’un formalisme logique, afin de le soustraire à l’impasse de
l’anxiété et du découragement. La foi ne doit pas devenir un simple prétexte ou un
justificatif constant pour les conflits politiques et sociaux.
* La conscience de la foi : D'un point de vue linguistique, les savants définissent la
conscience comme la compréhension et la perception. Cela se reflète dans le hadith
prophétique : « Qu’Allah illumine le visage de celui qui entend mes paroles et Il les
absorbe, » C’est-à-dire qui les comprend et en saisit le sens et la portée. La
compréhension et la perception se réalisent grâce à la capacité de l’esprit à cerner
une réalité et à en extraire la vérité. Sur le plan terminologique, la conscience est une
conviction intellectuelle découlant de l’état de perception dans lequel se trouve
l’esprit humain. Elle est interprétée comme une activité neuronale des cellules
cérébrales qui produit une perception représentant cette connaissance que l’être
humain acquiert au sujet de son existence, de ses actions et de ses pensées. Cette
conscience est une caractéristique propre à lui le distinguant des autres créatures.
Or, il est impossible de concevoir la foi comme un concept séparé de la conscience
34

ou sans son intervention, car elle représente une nécessité primordiale pour le
concept de foi, sa fonction et ses mécanismes d’action prennent forme permettant de
la transformer en certitude issue de l’unification de la raison et des émotions. Grâce à
cette synthèse entre l’intellect et le cœur, la conscience devient manifeste, faisant de
la foi et de la conscience deux pôles d’une même réalité. Dans cette polarité
réciproque, la conscience se révèle dans la foi tout comme la foi se manifeste dans la
conscience.
L’objectif de la conscience de la foi repose largement sur notre compréhension de la
mission de l’intendance sur Terre qui constitue l’une des plus grandes épreuves de
’humanité. Cette mission offre une opportunité précieuse pour libérer le concept de
foi de tout sectarisme et étroitesse d’esprit, permettant au croyant d’atteindre un
niveau de maturité et d’excellence dans ses comportements humains à tous les
niveaux : social, économique, politique, et autres. Allah dit: « Il y a parmi les gens
celui dont la parole sur la vie présente te plaît, et qui prend Allah à témoin de ce qu’il a
dans le cœur, tandis que c’est le plus acharné disputeur Et dès qu’il tourne le dos, il
parcourt la terre pour y semer le désordre et saccager culture et bétail. Et Allah
n’aime pas le désordre . » - Al-Baqara 204-205 -
Selon Fadala ibn Ubayd - qu’Allah soit satisfait de lui -, le Prophète - paix et salut sur
lui - a dit lors du pèlerinage d’adieu :« Voulez-vous que je vous parle du véritable
croyant ? C’est celui dont les gens se sentent en sécurité concernant leurs biens et
leur vie. Et le musulman est celui dont la langue et la main ne nuisent pas aux autres.
Le combattant dans le sentier d’Allah est celui qui lutte contre son propre ego pour
obéir à Allah, et l’émigré est celui qui abandonne les péchés et les fautes. »- relaté par
At-Tirmidhi - La conscience de la foi ne réside pas seulement dans les paroles et les
actes visibles, mais elle se manifeste également à travers les idées et les perceptions
du croyant concernant la sagesse de l'existence humaine. Ainsi, la foi n’a aucune
utilité si la pensée et les conceptions sont corrompues, car ces dernières constituent
le mécanisme cognitif qui façonne cette conscience. Par conséquent, une personne
religieuse qui adhère à la foi sans réelle compréhension peut être qualifiée de mal
pensée, offrant un modèle doctrinal superficiel, qui procure confort et apaisement
tout en évitant « la peine de penser », un effort pourtant essentiel pour la foi. Le Très-
Haut dit: « En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l’alternance de la
nuit et du jour, il y a certes des signes pour les doués d’intelligence,qui, debout, assis,
couchés sur leurs côtés, invoquent Allah et méditent sur la création des cieux et de la
terre (disant): “ Notre Seigneur! Tu n’as pas créé cela en vain. Gloire à Toi! Épargne-
nous du châtiment du Feu. » - Al-Imran 190-191 -
Ces versets montrent que la réflexion fondée sur des preuves rationnelles est une
condition préalable à la foi, permettant d’atteindre la certitude. Étant donné que les
preuves se renouvellent et évoluent, la foi se transforme également, dépassant les
conceptions traditionnelles figées qui privent l’individu de conscience cognitive et
morale dans le cadre de l’expérience humaine et de sa relation à la pensée.
La foi se nourrit donc d’une quête sincère de la connaissance. Le Très-Haut dit :«Les
vrais croyants sont ceux dont les cœurs frémissent quand on mentionne Allah. Et
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quand Ses versets leur sont récités, cela fait augmenter leur foi. Et ils placent leur
confiance en leur Seigneur.» - Al-Anfal 2 - Ce verset illustre que chaque fois qu’un
croyant réfléchit aux signes divins, sa connaissance de la grandeur du Créateur
augmente. Cette augmentation représente une élévation, un passage du moindre au
plus important, impliquant un développement, une transformation et un renforcement
de la foi. Ainsi, plus l’être humain contemple les signes d’Allah dans l’univers et en lui-
même, plus sa foi se renouvelle, s’enrichit et s’élève de mieux en mieux.
Le croyant est tenu de renouveler continuellement sa foi afin de la rectifier et de
l’approfondir, ce qui lui permet d’améliorer son comportement dans tous les aspects
de la vie, et ainsi de faire partie des pieux qui craignent leur Seigneur en secret et en
public. Le concept de renouvellement est souvent associé à des termes tels que
changement évolution et progrès. L’utilisation de ces mots reflète une même idée :
une démarche volontaire de réforme. Celle-ci doit être consciemment comprise
comme visant à corriger et améliorer les bases et fondements intellectuels existants,
en orientant, ajustant et développant les normes et critères qui guident l’élaboration
des pensées et des perceptions. Ces dernières se transforment ensuite en croyances
qui se manifestent dans les paroles et les actes.
Allah dit:« Nous leur montrerons Nos signes dans l’univers et en eux-mêmes jusqu’à
ce qu’il leur devienne évident que c’est cela la vérité. Ne suffit-il pas que ton Seigneur
soit témoin de toute chose ? » - Fussilat 53 - Ce verset élève la réflexion religieuse,
passant d’une simple croyance fondée sur des preuves du monde invisible à une foi
consolidée par des évidences perceptibles dans le monde visible. Cette transition
renforce la foi grâce à la compréhension des vérités révélées à travers les
phénomènes de l’univers et de l’être humain, en utilisant des preuves rationnelles.
Une telle transformation qualitative ne peut être réalisée qu’à travers une
connaissance objective, reposant sur les bases d’une méthode scientifique. Celle-ci
suppose que l’univers et ses éléments possèdent une existence indépendante
accessible aux sens et à l’analyse rationnelle, permettant d’expliquer la nature de ces
phénomènes, leurs composants, leurs lois et leurs fonctions. Cela en fait des sources
de savoir dont les indications sont indiscutables.
Le verbe « Nous leur montrerons », conjugué au futur il exprime une continuité
indiquant que toute avancée dans la connaissance humaine repose essentiellement
sur un effort intellectuel futur. Cela souligne que l’humanité est engagée dans un
rendez-vous constant et renouvelé avec Le Plus-Puissant, pour découvrir Ses signes
à travers une science et une connaissance en perpétuel développement. Ainsi, la
preuve manifeste et indépendante se dresse pour montrer que le mouvement de cet
univers est régi par des lois immuables et constantes. Elle est incluse dans toutes les
créatures. À titre d'exemple, sans s'y limiter, les sciences humaines expérimentales
ont témoigné de l'authenticité de la conscience de foi à la lumière des théories dont la
validité a été confirmée. Le Dr Jacob Hirsch de l'Université de Toronto au Canada a
affirmé que l'impact de la conscience de foi se manifeste clairement dans l'activité
neuronale du cortex cingulaire antérieur du cerveau humain. Cette région est
responsable des fonctions cognitives rationnelles, telles que la prise de décision, le
36

contrôle des émotions et des impulsions, ainsi que de la sensation d'anxiété et de
stress. Elle s'active particulièrement lorsque l'individu ressent une incertitude face à
un événement ou un doute quant à la véracité d'une situation. Cet état d'anxiété agit
alors comme un signal pour inciter le cerveau à repenser avec prudence afin de
maîtriser le doute.
De cette façon, l'étude a démontré que le niveau de conscience de foi est lié à
l'intensité de l'activité neuronale dans le cerveau. Cela signifie que la véritable foi
découle d'une réflexion constructive, basée sur des fondements rationnels que le
croyant sélectionne en fonction de sa conscience. Par conséquent, la foi devient une
idée essentielle intégrée dans son système de pensée, jouant un rôle actif dans la
manière dont il perçoit l'existence, soi-même et autrui.
Quatrièmement : La conscience du réel : Allah dit: « Je ne veux nullement faire ce que
je vous interdis. Je ne veux que la réforme, autant que je le puis. Et ma réussite ne
dépend que d’Allah. En Lui je place ma confiance, et c’est vers Lui que je reviens
repentant.  - Hud, 88 -
La majorité de nos problèmes, qu'ils soient individuels ou sociaux, découlent de notre
incapacité à évaluer correctement et objectivement la réalité. Il est évident que si une
personne ne comprend pas les causes et les raisons des événements, elle commettra
des erreurs de jugement et sera incapable de rectifier son chemin ou de réparer ses
fautes. Cela ne peut se produire que lorsque l'individu réexamine ses modes de
pensée et parvient à une vision claire et conforme à la réalité, permettant une
connaissance précise et exhaustive des défauts. Cela évite qu'ils ne s'aggravent ou
ne s'accumulent. Toute réforme est conditionnée par un renouveau qui, en essence,
est un état d'esprit. Celui-ci nécessite naturellement de changer et d’améliorer les
outils et les moyens de compréhension pour assimiler les vérités sous-jacentes qui
régissent la réalité, qu'elle soit subjective ou objective. C'est une exigence
indispensable pour corriger le réel.Dans le Coran, le terme "réforme" est
fréquemment associé à la foi, indiquant qu'il s'agit d'une démarche de renaissance et
de changement. En effet, il doit y avoir un lien organique entre la foi et la réforme. Le
point de départ de toute réforme globale réside dans la réforme de la foi, qui
transforme l'individu en profondeur. Cette transformation s'étend ensuite à la réalité
environnante.
Allah dit: « Ô enfants d’Adam. Si des Messagers [choisis] parmi vous viennent pour
vous réciter Mes versets, alors ceux qui acquièrent la piété et se réforment, n’auront
aucune crainte et ne seront point affligés. Et ceux qui traitent de mensonges Nos
versets et s’en écartent avec orgueil, sont les gens du Feu et ils y demeureront
éternellement. » - Al-A'raf 35-36 -
Les voies de la réforme sont les suivantes :
Premièrement : La réforme de soi : La pensée de l’être humain n’est pas indépendante
de sa foi ni de son mode de vie au contraire, elle y est étroitement liée, influençant
ces deux aspects et étant influencée par eux. Ainsi, la foi la plus digne est celle qui
offre au croyant une méthodologie réformatrice complète et globale, permettant de
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réaliser une conscience de foi issue de la compréhension du concept de croyance et
de sa mise en pratique. Cela repose sur les idées, les points de vue et les concepts
que le croyant développe à propos d’Allah et de tous les domaines de l’existence.
Cependant, cette conscience peut être faussée si elle découle de la croyance en une
idée erronée, où les pensées ne sont ni réellement ni logiquement ni
émotionnellement intégrées dans l’esprit. Rien n’est plus précieux que la certitude,
car c’est grâce à elle que le croyant passe du simple niveau de compréhension et
d’appréciation à une expérience de guidance et de sérénité. L’invisible devient alors
visible, et les liens subtils entre ce que l’individu perçoit et ressent et le Créateur
suprême apparaissent clairement, grâce à l’évocation constante de Sa grandeur et de
Son pouvoir absolu. Cela élève les sentiments au-dessus des bassesses et inspire
une exaltation spirituelle. Le Tout-Puissant dit: « Ceux qui croient et font de bonnes
œuvres, auront le plus grand bien et aussi le plus bon retour. » Ar-Ra'd 29 -
La raison de cet apaisement, c’est-à-dire de cette stabilité psychologique, réside
dans la conscience de foi qui permet au croyant de vivre dans un cadre complexe et
englobant, reliant tous les aspects de l’existence : origine, but et lois qui y prévalent
Cette conscience inclut une compréhension véritable de la vie terrestre, cohérente
avec ce qu’il perçoit et ressent dans une harmonie intellectuelle et spirituelle.
Deuxièmement : Réformer la réalité : La conscience de foi se développe à mesure que
s'élargissent les horizons intellectuels, point de départ et fondement essentiel du
changement. Grâce à cette conscience, l’Homme réalise son humanité et sa moralité
par son libre arbitre, sans contrainte ni coercition. Cela génère en lui une valeur
morale et un sens de responsabilité envers lui-même et la société. Cette
transformation repose sur une participation intellectuelle et comportementale active,
caractéristique essentielle du croyant sincère. Pour ce dernier, après avoir corrigé sa
propre personne, son objectif devient la réforme de la société et sa libération de
l’arriération et de l’inertie, afin de lui permettre de trouver sa place parmi les nations.
Cela exige de concentrer ses efforts sur l’amélioration des conditions individuelles,
tant au niveau intellectuel et comportemental qu’économique et social, afin de sortir
les membres de la communauté de toute forme de faiblesse et de retard. L’objectif
ultime est de parvenir à un état de succession légitime sur terre, conduisant à la vertu
et à l’excellence. Allah dit: « Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir
pour les Hommes vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez à
Allah. » - Al-‘Imrân 110 -
La vertu d’être « la meilleure communauté » n’est pas un privilège accordé sans
conditions ou efforts. Il s’agit d’une relation méritocratique basée sur la recherche de
la réforme. Cette supériorité ne découle pas d’une prédisposition innée ou naturelle
mais des qualités énoncées dans le verset. Si ces conditions ne sont pas respectées
et traduites en réalité, l’appartenance seule ne suffit pas à changer la vérité de la
situation. La vertu de la communauté ne s’affirme pas par des revendications, mais
s’acquiert par des efforts déterminés.
Un point notable dans ce verset est l’ordre des conditions : l’ordonnance du bien et
l’interdiction du mal sont mentionnées avant la foi en Allah. Intuitivement, la foi devrait
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venir en premier comme fondement, tandis que les deux autres qualités apparaîtraient
comme des conséquences Tahar Ben Achour,- qu’Allah lui fasse miséricorde -,
explique dans son exégèse que cette inversion souligne l’importance, et la priorité de
l’ordonnance du bien et de l’interdiction du mal dans ce contexte. Cela illustre un
principe rhétorique selon lequel ce qui est mentionné en premier dans un texte l’est
en raison de son importance et de sa supériorité.
De manière plus précise et claire, ordonner le bien et interdire le mal doivent être
pratiqués en tant qu’actes d’obéissance à Allah, témoignant de la sincérité de ta foi
sans les associer à aucun intérêt ou avantage matériel. Or cela exigent une lutte
intérieure et un effort constant, dictés par la volonté et la détermination. L’ampleur
des efforts et des sacrifices consentis pour promouvoir l’intérêt général et éviter le
préjudice est essentielle à la réalisation de la vertu, fondée sur l’humanité. Lorsqu’ils
sont accompagnés de foi, ces actes permettent d’atteindre une vertu ancrée dans
une dimension à la fois spirituelle et humaine. C’est ainsi que le croyant se distingue
et surpasse les autres, car il accomplit son devoir sans rechercher un quelconque
bénéfice personnel ou récompense en retour. Allah dit: « Écarte - toi donc, de celui
qui tourne le dos à Notre rappel et qui ne désire que la vie présente.Voilà toute la
portée de leur savoir. Certes ton Seigneur connaît parfaitement celui qui s’égare de
Son chemin et Il connaît parfaitement qui est bien guidé. » - An-Najm 29-30 -
Il est inconcevable que les gens répondent à l’appel de la vérité et appliquent cette
religion à eux-mêmes, alors qu’ils observent l’état de délabrement de la communauté
musulmane: retard, désunion, déclin des valeurs, faiblesse des ambitions domination
de l’injustice, propagation de la corruption et effusion du sang des innocents. C’est en
réformant la condition des musulmans que les individus seront attirés par l’Islam,
l’appliqueront à leur propre vie et encourageront d’autres, proches ou éloignés, à en
faire de même.
Tenter d’élargir l’adhésion à l’Islam sans établir une base solide revient à souffler sur
des cendres ou à produire une écume qui disparaît sans effet. Par conséquent, si
nous souhaitons inviter les autres à l’Islam, nous devons d’abord nous libérer de cette
réalité dégradante qui constitue un obstacle majeur à la diffusion du message. Une
société prospère, culturellement avancée et socialement forte attire l’attention impose
ses idées et incite les autres à l’imiter. Si nous voulons que l’Islam soit efficace, il doit
s’appuyer sur toutes ces enseignements de la réforme qui caractérisent une humanité
civilisée. Ces composantes doivent établir un lien organique avec l’aspect humain de
la foi garantissant ainsi un véritable impact spirituel et sociétal.
Pour comprendre le renouvellement de la réalité dans notre époque, il faut l’envisager
comme une méthodologie avant de le concevoir comme un résultat. En effet, la
méthode de réflexion joue un rôle déterminant dans la nature de la réforme
envisagée. Ainsi, il est primordial de commencer par l’éducation de l’individu, car il
constitue le noyau essentiel du changement et de l’élévation de la communauté.
Construire un individu actif, capable de contribuer à une société meilleure, nécessite
de développer sa manière de penser et de l’habituer à une réflexion saine, afin de
briser les barrières de l’ignorance, de l’imitation et de la tutelle intellectuelle.
39

L’outil le plus efficace pour surmonter ces obstacles est une prise de conscience
profonde, à la fois personnelle et objective, de la réalité. Voici cinq orientations
fondamentales pour entamer la réforme de soi :
* L’autocritique : Elle est essentielle dans le domaine de la foi et constitue l’un des
piliers de la solidité spirituelle de l’individu. Le croyant doit examiner avec soin la
source de ses croyances et comportements, afin d’évaluer sa propre personne avec
sagesse et réflexion. Cela lui permet de corriger ses erreurs et de les maîtriser. En
s’imposant une surveillance intérieure, il apprend à se juger, ce qui lui facilite la
transformation de ses pensées et convictions négatives en éléments positifs. Ce
processus passe par la révision de ses actions, de ses idées et de ses aspirations,
pour parvenir à une vision claire de sa foi et amorcer ainsi un véritable mouvement de
réforme personnelle. Thâbit ibn Al-Hajjâj- qu’Allah soit satisfait de lui – rapporte
qu'Omar ibn Al-Khattâb - qu'Allah l’garée -a dit : « Faites le bilan de vous-mêmes
avant qu'on ne vous le demande, et pesez vos actions avant qu'elles ne soient
pesées. Il sera plus facile pour vous demain de rendre des comptes si vous
commencez aujourd’hui à vous évaluer. Et préparez-vous pour la grande
présentation. Puis il réciter le verset suivent: "Ce jour-là, vous serez exposés, et rien
de ce que vous êtes ne pourra être caché." » - Al-Hâqqah 18 -
* Développer la connaissance : Il est essentiel de travailler continuellement à acquérir
de nouvelles connaissances, dans le but d’améliorer les compétences intellectuelles
et d’élever la foi. Cela exige du croyant qu’il pense comme un Homme d’action et qu’il
agisse comme un homme de réflexion. En effet, la vraie connaissance façonne,
développe et renforce la conscience spirituelle, rendant sa mise en pratique à la fois
agréable et aisée. Le croyant sera plus en phase avec lui-même s’il comprend que
l’objectif de la connaissance est de briser les barrières, et non de les construire. Allah
dit dans le Coran :« Allah veut pour vous la facilité, Il ne veut pas pour vous la
difficulté » - Al-Baqara 185 -
* L’audace : constitue une étape majeure pour corriger et développer les idées. Il est
impératif de défier les erreurs et de ne pas s’arrêter face aux obstacles qui se
dressent sur notre chemin, afin de rectifier notre trajectoire de foi. En effet, nous
sommes les seuls à contrôler et à être responsables de nos pensées. Le Prophète -
paix et salut sur lui - a dit : « Le croyant fort est meilleur et plus aimé d’Allah que le
croyant faible, et il y a du bien dans les deux. Efforce-toi de rechercher ce qui te
profite, demande l’aide d’Allah et ne faiblis pas. Si un malheur t’atteint, ne dis pas : Si
seulement j’avais fait ceci ou cela, il en aurait été autrement. Mais dis : "C’est le
décret d’Allah, et ce qu’Il veut, Il le fait, car "si" ouvre la porte aux œuvres du diable »
- Rapporté par Muslim -
* Évite la mentalité de troupeau : L'absence de volonté et la faiblesse de la
détermination mènent à l’installation de barrières internes dues à la soumission à des
pensées imposées. L’esprit devient alors dépendant de modèles de réflexion
préexistants, nécessitant constamment de suivre une approche dictée. Pourtant,
libérer et développer sa pensée n’est pas une aptitude naturelle, mais le fruit d’une
volonté sincère et d’une forte détermination propres à l’esprit humain. Ce qui importe
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le plus, c’est la manière de penser, car elle est le véritable indicateur de la profondeur
de la foi. Le Prophète - paix et salut sur lui - a dit :« Ne soyez pas des des Hommes
sans caractère qui disent : Si les gens font le bien, nous faisons le bien, et s’ils
commettent l’injustice, nous faisons de même."Mais soyez fermes : si les gens
agissent bien, agissez bien, et s’ils agissent mal, ne soyez pas injustes » - rapporté
par At-Tirmidhi -
Élévation de l’âme : Le croyant doit cultiver la dignité sans arrogance, s’éloigner des
bassesses et viser des objectifs nobles. L’élévation de l’âme repose sur une
conviction profonde en la justesse des idées, le respect des valeurs vertueuses et des
principes honorables, tout en s’efforçant d’acquérir des qualités spirituelles avec
clarté et savoir. Il convient d’éviter de gaspiller ses énergies intellectuelles dans des
futilités, car lorsqu’une aspiration est noble, tout ce qui en découle s’améliore
également. Allah dit : «Et quand ils entendent des futilités, ils s’en détournent et disent
A nous nos actions, et à vous les vôtres. Paix sur vous. Nous ne recherchons pas les
ignorants. »- Al-Qasas 55 -
* L'autocensure : Il est indéniable que toute pensée est liée au contexte dans lequel
elle émerge, illustrant la dialectique entre l’idée et la réalité. Toute connaissance
répond à une problématique ; rien ne se développe spontanément sans un effort de
réflexion. La pensée, fruit de processus mentaux, engendre une conscience
spirituelle qui constitue la voie la plus sûre vers une foi véritable. Cette foi se forge
grâce aux efforts du croyant et à l’harmonie entre croyance et raison, devenant ainsi
une base solide enracinée dans son être, fondée sur la liberté de choix.
Dans un hadith, le Prophète - paix et salut sur lui - a dit :« Consulte ton cœur. Le bien
est ce qui apaise l’âme et le cœur, et le péché est ce qui tourmente l’âme et provoque
une hésitation dans la poitrine, même si les gens te donnent des avis contraires » -
Rapporté par Ahmad - Ce hadith souligne que le croyant éclairé et doté d’une raison
saine ne doit pas adopter une croyance s’il ne ressent pas de sérénité intellectuelle et
émotionnelle. Allah dit : «Ceux qui pratiquent la piété, lorsqu’une suggestion du Diable
(Satan) les touche se rappellent [du châtiment d’Allah], et les voilà redevenus
clairvoyants. » - AL-A’RÂF 201 -
l'autocensure doit être fondée sur des critères rationnels et éthiques, et non sur des
impulsions, des préjugés, des caprices ou des réactions aléatoires. Le croyant doit
donc soigneusement sélectionner ses idées, car elles sont la preuve éclatante de la
sincérité de sa conscience spirituelle. Cette conscience représente l’ultime référence
démontrant la justesse de son raisonnement et la clarté de sa compréhension. Les
idées rationnelles sont une force qui assure leur pérennité et leur pertinence, tandis
que les idées erronées s’effondrent rapidement, bien qu’elles puissent sembler
solides et imposantes aux ignorants. En réalité, elles sont aussi fragiles qu’une toile
d’araignée. Allah dit :Il a fait descendre une eau du ciel à laquelle des vallées servent
de lit, selon leur grandeur. Le flot débordé à charrié une écume flottante; et semblable
à celle-ci est [l’] écume provenant de ce qu’on porte à fusion, dans le feu pour
[fabriquer] des bijoux et des ustensiles. Ainsi, Allah représente en parabole la Vérité
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et le Faux : l’écume [du torrent et du métal fondu] s’en va au rebut, tandis que [l’eau et
les objets] utiles aux hommes demeurent sur la terre. Ainsi, Allah propose des
paraboles. » - Ar-Ra'd 17 -
Cette recherche a était accomplie par la grâce et le soutien d’ Allah Le Très-Haut

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