Livret numérique ceser

olivierryckewaert 5,468 views 146 slides Nov 04, 2013
Slide 1
Slide 1 of 202
Slide 1
1
Slide 2
2
Slide 3
3
Slide 4
4
Slide 5
5
Slide 6
6
Slide 7
7
Slide 8
8
Slide 9
9
Slide 10
10
Slide 11
11
Slide 12
12
Slide 13
13
Slide 14
14
Slide 15
15
Slide 16
16
Slide 17
17
Slide 18
18
Slide 19
19
Slide 20
20
Slide 21
21
Slide 22
22
Slide 23
23
Slide 24
24
Slide 25
25
Slide 26
26
Slide 27
27
Slide 28
28
Slide 29
29
Slide 30
30
Slide 31
31
Slide 32
32
Slide 33
33
Slide 34
34
Slide 35
35
Slide 36
36
Slide 37
37
Slide 38
38
Slide 39
39
Slide 40
40
Slide 41
41
Slide 42
42
Slide 43
43
Slide 44
44
Slide 45
45
Slide 46
46
Slide 47
47
Slide 48
48
Slide 49
49
Slide 50
50
Slide 51
51
Slide 52
52
Slide 53
53
Slide 54
54
Slide 55
55
Slide 56
56
Slide 57
57
Slide 58
58
Slide 59
59
Slide 60
60
Slide 61
61
Slide 62
62
Slide 63
63
Slide 64
64
Slide 65
65
Slide 66
66
Slide 67
67
Slide 68
68
Slide 69
69
Slide 70
70
Slide 71
71
Slide 72
72
Slide 73
73
Slide 74
74
Slide 75
75
Slide 76
76
Slide 77
77
Slide 78
78
Slide 79
79
Slide 80
80
Slide 81
81
Slide 82
82
Slide 83
83
Slide 84
84
Slide 85
85
Slide 86
86
Slide 87
87
Slide 88
88
Slide 89
89
Slide 90
90
Slide 91
91
Slide 92
92
Slide 93
93
Slide 94
94
Slide 95
95
Slide 96
96
Slide 97
97
Slide 98
98
Slide 99
99
Slide 100
100
Slide 101
101
Slide 102
102
Slide 103
103
Slide 104
104
Slide 105
105
Slide 106
106
Slide 107
107
Slide 108
108
Slide 109
109
Slide 110
110
Slide 111
111
Slide 112
112
Slide 113
113
Slide 114
114
Slide 115
115
Slide 116
116
Slide 117
117
Slide 118
118
Slide 119
119
Slide 120
120
Slide 121
121
Slide 122
122
Slide 123
123
Slide 124
124
Slide 125
125
Slide 126
126
Slide 127
127
Slide 128
128
Slide 129
129
Slide 130
130
Slide 131
131
Slide 132
132
Slide 133
133
Slide 134
134
Slide 135
135
Slide 136
136
Slide 137
137
Slide 138
138
Slide 139
139
Slide 140
140
Slide 141
141
Slide 142
142
Slide 143
143
Slide 144
144
Slide 145
145
Slide 146
146
Slide 147
147
Slide 148
148
Slide 149
149
Slide 150
150
Slide 151
151
Slide 152
152
Slide 153
153
Slide 154
154
Slide 155
155
Slide 156
156
Slide 157
157
Slide 158
158
Slide 159
159
Slide 160
160
Slide 161
161
Slide 162
162
Slide 163
163
Slide 164
164
Slide 165
165
Slide 166
166
Slide 167
167
Slide 168
168
Slide 169
169
Slide 170
170
Slide 171
171
Slide 172
172
Slide 173
173
Slide 174
174
Slide 175
175
Slide 176
176
Slide 177
177
Slide 178
178
Slide 179
179
Slide 180
180
Slide 181
181
Slide 182
182
Slide 183
183
Slide 184
184
Slide 185
185
Slide 186
186
Slide 187
187
Slide 188
188
Slide 189
189
Slide 190
190
Slide 191
191
Slide 192
192
Slide 193
193
Slide 194
194
Slide 195
195
Slide 196
196
Slide 197
197
Slide 198
198
Slide 199
199
Slide 200
200
Slide 201
201
Slide 202
202

About This Presentation

No description available for this slideshow.


Slide Content

La transformation
de la sociétépar
le numérique
CESER groupe de travail mutations – 13 mars 2013
Combien ? 2
A faire quoi ? 8
Une typologie du web 2.0 13
Mais surtout… 24
Génération Y 29
Une réalité à tempérer… 43
…mais une réalité 50
Les raisons  58
Internet c’est cool 62
On y obtient des choses impossibles autrement 79
On doit rester à la page 93
Il faut maîtriser Internet,  106
Ce que ça change 118
C’est un point important 127
Cyborgs 141
Amateurs 158
Et demain ? 189
Et souvenez vous 199

2
Combien ?
Il y a plus d’un milliard d’ordinateurs connectés à Internet dans le
monde, et autant de smartphones, pour plus de 5 milliards
d’appareils en tout.
En France, le taux d’équipement avant 40 ans s’approche du 100%.
Au total il est de 74 %.

3
pcinpact.com
by NI L S ANYAS
L’ARCEP et le CGIET (Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des
technologies) ont récemment publié les résultats de leur enquête réalisée
en face-à-face en juin dernier auprès de 2230 personnes âgées de 12 ans et
plus. Ce sondage a porté notamment sur le taux de connectés à Internet, le
pourcentage d’utilisateurs de la téléphonie fixe via les box Internet, ou encore les
parts des ménages équipés d’ordinateurs.Donnée intéressante, les résultats sont la plupart
du temps précisés par tranche d’âges, et sans surprise, les différences entre les plus jeunes et les
plus anciens sont importantes.
Depuis cette année, comme le montre le graphique ci-dessus, plus de la moitié de la population
française (29 millions de personnes) a accès à la téléphonie fixe via leur réseau internet haut débit
(ADSL, câble ou fibre optique).
L’Autorité précise que « 72 % des 12-17 ans téléphonent par une box, contre 18 % des plus âgés, soit
un écart de 1 à 4 ». Une différence qui s’explique par le plus faible taux de connectés chez les
séniors, mais aussi, quand ils sont connectés, par le faible nombre d’abonnés au double ou
triple-play.
Ces différences se retrouvent en partie du côté des équipements d’ordinateurs. En effet, si
l’enquête montre que 76 % des sondés disposent au moins d’un ordinateur à domicile en 2010
(contre 66 % en 2007), elle nous apprend aussi que 27 % des personnes interrogées ont plusieurs
ordinateurs. Or ce nombre atteint 55 % dès lors que l’on s’intéresse aux 12-17 ans.
99 % des ados sont connectés à Internet en France — www.pcinpact.c... http://www.readability.com/article s/gx85etpn
1 sur 4 14/03/2013 17:09

4
Cela prouve, si certains en doutaient encore, que les plus jeunes sont plus que jamais équipés et à
jour techniquement.
Les jeunes français quasiment tous connectés
Sans surprise, ces données sur la téléphonie par box et sur l’équipement en ordinateurs sont
confirmées du côté d’Internet. Les statistiques sont mêmes impressionnantes. Ainsi, comme le
graphique ci-dessous le montre, 99 % des 12-17 ans utilisent Internet chez eux, à l’école ou ailleurs
(peu importe l’endroit), contre 93 % des 18-39 ans, 77 % des 40-59 ans, 52 % des 60-69 ans et
surtout 20 % des 70 ans et plus.
En moyenne, 74 % des sondés ont accès à Internet, dont 70 % en haut débit. La plupart ont un
accès au domicile, mais le lieu de travail (ou d’études) demeure toujours important (chiffres
stables depuis 3 ans), tandis que les cybercafés et les bibliothèques gardent toujours une certaine
part d’utilisation, avec une réelle stabilité depuis plusieurs années.
99 % des ados sont connectés à Internet en France — www.pcinpact.c... http://www.readability.com/article s/gx85etpn
2 sur 4 14/03/2013 17:09

5
Outre l’explosion des connexions à domicile (de 37 à 68 % en 5 ans), on remarque bien sûr celle
des connexions via téléphones mobiles, qui, avec 12 % des sondés, devraient surpasser les
cybercafés et les bibliothèques dès l’an prochain.
Réseau mobile : vivement la 4G
Au sujet de l’internet via réseau mobile justement, l’enquête montre que tout n’est pas parfait, loin
de là. La moitié des utilisateurs se plaignent ainsi régulièrement de la vitesse de ce type de réseau
(graphique de gauche), particulièrement ceux vivant dans des villes petites et moyennes
(graphique de droite).
Quels sont les freins à l'adoption d'Internet ?
Enfin, pour revenir à Internet dans sa globalité, le sondage revient sur ceux ne souhaitant pas s’y
abonner et l’utiliser, et explique leurs raisons. Si les coûts ou encore la « complexité » d’Internet ne
sont pas les freins principaux à l’utilisation du Net, deux raisons sortent du lot : 29 % ont ainsi
répondu que « les données personnelles ne sont pas suffisamment protégées sur Internet » (contre
20 % en 2008), et 26 % qu’ « Internet n’est pas utile pour la vie quotidienne » (contre 18 % en
2007).
Si la première raison n’est pas étonnante, tant ce type de sujet fait régulièrement la Une des
quotidiens nationaux, notamment depuis l’explosion de Facebook, la seconde, si elle est
compréhensible, ne devrait pas se retrouver à un niveau si élevé, alors que les services sur Internet
sont de plus en plus nombreux.
99 % des ados sont connectés à Internet en France — www.pcinpact.c... http://www.readability.com/article s/gx85etpn
3 sur 4 14/03/2013 17:09

6
archives-lepost.huffingtonpost.fr
by C O C K PI T • S EPT . 15, 2 010
Web
15/09/2010 à 13h09 - mis à jour le 15/09/2010 à 16h28 | - vues | - réactions
Ordinateur, web (image d'illustration) | Max PPP
PC, serveurs, téléphones, téléviseurs, tablettes, cadres photos numériques livres électroniques
ou voitures, il y a aujourd’hui 5 milliards d’équipements connectés à Internet d’après une étude d’
IMS Research et rapportée par Le Monde Informatique. Et plus de 20 milliards sont envisagés en
2020.
Ce sont les téléphones mobiles et l'électronique grand public qui engendreront cette
croissance et surtout les solutions de surveillance, de sécurité, de contrôle et tous leurs capteurs
associés. Dans 10 ans, les 2,5 milliards de télévisions actuelles auront été majoritairement
remplacées par des appareils connectés. Et l’accès Internet embarqué sera en série pour la plupart
du milliard de voitures. La population mondiale approche les 7 milliards de personnes, mais la
concentration des équipements se trouve essentiellement dans les pays industrialisés où une
personne peut disposer de plusieurs équipements.
Combien y-a-t-il d’appareils connectés à Internet dans le monde? — arc... http://www.readability.com/art icles/mwjtulfg
1 sur 2 14/03/2013 17:10

7
Une chose est sure, c’est notre dépendance croissante au réseau Internet. Charlie Miller, ancien
de la NSA (organisme de surveillance aux USA), affirme avoir travaillé en conditions réelles pour
expliquer que 2 ans de préparation et 100 millions de dollars permettraient de paralyser
entièrement les Etats-Unis.
Et si la réalité dépassait la fiction ? Plus nombreuses que les humains, toutes ces machines
connectées en elles pourraient-elles se soulever contre nous ?
L’auteur
cockpit
inscrit depuis le 10/08/2009
cockpit le 20/09/2010 à 00:34
C'est Core-ément très inquiétant, en effet !
Paniquement vôtre
cockpit le 20/09/2010 à 00:29
C'est fort probable,oui...
cockpit le 20/09/2010 à 00:28
... et si on sait encore s'en servir !
Envie de réagir à ce post par une photo, une vidéo ou un autre post ?
Ecrivez un post en réponse !
Original URL:
http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/09/15/2222404_combien-
d-appareils-connectes-a-internet.html
Combien y-a-t-il d’appareils connectés à Internet dans le monde? — arc... http://www.readability.com/art icles/mwjtulfg
2 sur 2 14/03/2013 17:10

8
A faire quoi ?
1 milliard d’inscrits à
Facebook, 500 millions à
Twitter
4 milliards de vidéo vues
chaque jour sur Youtube
3150 milliards de
requêtes sur Google par
an
Un utilisateur moyen de
Facebook y passe 6h45
par mois.

9
blogdumoderateur.com
L’heure est aux traditionnels bilans de fin d’année ! Même si elle n’est pas encore tout à fait
terminée, on peut dire que 2012 aura été une année plutôt riche en ce qui concerne les média
sociaux : le milliardième membre sur Facebook, la montée en puissance de Pinterest, les levées de
fonds toujours plus énormes… Les chiffres traduisent l’engouement pour les médias sociaux, dont
l’usage ne faiblit pas.
Mais que faut-il retenir de cette année 2012 ? Nous avons compilé ici 50 chiffres marquants, qui
résument bien ce qu’il s’est passé sur les médias sociaux au cours des 12 derniers mois. En
attendant 2013…
Facebook
Un milliard : le nombre de membres sur Facebook, qui a passé ce cap le 4 octobre
En France, le nombre d’utilisateurs s’élève à 25 millions
Les utilisateurs de Facebook mobile sont 488 millions
38 dollars : le montant de l’action Facebook lors de l’entrée en bourse du réseau social en
mai dernier
Le nombre de faux comptes Facebook, de l’aveu même du réseau social : 8,7 % du total tout
de même…
Dans le même ordre d’idée, le nombre de pages Facebook inactives s’élève à 70%
130 : le nombre moyen d’amis sur Facebook par utilisateur
Barack Obama est le détenteur de la photo la plus « aimée », avec 4,4 millions de like sur la
fameuse photo « 4 more years » du soir de réélection
92% des parents présents sur Facebook sont « amis » avec leurs enfants
40 : le nombre de carrés de la discorde, l’affaire de l’année sur les pages Facebook
francophones
16% : le nombre de fans d’une page voyant effectivement les actualités… Enfin, avant les
modifications récentes de l’Edge Rank
Les membres de Facebook y passent en moyenne 6,75 heures par mois
25% des utilisateurs de Facebook ne font absolument rien pour gérer leurs paramètres de
confidentialité
2,5 millions de « promoted posts » ont été publiées par 300 000 pages depuis leur
lancement en juin dernier
Twitter
Les 50 chiffres à connaître sur les médias sociaux en 2012 — www.blo... http://www.readability.com/artic les/cbyccium
1 sur 2 14/03/2013 17:11

10
Youtube
4 millions de vidéos sont vues chaque jour
935 millions : le nombre de vues de la vidéo Gangnam style aujourd’hui… Le milliard
approche.
Youtube a fêté ses 7 ans en mai 2012
72 heures de vidéos sont uploadées chaque minute sur Youtube
700 vidéos Youtube sont partagées sur Twitter toutes les minutes
En moyenne, un visiteur de Youtube y passe 15 minutes par jour
Google Plus
Le réseau social vient de passer le cap des 500 millions de membres inscrits
Parmi ceux-ci, 135 millions sont considérés comme actifs directement sur le site
Chaque mois, il y a 14 millions de membres actifs supplémentaires sur Google+
En moyenne, les membres passent 3 minutes par mois sur le réseau social
Le bouton +1 est utilisé 5 millions de fois par jour
Pinterest
Le nombre d’utilisateurs de Pinterest s’élève à 20 millions
2 702 % : c’est la croissance enregistrée par Pinterest en termes de visiteurs uniques depuis
mai 2011
68% des utilisateurs de Pinterest sont des femmes
75% des pins sont en fait des « repins » (des partages de photos déjà issues de Pinterest)
En moyenne, les membres de Pinterest y consacrent 1,5 heures par mois
380% : l’augmentation du partage de contenus via Pinterest cette année
Instagram
Et enfin, le dernier chiffre :
Original URL:
http://www.blogdumoderateur.com/les-50-chiffres-des-medias-sociaux-en-2012/
Les 50 chiffres à connaître sur les médias sociaux en 2012 — www.blo... http://www.readability.com/artic les/cbyccium
2 sur 2 14/03/2013 17:11

11

12

13
Une typologie du web 2.0
Au-delà des grandes marques du web,
existent une multitude de lieux
d’échanges, qui structurent le temps
passé sur le web.
Les réseaux sociaux représentent en
moyenne 22% du temps sur Internet.

14
toile-filante.com
by S I M O N • M ARC H 1, 2 012
Voici u n e in fog r a ph ie bien in t er essa n t e, qu e n ou s a ppr en d-elle ?
On pa sse en m oy en n e 1 6 h pa r m ois su r le n et … ok, ceu x qu i lisen t ceci doiv en t ex ploser les scor es, ce n ’est qu ’u n e
m oy en n e.
La Fr a n ce est 3 èm e a u cla ssem en t des pa y s les plu s con n ect és dev a n t les Et a t s-Un is et en cor e plu s su r pr en a n t
dev a n t le J a pon !
Les m édia socia u x n ou s pr en n en t pr ès d’u n qu a r t de n ot r e t em ps.
Et bien en t en du qu e Goog le et Fa cebook r èg n en t en ma it r es.
… et qu e A OL est en cor e v iv a n t (!)
Infographie : Le temps passé sur Internet — www.toile-filante.com — ... http://www.readability.com/articl es/8rn0y7ob
1 sur 5 14/03/2013 17:16

15
Infographie : Le temps passé sur Internet — www.toile-filante.com — ... http://www.readability.com/articl es/8rn0y7ob
2 sur 5 14/03/2013 17:16

16
Infographie : Le temps passé sur Internet — www.toile-filante.com — ... http://www.readability.com/articl es/8rn0y7ob
3 sur 5 14/03/2013 17:16

17
Mot s cl ef s a y a n t m en é à cet a rt i cl e :
t em ps pa ssé su r in t er n et
t em ps pa ssé su r in t er n et 2 01 2
in fog r a ph ie w eb 2 01 2
t em ps pa ssé su r in t er n et pa r jou r
Infographie : Le temps passé sur Internet — www.toile-filante.com — ... http://www.readability.com/articl es/8rn0y7ob
4 sur 5 14/03/2013 17:16

18
mediassociaux.fr
by FRÉD ÉRI C CAVAZZA • FEB. 2 0, 2 012
(The english version of this article is here: Social Media Landscape 2012)
Il y a quelques années une analyste disait que dans cinq ans, les médias sociaux seront comme l’air
(omniprésents). Nous sommes en 2012 et les médias sociaux n’ont jamais occupé une
place aussi importante sur le web, à tel point que l’on en vient à se demander dans quelle
mesure il est encore pertinent de dissocier les médias sociaux et le web. Pourtant, si l’on s’en tient à
la définition que j’ai donnée (“Les médias sociaux désignent un ensemble de services permettant de
développer des conversations et des interactions sociales sur internet ou en situation de mobilité”),
il existe bien une différence entre un site web classique et les médias sociaux, surtout si l’on étudie
de plus près les différents types de médias sociaux. J’insiste sur le fait que c’est bien un panorama
des médias sociaux, et non des réseaux sociaux, car je croise encore beaucoup trop d’interlocuteurs
qui confondent les deux. Bref, les médias sociaux sont devenus incontournables, vous avez donc
l’obligation d’être incollable à ce sujet.
Comme chaque année depuis quatre ans (2008, 2009 et 2011), je vous propose donc un panorama
des médias sociaux pour y voir plus clair sur les différents acteurs en présence et le rôle qu’ils
occupent.
Év olu t ion de m on pa n or a m a des m édia s socia u x
Après une période de flou en 2010 où j’ai été incapable de produire un panorama cohérent, la
dernière version proposait un découpage en sept grandes familles d’usage avec une position
centrale pour Facebook et Twitter. Dans la version 2012 de mon panorama, je vous
propose une configuration assez proche avec de nouveaux acteurs, mais qui
généralise les conversations et qui tient compte des terminaux mobiles.
Panorama des médias sociaux 2012 — www.mediassociaux.fr — Read... http://www.readability.com/articles/zc j1x1qc
1 sur 4 14/03/2013 17:16

19
La n ou v elle v er sion du pa n or a m a des m édia s socia u x
Un écosystème toujours aussi dense
Dans cette nouvelle version, nous retrouvons un ensemble d’acteurs permettant de développer des
conversations et des interactions sociales, aussi bien sur les ordinateurs que sur les terminaux
mobiles (smartphones et tablettes) ou
alternatifs (TV connectées, consoles next-gen…). Bien que
le schéma utilise des camemberts et strates pour faciliter la lecture, les médias sociaux forment un
écosystème dense où les acteurs vivent en symbiose : s’ils ont tendance à se chevaucher, ils
cohabitent plutôt bien, et nous ne sommes pas dans une configuration de marché où le
plus gros poisson mange les plus petits (si vous voyez à qui je veux faire allusion).
Nous retrouvons ainsi au centre de ce schéma trois acteurs qui proposent une large palette de
fonctionnalités (Facebook, Twitter et Google+). S’il est théoriquement possible de publier / jouer /
partager / rencontrer / acheter / localiser sur ces trois plateformes, elles fonctionnent plus comme
des réceptacles ou des relais de l’activité des internautes qui exploitent en moyenne trois
plateformes.
Google+ est donc le nouvel entrant dans le cercle central, je me suis déjà expliqué à ce
sujet (Pourquoi le succès de Google+ est assuré). Comme précisé plus haut, je ne crois pas
réellement à un scénario où Facebook mange les deux autres, mais plus à une orientation
fonctionnelle de ces services : Twitter pour s’informer et découvrir de nouvelles choses, Google+
pour gérer sa présence en ligne et partager tout un tas de choses, Facebook pour interagir avec ses
amis.
En terme d’usages, j’ai réparti les nombreux services disponibles en six familles d’usages :
Panorama des médias sociaux 2012 — www.mediassociaux.fr — Read... http://www.readability.com/articles/zc j1x1qc
2 sur 4 14/03/2013 17:16

20
La publication, avec des plateformes de blog (WordPress, Blogger, Typepad, LiveJournal…),
de wiki (Wikipedia, Wikia…), de lifeblog (Tumblr, Posterous…) et de questions / réponses
(Quora) ;
Le partage, notamment de vidéos (YouTube, Dailymotion, Vimeo…), de photos (Flickr,
Instagram…), de liens (Delicious, Digg…), de musique (Spotify…), de documents (Slideshare,
Scribd…) et cie ;
Le jeu, avec des gros éditeurs (Zynga, Playdom, Playfish, SGN, Popcap…), des plateformes
dédiées (Hi5…) et des éditeurs plus petits, mais innovants (Digital Chocolate, Kobojo…) ;
La rencontre, qu’elle soit professionnelle (LinkedIn, Viadeo…), personnelle (Netlog, Tagged,
MySpace, Badoo…), ou pour les anciens (MyYearBook, Classmates…) ;
L’achat, avec des plateformes de customer intelligence (Bazaarvoice, PowerReviews), de
partage (Polyvore, Blippy, Pinterest…), de recommendation (Hunch) ou des briques
techniques comme Boosket ;
La localisation, qui fonctionne surtout sur les terminaux mobiles avec des services de
géolocalisation (Foursquare, Path, Scvngr…), des city guides sociaux (Yelp, DisMoisOu…) ou
des services de planification (Plancast).
Le but de ce schéma est de simplifier l’appréhension des médias sociaux dans toute
leur complexité, pas de faire une revue exhaustive des services et usages. Il manque ainsi des
usages génériques et des acteurs de taille dont on ne parle que très peu, mais qui
pourtant représentent une grosse part des interactions comme les forums, les
services de messagerie instantanée ou les univers virtuels pour les jeunes (je vous
rappelle qu’il y a presque 250 millions de comptes créés sur Habbo et des centaines de millions
d’utilisateurs de Skype). Ainsi, je ne mentionne pas dans mon schéma des acteurs locaux comme
Doctissimo ou les Skyblogs car je veux privilégier un point de vue international. Un point de vue
occidental en fait, car je fais également complètement l’impasse sur les plateformes sociales
asiatiques qui avoisinent le milliard d’utilisateurs.
Comment exploiter la diversité des médias sociaux ?
Maintenant que nous avons une vision d’ensemble des médias sociaux, il convient de s’attaquer à
LA question : sur quels supports faut-il être présent ? À cette question, je pense ne pas me tromper
en vous disant qu’il n’y a qu’une seule bonne réponse : le choix des supports importe peu,
l’important est d’avoir une présence cohérente. Installer sa marque sur les médias sociaux
ne se résume pas à choisir des supports et ouvrir des profils, c’est une démarche plus complète et
surtout plus réfléchie (
Les trois étapes de l’évolution digitale de votre entreprise). Une stratégie de
présence ne s’exprime pas en supports choisis, mais plutôt en objectifs et moyens. Le choix des
supports n’est que la déclinaison tactique d’une stratégie (posture, moyens…). Dans la mesure
où l’écosystème n’est pas stabilisé, et je doute qu’il le soit un jour, choisir un ou des supports n’est
pas une option viable sur le long terme, car personne ne sait comment vont évoluer Facebook,
Twitter et les autres. Les seuls supports viables sur le long terme sont ceux que vous
hébergez et opérez vous-même (Peut-on réellement construire une communauté sur
Facebook ?).
Ceci étant dit, il faut bien choisir des supports… Je vais donc essayer d’apporter des éléments de
réponse à cette question. Avant toute chose, il est important de préciser que chaque marque à un
contexte différent et que la tactique d’un concurrent est difficilement reproductible. Plutôt que de
vous faire une liste des supports présentant le plus d’opportunités, je préfère vous donner
quelques conseils de bon sens :
Ne pas mettre tous vos oeufs dans le même panier. Je n’ai de cesse de répéter sur ce
blog que Facebook n’est pas le support idéal pour l’implantation de votre marque sur les
médias sociaux. Le fait que Facebook soit la plateforme sociale la plus visible n’en fait pas un
choix sécurisant, mais au contraire un choix très risqué : la compétition pour l’attention y est
tellement forte que vous avez toutes les chances de dépenser beaucoup de temps et d’énergie
pour pas grand-chose (de grosses marques US comme GAP ferment ainsi leur boutique :
Panorama des médias sociaux 2012 — www.mediassociaux.fr — Read... http://www.readability.com/articles/zc j1x1qc
3 sur 4 14/03/2013 17:16

21
Gamestop to J.C. Penney Shut Facebook Stores). Dans tous les cas de figure, le simple fait que
le contenu ou les fans sur Facebook ne vous appartiennent pas réellement devrait vous
motiver à diversifier votre présence.
Privilégier une approche ciblée. Puisque la compétition est trop intense sur Facebook,
faut-il pour autant ne pas y être ? Non, ça reste une étape nécessaire, mais pas suffisante.
Nécessaire dans la majeure partie des cas, avec quelques exceptions (Quels supports exploiter
pour les médias sociaux BtoB), et loin d’être suffisante, car les mécanismes de ciblage sur
Facebook sont biaisés (les membres cherchent avant tout à se mettre en valeur, pas à dévoiler
leur vrai quotidien). Il existe ainsi des plateformes sociales où vous avez plus de chance de
trouver une concentration importante de membres appartenant aux segments que vous
convoitez (Les marques d’appareils photo sont ainsi plus légitimes sur les plateformes de
partage de photo). De même, les marques branchées ont intérêt à sélectionner des supports
qui vont les mettre en valeur (Vimeo, Tumblr…) plutôt que d’être en compétition sur
Facebook avec des marques de shampoing, de bonbons ou des partis politiques.
Miser sur le long terme. Vu le nombre de marques et d’institutions présentes sur les
médias sociaux, vous vous doutez qu’il est quasi impossible de percer en quelques semaines.
De toute façon, “percer” est un terme ambigu, car tout dépend de vos objectifs. Je ne doute pas
que vous puissiez gagner quelques milliers de fans avec une campagne bien dotée, mais après
? Engager votre marque dans démarche conversationnelle / communautaire durable est un
chantier d’envergure qui s’envisage sur le moyen terme (2 à 3 ans) et ne portera réellement ses
fruits que sur le long terme (au moins 5 ans). Oui c’est une longue période, mais c’est ce qu’il
vous faudra pour transformer votre posture de communication et surtout les habitudes et
mentalités en interne (principale source de résistance au changement qui pousse les marques
à sous-traiter, à tort !).
Faire preuve d’opportunisme. Ce n’est pas parce que l’implantation durable de votre
marque dans une logique conversationnelle va vous prendre plusieurs années que vous ne
pouvez pas tenter des opérations ponctuelles de visibilité. En ce moment tout le monde ne
parle que de Pinterest, rien ne vous empêche de profiter de cette aubaine médiatique pour
booster votre audience. À condition d’être très réactif, cohérent et de ne pas en attendre autre
chose qu’un afflux ponctuel de trafic.
À quoi s’attendre pour l’année 2012 ?
Le schéma publié plus haut vous donne une vision d’ensemble des médias sociaux. Il permet
surtout d’illustrer la diversité des usages et la complexité d’une présence holistique. La révolution
Facebook / iPhone ayant déjà eu lieue, 2012 sera donc une année de consolidation des acquis (sur
votre présence actuelle et votre application mobile), mais également d’expérimentation, car il
existe encore de très nombreuses opportunités à saisir (Du SoLoMo au ToDaClo, quelles
tendances pour 2012 ?).
Entendons-nous bien : quand je parle de consolider et d’expérimenter, je parle de faire ça en
interne, pas de sous-traiter. Car si vous laissez le soin à une agence externe de faire à votre place,
vous n’apprendrez rien et ne serez pas en mesure de capitaliser de l’expérience, ni de vous
rapprocher du modèle du Social Business. Je reste ainsi persuadé qu’un dispositif de petite
envergure réalisé par les équipes internes sera bien plus profitable que des
opérations d’envergure sous-traitées à une ou des agences.
Sur ces bons conseils, je vous donne rendez-vous l’année prochaine pour le panorama 2013.
Original URL:
http://www.mediassociaux.fr/2012/02/20/panorama-des-medias-sociaux-2012/
Panorama des médias sociaux 2012 — www.mediassociaux.fr — Read... http://www.readability.com/articles/zc j1x1qc
4 sur 4 14/03/2013 17:16

22
mediassociaux.fr
J U NE 8, 2 011
Voilà maintenant plusieurs années que l’on nous parle des médias sociaux. Plusieurs années que
l’on théorise sur l’évolution des usages et la transformation du rapport entre les utilisateurs et les
marques. Plusieurs années que l’on oppose médias sociaux et médias traditionnels. Il ne faut
cependant pas perdre de vue que les médias sociaux sont composés d’une infinité de
services et qu’ils ne s’appréhendent donc pas comme une entité cohérente (cf.
Panorama des médias sociaux 2011). Autant il existe un nombre restreint de médias traditionnels
(TV, radio, presse), autant il existe de fortes disparités entre les différents types de médias sociaux.
Je vois ainsi bien trop souvent l’amalgame qui est fait entre réseaux et médias sociaux. Je
souhaiterais dans un premier temps préciser deux choses :
Facebook n’est plus un réseau social, c’est devenu une plateforme sociale très sophistiquée au
sein de laquelle il est possible de faire un très grand nombre de choses (discussion,
publication, partage, jeu, réseautage…).
Facebook n’est pas représentatif de la façon des les médias sociaux fonctionnent et surtout
dans les dynamiques sociales qui les animent (ne confondez plus communautaire et social).
Faisant suite à ma précédente définition des médias sociaux (dans sa globalité), j’aimerais partager
avec vous mes définitions des différents types de médias sociaux. J’en ai ainsi dénombré
dix qui sont présentés dans ce schéma :
Les différ en t s t y pes de m édia s
socia u x
Ces différents types de médias sociaux proposent des fonctionnalités très différentes
et répondent à des mécaniques communautaires et soc iales bien spécifiques.
Explications :
Forum : Un espace de discussion public où les messages sont affichés par ordre chronologique.
La consultation est libre, mais l’inscription est obligatoire pour pouvoir répondre. La modération
des discussions se fait à priori ou a posteriori. Exemples de gros forums français :
Doctissimo,
Forum-auto, Cyberbricoleur, MagicMaman, Comment ça marche… Exemples de plateformes de
forum : PHPbb, Phorum, bbPress… (article sur ce sujet : Les forums, nouveaux piliers des médias
sociaux ?)
Blog : Un outil de publication simplifié où les articles sont affichés par ordre chronologique et triés
dans des catégories. Les lecteurs peuvent déposer des commentaires qui sont modérés à postériori.
Le flux RSS permet de facilement exporter le contenu vers des agrégateurs et lecteurs. Exemples de
plateformes de blogs : Blogger, WordPress, Typepad…
Wiki : Une base de connaissance en ligne où les internautes rédigent et corrigent eux-mêmes le
contenu. Les wikis sont constitués d’un ensemble de pages sans système de navigation cohérent.
Chaque page dispose d’un historique des modifications et peut être commentée. La modération est
assurée par des équipes organisées de façon pyramidale. Exemple de wikis célèbres : Wikipedia,
Wookipedia, Brickipedia… Exemples de plateformes de wiki : MediaWiki, Wikia, Wetpaint…
Description des différents types de médias sociaux — www.mediassoc... http://www.readability.com/article s/fjwhsm5n
1 sur 3 14/03/2013 17:17

23
Service de partage : Service en ligne où les internautes peuvent publier des photos, vidéos,
liens… Chaque élément publié est rattaché à un membre et peut être commenté et noté. La
communauté ou les annonceurs peuvent créer des chaines et des groupes pour fédérer des micro-
communautés. Exemples : YouTube, FlickR, Delicious, Deezer, Slideshare…
Réseau social : Site à l’accès restreint où chaque utilisateur possède un profil. Les membres sont
liés de façon bilatérale ou au travers de groupes. Certains réseaux proposent également des
fonctionnalités plus sophistiquées (messagerie, publication et partage de contenus…) ainsi que la
possibilité d’héberger des applications tierces (plateforme). Exemples : Facebook, Orkut,
Friendster, Tagged…
Microblog : Service de publication, de partage et de discussion reposant sur des messages très
courts. La consultation des messages et profils ne requiert pas d’inscription et peut se faire sur le
web, les terminaux mobiles ou au travers d’applications. Chaque membre possède un profil public
où sont listés les derniers messages. Les membres peuvent s’abonner aux profils des autres pour
recevoir leurs messages dans un flux unique. Exemples : Twitter, Google Buzz…
Agrégateur : Service en ligne permettant de regrouper l’ensemble des publications d’un
utilisateur des médias sociaux (social stream). De très nombreuses formes de contributions sont
acceptées (RSS, photos, vidéos, liens, email…). Les utilisateurs peuvent s’abonner aux flux des
autres membres. Exemples : Posterous, FriendFeed…
FAQ collaborative : Service en ligne d’entraide où les questions et les réponses sont publiées par
les utilisateurs. Les réponses sont commentées et notées, le membre qui a publié la question
sélectionne la réponse la plus satisfaisante afin de clôturer les échanges et récompenser l’auteur
avec un système de points. Exemples : Quora, StackOverflow… (article sur le sujet : Les FAQ
collaboratives comme alternatives aux forums ?)
Jeux sociaux : Jeux en ligne reposant sur une plateforme sociale exploitant les profils des
membres pour proposer différentes interactions sociales entre les joueurs (tableau publics des
meilleurs scores, système d’invitation et de défis, objectifs ne pouvant être réalisés en solo…).
Exemples : Farmville, Mafia Wars, Texas HoldEm Poker… (Article sur le sujet : Tour d’horizon des
social games)
Service de géolocalisation : Applications permettant de publier, partager et discuter sur des
terminaux mobiles. Les articles ou photos publiés sont rattachés à un lieu afin de leur donner un
contexte géographique. Chaque membre dispose d’un profil où sont listées ses dernières
publications ainsi que les lieux qu’il a visités. Chaque lieu dispose également d’une page où sont
listés les membres qui s’y sont signalés (check-in). Exemples : Foursquare, Facebook Places,
Gowalla… (Article sur le sujet : Après le lifestream, le placestream ?)
Bien évidemment cette liste n’est pas exhaustive et ces définitions sont soumises à votre
appréciation (n’hésitez pas à les corriger / compléter). Certains médias sociaux de référence
ne sont pas mentionnés dans cette liste. La raison est simple : ils ne rentrent pas dans les
cases. Des plateformes sociales comme MySpace ou Skyblog sont en effet à mi-chemin entre
réseau social, service de publication et de partage. De même, Tumblr peut être utilisé comme
agrégateur, outils de microblog et de publication.
Outre ces cas particuliers, les différents types de médias sociaux décrits plus haut proposent des
mécaniques sociales disparates : contrairement aux wikis où tous les rédacteurs sont au même
niveau, le rédacteur d’un blog est largement sur-représenté vis-à-vis des commentateurs ; les
contributeurs d’un forum ne suivent pas les mêmes motivations que les utilisateurs de microblog…
Être présent sur les médias sociaux ne se résume pas à ouvrir une page sur
Facebook. Si vous souhaitez investir les médias sociaux et exploiter leur diversité, il vous faudra
comprendre la façon dont fonctionne chacun de ces types de médias (la matière première qui
génère les interactions sociales, les rapports entre les membres…) et les synergies qui peuvent être
mises en oeuvre entre eux.
Description des différents types de médias sociaux — www.mediassoc... http://www.readability.com/article s/fjwhsm5n

Mais surtout…
« Petite Poucetteest née au début des
années 1980. Elle a une trentaine
d'années aujourd'hui. Les gens comme
moi, nés d'avant l'ordinateur, nous
travaillons AVEC lui. Nous sommes en
dehors de l'ordinateur. Petite Poucette,
elle, vit DANS l'ordinateur. Pour elle,
l'ordinateur n'est pas un outil, mais
fait partie de ses conditions de vie.»
24

25
lejdd.fr
Michel Serres est une vigie plantée en haut du mât de notre époque. Du haut de son gréement, de
ses 82 ans, de sa culture encyclopédique, de son temps partagé entre les cultures française et
américaine qu'il enseigne, ce philosophe académicien nous décrit les changements qu'il observe
sur l'équipage humanité que nous sommes. En curieux de tout qu'il est, il guette avec impatience
et gourmandise les évolutions qui nous arrivent, comme un des matelots de Colomb aurait scruté
l'horizon dans l'espoir de nouvelles terres. Son constat sur notre époque est simple : le monde,
depuis cinquante ans, traverse une révolution comme l'humanité n'en a connu jusque-là que deux
d'une telle ampleur. Avec un constat pareil, un autre que lui serait grognon et inquiet. Serres est
un optimiste impénitent. L'avenir du nouveau monde appartient à Petite Poucette *, ainsi qu'il a
baptisé l'archétype du "nouvel humain" encore en devenir, en référence à son usage du téléphone
et de l'ordinateur. Et cette Petite Poucette-là, qui est sur le point de "prendre les commandes", n'a
pas fini de nous surprendre…
La crise est-elle bientôt finie?
La crise financière, c'est probable. Je ne suis pas un économiste, ni un spécialiste de la finance,
mais ce que je vois, c'est le tableau global. On ne parle que d'économie! Une campagne électorale,
ce n'est que ça : l'emploi, la dette, le budget ! Elle a envahi la totalité de la discussion publique. Or
notre monde traverse une phase de changements gigantesques. Comme on est obnubilé par
l'économie, on ne pense la crise qu'en termes économiques, mais il y a tellement de choses plus
importantes qui nous mettent en crise! Cette crise d'ailleurs, c'est principalement le malaise dans
nos têtes devant les immenses changements qui sont à l'œuvre.
Par exemple…
Nous étions 50% d'agriculteurs à la fin de la guerre et ils ne sont plus que 1%. Pendant ma vie
humaine, et c'est unique dans l'histoire, la population mondiale a doublé deux fois! Quand je suis
né, on était 2 milliards, on est 7 milliards aujourd'hui. Dans la même période, l'espérance de vie a
triplé. C'est tout cela que l'on ne voit pas.
Pourquoi?
On sait qu'un tremblement de terre se passe en surface. Or la théorie des mouvements de plaques
l'explique par des mouvements profonds. Ce que j'essaie d'expliquer, ce sont les mouvements
profonds. La fin de l'agriculture, la victoire sur la douleur en médecine, l'allongement de
l'espérance de vie. Tout cela a des conséquences énormes : quand mon arrière-grand-père se
mariait, statistiquement, il jurait à sa compagne fidélité pour cinq à dix ans, maintenant c'est pour
soixante ans. On dit toujours "mariage", mais un engagement pour dix ans et un engagement pour
soixante ans, ce n'est plus pareil! Il y a beaucoup de choses qui ont secrètement changé, qu'on ne
voit pas changer, mais qui ont complètement bouleversé le monde. On est passé, en moins de
cinquante ans, dans un nouveau monde.
«Il y a eu trois secousses dans les années 1960 qui ont précédé le tremblement de
terre des années 1980.»
Quand situez-vous cette bascule?
Précisément au milieu des années 1960. En 1965, 1966, on ne se souvient plus de cela aujourd'hui,
mais il y a eu des révolutions agricoles dans beaucoup de villes françaises. Il y a eu des morts à
Rodez, à Quimper, à Millau. La paysannerie s'apercevait tout d'un coup qu'elle changeait de
monde. Au même moment, l'Église catholique a fait son aggiornamento, avec le Concile. Et puis il
Serres : "Ce n'est pas une crise, c'est un changement de monde" — www... http://www.readability.com/art icles/fiu0ll1i
1 sur 4 14/03/2013 17:20

26
y a eu la révolution étudiante, en 1968, mais c'est la dernière des trois secousses. Il y a donc eu un
premier tremblement de terre à cette période-là. Il a précédé le vrai tremblement de terre, celui des
années 1980, avec l'arrivée des nouvelles technologies.
Celle que vous appelez "Petite Poucette", parce qu'elle a toujours en main le clavier
de son téléphone, est née à ce moment-là… Comment l a définissez-vous?
Oui, Petite Poucette est née au début des années 1980. Elle a une trentaine d'années aujourd'hui.
Les gens comme moi, nés d'avant l'ordinateur, nous travaillons AVEC lui. Nous sommes en dehors
de l'ordinateur. Petite Poucette, elle, vit DANS l'ordinateur. Pour elle, l'ordinateur n'est pas un
outil, mais fait partie de ses conditions de vie. Elle est sur Facebook, les réseaux sociaux, son
téléphone est branché avec elle…
C'est-à-dire "dans" l'ordinateur?
Je vous donne des exemples. L'autre jour, un de mes petits-fils vient chez moi en deux-roues, et il
était en panne. Il démonte son engin et me dit : "Regarde…" Il avait une pièce qu'il ne savait pas où
remettre. Il m'a demandé mon téléphone portable et, hop, il a trouvé la solution à son problème…
Il vit dedans. C'est vrai aussi de mes étudiants à Stanford, à qui j'ai fait corriger mon livre, c'est vrai
aussi des patients à l'hôpital… Regardez les conséquences : quand j'étais jeune, par exemple, on
n'aurait jamais demandé à un chirurgien après une opération ce qu'il avait fait dans votre ventre.
Aujourd'hui, n'importe quel patient, s'il a "un pet de travers", tape "pet de travers" sur son
ordinateur avant d'aller voir le toubib. Et il va pouvoir en parler avec son médecin. Cela change
tout. Dans Petite Poucette, j'appelle ça "la présomption de compétence" qui s'est renversée. Avant,
le toubib, l'avocat, l'enseignant, avaient une "présomption d'incompétence" à l'égard de ceux
auxquels ils s'adressaient. Aujourd'hui, si j'entre dans un amphi pour faire un cours sur la
cacahuète , je sais qu'il y a certains étudiants qui ont tapé "cacahuète" sur Wikipédia la veille, et
donc je dois faire cours en fonction de ça. Petite Poucette arrive à présent sur le marché du travail.
Il y a des instits, des profs, Petites Poucettes d'aujourd'hui, et cette vague est en train de construire
le nouveau monde.
Petite Poucette a commencé par devenir trader…
Oui, si on veut! Les traders, c'est le numérique depuis longtemps… Les échanges instantanés à
l'échelle de la planète et ce numérique-là sont en grande partie responsables de la crise financière.
On a vu ce qui s'est passé pour la musique. Cela a foutu en l'air le marché du disque… Parce
qu'aujourd'hui le rapport numérique/financier est très difficile à maîtriser. Comment faire un droit
dans cet espace de non-droit qu'est la Toile? Pour l'instant, on ne voit pas comment on pourrait
faire entrer le commerce là-dedans… On ne sait pas encore très bien comment le rapport marchand
va évoluer. Mais cela devrait se régler dans les dix ans qui viennent. Les journaux aussi sont en
crise, mais ce n'est pas une crise de l'information. Petite Poucette est surinformée, elle sait
beaucoup plus de choses que lorsque les journaux étaient florissants. L'université aussi est en
crise. Comment enseigner aujourd'hui? À quoi servent les bibliothèques alors que j'ai tous les
livres du monde chez moi? Voyez tout ce qui change!
Et cela nous inquiète…
Nous sommes, en France, dans le pays le plus inquiet concernant les sujets scientifiques.
Pourtant, on était un des pays les plus optimistes à cet égard au début du XX e siècle. Il y avait
Jules Verne, le palais de la Découverte. La science était un sujet d'enthousiasme. Or, cela a
complètement changé. Je ne sais pas l'expliquer. Il y a une inquiétude presque idéologique.
L'idéologie de la science s'est transformée en idéologie de l'inquiétude. Regardez la manière dont
on utilise le mot "chimie". En mal. Or notre cerveau, notre genou, ce bout de papier, c'est de la
chimie. Sans chimie, il n'y aurait pas de bio. On oppose "bio" à "chimie", comme si "bio" voulait dire
"sans chimie". Or le bio, c'est de la chimie! Cette méfiance est une particularité française. En
Allemagne, en Amérique, il y a des littératures de l'inquiétude, mais elles n'ont pas cette résonance
populaire qui existe en France. Peut-être est-ce aussi le signe que la bascule du nouveau monde
est en train d'arriver ici, alors forcément les gens sont un peu plus inquiets qu'ailleurs…
«Petite Poucette a trouvé le sens réel du mot 'maintenant'. Elle peut dire : 'main-
tenant, tenant en main le monde'.»
Serres : "Ce n'est pas une crise, c'est un changement de monde" — www... http://www.readability.com/art icles/fiu0ll1i
2 sur 4 14/03/2013 17:20

27
Y a-t-il eu auparavant des moments d'inquiétude aussi forte qu'aujourd'hui?
Oui, bien sûr. Dans Petite Poucette , j'en décris deux autres, qui correspondent aux deux
précédentes révolutions de l'humanité. La première se situe quand on est passé du stade oral au
stade écrit. La deuxième, quand on est passé du stade écrit au stade imprimé. Maintenant, dans la
troisième révolution, on bascule du stade imprimé au stade numérique. À chacune de ces trois
révolutions correspondent les mêmes inquiétudes… À la première, Socrate fulminait contre l'écrit
en disant que seul l'oral était vivant! Au moment de l'imprimerie, il y a des gens qui disaient que
cette horrible masse de livres allait ramener la barbarie. Ils affirmaient d'ailleurs que personne ne
pourrait jamais lire tous les livres, ce en quoi ils avaient raison. Il est donc naturel de retrouver les
mêmes angoisses au moment d'une révolution qui est encore plus forte que les deux précédentes.
Pourquoi plus forte?
Un de mes amis a fait un livre sur les "neurones de la lecture". On a repéré les neurones exacts qui
sont excités quand on lit quelque chose. On s'aperçoit aujourd'hui que les neurones excités par le
numérique, devant un ordinateur, ne sont pas les mêmes! Ce n'est pas seulement le monde, ce
sont aussi nos têtes qui changent…
Jusqu'où ira le changement?
Je ne parle pas souvent politique, mais là, pour une fois, je vais le faire. Petite Poucette a trouvé le
sens réel du mot "maintenant". Qu'est-ce que veut dire ce mot-là? Cela veut dire : "tenant en
main". Petite Poucette, avec son téléphone portable, tient en main tous les hommes du monde,
tous les enseignements du monde, et tous les lieux du monde par GPS. Donc elle peut dire : "main-
tenant, tenant en main le monde". Mais qui pouvait en dire autant avant elle? Auguste, empereur
de Rome, des grands savants? Aujourd'hui, il y a 3,75 milliards de personnes qui ont un portable
avec Internet dedans et qui "tiennent en main le monde". Cela ne fait pas une nouvelle
démocratie? Voilà le nouveau monde. C'est vertigineux, c'est ce qui m'impressionne le plus. Que
nos institutions sont vieilles face à cela! Il y a tout à reconstruire.
Dans quel ordre?
Une nouvelle université. Il faut aussi construire une nouvelle chambre des députés, une nouvelle
représentation politique, un nouveau droit. Le droit tel qu'il est – il n'y a qu'à voir l'échec d'Hadopi
– ne correspond plus à la réalité… Le plus grand effort qu'il faudra faire, demain matin, c'est même
assez urgent, est de repenser l'ensemble de ces institutions.
Mais où serait le centre de décision?
Voyez, vous vous mettez à avoir peur vous aussi! Un jour, lors d'une conférence en Allemagne où il
y avait 1.000 personnes dans un amphi, je leur ai dit : "Je vous propose une idée : on fusionne la
France et l'Allemagne." La discussion s'est engagée aussitôt, sur le thème "mais alors on aura deux
présidents?". Je leur ai dit qu'il n'était pas question de cela. J'ai parlé des Bretons et des Rhénans,
des Picards et des Prussiens, et j'ai dit : "On va demander à toutes les Petites Poucettes si elles sont
d'accord pour fusionner, et après on verra!" Ils étaient enthousiastes! Non, il n'y a pas de centre de
décision. Mais quand on a inventé la démocratie, il n'y en avait pas non plus! On a simplement dit :
on va donner un droit de vote à tout le monde. Aujourd'hui, avec le numérique, on pourrait décider
de beaucoup de choses en commun et en temps réel, ce ne serait pas difficile à mettre en œuvre. Le
monde est une Suisse ! Tôt ou tard, une nouvelle politique se mettra en place. Laquelle? Je ne suis
pas assez bon pour le dire, mais je la vois arriver.
Vous êtes à la frontière du philosophe et de l'oracle…
Presque du prophète! Non, je ne suis pas Madame Soleil… Petite Poucette a 30 ans, et dans dix
ans, elle prend le pouvoir. Dans dix ans, elle l'aura, et elle changera tout cela… Regardez le
printemps arabe, le rôle des nouvelles technologies, le rôle des femmes alphabétisées dans ces
pays, tout cela est déjà à l'œuvre. Et puis, reprenons l'histoire. En Grèce, avec l'écriture, arrivent la
géométrie, la démocratie et les religions du Livre, monothéistes. Avec l'imprimerie arrivent
l'humanisme, les banques, le protestantisme, Galilée, la physique mathématique… Il suffit de voir
tout ce qui a changé lors du passage à l'écriture et à l'imprimerie. Ce sont des changements
colossaux à chaque fois. On vit une période historique. Petite Poucette n'est pas générationnelle.
Ce n'est pas l'héroïne de la rentrée, elle est historique. D'ailleurs, une part de la "crise"
Serres : "Ce n'est pas une crise, c'est un changement de monde" — www... http://www.readability.com/art icles/fiu0ll1i
3 sur 4 14/03/2013 17:20

28
d'aujourd'hui vient aussi de cela, de la coexistence actuelle de deux types d'humains… Petite
Poucette et ceux de l'ancien monde. Son temps à elle arrive.
Petite Poucette, de Michel Serres, Éditions Le Pommier, 84 p., 9,50 euros.
Original URL:
http://www.lejdd.fr/Economie/Actualite/Serres-Ce-n-est-pas-une-crise-c-est-
un-changement-de-monde-583645
Serres : "Ce n'est pas une crise, c'est un changement de monde" — www... http://www.readability.com/art icles/fiu0ll1i
4 sur 4 14/03/2013 17:20

29
Génération Y
Petite poucette fait partie de la
génération Y.
Celle qui passe sa vie
sur Internet, parce que
c’est là qu’elle se
passe
Celle qui bouscule
tout dans l’entreprise

30
greensi.blogspot.fr
by FRÉD ÉRI C CH AR LES W I T H NO CO M M ENT S
Gr een SI a r en con t r é la fa m eu se g én ér a t ion Y et s'est in t ér essé à ses u sa g es de
l'in for m a t iqu e et de la t éléph on ie.
Oh , il n e s'a g it pa s d'u n e ét u de com plèt e su r u n éch a n t illon r epr ésen t a t if, m a is ju st e de
l'in t er v iew d'u n seu l jeu n e. Ma i s u n jeu ne qu i a inséré seu l l e nu m éri qu e en cl asse
qu a nd l 'Edu ca t i on Na t i ona l e ch er ch e t ou jou rs pa r quel bou t pr endre l e su jet. Il
n ou s liv r e en m ir oir u n e fou le de qu est ion s su r n otr e a ppr och e du n u m ér iqu e et n os pr opr es
u sa g es.
GreenSI : Bonjou r , Y oh a nn. T u a s 16 a ns et t u es élèv e en prem ière S. T u u t i l ises
ch a qu e jou r pl u si eu r s t erm ina u x . Est -ce qu e t u peu x nou s l es présent er et nou s
pa rl er de t es u sa ges?
J 'a i u n Wi ndows Ph one com m e com pa g n on n u m ér iqu e, u n eePC por t a ble qu a n d je su is à
l'école, m a is j'u t ilise u n ordi na t eu r t ou r à la m a ison pou r les jeu x en lig n e ou le t r a v a il
per son n el. Il a deu x écr a n s ca r c'est plu s pr a t iqu e. J e st ocke t ou t su r u n di squ e du r
ex t erne de 1 To. J 'a i a u ssi u n e consol e de jeu x, m a is pa s da n s m a ch a m br e. Tou t e m a
m u siqu e est n u m ér iqu e et est su r m on le t éléph on e pou r l'a voir t ou jou r s su r m oi. Ce qu i
m 'a fa it ch oisir u n ca squ e a u dio pou v a n t a ller su r u n t éléph on e ou en USB.
GreenSI : T u n'a s de t a bl et t e?
N on , c'est pou r m a m èr e! J e con su lt e plu s de v idéos qu e de t ex t es et c'est plu s
pr a t iqu e su r u n g r a n d écr a n qu e su r u n e t a blet t e. Elle n e m e ser v ir a it pa s et
elles son t plu s v olu m in eu ses à t r a n spor t er qu e m on t éléph on e.
GreenSI : Pa s de T V non pl u s da ns t a ch am br e?
N on , ca r je la r eg a r de peu et u niqu em ent su r m on or di na t eu r. Les sit es de
r epla y et de V OD m e per m et t en t de n e pa s r a t er les qu elqu es ém ission s qu e
j'a im e. J 'a i u n g r a n d écr a n de pr oject ion qu i se déplie da n s m a ch a m br e pou r
r eg a r der des film s a v ec m es a m is qu i a m èn en t u n r étr opr oject eu r .
GreenSI : qu el est l e pr em i er t erm ina l qu e t u u t il ises l e m a t i n? l e derni er ?
C'est l e t él éph one. J e r eg a r de les m essa g es SMS de la n u it ou de m es cam a r a des qu i son t déjà à l'école pou r sa v oir pa r ex em ple si u n
pr ofesseu r est en r et a r d ou a bsen t . En su it e je r eg ar de la m ét éo, les n ew s et le t op t w eet s qu i com plète bien les n ew s don t les jou r n a u x n e
pa r len t pa s en cor e. Tou t cela da n s la t u ile "Ma in t en a n t " de m on Win dow s Ph on e qu i est t r ès pr a t iqu e.
Av a nt de m e cou ch er, u n der nier rega rd su r mon t él éph one en t ra in de se rech a rger.
GreenSI: t u a i m es bi en Windows Ph one, pou r qu oi et qu el s sont t es u sa ges?
J e dir a is la sim plicit é. Da ns u n m onde où on a u n nom bre de besoi ns fi ni et u n
nom bre d'a ppl ica t i ons i nfi ni , l a r ègl e de su r v i e c'est de sa v oi r qu el s sont t es
besoins de fa çon préci se. En su it e g r â ce à la pa g e d'a ccu eil t u peu x y a ccéder
r a pidem en t . Pou r les besoin s m oin s fr équ en t s ou n ouv ea u x , il ser a bien t em ps d'a ller
fou iller da n s u n ca t a log u e d'a pplica t ion s.
Mes a pplica t ion s su r m a pa g e d'a ccu eil son t Fa cebook, Tw it t er , SMS, g oog le, la m ét éo et
le Fig a r o qu i est u n e a pplica t ion bien or g a n isée: le fla sh , les der n ièr es in fos, les
ca t ég or ies. J e con su lt e r ég u lièr em en t les ca t ég or ies cu lt u r e, a ct u a lit és et écon om ie. Un
seu l jou r n a l m e su ffit .
Un second bon poi nt pou r Windows Ph one c'est l a comm u nica t i on. En cor e u n e
fois c'est sim ple d'a ccès: u ne conv er sa t i on com m ence pa r SMS et peu t se t erm iner
su r Fa cebook et MSN, et je t rou v e t ou t a u m êm e endroit. J e pa r t a g e m es ph ot os en
u n clic su r Fa cebook, Tw it t er ou v ia u n SMS. La fonct ion "qu oi de n eu f?" per m et d'a v oir
les n ou v elles de ce qu i s'est pa ssé der n ièr em en t a vec m es copa in s.
GeenSI : Et A ppl e?
Les nouvelles évidences numériques de la Génération Y au lycée — gre... http://www.readability.com/arti cles/6ozcnus
k
1 sur 3 14/03/2013 17:22

31
C'est ch er. On r en con t r e de plu s en plu s d'élèv es qu i disen t qu e c'est u n e "m a ch in e a
fr ic" et da n s m on ly cée il y a u n débu t de r éa ct ion "a n t i A pple".
A n dr oid est popu la ir e, m a is en cor e "ba s de g a m m e" et pa s en cor e a u ssi fin i
qu 'A pple ou Win dow s.
GreenSI : t u u t i l ises u n ordi na t eu r port a bl e à l 'écol e en prem ière S,
qu 'est ce qu 'i l t 'a pport e com m ent t u t 'or ga nises ?
C'est u n A su s qu e j'a i ch oi si pou r l a l ongév it é de sa ba t t eri e, son fa ible poids
et son pr ix , m oin s ch er qu 'u n por t a ble. C'est u n u sa ge d'ordi na t eu r sa t el l i t e
de cel u i qu i r est e da ns m a ch a m br e. Il a le w ifi et qu a n d je r en t r e m es
docu m en t s se sy n ch r on isen t a v ec Goodsy n c.
J 'u t ilise a u ssi Sky dri v e a v ec m on g r ou pe de TP, ou m on t r in om e pr ojet . Com m e
cela on pa r t a g e a u t om a t iqu em en t les docu m en t s a v ec m es ca m a r a des, depu is u n
PC ou depu is m on t éléph on e.
J e n e l'u t ilise qu e pou r le t r a v a il en cla sse et pas pou r les jeu x . J e pr en ds m es n ot es de cou r s dessus depu is la secon de. Cela per m et a u ssi
de com plét er les in for m a t ion s du cou r s dir ect em en t pen da n t la cla sse. L'a u t r e jou r u n pr ofesseu r n e se r a ppela it plu s ex a ct em en t le
n om br e de cellu les da n s le cor ps h u m a in , je lu i a i pr oposé de r eg a r der et on a pu v ér ifier en qu elqu es secon des qu 'il y en a 1 0 pu issa n ce
1 4 . Da n s u n a u t r e cou r s, en espa g n ol, on a pu écou ter u n e m u siqu e en r a ppor t a v ec la leçon et la com m en t er en sem ble. Les cl a sses
sera i ent pl u s i nt er a ct i v es si l es él èv es et l es professeu rs pa rt a gea i ent pl u s de cont enu s nu m éri qu es penda nt l es cou r s.
GreenSI : qu el s sont t es frei ns à l 'u sa ge d'u n ordina t eu r en cl a sse a u jou rd'h u i ?
Ce qu i m a nqu e c'est l e Wi fi da ns l es cl a sses. En fa it il y en a da n s l'école, m a is il est r éser vé a u x pr ofs.. . qu i n 'on t pa s d'or din a t eu r s.
Au jou r d'h u i on est 4 a u t iliser u n or din a t eu r , il n 'y a qu e 6 pr ises de cou r a n t da n s la cla sse. La ba t a ille pour l'a ccès a u x pr ises n 'a don c
pa s en cor e com m en cée, m a is elle pou r r a it v en ir ...
GreenSI: qu a nd t ou t ça ne m a rch e pa s com m ent t u fa is?
Bea u cou p de fon ct ion s son t r edon da n t es, pa r ex em ple je peu x a u ssi en v oy er u n
SMS ou t éléph on er a v ec m on or din a t eu r . Cela per m et de se débr ou iller le t em ps
de t r ou v er le pr oblèm e.
En su it e je m 'a ppu ie bea u cou p su r les for u m (ex . w w w.m on w in dow sph on e. com )
où je peu x ex pliqu er m on pr oblèm e et ch er ch er des solu t ion s.
Sin on il y a a u ssi u n e en t r a ide da n s la cla sse où les deu x bon s en in for m a t iqu e
a iden t les a u t r es. J u squ 'à pr ésen t je m 'en sor s.
GreenSI: et a u ni v ea u de l a sécu r it é?
J e sa is qu e ce n 'est pa s bien , m a is la sécu r it é c'est secon da ir e pou r les jeu n es. Un e
fois qu 'on a u n a n t iv ir u s on n e s'occu pe plu s de r ien . De t ou t es fa çon s ce qu e j'a i
en n u m ér iqu e n 'a pa s de v a leu r et n 'in t ér esse per son n e. Et si je le per ds et bien t a n t pis.
Mes fich ier s son t cepen da n t sa u v eg a r dés su r m on disqu e ex t er n e.
GreenSI: com m ent t u v oi s l 'a v eni r? Qu 'est ce qu 'i l fa u dr a i t dév el opper?
Au jou r d'h u i les éch a n g es d'in for m a t ion son t t r ès fa ciles et pou r t a n t en ce qu i con cer n e les cou r s, la plu pa r t des com m u n a u t és sont
pa y a n t es or g a n isés pa r des en t r epr ises. Il su ffi ra i t pou rt a nt com m e su r Wi ki pedia qu e ch a que él èv e cont r ibu e et on pou rr a i t
a m él iorer l es cont enu s col l a bora t iv em ent. En t r e copa in s du ly cée et pou r qu oi pa s d'a u t r es ly cées. J e su is pr êt à don n er m es cou r s
n u m ér iqu es g r a t u it em en t et j'a im er a i t r a v a iller a v ec d'a u t r es élèv es su r des sy n t h èses pou r pr épa r er mon Ba c l'a n pr och a in .
Cer t a in s pr ofesseu r s se m et t en t à l'in for m a t iqu e et en t ou t ca s da n s m a cla sse t ou s a ccept en t qu e les élèv es a ien t des or din a t eu r s en
cou r s, m a is les éch a n g es a v ec eu x se lim it en t à la clef USB. Les espa ces pa r t a gés de l 'écol e sont t rès peu u t i l isés. Il y a don c
bea u cou p de pr og r ès à fa ir e.
Au ssi pou r qu oi m es liv r es son t en cor e a u for m a t pa pier et pèsen t plu s de 1 0kg ? Ils son t fou r n is pa r l'école. Si je v eu x l 'u n des ra res
l i v res scol a i res nu m éri qu es qu i ex i st ent je doi s l 'a ch et er à nou v ea u , pou rqu oi ?
A l'a v en ir j'a im e l'idée de Micr osoft de pou v oir v ia Zu n e, pa r t a g er des fich ier s, m u siqu es ou film s en tr e la XBox , l'or din a t eu r et le
t éléph on e. Je v ou dra i s des int erfa ces encor e pl u s si m pl es qu i sa v ent ce qu e je v eu x fa i re.
GreenSI : mer ci, Y oh a nn, et bonne ch a nce pou r t on Ba c!
Vou s a v ez peu t -êt r e déjà le m êm e à la m a ison !
Alor s sa n s a t t en dr e qu e des ba t a illon s de Yoh a n n déba r qu en t da n s les en t r epr ises, Gr een SI r em a r qu e qu e cer t a in s u sa g es et cer t a in es
"n ou v elles év iden ces" ém er g en t .
Elles r a ppellen t des déba t s da n s l'en t r epr ise com m e le BYOD ou la "con su m er isa t ion " de l'in for m a t iqu e :
Le pr em ier poin t est cer t a in em en t cet t e confi a nce a bsol u e en l a t ech nol ogi e, qu i doi t m a rcher , êt r e si m pl e, et se ch a r ger
t ou t e seu l e de l a sécu ri t é. Pa s besoin de les con v a in cr e d'u t iliser u n a g en da élect r on iqu e pou r m ieu x le pa r t a g er , com m e on le
fa it en cor e a v ec cer t a in s en en t r epr ise, m a is ça doit m a r ch er . Pa s Geek m a is Pr a t ik.
La com m u nica t i on r ègne en m a it r esse et est pa r t ou t , ceu x qu i n 'on t pa s de t éléph on e la issen t des session s de jeu x en lig n e
ou v er t es pou r en u t iliser la m essa g er ie in st a n t a n ée.
En su it e, l es front ières t r a v a il dom i ci l e qu i s'est om pent, ou qu i se dépla cen t com m en t su r les deu x écr a n s, l'u n pou r t r a v a iller
et l'a u t r e pou r com m u n iqu er a v ec MSN et jou er . .. en m êm e t em ps.
A u con t r a ir e on r ech er ch e l a cont inu i t é nu m éri qu e des données ent re l es t erm ina u x et l a ca pa ci t é à a v oir u n
t erm i na l a da pt é à ch a qu e ergonom ie. Le t r a v a il et le dom icile n e son t fin a lem en t qu e deu x sit u a t ion s er g on om iqu es différ en t es
Les nouvelles évidences numériques de la Génération Y au lycée — gre... http://www.readability.com/arti cles/6ozcnusk
2 sur 3 14/03/2013 17:22

32
su r les m êm es don n ées et pou r la m êm e per son n e.
Les préférences des u t il i sa t eu rs peu v ent qu it t er l e ra t i onnel com m e le ch oix de la m a r qu e ou du r essen t i, ce qu i peu t
a m en er à a ccept er les ch oix des u t ilisa t eu r s sa n s ch er ch er à les m et t r e da n s u n e m a t r ice d'a r bit r a g e va lidée pa r les a ch a t s. ..
L'i m port a nce de l 'i nt erfa ce.
Il fa u t sa v oir fi l t rer l es infor m a t ions pou r su r v iv r e a u délu g e d'in for m a t ion , et la isser un e pla ce a la per son n a lisa t ion des filt r es
Et pou r t er m i ner, on est à l 'a u be de r epenser nos modes de t ra v a i l et de col l a bora t i on da ns l a soci ét é de l 'i nform a t i on.
L'Edu ca t ion N a t ion a le a cer t a in em en t du bou lot , m a is ce n e son t pa s les seu ls. Et si on n e le fa it pa s, d'a u t r es Yoh a n n s'ét a n t a ppr opr ié le
n u m ér iqu e s'en ch a r g er on t sa n s n ou s da n s qu elqu es an n ées et sa n s n ou s dem a n der n ot r e a v is.
Original URL:
http://greensi.blogspot.fr/2012/04/les-nouvelles-evidences-numeriques-
de.html#.UUH5I2fYOYL
Les nouvelles évidences numériques de la Génération Y au lycée — gre... http://www.readability.com/arti cles/6ozcnus
k
3 sur 3 14/03/2013 17:22

33
place-publique.fr
Génération Y : Le choc des cultures au sein de l’entreprise : l
L’entreprise comme la société vit actuellement de
profondes mutations, qu’elles soient économique,
organisationnelle ou technologique. Une autre
mutation vient accroître la complexité des évolutions
en cours : elle est démographique et culturelle…
Un renouvellement conséquent des effectifs est à
prévoir dans les 3 à 5 ans à venir avec le départ
massif à la retraite des baby boomers et l’arrivée des
jeunes issus de la Génération Y (né à partir de 1980).
L’objet de cet article est de décrire le « choc des
cultures » que l’on constate dès aujourd’hui dans le
milieu professionnel. Le même décalage se constate
à l’identique au sein du milieu familial. Nous
assistons à un véritable basculement des valeurs
qu’il devient urgent de prendre en compte afin de
tirer profit de ce fossé générationnel. Faisons de nos différences, de vraies complémentarités…
Tensions sociales et clivage générationnel
Les managers se disent déboussolés par le mode de fonctionnement des jeunes recrues sans qu’il
soit aisé pour eux de pouvoir en parler. Comment dire que l’on ne parvient pas à manager un jeune
alors que l’on a argumenté, avec force, pour obtenir un nouveau poste.
Par ailleurs, ces jeunes ne trouvent pas lors de leur intégration la réponse à leurs attentes et se
sentent insuffisamment respectés. Comment exprimer son mécontentement dans un contexte
économique si difficile, lorsqu’on a la chance d’avoir un emploi. On préfère faire le dos rond et
attendre des jours meilleurs.
Pour mieux comprendre ce problème méconnu, souvent sous-estimé et que les conséquences
semblent avoir en apparence des effets limités, nous vous proposons d’aborder le vécu quotidien
des différentes générations au travail autour de 4 clivages qui sont les principales sources de
tensions et conflits.
Les droits plutôt que les devoirs.
Le positionnement vis-à-vis de l’entreprise et de l’activité professionnelle est assez
fondamentalement différent. L’idéologie méritocratique du manager repose par essence sur un
fondement clair : il faut d’abord faire ses preuves pour obtenir. La logique du devoir prend appui
sur la conscience professionnelle.
Les managers estiment que les jeunes se campent dans une posture de « client » et revendiquent
avant même de faire leurs preuves. L’exigence change de camp : l’entreprise doit d’abord les
mériter. Les jeunes consommateurs avisés et méfiants attendent que l’offre soit clairement
affichée. Il est vrai que cette nouvelle génération a souvent vécu à travers ses parents, zélés
serviteurs de l’entreprise, la fin du mythe du plein emploi et l’expérience traumatisante du
licenciement à plus de 50 ans.
Générations — www.place-publique.fr — Readability http://www.readability.com/articles/lozgcxux
1 sur 4 14/03/2013 17:23

34
La nature du contrat au regard de l’engagement professionnel est souvent un point de tension
entre générations. Les jeunes ne partagent pas la valeur sacrificielle du travail de certains baby
boomers (nés à partir de 1945). Ils comprennent mal que l’on puisse se dévouer à une entreprise et
passer autant de temps dans un métier, quel qu’en soit l’intérêt. Les Y ont plusieurs vies à vivre et
l’activité professionnelle n’est qu’un élément de l’ensemble.
Ce que les plus anciens appellent de l’individualisme, les jeunes préfèrent le terme de
personnalisation. Ils sont là pour remplir un contrat dans lequel ils estiment légitimes de faire
valoir leurs droits, et si nécessaire de faire respecter les promesses faites lors du recrutement.
Ils revendiquent aussi le droit d’être ce qu’ils sont, et leur identité s’exprime à travers des codes
vestimentaires qui ne sont pas tout à fait ceux de l’entreprise. Dans ce domaine, on voit bien
comment les lignes évoluent rapidement. Le secteur de la banque est un vibrant exemple du
changement en cours. Il y a encore peu de temps, une certaine sobriété était la norme au sein des
agences bancaires pour tous les conseillers en relation avec la clientèle. Dorénavant, il n’est plus
rare de voir apparaître des percings, boucles d’oreille et cheveux aux couleurs chatoyantes.
Tout va très vite. L’habillement est considéré par les jeunes comme une partie intégrante de leur
personnalité et le rapport de force fait que très rapidement il deviendra difficile de faire appliquer
l’uniformité au nom de la norme. Les jeunes revendiquent le droit d’être reconnu comme des êtres
uniques.
D’autres règles s’avèrent dès à présent difficiles à faire respecter lorsque la légitimité n’apparaît pas
évidente à démontrer. Il est vrai que certaines procédures obsolètes n’ont pas connu de réelle
remise en cause. Difficile d’expliquer à un jeune que l’on fait ainsi par facilité ou par habitude. Les
réunions programmées en fin de journée par commodité deviennent difficiles à justifier
lorsqu’elles empiètent sur le temps libre. N’oublions pas qu’ils sont les enfants des 35 heures.
L’heure c’est l’heure… et cette règle fait partie intégrante du contrat. Ce que les générations
précédentes n’osaient pas toujours dire, la génération Y ne se prive pas de le faire.
Le zapping comportemental
Un autre clivage important est la relation à l’espace et au temps.
Les jeunes sont en connexion permanente avec leur réseau relationnel et il a de fait une forte
interpénétration entre vie personnelle et vie professionnelle. Auparavant, la frontière était
imperméable entre le temps de travail et le temps privé. Aujourd’hui, par le biais des nouveaux
outils de communication ce n’est plus le cas.
Quelques exemples :
Tel manager qui surprend sa jeune recrue utilisant lors d’une réunion d’équipe son ordinateur
portable pour surfer sur le net ou communiquer avec ses amis sur Facebook.
Tel autre qui ne supporte plus les incessants appels personnels qui empiètent sur le temps de
travail au risque de perturber sa capacité de concentration.
Les jeunes sont connectés avec l’extérieur mais ils savent aussi construire avec efficacité leur
réseau à l’intérieur de l’entreprise. Tout cela évidemment n’est pas très bien vécu par des
personnes qui respectent une discipline collective ou d’autres qui estiment que l’on doit laisser ses
problèmes et hobbies au vestiaire.
Les jeunes de la génération Y sont capables de faire plusieurs choses en même temps, et ils ne s’en
privent pas. Travailler en écoutant de la musique fait partie des exigences souvent formulées.
Ils sont multi- tâches mais cette manière de procéder n’est pas facile à comprendre pour les baby
boomers rompus au sacro-saint principe de « une chose à la fois et un temps pour chaque
chose… ». Autre particularité des jeunes Y : ils ont besoin de renouvellement et de variété dans
l’activité professionnelle. Les professeurs avaient déjà expérimentés la nécessité de travailler sur
des séquences courtes au risque, sinon, de subir une baisse importante de la vigilance. La
Générations — www.place-publique.fr — Readability http://www.readability.com/articles/lozgcxux
2 sur 4 14/03/2013 17:23

35
télévision a compris qu’il fallait aussi proposer des émissions très rythmées pour ne pas subir le
couperet du zapping.
Les entreprises sont confrontées dorénavant à la même obligation. Les jeunes se lassent vite et les
cycles et parcours proposés sont souvent trop lents pour satisfaire l’appétit de changement des
jeunes.
Par ailleurs, les Y sont demandeurs d’une plus grande innovation dans les pratiques et la lourdeur
des procédures est souvent contestée. Ils ont le sentiment de ne pas être entendus lorsqu’ils
apportent des idées nouvelles.
La dictature de l’instant
Pour les managers, le constat est clair : il faut toujours être disponible car les jeunes de la
génération Y fonctionnent en temps réel. Le manager est d’ailleurs jugé sur sa capacité à réagir
vite.
Pourquoi attendre demain ce que nous pourrions obtenir aujourd’hui… Le rythme dans la prise de
décision n’est pas le même et les managers évoquent fréquemment l’impatience manifestée par
des jeunes qui s’étonnent, par ailleurs, du manque de réactivité.
La critique des Y est cinglante sur les pertes de temps subies au quotidien ainsi que cette croyance
qui veut qu’il faille consacrer 10 heures de son temps par jour à son activité professionnelle pour
être efficace. Une heure de réunion c’est trop long. Trois jours pour attendre un compte rendu …
c’est une éternité.
Les jeunes Y sont dans le moment présent avec une faible anticipation disent les managers. Tout
va très vite et tout évolue si rapidement qu’ils considèrent inutile, pour leur part, de se projeter
dans le temps.
Là encore, les marqueurs sociaux nous permettent de comprendre cette orientation. A quoi bon
investir sur un moyen terme aussi incertain ? Le temps présent présente plus de garantie et cela
explique pourquoi ils sont soucieux de leur intérêt immédiat. Autre caractéristique : ils sont perçus
comme peu persévérants. Il ne faut pas qu’une situation soit « une prise de tête » et que cela
résiste… Nous sommes loin de la culture de l’effort préconisée par leurs ainés.
Cette dépendance au moment présent a des conséquences sur leur capacité à se poser pour
réfléchir. Pragmatiques, ils sont plus dans l’action que dans la réflexion.
Des exigences aux infidélités
Les jeunes Y jugent le manager sur ce qu’il apporte à titre personnel.
Ils n’ont pas une vision idéologique de la relation hiérarchique ou de l’état patron. Le chef doit
répondre à leurs besoins… et ils sont prêts à lui « mettre la pression » pour tirer au mieux avantage
de cette situation.
Il ne faut pas attendre de leur part de la reconnaissance pour le statut ou les compétences
techniques. Le premier reste à démontrer sur le terrain alors que les secondes sont perçues comme
éphémères. Le manager est là pour développer leurs compétences. Il a une fonction d’imprésario
et de promoteur de leur talent.
Cette approche de la pyramide inversée est très perturbante pour des managers éduqués dans le
respect des anciens et du statut. La fonction que l’on occupe est devenue moins importante que ce
que l’on est.
Les jeunes veulent un management à la carte. Les managers se sentent sous pression et ils ont le
sentiment que l’exigence s’inverse. C’est à eux de devoir rendre des comptes et non pas l’inverse.
Générations — www.place-publique.fr — Readability http://www.readability.com/articles/lozgcxux
3 sur 4 14/03/2013 17:23

36
En fait, les Y recherchent une grande proximité relationnelle et nous savons que leur
décontraction est parfois perçue comme de la désinvolture, voire de l’insolence.
Un autre élément de clivage repose aussi sur le fait que ces jeunes sont perçus comme des
mercenaires. A quoi bon s’investir dans la relation et dans le transfert des compétences puisque à
la première occasion, ils quitteront l’entreprise pour monnayer, ailleurs, leur savoir faire. Là
encore, il faudrait garder en mémoire le discours qu’ils entendent depuis le plus jeune âge sur la
nécessité de faire plusieurs métiers dans une vie professionnelle, et ce, dans des entreprises
différentes. Ils ont intégré la mobilité professionnelle et pour eux ce n’est pas une fatalité.
D’où conséquences sur le contrat à établir avec eux, la relation de confiance et la manière de
s’engager dans l’action.
En conclusion, il y a matière à s’interroger sur l’aptitude de nos entreprises à faire face aux besoins
des jeunes. Une première ambition est déjà de décoder leur système de valeurs et d’en comprendre
la logique. Ils vont influencer les pratiques de l’entreprise de demain aussi sûrement qu’ils savent
déjà influencer le marketing et les stratégies des marques. Pour l’entreprise, la question n’est pas
de savoir s’il faut ou pas s’adapter à cette génération Y mais bien de ne pas perdre de temps si elle
veut être en mesure des les attirer et les mobiliser durablement…
* Directeur associé de THERA Conseil - Groupe EFFICEA) , auteur avec Catherine Tanguy de
« Génération Y mode d’emploi - intégrez les jeunes dans l’entreprise - » aux
éditions De Boeck Université, Bruxelles, novembre 2008.
http://www.place-publique.fr/spip.php?page=forum&id_article=5912
Réagir à cet article
Vos commentaires
Original URL:
http://www.place-publique.fr/article/generation-y-le-choc-des-cultures
Générations — www.place-publique.fr — Readability http://www.readability.com/articles/lozgcxux
4 sur 4 14/03/2013 17:23

37
lagenerationy.com
J AN. 18, 2 011
Dans un récent article, nous nous sommes fait l’écho d’une étude sur les différences générationnelles entre matière
d’I nternet et de T.I.C.
Pour prolonger cette étude, vous trouverez ci-dessous une infographie qui permet de visualiser les différences d’usages
entre générations.
Exemples de lecture du graphique :
Il existe une différence générationnelle importante en matière d’utilisation des réseaux sociaux. Le taux
d’utilisation est près de deux fois plus élevé pour la génération Y (83%) que pour la tranche des 55-64 ans (43% ).
En revanche, il n’existe quasiment plus de différences générationnelles en ce qui concerne l’utilisation des moteurs
de recherche (92% pour les membres de la génération Y contre 87% pour la tranche des 55-64 ans)
Artic les sim ilaires:
Original URL:
http://lagenerationy.com/2011/01/18/internet-generationnel/
La Génération Y – Julien Pouget — lagenerationy.com — Readability http://www.readability.com/articles/gycuyn0d
1 sur 1 14/03/2013 17:23

38
fr.wikipedia.org
Le terme génération Y désigne la génération sociologique des personnes nées entre 1980 et
1999. L'origine de ce nom a plusieurs attributions. Pour les uns il vient du Y que trace le fil de leur
baladeur sur leur torse, pour d'autres ce nom vient de la génération précédente, nommée
génération X, pour d'autres encore il vient de la phonétique anglaise de l'expression Y (prononcer
wa?), signifiant « pourquoi »
[N 1],[1]
. D'autres termes équivalents existent, dont enfants du
millénaire ou les diminutifs GenY et Yers. Les Américains utilisent également l’expression
digital natives ou net generation pour pointer le fait que ces enfants ont grandi dans un
monde où l'ordinateur personnel et l'Internet sont devenus de plus en plus accessibles. Certains
parlent plutôt de la Génération C.
L'usage de la notion de génération est consensuel en démographie mais pas dans les autres
sciences sociales. Le lien entre appartenance générationnelle et comportements peut porter à
controverse. Le succès de la notion de génération Y dans les entreprises prend appui sur le
déphasage entre les besoins et attentes des jeunes de la génération Y et le mode de fonctionnement
de l'entreprise. Le fossé générationnel s'explique par une accélération du changement, l'apparition
des NTIC, une hiérarchisation différente dans les transmetteurs de valeurs. L'Église, l'armée voire
la famille sont moins influents que ne le sont l'Internet, la télévision voire les réseaux relationnels.
Comme l'affirme Pascale Weil dans son ouvrage Tels pères… quels fils, les pairs sont devenus plus
importants que le père.
Un concept occidental
Cette catégorisation est essentiellement valable pour les
pays occidentaux, bien que certaines
caractéristiques soient vraies plus largement, du fait d'éléments géopolitiques majeurs, par
exemple :
Ils n'ont pas eu à subir la menace d'apocalypse de la guerre froide.
Ils considèrent comme acquises (et parfois dépassées) les transformations morales des années
1960 et 1970.
Ils n'ont pas connu le monde sans le sida.
D'ici 2015, la génération Y devrait représenter 15 %
[2]
de la population européenne et 40 % des
actifs en France
[N 2]
.
Ils étaient suffisamment jeunes lors de l'introduction massive de l'informatique grand-public
et de l'électronique portable (téléphonie mobile, photo numérique, GPS) pour en avoir acquis
une maîtrise intuitive qui dépasse généralement celle de leurs parents (d'où le nom de « digital
natives »).
Ils sont nés avec les débuts de l'intérêt du grand-public pour l'écologisme (qui était
précédemment l'affaire d'une minorité, et souvent assimilée à l'extrême gauche).
Ils sont nés alors qu'IBM avait choisi le système d'exploitation de Microsoft pour son PC.
D'autres caractéristiques dépendent plus largement du contexte géographique.
Europe de l'Ouest
Europe de l'Est
Ils étaient enfants, ou n'étaient pas nés, sous l'ère communiste, et ont donc moins de mal à
Génération Y — fr.wikipedia.org — Readability http://www.readability.com/articles/shygadny
1 sur 6 14/03/2013 17:24

39
s'adapter à des notions inconnues jusqu'en 1989 : chômage, consumérisme, liberté
d'expression, liberté d'entreprendre, inégalités sociales, etc.
Ils n'ont pas eu à apprendre le russe de façon obligatoire.
Ils ont connu les deux systèmes, et ont fait la part des avantages et inconvénients de chacun
(ostalgie)
On peut noter que le rêve américain s'est largement atténué dans cette génération en Europe de
l'Ouest en même temps qu'il y est apparu en Europe de l'Est.
Amérique du Nord
Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre, leur arrivée dérange certains employeurs : ils sont
rares et savent ce qu'ils valent. Pour les membres de la génération Y, l'autorité n'est pas toujours
synonyme de compétence
[3]
. Ils n'ont pas peur de se comparer aux autres. Ils sont autant à l'aise
pour communiquer à l'aide des technologies que directement. Contrairement à leurs parents, les
jeunes de la génération Y ne placent pas le travail au premier plan. Ils refusent de travailler durant
les fêtes et week-ends (sauf en emploi étudiant) et veulent des congés pour décompresser, car la
santé mentale et physique s'avère être leur priorité. Ils recherchent une meilleure qualité de vie, en
conciliant travail et intérêt personnel
[4]
. Ils pensent à court terme et sont très mobiles
[5]
.
« Progression rapide, horaires plus flexibles, formation continue, liberté et autonomie… Voilà
quelques-unes des exigences de cette génération, et les entreprises n'auront d'autre choix que d'en
tenir compte »
[6]
.
Culture
Comme toute génération, son identité se construit autour des apports culturels reçus dès le plus
jeune âge. Cette génération a largement grandi devant la télévision, et a vu l'arrivée en masse des
séries d'animation japonaises. La vente de coffrets vidéos, ou d'article de merchandising
concernant les séries datant d'une vingtaine d'années témoigne de la nostalgie de cette génération
pour la télévision qui l'a fortement influencée. D'ailleurs, les membres québécois de génération Y
ont grandi avec TVJQ (1980-88) ainsi que le Canal Famille (1988-2001) et des émissions
purement québécoises telles que Passe-Partout (1977-1998), Bibi et Geneviève (1988-96), Sur La
Rue Tabaga (1990-95), Les Intrépides (1992-96), Télé-Pirate (1991-97), Le Studio (1995-98) et, à
leur adolescence, Radio-Enfer (1995-01) et Watatatow (diffusé à Radio-Canada entre 1991 et
2005).
Cette génération est considérée comme naturellement plus à l'aise que les précédentes avec les
technologies de l'information, et Internet en particulier. Elle peut être associée à l'ensemble des
technologies et applications que l’on nomme aujourd’hui le Web 2.0. Chacun a accès à des outils
de création et de communication dont les générations précédentes ne pouvaient que rêver. Ainsi,
par exemple, écrire un livre dans les années 1970 nécessitait de le taper à l'aide d'une machine à
écrire et à démarcher des éditeurs, ce qui rendait la diffusion des ouvrages plutôt incertaine.
Aujourd'hui, on peut écrire sur son site web personnel (blog ou autre) depuis n'importe quel
ordinateur, la diffusion du contenu étant immédiate.
La génération précédente a pu s'extasier devant les progrès constants réalisés par l'industrie
audiovisuelle et ses effets spéciaux. Pour la génération Y, qui est née après des films cultes tels que
Star Wars, et était jeune pour d'autres plus récents comme The Matrix, ces progrès vont de soi, et
plus rien ne peut être graphiquement « étonnant », dans la mesure où « tout est possible », d'un
dinosaure à la destruction d'une planète.
Les dates admises pour la génération Y correspondent à l'arrivée des jeux vidéo dans les foyers des
pays développés ; c'est donc la première génération à en avoir profité dès le plus jeune âge. Elle a
donc grandi avec les effets positifs et négatifs liés à leur pratique (tous ces effets sont source de
débat, que ce soit au niveau de l'agressivité, des réflexes, de la cyberdépendance et de la
représentation dans l'espace, etc.).
Génération Y — fr.wikipedia.org — Readability http://www.readability.com/articles/shygadny
2 sur 6 14/03/2013 17:24

40
Digital natives ?
Certaines études, dont une réalisée par la fondation Travail et Technologie de Namur en Belgique,
tendent à démontrer qu'une partie de la génération Y, les 16-25 ans, consomment plus qu'ils ne
développent les nouvelles technologies. Plutôt que des digital natives, Jean-Noël Lafargue qualifie
ce groupe d'âge de digital naives
[7]
.
Génération Peter Pan
Cette génération est parfois surnommée Génération Peter Pan, qui, en l'absence de rites de
passage à l'âge adulte, ne construisent pas d'identité ou de culture d'adulte spécifique. Ce surnom
fait également référence à la tendance des membres de cette génération à quitter le domicile
familial plus tard que les générations précédentes. La première cause de cette tendance peut être
définie en termes économiques. Les crises économiques, dont la bulle internet en 2000 et la
récente crise financière ont rendu l'accès au logement plus difficile pour cette génération touchée
par un fort taux de chômage.
Néanmoins, les causes ne sont pas seulement matérielles. Un questionnement plus poussé au
sujet de ce que signifie “être adulte” a également eu un impact sur cette transition plus tardive vers
l'âge adulte. Une étude menée par la Brigham Young University tend à montrer que les étudiants
américains associent plus volontiers le terme “adulte” à des valeurs personnelles qu'aux
évènements traditionnellement considérés comme des rites de passage tels que l'obtention d'un
diplôme, l'entrée sur le marché du travail, le mariage ou la naissance d'un premier enfant. Dr.
Larry Nelson, un des trois professeurs ayant dirigé cette étude, a aussi pu noter que certains
individus de la Génération Y retardent le passage à l'âge adulte en réponse aux erreurs de leurs
parents. « Dans les générations précédentes, on commençait la vie en se mariant et démarrant une
carrière de façon immédiate. Les jeunes d'aujourd'hui ont vu que cette approche a mené au divorce
et au fait que de nombreuses personnes ne soient pas satisfaites de leur carrière… La majorité
d'entre eux veut se marier […] mais veut le faire bien du premier coup. On peut en dire autant de la
carrière professionnelle. »
Un titre controversé
L’utilisation du terme de génération Y est controversée. Si la logique veut que l’on choisisse « Y »
pour appeler la génération qui suit les « X » (nés entre 1959 et 1979), ce terme de X est péjoratif. Il
a été utilisé pour décrire une génération qui n’a pas su trouver ses repères, contrairement à celle de
ses parents qui sortait de la
Seconde Guerre mondiale et devait reconstruire le pays.
Le terme Y est aussi utilisé comme en anglais why. La génération Y veut savoir pourquoi. Dans son
milieu de travail, le travailleur génération Y aura de la difficulté à exécuter une tâche ou un ordre
s'il n'en comprend pas l'utilité ou la raison.
De nombreux termes sont utilisés pour nommer cette génération :
Les « Millénaires » d’après William Strauss et Neil Howe, les sociologues américains pères des
études sur les générations qui considèrent que la génération Y court jusqu’à 2000.
La génération « pourquoi » par Eric Chester en raison de leur remise en cause systématique
des contraintes qu'on peut leur imposer (Y en anglais se prononce comme why, qui signifie
pourquoi).
Les écho boomers, (enfants de Baby boomers).
L’ « e-Génération », en référence au « e » de « électronique » comme dans e-mail
[8]
.
Les « suivants », pour leurs similitudes avec la génération X.
La « génération boomerang », pour quitter leurs parents assez tôt mais revenir à la fin de leurs
études ou suite à un échec.
« The Generation We » selon les auteurs anglais Greenberg et K. Weber et ce, découlant de
l'œuvre portant le même titre. Cette dénomination fait référence à comment la jeunesse
« Millénaire » va prendre le dessus sur l'Amérique et changera le monde pour toujours
[9]
.
Génération Y — fr.wikipedia.org — Readability http://www.readability.com/articles/shygadny
3 sur 6 14/03/2013 17:24

41
Des spécificités controversées
L’hypothèse de l'existence de spécificités propres à la génération Y est controversée. Il est logique
que chaque génération se distingue des autres. Mais il peut sembler excessif de faire de la
différence de générations un déterminant des comportements plus décisif que, entre autres, les
appartenances aux classes sociales, aux cultures, aux territoires etc.
L'existence de spécificités dans la relation des Y avec le travail n'est pas démontrée. Les travaux qui
s'intéressent à cette génération sont plus descriptifs qu'explicatifs ou comparatifs. Des études qui
tentent de comparer les différentes générations sont rares. La seule réalisée sur un échantillon
français (Pralong) conclut d'ailleurs à l'absence de différences entre les X et les Y dans le rapport au
travail, à l'entreprise et à la carrière.
Les propos qui attribuent des caractéristiques spécifiques à la génération Y sont aussi étudiées
comme une idéologie managériale (Pichault).
Plusieurs approches remplacent cette notion de Génération liée à des dates de naissances pour la
remplacer par une évolution des systèmes de valeur et la culture (Chaminade)
Notes et références
Notes
 ” En anglais, y et why sont homophones. Ainsi, en anglais, generation Y fait également
référence aux nombreux questionnements, surtout envers l'autorité, qu'ont les membres de
cette génération.
1.
 ” Ce chiffre a été cité la première fois par Benjamin Chaminade lors de l'événement
Prospectives recrutement en 2020 du 17 janvier 2007 organisée par Focus RH sur la base des
projections de population active de l'INSEE
2.
Références
 ” Marie-Claude Ducas, « Hommage à la Génération X » sur
http://marieclaudeducas.infopresse.com, 9 juin 2010
1.
 ” « EU Youth Report de 2009 » (rapport de l'Union Européenne sur la jeunesse)2.
 ” Leduc, Gilbert. « Les 19 à 29 ans, La génération qui fait peur aux employeurs », Le Soleil,
Affaires, vendredi, 23 novembre 2007, p. 44
3.
 ” Dauray, Chantal, « Recruter et garder vos employés : les stratégies qui rapportent », PME,
Vol. 23 No. 5, Septembre 2007, p. 10
4.
 ” Picard, Pierre. « Les attentes des jeunes face à leur régime de retraite », Les Affaires,
Stratégies, samedi, 13 octobre 2007, p. 37
5.
 ” Bergeron, Ulysse. « Les cadres mercenaires », Commerce, Vol. 109, No. 2, Février 2008,
p. 21
6.
 ” Astrid Girardeau, « «Les jeunes ne sont plus intéressés par l’outil-ordi» » sur
http://www.liberation.fr, 10 mars 2010
7.
 ” L’internet égalise la télévision comme principale source d’information des jeunes américains
âgés de 18 à 29 ans en 2008 par Julien Pouget
8.
 ” E. Greenberg & K. Weber, Pachatusan. Generation We, 2008, 247p.9.
Voir aussi
Bibliographie
Marie Desplats et Florence Pinaud : Manager la génération Y - Travailler avec les 20-30 ans,
Édition Dunod, Paris, 2011
Daniel Ollivier et Catherine Tanguy : Génération Y mode d'emploi - Intègrez les jeunes dans
l'entreprise, Edition Deboeck, Louvain, 2008
Julien Pouget : Intégrer et Manager la Génération Y, Éditions Vuibert, 2010, 202 p.
Génération Y — fr.wikipedia.org — Readability http://www.readability.com/articles/shygadny
4 sur 6 14/03/2013 17:24

42
François Pichault et Mathieu Pleyers : Pour en finir avec la génération Y… Enquête sur une
représentation managériale, Actes du XXI
e
congrès de l'AGRH, 2010.Jean Pralong : L'image du travail selon la génération Y : une comparaison inter-
générationnelle, Revue Internationale de Psychosociologie, 2010.
(en) Bruce Tulgan et Carolyn A. Martin : Managing Generation Y: global citizens born in the
late seventies and early eighties, Amherst, HRD Press, 2001, 105 p.
Carol Allain : Génération Y, Les Éditions Logiques, 2008, 208 p.
Benjamin Chaminade : T'inquiète je gère, les éditions Studyrama 2007
Gregory Kapustin : La jeunesse qui range sa chambre, Éditions du Cygne, 2008, 160 p.
Génération Y — fr.wikipedia.org — Readability http://www.readability.com/articles/shygadny
5 sur 6 14/03/2013 17:24

43
Une réalité à tempérer…
Tout le monde ne passe pas son temps sur les
réseaux sociaux, et n’en possède pas les codes.
Notamment, les enfants et adolescents dont les
parents n’ont pas l’équivalent du bac passent 90
minutes de plus par jour à utiliser les médias que les
enfants de familles plus favorisées
socioéconomiquement.
C’est la nouvelle
fracture numérique

44
caddereputation.over-blog.com
Arrivé à un certain stade, on peut en
avoir marre d’être englobé… D’être
systématiquement associé à une
génération entière et de se voir ranger
dans la case « connaisseur du
numérique », juste parce que l’on a
moins de 30 ans. Mais aussi d’être
associé à un ensemble d’usages et de
pratiques que l’on ne connaît ou ne
cautionne pas du tout. Ou à l’inverse,
de voir des amis à qui l’on demande le
même niveau de technicité, la même
compréhension d’un phénomène que
l’auteur d’un blog sur l’e-réputation. Bref, merci de ne plus me ranger dans la case
« génération Y », je m’y sens trop à l’étroit…
J’ai moins de 30 ans.
J’utilise un mac depuis que j’ai 5 ans (avec notamment un jeu qui m’a marqué à vie : Risk).
J’ai eu mon premier accès à Internet en 1995 (des informaticiens dans ma famille).
J’ai produit mon premier site web en 1998 (avec le club Internet de mon collège).
J’ai découvert les IRC, forums et autres newsgroups la même année.
J’ai développé et animé mon premier forum (sur la musique, décédé depuis bien longtemps et
introuvable sur Google depuis) au tout début des années 2000.
Les « réseaux sociaux » ? Myspace en 2005 (création et animation de comptes associatifs),
Facebook en 2006, etc.
Je travaille dans le web, je travaille par le web, j’étudie le web, je consomme des contenus culturels
et informatifs sur le web (je n’ai plus la TV depuis… 9 ans)… Et pourtant… Je ne suis pas un
« digital native » !
Ou plutôt, merci de ne pas m’associer à la « génération Y », celle des natifs du
numérique…
Car si effectivement ma vision des choses tourne autour du numérique, je suis à la limite un geek
( ?) mais je ne suis pas pour autant le reflet d’une génération entière…
Pourquoi la génération Y n’existe pas ?
Je pourrais vous proposer de nombreux arguments rationnels, issus notamment de chercheurs
que j’estime (comme danah boyd ou encore Antonio Casilli), mais je préfère ici vous faire un
retour sur mes propres constats et impressions.
Ne me dites plus que je suis un digital native de la génération Y — cad... http://www.readability.com/art icles/aujdnnct
1 sur 5 14/03/2013 17:30

45
Tout d’abord, c’est quoi une « génération » ? Selon le TLFi :
=> « Ensemble de ceux qui descendent d'une même origine »
=> « Chaque degré de filiation; laps de temps qui sépare ces degrés de filiation »
=> « Chacune des phases successives qui marquent un changement important dans une
technique en évolution » (définition principalement liée aux objets et technologies)
Bref, la génération Y serait donc un ensemble d’individus ayant une même origine, qui dans un
laps de temps déterminé ont fait évoluer leurs techniques, voire leur vision du monde (numérique
donc).
Seulement, lorsque j’entends parler de « génération Y », j’y vois surtout cette interprétation du
terme « génération » : « Ensemble de ceux qui vivent à une même époque et qui ont sensiblement
le même âge ».
Et voilà où je veux en venir. J’avoue que le numérique, le web et ses outils ont déteint sur
l’appréhension que j’ai du monde en général ; et face à ma grand-mère ou ma mère, j’ai une tout
autre vision du web et de ses possibilités.
Cependant, tous mes amis ne travaillent pas dans le web, et si je devais résumer :
==> La majorité n’a pas de profils Facebook, encore moins Twitter
==> La majorité ne connaît pas un dixième des termes techniques que j’emploie ou voit employé
chaque jour
==> Leurs smartphones leurs servent à 90% à … téléphoner
Bref, l’idée qu’une même génération puisse avoir des usages similaires, et surtout une
appréhension globale, globalisée et égale d’un même phénomène me parait élitiste.
Oui, élitiste car très clairement l’utilisation du web et l’immersion dans l’univers numérique restent
encore de mon point de vue fortement corrélés au statut socio-économique de chacun. C’est
peut-être une évidence, mais l’accès à Internet n’est pas encore le même pour tous, l’accès à des
référents culturels n’est pas le même pour tous, etc. Lorsque l’on se réfère à la génération Y, aux
digitals natives, j’ai souvent l’impression que l’on s’appuie principalement sur la partie visible de
l’iceberg : celle des usages identifiables sur le web. Et très clairement, passer outre la réalité socio-
économique du monde (tout le monde n’a pas accès au web, tout le monde ne bénéficie pas de la
même ouverture culturelle, etc… et cela en France, alors ne parlons pas d’autres pays) est une
erreur. Erreur pour les entreprises qui en font leurs cibles marketing idéales (car la
communication virale marche avant tout pour les geeks) au risque de laisser de côté
une bonne partie de leur public. Erreur des organisations en général qui voient
l’arrivée de ces nouveaux entrants sur le marché du travail comme attendant tous la
même chose de leur vie de salarié.
Autre constat personnel : en tant qu’enseignant.
J’ai la chance d’intervenir dans diverses formations universitaires (du master pro à l’école de
commerce, de bac +1 à bac +5). Et si mes cours portent sur le web pour des étudiants à peine plus
jeunes que moi, je m’aperçois très clairement que non, chacun est loin d’avoir la même vision du
numérique.
Là où certain(e)s l’utilisent encore comme un annuaire géant ou un outil de communication (un
peu comme mes « ainés » d’ailleurs : recherche de restaurant, confirmation d’une définition sur
Wikipédia, envoi de mails, etc.), d’autres ont un usage beaucoup plus poussé. Et surtout, ils
placent le numérique comme vecteur principal de leur évolution dans le monde étudiant, du
travail, et de la société en général. Là où d’autres voient Internet comme un simple outil de
Ne me dites plus que je suis un digital native de la génération Y — cad... http://www.readability.com/art icles/aujdnnct
2 sur 5 14/03/2013 17:30

46
distraction, et n’ont pas encore ce « réflexe » Internet que l’on voudrait prêter à toute une
génération. Sans parler de l’hétérogénéité de leurs usages de Facebook par exemple (tous ne sont
pas d'anciens kikoo-lol)…
J’arrête ici les exemples, et en vient directement à mon propos : le numérique (le web, les
tablettes, les smartphones, etc.) est encore trop jeune pour qu’une génération
entière s’y soit totalement adapté . Pour que la connaissance et l’appréciation d’un
phénomène soient similaires. Que le niveau de technicité, de besoins en termes de management,
de pratiques collaboratives, d’esprit critique face à l’information soient identiques (voire même
existant) pour chaque individu d’une même classe d’âge et ayant grandi avec des repères culturels
semblables. Comme l’utilisation du copier-coller de sources non qualifiées, qui relève plus d’un
manque de sensibilisation que d’un phénomène générationnel.
Oui, mais les études ?
Il existe de nombreuses études sur la génération Y, les natifs du numérique et tout ce qui va avec.
Seulement ces études se concentrent généralement sur une part de la population ayant accès au
web, et mettent trop souvent à mon goût de côté certains aspects culturels et socio-économiques
importants. De même, aborder le sujet de manière inductive est une bonne chose (identifier des
comportements dans leur contexte est toujours générateur de connaissances), en tirer des théories
servant de bases à d’autres analyses (et actant ainsi implicitement que la génération Y est une
réalité) l’est un peu moins. Etudes où l’on peut parfois lire « L’échantillon par pays est modeste (..)
[mais] les résultats sont significatifs » (exemple caricatural mais qui résume bien ma pensée).
Car oui, si nous avons tous vécus des événements similaires (11 septembre, TV, sida,
Internet, etc.) est-ce pour autant que le numérique est le facteur le plus
déterminant de notre génération ?
Pour avoir assisté récemment à un colloque, un chercheur a défini la sociologie comme
s’intéressant prioritairement non pas aux exceptions (cas marginaux), mais à ceux étant dans la
moyenne. Et si les personnes de ma génération ont effectivement évolués dans le même « décor »
que moi , les usages numériques de chacun me semblent encore trop hétérogènes pour parler de
« moyenne », de pratiques types ou encore d’appétence généralisée pour le numérique.
Dans un certain sens c’est un avantage. Qui n’a pas entendu : « ce boulot on le laisse à Truc, il est
jeune, il maitrise donc mieux Internet que nous » ? On est jeune, donc on a un avantage sur les
plus vieux (qui, c’est bien connu, ne connaissent rien au web !).
Mais au final, en laissant croire que Tous les Jeunes ont des facilités avec le web, on
occulte que nombre d’entre eux ont un réel besoin d’être éduqués/formés à son
utilisation (surtout dans les générations à venir). Qu’Internet est aussi un outil avec ses règles,
ses codes, ses langages, rien qui ne soit purement intuitif. Par analogie, ce n’est pas parce que
j’ai grandi avec des voitures autour de moi que je sais naturellement conduire sans
passer le permis… Je trouve aberrant d’inciter la création de profils sur Viadéo pour du
recrutement (par exemple) sans prendre en compte que chacun n’en fera pas nécessairement une
bonne utilisation, ou que le concept même d’afficher son profil en ligne pour trouver du travail
puisse être abstrait à de nombreux étudiants (fussent-ils à bac +12 d’ailleurs).
Bref, que le simple fait d’être né avec Internet ne fait pas de nous des bons utilisateurs d’Internet.
Que le fait d’avoir grandi dans des environnements de plus en plus numériques ne
nous offre pas systématiquement une meilleure appré hension de ces
environnements. Que si nous sommes, comme le souligne Michel Serres, une génération
mutante, la mutation n’est pas aboutie pour tous et que je vois difficilement des points communs
liés au numérique avec la plupart de mes amis ou collègues.
En définitive : j’aimerais bien que tous les gens de ma génération appréhendent et pratiquent le
web comme moi, mais ce n’est pas le cas et je ne m’avancerais donc jamais à regrouper toute une
Ne me dites plus que je suis un digital native de la génération Y — cad... http://www.readability.com/art icles/aujdnnct
3 sur 5 14/03/2013 17:30

47
génération d’individus sous la même bannière.
Au final…
Ces petites réflexions personnelles, faiblement argumentées certes (bien que je me base sur un
échantillon valide d’amis et d’étudiants… tout du moins aussi valide que certaines études sur le
sujet) mais néanmoins un minimum réfléchies, visent à trois choses.
Premièrement, d’un point de vue des organisations, ne plus appréhender une génération entière (à
la louche les 18-30 ans) comme ayant des usages similaires du web (et du numérique en général).
Et ainsi éviter certaines incompréhensions, ou tout simplement de réduire fortement son public.
De même pour l’intégration des « jeunes » dans l’entreprise : ce n’est pas parce qu’ils ont 23 ans,
qu’il ne faudra pas les former au numérique, au travail collaboratif, voire à la culture de
l’information en général.
Deuxièmement : qu’on arrête définitivement de me classer dans une tranche d’âge, de
m’associer des méta-usages liés seulement à mon âge ( !). Et surtout, qu’à l’inverse, on
n’extrapole plus mes propres usages de geeks à l’ensemble des individus du même âge que moi.
Troisièmement : simplement nuancer par mon témoignage personnel l’emploi devenu courant
d’un buzz word. Car si je comprends cette nécessité de créer des termes communs (génération Y =
jeunes geeks), attention à ne pas non plus trop réduire l’approche. A ne pas mettre dans des
cases une génération dont on souligne à longueur d’études qu’elle souhaite « sortir
des cases »…
Ces différentes raisons (je n’aime pas qu’on englobe, car quand on englobe au final on exclut)
méritent sûrement d’être plus fouillées, et surtout débattues. Alors n’hésitez pas : les
commentaires du blog n’attendent plus que vos (contres) arguments
Et pour avoir un peu plus de lecture:
==> Trois idées reçues sur Internet, où Antonio Casilli souligne que « les membres de la soi-disant
«génération Internet» ne sont pas tous des virtuoses du clavier »
==> La génération Y n'existe pas, où le professeur J. Pralong avance cet argument intéressant :
« je pense en effet que c’est la génération X qui a inventé la génération Y pour appeler au secours et
demander de nouvelles règles du jeu en matière de comportement et de management »
==> Mythes et réalités de la génération Y, qui va dans le même sens que ce billet (avec un retour
d’expérience), et où je note particulièrement cette phrase : « Ce n’est pas parce que les jeunes se
servent de la technologie qu’ils en conçoivent le sens »
==> L’inévitable danah boyd, qui souligne que « la “Génération Y” n’est en fait qu’une petite partie
des jeunes actuels, celle que les spécialistes du marketing doivent atteindre »
==> Dans « génération Y » ce qui pose problème c’est « génération », pas « Y », avec une définition
beaucoup plus fouillée du concept de « génération » et une mise en perspective intéressante de
l’idée de « génération Y ».
==> Qui sont les digital natives?, où à l’inverse des précédents articles le concept de génération Y
est développé
==> Bref, je m’arrête-là, de nombreux autres papiers existent sur le sujet (pour ou contre), le
débat est donc ouvert
Et vous : êtes-vous un digital native de la génération Y ? Que pensez-vous de cette
vision sociologique d’une génération entière ?!
Ne me dites plus que je suis un digital native de la génération Y — cad... http://www.readability.com/art icles/aujdnnct
4 sur 5 14/03/2013 17:30

48
- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -
Perdre son temps : la nouvelle fracture numérique
Posted By Xavier de la Porte On 4/6/2012 @ 7:00 In Articles,Communication
interpersonnelle,Education et formation,Territoires,Usages | 32 Comments
La lecture de la semaine est un article paru mardi dans le New York Times sous la plume de Matt
Richtel
[1]
(@mrichtel
[2]
), et il est intitulé “Perdre son temps : la nouvelle fracture numérique”
[3]
. Un bon sujet de réflexion pour ceux qui ont l’accès à l’internet comme seule politique
numérique.
“Dans les années 90, commence l’article, le terme de “fracture numérique” est apparu pour
décrire la séparation entre ceux qui possédaient la technologie, et ceux qui ne la possédaient pas.
Il a été à l’origine de nombreux effort pour mettre dans les mains des Américains, en particulier
des familles les plus défavorisées, les outils numériques dernier cri. Ces efforts ont permis de
réduire la fracture, c’est un fait. Mais ils ont eu une conséquence inattendue, qui a surpris et
troublé aussi bien les chercheurs que les politiques et le gouvernement. D’après les études
menées, une fois l’accès aux technologies démocratisé, les enfants des familles les plus pauvres
passent considérablement plus de temps que les enfants de familles aisées à regarder la
télévision ou utiliser leurs gadgets pour regarder des émissions et des vidéos, pour jouer ou se
connecter à des réseaux sociaux. Ce nouveau fossé, celui du “temps gaspillé” dépend plus, selon
les chercheurs, de l’aptitude des parents à surveiller et limiter l’usage des technologies par leurs
enfants, que de l’accès à ces mêmes technologies.

[4]
Image : A quoi perdons-nous notre temps ? Photo en CC d’Esellee
[5]
.
“Cette nouvelle fracture préoccupe à ce point les autorités que la Federal Communications
Commission réfléchit à dépenser 200 millions de dollars pour créer un corps de formateurs dédié
à l’alphabétisation numérique. Ce groupe composé de milliers de personnes parcourrait les écoles
et les universités pour enseigner l’usage intelligent des ordinateurs aux parents, aux élèves et aux
chercheurs d’emploi. Il s’appuierait aussi sur des réseaux de formation déjà existants et des
initiatives déjà en place de formation au numérique.
La FCC et les autres décideurs disent vouloir toujours mettre l’informatique dans la main de tous
les Américains, car le fossé reste important. Selon elle, près de 65 % des Américains ont un accès
à internet chez eux, mais on tombe à 40 % pour les foyers aux revenus les plus bas. 50 % des
Hispaniques et 40 % des Afro-américains n’ont pas d’accès à l’internet. Il ne s’agit donc pas de
limiter l’accès. Mais, selon la célèbre ethnographe américaine danah boyd, “l’accès n’est pas la
panacée. Non seulement ça ne résout pas le problème, mais cela reflète et magnifie les
problèmes existants”. Comme beaucoup de chercheurs, danah boyd pense qu e l’effort initial de
InternetActu.net » Perdre son temps : la nouvelle fracture numérique » Print http://www.internetactu.net/2012/06/04/perdre-son-temps-la-nouvelle-f...
1 sur 9 14/03/2013 17:31

49
réduction de la fracture numérique n’avait pas anticipé que les ordinateurs seraient utilisés à ce
point à des fins de divertissement.
Une étude (.pdf)
[6]
publiée en 2010 par la Kaiser Family Foundation a montré que les enfants et
adolescents dont les parents n’avaient pas l’équivalent du bac passaient 90 minutes de plus par
jour à utiliser les médias que les enfants de familles plus favorisées socioéconomiquement. En
1999, la différence n’était que de 16 minutes. “Malgré l’utilisation éducative potentielle des
ordinateurs, la réalité est que leur usage éducatif ou pour la création de contenu ayant du sens
est minuscule comparé à leur usage pour le divertissement pur”, explique Vicky Rideout, qui a
mené l’étude pour la Fondation Kaiser, “au lieu de réduire la fracture, ils augmentent le fossé du
temps gaspillé”. Même si les enfants de familles éduquées jouent aussi beaucoup, le défi est donc
accru pour les parents et enfants de familles défavorisés, ceux qui étaient censés profiter de la
réduction de la fracture numérique. L’article montre ensuite que les conséquences peuvent parfois
être désastreuses, notamment pour la scolarité.
Le constat n’est pas nouveau, me rappelait gentiment Bernard Benhamou, le délégué aux usages,
qui précisait que Manuel Castels avait déjà dit cela en 1999. Oui, mais ce que notent les
chercheurs, c’est l’accroissement de l’écart, en temps et usage, un accroissement dû, et c’est un
paradoxe à des politiques bienveillantes de démocratisation de l’accès. L’exemple américain
pourrait inspirer une politique numérique en montrant qu’elle doit tenir sur deux jambes : accès
d’un côté, éducations aux usages de l’autre…
Xavier de la Porte
Xavier de la Porte (@xporte
[7]
), producteur de l’émission Place de la Toile
[8]
sur
France Culture, réalise chaque semaine une intéressante lecture d’un article de
l’actualité dans le cadre de son émission.
L’émission du 2 juin 2012
[9]
partait de la lecture de la semaine dernière
[10]
pour
savoir si le web mobile était le prochain tournant de l’économie numérique. Une
discussion entre Solveig Godeluck
[11]
(@solwii
[12]
), journaliste au service
High-Tech Médias des Echos, Laurent Gille
[13]
, directeur d’études au Département
de Sciences économiques et sociales (SES) de Télécom ParisTech
[14]
et Stéphane
Distinguin (@fano
[15]
), fondateur et PDG de FaberNovel
[16]
, une société qui fait à
la fois du conseil et de l’analyse.
32 Comments To "Perdre son temps : la nouvelle frac ture
numérique"
#1 Comment By
Bedis On 4/6/2012 @ 7:48
Faudra d’abord limiter l’accès à facebook…quoi que c’est sur ce dernier que j’ai trouvé votre
article.
#2 Comment By pop On 4/6/2012 @ 9:53
Des parents ont délégué l’éducation de leur enfants à des consoles et des logiciels de jeu: leurs
enfants sont des zombies qui savent parfaitement appuyer sur des boutons. Des morts vivants.
#3 Comment By Pierre On 4/6/2012 @ 11:24
@Bedis – Non et non , il ne faut pas fermer Facebook !!!
Il faut éduquer par l’école, par la formation etc …
Actuellement l’informatique et l’internet c’est comme une voiture conduite par une personne qui
n’a pas de permis qui ne connais pas les règles et usages.
Aujourd’hui seul 1% des internautes créés du contenu (dont je fais partie) je fais des formations
pour tout age et toutes catégories sociales (collégiens à retraité, ouvrier et chef d’entreprise) et il
y a une constante. Ils ont le même comportement sur le comme dans la vie de tout les jours. Si
ils écrivent ou font de la peinture ou créé de la musique ils ont le même comportement sir le net.
InternetActu.net » Perdre son temps : la nouvelle fracture numérique » Print http://www.internetactu.net/2012/06/04/perdre-son-temps-la-nouvelle-f...
2 sur 9 14/03/2013 17:31

50
…mais une réalité
Une étude anglaise qui pose la question à des 6-15 ans
Qui répond aux questions qu’on se pose ?
54 % disent Google, 25% les parents, 3% les profs

51
lexpress.fr
TOUS LES JOURS, TOUTE L’INFO

Par Léonore Guillaume, publié le 14/03/2012 à 15:51
Selon une étude anglaise, les technologies auraient complètement modifié
les réflexes de questionnement des plus jeunes. Avant 15 ans, ils seraient
54% à préférer poser des questions à Google qu'à leurs parents.
SELON UNE ÉTUDE ANGLAISE, LES TECHNOLOGIES AURAIENT COMPLÈTEMENT MODIFIÉ LES
RÉFLEXES DE QUESTIONNEMENT DES PLUS JEUNES. AVANT 1 5 ANS, ILS SERAIENT 54% À
PRÉFÉRER POSER DES QUESTIONS À GOOGLE QU'À LEURS PA RENTS.
Et non, nous ne sommes pas les seuls à demander la différence
entre une mouette et un goéland à Google. Nos enfants sont les
premiers à poser leurs inombrables questions au géant du
référencement... plutôt qu'à leurs parents.
Selon une étude menée par la Birmingham Science City, papa,
maman mais également les professeurs et même le dictionnaire sont
relégués en queue de peloton quand il s'agit de répondre à leurs
interrogations. Parmi les 500 enfants de six à 15 ans interrogés,
54% utilisent Google dès qu'ils se posent une question, et parfois
jusqu'à cinq fois par jour. Seulement un quart du panel fait encore
confiance à papa et maman. Quant aux professeurs, ils sont à la
traîne: 3% des enfants se tournent vers eux.
Mais le plus étonnant reste qu'un quart des enfants interrogés ignore
jusqu'à la signification du mot "encyclopédie". Serge Tisseron,
pédopsychiatre et auteur de
Rêver, fantasmer, virtualiser, du virtuel
psychique au virtuel numérique, explique que, bien qu'ils ne
connaissent pas le mot, les enfants utilisent Google comme ils
pourraient utiliser nos encyclopédies d'antan: "les enfants accèdent
au savoir; le résultat est donc le même. Ce sont simplement les
outils qui ont évolués, et les enfants s'y sont adaptés".
"Les parents doivent accompagner leurs enfants"
Dans le Daily Mail, le docteur Pam Waddell, directrice de la
Birmingham Science city, explique que les enfants grandissent dans
un environnement où "les nouvelles technologies deviennent un
standard". Ils y sont de plus en plus exposés, et de plus en plus tôt.
Christiane Olivier, psychanalyste spécialisée dans les relations
parents/enfants, note que, si les jeunes sont friands d'internet, c'est
parce qu'ils "veulent tout, tout de suite", et que "Google leur apporte
cette réponse très rapidement".
Mais attention aux dérives. La psychanalyste insiste sur le fait que,
si les enfants posent des questions sur la toile, c'est parfois "parce
qu'ils n'osent pas les poser chez eux". Quand il s'agit de sexualité,
elle regrette que "les parents soient souvent réticents, et le sujet,
encore tabou dans de nombreuses famille". Cela encourage les
enfants à mener leurs recherches en ligne, où ils risquent d'être
exposés à des images choquantes ou violentes. Serge Tisseron
souligne que, pour limiter les dangers du net, "les parents doivent les
accompagner, et être à l'écoute de ce qu'ils voient". Selon lui, même
si les logiciels de contrôle parental sont utiles, "ils ne sont efficaces
qu'à 75%". Le rôle des parents reste donc d'une importance
"capitale", pour que l'enfant ne voyage pas n'importe où sur internet.
Mais qu'il puisse laisser s'exprimer sa "curiosité naturelle". Et ce, en
toute sécurité.
LExpress.fr http://www.lexpress.fr/outils/imprimer.asp?id=1093439
1 sur 1 14/03/2013 17:34

52
blogdumoderateur.com
Ca n’a l’air de rien, et pourtant, faire une recherche sur Google portant ses
fruits peut être compliqué. Une récente étude montrait même que seuls 25%
des étudiants de l’Université de l’Illinois aux Etats-Unis étaient capables de
construire une requête « raisonnablement bien exécutée ». Dommage pour
les 75% restants… Cette infographie reprend donc quelques conseils bien
utiles pour trouver plus facilement ce que l’on souhaite sur Internet : elle est destinée
principalement aux étudiants effectuant des travaux de recherche, mais chacun y tirera des
bénéfices ! Par exemple, poser une question à Google est inutile (et pourtant, on en rencontre
assez souvent), il faut plutôt cibler les mots clés en fonction de ce que l’on souhaite trouver.
L’infographie donne également les commandes de Google qui devraient vous simplifier la vie, si
vous ne les connaissiez pas. Ecrire sa requête entre guillemets permettra de faire la recherche sur
cette expression exacte ; taper le signe – avant exclura ces mots (utile pour chercher des
renseignements sur la tomate, en excluant les recettes de cuisine par exemple), fouiller dans un
site Internet particulier sera possible en tapant site:nomdusite avant sa recherche… Toutes sortes
d’astuces que nous n’exploitons pas forcément suffisamment. Vous pouvez également vous
reporter à la liste de conseils établie par Google, ainsi qu’aux outils destinés à simplifier la
recherche.
Infographie : comment bien chercher sur Google — www.blogdumodera... http://www.readability.com/articles /iaw9ocra
1 sur 7 14/03/2013 17:34

53
Infographie : comment bien chercher sur Google — www.blogdumodera... http://www.readability.com/articles /iaw9ocra
2 sur 7 14/03/2013 17:34

54
Infographie : comment bien chercher sur Google — www.blogdumodera... http://www.readability.com/articles /iaw9ocra
3 sur 7 14/03/2013 17:34

55
Infographie : comment bien chercher sur Google — www.blogdumodera... http://www.readability.com/articles /iaw9ocra
4 sur 7 14/03/2013 17:34

56
Infographie : comment bien chercher sur Google — www.blogdumodera... http://www.readability.com/articles /iaw9ocra
5 sur 7 14/03/2013 17:34

57
Infographie : comment bien chercher sur Google — www.blogdumodera... http://www.readability.com/articles /iaw9ocra
6 sur 7 14/03/2013 17:34

58
Les raisons
1. Internet c’est cool
2. On y obtient des choses
impossibles autrement
3. On doit rester à la page
4. Il faut maîtriser Internet,
pour éviter qu’il ne vous
maîtrise
Avec la machine, on
devient cyborg

59
LE 3 JUIN 2011 XAVIER DE LA PORTE
Qui, de l’homme ou de la machine, est le plus intelligent? Cette question fondamentale
mérite d'être reformulée, en prenant en compte le fait que c'est la collaboration entre les
deux qui s'avère le plus efficace.
Xavier de la Porte, producteur et animateur de l’émission Place de la Toile sur France Culture,
effectue chaque semaine une lecture d’article dans le cadre de son émission. Cet article a été
publié le 6 avril sur InternetActu.
La lecture de la semaine, encore une fois, sera une chronique de Clive Thompson dans le dernier
numéro du magazine américain Wired, car, encore une fois, cette chronique est tout à fait
passionnante. Son titre n’est pas ce qu’elle a de mieux, mais il est suffisamment intriguant pour
donner envie de poursuivre : “Avantage aux Cyborgs : pourquoi l’accès à une intelligence
supérieure passe par l’amélioration des relations avec vos assistants numériques.” Je vous
rassure, la suite est plus claire.
Clive Thompson commence par poser une question obsédante et désormais classique:
En 1997, rappelle Thompson, Deep Blue, le superordinateur d’IBM, a fait nettement pencher la
balance en faveur des robots en battant Garry Kasparov aux échecs. Deep Blue a gagné parce que
les ordinateurs peuvent produire, à la vitesse de la lumière, des calculs presque infinis : ce dont les
humains sont incapables. Ce fut le prima de la force brute, de la capacité à passer en revue des
millions de mouvements possibles pour trouver les meilleurs. Ce n’est pas comme ça que les
humains jouent aux échecs. Les Grands Maîtres, nous rappelle encore Thompson, s’appuient,
pour choisir le bon mouvement, sur des stratégies et des intuitions fournies par des années
d’expérience et d’étude. Les intelligences humaines et artificielles ne travaillent pas de la même
manière, ce qui a donné à Kasparov une idée intrigante.
C’est là où le papier de Thompson commence à nous apprendre quelque chose (en tout cas à
m’apprendre quelque chose). Quelle fut l’idée de Kasparov ? Et si, au lieu de faire s’affronter les
humains et les machines, on les faisait travailler en équipe ? Kasparov a donc créé ce qu’il a
Qui, de l’homme ou de la machine, est le plus intelligent?
Quelle sorte de cyborg voulez-vous être? » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2011/06/03/homme-machine-intelligence-sorte-cyborg-vo...
1 sur 3 14/03/2013 17:36

60
appelé les advanced chess, les “échecs avancés”, dans lesquels les joueurs sont assistés par un
logiciel. Chaque compétiteur entre la position de ses pièces dans l’ordinateur et utilise les
mouvements proposés par le programme pour faire ses choix.
La revanche des esprits moyens
En 2005, dans un tournoi en ligne où tout le monde pouvait concourir, certaines paires humain-
machine étaient tout à fait étonnantes. Mais celle qui remporta le tournoi ne comptait aucun
Grand Maître, ni aucun des superordinateurs présents dans la compétition. Ce fut une équipe
d’amateurs d’une vingtaine d’années, assistés par des PC ordinaires et des applications bon
marché qui l’emporta. De quoi ont-ils tiré leur supériorité ? La réponse apportée par Thompson
commence à nous éclairer sur le sens de son titre. Leur supériorité est venue de leur aptitude à
tirer le meilleur parti de l’aide que leur apportait l’ordinateur. Ils savaient mieux que les autres
entrer leurs mouvements dans la machine, ils savaient quand il fallait consulter le logiciel et quand
il valait mieux ne pas suivre ses conseils. Comme Kasparov l’a dit ensuite, un être humain faible
avec une machine peut se révéler meilleur qu’un être humain fort avec une machine si l’être
humain faible a une meilleure méthode. En d’autres termes, selon Thompson, les entités les plus
brillantes de notre planète ne sont ni les êtres humains les plus accomplis ni les machines les plus
accomplies. Ce sont des gens à l’intelligence moyenne qui ont une aptitude particulière à mêler
leur intelligence à celle de la machine.
Et pour Thompson, cela ressemble beaucoup à ce qui se passe dans nos vies. Aujourd’hui, nous
sommes continuellement engagés dans des activités “cyborguiennes”. On utilise Google pour
trouver une information, on va sur Twitter ou Facebook pour se tenir au courant de ce qui arrive
aux gens qui nous intéressent, et d’autres choses encore.
Or, un grand débat oppose ceux qui adorent notre vie moderne et numérique à ceux qu’elle
perturbe. D’après Thompson, l’exemple fourni par les échecs nous montre pourquoi il existe un
tel fossé. Ceux qui sont excités par les technologies sont ceux qui ont optimisé leurs méthodes,
ceux qui savent comment et quand on s’appuie sur l’intelligence de la machine. Ceux qui ont
adapté leur profil Facebook, configuré leurs fils RSS, etc. Et même, plus important, ceux qui
savent aussi quand il faut s’écarter de l’écran et ignorer le chant des distractions qui nous
appellent en ligne. Le résultat, c’est qu’ils se sentent plus intelligents et plus concentrés. A
l’inverse, ceux qui se sentent intimidés par la vie en ligne n’atteignent pas cet état délicieux. Ils
ont l’impression qu’internet les trouble, qu’il les rend “bêtes” pour reprendre le mot de
Nicholas Carr.
Or, et on ne peut que donner raison à Clive Thompson, on ne peut pas faire comme si l’âge des
machines étaient en passe de s’achever. Il est certain que l’on va de plus en plus dépendre de
l’assistance numérique pour penser et se socialiser. Et trouver le moyen d’intégrer l’intelligence
de la machine à nos vies personnelles est le défi le plus important qui nous soit offert. Quand s’en
remettre à la machine ? Quand se fier à soi-même ? Il n’y a pas, d’après Thompson, de réponse
univoque, et il n’y en aura jamais. Il s’agit là, selon lui, d’une quête personnelle. Mais en aucun
cas nous ne devons éluder la question tant les avantages cognitifs sont grands pour ceux qui
savent le mieux penser avec la machine. Au final, dit Thompson, la vraie question est : “quelle
sorte de cyborg voulez-vous être ?”
Le grand-maître Ponomariov en 2005 face à la machine
Quelle sorte de cyborg voulez-vous être? » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2011/06/03/homme-machine-intelligence-sorte-cyborg-vo...
2 sur 3 14/03/2013 17:36

61
Cette chronique de Thompson est passionnante pour elle-même, mais elle l’est aussi, me
semble-t-il, pour ce qu’elle ouvre comme pistes. Et notamment, pour une explication qu’elle peut
apporter à la crainte d’une partie des élites, et des élites françaises en particulier, face à
l’internet. Car si Thompson, à la suite de Kasparov, a raison, si une intelligence moyenne alliée à
une bonne maîtrise de la machine renverse les hiérarchies au point de se révéler supérieure à des
années de travail et d’accumulation de savoir ; si cette règle s’avère exacte dans d’autres
disciplines que dans les échecs, alors quelle supériorité resterait à ceux qui savent, ceux que l’on
considère comme très intelligents, mais qui vivent sans les machines, qui les craignent, les
méprisent, et ne s’en servent pas ? Et s’il y avait, derrière les arguments des contempteurs
d’internet, la manifestation de cette crainte, la crainte d’un monde dans lequel ils ne domineraient
plus, d’un monde qui menacerait leur position. Ça n’est qu’une hypothèse, mais il faut avouer
qu’elle est tentante.
Article initialement publié sur InternetActu
Photos FlickR CC : par thrig et par erral
Quelle sorte de cyborg voulez-vous être? » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2011/06/03/homme-machine-intelligence-sorte-cyborg-vo...
3 sur 3 14/03/2013 17:36

62
Parce que c’est cool
Inventé en 1969 par des ingénieurs, il a été
conçu pour que tout le monde puisse s’y
exprimer, y rechercher des choses, y rencontrer
des gens de partout dans le monde.
Des communautés partagent leur savoir, on peut
y participer simplement, acquérir des savoirs,
parfois sans les avoir cherché (la sérendipité).
Depuis 2010, Internet a en plus gagné une
réputation de faiseur de démocratie avec les
révolutions arabes.
Les velléités régulières de le réguler ajoute à ce
sentiment : Internet est un endroit cool, que tous
les pouvoirs cherchent à maîtriser sans y arriver.

63
La w r en ce Lessig, à l'or ig in e des licen ces Cr ea t iv e
Com m on s.
Cet artic le
n e c ite pas su ffisam m en t ses sou rc es ( j u i n 2 0 1 0 ).
Si v o us dispo sez d'o uv rages o u d'artic les de référenc e o u si v o us c o nnaissez des sites web de qualité traitant du thème
abo rdé ic i, merc i de c o mpléter l'artic le en do nnant les référenc es utiles à sa v érifiabilité et en les liant à la sec tio n « No tes et
référenc es ». (Mo difier l'artic le)
La culture libre est un mouvement social qui
promeut la liberté de distribuer et de modifier des
œuvres de l'esprit sous la forme d'œuvres libres
[1]
par l'utilisation d'internet ou d'autres formes de
médias. Le mouvement de la culture libre puise sa
philosophie de celle du logiciel libre en l'appliquant à
la culture, dans des domaines aussi variés que l'art,
l'éducation, la science, etc
[2]
.
Les mécanismes juridiques des licences libres dédiés
à la culture sont également inspirés du logiciel libre ;
l'utilisation des licences art libre ou Creative Commons a ainsi permis l'émergence de la musique
libre et de l'art libre.
La culture libre défend notamment l'idée que les droits d'auteurs ne doivent pas porter atteinte aux
libertés fondamentales du public. Elle agit, entre autres en utilisant de façon détournée les
monopoles accordés par les droits d'auteur, à travers des licences libres, cela afin d'autoriser
précisément les usages que ces lois proscrivent par défaut.
Histoire

Henri-Frédéric Amiel, Rien n'est à nous
[3]
Le point de départ de la culture libre, telle qu'on la connaît aujourd'hui, est la création du
mouvement du logiciel libre et du projet GNU par Richard Stallman en 1984
[2]
. Une véritable
communauté se crée autour du logiciel libre dans laquelle commence à se développer un ensemble
de références culturelles.
Au vu du succès du logiciel libre, les licences libres ont été appliquées à d'autres domaines, avec la
création de l'encyclopédie Wikipédia en 2001, puis avec la naissance de l'art libre, et notamment de
la musique libre avec la création du site musique-libre.org en 2004, puis Jamendo en 2005. En
parallèle, une partie de la communauté du libre s'attache à défendre un internet libre, avec
notamment la création du collectif La Quadrature du Net en 2008.
Culture libre et licence libre
Les licences libres sont une forme de concrétisation de la culture libre. Une œuvre sous licence
libre possède quatre caractéristiques fondamentales :
la liberté d'utiliser l'œuvre pour tous les usages ;la liberté de la copier et de diffuser des copies ;
la liberté de l'étudier ;
la liberté de la modifier et de diffuser des copies de l'œuvre résultante.
Si la liberté d'étudier une œuvre est acquise pour un texte, elle est plus complexe et contraignante
dans le cas d'autres œuvres, car elle implique que l'auteur distribue aussi les documents
« Tu dis : « Cette pensée est à moi. » Non mon frère,
Elle est en toi, rien n'est à nous.
Tous l'ont eue ou l'auront. Ravisseur téméraire,
Au domaine commun bien loin de la soustraire,
Rend-la comme un dépôt : Partager est si doux ! »
Culture libre — fr.wikipedia.org — Readability http://www.readability.com/articles/kg10lest
3 sur 8 14/03/2013 17:39
y 3

64
permettant de reproduire l'œuvre. Par exemple, pour une œuvre musicale, cela implique la
distribution non seulement de l'interprétation de l'œuvre musicale, mais aussi de la partition
musicale
[n ot e 1]
et des autres détails de l'enregistrement de l'œuvre. Pour un logiciel informatique,
la liberté d'étudier implique la distribution du code source du logiciel.
Un certain nombre d'acteurs du logiciel libre estiment que les libertés données par les licences
libres doivent s'adapter au type d’œuvre. Ainsi Richard Stallman, promeut l'usage des licences
libres uniquement pour la première des trois catégories d'œuvres qu'il distingue :
les œuvres à usages pratiques ;1.
l'expression d'opinion ;2.
l'art
[4]
.3.
Ce point de vue est contesté par les personnes attachées à une idée plus large de la culture
libre
[5],[n ot e 2]
.
Culture libre et Internet libre
Le réseau internet est le vecteur privilégié de propagation de la culture libre. Inversement
l’existence d'internet repose sur les logiciels libres
[6]
. Ainsi selon Benjamin Bayart, Internet et
logiciels libres "sont deux facettes d'un même objet"
[7]
.
De nombreuses associations de défense des libertés et de la neutralité d'Internet héritent de la
culture libre comme La Quadrature du net
[8]
. C'est également le cas de beaucoup de fournisseurs
d’accès associatifs à Internet comme FDN
[9],[10]
ou Ilico
[11]
.
Les références culturelles libre
Projets principaux
Les projets suivants sont devenus de véritables références au sein de la communauté du libre
[12]
:
Logiciel libre : GNU, Linux, Debian, kde, Gnome, Firefox.
Encyclopédie : Wikipédia
Géographie : Open Street Map
Électronique : Arduino
Musique : Jamendo, Dogmazic
Court-métrages : Big Buck Bunny, Elephants Dream, Sintel
Long-métrage : Sita Sings the Blues
Livres libres : Collection Framabook
Personnalités
La communauté s'organise autour de personnages clefs, qui ont acquis une certaine influence, et
qui sont une référence dans le milieu du libre :
Richard Stallman, le fondateur des logiciels libres ;
Linus Torvalds, le créateur du noyau Linux ;
Jimmy Wales, co-fondateur de Wikipédia ;
Mark Shuttleworth fondateur d'Ubuntu ;
Lawrence Lessig fondateur des licences Creative Commons ;
Eben Moglen, co-auteur de la Licence publique générale GNU, Licence publique générale limitée
GNU et de la Licence de documentation libre GNU. Créateur du projet FreedomBox.
En France, Benjamin Bayart, président de FDN, est également une figure du libre depuis sa
conférence « Internet libre ou minitel 2.0 ? »
[7]
devenue culte
[13]
. Jérémie Zimmermann,
co-fondateur de la quadrature du net et membre de l'April, est de plus en plus une figure
marquante de la communauté du libre.
Culture libre — fr.wikipedia.org — Readability http://www.readability.com/articles/kg10lest
4 sur 8 14/03/2013 17:39

65
Le libre et la politique
La communauté du libre est engagée politiquement, pour combattre les lois ou projets de lois
pouvant porter atteinte à la diffusion d’œuvres libres, comme les brevets logiciels
[14]
, mais
également les lois visant à contrôler le réseau Internet ou menaçant sa neutralité (comme
ACTA
[15]
, Hadopi
[16]
, Loppsi 2
[17]
). La communauté propose inversement des lois visant à
défendre la neutralité d'internet
[18]
.
Des outils ont été développés par les acteurs du libre afin de faciliter l'action politique. C'est par
exemple le cas du site candidats.fr développé par l'April, et de Mémoire Politique développé par la
quadrature du net
[19]
.
Valeurs
Les valeurs qui sous-tendent la culture libre sont :
la liberté ;
la liberté d'expression
[20] ;
le contrôle par l'utilisateur ;
vie privée ;
le partage du savoir ;
la dynamique citoyenne et participative dans l'économie du savoir ;
le modèle économique de la coopétition (basé sur l'intelligence collective).
Le libre n'est pas antimercantile
Le mouvement libre ne s'oppose pas aux transactions commerciales tant que les libertés définies
dans la licence libre sont respectées
[21]
. On retrouve une approche économique assez classique
selon laquelle la suppression des barrières à l'entrée due à la rétention d'information doit
concourir à la création d'un prix équitable
[22]
.
Les licences qui restreignent les droits accordés aux utilisateurs à d'autres fins que la préservation
des libertés conférés, notamment des restrictions commerciales, ne sont donc pas des licences
libres.
Le libre n'est pas conditionné par la gratuité, et la gratuité n'implique rien vis-à-vis du libre
[5]
.
Cette erreur est d'autant plus difficile à dissiper que le mot libre est parfois synonyme de gratuité
(entrée libre, etc.). Cet amalgame est encore plus marqué dans les pays anglophones
[n ot e 3]
où le
mot « free » est homonyme de libre et de gratuit
[n ot e 4]
Enfin du fait même des libertés caractérisant le mouvement du libre, tout acquéreur d'une œuvre
libre peut en distribuer autant de copies qu'il le souhaite, au prix qu'il le veut. Chaque possesseur
d'une copie d'une œuvre libre peut donc partager des copies gratuites. Pour le libre la gratuité n'est
donc pas un objectif, mais un simple effet de bord.
La confusion s'est également grandement amplifiée depuis l'apparition de Creative Commons qui
diffuse les populaires licences éponymes. Certaines de ces licences sont libres, et d'autres non, car
elles interdisent par exemple la diffusion commerciale, ou les modifications. Les tensions créées
par l'emploi de l'expression de licence libre pour désigner de telles licences ont engendré de
nombreux et longs débats houleux sur internet
[n ot e 5]
, avec des interrogations sur « la liberté du
mot libre ». Les partisans de ces licences plus restrictives emploient désormais généralement le
terme de licences de libre diffusion. Elle correspondent en définitive plus à des licences de
gratuiciel. Creative Commons signale les licences libres par le logo « approved for free cultural
works » (ndt : « approuvé pour les œuvres culturelles libres ») dans les résumés de celles-ci, mais
ne présente pas de logo contraire pour ses autres licences.
Perceptions
Culture libre — fr.wikipedia.org — Readabilit
y http://www.readability.com/articles/kg10lest
5 sur 8 14/03/2013 17:39

66
La ba t a ille du copy r ig h t a u t ou r des licen ces libr es,
des licen ces pr opr iét a ir es et du dom a in e pu blic
Étant donnée l'émergence récente du libre, il en
existe différentes perceptions
[ r é f. n é c e ssa i r e ]
. Les deux
principales perceptions de la culture libre sont :
La perception qui se concentre sur les questions
de production et diffusion des créations
artistiques. On parle ici de culture au sens
culture artistique, de nouveaux enjeux de la
propriété intellectuelle, de nouveaux modes de
création.
1.
La perception qui aborde les enjeux de la
société de l'information et de l'économie
du savoir dans sa globalité environnementale, sociale et économique, en incluant
aussi les aspects de la création artistique. On parle ici de culture au sens comportement social.
Le comportement culturel dit libre est fondé sur les valeurs et les modèles de gestion du libre,
tels la hiérarchie de contribution (approche dite bazar, qui s'oppose aux modèles dits
cathédrale)
[n ot e 6]
, les médias participatifs (sur des plates-formes de type blogs, wiki, sites web
communautaires...), la certification par les pairs, l'autoformation permanente par la veille...
2.
Ces deux perceptions (artistique/comportementale) de la libre culture sont complémentaires.
Toutes deux agissent principalement en détournant l'aspect juridique du droit d'usage d'une
information : les licences libres, qui offrent une alternative sérieuse aux licences propriétaires.
Selon le milieu (économique, pédagogique, milieux de la création artistique), le public comprendra
libre culture plutôt sous son angle art/artiste, et plutôt sous son angle au sens art/manière.
Notes et références
Références
 ” (en) « What does a free culture look like? » [archiv e], wiki.freeculture.org, 6 juillet 2011.1.
 ”
a et b
(en) « This is Larry Lessig... » [archiv e], fsf.org, 24 décembre 2009.2.
 ” Lionel Maurel, « Artistes contre le droit d'auteur [archive] » sur http://owni.fr [archive], 14
mars 2012
3.
 ” Richard Stallman - Copyright and Community [archive]4.
 ”
a et b
«Culture Manifeste pour une Création Artistique Libre par Roberto Di Cosmo » [archiv e],
linuxfr.org, 5 mars 2011.
5.
 ” [www.annexe21.lautre.net/telecharger/Logiciel_Libre_Les_Enjeux.pdf]6.
 ”
a et b
8
e
Rencontres mondiales du logiciel libre [archiv e]7.
 ” [1] [archive]8.
 ” [2] [archiv e]9.
 ” [3] [archiv e]10.
 ” [4] [archiv e]11.
 ” http://www.simple-it.fr/blog/public/dedicace_eyrolles
/20101016_Eyrolles_Framasoft_Culture-libre_CC-by-sa.pdf [archiv e]
12.
 ” http://www.framablog.org/index.php/post/2008/11/21/benjamin-bayart-internet-libre-
ou-minitel-20 [archive]
13.
 ” http://www.gnu.org/philosophy/fighting-software-patents.html [archiv e].14.
 ” http://www.fsf.org/fr/campagnes [archive]15.
 ” http://www.april.org/hadopi [archive]16.
 ” http://www.laquadrature.net/fr/loppsi-definitivement-adoptee-internet-
sous-controle [archive]
17.
 ” http://www.laquadrature.net/fr/les-deputes-doivent-defendre-la-neutralite-du-net [archiv e]18.
 ” http://www.laquadrature.net/wiki/Hack-a-thon1_Memoire_Politique_2.0 [archiv e]19.
 ” http://www.gnu.org/philosophy/basic-freedoms.fr.html [archiv e]20.
Culture libre — fr.wikipedia.org — Readability http://www.readability.com/articles/kg10lest
6 sur 8 14/03/2013 17:39

67
 ” « Vendre des logiciels libres » [archiv e], gnu.org, 1
er
juillet 2010.21.
 ” http://www.debian.org/intro/free.fr.html [archive]22.
Notes
 ” Quand cela fait sens, une musique électro. n'aura probablement pas de partition, mais
nécessitera la publication des échantillons.
1.
 ” D'une part je doute justement que Stallman y ait bien réfléchi. Son choix des licences
"verbatim" (cf. aussi les sections invariantes de la GFDL) date d'une époque où il n'avait pas
réfléchi du tout à la question - qui, il est vrai, se posait encore peu. De plus, un échange de
mails avec lui il y a quelques années m'a montré que sa réflexion sur le sujet était, là encore,
peu affinée (c'est en partie grâce à cet échange que la LAL a été mentionnée à la fin de
http://www.gnu.org/licenses/ [archiv e] - "We don't take the position that artistic or
entertainment works must be free, but if you want to make one free, we recommend the Free
Art License").
2.
 ” ndr : le mouvement du logiciel libre a été initié aux États-Unis, pays anglophone ; ce qui a
influé le discours «libriste» même dans les langues où le mot pour « libre » est distinct de
« gratuit ».
3.
 ” Voir les défénitions de free sur le wiktionnaire.4.
 ” Par exemple
http://www.framasoft.net/article4167.html [arc hiv e]
http://www.framasoft.net/article320.html [arc hiv e]
5.
 ” En référence au livre La cathédrale et le bazar d'Éric Raymond qui utilise ces métaphores
pour comparer les mécanismes de mise en place des logiciels respectivement libre et
propriétaire.
6.
Bibliographie
Du bon usage de la piraterie : culture libre, sciences ouvertes de Florent Latrive. 2004, éditions
Exils.
(
I SBN 291 29695 9X) web
Cause commune de Philippe Aigrain, 2005, éditions Fayard. (I SBN 221 3 623 0 5 8) web
Culture libre de Lawrence Lessig (web)
L'avenir des idées du même auteur. (web)
Voir aussi
Articles connexes
Économie de l'abondance
La catégorie « Culture libre »
Contenu libre
Licence libre - Licence ouverte
Copyleft - Copyright
Logiciel libre
Matériel libre
Musique libre
Biens anti-rivaux
Art libre
Culture alternative
Liens externes
(en) Creative Commons
Site Artlibre.org
Framabook - édition de livres libres
In Libro Veritas
(en) Éducation libre au Free Knowledge Institute.
Culture libre — fr.wikipedia.org — Readability http://www.readability.com/articles/kg10lest
7 sur 8 14/03/2013 17:39

68
Traduction française de Free Culture
Portail de la culture
Portail de la musique
Portail du cinéma
Portail de la littérature
Portail des logiciels libres
Ce document provient de « http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Culture_libre&
oldid=89818572 ».
Catégories :
Culture libre
Culture alternative
Mouvement culturel
| [+]
Original URL:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_libre
Culture libre — fr.wikipedia.org — Readability http://www.readability.com/articles/kg10lest
8 sur 8 14/03/2013 17:39

69
INTERNET PAR LA RACINE
Racine d'Internet par-ci,
racine d'Internet par-là :
mais c'est quoi ce bulbe
magique générateur de
réseau ?! Et pourquoi ...
LE 12 DÉCEMBRE 2012 LAURENT CHEMLA
Conçu en pleine période Flower Power par des barbus libertaires, Internet n'a jamais
perdu – malgré les tentatives de récupération politiques et commerciales – son esprit
profondément lié au partage. Cette prise de conscience doit perdurer et produire un acte de
résistance face à la tentative forcenée de nivellement du monde par les inconscients qui nous
gouvernent.
Je suis souvent présenté comme un dinosaure d’Internet, mais c’est faux : même si je suis trop
vieux pour faire partie de la génération “digital-native”, j’étais trop jeune quand Internet est né,
trop jeune pour pouvoir vivre une époque à laquelle toutes les utopies étaient encore imaginables.
Ça n’a jamais empêché personne de me considérer comme un utopiste libertaire (par exemple,
dans ce billet qui aligne un nombre d’idées fausses assez stupéfiant), vous êtes prévenus.
Et je voudrais, pour replacer mon propos dans son contexte historique, revenir quelques instants
sur ce monde dans lequel Internet est né. Je crois que c’est important pour mieux comprendre ce
qu’il est devenu.
Arpanet est né en 1969. J’avais 5 ans, Jon Postel et Vinton Cerf avaient 25 ans. Steve Crocker (24
ans) publiait la première RFC
1
. Ils étaient étudiants en Californie, à l’UCLA, en pleine
contestation étudiante contre la guerre du Viêt Nam, en pleine lutte pour les droits des femmes et
les droits civils sur les campus américains. C’est 2 ans après le “Summer of Love”, c’est l’année
de Woodstock. Toute la côte ouest est en plein Flower Power.
On peut imaginer que — les geeks restant des geeks — nos
trois jeunes ingénieurs ne faisaient pas partie des plus
activistes, mais on ne peut pas ignorer l’ambiance qui entourait
la naissance d’Internet. Et de là à penser qu’il est une invention
de hippies, il n’y a qu’un pas. D’où croyez-vous que viennent
les barbus ?
On dit souvent qu’Internet a cassé la logique hiérarchique
verticale préalable et créé une société plus horizontale. On
rappelle en permanence qu’il a permis l’usage de la liberté
d’expression pour tous. Je vous engage à lire ou relire la
RFC n°3 (publiée elle aussi en avril 69) qui définit la
manière dont seront développés et discutés les futurs
standards d’Internet, et en particulier la phrase “we hope to
promote the exchange and discussion of considerably less
than authoritative ideas”
2
.
Dès le départ, la philosophie d’Internet est basée sur la liberté d’expression, ouverte à tous, sans
Internet, c’est un truc de hippies » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2012/12/12/internet-cest-un-t ruc-de-hippies/
1 sur 7 14/03/2013 17:38

70
INTERNET, LES ORIGINES
Mais qui a inventé Internet ?
Au cœur de l'été, un débat
fait rage de l'autre côté de
l'Atlantique pour attribuer la
...
obligation d’appartenance à telle ou telle communauté. Le débat et la prise de parole sont
encouragés, la forme est accessoire, le groupe est ouvert, seules les idées sont importantes, d’où
qu’elles viennent.
Sont-ce les usages d’Internet qui ont transformé une société hautement hiérarchisée, ou a-t-il été
créé pour produire précisément cet effet, à une époque où toutes les utopies étaient encore
envisageables ? Sans doute un peu des deux, mais il est certain que, dès l’origine, les principes qui
ont conduit à sa naissance n’étaient pas ceux de la société patriarcale qui prévalait jusque là, et il
est au moins probable que l’environnement dans lequel baignaient ses pères a joué un rôle sur ce
qu’il est devenu.
La tribu informatique
Comme on me l’a souvent rappelé, depuis que j’ai commencé à développer cette vision des
origines, cette ouverture à tous avait — et a toujours — une limite importante : s’agissant de
développer des protocoles informatiques, et quelle qu’ait été la volonté de ses fondateurs,
l’initiative était cependant réservée à ce que Philippe Breton a décrit bien plus tard comme “la
tribu informatique”. Et là aussi il est bon de se replonger un peu dans le passé pour mieux
comprendre le présent.
A l’époque des débuts d’Internet, et jusqu’au milieu des
années 70, le logiciel n’était pas considéré comme il l’est de
nos jours. Ce n’était pas un objet commercialisable. Jusqu’au
début des années 70, AT&T distribuait UNIX gratuitement
aux universitaires, et la grande majorité des programmes
étaient le fruit de travaux académiques et étaient diffusés,
sources comprises, selon les principes académiques
d’ouverture et de coopération.
Les informaticiens de cette époque avaient souvent besoin
de porter tel ou tel outil d’un système d’exploitation à un
autre, à une époque où l’hétérogénéité du parc matériel
explosait. La notion de partage était fortement représentée
dans la culture informatique, et elle a perduré y compris
lorsque le marché du logiciel commercial a explosé, en se
scindant d’un côté dans la culture du logiciel libre et de
l’autre dans celle du piratage.
Avant notre génération “digital native”, les inventeurs d’Internet sont devenus adultes dans les
années comprises entre la fin de la seconde guerre mondiale et la 1
ère
crise pétrolière, à l’époque
du “I have a dream” de Martin Luther King, du flower power, de la conquète de la Lune, du
boom de l’électroménager et de la liberté sexuelle. Tout semblait possible, et je crois que même
des geeks retranchés dans des services informatiques, relégués en sous-sol, n’ont pas pu ignorer
cet environnement social. Dans un livre publié en 1984, le journaliste Steven Levy a rapporté
l’idéologie des premiers hackers et en a tiré ce qu’il a nommé “the hacker ethic” dont les
points-clé semblent venir directement des idées hippies.
Je ne crois pas qu’on puisse comprendre Internet sans prendre en compte ces prémisses culturels.
Même s’ils sont largement négligés de nos jours, ils ont imprégné toute la structure fondamentale
du réseau et leurs conséquences sont toujours largement présentes aujourd’hui :
- la sécurité des systèmes est un problème de plus en plus important à tous les niveaux de la
société, mais si ce problème existe c’est aussi parce que la sécurité des données n’était pas
un enjeu important pendant les premiers temps de l’Internet. Les datagrammes ne sont pas
chiffrés, les serveurs et les tuyaux sont partagés entre tous, le DNS n’est pas sécurisé, le routage
est fait d’annonces que chacun peut corrompre. Jusqu’à une période très récente, les notions de
partage et de confiance sont bien plus importantes, sur le réseau, que celles de sécurité et de
confidentialité.
- TCP/IP est un langage de pair à pair : les notions de client et serveur sont applicatives, sur
Internet, pas structurelles. Il n’y a pas de hiérarchie entre les ordinateurs qui sont reliés par le
réseau : chacun peut, à tout instant, passer du récepteur au diffuseur sans avoir à obtenir
d’autorisation préalable. Sur Internet, la prise de parole est possible partout, pour tous, tout le
temps.
- l’impératif d’intéropérabilité à une époque où le matériel informatique évolue sans cesse
dans une hétérogénéité croissante a imposé – si même la question s’était posée – l’usage de
standards ouverts et des logiciels libres. Le développement d’Internet et des logiciels libres
sont intriqués au point qu’on aurait du mal à imaginer ce que serait le réseau sans eux. Et
malgré la toute-puissance des géants du logiciel commercial, ils se sont développés à un point
tel qu’au moins la moitié d’entre vous a un téléphone qui fonctionne sous Linux. Si on m’avait
Internet, c’est un truc de hippies » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2012/12/12/internet-cest-un-t ruc-de-hippies/
2 sur 7 14/03/2013 17:38

71
INTERNET ÇA CHANGE LA
VIE
"Révolution numérique".
C'est l'expression consacrée
des verbiages politiciens,
mais concrètement ça veut
dire quoi ? ...
dit ça au début des années 90, je me serais moqué.
- le choix de la transmission par paquet, du datagramme et d’un réseau maillé de pair à pair
(en lieu et place des technologies de circuits virtuels et des réseaux en étoile) a créé un réseau
qui ignore les frontières des États, qui met en relation des ordinateurs et des humains
sans considération des législations locales, des tabous culturels et du contrôle policier.
Couper totalement l’accès d’une population à Internet, aujourd’hui, implique non seulement la
fermeture des accès locaux mais aussi celle de tout le réseau téléphonique cablé, gsm et
satellite. C’est pratiquement impossible (et on a pu recevoir des images de Syrie la semaine
dernière malgré toute la volonté du gouvernement local).
L’art de la guerre
Quoi qu’ils en disent aujourd’hui, les états ont mis un certain temps à prendre conscience des
conséquences d’Internet. Quand nous – techniciens – pressentions vaguement au début des
années 90 une révolution trop vaste pour qu’on puisse en envisager toute l’étendue, qu’on
essayait de l’expliquer, d’en montrer l’importance, les puissances en place nous riaient au nez.
Et sans doute n’était-ce pas plus mal parce qu’il est difficile de savoir ce que serait le réseau si à
l’époque nous avions su montrer au pouvoir ce que signifiait l’arrivée d’Internet chez tout le
monde.
Aujourd’hui encore, je crois qu’il manque toujours au plus haut niveau des États une
compréhension, une appropriation réelle des enjeux. Tout semble se passer comme si, malgré un
affichage plus ou moins affirmé, ils ne parvenaient pas à appréhender l’existence et l’importance
sociale, économique et philosophique d’un réseau global. J’ai récemment écrit qu’ils me
donnaient l’impression de ne pas vivre dans le même monde que le reste de la population, tant
chacune de leurs décisions concernant de près ou de loin Internet semblait contre-productive et
rétrograde quand ce n’est pas inutile ou même risible.
Ça a commencé lentement bien sûr. En France, Internet a longtemps été perçu par le grand-public
comme un Minitel un peu plus évolué : on y trouvait pas beaucoup plus d’information, c’était plus
compliqué à utiliser, ça demandait un investissement financier et personnel plus important.
Seuls quelques activistes en prenaient possession pour s’exprimer, avec bien entendu des dérives
faciles à dénoncer qui ont probablement contribué à conforter les idées reçues de ceux auquel il
n’apportait rien de nouveau, puisqu’eux avaient déjà accès à la parole publique, à l’information
en avant-première, que les portes des musées leur étaient toujours ouvertes et qu’ils dinaient avec
ceux dont le public attendait les prochaines oeuvres.
Et puis, petit à petit, le public a appris à utiliser le réseau. Les services se sont mis au niveau pour
lui faciliter l’auto-édition, le partage, le débat et la diffusion. Et ce qui était auparavant réservé à
quelques élites est devenu accessible à tout le monde au point d’être devenu pour tout un chacun
une part importante de la vie quotidienne.
J’ai écrit aussi que je voyais leur action comme celle d’un
antivirus : quand je vois mon ordinateur (celui qui est sous
Windows) changer inexplicablement de comportement sans
que mes actions n’y soient pour rien, mon premier réflexe
est de penser qu’il a été infecté par un logiciel malveillant.
De la même manière, ceux qui se sentent responsables de la
société ne peuvent pas accepter qu’elle change en dehors de
leur action. C’est vécu comme une intrusion dans leur
pré-carré, comme une activité forcément malveillante,
puisque l’administrateur du système n’a pas voulu ni
souhaité ce qui se produit dans son environnement. Alors il
réagit, là où il aurait mieux fait d’agir.
Car il est bien trop tard pour agir : Internet est dans la place.
Internet est partout, dans nos ordinateurs, nos téléphones,
nos tablettes, nos télévisions et nos consoles de jeu. Bientôt
il sera dans nos éclairages, nos clés, nos moyens de
paiement. Aujourd’hui, même mon ampli audio se met à jour par Internet.
Toujours est-il que, pendant que les grands de ce monde avaient le dos tourné,
Internet s’est installé dans nos vies.
Internet, c’est un truc de hippies » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2012/12/12/internet-cest-un-t ruc-de-hippies/
3 sur 7 14/03/2013 17:38

72
ON ACHÈVE BIEN LES
DINOSAURES
Copinage, incompréhension,
contre-sens. Nos
représentants politiques sont
les seuls à croire encore que
le Web est ...
Quoi que devienne le réseau dans le futur une chose est sûre : nos machines sont toutes
connectées entre elles, et nous le sommes tous entre nous, à travers elles. Et là où des humains
sont reliés entre eux, il y a échange, partage, débat et transmission de savoir.
Il y a eu une guerre entre Internet et les pouvoirs en place. Et Internet l’a gagnée. L’envahisseur
ne se cache plus : il est bien installé et il n’hésite pas à répondre quand, au coup par coup, nos
dinosaures qui n’ont pas eu conscience de la chute de la comète tentent de survivre au
changement en lui donnant quelques coups de patte bien peu efficaces.
Je ne vais pas refaire ici l’historique de ces pauvres tentatives d’empêcher un changement
inéluctable : gouvernance, régulation, taxes diverses, refus des effets fiscaux de la globalisation
quand elle concerne les géants du web alors qu’on l’encense quand elle vient de l’industrie du
pétrole ou de la culture, tout ça est bien connu. C’est trop peu, trop tard, surtout trop tard.
Les révolutions arabes ont montré que l’usage des réseaux
sociaux permettait d’organiser des actions de groupe là où
dans le passé il fallait s’appuyer sur des syndicats ou des
partis politiques pour mobiliser. Et je crois aussi que le Web,
pour des jeunes qui atteignent aujourd’hui l’âge adulte et
entrent dans la vie active en ayant eu pendant toute leur
enfance sous les yeux l’opulence des pays les plus riches, a
eu plus que sa part dans la motivation de révoltes qui, la
crise économique aidant, ne feront que s’amplifier dans le
futur.
Internet a gagné la guerre, et les populations savent s’en
servir bien mieux que leurs gouvernants. Que ce soit pour
prendre conscience de la façon dont il est maintenu dans la
misère (Wikileaks bien sûr, mais au delà il suffit de voir la
façon dont les affaires sortent via Twitter avant même les
journaux télévisés pour comprendre que la couleur du Web
est la transparence) ou pour organiser les mouvements sociaux, le peuple a désormais un outil qui
a été créé pour rester hors de portée des tentatives de contrôle. Hadopi, Loppsi, Taxe Google,
Cloud souverain et tentative de surveillance globale ne sont guère que des actions de guerilla de
quelques groupes de résistants dépassés.
La guerilla est une tactique du faible au fort, et contre Internet ce sont les États qui la mènent. Je
vous laisse conclure.
Les voleurs 2.0
Alors, et après ?
Longtemps, quand je prédisais la victoire d’Internet, j’ai eu en face de moi des amis qui, eux,
craignaient que le commerce, les gouvernements, les forces réactionnaires de toutes provenances
ne viennent réduire à néant les espoirs d’une société meilleure basée sur les principes de partage
et de liberté qui ont été les bonnes fées penchées sur le berceau du réseau.
J’ai toujours fait partie du camp des optimistes. En considérant la vitesse à laquelle le public
arrivait sur le réseau, et en calculant au doigt mouillé qu’il fallait en moyenne 5 ans pour passer
d’un usage purement clientéliste à une appropriation plus complète des moyens d’expression et de
diffusion mis à sa disposition, je faisais le pari – gagné d’avance – que la masse de gens qui
auraient pris goût à la liberté serait trop importante pour un retour au statu quo ante bien avant
que quiconque ne puisse réagir.
Comme toujours, j’avais raison.
Et comme toujours je me suis trompé.
Le danger n’est pas venu du commerce : ceux qui prédisaient la fin d’un Internet libre comme
s’étaient éteintes les radios libres avaient oublié que l’espace numérique, à la différence du
nombre des fréquences hertziennes, était infini et que quelle que soit la place prise par le
commerce en ligne, il en resterait toujours autant qu’on en voulait pour le simple citoyen.
Il n’est pas venu non plus des politiques, qui n’ont jamais compris ce qui leur arrivait et qui ne le
comprendront jamais : par nature, Internet rend inutiles un bon nombre d’intermédiaires, que ce
soit entre les auteurs et leur public, entre les fabriquants ou les grossistes et le client final, ou entre
les opinions et l’information et la population. Je crois que l’intermédiaire entre le peuple et la
démocratie qu’est la représentation politique est vouée elle aussi à disparaître quelles que soient
ses gesticulations pour repousser l’échéance.
Internet, c’est un truc de hippies » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2012/12/12/internet-cest-un-t ruc-de-hippies/
4 sur 7 14/03/2013 17:38

73
PEUR SUR LE WEB
Propagande, pensée unique,
méfiance et peur de l'autre :
on n'est jamais responsable
du malheur qui nous arrive.
Alors ...
[1/2]LA NEUTRALITÉ DU
RÉSEAU POUR LES NULS
La plus grande force d’Internet est dans sa résilience. Les choix technologiques du passé ont
donné un réseau très fortement décentralisé, auto-correctif, quasiment impossible à contrôler – et
donc à vaincre – par une entité unique quelle qu’elle soit en dehors de quelques erreurs
historiques (la centralisation du DNS et du système d’adressage). Mais, peut-être à cause d’une
croissance trop rapide due à la faiblesse de ses ennemis naturel, le réseau a développé une
maladie auto-immune.
Longtemps on a parlé d’Internet comme d’un réseau dont
l’intelligence était aux extrémités (end-to-end principle). Et
il faut se souvenir que, même s’il y a du progrès depuis
l’époque des modems RTC, le principe même du
“fournisseur d’accès” est une rustine pour pallier à l’absence
d’un vrai réseau informatique reliant tous les foyers entre
eux. Internet est un réseau de réseaux, mais le client d’un
FAI n’est pas un pair d’internet à égalité avec les serveurs
qui le composent. L’asynchronie entre émission et réception,
qui découle de l’usage de la paire de cuivre, tend à
transformer l’utilisateur final en client simple plutôt qu’en
égal qui peut participer aux échanges en tant que membre à
part entière du réseau.
Il est facile de dire que cet état de fait répond aux usages et
qu’un simple utilisateur n’est pas forcément quelqu’un qui
participe autant qu’il consomme. Mais c’est une idée fausse,
je crois : s’il n’était que récepteur, les médias broadcastés lui suffiraient. En réalité ce qu’on
constate souvent c’est qu’il participe plus ou moins à hauteur de ce que sa bande passante
montante lui permet et que ses usages dépendent de l’infrastructure qui lui est proposée bien plus
que l’inverse.
Et comme un cancer, le corps du patient devient son propre ennemi. J’ai raconté en conférence
comment, par exemple, Facebook avait volé 4 fois ses utilisateurs (et en tant qu’ancien voleur je
m’y connais). D’abord en transformant ses utilisateurs en ouvriers non-salariés – c’est le modèle
du Web 2.0 qui consiste à vendre à ses clients, les régies publicitaires, un espace de contenus
produits par des gens qui ne sont pas rémunérés mais qui attirent l’audience), puis en vendant à
ces régies les informations privées – qui vous appartiennent mais que vous lui aviez confiées –
pour qu’elles puissent mieux vous cibler, puis en vous vendant en bourse des parts de l’entreprise
qui n’aurait aucune valeur sans votre participation, et enfin en vous proposant de payer pour
promouvoir vos propres contenus auprès de vos amis, en un complet renversement du modèle
normal qui veut qu’un auteur soit rémunéré en fonction de l’argent qu’il rapporte à son éditeur.
Difficile de faire mieux. Ou pire, c’est selon. Et pourtant, Facebook (et Google et iTunes et
Amazon et tous les autres) y arrivent quand même : en devenant les géants qu’ils sont, en
centralisant tous les services et les contenus comme ils le font, ces acteurs concentrent
l’intelligence au centre du réseau et transforment les équipements tiers (smartphones, tablettes –
de moins en moins interfaces d’interaction et de plus en plus interfaces de simple réception) en
simples terminaux, qui de plus en plus peuvent – et sont – contrôlées à distance.
Et c’est un mouvement général : alors même que jamais le
prix du stockage local n’a été aussi bas, la mode est au
cloud. On ne conserve plus ses données chez soi, là où elles
sont le plus en sécurité, mais chez un tiers, qui centralise
toutes les données du monde. On voudrait créer un point
central de totale insécurité et de contrôle total qu’on agirait
pas autrement.
Et alors même que les gouvernements ne voyaient pas
Non, le danger n’est pas venu du passé, il est venu d’Internet lui-même.
En parallèle, et parce que la technologie transforme l’utilisateur en simple client, les
services se centralisent. Ils deviennent ce qu’on appelle “des géants du Web” alors
même que par principe dans un réseau de pair à pair ces termes devraient être
antinomiques.
Internet, c’est un truc de hippies » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2012/12/12/internet-cest-un-t ruc-de-hippies/
5 sur 7 14/03/2013 17:38

74
On a tout entendu sur la
notion de neutralité
d'Internet. L'ingénieur
Stéphane Bortzmeyer tente
d'y voir plus clair. En ...
POUR UN INTERNET
POLISSON !
Contre un Internet policé,
choisissons l'Internet polisson
! C'est en gros le message de
Pas sage en Seine, festival de
...
comment attaquer un réseau décentralisé pour reprendre le
contrôle de l’évolution de nos sociétés, voilà que son plus
grand ennemi lui offre sa reddition sur un plateau: s’il y a
bien une chose à laquelle les États sont habitués, c’est de
traiter avec les multinationales. Dans un jeu dont on vient de
voir, avec Florange, comme il se joue, l’État français joue de
la menace fiscale et légale contre Google, Amazon et tous
les autres pour obtenir d’eux quelque prébende en échange
d’une totale liberté dans l’exploitation de leur main-d’oeuvre.
Quant au contrôle des populations, c’est en cours, avec la possibilité de couper telle ou telle
fonctionnalité d’un iPhone à distance chez Apple, pourquoi pas pendant une manifestation
populaire dont un gouvernement ne voudrait pas qu’elle fasse trop parler d’elle, ou avec la
volonté pour le CSA en France de contrôler les contenus sur le Web comme il le fait pour la
télévision, ou enfin avec l’ITU qui veut redonner le pouvoir au politique plutôt qu’au citoyen en
permettant des législations nationales applicables à tous les acteurs du Net.
Conclusion
Je reste l’éternel optimiste, je ne crois pas qu’Internet puisse être transformé au point de revenir à
un monde dans lequel il faut avoir des amis, du pouvoir ou de l’argent pour avoir la possibilité
d’exercer son droit à la liberté de parole “sans considération de frontières”.
Je veux croire que Facebook n’est qu’une mode passagère et que le public saura se détourner
d’un Apple qui le prive de toute liberté d’utiliser comme il le souhaite le terminal qu’il possède.
Je veux croire qu’avec un peu de bouteille, les gens se détourneront des services gratuits d’un
Google qu’il échange avec la confidentialité de ses données, de ses mails et de sa vie entière pour
revenir à des services locaux, pourquoi pas à en réinstallant chez eux des serveurs de mail, pour
commencer.
Dans mon monde idéal, les gouvernements se souviennent
de leur rôle de prévision. Ils font d’Internet un service
universel, en donnant aux intermédiaires une mission de
service public en attendant qu’un plan fibre ambitieux
permette à chacun d’organiser selon sa volonté sa
connectivité, en devenant son propre FAI s’il le souhaite ou
en déléguant à une association ou une entreprise, s’il le
préfère. Sans filtrage, sans asymétrie des débits montants et
descendants, sans services associés obligatoires.
À chacun de choisir s’il préfère un package où tout est géré
par un tiers ou s’il veut être opérateur de son propre réseau
tout en déléguant tel ou tel service. Un modèle comme
celui-ci serait sans doute bien plus productif pour le
redressement d’une économie tant locale que nationale que
toutes les taxes Google du monde.
Il faudra sans doute se battre pour en arriver là, alors même
que la bataille semblait gagnée d’avance. C’est dommage, mais Jefferson et La Fontaine le
disaient déjà en leur temps:
En laissant faire, après que les États ont senti le vent du boulet à ce point, je ne crois pas qu’on ait
avant longtemps une nouvelle chance de garantir les libertés publiques si nous ne nous battons pas
pour conserver celles que nous ont offertes de vieux soixante-huitards utopistes. Sinon nous
aurons un réseau reterritorialisé, sous le contrôle de pouvoirs qui préfèrent la pérennité de leur
main-mise au bonheur de leur peuple. Et parce qu’Internet n’est pas contrôlable par des
démocraties, nous aurons des dictatures à la place.
Internet doit rester un truc de hippies.
Illustration par Alvaro Tapia Hidalgo (ccbyncnd)
Consulter sa présentation ici.
Tous les articles de Laurent Chemla sur Owni /-)
Nos dossiers à consulter : Un internet pas si neutre et Hacker la société.
Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une
ni l’autre.
Internet, c’est un truc de hippies » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2012/12/12/internet-cest-un-t ruc-de-hippies/
6 sur 7 14/03/2013 17:38

75
rslnmag.fr
O C T . 17, 2 011
(visuel : library books par timetrax23, flickr, licence CC)
En surfant sur un réseau social, au détour d'un moteur de recherche ou d'un email, vous êtes
tombé sur un lien vers cet article. Vous n’en cherchiez pas spécialement un sur la question mais
vous avez été curieux et vous êtes finalement en train de le lire : c'est ce qu'on appelle la
sérendipité, la découverte imprévue, par la coïncidence, la chance ou le hasard, de quelque chose
d'inattendu.
La sérendipité est souvent citée comme l’un des exemples de la richesse du Web, cette
possibilité de découvrir des contenus inédits et surprenants en quelques clics aléatoires sur une
souris. Que se passerait-il alors si cette sérendipité disparaissait complètement du Web ?
C'est cette question - et cette crainte - qui ont poussé Miriam Meckel, directeur de l'Institute
for Media and Communication Management , à lancer un long appel pour sa
sauvegarde, sur son blog :
« La sérendipité est notre âme. La sérendipité nous soutient, elle permet, de temps en temps, de
donner à nos vies des directions imprévues, et elle nous permet de regarder le monde différement.
[…] Sans sérendipité, la vie ne serait pas seulement prévisible, elle serait incroyablement
ennuyeuse. »
Selon elle, la sérendipité est de plus en plus menacée par des algorithmes, chargés de décider
pour nous des contenus qui vont nous intéresser ou des produits à acheter. Elle abonde largement
dans le sens de Kevin Slavin – dont nous vous parlions récemment . Cet agitateur des idées
numériques considère que les algorithmes dominent de plus en plus le monde, jusqu’à
s’attaquer à notre culture.
Le problème fondamental pour Miriam Meckel est que ces algorithmes sont « pour toujours
coincés dans le passé, parce qu'ils basent leurs calculs sur des actions passées » : ils ne laissent
alors aucune place à la nouveauté ou à la découverte.
> Avec quelles conséquences ?
« À première vue, la perte de la sérendipité semble être principalement un problème technique […]
mais avec le temps, cette perte pourrait avoir des conséquences bien plus larges, que nous devons
au moins comprendre, si ce n’est lutter contre. »
Un Internet sur-personnalisé a le potentiel de changer nos visions du monde et – au final – de
nous changer directement » explique la chercheuse.
Pour rendre un peu plus vivant, ce possible futur, elle dresse un portrait assez alarmant des
conséquences de la disparition de la sérendipité.
Parmi ses principales conclusions : cette sur-personnalisation supprimerait les intérêts
communs entre les individus et donc les éloignerait encore plus, faute de centres d’intérêt
communs. À plus long terme, cette disparition limiterait la personnalité et les goûts des
internautes, en les enfermant peu à peu dans des cases prédéfinies et pré-pensées.
REGARDS SUR LE NUMERIQUE | SOS : il faut sauver la sérendipité... http://www.readability.com/articles/l 44tqtmc
1 sur 2 14/03/2013 17:40

76
Elle prend pour un exemple un fan de théâtre : il va recevoir ou se voir proposer de plus en plus
de contenus liés au théâtre qui viendront occulter les autres. Jusqu’au point où il « n’aura
plus la chance de trouver d’autres informations – [il] ne saura même plus qu’elles existent ».
Plus inquiétant encore peut-être, nous serions, selon elle, incapables d'apprendre sans
sérendipité, l'apprentissage se faisant par la rencontre avec l'inconnu ou l'imprévu qui nous ouvre
de nouvelles perspectives :
« Pour évoluer comme des êtres humains, nous avons besoin de coïncidences et de rencontres avec
l’inconnu pour nous inspirer à voir de nouvelles perspectives. C’est la caractéristique même de la
démocratie et de l’obligation de chaque citoyen à faire face à des choses qui dépassent son simple
point de vue sur le monde pour voir au delà. »
> Comment alors éviter cet inquiétant tableau ?
Attention, il « serait naïf de penser que l’on peut inverser ou arrêter cette personnalisation
d’Internet », avertit Miriam Meckel – sans toutefois, renoncer à reconnaître quelques «
avantages » à cette tendance.
Elle suggère trois approches fondamentales pour en limiter les conséquences :
Construire un discours public pour avoir un débat de fond sur la question,
Promouvoir le doute et l’incertitude pour stimuler la réflexion et l’ouverture et
S’appuyer sur les « journalistes humains » pour contrebalancer ce phénomène des
contenus automatisés.
Avant de conclure :
« Nous ne pouvons pas faire sans ces coïncidences, sans sérendipité – même sur Internet.
En sauvant la sérendipité, nous sauvons nos propres âmes, en sauvant ce qui nous distingue,
nous, humains des machines. Donc : sauvons notre sérendipité ! »
> Pour aller plus loin :
&am p;amp;amp;amp;lt;br&amp
Original URL:
http://www.rslnmag.fr/post/2011/10/17/sos_il-faut-sauver-la-serendipite_.aspx
REGARDS SUR LE NUMERIQUE | SOS : il faut sauver la sérendipité... http://www.readability.com/articles/l 44tqtmc
2 sur 2 14/03/2013 17:40

77
benoitraphael.com
J AN. 18, 2 011
Publié le 18/01/2011 par Benoit Raphaël
Un blogueur devenu ministre, un jeune Tunisien
agressé sauvé "grâce à Twitter", le groupe de hackers
internationaux "Anonymous" en croisade contre la
censure du gouvernement, plus encore qu'en Iran,
Internet semble avoir joué un rôle d'accélérateur dans la
révolte des jeunes Tunisiens. Le site Gizmodo publie
l'interview d'un cyber-activiste tunisien, Ahmed, qui
raconte en détail comment le mouvement s'est appuyé
sur les réseaux sociaux : "Internet a joué le rôle du
média qui a tout déclenché et mis l’affaire du jeune
Bouazizi (qui s’est immolé par le feu) sous les
projecteurs de la population et des médias internationaux. Je me rappelle qu’un autre monsieur
s’était immolé devant le palais présidentiel en 2005, mais a l’époque les Tunisiens ne bloguaient
pas, et n’étaient pas très friands de réseaux sociaux." En 2011, tout a changé, les jeunes ont relaté
les faits, pris des photos des manifestations qui ont suivi l’immolation de Bouazizi "et les ont relayé
a travers twitter / facebook / leurs blogs", rapporte Ahmed, tandis que "les médias locaux et
internationaux" boudaient les événements. "Tout est passé par Facebook", raconte une Tunisienne
au site Nouvelobs.com. "Le slogan "Partager nous sauvera" s'est érigé en règle", poursuit-elle. "En
Tunisie, Internet est devenu le seul moyen pour se révolter". "Plus de 1,8 millions de Tunisiens
disposeraient d'un compte Facebook sur 3,6 millions d'internautes à travers le pays", rapporte le
NouvelObs, citant le site "CheckFacebook". "Sur les 30 derniers jours, la Tunisie est même le
troisième pays au monde où le terme "Facebook" est le plus recherché". Selon le journaliste
d'opposition Taoufik Ben Brik "Même s'il est sous haute surveillance, même s'il est entouré de
barbelés, Internet est devenu un titan que rien ne peut arrêter". C'est même la censure qui a
catalysé la révolte. Face au blackout imposé par le gouvernement (des centaines de pages et de
comptes Facebook bloqués ou piratés, le site de partage de photos FlickR ainsi que YouTube
fermés en Tunisie), la résistance s'organise : en interne, les actvistes mettent à disposition des
internautes des adresses relais pour permettre aux informations de circuler, tandis que le groupe
international "Anonymous", connu pour ses actions contre l'industrie du disque et la Scientologie,
ou en faveur de Wikileaks, se lance dans une croisade pour pirater les sites gouvernementaux et
mettre en place des sites protégés, au nom de la "liberté d'expression" Aujourd'hui, les
"Anonymous" veulent étendre leurs actions l'ensemble du monde arabe. Symbole de la cyber-
révolte, le blogueur et technophile Slim Amanou a annoncé sur Twitter sa nomination au
secrétariat d'Etat à la Jeunesse et aux Sports.
Tunisie : Internet, accélérateur de révolution — www.benoitraphael.c... http://www.readability.com/arti cles/airthe6b
1 sur 2 14/03/2013 17:39

78
Autre symbole, BulletSkan, ce jeune Tunisien agressé semble-t-il par des policiers, lance l'alerte
sur Twitter. Le message est relayé des centaines de fois, et l'armée est alerté. "Sauvé grâce à
Twitter" titre Le Post, qui publie les tweets et la vidéo de l'internaute qui incite les jeunes à utiliser
Twitter : "c'est très efficace". Il ajoute : "la révolution a commencé sur les réseaux sociaux". Dans
un pays démembré médiatiquement, Internet est devenu le fil rouge d'une génération.
Tous les Daily
Tags : Daily, just delivered, facebook, médias sociaux, révolution, Tunisie, Twitter
Original URL:
http://www.benoitraphael.com/2011/01/18/tunisie-internet-accelerateur-
de-revolution/
Tunisie : Internet, accélérateur de révolution — www.benoitraphael.c... http://www.readability.com/arti cles/airthe6b
2 sur 2 14/03/2013 17:39

79
Pour avoir et faire
des choses
En se reliant, on entre dans la communauté qui permet
d’échanger tout et sur tout. C’est la confiance numérique

80
ENTRETIEN 12/11/2012 à 11h42
Diouldé Chartier (DR)
Pascal Riché | Redchef
Des meubles dans la rue à Glasgow, en Ecosse (Tomek Augustyn/Flickr/CC)
Diouldé Chartier dirige D’Cap Research, un cabinet d’étude sur les comportements des Français. D’Cap a mis en place un « observatoire système D » pour
étudier leurs changements d’attitude face à la crise. Comment les Français s’adaptent-ils à celle-ci ? Comment se débrouillent-ils pour moins en souffrir ?
L’équipe de D’Cap a analysé des milliers de conversations sur des forums (Doctissimo.fr, AuFeminin.com, mais aussi Rue89...) et interrogé en profondeur, pendant
plusieurs heures, une trentaine de Français modestes. Les clients de cette étude sont des entreprises qui s’intéressent à l’innovation sociale et cherchent à
comprendre comment les comportements évoluent.
Pour Diouldé Chartier, cette étude ambitieuse a permis de mettre à nu une révolution en cours dans la société française : le mariage de la débrouille et d’Internet.
Entretien.
Rue89 : Quelles sont les grandes tendances qui se dégagent de votre étude ?
Diouldé Chartier : Nous avons constaté, avec cette étude, l’apparition d’une très large économie « en réseau », largement invisible : des espaces où les gens
échangent d’une façon nouvelle, souvent sans intervention d’aucune institution, parfois même sans monnaie.
Le phénomène est beaucoup plus massif que nous ne le pensions. Son développement est reflété par le succès spectaculaire de sites d’échanges comme Le Bon
Coin, Super-Marmite ou Airbnb. Les gens revendent leurs objets, proposent leurs services, sous-louent leur appartement, s’échangent des tuyaux, s’entraident.
Un tel phénomène est né du mariage du Web et de la crise. Il se développe dans une immense zone grise. Quand je dis « grise », je ne veux pas dire « illégale » :
ces échanges sont pour la plupart conformes à la loi, mais ils échappent aux statistiques et aux observations des économistes.
Cette économie en réseau est générée par la crise, mais aussi, plus généralement, par l’augmentation du nombre de « ruptures » dans les vies des Français. Le
recul à la fois du CDI et du modèle du couple stable, avec enfants sous un même toit, laisse place à des vies au cours plus fragmenté. Des décalages temporels
de plus en plus importants ont lieu entre les rentrées d’argent et les dépenses : il faut les gérer. Seuls l’entraide, la débrouille, le peer-to-peer, le système D
permettent de faire face.
Chacun innove donc pour contourner les difficultés et accroître son espace de liberté. Et chacun, dans ce nouveau
monde, peut devenir une unité de compétence valorisable. Si vous savez bricoler, par exemple, vous allez mettre cette
ressource à la disposition des autres.
Si vous savez repasser, vous allez proposer de le faire gratuitement pendant un an contre le prêt d’une maison de
campagne pendant un mois. Il n’y aura pas d’échange marchand, ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas d’échange
économique.
Autre tendance lourde, la méfiance croissante vis-à-vis des institutions : les gens préfèreront prendre un crédit à leur
centre de grande distribution plutôt qu’à la banque.
Les gens préfèreront faire affaire entre eux, par exemple sur Le Bon Coin ou sur eBay, avec des logiques très
différentes entre ces deux sites, qui d’ailleurs attirent des gens différents :
Le Bon Coin prend le parti de la relation entre pairs jusqu’au bout : les gens se débrouillent entre eux ;
à l’inverse, sur eBay, les échanges sont plus cadrés, le site se posant en entremetteur, avec une séparation nette des acteurs : d’un côté les acheteurs, de
l’autre les vendeurs.
« Crise et Web ont généré une très large économie de la débrouille » | ... http://www.rue89.com/rue89-eco/2012/11/12/la-crise-et-le-web-ont-ge...
1 sur 3 14/03/2013 17:47

81
30775 VISITES|66 RÉACTIONS Tweeter 8
TAGS
SOCIÉTÉ •PAUVRETÉ •CRISE ÉCONOMIQUE •SOCIAL •RÉSEAUX SOCIAUX •RUE89 PLANÈTE •DÉCROISSANCE
Ces phénomènes touchent-ils toute les strates de la société ?
Oui, mais ils changent de visage en changeant de milieu. Un SDF qui fait les poubelles, ce n’est pas un « glaneur » qui va chercher les produits périmés à la sortie
des magasins. Naît ensuite le « freeganisme », qui repose sur une philosophie du non-gaspillage... Et cette philosophie-là peut déboucher sur des actions
structurées : le site Zéro-Gâchis, par exemple, invite les internautes à signaler les produits proches de la date de péremption vendus à prix cassés dans les
supermarchés.
Prenez encore la vente de vieux objets inutiles pour arrondir ses fins de mois : elle n’a pas le même visage si elle a lieu à même le trottoir, ou dans le cadre d’un
vide-grenier spontané, ou bien encore sur Le Bon Coin.
Des comportements innovants partent de citoyens qui cherchent à se débrouiller face à la crise, puis se diffusent vers le reste de la société. Airbnb, par exemple,
la plateforme de location d’appartements de particuliers, n’est plus seulement un site pour des gens modestes ou des routards fauchés. De nombreuses
personnes proposent leur appartement à la location, une semaine par-ci, une semaine par-là, pour arrondir leurs fins de mois.
On voit apparaître des nouveaux comportements. Mais il faut les distinguer en fonction des personnes : ils n’ont pas toujours le même sens. Les gens qui ont
« deux boulots », par exemple, ne sont pas tous les mêmes. Vous pouvez avoir une personne qui est agent de surface en intérim dans la semaine, et qui fera de
façon informelle des déménagements le week-end, parce qu’elle ne peut pas survivre autrement. Et puis vous pouvez avoir le postier qui a pour hobby la photo, et
qui, en dehors de son boulot, ira vendre ses clichés sur un site... Ces deux profils n’ont rien à voir. Dans le second cas, le « deuxième boulot » est un facteur
d’épanouissement.
Nous avons longuement interrogé une femme qui, à Marseille, cherche des objets jetés par les habitants de sa ville pour ensuite les retaper et les revendre sur Le
Bon Coin. C’est pour elle devenu bien plus qu’un complément de revenu qu’elle considérait au départ comme un peu honteux : un vrai plaisir et une source de fierté.
En quoi est-ce nouveau ? Nos grands-parents n’échangeaient-ils pas déjà des services ?
Ce qui est nouveau, c’est le changement d’échelle. Une Africaine qui faisait de temps en temps la cuisine pour six personnes, dans son immeuble, peut, en allant
sur Super-Marmite, se mettre au service de 50 personnes. Sa zone de chalandise est tout d’un coup élargie.
Le Web, contrairement à une idée reçue parmi les élites, n’est pas un monde détaché de la réalité quotidienne. Au contraire : dans le cadre de cette économie de
réseau, il permet de façonner la vie réelle. Il n’est qu’un « média » entre les gens : leurs échanges, bien concrets, passent par lui.
C’est un mouvement plutôt positif...
Oui, mais il a des conséquences qui le sont moins. Ainsi, tous ces échanges informels se déroulent en dehors des cadres sociaux et légaux. La personne qui va
échanger des heures de ménage contre un autre service n’a pas de Sécu, pas d’assurance chômage, pas de retraite... Il faudrait accompagner ce mouvement en
prévoyant quelques filets sociaux. Les pouvoirs publics devraient s’y intéresser.
Pourquoi analyser la société à travers l’observation d’échanges sur des forums ? Les études classiques, menées par des enquêteurs, ne
fonctionnent-elles plus ?
Sur les forums, comme ceux de AuFeminin.com, Doctissimo.fr ou CommentCaMarche.net, le ton est direct, sincère : les gens se parlent entre eux, spontanément,
pour trouver des solutions, on ne crée pas l’artifice de l’enquêteur qui pose des questions. Les expressions qui y sont utilisées sentent l’authenticité. Informations et
opinions sont intriquées : c’est un matériau très riche pour comprendre notre société.
MERCI RIVERAINS ! Lem87, Pierrestrato
Revenus > 2
500€/mois ?
NOUVEAU : Moins de 55
ans? Avec la Loi Duflot,
réduisez vos impôts en 2013
!
Guide Investir en
Meublé
Se créer un patrimoine sans
apport, des revenus garantis,
défiscalisés, nos conseils.
A vendre - Maisons
Neuves
Devenez propriétaire de votre
maison au Mans à partir de
168 000€.
Publicité
A LIRE AUSSI
Rue89
24 heures de la vie d’une chômeuse : « Tu fais quoi de tes journées ? »
J’aime1,1k
« Crise et Web ont généré une très large économie de la débrouille » | ... http://www.rue89.com/rue89-eco/2012/11/12/la-crise-et-le-web-ont-ge...
2 sur 3 14/03/2013 17:47

82
consocollaborative.com
D EC . 23, 2 011
« Un jour, nous regarderons le XXe siècle et nous nous demanderons pourquoi nous possédions
autant de choses » affirmait récemment Bryan Walsh dans TIME Magazine qui consacrait la
Consommation Collaborative comme l’une des dix idées amenées à changer le monde. L’économie
du partage se propage : du transport aux voyages en passant par l’alimentation, le financement de
projets et la distribution, tous les secteurs ou presque voient cette nouvelle économie émerger.
Pourquoi acheter et posséder alors que l’on peut partager semblent dire des millions
d’individus. Les statistiques sont éloquentes, nous explique Danielle Sacks dans l’un des articles
les plus complets sur l’émergence de l’économie du partage :
Tandis qu’Airbnb annonçait il y a quelques mois avoir dépassé le million de nuits réservées sur son
site , en France, c’est covoiturage.fr qui a récemment franchi la barre du million de membres
inscrits. Etsy, la plateforme C to C* de référence pour vendre ses créations originales et artisanales,
diffuse ses statistiques chaque mois dans la plus grande transparence et on les comprend, tant les
chiffres sont impressionnants : 40 millions de biens vendus pour les 3 premiers mois de l’année,
soit 77% de plus qu’à la même époque en 2010 et presque 400.000 nouveaux membres
s’inscrivent chaque mois.
Neal Gorenflo, fondateur et rédacteur en chef du magazine Shareable m’expliquait récemment lors
d’un échange qu’il m’a accordé :
« Alors que plus de 3 millions de personnes dans 235 pays ont déjà «
couchsurfé », ce sont plus de 2,2 millions de trajets en vélo libre-service (tels que
le Velib’ à Paris) qui sont effectués chaque mois dans le monde. »
« On se rend compte que ce mouvement n’est pas qu’une tendance passagère.
Les publications se multiplient, les consultants commencent à s’intéresser au
phénomène, les politiques envisagent de nouvelles lois pour favoriser le
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
1 sur 9 14/03/2013 17:50

83
Alors que le secteur du prêt entre particuliers vient d’atteindre la somme de 500 millions de $ aux
Etats-Unis, les startups du partage enchaînent les levées de fond : 7 millions pour Thredup, site
internet de troc de vêtements et de jouets pour enfants; 1,2 million pour Gobble, qui a un modèle
proche de Super-Marmite et permet de réserver et d’acheter des plats fait maison près de chez
soi); 1,6 million pour Grubwithus, qui propose un service de colunching ou social dinner, mélange
de Meetic et de Groupon.
Distributeurs et constructeurs automobiles ont été les premiers à investir cette économie du
partage. Intermarché, Castorama, Ikea, proposent déjà aux gens de covoiturer, d’autres seraient en
réflexion très avancée pour proposer des dispositifs de troc et de partage. Du côté des constructeurs
automobiles, BMW a récemment fait une entrée remarquée en proposant une vraie solution
d’autopartage (Volkswagen lui a emboîté le pas il y a quelques jours à peine), Peugeot et Citroën
ont déjà lancé leurs offres de mobilité : respectivement Mu by Peugeot et Multicity ; enfin Norauto,
qui est devenu Mobivia, s’est complètement réorganisé pour devenir un opérateur de mobilité : le
lancement de Buzzcar (plateforme d’autopartage entre particuliers) par Robin Chase (fondatrice de
Zipcar, leader mondial de l’autopartage et classée parmi les 100 personnalités les plus influentes
par le TIME en 2009) étant l’illustration la plus notable de cette nouvelle stratégie.
Comment les secteurs les plus traditionnels répondront à ces évolutions, bien malin celui qui peut
répondre à cette question ; une chose est certaine, « il sera fascinant de suivre quels nouveaux
modèles seront développés à partir des systèmes de Peer-to-Peer*, et quels secteurs traditionnels ils
transformeront » concluait récemment Semil Shah dans un article consacré à l’économie
Peer-to-Peer publié dansTechcrunch.
L’économie du partage se propage
Sans que nous nous en rendions forcément compte, nous nous mettrions donc à moins posséder,
à privilégier l’usage et à partager davantage. Dans un contexte de crise économique durable et de
défiance vis-à-vis des grandes entreprises, ces expériences d’échange et de partage réussies
interrogent nos comportements traditionnels de consommation. « Nous nous dirigeons vers une
économie où l’accès aux biens s’impose sur leur possession » affirme Lisa gansky, auteur de The
Mesh.
L’âge de l’accès décrit par Jérémy Rifkin serait-il effectivement en train de se concrétiser ? Le
changement culturel est-il suffisamment profond pour nous conduire à privilégier l’usage sur la
possession ?
Dès lors, les défenseurs des monnaies alternatives, locales, complémentaires se font entendre et
développement de cette économie du partage, les startups font des levées fonds
impressionnantes : tout converge pour nous faire dire qu’une nouvelle économie
est vraiment en train d’émerger. »
De par la maturité des usages des nouvelles technologies et des applications
mobiles, San Francisco et la Bay Area sont à la pointe de cette nouvelle économie
qui prend de l’ampleur, au point que ces pratiques dépassent aujourd’hui le
cadre des startups et intéressent les acteurs les plus traditionnels.
« Les constructeurs automobiles qui voient l’autopartage comme une menace
perdront du poids dans ce paysage en évolution » professe ainsi Shelby Clark,
fondateur de Relay Rides (pionnier de l’autopartage entre particuliers outre-
Atlantique).
Une chose est certaine : les solutions alternatives réelles et fonctionnelles à la
forme la plus traditionnelle de l’achat existent et se diffusent comme jamais
auparavant, au point que l’argent, dans un contexte de turbulence des monnaies
étatiques, soit lui aussi contesté.
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
2 sur 9 14/03/2013 17:50

84
apparaissent de plus en plus crédibles pour nous aider à envisager des formes d’encadrement des
échanges régis par la générosité et/ou la réciprocité (voir le travail de mon ami Etienne Hayem
alias Zoupic sur ce thème ou le projet « The Future of Money »).
The Future of Money Project
C’est notre rôle de travailleur/consommateur qui s’en trouve du même coup transformé
comme l’explique Rachel Botsman dans un article intitulé « The Everyday Entrepreneur » :
Cette transition nous pousse également à réfléchir à l’encadrement de ces échanges (si nous nous
mettons effectivement à partager au sein de communautés nouvellement créées, comment générer
et maintenir la confiance nécessaire entre inconnus ?), mais aussi à leur plus grande diffusion :
quel rôle doit jouer l’éducation par exemple ?
« Les gens prennent conscience qu’ils disposent de ressources inexploitées
(matérielles ou liées à leurs compétences) sources de valeur économique, sociale
et durable -en moyenne par exemple, une voiture reste à l’arrêt 92% du temps- et
qui représentent des opportunités quotidiennes pour devenir micro-
entrepreneurs ». Ces évolutions ne se sont qu’embryonnaires et le changement
prendra du temps mais « la fulgurance des avancées technologiques, combinée à
une évolution des mentalités représente une opportunité sans précédent pour
transformer des secteurs, réinventer les services publics, dépasser les formes de
consumérisme sources de gaspillage terrible et changer nos façons de vivre. »
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
3 sur 9 14/03/2013 17:50

85
Voici quelques-uns des enjeux que soulèvent l’économie du partage (analysée et décryptée avec
justesse par le magazine américain Shareable ) et le concept de consommation collaborative
(développé par Rachel Botsman et Roo Rogers dans leur livre What’s Mine is Yours: The Rise of
Collaborative Consumption).
La croissance des formes d’échanges directs entre particuliers que décrit la consommation
collaborative a été notamment permise par l’avènement et la démocratisation des nouvelles
technologies. Si les formes de troc et d’échange ne sont pas nouvelles, Internet et les systèmes
Peer-to-Peer* ont permis leur développement à une toute autre échelle, grâce à deux leviers :
Internet et les places de marchés Peer-to-Peer* ont rendu possible le déploiement de masses
critiques d’internautes intéressés par les mêmes types d’échanges en permettant et en
optimisant la rencontre entre ceux qui possèdent et ceux qui recherchent (des biens, services,
compétences, argent, ressources, …) comme jamais auparavant ;
Internet et les systèmes de réputation ont permis de créer et de maintenir la confiance
nécessaire entre inconnus utilisateurs de ces systèmes d’échanges : qui aurait cru au succès
d’Ebay il y a 15 ans et à la possibilité de se faire héberger chez un inconnu en toute confiance
avant le lancement et le succès de Couchsurfing ? Derrière ces plateformes d’échanges se
trouvent des systèmes de réputation (références, notation) des utilisateurs qui les incitent à
« bien se comporter » et qui expliquent en grande partie leur succès fulgurant.
Différentes formes de partage
Jenna Wortham dans le New York Times , suggère de distinguer deux formes de consommation
collaborative :
les formes où l’on se regroupe pour acheter en commun -pour obtenir un meilleur prix ou
savoir ce que et à qui on achète (comme la Ruche qui dit oui !) ou financer un projet sur le
principe du crowdfunding (Kickstarter, en France Ulule, Kisskissbankbank ou Wiseed) ;
les formes qui organisent le prêt, le don, le troc ou l’échange de biens, de temps ou de
compétences entre particuliers.
Rachel Botsman propose de distinguer trois systèmes de consommation collaborative, tels que
présentés sur le schéma ci-dessous :
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
4 sur 9 14/03/2013 17:50

86
collaborativeconsumption.com
Les product service systems permettent de transformer un produit en service : l’autopartage,
les vélos en libre-service ou encore la location (organisée par un intermédiaire ou entre
particuliers) seraient à placer dans cette catégorie. Ces plateformes s’inscrivent dans le cadre
plus général de l’économie de fonctionnalité.
Les systèmes de redistribution organisent le passage de biens d’une personne les possédant à
une personne les recherchant. C’est le principe du C to C et des plateformes comme
PriceMinister, LeBonCoin mais aussi du troc, du don, de l’échange…
Les styles de vie collaboratifs regroupent les formules de partage de ressources immatérielles
entre particuliers : espace, temps, argent, compétences. Couchsurfing, Colunching ,
Coworking, Cohousing, Prêts entre particuliers, Achats Groupés feraient ainsi partie de cette
catégorie.
Une autre distinction selon les secteurs investis par cette économie du partage est également
possible. Puisqu’on me questionne souvent sur l’origine et la pertinence de l’expression, je
m’interroge avec vous : l’expression Consommation Collaborative est-elle appropriée, pertinente,
suffisamment percutante pour désigner ces nouvelles formes de partage entre particuliers ? Ma
réponse est oui car le terme collaboratif possède un historique, celui du travail collaboratif qui a eu
un impact positif évident sur l’organisation du travail.
Après la révolution de l’entreprise collaborative et le développement de la consommation
collaborative , apparaissent ou sont aujourd’hui envisagées d’autres formes que l’on pourrait
qualifier de collaboratives : la distribution (comme le fantastique People’s supermarket en
Angleterre), la production (un exemple d’Open Source appliqué à la production), la politique et
même l’énergie collaboratives. Il ne s’agit-là que d’exemples et je vous renvoie aux travaux de la
P2P foundation de Michel Bauwens pour plus d’informations sur le sujet.
Tout comme le collaboratif appliqué à l’organisation du travail a permis de tirer
un meilleur parti des ressources humaines, le collaboratif appliqué à la
consommation engendre une optimisation des ressources naturelles et
matérielles. Internet et les systèmes Peer-to-Peer* investissent progressivement
tous les espaces de notre vie quotidienne pour mieux les renouveler : il y a dans
le collaboratif une idée d’optimisation mais aussi de rupture.
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
5 sur 9 14/03/2013 17:50

87
La crise : premier catalyseur
La crise a été l’évident déclencheur et propagateur de l’économie du partage :
« Lorsque j’ai entendu pour la première fois parler du concept [de la location de voitures entre
particuliers], j’ai pensé que c’était une très mauvaise idée, je n’aurais jamais laissé quelqu’un
conduire ma voiture […] Mais la crise a été un catalyseur, j’ai commencé à réfléchir à comment
diminuer certaines de mes dépenses et comme la voiture est un des principaux pôles de dépense… »
Drivemycar rencontre un vrai succès en Australie : toutes sortes de voitures sont disponibles y
compris les plus beaux modèles, Noble explique ainsi : « J’ai maintenant des Ferrari et des
Porsche disponibles à la location, les gens en parlent à leurs amis, ils n’ont pas honte » (nous ne
sommes pas en reste : une magnifique SLK est disponible à la location sur Voiturelib à La Ciotat,
une très belle calèche est également proposée par un particulier sur le site de Deways ;).
Si la crise a été un évident accélérateur du mouvement par la contrainte budgétaire nouvelle qui en
a résulté, elle ne saurait expliquer à elle seule le rejet croissant dont l’hyperconsommation fait
actuellement l’objet. Aujourd’hui c’est même sur le terrain de la mode et du prêt-à-porter (souvent
initiateurs des futures tendances) que s’expriment ces nouvelles pratiques : du mouvement des
recessionistas aux sites de vides-dressing , en passant par les sites de locations de sacs ou de bijous
de mode comme Avèle , les sites de troc, d’échange et de location de vêtements se multiplient,
quand ce ne sont pas les créateurs eux-mêmes qui s’en emparent en faisant appel à la créativité du
consommateur . « Nous n’avons pas besoin d’acheter de nouvelles fringues à chaque nouvelle
saison.» Interrogée par le Sydney Morning Herald, Lara Mc Pherson met en place des événements
de troc de vêtements par l’intermédiaire de son blog (dans le même esprit, saluons Pretatroquer en
France), elle explique : « j’ai pris la décision d’arrêter d’acheter de nouveaux habits jusqu’à ce que je
trouve un moyen socialement responsable et bon pour l’environnement de vivre ma passion pour
la mode.»
Du bien au lien
« La crise a généré un changement de mentalité, elle a contraint les gens à
s’interroger sur les nouveaux moyens à leur disposition leur permettant
d’effectuer des économies et de gagner de l’argent à partir de leurs biens »,
affirme Daniel Noble , fondateur de Drivemycar, qui met en relation propriétaires
de voitures et personnes recherchant des locations de courte durée en Australie.
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
6 sur 9 14/03/2013 17:50

88
Au-delà des économies permises par ces sites, c’est l’impact social généré (en un mot la rencontre)
qui est au cœur de leur succès.
La capacité à récréer du lien social est pour beaucoup dans l’engouement de nombreuses
plateformes de consommation collaborative. Un avis que partagent de nombreux historiens et
sociologues. Interrogée par Le Monde, Laurence Fontaine, historienne et directrice de recherche
au CNRS voit dans le mouvement un rejet de l’économie capitaliste :
Stéphane Hugon, sociologue et cofondateur du cabinet Eranos, partage ce constat et envisage les
implications économiques de ces évolutions :
Erwan Lecoeur, sociologue, ancien Directeur de l’observatoire du débat Public développe l’idée que
l’explication du succès de ces nouveaux comportements est à rechercher dans une quête de liens et
de confiance en soi et en l’autre : « Avec ces nouveaux comportements, plusieurs attentes
apparaissent, que l’on pourrait appréhender par la centralité du besoin du « lien », d’une qualité
particulière et d’une confiance renouvelée.
« De la crise naît la nécessité de s’assembler, et de cette nécessité naît le plaisir de
s’assembler. On y trouve son compte pour ses intérêts individuels et matériels,
puis très vite, quelque chose se passe et la communauté d’intérêts devient une
communauté de liens. » (lu sur le blog de la Ruche qui dit Oui ! dans l’un des
articles français les plus enthousiasmants sur la Consommation Collaborative).
«La crise, ou plus exactement l’appauvrissement, pousse les gens vers ces
nouvelles formes d’échanges. Mais on peut également analyser ce mouvement
comme un refus de la société de marché, commente-t-elle. Au XVIIIe siècle, les
aristocrates payaient en objets et habits. L’arrivée de l’argent a été une libération
des liens sociaux. Les hommes ont ainsi accédé à l’anonymat et à
l’individualisme. Mais maintenant que ces valeurs ne sont plus portées aux nues,
on cherche de nouveau à tisser du lien social avec d’autres moyens. »
« Cette nouvelle consommation sonne le glas d’une approche de la société et des
marchés à partir de « l’individu rationnel qui optimise sans contrainte ». A-t-il
d’ailleurs jamais été rationnel ? […] La consommation est ici largement motivée
par une recherche de relation sociale qui vient épaissir le prétexte rationnel d’un
geste qui n’est économique que par extension. C’est probablement toute notre
culture économique qui s’en trouve modifiée. »
Derrière les produits et les services concernés, c’est avant tout une nouvelle
forme de relation, de partage qu’il s’agit de vivre. Plus qu’une simple proximité
géographique, on peut y voir une recherche de relation affinitaire à nouer ; le
besoin d’une rencontre réelle, d’un contact avec le producteur, l’inventeur, le
fournisseur de biens ou de services. […] On passe du bien à ce qu’il permet : un
lien. [...] Le bonheur n’est pas contenu dans l’objet échangé, semblent dire des
millions de nouveaux consommateurs mais dans l’acte d’échange et la rencontre
qu’il permet. »
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
7 sur 9 14/03/2013 17:50

89
Et d’envisager la propagation et la contagion du partage…
Et vous, vous trouvez que cette économie-là fait du sens? Couchsurfing, l’autopartage (entre
particuliers), les AMAP, le coworking, le colunching, le troc de vêtements, le Booksurfing, le
crowdfunding, … vous y croyez, ça vous parle, ça vous inspire ? N’hésitez pas à me faire part de vos
expériences et de vos commentaires !
Parce que je suis également convaincu de l’impact social et de la contagion possible, attendue et
souhaitable de cette économie du partage, j’ai commencé à réunir des adeptes du partage pour
échanger autour de la thématique, publier des articles encore plus pointus et plus fréquemment et
réfléchir à l’organisation d’évènements. Ce projet vous intéresse ? Vous souhaitez juste en savoir
plus ? N’hésitez pas à rejoindre notre toute nouvelle page Fan, vous pouvez aussi me contacter
directement sur twitter ou par mail : je serais ravi d’échanger avec vous sur ces nouvelles formes de
partage entre individus et sur les implications de cette nouvelle économie.
Pour aller plus loin :
*C to C : Consumer to Consumer; ici les vendeurs ne sont (pour la plupart) pas professionnels et
vendent leurs réalisations originales par le biais de la plateforme. On dépasse le cadre du partage
au sens stricte. Etsy est davantage une forme de distribution directe qui « court-circuite »
l’économie centralisée.
*Peer-to-Peer : Selon Michel Bauwens, « le P2P [ou échange entre pairs] est un certain type de
dynamique relationnelle… C’est une forme d’organisation basée sur les réseaux, reposant sur la
libre participation de partenaires équipotents engagés dans la production de ressources
communes. Il ne recourt pas aux compensation financières comme motivation principale, et
n’utilise pas les méthodes traditionnelles de commande et contrôle. Il crée un Commun plutôt qu’un
marché ou un état, et se base sur des relations sociales pour allouer les ressources, plutôt que sur
un mécanisme de prix ou un système hiérarchique. » (voir http://p2pfoundation.net/index.php
/1._Introduction)
Credits Flickr : Victoria Diaz Colodrero, Daniel Gillet
Original URL:
http://consocollaborative.com/983-economie-du-partage-consommation-
collaborative.html
« Ces formats d’échanges de produits et de services qui se développent un peu à
l’écart du monde de la grande consommation ne sont qu’embryonnaires ; ils
n’en ont pas moins beaucoup d’avenir. Parce qu’ils créent une convivialité, une
confiance qui fait défaut à l’extérieur, ils attirent à eux de nombreux adeptes,
intrigués par ces étranges manières, puis désireux de faire partie de cette petite
société-là, au moins par bribes, par moments, par intérêt. »
La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt
8 sur 9 14/03/2013 17:50

90
consocollaborative.com
Générer un climat de confiance pour favoriser les échanges entre particuliers est
l’une des clés pour les services de consommation collaborative. A l’occasion de la
sortie d’une étude BlaBlaCar sur le sujet nous avons posé quelques questions à
Frédéric Mazzella, fondateur de BlaBlaCar (covoiturage.fr) et à l’origine de la
création du personnage Trustman.
Vous venez de publier une enquête sur la confiance au sein de votre communauté. Quels sont les
résultats les plus remarquables ?
Quand on y pense, c’est phénoménal. La confiance représente une grande valeur pour la société,
mais elle est très difficile à créer. Elle a permis à notre société de construire ses fondements
économiques. Elle nous permet de collaborer efficacement. Depuis des millénaires, notre société
repose sur la confiance qui existe entre des personnes qui partagent quelque chose : un lieu, un
territoire, un lien familial… Mais notre étude révèle qu’il existe maintenant un nouveau type de
confiance : la confiance envers les profils en ligne. Dans une situation où autrefois il n’y aurait eu
aucune base sur laquelle construire la confiance entre deux individus, aucun partage ni aucune
relation apparente, l’établissement de la confiance est désormais réalisable grâce aux profils en
ligne. Et quand la confiance est établie, la collaboration est possible.
Ce n’est pas un changement incrémental – ce n’est pas un peu plus, ou un peu mieux, que ce qui
existait avant. C’est un changement disruptif. Rien ne sera plus jamais comme avant. Le socle de la
société, la confiance interpersonnelle, était autrefois une ressource rare ; c’est désormais une
ressource extrêmement abondante. Nos chances de collaborer les uns avec les autres sont
également transformées. Tout comme nos chances de créer de la valeur.
Nous faisons donc davantage confiance à une personne avec un profil complet qu’à nos voisins.
Pourquoi ?
C’est fascinant. Réfléchissons à ce que le terme « confiance » signifie, en théorie. La confiance
signifie qu’il y a une forte probabilité pour que le résultat d’une interaction soit désirable. En
d’autres termes, vous croyez qu’il y a une faible probabilité pour que le résultat d’une interaction
soit indésirable ! C’est la même chose : la confiance est l’évaluation d’une issue positive probable.
Pour résumer : on se dit que ça va marcher !
Mais nous pouvons projeter les résultats de nos futures interactions avec d’autres personnes si, et
seulement si, nous disposons d’informations sur lesquelles baser cette évaluation. La réponse à
votre question est simple : nous faisons plus confiance aux personnes avec un profil complet qu’à
nos voisins car nous savons plus de choses sur ces personnes ! Plus d’informations implique plus
de confiance.
Un membre avec un profil complet inspire davantage confiance qu’un voisin, et
presque autant qu’un ami proche.
Quand la confiance existe, nous pouvons créer de la valeur.
« La consommation collaborative, c’est avant tout des communautés de ... http://www.readability.com/art icles/d6dfjejt
1 sur 4 14/03/2013 17:48

91
La confiance au sein d’une communauté rend les interactions possibles. Pas de confiance, pas de
transaction. Ce que notre étude révèle, c’est que l’enregistrement des transactions passées est un
gage de confiance. Si un membre a réalisé des transactions avec succès (et qu’on en a une preuve
grâce aux avis laissés par d’autres membres), il devient digne de confiance. Quand vous lisez les
avis positifs d’un membre, vous pouvez estimer que le résultat de l’interaction sera positif. Vous
faites confiance à ce membre. Plus qu’à votre voisin !
Au sens strict du terme, la confiance mesurée par notre enquête est liée à un type d’activité
spécifique (celui pour lequel les transactions sont enregistrées) et ne peut être généralisée.
Cependant, cela montre qu’il est possible de créer une valeur interpersonnelle là où aucune valeur
n’existait auparavant.
D’où vient cette confiance ?
Notre étude montre que la confiance au sein de la communauté de BlaBlaCar provient, par ordre
croissant d’importance:
d’une photo (note de confiance de 2,5),1.
des coordonnées certifiées (3,2),2.
des avis positifs (3,4).3.
Lorsqu’on combine ces trois éléments, la note de confiance monte jusqu’à 4.25. A titre de
comparaison, un voisin n’obtient qu’une note de 3,3. Les amis et la famille obtiennent 4.7. Nous
pouvons donc conclure qu’une confiance forte résulte de la combinaison de différents facteurs.
Mais si nous devions en isoler un, ce serait sans aucun doute les avis communautaires. C’est
l’information la plus importante que les personnes utilisent pour évaluer la probabilité d’une issue
positive, donc pour faire confiance.
Qui est Trustman ?
Il n’y a pas seulement un Trustman.
Nous sommes tous Trustman !
Trustman n’est pas un pro des arts
martiaux comme Batman, et il ne vient
pas d’une autre planète comme
Superman. La source de son super-
pouvoir, ce sont simplement ses profils
confiance sur les sites d’échange entre
particuliers : covoiturage, partage de
compétences… Ils lui permettent d’être
libre d’enrichir sa vie, en créant de la
valeur pour lui et pour la société. Ça
semble banal, car tout le monde peut en
faire autant. Mais si on y réfléchit à deux
fois, c’est extra ! Grâce à nos profils confiance, nous sommes libres de partager ou de louer des
ressources essentielles telles que notre voiture ou notre logement, d’échanger des objets, des
maisons, des compétences, de cofinancer et « crowdsourcer », de collaborer massivement…
Tout cela ne nous fait pas seulement gagner du temps et de l’argent : cela rend aussi nos vies plus
riches humainement parlant.
Pourquoi est-ce un super-héros ? De quoi va-t-il nous sauver ?
Trustman est le nouveau super-héros d’une nouvelle ère économique. La confiance est l’une des
attitudes les plus constructives qui existe entre les citoyens car elle multiplie les possibilités de
collaboration et de coopération, au bénéfice de tous. Trustman est le symbole de nouveaux
Cette faculté de créer de la confiance change les règles de la société !
« La consommation collaborative, c’est avant tout des communautés de ... http://www.readability.com/art icles/d6dfjejt
2 sur 4 14/03/2013 17:48

92
comportements collaboratifs, dont les impacts positifs commencent seulement à être ressentis.
Pour nous, Trustman c’est l’espoir d’un avenir collaboratif.
Comptez-vous lancer un produit / service lié à la confiance ? Trustman va-t-il devenir « BlaBla
Trust » ?
Trustman est une métaphore, ce n’est pas un produit ou une fonctionnalité. Nous avons voulu
encourager les medias, la sphère IT et la communauté de la consommation collaborative à
s’intéresser à la question de la confiance.
La confiance est extrêmement importante pour BlaBlaCar et pour tous les sites d’échange entre
particuliers. Nous avons réussi à créer une communauté de confiance sur internet, qui réunit
aujourd’hui plus de 2,7 millions de personnes en Europe. De par cette expérience, nous voulons et
nous pensons pouvoir contribuer à la connaissance et la compréhension de ce sujet majeur. Nous
avons voulu partager notre point de vue et nos données sur l’importance de la confiance au sein de
la communauté BlaBlaCar.
Le covoiturage est-il une passerelle vers la consommation collaborative ? Les membres de votre site
sont-ils plus enclins à utiliser d’autres sites d’échange entre particuliers ?
Oui, une partie de notre communauté a commencé à utiliser d’autres sites de consommation
collaborative après s’être inscrite sur BlaBlaCar (entre 1 et 6% des membres). Cela pourrait
suggérer qu’en commençant à utiliser BlaBlaCar, ces personnes sont davantage conscientes des
bénéfices liés à la consommation collaborative et décident d’expérimenter de nouvelles pratiques.
Les résultats de l’étude montrent également que dans les cas où la volonté de pratiquer une activité
collaborative est faible (c’est le cas du financement collaboratif et de la location de véhicule entre
particuliers), la connaissance de cette pratique est également faible.
Ces résultats suggèrent une corrélation entre le degré de connaissance d’une population et son
intention d’adopter une nouvelle pratique. Cela semble logique : même si à l’échelle individuelle la
connaissance précède nécessairement l’intention, il peut aussi y avoir un niveau de connaissance
globale nécessaire au développement de la pratique au sein de la société.
Cette supposition est cohérente avec l’expérience de BlaBlaCar, car la connaissance générale et la
couverture médiatique ont été des facteurs clés à l’adoption du covoiturage.
Original URL:
http://consocollaborative.com/2881-la-consommation-collaborative-cest-avant-
tout-des-communautes-de-confiance.html
C’est une donnée importante pour les acteurs de l’économie du partage ; cela
montre que nous pouvons et devons travailler ensemble pour augmenter la
connaissance des différentes plateformes de consommation collaborative à
travers les différents secteurs : logement, transport,, finances…
« La consommation collaborative, c’est avant tout des communautés de ... http://www.readability.com/art icles/d6dfjejt
3 sur 4 14/03/2013 17:48

93
Pour rester dans le coup
Suivre ce qui se passe
et avoir les
compétences de base
est indispensable
aujourd’hui dans sa vie
personnelle.
Le buzz a remplacé le
film de 20h30.
Mais aussi dans sa vie
professionnelle
Surtout à l’heure du big
data

94
McKinsey Quarterly / Rédaction / March 8th, 2013
technology adoption
La maîtrise des médias sociaux organisationnels est en passe de devenir un avantage
concurrentiel. Les dirigeants de General Electric ont réfléchi à la question. Comment
s'inspirer de leur expérience ?
Rares sont les domaines dans les entreprises et dans la société à n’avoir pas été affectés par la
révolution des médias sociaux alors même que celle-ci a démarré il y a moins d’une décennie.
De nombreuses entreprises ont réagi à cette nouvelle donne, prenant la pleine mesure de la
force et du potentiel que ces technologies représentent pour leur organisation : ainsi, des wikis
permettent une collaboration virtuelle plus efficace dans des projets transversaux ; des blogs
internes, des fora de discussion et des chaînes YouTube encouragent les échanges, avec un
partage tant des savoirs que des vues d’ensemble de chacun ; des campagnes virales
sophistiquées permettent d’engager la relation avec les clients et de les fidéliser ; des produits
de prochaine génération sont co-développés grâce à des processus d’innovation ouverte ; et
enfin des dirigeants travaillent à définir leur stratégie d’entreprise 2.0.
Ce changement radical crée un dilemme pour les dirigeants : alors que le potentiel des médias
sociaux semble immense, les risques inhérents, eux, créent de l’incertitude et un certain
malaise. Par nature débridés, ces nouveaux moyens de communication peuvent laisser filtrer
des informations internes voire confidentielles, les rendant soudainement publiques et ce de
façon virale. Qui plus est, la logique des médias participatifs est en décalage avec le modèle
managérial et organisationnel du 20e siècle encore en vogue, qui privilégie des processus et un
contrôle linéaires. Les médias sociaux encouragent la collaboration horizontale et les
conversations spontanées qui se propagent de manière aléatoire, indépendamment des
hiérarchies du management, court-circuitant par conséquent tant les dynamiques établies du
pouvoir que les lignes de communication traditionnelles.
Selon nous, l’aptitude à capitaliser sur le pouvoir transformationnel des médias sociaux, tout
en atténuant les risques qui leur sont associés appelle un nouveau type de dirigeant. La
dynamique des médias sociaux accentue encore le besoin de qualités qui constituent depuis
longtemps le socle d’un leadership efficace, telles que la créativité stratégique, une
communication authentique, la capacité de faire face aux dynamiques sociales et politiques
d’une société et enfin celle de concevoir une organisation à la fois agile et réactive.
Mais les médias sociaux ajoutent de nouvelles dimensions à ces caractéristiques. Par exemple,
ils requièrent la capacité de créer du contenu multimédia convaincant et attrayant. Les
dirigeants doivent exceller dans la co-création et la collaboration – ces dernières constituant la
Médias sociaux : six compétences que tout dirigeant se doit de maîtriser http://www.paristechreview.com/2013/03/08/six-competences/?media=...
1 sur 9 14/03/2013 17:52

95
devise de l’univers des médias sociaux. Ils doivent à la fois bien comprendre la nature des
différentes technologies sociales mais aussi les effets difficilement contrôlables que ces
derniers peuvent produire.
La dimension organisationnelle est tout aussi importante : les dirigeants doivent cultiver une
nouvelle infrastructure sociale, reliée par une technologie dématérialisée, qui par sa nature
favorise d’une part des interactions constantes au-delà des barrières physiques et
géographiques, mais aussi des discours et des échanges organisés de façon autonome.
C’est donc une interaction entre compétences en leadership et principes de design
organisationnels qui se joue : nous l’avons baptisée « apprentissage des médias
organisationnels », et elle se définit en fonction de six dimensions interdépendantes et qui
s’alimentent les unes les autres.
Notre point de vue le plus éclairé sur le développement de ces nouvelles formes de culture
numérique est le cas de General Electric, où l’un de nous est responsable du développement
du leadership. Etre témoin de l’évolution de GE à travers ce prisme est particulièrement
intéressant ; en effet, contrairement à Google ou Amazon, GE n’est pas une entreprise digital
native, numérique par nature, et forte de 130 années consacrés à se réinventer et réinventer
ses activités constamment, l’observer est particulièrement précieux. Ceci d’autant plus en
Médias sociaux : six compétences que tout dirigeant se doit de maîtriser http://www.paristechreview.com/2013/03/08/six-competences/?media=...
2 sur 9 14/03/2013 17:52

96
raison du statut de GE comme « fabrique de leadership ».
L’engagement de GE dans les médias sociaux est peut-être le plus visible à travers sa
plate-forme numérique GE Colab, conçue « par les employés de GE pour les employés de GE
» afin de faciliter le travail d’équipe et la collaboration internationale. GE Colab combine les
capacités de Facebook, de Twitter et d’autres applications sociales, ce qui permet aisément la
mise en réseau, le partage de l’information, une communication instantanée, une recherche
avancée, des blogues, des blogues vidéo et plus encore. Lancée en 2012, cette plate-forme a
déjà attiré plus de 115 000 utilisateurs.
Pour se figurer la manière dont les dirigeants font face à ces nouvelles réalités, nous nous
sommes entretenus avec des cadres supérieurs de GE de divers secteurs et régions. Ces
dirigeants et leurs organisations se trouvent à différentes étapes dans leur parcours
d’apprentissage des médias sociaux, tout comme pourraient l’être des entreprises diverses.
Dans l’ensemble, cependant, ils ont décrit une vaste palette d’efforts visant à renforcer les
compétences personnelles, expérimenter des techniques, investir dans de nouveaux outils,
développer la participation des employés et enfin remanier les structures organisationnelles et
leur gouvernance afin de mieux saisir des opportunités sociales émergentes. Nous nous
sommes donc appuyés sur ces expériences pour illustrer les six dimensions de la palette de
compétences et de capacités organisationnelles que les dirigeants doivent acquérir afin de
développer l’apprentissage des médias sociaux à l’échelle de l’entreprise – autant de capacités
qui seront bientôt un facteur critique d’avantages concurrentiels.
1. Le dirigeant – producteur : créer du contenu attrayant
Avec des systèmes d’enregistrement vidéo quasi omniprésents et la possibilité de mettre en
ligne des vidéos en un clin d’œil sur YouTube ou d’autres plates-formes, les outils pour
produire et partager du contenu audiovisuel sont entre les mains de tout un chacun. Chez
General Electric, Video Central abrite aujourd’hui des milliers de vidéos, parmi lesquelles un
grand nombre ont été créées par de hauts dirigeants. Nombreux sont les dirigeants qui se sont
mis à intégrer des flux vidéo dans leurs blogs. Au fur et à mesure que la communication vidéo
prendra de l’importance, un leadership efficace exigera de plus en plus le type de
compétences créatives que nous connaissons dans le monde du cinéma « d’auteur » – une voix
authentique, l’imagination, et la capacité de concevoir des histoires fascinantes et de les
transformer en produits médiatiques de nature à réveiller et captiver l’attention du public.
Afin de capter personnellement l’attention, les cadres auront également besoin de
compétences techniques pour maîtriser les bases de la production multimédia numérique, y
compris la prise de vue et, si nécessaire, l’édition des vidéos.
De nombreux cadres dirigeants disposent à présent d’outils de production et de partage de
vidéos, avec lesquels ils peuvent mettre en ligne des enregistrements de réunions sur un
serveur interne auquel les employés peuvent accéder.
Mark Begor, qui dirige le pôle immobilier de GE Capital, était nerveux lorsqu’il a réalisé son
premier message vidéo « brut ». « J’étais habitué à un environnement de studio où je pouvais
faire plusieurs prises et où les éditeurs polissaient ce que je voulais dire. » Ce malaise disparut
pourtant rapidement avec la pratique. Il produit maintenant de façon routinière une vidéo
hebdomadaire de cinq à dix minutes pour sa division. « Je parle de ce que j’ai appris au cours
de la semaine, d’un gros contrat que nous avons obtenu et de l’actualité de l’activité. J’ajoute
également des commentaires à propos des employés que je souhaite valoriser. » Selon Mark
Begor, une telle routine l’oblige à cristalliser sa pensée, et créer des histoires courtes
auxquelles les gens peuvent s’identifier lui donne une conscience accrue de sa stratégie et de
Médias sociaux : six compétences que tout dirigeant se doit de maîtriser http://www.paristechreview.com/2013/03/08/six-competences/?media=...
3 sur 9 14/03/2013 17:52

97
sa communication.
A l’instar de Mark Begor, d’autres ont découvert que dans ce processus, la logique des médias
participatifs diffère significativement de celle de la diffusion traditionnelle de vidéo en
entreprise, où le moindre élément de communication est millimétré à la perfection. Trop de
perfection est au contraire un obstacle à la collaboration et la co-création, car au final elle
dissuade de participer. Pour réussir dans l’univers des médias sociaux, il est impératif pour les
dirigeants d’adopter un état d’esprit d’ouverture et d’imperfection, et ceux-ci doivent avoir le
courage d’apparaître « bruts » et sans vernis – des qualités qui peuvent se révéler aussi
difficiles à développer que de développer des compétences créatives ou techniques.
2. Le dirigeant – distributeur: exploiter la dynamique de diffusion
Les dirigeants d’entreprises diffusent traditionnellement l’information au fil d’une chaîne
linéaire et bien contrôlée, qui commence après le développement d’un processus formel de
création-signification – songeons à la façon dont nos entreprises créent et distribuent des
mémos expliquant les nouvelles initiatives. Bien que les voies de diffusion traditionnelles ne
soient pas vouées à disparaître, les médias sociaux révolutionnent le processus d’information
standard en l’inversant. La communication sociale fait de la dissémination le point de départ,
puis elle invite les forces vives de la société à co-créer et à et contextualiser le contenu pour
créer du sens original. Les messages sont rediffusés et reformulés à volonté par les
destinataires qui repostent des vidéos, retweetent et commentent sur les blogs, et utilisent des
fragments de contenu créé par d’autres personnes pour créer leur propre « mix ».
A l’heure où les médias de masse (verticaux) et les médias participatifs (horizontaux)
convergent, les dirigeants se doivent de maîtriser l’interaction de deux paradigmes
fondamentalement différents : celui des canaux traditionnels, qui suit une logique de contrôle,
et celui des nouveaux canaux, où il est essentiel de laisser les dynamiques du système se
mettre en place d’elles-mêmes sans intervenir trop directement. Dans la mesure où les cadres
ne seront pas en pas en mesure de canaliser ou de contrôler un message dès le moment où il
entre dans le système, ils devront comprendre ce qui pourrait l’amener à devenir viral et
comment il peut être modifié et annoté au fur et à mesure de sa circulation à travers le réseau.
La capacité de distribution – c’est-à-dire la capacité d’influencer la façon dont les messages
sont véhiculés à travers des organisations complexes, devient par conséquent tout aussi
importante que la capacité de créer un contenu attrayant.
De fait, la capacité de créer et de maintenir un corps de followers sociaux qui aideront à
véhiculer et renforcer le message est également très importante. Il devient essentiel de savoir
qui sont les personnages clé dans une organisation, ses leaders d’opinion – souvent informels
– et de s’appuyer sur leur autorité pour diffuser du contenu à travers les bons canaux. Afin de
tirer le meilleur parti des communications qui circulent en permanence autour d’eux, les
dirigeants doivent embrasser leur rôle de redistributeurs du contenu qu’ils reçoivent.
Lorraine Bolsinger, vice-présidente et directrice générale de GE Aviation Systems, a acquis ces
compétences par l’expérimentation. Elle a commencé à bloguer il y a quelques années mais n’a
pas obtenu beaucoup de réactions au début. « Il a fallu du temps pour obtenir de mon public
qu’il participe activement », se souvient-elle. « J’ai dû trouver mon style et devenir plus
familière, plus décontractée. » Afin d’accroître l’attrait et la durabilité des échanges, elle a
finalement créé un « blog 360 », où tous ses collaborateurs directs bloguent avec elle sur la
même plate-forme. Ce blog en réseau, avec 12 contributeurs réguliers, fournit des points de
vue additionnels sur toutes les questions, stimule une communication plus fréquente, et attire
une plus large participation. Selon elle, au sein de son groupe, la qualité des échanges sur la
Médias sociaux : six compétences que tout dirigeant se doit de maîtriser http://www.paristechreview.com/2013/03/08/six-competences/?media=...
4 sur 9 14/03/2013 17:52

98
stratégie et les opérations s’est améliorée grâce à ces efforts.
3. Le dirigeant – destinataire : gérer le trop-plein de communication
Les médias sociaux ont créé un océan d’informations. Nous sommes noyés dans un flot
incessant d’e-mails, de tweets, de mises à jour Facebook, de flux RSS et autres et il est souvent
difficile de s’y retrouver. « C’est une véritable cacophonie», déclare Stuart Dean, directeur
général de GE ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), blogueur actif et tweeter
régulier sur des sujets relatifs à son marché. « J’utiliserais beaucoup plus Twitter comme
source d’information si je pouvais obtenir exactement ce dont j’ai besoin. »
Un sentiment partagé par la plupart des dirigeants que nous connaissons – nombreux étant
ceux qui trouvent à peine le temps de gérer leur flot d’emails quotidiens. Comment faire? Dans
un premier temps, les dirigeants doivent maîtriser les outils informatiques et autres
paramètres qui permettent à un utilisateur de filtrer et de séparer l’important de l’accessoire.
Toutefois, s’y retrouver aujourd’hui dans un environnement aussi turbulent exige plus que de
simples compétences de filtrage.
Dans la communication d’entreprise traditionnelle, la consommation est un acte
essentiellement passif : vous êtes à peu près livré à vous-même pour donner un sens aux
messages et pour évaluer tant leur pertinence que leur crédibilité. Dans le domaine des
médias sociaux, il ne faut que quelques secondes pour partager et commenter l’information, et
les dirigeants doivent évaluer quand répondre (et quand ne pas le faire), quels messages il
faudrait mettre en lien avec leurs blogs, quand copier des éléments et les intégrer à leur
propre mix, et ce qu’il est utile de partager avec leurs différentes communautés. La création de
sens devient donc un processus collaboratif dans lequel les dirigeants doivent jouer leur
partition de façon très réfléchie, car c’est précisément là que l’acceptation des messages ou la
résistance envers eux vont se jouer.
« Il faut voir l’univers de la communication dans son entièreté, c’est à dire l’interaction entre
les médias traditionnels et les médias sociaux », affirme Bill Ruh, directeur du Software and
Analytics Center de GE. Car si les dirigeants sont affectés par ce déluge d’informations, il en va
de même pour leur personnel. « En tant que dirigeant », explique Ruh, « il faut développer
une empathie pour les différents canaux et la façon dont les gens consomment l’information ».
4. Le dirigeant – conseiller et maître d’œuvre : être le moteur de l’utilisation
stratégique des médias sociaux
Dans la plupart des entreprises, l’apprentissage des médias sociaux en est à ses balbutiements.
Les attentes sont souvent élevées quant au potentiel de ces technologies afin de recouper les
silos fonctionnels et sectoriels. Mais sans orientation et sans coordination, et sans les capacités
dont nous parlons ici, l’enthousiasme pour les médias sociaux peut se retourner contre ses
utilisateurs et provoquer de graves dégâts.
Afin de tirer le meilleur parti du potentiel des médias sociaux, les dirigeants doivent jouer un
rôle actif dans l’apprentissage de ces nouveaux médias par leurs collaborateurs immédiats et
autres relations. Dans ce tour d’horizon à 360 degrés, les dirigeants doivent devenir des
conseillers de confiance, des soutiens actifs pour leur environnement dans l’utilisation des
outils sociaux, tout en veillant à ce que la culture de l’apprentissage et de la réflexion « prenne
». Par ailleurs, à l’heure où une nouvelle génération qui a grandi parmi ces outils est en train
de faire son entrée dans les entreprises, les dirigeants éclairés pourront accélérer le
changement organisationnel en mettant à profit l’expertise de ces natifs du numérique à
Médias sociaux : six compétences que tout dirigeant se doit de maîtriser http://www.paristechreview.com/2013/03/08/six-competences/?media=...
5 sur 9 14/03/2013 17:52

99
travers des systèmes de « mentoring inversé » (voir plus loin).
Steve Sargent, président et CEO de General Electric Australie et Nouvelle-Zélande, estime que
les médias sociaux sont en train de remodeler la culture du leadership en poussant les
dirigeants à dépasser les frontières géographiques, à nouer des relations plus étroites avec les
acteurs du marché, et enfin à amplifier l’impact des salariés à la périphérie des processus. Au
cours des cinq dernières années, apportant une démonstration de faisabilité, Steve Sargent a
mis en place un réseau industriel minier transversal qui court à travers les différentes activités
et régions de GE. Ce réseau relie des équipes informelles qui utilisent des plates-formes
sociales afin de collaborer pour la résolution des besoins des clients. Les employés de GE au
Brésil, par exemple, travaillent désormais avec des collègues australiens pour développer des
produits et des services pour les clients ayant des activités dans les deux pays. Le succès du
réseau a conduit l’entreprise à l’élever au statut d’activité minière GE à part entière. « Les
marchés d’aujourd’hui sont complexes et multidimensionnels, et le leadership n’est pas une
question de contrôle, mais bien au contraire d’encouragement et d’autonomisation des réseaux
», explique Steve Sargent. « Le style de leadership dont nous avons besoin trouve sa pleine
expression dans l’ADN des technologies collaboratives, et je suis déterminé à tirer le meilleur
parti de cet ADN autant que je le pourrai. »
Pour atteindre cet objectif, les dirigeants doivent devenir les tuteurs et les orchestrateurs
stratégiques de toutes les activités liées aux médias sociaux au sein de leur sphère de contrôle,
y compris la mise en place de nouveaux postes dont le rôle est de soutenir les logiques de
communication en réseau, par exemple, les community managers, les content curators
(veilleurs de contenus), les analystes de réseaux et les entrepreneurs sociaux. Qui plus est, les
unités organisationnelles sachant exploiter les nouvelles technologies de manière coordonnée
et alignée avec la stratégie de l’entreprise gagneront en visibilité et en influence dans la
dynamique de pouvoir de leur organisation.
5. Le dirigeant – architecte : créer une infrastructure organisationnelle
autonomisante
Les dirigeants qui se sont lancés dans les nouveaux médias pourront en témoigner, l’exercice
oblige à naviguer entre des objectifs potentiellement contradictoires : il faut s’efforcer de
mettre en place une infrastructure organisationnelle et technique qui encourage la liberté des
échanges, mais il faut dans le même temps procéder à des contrôles qui atténuent les risques
d’une utilisation irresponsable. Le défi en matière de design organisationnel est réel.
La plupart des entreprises ont une organisation formelle bien définie, avec des systèmes de
report vertical bien identifiés. Mais sous la surface des organigrammes et des manuels de
procédures, il existe si on se donne la peine de la chercher une « organisation informelle »
implicite, moins administrable, qui a toujours été importante et qui se trouve à présent
amplifiée par les médias sociaux. La tâche du dirigeant est de ménager responsabilité verticale
et collaboration horizontale en réseau de telle sorte qu’elles ne se détruisent pas
mutuellement.
Ce défi se reflète dans les politiques de GE, qui promeuvent l’intérêt du partage d’expertise et
de perspectives avec la famille, les amis, les collègues, les clients et autres acteurs à travers le
monde. Cette ouverture s’accompagne d’une responsabilité partagée : les employés doivent
respecter les normes de transparence et d’intégrité de GE, s’abstenir de parler au nom de
l’entreprise sans autorisation, et indiquer clairement dans leurs messageries sociales que leurs
opinions sont purement personnelles.
Médias sociaux : six compétences que tout dirigeant se doit de maîtriser http://www.paristechreview.com/2013/03/08/six-competences/?media=...
6 sur 9 14/03/2013 17:52

100
Dans cet esprit, la création d’une architecture sociale offrant un espace porteur de sens pour
les interactions internes et externes est une mission permanente pour Andrew Way,
vice-président de GE Oil & Gas Drilling & Surface Division. « J’aime vraiment tout ce qui est
médias sociaux », déclare-t-il, « alors je m’entoure d’une organisation qui les met en avant ».
Lors du dernier projet en date d’Andrew Way dans cette division, lui et son équipe ont lancé
un projet vidéo sur l’histoire de l’entreprise et sa chronologie actuelle. Dans la mesure où les
vidéos sont partagées avec les clients, les membres de l’équipe doivent faire des choix à propos
du contenu susceptible ou non de franchir les frontières de l’entreprise. « C’est quelque chose
qui est en évolution constante. Chaque trimestre, l’équipe ajoute une nouvelle séquence
présentant des choses importantes qui se sont produites au cours des trois derniers mois. Il en
a résulté une histoire continue, et les gens attendent avec impatience chaque nouvelle version.
»
Pour lui, les vidéos ont soudé les membres de sa division autour d’objectifs communs, ce qui a
contribué à accueillir de nouveaux employés à bord et à rendre tout le monde plus compétent
dans l’utilisation des nouveaux médias. « Il y a trois ans, on se serait contenté d’utiliser
PowerPoint, avec une police de caractères standard. Clairement, une nouvelle culture s’est
créée. » Avantage supplémentaire : ces pratiques permettent de doper la relation avec les
clients, dans la mesure où ces derniers participent souvent à des tournages vidéos afin
d’animer les séquences. »
6. Le dirigeant – analyste : surfer sur les tendances
Alors que les entreprises commencent tout juste à digérer les conséquences de la révolution
du Web 2.0, le prochain changement de paradigme frappe déjà à la porte. La prochaine
génération de connectivité – l’Internet des Objets – reliera entre eux des appareils, des
voitures et toutes sortes d’objets. En conséquence, il y aura environ 50 milliards d’appareils
connectés d’ici 2020.3 Cette transformation va ouvrir de nouvelles opportunités, faire éclore
de nouveaux modèles économiques et présentera un nouveau point d’inflexion majeur que les
dirigeants devront être capables de gérer.
Il est impératif de se tenir au courant de ces nouvelles tendances et des dernières innovations
– et pas seulement de leurs implications concurrentielles ou commerciales, mais aussi de leur
impact potentiel sur les technologies de la communication, ces dernières étant des données
fondamentales d’une organisation agile et réactive. Les dirigeants qui sont à l’écoute des
signaux, si faibles soient-ils, et qui expérimentent les nouvelles technologies et leur cortège
d’appareils sont ceux qui seront en mesure d’agir plus rapidement que les autres et de récolter
les fruits d’une adoption anticipée.
Crotonville, le centre de formation des dirigeants de General Electric, mène un certain nombre
d’initiatives pour aider les cadres dirigeants à garder une longueur d’avance par rapport à tous
ces changements, comme l’illustre le programme Leadership Explorations. Lancé en 2011, ce
programme a vocation à soutenir la formation continue pour les cadres dirigeants et s’est
déroulé dans des lieux liés à une thématique spécifique en matière de direction stratégique.
Dans la Silicon Valley, les dirigeants ont fait immersion dans le monde de la technologie de
pointe. Une partie du programme concernait le « mentoring inversé », avec pour but de
mettre en relation la « génération du millénaire », née avec le numérique, avec de hauts
dirigeants de GE pour les tenir informés des derniers buzz technologiques et les y initier. Or,
bien que le stage soit officiellement clos depuis longtemps, de nombreux participants
continuent à ce jour d’échanger des idées. Mettre en contact direct des leaders chevronnés
avec l’état d’esprit de la nouvelle génération les encourage à expérimenter de nouvelles
Médias sociaux : six compétences que tout dirigeant se doit de maîtriser http://www.paristechreview.com/2013/03/08/six-competences/?media=...
7 sur 9 14/03/2013 17:52

101
technologies, et les prépare à une meilleure relation avec les talents de demain.
Évidemment, ces changements sont encore récents. La plupart des entreprises reconnaissent
les médias sociaux comme une innovation de rupture qui va cristalliser des forces plutôt que
de les amoindrir. Mais l’apprentissage des médias sociaux tel que nous le définissons ici n’est
pas encore pleinement intégré aux modèles de compétence en leadership, ni aux évaluations
de performance ou aux des systèmes d’intéressement. De même, il n’a pas encore trouvé sa
place dans les cursus des écoles de commerce ni dans les programmes de développement du
leadership.
Cette situation doit changer. Nous sommes convaincus que les entreprises qui développent dès
aujourd’hui une masse critique de leaders maîtrisant les six dimensions de l’apprentissage des
médias organisationnels connaîtront un meilleur avenir. Elles seront plus créatives,
innovantes et agiles. Elles attireront et retiendront mieux les talents, et sauront par ailleurs
puiser plus profondément dans le vivier des capacités et des idées de leurs employés et
relations. Elles seront plus efficaces lorsqu’il s’agira de collaborer à travers les frontières
internes et externes et d’atteindre un degré d’intégration mondiale plus élevé. Elles
bénéficieront d’une plus grande proximité et d’une plus grande fidélité dans leur relation
client, ce qui bénéficiera également à leur valeur de marque. Elles seront plus susceptibles de
jouer un rôle de premier plan dans leur secteur en tirant profit des capacités de leurs
partenaires et de leurs alliances industrielles, par le biais de la co-création, du
co-développement, et de la collaboration industrielle dans son ensemble. Enfin elles seront
mieux à même de créer de nouveaux modèles économiques qui misent sur le potentiel des
technologies de pointe toujours en évolution.
Il faut du courage pour innover radicalement en matière de leadership et d’organisation, car
les systèmes, les cultures et les attitudes préexistants dont nous héritons sont de puissants
vecteurs d’inertie. Fort heureusement, la qualité intrinsèque des médias sociaux est d’être
puissant vecteur de transformation. Se lancer dans les médias sociaux confrontera les
dirigeants aux lacunes propres aux structures organisationnelles traditionnelles. Ceux qui
remédieront à ces lacunes apprendront à développer les infrastructures permettant un usage
véritablement stratégique des technologies sociales. Les entreprises et dirigeants qui se
lanceront dans les médias sociaux mettront en marche un cercle vertueux qui leur permettra
de capitaliser sur les opportunités et les ruptures qui accompagnent la nouvelle connectivité
d’une société en réseau. Et leur récompense sera un avantage concurrentiel d’un genre
nouveau.
Cet article rédigé par Roland Deiser (senior fellow, Peter F. Drucker and Masatoshi Ito
Graduate School of Management, Claremont Graduate University, auteur de Designing the
Smart Organization: How Breakthrough Corporate Learning Initiatives Drive Strategic Change
and Innovation, John Wiley & Sons, octobre 2009) et Sylvain Newton (GE Crotonville
Leadership Senior Leader for Business and Regions) a été originellement publié à l’origine
dans le McKinsey Quarterly [www.mckinseyquarterly.com]. Copyright McKinsey&Company.
Tous droits réservés. Traduit et republié sur autorisation.
More on paristech review
On the topic
Vers une élaboration ouverte de la stratégie?By McKinsey Quarterly on May 25th, 2012
La Toile planétaireBy McKinsey Quarterly on July 26th, 2011
L’Internet des ObjetsBy McKinsey Quarterly on January 28th, 2011
By the author
Médias sociaux : six compétences que tout dirigeant se doit de maîtriseron March 8th, 2013
Médias sociaux : six compétences que tout dirigeant se doit de maîtriser http://www.paristechreview.com/2013/03/08/six-competences/?media=...
8 sur 9 14/03/2013 17:52

102
ParisTech Review / Rédaction / December 19th, 2011
internet technology and business
L'information est aujourd'hui plus abondante que jamais et sa croissance est chaque jour
plus rapide. Il y a encore vingt ans, le principal enjeu était son contrôle, autant en politique
que dans les entreprises. Aujourd'hui, c'est d'être capable de l'exploiter, de transformer en
valeur d'énormes masses de données produites en temps réel.
Le déluge des données numériques, évoqué dans nos colonnes par George Day et David
Reibstein, n’impacte pas que les métiers du marketing. C’est l’ensemble des organisations de
production qui est touché, et au-delà l’enjeu de compétitivité concerne les économies
nationales. Ceux qui seront capables d’utiliser ces données auront une longueur d’avance pour
connaître les opinions et détecter les mouvements culturels, mais aussi pour comprendre ce
qui se joue au sein de leur organisation, en améliorant les processus et en informant mieux la
prise de décision. Encore faut-il s’en donner les moyens: c’est tout la difficulté du “big data”,
qui est à la fois une promesse et un défi. Défi technique, mais aussi intellectuel, car les outils
informatiques qui permettront d’exploiter ces bases de données ne sont évidemment qu’une
partie de la solution.
L’ère de l’information
La question a d’abord surgi au sein du monde académique, quand une équipe dirigée par Peter
Lyman et Hal R. Varian, de l’université de Californie à Berkeley, a entrepris de mesurer la
quantité d’information produite et stockée dans les médias, notamment numériques. Un
premier rapport fut publié en 2000 et actualisé en 2003, How Much Information. Il mettait en
évidence un phénomène dont on se doutait fortement: non seulement la quantité
d’information double régulièrement, mais elle le fait dans des intervalles de plus en plus
courts. Les raisons invoquées par les chercheurs étaient multiples. Ils citaient notamment la
multiplication des contenus numériques, due à la création, mais aussi à la numérisation de
documents et plus spécialement d’images. L’archivage électronique, par de nombreuses
organisations, de leurs données physiques, y contribue notablement à cette tendance, de
même que le vaste mouvement de numérisation des données imprimées entrepris dès les
années 1990 par les grandes bibliothèques mondiales.
Lyman et Varian évoquaient aussi la croissance déjà vertigineuse des échanges en ligne, avec
le fameux Web 2.0 où chacun est un éditeur en puissance. L’explosion des réseaux sociaux,
dans la deuxième moitié des années 2000, n’a fait qu’accélérer cette tendance.
Dans ce contexte, les moteurs de recherche comme Google ont eu un rôle de plus en plus
décisif… et ils se sont mis, eux-mêmes, à fabriquer de l’information, puisque la
méta-information (classement, indexation, taguage) est aussi de l’information. Des bases de
données gigantesques se sont ainsi constituées, dont l’exploitation a produit de nouvelles
Les promesses du Big Data http://www.paristechreview.com/2011/12/19/promesses-big-data/?med...
1 sur 5 14/03/2013 17:52

103
données.
Aux données brutes se sont progressivement ajoutées des métadonnées, qui constituent
aujourd’hui une part croissante de la masse d’information en circulation. Les données brutes,
c’est une ligne sur votre compte bancaire ou encore la photo que vous postez sur un site de
partage. Les métadonnées, c’est par exemple votre profil bancaire, constitué en croisant les
différentes données à votre sujet, c’est aussi le réseau de personnes qui a pu voir votre photo,
qui l’ont réellement vue, qui l’ont commenté, ainsi que les parcours numériques de ces
personnes pour arriver à votre photo.
Sauf peut-être quelques Indiens isolés dans la forêt amazonienne, chaque être humain laisse
ainsi des traces numériques de plus en plus abondantes. Les habitants des pays développés en
laissent d’innombrables, des commentaires postés sur des blogs aux transactions en ligne en
passant par la géolocalisation par smartphone. Très vite un certain nombre d’acteurs ont
repéré la valeur de ces traces et appris à les exploiter, notamment Google ou Facebook, qui
s’en servent pour cibler les publicités qui apparaissent sur nos écrans. D’autres acteurs se sont
lancés, comme les compagnies d’assurances qui, dans les pays où c’est autorisé, recueillent des
données personnelles pour enrichir et affiner leurs actuaires.
Les métadonnées sont réactualisées constamment, ce qui peut amener à voir le monde de
l’information comme un univers de flux éphémères. Ces flux nourrissent des stocks, des
banques de données, mais on peut aussi les filtrer en temps réel, en les considérant comme
une énorme masse en mouvement et non comme un volume inerte. Ce sont ces big data qui
sont aujourd’hui au centre de toutes les attentions.
Une révolution informatique
L’informatique d’hier a été construite autour de la gestion de bases de données relativement
stables, relativement fermées et, pourrions-nous ajouter, relativement limitées. La révolution
en cours concerne aussi bien l’échelle, avec des masses de données littéralement gigantesques,
que la réactualisation constante due à l’ouverture des bases sur des flux. À quoi s’ajoutent la
complexité des formats et l’interconnexion entre les bases, qui exclut l’usage des outils de
gestion traditionnels.
Certes, le coût de stockage tend aujourd’hui à baisser presque aussi rapidement que le volume
stocké augmente. Par ailleurs, des outils ont été développés, notamment des superordinateurs,
qui permettent de gérer des bases considérables.
Au-delà du hardware c’est la nature même des outils d’analyse, dans le domaine du software,
qui est aujourd’hui en question. Les outils traditionnels, par exemple les algorithmes d’analyse
décisionnelle, sont tout simplement dépassés par la masse de données considérées et par leur
dissémination. Les données des big data ne sont pas toutes dans la “base de données”: elles
sont d’abord et avant tout à l’extérieur, et la base est, à proprement parler, virtuelle.
Le développement d’Internet et l’apparition de services de grande audience a été un défi pour
les systèmes de gestion de base de données. L’idée même de base de données relationnelle (un
stock d’informations décomposées et organisées dans des matrices appelées relations ou
tables) est dépassée par la fluidité des données et par leur caractère mouvant. Et avec les bases
de données ce sont les anciens langages de requêtes structurés (Structured Query Language,
SQL) qui sont emportés, puisque leur fonctions (grossièrement: définir des données, les
classer) sont opérationnelles à l’intérieur d’une base fermée, mais perdent de leur efficacité
dans un système ouvert.
Les promesses du Big Data http://www.paristechreview.com/2011/12/19/promesses-big-data/?med...
2 sur 5 14/03/2013 17:52

104
Les nouveaux systèmes de gestion ont dû renoncer à certaines fonctionnalités pour gagner en
puissance de calcul. On a ainsi vu apparaître de nouveaux outils: des bases de données
orientées par colonnes et non par lignes, ou encore des bases de données “in-memory”, qui
font travailler principalement la mémoire centrale, et non des disques. Les bases de données
“in-memory” sont plus rapides que les autres, car l’accès aux données et algorithmes
d’optimisation internes sont plus simples: la lecture des données est ainsi exécutée plus
rapidement.
Mais l’innovation majeure, qui constitue une rupture, ce sont les outils alimentés en temps
réel, dont le fonctionnement n’est plus fondé sur les données stockées mais sur les flux
entrants, et dont le traitement est délocalisé. C’est le cas de Streambase, ou de Hadoop, une
plateforme libre qui permet le traitement parallèle de données sur différentes machines. Le
traitement proprement dit est divisé en deux types d’opération: le mapping est le traitement
d’un sous-ensemble de données, le reducing est la synthèse agrégée des résultats des mappers.
Cette technique de cloud computing a été adoptée notamment par les grands réseaux sociaux,
et son horizon est de délocaliser à l’infini le traitement des données: chaque utilisateur actif
représente un ensemble de données, mais aussi un ordinateur disponible.
Que faire de ces données? Parmi les outils d’analyse particulièrement novateurs figurent les
graphes, qui permettent de cartographier les interactions entre acteurs d’un réseau. Comme
l’explique Henri Verdier, Google+, le nouveau réseau social de Google, est entièrement
construit autour des “cercles” de relations, gérés par l’utilisateur, qui offrent au géant une
connaissance incomparable des dynamiques sociales, à la fois générales (tendances,
propagation des opinions, etc.) et personnelles (pratiques, habitudes, affinités). Les graphes
qui permettent de modéliser les dynamiques des petits groupes sont générés en temps réel et
de façon automatisée, pour le ciblage de la publicité, mais on peut aussi les agréger pour
détecter des tendances, des mouvements d’opinion, des usages émergents. Cela offre à Google,
non seulement une idée précise des pratiques de consommation, mais une information
extrêmement précise sur ses partenaires commerciaux, ce qui lui confère un pouvoir de
négociation sans équivalent.
Un enjeu de compétitivité?
Si l’on voit bien l’intérêt de ces nouvelles technologies pour les géants de l’Internet, la question
se pose aussi pour un grand nombre d’entreprises et d’acteurs publics. Car ces données sont
une mine encore inexploitée. C’est évidemment un enjeu essentiel que d’être capable de les
analyser. Une partie de la réponse est technique, l’autre tient à la capacité à mobiliser des
ressources et des compétences, à la fois pour mettre en place les outils, les gérer, et en tirer
des informations utiles.
Une étude de McKinsey a tenté de mesurer le potentiel économique de cette nouvelle
frontière technologique, et les résultats sont prometteurs. Selon les consultants de McKinsey,
l’ensemble des secteurs économiques, mais aussi des administrations publiques, devraient
pouvoir en profiter.
Cela semble évident dans des secteurs comme le marketing ou la gestion des stocks, chez les
géants de la distribution par exemple. Des capacités accrues en la matière auraient un effet
direct sur leurs marges nettes. Mais les grandes administrations (fisc, santé publique), qui
gèrent les données des dizaines de millions de citoyens ou d’assurés sociaux, pourraient elles
aussi affiner considérablement leurs modes de gestion, en repérant les tendances et
notamment les dérives de coût, en détectant mieux les anomalies (et donc les fraudes
potentielles), et plus généralement en comprenant mieux les usages et les pratiques. McKinsey
Les promesses du Big Data http://www.paristechreview.com/2011/12/19/promesses-big-data/?med...
3 sur 5 14/03/2013 17:52

105
évoque également des gains de productivité dans le monde industriel.
Cela suppose des compétences, et donc un effort de formation en interne, dans les
organisations concernées, mais aussi dans le monde universitaire. Constituer ce vivier de
compétences est un processus long et difficile, où se jouera sans doute une partie de la
compétition de demain.
Une révolution scientifique?
Au-delà des enjeux économiques, le big data est en train de modifier considérablement la
façon dont travaillent les scientifiques. Comme l’explique Jannis Kallinikos, professeur de
management à la London School of Economics, “de plus en plus, le développement des
connaissances et plus généralement la construction du sens sont conduits à partir de
commutations et permutations exécutées sur d’énormes masses de données”. C’est une
tendance déjà ancienne dans les sciences sociales, mais elle s’étend à l’ensemble des
disciplines.
Les conditions dans lesquelles les données sont capturées et agrégées surpassent de loin la
capacité de mémoire et de concentration des meilleurs experts. Jannis Kallinikos prend un
exemple paru dans le magazine Wired, celui d’un chercheur de l’université de Californie qui
cherche à comprendre le vieillissement des os. Son outil, c’est un ensemble de scans, qui
passent sur des planches de rayons X à très haute résolution et combinent ces images en une
structure à trois dimensions. Les résultats sont ensuite agrégés. Le but principal du scannage
des os, observe Jannis Kallinikos, n’est plus de fournir des preuves aux experts: la
connaissance médicale qui émergera finalement de ces données dérivera de corrélations
statistiques extraites des téraoctets de données produites par des millions de scannages. On
n’est plus dans la confrontation d’une théorie à la réalité, mais dans un process entièrement
nouveau: le modèle, s’il existe, émerge de processus bottom-up de manipulations statistiques
de données.
Le fameux gourou du Web, Chris Anderson, prédit ainsi la fin des théories, c’est-à-dire de la
science telle que nous l’avons connue: un développement conceptuel déductif fondé sur des
preuves empiriques. De plus en plus, explique-t-il, la connaissance sera produite d’une façon
inductive, à partir des corrélations extraites de grandes masses de données. C’est sans doute
discutable; mais le débat est ouvert.
More on paristech review
On the topic
Masses de données et marchés fragmentés, les nouveaux défis du marketingBy
Knowledge@Wharton on November 25th, 2011
Les enjeux du calcul haute performanceBy Philippe Ricoux on November 30th, 2011
La Toile planétaireBy McKinsey Quarterly on July 26th, 2011
By the author
Gaz de schiste : où en est la science ?on January 28th, 2013
Le grand retour des emplois industriels ? Leçons américaineson December 20th, 2012
Handicap : la technologie change-t-elle la donne ?on September 28th, 2012
Les promesses du Big Data http://www.paristechreview.com/2011/12/19/promesses-big-data/?med...
4 sur 5 14/03/2013 17:52

106
Pour maîtriser le web
Les géants d’internet collectent des informations sur nous tous
(1,3Mo de données pour Olivier Ertzscheid, prof à l’université de
Nantes qui a fait le test sur facebook en 2010) et nous ciblent dans
leurs offres et même dans leurs réponses.
Autant suivre cela de près.

107
affordance.typepad.com
NO V. 14, 2 010
Billet où il s era notamment ques tion de données personnelles , de la bibliothèque du Congrès , de la guerre des graphes , de la
s ociété de la requête, de millions de méga-octets , de thes aurus et de webmail .. .
Ca y est c'est fa it . Su r m on com pt e Fa cebook, da n s l'on g let "A ccou n t " > "A ccou n t set t in g s", j'a i v u a ppa r a ît r e le pet it lien m a g iqu e qu e
j'a t t en da is t a n t : "Dow n loa d y ou r in for m a t ion "
J 'a lla is en fin pou v oir t éléch a r g er t ou t es m es don n ées per son n elles. A pr ès a v oir in diqu é qu e "oui, oui, je s uis s ûr de bien vouloir les
télécharger", et u n e h eu r e plu s t a r d, j'a i r eçu da n s m a boît e m a il u n m essa g e de Fa cebook a v ec u n lien d'a ct iv a t ion pou r a ccéder a u
pr écieu x fich ier .
Ma is il m 'a d'a bor d fa llu dou blem en t m on t r er pa t t e bla n ch e : u n e pr em ièr e fois en r edon n a n t m on m ot de pa sse (ok, pr éca u t ion
élém en t a ir e), et u n e deu x ièm e fois en jou a n t a u jeu des ph ot os de m es a m is.
J e t r a du is : "Pour vérifier que vous êtes bien le propriétaire de ce compte, merci de reconnaître les pers onnes tagguées s ur ces photos
s uivantes ." Il fa u t r econ n a ît r e 5 a m is et on l'on n 'a dr oit qu 'à 3 er r eu r s ("I 'm not s ure"), soit 8 qu est ion s en t ou t . Le pr oblèm e c'est qu e les
ph ot os a ffich ées n e son t pa s des portraits de v os a m is, m a is des ph ot os pr ises a u h a sa r d da n s le ph ot ost r ea m de t ou s v os con t a ct s Fa cebook,
c'est à dir e t ou t es les ph ot os déposées pa r t ou s v os a m is.
Et l à prem ière a ngoisse : je su is a m i a v ec plein de g en s, m a is su r t ou t j'a i plein "d'a m is d'a m is" et en cor e da v a n t a g e "d'a m is
ét u dia n t (e)s". Et a u t a n t v ou s dir e qu e je n e pa sse pa s m on t em ps à r eg a r der t ou t es les ph ot os post ées su r Fa cebook pa r t ou s m es "a m is".
Et don c ça n e lou pe pa s, on m e dem a n de de r econ n a îtr e qu el est l'a m i qu i se ca ch e der r ièr e ces ph ot os :
affordance.info — affordance.typepad.com — Readability http://www.readability.com/articles/27kfzxsd
1 sur 4 14/03/2013 17:57

108
Voilà v oilà v oilà .. . Don c ben du cou p je n 'a i plu s dr oit qu 'à 2 er r eu r s en espér a n t qu e les a u t r es ph ot os ser on t plu s . .. ex plicit es. Qu elqu es
r econ n a issa n ces plu s t a r d, c'est g a g n é :
Un e fois le t éléch a r g em en t effect u é, je m e r et r ou v e a v ec çà :
Le dossier a v ec :
m es ph ot os de pr ofil (a lbu m -Pr ofile Pict u r es.h t m l)
la list e a lph a bét iqu e de t ou s m es a m is (fr ien ds.h t ml)
les év én em en t s a u x qu els j'a i ét é con v ié (ev en t s. h t ml)
m es cou r r ier s r eçu s su r fa cebook (m essa g es.h t m l)
t ou t ce qu e j'a i post é su r m on "m u r " (pr ofile.h t m l), soit - en ce qu i m e con cer n e - l'équ iv a len t de 1 50 pa g es Wor d, et ce qu i m'a
per m is de r et r ou v er la da t e pr écise de m on a r r iv ée su r Fa cebook : c'ét a it le 1 1 J u illet 2 007 à 1 3 h 4 0 et m on pr em ier st a t u t disa it :
"A t h om e". La r g em en t de qu oi im pr im er u n a u ssi épa is qu e fu t ile "eg obook".
Le dossier a v ec :
t ou t es m es ph ot os (c'est à dir e en ce qu i m e con cern e, u n iqu em en t 2 pa u v r es ph ot os de pr ofil)
Soit u n dossier com plet d'1 ,3 Még a -oct et s.
Rem a r qu e : ce dossier et les fich ier s qu 'il con t ien t est u n "à pla t ". A in si, da n s le fich ier "pr ofile.h t m l' on ret r ou v e bien - et on peu t
a ct iv er - les lien s h y per t ex t es post és su r m on m u r ou da n s m es "st a t u t s", m a is on n e r et r ou v e n a t u r ellem en t pa s le g r a ph e
r ela t ion n el/n a v ig a t ion n el qu i con st it u e le v r a i t r ésor de g u er r e de Fa cebook, n ot a m m en t - depu is l'a ctiv a t ion de la fon ct ion n a lit é - les
per son n es qu i on t "a im é" (= le fa m eu x bou t on "like") t el ou t el st a t u t .
Et ma int enant u n peu de m a t h s.
Ques tion : Sa ch a n t qu 'u n in div idu (m oi en l'occu r en ce) peu t êt r e con sidér é com m e u n u t ilisa t eu r t y pe du r ésea u socia l Fa cebook, et
sa ch a n t qu 'il y a a u m oin s 500 m illion s d'u t ilisa t eu r s su r Fa cebook, qu el est le poids des don n ées person n elles dét en u es pa r Fa cebook ?
Solution : 500 m illion s m u lt iplié pa r 1 , 3 m ég a -oct et s = 6 50 million s de m ég a oct et s.
affordance.info — affordance.typepad.com — Readabilit
y http://www.readability.com/articles/27kfzxsd
2 sur 4 14/03/2013 17:57

109
Ce qu i n ou s don n e : 6 50 Tér a -oct et s de don n ées per son n elles dispon ibles su r Fa cebook.
65 foi s l a bibl iot h èqu e du Congr ès, r ien qu 'a v ec l es données personnel l es.
Sa ch a n t qu e "1 0 téraoctets pourraient contenir toute la collection des ouvrages imprimés de la bibliothèque du Congrès" (sou r ce), on peu t
don c su pposer qu e Fa cebook dét ien t a u m oin s l'équ iva len t de 6 5 bibliot h èqu es du Con g r ès u n iqu em en t composées de don n ées
per son n elles. Celle-ci com pt a n t plu s de 3 3 m illion s d'ou v r a g es, cela fa it don c l'équ iv a len t de (3 3 x 6 5) : 2145 m i l l i ons de l iv res de
données profi l a i res. Et en cor e, je dis bien "a u m oin s" ca r da n s les profils Fa cebook ce son t les ph ot os qu i pr en n en t le plu s de pla ce, qu e
je n 'en a i qu e deu x (ph ot os) da n s le m ien et qu 'en moy en n e m es a m is son t plu s pr och es d'u n e bon n e cin qua n t a in e (de ph ot os t ou jou r s), et
je n e v ou s pa r le m êm e pa s de m es "a m is-ét u dia n t s" (il n 'est pa s r a r e de v oir plu s de 3 00 ph ot os da n s cer t a in s pr ofils). Ma is bon on v a pa s
ch ipot er , l'or dr e de g r a n deu r m e sem ble déjà su ffisa m m en t pa r la n t ...
Mon m u r , m a ba t a i l l e. L'équ iv a len t de 1 50 pa g es w or d pou r m oi en 3 a n s, et pou r 4 9 9 9 9 9 9 9 9 a u t r es, 2 1 4 5 m illion s de liv r es de
don n ées pr ofila ir es don t pr oba blem en t plu sieu r s cent a in es de m illion s ég a lem en t et u n iqu em en t r em plis de ces t r a ces pr ofila ir es,
con v er sa t ion n elles, le r est e ét a n t occu pé pa r la docu m en t a t ion icon og r a ph iqu e r ét r ospect iv e des 500 m illion s d'h a bit a n t s de cette
com m u n a u t é. V er t ig in eu x .
Fa cebook en gra nd ordonna t eu r du nou v el ordre docu ment a ir e mondi a l ? Fa cebook est , pa r le n om br e, la pr em ièr e
com m u n a u t é h u m a in e de la pla n èt e n u m ér iqu e. Si l'h om m e est u n docu m en t com m e les a u t r es, et si l'or dr e docu m en t a ir e du 2 1 èm e
siècle ser a celu i d'u n pa n -ca t a log u e des in div idu a lit és h u m a in es, Fa cebook est en bon n e pla ce pou r r empor t er la m ise ou pou r en dev en ir
à t ou t le m oin s le g r a n d or don n a t eu r , le g r a n d sa ch em de ce qu i est "su ".
De l a t h esa u ri sa t i on des profi l s a u t r ésor de gu er re.
Au -delà des ch iffr es et des qu est ion s de "v ie pr iv ée", il fa u t r elir e ce billet de Tim Ber n er s Lee, u n e n ou v elle fois v ision n a ir e, da n s lequ el il
év oqu e le Gia n t Globa l Gr a ph.
Le n et est u n g r a ph e d'or din a t eu r s con n ect és.
Le w eb est u n g r a ph e de con t en u s con n ect és, don t Goog le est , pou r l'in st a n t , l'ou t il qu i per m et le m ieu x d'en son der les pr ofon deu r s,
d'en don n er l'im a g e la plu s "com plèt e" possible.
Les r ésea u x socia u x son t u n g r a ph e d'in div idu s con nect és, don t Fa cebook est , pou r l'in st a n t , l'ou t il qu i per m et le m ieu x d'en son der
les pr ofon deu r s, d'en don n er l'im a g e la plu s "com plèt e possible".
L'en jeu est désor m a is de sa v oir qu i ser a le pr em ier à pou v oir r éu n ir la pu issa n ce des 2 g r a ph es
La gu erre des gra ph es a désorm a i s offici el l em ent com m encée. Et com m e t ou t es les g u er r es :
elle fu t d'a bor d la r v ée, ch a cu n essa y a n t de cir con scr ir e a u m ieu x ses fr on t ièr es n a t u r elles (les con t en u s pou r Goog le, les pr ofils pou r
Fa cebook)
elle fu t en su it e u n e sér ie de pet it es offen siv es per m et t a n t de ja u g er les for ces et fa iblesses de l'a dv er sa ir e en en v oy a n t u n e pet it e
a r m ée le com ba t t r e su r son t er r a in : ce qu e t en t a de fa ir e Goog le en la n ça n t "son " r ésea u socia l (Or kut ), ce qu e t en t a de fa ir e
Fa cebook en n ou a n t a llia n ce a v ec Micr osoft pou r s'in st a ller - m a is en r est a n t da n s ses fr on t ièr es - sur le m a r ch é du "sea r ch "
Et pu is u n jou r , à l'occa sion d'u n e esca r m ou ch e, on sor t l'a r t iller ie lou r de et on en g a g e "officiellemen t " le débu t des h ost ilit és. C'est
désor m a is ch ose fa it e en t r e Goog le et Fa cebook.
L'esca r m ou ch e ce fu t ce "ch ev a l de t r oie" qu i per m et t a it à u n n ou v el a r r iv a n t su r Fa cebook d'im por t er r a pidem en t l'en sem ble de ses
con t a ct s Gm a il pou r den sifier r a pidem en t son r ésea u d'a m is. J u squ 'à ce qu e Goog le ex ig e u n e con t r epa r t ie, c'est à dir e qu e les
u t ilisa t eu r s de Gm a il pu issen t r écu pér er et im por t er - pa r ex em ple - leu r s con t a ct s Fa cebook. Un blocag e pa r a illeu r s r a pidem en t
con t ou r n é pa r Fa cebook.
Et l'on a ppr en d (su r Tech cr u n ch) qu e Fa cebook la n cer a it (dem a in lu n di ?) son w ebm ail, n om de code "pr ojet Tit a n " (sic) :
"Le rés eau s ocial propos erait ains i à s es utilis ateurs , qui s ont plus de 500 millions dans le monde, une adres s e email pers onnelle
@facebook.com, permettant d'envoyer des mails à tous les internautes , qu’ils aient une mes s agerie Hotmail, Yahoo ou Gmail.
Aujourd’hui, les membres de Facebook ne peuvent envoyer de mes s ages qu’aux autres membres du s ite." (Sou r ce)
Le cou r r iel et les w ebm a ils son t , pou r ces deu x a cteu r s, u n ch ev a l de t r oie idéa l et h a u t em en t st r a t égiqu e per m et t a n t d'a ssiég er la
pla ce-for t e de n os pr a t iqu es con n ect ées :
d'a bor d pa r ce qu e les m a ils r a ssem blen t , pa r ce qu 'ils "sy n t h ét isen t " n ot r e r ésea u r ela t ion n el (n os "con t a ct s"),
en su it e pa r ce qu 'ils son t le poin t d'en t r ée le plu s a isé v er s le clou d com pu t in g , le st ocka g e "da n s les n u a g es" ou plu s ex a ct em en t su r
les ser v eu r s de ces g r a n des com pa g n ies de pa n s en t ier s de n os v ies socia les (pièces join t es, docu m en t s de t r a v a il, ph ot os, et c .. .)
pa r ce qu 'ils con t ien n en t ég a lem en t ce qu e n ou s a v ons à r a con t er de plu s "in t im e", de plu s "per son n el" et qu 'ils per m et t en t don c
d'a ffin er en cor e l'a ffich a g e de pu blicit és "con t ex tu elles" en sca n n a n t le con t en u desdit s m a ils,
en fin pa r ce qu e les w ebm a ils peu v en t , a u sein d'u n écosy st èm e sem i-fer m é (com m e Fa cebook) ou sem i-ou v er t (com m e Goog le et sa
g a la x ie de ser v ices), con st it u er u n poin t piv ot a u tou r du qu el h iér a r ch iser l'en sem ble des a u t r es don n ées a ffiliées à n ot r e pr ofil, à
n ot r e "em pr ein t e n u m ér iqu e".
Tech cr u n ch sou lig n e a in si qu e "Facebook aurait les moyens à la fois de hiérarchis er les courriels et de les intégrer à s es autres fonctions
(partage de photos , calendrier etc.) d'une façon très convaincante." (sou r ce)
T h esa u ru s : From soci et y of qu ery t o societ y of cont a ct . Goog le est depu is lon g t em ps em blém a t iqu e de ce qu e Geer t Lov in k a ppelle
u n e "Sociét é de la r equ êt e". Fa cebook r epr ésen t e lu i, les pr om esses d'u n e sociét é des con t a ct s ét en du s, ou dist en du s. Or r equ êt es com m e
con t a ct s r epr ésen t en t la con qu êt e et l'a ppr en t issa ge d'u n la n g a g e com m u n à l'h u m a n it é t ou t en t ièr e ; plu s pr écisém en t u n t h esa u r u s,
c'est à dir e :
"un type de langage documentaire qui cons is te en une lis te de termes s ur un domaine de connais s ances , reliés entre eux par des relations
s ynonymiques , hiérarchiques et as s ociatives ."
En l'occu r en ce, de l'a ppr och e com m u n e de Goog le et Fa cebook on pou r r a it dir e qu 'elle v ise à fa ir e ém erg er et à cir con scr ir e u n t y pe de
la n g a g e docu m en t a ir e qu i con sist e :
en u n e list e de r equ êt es (déposées su r le m ot eu r ou su r ch a cu n de n os "m u r s"),
affordance.info — affordance.typepad.com — Readability http://www.readability.com/articles/27kfzxsd
3 sur 4 14/03/2013 17:57

110
list e de r equ êt es por t a n t su r l'en sem ble des dom a ines de con n a issa n ce ex ist a n t s (des plu s fon da m en t a u x a u x plu s fu t iles),
Lesqu elles r equ êt es son t r eliées en t r e elles :
pa r des r ela t ion s lex ica les (in g én ier ie lin g u ist iqu e)
et a ssocia t iv es "a m ica les" ou "con t a ct u elles" (in g én ier ie de la r ecom m a n da t ion r eposa n t su r des g r a ph es r ela t ion n els)
per m et t a n t de h iér a r ch iser l'en sem ble des r equ êt es et des pr ofils en fon ct ion du con t ex t e de la r equ ête et /ou du pr ofil du r equ êt a n t .
Mora l it é. L'ét y m olog ie du m ot t h esa u r u s désig n e, en la t in , le "t r ésor ".
De ce t r ésor là n ou s n 'a v on s pa s en cor e fin i de m esu r er la v a leu r .
De ce t r ésor là n ou s con n a isson s déjà ceu x qu i v eu len t en êt r e les g r a n ds a v a leu r s.
Original URL:
http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2010/11/recuperation-donnees-
personnelles-facebook.html
affordance.info — affordance.typepad.com — Readabilit
y http://www.readability.com/articles/27kfzxsd
4 sur 4 14/03/2013 17:57

111
- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -
La vie privée, un problème de vieux cons ?
Posted By Jean-Marc Manach On 12/3/2009 @ 7:19 In Confiance et sécurité,Débats,Droits
numériques,Identité numérique,Opinions | 94 Comments
MaJ : au vu de son succès, cet article est devenu un livre, au titre éponyme, La vie
privée, un problème de « vieux cons » ?
[1]
, qui peut être commandé sur Amazon
[2]
, la Fnac
[3]
, l’AppStore
[4]
(pour iPhone & iPad), et dans toutes les bonnes
librairies
[5]

Sommes-nous aussi coincés et procéduriers au regard de notre vie privée que la société de nos
grands-parents l’était en matière de sexualité ? Dit autrement : assiste-t-on aux prémices d’un
bouleversement similaire, d’un point de vue identitaire, à celui de la révolution sexuelle ?
[6]
C’est la thèse esquissée dans un très intéressant
article
[7]
consacré aux bénéfices sociaux, personnels
et professionnels du partage des données par les
utilisateurs de réseaux communautaires et sociaux type
“web 2.0“.
Pour le professeur Ravi Sandhu
[8]
, responsable de
l’Institut de la cyber sécurité
[9]
à l’université du Texas
à San Antonio, l’absence de pudeur des “natifs du
numérique” (traduction de digitals natives, le surnom
donné à ceux qui ont grandi environné de technologies
de l’information) serait comparable à l’attitude
désinhibée avec laquelle les jeunes des années 60-70
abordaient la sexualité :
“Au début, les gens avaient très peu d’inhibitions,
et adoptaient des pratiques très risquées. Nous
en sommes un peu à ce stade, en matière de
partage de données. Avec le temps, les gens ont
appris que ce n’était pas sans danger.”
Ce qui n’a pas empêché la libération sexuelle d’avoir
lieu, et de profiter, in fine, à l’ensemble de la société.
La thèse est intéressante, la personnalité de ses
auteurs ne l’est pas moins. Don Peppers et Martha Rogers
[10]
, les auteurs de l’article, sont à la
tête d’un cabinet
[11]
de consultants spécialistes de la relation clients, et 1to1media, le journal où
a été publié leur article, en est une filiale.
Ravi Sandhu, quant à lui, déclarait récemment qu’il travaillait “en synergie
[12]
” avec la National
Security Agency (NSA), le plus important des services de renseignement américains, qui a pour
mission d’espionner les télécommunications : la NSA vient en effet d’implanter un nouveau
supercentre de “fouille de données” (data mining, en VO) à San Antonio, et elle embauche un
certain nombre des étudiants de Sandhu.
[13]
On peut facilement comprendre que des gens dont
le métier est d’agréger des données personnelles
militent pour un changement de comportement
vis-à-vis de la notion de vie privée, et cherchent à faire
accepter l’idée que la population n’a rien à en craindre,
mais tout y à gagner. Cette précaution prise, leur
question fait-elle pour autant sens ?
Big Brother, un truc de vieux ?
Récemment on
apprenait
[14]
que si un mineur sur cinq
fait effectivement l’objet d’avance sexuelle via
l’internet (une proportion tombée de 19 à 13% entre
l’an 2000 et 2006), 90 % de ces “avances” sont le fait
InternetActu.net » La vie privée, un problème de vieux cons ? » Print http://www.internetactu.net/2009/03/12/la-vie-privee-un-probleme-de-...
1 sur 20 14/03/2013 17:57

112
de personnes du même âge.
Ces avances relèveraient, pour l’essentiel, de
plaisanteries, mais feraient aussi de plus en plus
partie du “nouvel ordre” amoureux : aux Etats-Unis,
un adolescent sur cinq, et un jeune adulte sur trois,
ont ainsi déjà envoyé des photos ou vidéos d’eux-
mêmes, nus ou à moitié nus, par l’internet ou le
téléphone mobile.
En France, un rapport parlementaire avançait
[15]
il y a peu que de nombreux collégiens n’iraient
plus aux toilettes de peur d’y être photographiés. Et les 3/4 des jeunes Américains sondés
reconnaissent qu’envoyer des contenus sexuellement suggestifs “peut avoir des conséquences
négatives sérieuses”, d’autant qu’ils savent (à 44 %) que ces contenus peuvent être partagés avec
d’autres personnes que les premiers destinataires.
En tout état de cause, le jeu en vaudrait la chandelle : les éventuels dommages collatéraux que
permettent ces technologies, complètement intégrées dans leurs vies, ne leur font pas plus peur
que l’utilisation de la voiture, pourtant bien plus mortelle, n’effraie leurs parents.
Slate.fr publiait ainsi récemment une chronique de Matthieu Josse intitulé La peur de la
géolocalisation, c’est un truc de vieux ?
[16]
:
“La géolocalisation en temps réel, c’est un truc qui fait un peu peur à tout le monde.
Et pourtant, vous n’y échapperez pas. Surtout vos enfants. Car cette technologie est
déjà bien avancée et il n’y a aucune raison que les plus jeunes n’y trouvent pas une
utilité sociale.”
[17]
L’argument est un peu court. Mais les deux
exemples d’utilisation donnés par Josse offrent une clef
d’interprétation :
“Tout de suite, tout le monde a pensé à un
aspect positif (savoir où est son môme) avant de
verser dans la parano tendance espionnage
(votre femme/mari sait où vous êtes et
éventuellement où vous n’êtes pas censé être).”
Comme s’il était “normal” de pouvoir géolocaliser son
enfant, alors qu’il ne le serait pas de le faire entre
adultes. Comme si les “natifs du numérique” avaient
complètement intégré le fait de pouvoir, en tout temps
et tout lieu, être surveillé par une technologie.
Mieux : loin de le percevoir comme une atteinte
potentielle à leur vie privée, ils se focalisent sur l’utilité
sociale, et les bénéfices, que d’autres d’abord, et eux
ensuite, pourraient en tirer.
Lors de l’université de printemps de la Fing de 2007,
consacrée aux apprentis sorciers
[18]
, plusieurs
étudiants de l’Ecole nationale supérieure de création
industrielle (Ensci) ne comprenaient pas pourquoi nous
étions plusieurs à être perturbés par leur façon décomplexée d’imaginer des usages ludiques -et
commercialisables- des technologies de surveillance (leurs affiches
[19]
illustrent ce billet).
Plus précisément, ils estimaient que si nous avions été choqués, c’est parce que nous étions
“vieux“, que ces technologies faisaient partie de leur vie, qu’ils avaient grandi avec, qu’elles ne
leur posaient pas de problèmes et que nous devrions bien nous y adapter.
Le parallèle avec la révolution sexuelle s’arrête là. Au siècle dernier, les jeunes -et notamment les
femmes- dénonçaient les tabous et carcans de la société, et voulaient plus de libertés.
Aujourd’hui, les natifs du numérique ne militent pas “contre“, mais “pour” : ils vont dans le sens
du vent, non seulement de ceux qui font profession de nous “profiler“, mais aussi de ceux qui
prônent les notions de bien commun et de partage des données, pour une redéfinition de la notion
de propriété tel qu’on le voit à l’oeuvre avec la culture du “Libre” (créative commons, logiciels
libres).
[20]
Car ceux que perturbent l’idée de voir leurs enfants
(ou salariés, collègues, amis) être ainsi “espionnés”
InternetActu.net » La vie privée, un problème de vieux cons ? » Print http://www.internetactu.net/2009/03/12/la-vie-privee-un-probleme-de-...
2 sur 20 14/03/2013 17:57

113
pointent surtout le risque de “contrôle à distance, de
conformisme anticipatif (et) d’incitation à
l’autocensure” qu’induit ce maillage et cette
interconnexion de données, comme le rappelle
Antoinette Rouvroy
[21]
, du Centre de recherche
informatique et de droit de l’université de Namur, dans
un article intitulé “Réinventer l’art d’oublier et de se
faire oublier dans la société de l’information ?” que
vient de publier L’Harmattan dans un recueil sur La
sécurité de l’individu numérisé
[22]
. Comme l’expliquait
Gilles Deleuze :
“Le propre des normes modernes, et c’est ce qui
caractérise le passage progressif de la société
disciplinaire décrite par Michel Foucault (…) à la
société de contrôle (…), est que ce sont les
individus qui doivent s’imposer eux-mêmes non
seulement le respect, mais l’adhésion aux
normes (…). Le pouvoir prend, dans la société
moderne, la forme d’offres de services ou
d’actions incitatives bien plus que de contrainte.”
Tous “à poil” sur le Net ?
Olivier Auber, volontiers provocateur, lançait pour sa part, l’an passé, et un peu à la manière de
certaines communautés des années 70, un
Club des naturistes numériques
[23]
sur Facebook :
“A poil sur l’Internet, et de manière militante ! C’est l’Internet qui doit s’adapter à
notre condition naturelle, pas l’inverse. A quoi sert la nature si l’on ne peut pas aller
y batifoler à son aise ? A quoi sert le réseau si l’on ne peut pas y apprendre et rêver
sans menaces (celles de la surveillance généralisée, du marketing, du regard
d’autrui) ? Les naturistes numériques n’entendent rien protéger de leur intimité
physique ou numérique. Ils veulent nager nu et librement dans l’immensité du
réseau. Il veulent ressentir chaque vibration de la toile sans filtre et sans peur.”
A ceci près que le problème des naturistes, ce n’est pas d’être nu, mais la façon qu’ont certains de
les regarder, notamment ceux qui restent habillés. Nombreux sont ceux qui, utilisant des espaces
protégés des regards extérieurs (communautés virtuelles semi-fermées, profils Facebook à accès
restreint, etc.) s’ébattent depuis longtemps sur le Net, en toute liberté, et y échangent photos,
vidéos et messages persos sans craindre de les voir exposés au tout venant.
Mais plus nombreux encore sont ceux qui s’épanchent sans se protéger, s’exposant au risque de
se voir licenciés, non recrutés ou humiliés pour des propos ou photos considérés, à tort ou à
raison, comme déplacés.
Le naturisme se définit
[24]
comme “une manière de vivre en harmonie avec la nature,
caractérisée par la pratique de la nudité en commun, ayant pour but de favoriser le respect de
soi-même, le respect des autres et de l’environnement“.
La notion de respect de l’autre, et de soi-même, est fondamentale. Or, confrontée à un regard
extérieur, non préparé, non conscient des enjeux, et des règles, qui prévalent en la matière, la
nudité peut choquer, ou être détournée de son objet initial.
Le chapitre intitulé “Little Brother is watching you” du recueil sur La sécurité de l’individu
numérisé
[22]
revient ainsi sur le débat qui a suivi la mise en ligne
[25]
des salaires et déclarations
fiscales des Suédois :
“Nous avons conclu que la qualité des informations est aussi reliée à la qualité de la
lecture. Le fait de rendre accessible à tous des informations personnelles sans une
vérification raisonnable de la qualité est dangereux : des individus peuvent être mal
représentés et il n’existe pas d’assurance que les récepteurs de la (dés)information
soient suffisamment compétents pour effectuer des jugements judicieux.”
De même que le naturisme n’est pas une incitation au voyeurisme, mais une liberté que certains,
dans des espaces-temps bien précis (chez eux ou dans des “clubs” prévus à cet effet
essentiellement), font le choix de vivre et d’assumer, et que l’on ne saurait contraindre tout un
chacun à vivre nu, en tout lieu et tout le temps, la transparence devrait rester un droit, une
possibilité, pas une obligation, encore moins une contrainte. C’est non seulement une atteinte à
l’intimité, mais cela peut aussi être vécu comme une provocation par ceux qui se contentent de
regarder, et une humiliation par ceux qui se retrouvent ainsi “mis à nu” par des étrangers.
InternetActu.net » La vie privée, un problème de vieux cons ? » Print http://www.internetactu.net/2009/03/12/la-vie-privee-un-probleme-de-...
3 sur 20 14/03/2013 17:57

114
Pour en finir avec la vie privée ?
Bill Thompson, célèbre éditorialiste spécialisé dans les technologies à la BBC, avançait
[26]
récemment à la conférence Lift qu’on pourrait tirer partie de la fin de la vie privée qu’annoncent
les sites sociaux et notre “société de bases de données“, et repenser
[27]
ce que nous entendons
par “personnalité“, ainsi que les frontières de ce qui relève du public, et du privé :
“Ceux qui n’hésitent pas à adopter, et utiliser, les technologies qui minent l’ancien
modèle de vie privée ont énormément à apprendre à c eux qui craignent de voir
leurs mouvements, habitudes alimentaires, amitiés et manière de consommer les
médias être accessibles à tous.
Les utilisateurs de Twitter, Tumblr et autres outils de réseaux sociaux partagent plus
de données, avec plus de gens, que le FBI de Hoover, ou la Stasi, n’auraient jamais
pu en rêver. Et nous le faisons de notre propre chef, espérant pouvoir en bénéficier
de toutes sortes de manières.”
Les détectives privés, récemment réunis en congrès, semblent du même avis
[28]
, et semblent
largement profiter de ce naturisme numérique : “Facebook est très efficace, bien plus utile que les
fichiers policiers comme Edvige. La Cnil ne nous met pas des bâtons dans les roues. Les gens
racontent toute leur vie en détail. Et le plus fou : les informations sont exactes, la plupart ne
mentent même pas.”
A ceci près que, comme le soulignait
[29]
Daniel Kaplan, “Edvige stocke par principe de soupçon,
sans nous demander notre avis ; les individus en réseau font des mêmes informations “sensibles”
(et de bien d’autres qui le sont souvent moins) un usage stratégique, pour se construire
eux-mêmes dans la relation aux autres, pour apparaître au monde sous un jour qu’ils auront au
moins partiellement choisi. Du point de vue qui compte, celui des individus, de leur liberté et de
leur autonomie, tout oppose donc les deux démarches !”
La comparaison faite entre Edvige et Facebook a ceci de facile et démagogique qu’elle vise, non
seulement à justifier un fichage policier, sinon illégal et amoral, tout du moins problématique d’un
point de vue démocratique, mais aussi parce qu’elle justifie également toutes sortes de dérives.
De même que le port d’une mini-jupe ou le fait de bronzer les seins nus ne sont pas des
incitations au viol, l’exposition ou l’affirmation de soi sur les réseaux ne saurait justifier
l’espionnage ni les atteintes à la vie privée.
Bill Thompson ne se contente pas de constater ce changement de statut de la vie privée. Pour lui,
il devrait aussi constituer l’un des postulats d’un nouveau Siècle des Lumières, numérique, à bâtir.
Il estime en effet que nos sociétés sont fondées sur des croyances à propos de l’intimité (et de la
propriété) héritées des Lumières, mais qui seraient devenues obsolètes à l’heure où nos vies
deviennent de plus en plus transparentes.
Pour lui, le droit à la vie privée repose également sur le fait qu’il est techniquement impossible de
surveiller tout le monde, tout le temps. La technologie évoluant, Thompson prédit que, d’ici
quelques années, nous serons tous sur écoute, par défaut, et que les autorités policières et
administratives disposeront probablement d’un accès direct à toutes les données nous concernant.
Il faudrait donc en finir avec l’idée de la vie privée, ne serait-ce que parce que le droit à la vie
privée, tout comme les mesures techniques de protection (DRM, censées brider l’utilisation faite
de tels ou tels fichiers), ne sont jamais que des tentatives, vaines, d’enrayer la libre circulation et
le partage des données.
“Si nous croyons en l’individu, si nous croyons que nous nous définissons
essentiellement par les réponses que nous recevons de notre environnement et des
gens qui nous entourent, alors l’intimité est une illusion qui n’est pas nécessaire.
Il faut repenser ce qu’est un être humain ! Pouvons-nous dépasser l’idée obsolète
que représente la vie privée, la sphère privée, et prendre le risque d’essayer de
vivre avec l’idée que la vie privée n’existe plus ? Certains en souffriront, d’autres
iront également en prison, mais c’est peut-être le prix à payer pour bâtir un
nouveau siècle des Lumières.”
Mais peut-on bâtir un nouveau Siècle des Lumières en partant du postulat que “certains en
souffriront, et que d’autres iront également en prison” ? Et si la vie privée n’existe plus, que
met-on en place pour lui succéder (sans forcément la remplacer) ? Et comment concilier les
libertés inhérentes à nos démocraties avec le placement systématique sous surveillance de leurs
citoyens de façons que ne renieraient pas les régimes totalitaires ?
InternetActu.net » La vie privée, un problème de vieux cons ? » Print http://www.internetactu.net/2009/03/12/la-vie-privee-un-probleme-de-...
4 sur 20 14/03/2013 17:57

115
La vie privée est la première des libertés
La réponse à toutes ces questions est peut-être à chercher du côté de ce que nous apportent,
effectivement, les technologies de l’information en terme de libertés. La révolution sexuelle n’a
pas fait de l’échangisme ni des orgies le B-A.BA de la sexualité, mais a permis de décomplexer, et
libérer, le rapport à la sexualité. De même, ceux qui revendiquent la libre circulation de leurs
données personnelles ont déjà commencé à désinhiber, et décomplexer, tout ou partie de la façon
dont nous protégeons notre identité. Mais cela ne se fait pas sans stratégies ni valeurs de
remplacement.
Tous ceux qui se sont penchés sur la notion d’identité numérique constatent que ceux qui passent
une bonne partie de leurs vies sociales sur l’internet ont appris à en maîtriser les outils, à mettre
en avant leurs compétences, qu’elles soient professionnelles ou non, leurs passions et expertises,
et savent plus ou moins bien protéger ce qui relève à proprement parler de leur vie privée.
Ainsi, le journaliste de Mediapart qui, pour rebondir sur le désormais célèbre portrait Google
[30]
d’un internaute lambda, publié par Le Tigre, avait décidé de me tirer le portrait, n’a pas trouvé
grand chose d’attentatoire à ma vie privée (voir Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur
moi mais que vous aviez la flemme d’aller chercher sur l’internet…
[31]
). L’identité numérique est
un processus, une construction, qu’il faut donc apprendre à maîtriser. Encore faut-il en avoir le
droit, et la possibilité.
[32]
En conclusion de son article, Antoinette Rouvroy
rappelle que la vie privée n’est pas “un droit
fondamental parmi d’autres, elle est la condition
nécessaire à l’exercice des autres droits et libertés
fondamentaux” et que “le droit à la protection de la vie
privée joue notamment le rôle d’un “système
immunitaire de l’espace psychique”“.
La liberté d’opinion (de pensée plus d’expression), la
liberté de circulation, et de réunion, les libertés
politiques, syndicales et de culte, ne peuvent être
exercée dès lors que l’on n’a plus le droit à la vie
privée.
Et autant je doute que les marchands de données
personnelles non plus que les partisans des logiques
sécuritaires soient à même d’initier un mouvement
d’émancipation similaire à la révolution sexuelle, ou au
siècle des Lumières, autant il est effectivement fort
possible que le processus d’émancipation, de partage et
de libération de nos savoirs et compétences, tel qu’on
le voit à l’oeuvre sur l’Internet, dessine effectivement
les prémices d’un “nouveau monde“, moins hiérarchisé,
moins contrôlé “par en haut“, et donc forcément plus
démocratique et “par le bas“.
Comme l’écrivait également Daniel Kaplan dans son éditorial précité, “Et si, à l’époque des
réseaux, l’enjeu était de passer d’une approche de la vie privée conçue comme une sorte de
village gaulois – entouré de prédateurs, bien protégé, mais qui n’envisage pas de déborder de ses
propres frontières – à la tête de pont, que l’on défend certes, mais qui sert d’abord à se projeter
vers l’avant ? Il n’y aurait pas alors de “paradoxe”, mais un changement profond du paysage, des
pratiques, des aspirations.
Jean-Marc Manach
Voir aussi les travaux (en cours) d’un groupe de travail “Informatique & libertés 2.0 ?
[33]
“, réuni
dans le cadre du programme “Identités actives
[34]
” de la Fing.
94 Comments To "La vie privée, un problème de vieux cons ?"
#1 Comment By jérémie On 12/3/2009 @ 12:06
Cet article montre bien les enjeux actuels en termes de vie privée, mettant en avant la question
InternetActu.net » La vie privée, un problème de vieux cons ? » Print http://www.internetactu.net/2009/03/12/la-vie-privee-un-probleme-de-...
5 sur 20 14/03/2013 17:57

116
- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -
Le risque de l’individualisation de l’internet
Posted By Xavier de la Porte On 13/6/2011 @ 7:30 In Articles,Confiance et
sécurité,Débats,Gouvernance de l'internet | 19 Comments
La lecture de la semaine, il s’agit d’une petite partie d’un article paru dans la New York Review of
Books. Intitulé “Mind Control and the Internet”
[1]
(Internet et le contrôle de l’esprit), l’article de
Sue Halpern consiste, comme c’est le cas la plupart du temps dans la New York Review of books,
en le développement d’une thèse qui s’appuie sur la critique de plusieurs livres récemment parus.
Je n’ai gardé qu’un passage de ce long article, celui où Sue Halpern recense le livre de Eli Pariser
[2]
, The Filter Bibble : What the Internet Is Hiding from You
[3]
. Ce livre montre notamment que
depuis décembre 2009, Google vise à donner à toute requête effectuée sur le moteur de
recherche un résultat qui corresponde au profil de la personne qui fait la recherche. Cette
correspondance s’applique à tous les usagers de Google, même si elle ne prend effet qu’après
plusieurs recherches, le temps qu’il faut à l’algorithme Google pour évaluer les goûts de l’usager.
[4]
En d’autres mots, le processus de recherche est devenu
personnalisé. Ce qui signifie qu’il n’est plus universel, mais
idiosyncrasique et impératif. “Nous pensons tous que quand nous
googlons un mot, explique Pariser, tout le monde a les mêmes
résultats – ceux que le fameux algorithme de Google, PageRank
considère comme faisant autorité du fait qu’un grand nombre de
liens pointe vers eux.” Avec la recherche personnalisée, poursuit
Pariser “vous obtenez le résultat que l’algorithme de Google
pense être le plus adapté à vous en particulier – mais quelqu’un
d’autre verra apparaître d’autres résultats. En d’autres mots, il
n’y a plus de standard Google”. Sue Halpern fait une analogie
éclairante : c’est comme si en cherchant le même terme dans
une encyclopédie, chacun trouvait des entrées différentes – mais
personne ne s’en apercevant car chacun étant persuadé d’obtenir
une référence standard.
Parmi les multiples conséquences insidieuses de cette
individualisation, il en est une qui inquiète plus particulièrement
Sue Halpern, elle explique : “en adaptant l’information à la
perception que l’algorithme a de ce que vous êtes, une
perception qui est construite à partir de 57 variables, Google vous adresse un matériau qui est
susceptible de renforcer votre propre vision du monde et votre propre idéologie. Pariser raconte
par exemple qu’une recherche sur les preuves du changement climatique donnera des résultats
différents à un militant écologiste et au cadre d’une compagnie pétrolière, et donnera aussi un
résultat différent à quelqu’un dont l’algorithme suppose qu’il est démocrate, et à un autre dont
l’algorithme suppose qu’il est républicain (évidemment, pas besoin de déclarer qu’on est l’un ou
l’autre, l’algorithme le déduit de nos recherches). De cette manière, poursuit Sue Halpern,
l’internet, qui n’est pas la presse, mais qui souvent fonctionne comme la presse en disséminant
les informations, nous préserve des opinions contradictoires et des points de vue qui entrent en
conflit avec les nôtres, tout en donnant l’impression d’être neutre et objectif, débarrassé de tous
les biais idéologiques qui encombrent le traitement de l’information dans la presse traditionnelle.”
Et Sue Halpern de citer une étude récente (.pdf)
[5]
menée entre 2001 et 2010 au sujet du
changement climatique. Cette étude montrait qu’en 9 ans, alors qu’un consensus scientifique
s’établissait sur le changement climatique, la part des républicains pensant que la terre se
réchauffait passait de 49 % à 29 %, celle des démocrates de 60% à 70 %, comme si les groupes
recevaient des messages différents de la science, avec pour conséquence de rendre impossible
tout débat public. Et pour Sue Halpen, c’est ce que suggère ce que Elie Pariser raconte sur Google
: si ce sont nos propres idées qui nous reviennent quand on fait une recherche, on risque de
s’endoctriner nous-mêmes, avec notre propre idéologie. “La démocratie requiert du citoyen qu’il
voit le problème du point de vue de l’autre, et nous, nous sommes de plus en plus enfermés dans
notre bulle” explique Pariser. “La démocratie requiert de s’appuyer sur des faits partagés, et nous,
on nous offre des univers parallèles, mais séparés.”
Sue Halpern poursuit sa diatribe : “Il n’est pas compliqué de voir ce à quoi cela nous mènerait –
toute organisation dotée d’un agenda (un lobby, un parti politique, une entreprise, un Etat…)
pourrait noyer la chambre d’écho avec l’information qu’elle veut diffuser. (Et dans les faits, c’est
ce qui s’est produit à droite avec le changement climatique). Qui s’en rendrait compte ?” Et Sue
InternetActu.net » Le risque de l’individualisation de l’internet » Print http://www.internetactu.net/2011/06/13/le-risque-de-lindividualisation-...
1 sur 6 14/03/2013 17:57

117
Halpern de citer les propos que Tim Berners-Lee, l’inventeur du Word Wide Web, tenait
récemment dans Scientific American
[6]
: “Le web tel que nous le connaissons est menacé… Parmi
ses habitants qui connaissent le plus grand succès, certains ont commencé à pervertir ses
principes… Des états – totalitaires tout autant que démocratiques – contrôlent les comportements
en ligne, mettant en danger les droits de l’homme.”
Xavier de la Porte
Xavier de la Porte, producteur de l’émission Place de la Toile
[7]
sur France Culture,
réalise chaque semaine une intéressante lecture d’un article de l’actualité dans le
cadre de son émission.
L’émission du 12 juin 2011
[8]
était consacrée à l’ouverture des données publiques,
avec Séverin Naudet
[9]
, directeur d’Etalab
[10]
, portail interministériel destiné à
rassembler et mettre à disposition l’ensemble des informations publiques de l’Etat
via data.gouv.fr
[11]
et Gabriel Kerneis
[12]
, doctorant au laboratoire Preuves,
Programmes et Systèmes
[13]
de l’université Paris 7 – Diderot, membre de Regards
citoyens
[14]
, association pour la diffusion et le partage de l’information politique.
Elle était également consacrée à la Déconnexion en revenant avec l’écrivain et
blogueur Thierry Crouzet, deux mois après le lancement de son expérience de
déconnexion totale
[15]
(voir l’émission du 17 avril
[16]
).
19 Comments To "Le risque de l’individualisation de l’internet"
#1 Comment By Stan On 13/6/2011 @ 9:33
Oui, la thèse d’Eli Pariser est en train de gagner du terrain (cf ce billet sur le même sujet que
j’avais appelé “les oeillères de la démocratie”
[17]
) : le livre de Pariser sera bientôt traduit en
français et devrait faire son petit buzz je pense, surtout à proximité des campagnes électorales US
et France.
#2 Comment By thierryl On 13/6/2011 @ 12:07
“La démocratie requiert du citoyen qu’il voit le problème du point de vue de l’autre, et nous, nous
sommes de plus en plus enfermés dans notre bulle” explique Pariser.
Oui, on aimerait que Paliser et son site moveon.org qui fait globalement de l’activisme de gauche
aux US aille voir de l’autre côté de son spectre idéologique et se mette à la place des
conservateurs pour voir si ce ne sont pas eux qui ont raison…
S’il ne souhaite pas le faire ? ah bien, je crois alors que lui aussi renforce ses propres idéologies.
Manque de pot,je croisque c’est plus une question humaine donc, que de la faute à Google.
#3 Comment By Jérôme On 13/6/2011 @ 14:32
Il y a un autre facteur qui commence a être extrêmement lourd et pénible sur google, entre
autres choses, c’est la géolocalisation. Obtenir des informations internationales neutres et non
géolocalisées commence a être très difficile.
Google est en train de perdre énormément de son intérêt à mes yeux, et je commence à
m’orienter vers d’autres moteurs ou concepts alternatifs comme ixquick ou seeks-project
Je ne parles même pas de la désagréable impression de dépendre d’un fournisseur unique, ce qui
est très très malsain, quelque soient les qualités réelles ou supposées dudit fournisseur.
#4 Comment By Matthieu On 14/6/2011 @ 0:07
Et il y a des exemples concrets ou des preuves que Google personnalise VRAIMENT les résultats?
Ça serait bien de faire une étude là-dessus…
InternetActu.net » Le risque de l’individualisation de l’internet » Print http://www.internetactu.net/2011/06/13/le-risque-de-lindividualisation-...
2 sur 6 14/03/2013 17:57

118
Ce que ça change
La pratique du web qui remplace la lecture
du papier nous fait passer de la pensée
hiérarchisée à la pensée par association
d’idée
Le web c’est avant tout l’image qui explique
et le lien hypertexte qui permet
d’approfondir, ce qui modifie
considérablement
les apprentissages.
La carte heuristique
est plus proche de
la structure du web
que de celle du livre.
Elle est la base de la
pédagogie en
Finlande.

119
Imprimer
Publiée le 05 September 2012.
Le dernier numéro du mensuel Philosophie Magazine consacre un dossier au thème « Pourquoi nous
n'apprendrons plus comme avant ». En effet, les modes d’apprentissage, y compris à l’école, ont ou
vont complètement changer face au phénomène d’accès libre, gratuit — on aimerait ajouter «
anarchique », mais au meilleur sens du terme : sans idée de direction des uns sur les autres — de
l’information et surtout de la connaissance.
Le choix de ce thème par le magazine précité est pour nous l’occasion de porter notre regard sur
quelques-unes des mutations fondamentales du rapport à l’information et à la connaissance
provoquées par l’irruption des technologies de l’information et spécialement d’Internet.
Il nous semble en effet que deux novations essentielles ont substantiellement modifié ces rapports de
l’homme à l’information et à la connaissance : l’hypertexte et l’image.
Nous nous arrêtons aujourd’hui à l’hypertexte. Une prochaine actualité reviendra sur l’image.
L’hypertexte : de la pensée hiérarchisée à la pensée par association d’idées
Dès que les premiers sites à la norme HTML ont commencé à inonder le tout nouveau Web, dans les
années 1993-94, offrant, avec leurs liens hypertextes, la possibilité de passer d’un concept à l’autre par
association d’idées et non plus de prendre connaissance d’un concept par voie hiérarchisée et de
l’approfondir, la question nous est tout de suite venue à l’esprit : le lien hypertexte, imaginé par le
visionnaire Vannevar Bush, en 1945, comme l’aboutissement de la propension de l’esprit humain à
penser, non par structuration hiérarchique, mais par association d’idées, allait-il favoriser cette forme
de pensée, naturelle de l’homme selon Bush ?
Il serait présomptueux de vouloir répondre à cette question, surtout dans les quelques lignes de
réflexion professionnelle proposées ici.
En revanche, il est certain que dans les faits, se sont développés parallèlement deux modes de
traitement de — et partant, d’accès à — la connaissance :
La structuration hiérarchisée de la pensée ;
La présentation hypertextuelle de celle-ci.
La première correspond à l’antique apprentissage, structuré verticalement, au mode de pensée selon
des plans de développement classiques : deux parties, deux sous-parties... C’est le mode (et même le
moule) de production de la pensée scolaire et universitaire occidental.
Le second correspondrait selon V. Bush au penchant naturel de l’esprit humain à établir des
connexions d’un concept à l’autre par association d’idées, gage de rapidité de déduction et de
recoupements.
C’est le mode de pistage de la pensée utilisé par les liens hypertextes, plus précisément les liens dits
conceptuels, c’est-à-dire ceux qui sous-tendent cet appel à une association d’idées suggérée par un
mot, une expression, dans un texte, d’où le terme d’hypertexte, forgé par Ted Nelson en 1965, vingt
ans après la vision de Bush.
Un nouveau mode d'apprentissage
Cette nouvelle forme de navigation dans la pensée a pris son essor grâce à la vulgarisation de
l’hypertexte sur le Web. Pour les esprits bien construits et structurés verticalement, ce fut une
dimension de navigation intellectuelle de plus, une source d’enrichissement à la fois des modes de
les-infostrateges.co
m http://www.les-infostrateges.com/imprimer/?type=eve&list=1493
1 sur 2 14/03/2013 18:01

120
pensée et d’accès à la connaissance.
C’est en cela que l’hypertexte a substantiellement changé, en pratique, le monde de la pensée. C’est en
cela qu’avec juste raison il est possible de proclamer qu’on ne pourra plus apprendre comme avant.
Richesse ou danger ?
Pour les très jeunes générations, non encore structurées verticalement, la question peut se poser de
savoir si la navigation de concept proche en concept proche, est une vraie richesse, ou au contraire un
frein à la structuration en profondeur de leur personnalité. C’est en tout cas la crainte de nombreux
adultes encadrant les adolescents livrés à eux-mêmes sur Internet, notamment les responsables des
espaces publics numériques (EPN). Pour nombre de jeunes, ce zapping d’une page à l’autre, d’un
concept à peine défini et assimilé à un autre proche, les poussent à rester à la surface des phénomènes
sans jamais les approfondir.
L'idéal serait donc de veiller à ce que toute tête bien faite soit à la fois formée à la pensée verticale et
structurée et à la pensée par association qui semblent bien être les deux pôles de l'intelligence, prise ici
dans son sens anglais autant que français.
En savoir plus
Voir sur le site de Philosophie Magazine, la rpésentation du dossier cité :
www.philomag.com/fiche-dossiers.php?id=127
Voir la Prophétie de Bush publiée sur ce site.

Imprimer
(cc) Licence Creative Commons. Directeurs de la publication : Didier Frochot et Fabrice Molinaro.
les-infostrateges.com http://www.les-infostrateges.com/imprimer/?type=eve&list=1493
2 sur 2 14/03/2013 18:01

121
lewagges.fr
by LE W AGGES
Pou r n e pa s r en t r er idiot , on peu t v oir le dia log u e qu i s’est dér ou lé à l’A ca dém ie fr a n ça ise, sou s l’ég ide de Philos ophie magazine, en t r e
Mich el Ser r es et Ber n a r d St ieg ler don t l’in t it u lé est r epr is en t it r e de cet t e ch r on iqu e. Le lien v er s l’in t ég r a le de l’en t r et ien se t r ou v e à la
fin du t ex t e. Le qu est ion n em en t des deu x ph ilosoph es n e peu t pa s n e pa s en t r er en r éson a n ce a v ec le quot idien de t ou t en seig n a n t qu i
r efu se de se v iv r e com m e u n OS de l’Edu ca t ion N a t ion a le.
La r év olu t ion n u m ér iqu e bou lev er se com plèt em en t n otr e r a ppor t a u sa v oir . Mich el Ser r es et Ber n a r d St ieg ler pa r cou r en t da n s cet
en t r et ien div er s a spect s de cet t e r év olu t ion qu i, si elle peu t n ou s a lién er , peu t a u ssi ou v r ir des por t es n ou v elles v er s u n e in t ellig en ce
don t on peu t m a lh eu r eu sem en t pa r fois pen ser qu e l’in st it u t ion scola ir e à bea u cou p fa it der n ièr em en t pou r l’en t er r er , con cou r a n t
g r a n dem en t en cela a u x différ en t es a t t ein t es qu e subit n ot r e jeu n esse. Les en jeu x son t de t a ille.
Pou r de n om br eu ses r a ison s le cou r s m a g ist r a l, lieu de t r a n sm ission d’u n sa v oir a ca dém iqu e u n iqu e, a fa it son t em ps. Il n ’est d’a illeu r s
plu s pr a t iqu é, a u m oin s ju squ ’a u ba c et a u m oin s t el qu ’on a pu le con n a ît r e il y a qu elqu es décen n ies, m êm e si cer t a in s y r esten t ou
cr oien t y r est er a t t a ch és. A en cr oir e Mich el Ser r es, d’a illeu r s, si, en u n iv er sit é, u n pr ofesseu r en seig n a it 8 0% du sa v oir qu ’il a v a it
lu i-m êm e a cqu is, ce pou r cen t a g e est t om bé a u jou r d’hu i à 2 0%. De fa it , à t ou s les n iv ea u x de l’école, si on pou v a it effect iv em en t
con sidér er le pr ofesseu r com m e le seu l possesseu r du sa v oir , ce n ’est plu s a u jou r d’h u i le ca s. In t er n et , ou v er t t h éor iqu em en t à t ou s,
per m et , t h éor iqu em en t à t ou s, d’êt r e con fr on t é à des sa v oir s m u lt iples. Il n ’ex ist e plu s u n sa v oir m a is des sa v oir s. La r a pidit é de
l’év olu t ion t ech n iqu e per m et u n a ccès à u n e m a sse d’in for m a t ion ja m a is con n u e ju squ ’à pr ésen t et ce pra t iqu em en t à la v it esse de la
lu m ièr e. La v it esse de l’év olu t ion des t ech n iqu es im pliqu e ég a lem en t u n e v it esse de con st r u ct ion et d’év olu t ion des sa v oir s t r ès difficile à
su iv r e pou r u n en seig n a n t . Or élèv es et pr ofesseu r s dem a n den t des cer t it u des d’u n sa v oir ét a bli. Il est t r ès difficile, et cela a t ou jou r s ét é,
qu e ce soit en cou r s, fa ce à des élèv es, ou en for ma t ion d’en seig n a n t s, don c fa ce à des pr ofesseu r s, d’in t r odu ir e u n e t elle a ppr och e de
l’in cer t it u de qu i est pou r t a n t le fon da m en t a l d’u n e dém a r ch e scien t ifiqu e.
Si la r év olu t ion n u m ér iqu e ch a n g e la n a t u r e du sa v oir , elle ch a n g e a u ssi le cer v ea u de celu i qu i a ppr en d (le su jet du sa v oir ). La
qu est ion de la pla st icit é du cer v ea u et de l’a ct ion su r ce cer v ea u des t ech n iqu es u t ilisées n ’est ja ma is a bor dée, en deh or s de cer cles
r est r ein t s, sa u f à r epr en dr e le t em ps de cer v ea u dispon ible pou r Coca -cola ch er à Pa t r ick Le La y , ex pdg de TF1 . Or , l’u t ilisa t ion du
n u m ér iqu e m odifie les zon es du cer v ea u sollicit ées, com m e pou r t ou t e a ct iv it é d’a illeu r s, qu ’elle soit d’écr it u r e, de m u siqu e ou a u t r e.
L’IRM fon ct ion n elle a per m is de bea u cou p a ppr en dr e en t er m es de fon ct ion n em en t cér ébr a l. Et l’effet est loin d’êt r e n ég a t if si on sa it le
pr en dr e en com pt e.
Ma is la v r a ie qu est ion est celle de la sou m ission de ce sa v oir à l’écon om ie et a u polit iqu e a lor s m êm e qu e la m on de a ca dém iqu e, celu i de
l’in st it u t ion scola ir e da n s son en sem ble, n e sem ble pa s en a v oir con scien ce. La qu est ion n ’est pa s n ouv elle. Il su ffit de r eg a r der les
pr og r a m m es scola ir es pou r v oir cla ir em en t com m en t leu r con t en u est sou m is a u polit iqu e et à l’écon om iqu e, a v ec la com plicit é de
bea u cou p, y com pr is celle des r éda ct eu r s de m a n u els. L’ex em ple le plu s cr ia n t con cer n e l’en seig n em en t de sa v oir s da n s les dom a in es de
l’a lim en t a t ion et de la sa n t é (don c con cer n a n t pa r ticu lièr em en t les pr og r a m m es et m a n u els de biolog ie h u m a in e ou de SV T) don t les
con t en u s in for m a t ifs (on n e peu t plu s pa r ler de sa voir s) on t ét é dir ect em en t et cla ir em en t fa br iqu és, et pa r fois m êm e dir ect em ent
dist r ibu és, pa r l’in du st r ie a g r o-a lim en t a ir e, g r â ce à ses a g en ces m a r ket in g , pou r êt r e r epr is a u n iv ea u a u ssi bien de l’école qu e du
collèg e qu e du ly cée, in t er n et et t élév ision ét a n t pa r a illeu r s m a ssiv em en t bom ba r dés. Le v ide en t er me de for m a t ion des en seignants
da n s le dom a in e a per m is u n t el en v a h issem en t , a v ec d’a illeu r s la com plicit é con scien t e ou in con scien te de pr esqu e t ou s. La qu est ion de
la sou m ission n ’est don c pa s n ou v elle.
Pa r con t r e, com m e l’a ffir m e Ber n a r d St ieg ler , on se t r ou v e a ct u ellem en t à u n e cr oisée des ch em in s. Le n u m ér iqu e n ’est pa s en cor e
t ot a lem en t et ex clu siv em en t sou m is a u x log iqu es in du st r ielles. Il est en cor e possible de l’in v est ir a ut r em en t , sor t a n t des log iqu es
pu r em en t com m er cia les, n ot a m m en t de fa çon à ce qu e la jeu n esse, si m a lt r a it ée a ct u ellem en t , pu isse a v oir les m oy en s d’u n e
cit oy en n et é t r ès g r a v em en t m ise en da n g er a ct u ellemen t . Or , la fon ct ion pr em ièr e de l’en seig n a n t est bien de per m et t r e à des en fa n t s et
des jeu n es de se con st it u er u n e pen sée libr e et a u ton om e. Cet t e fon ct ion fon da m en t a le r est e don c et doit r est er , con t r a ir em en t à des
cr a in t es pa r fois ex pr im ées, év en t u ellem en t êt r e r est a u r ée, sa u f à n e pa s v ou loir l’a ssu m er et à se la isser pa ssiv em en t a ller .
Con t r a ir em en t à ce qu i peu t êt r e pen sé et v écu , la r év olu t ion n u m ér iqu e a v ec l’a ba n don plu s ou m oin s im por t a n t du cou r s m a g ist r a l à
con t en u u n iqu e, n e ch a n g e pa s fon da m en t a lem en t le mét ier d’en seig n a n t . Elle offr e ju st em en t a u con t r a ir e la possibilit é pou r ces
en seig n a n t s de se r éa ppr opr ier u n e fon ct ion qu e depu is deu x ou t r ois décen n ies, l’in st it u t ion s’éch in e à leu r en lev er .
Réalité du quotidien et s olutions d’avenir
Il ser a n écessa ir e de r epen ser t ot a lem en t les pr og ra m m es, n ot a m m en t da n s les disciplin es scien t ifiqu es, de fa çon à év it er les dér iv es
m a r ket in g a ct u elles, de fa çon à ce qu e les sa v oir s n e soien t plu s a u ser v ice des différ en t s pou v oir s, polit iqu es ou écon om iqu es.
Le pr oblèm e de l’équ ipem en t se pose ég a lem en t , bien év idem m en t . La sa lle de cla sse, l’espa ce cla sse doit ch a n g er . Un n om br e d’élèv es
im por t a n t , ch a cu n a ssis à u n e t a ble, da n s u n e sa lle su r bookée n e peu t pa s v r a im en t per m et t r e les a ppr och es v ou lu es, m êm e si u n t el
espa ce peu t , bien év idem m en t coex ist er a v ec le n ou vel espa ce à in v en t er .
Ma is le pr oblèm e le plu s im por t a n t ser a sa n s dou t e celu i de la for m a t ion . Il ser a in dispen sa ble de form er les en seig n a n t s de fa çon à ce qu e
soit v ér it a blem en t pen sées ces n ou v elles a ppr och es et qu e soit r edon n ée a u x en seig n a n t s leu r v r a ie fonct ion .
Le n om br e d’in n ov a t ion s m ises en pr a t iqu e in div idu ellem en t pa r u n n om br e som m e t ou t e im por t a n t d’en seig n a n t s est t ou t à fa it
Michel Serres / Bernard Stiegler : « Pourquoi nous n’apprendrons plus... http://www.readability.com/art icles/lypifyt
j
1 sur 2 14/03/2013 18:02

122
r a ssu r a n t . Ma is l’in it ia t iv e in div idu elle, a u ssi impor t a n t e et ir r em pla ça ble qu ’elle soit , n e peu t r empla cer la con scien ce, v oir e le désir ,
ca r il est bien là qu est ion de désir ou de per t e du désir , de t ou s, l’a ct ion v olon t a r ist e d’u n pou v oir polit iqu e et d’u n e in st it u t ion da n s son
en sem ble. Or on sa it ce qu i est m is en œu v r e, de m an ièr e délét èr e, depu is u n cer t a in n om br e d’a n n ées au x différ en t s n iv ea u x de
l’in st it u t ion et , spécia lem en t , de la h iér a r ch ie.
Ma is, en fa isa n t ch a n g er les ch oses a u x deu x bou t s de la ch a în e, su r le t er r a in dès l’école pr im a ir e, pou r t h éor iser a u n iv ea u
u n iv er sit a ir e et , don c à celu i de la for m a t ion des fu t u r s en seig n a n t s (à con dit ion qu ’elle soit r est a ur ée, et en m ieu x ) en m et t a n t les
ser pillièr es in t ellect u elles et m a t ér ielles n écessair es a u collèg e et a u ly cée, en plu s ou m oin s g r a n d n om br e selon les lieu x et les n écessit és
(en seig n em en t g én ér a l ou t ech n olog iqu e), a lor s on peu t espér er , d’ici u n e diza in e ou u n e dou za in e d’a nn ées, cu eillir les fr u it s de ces
in v est issem en t s et r et r ou v er u n e in st it u t ion dig n e de son n om et de sa fon ct ion . C’est ce qu e sem ble affir m er le n ou v ea u m in ist r e de
l’Edu ca t ion N a t ion a le. A ffa ir e à su iv r e de t r ès pr ès. »
Vou s r et r ou v er ez l’in t ég r a le du dia log u e su r le sit e de Philos ophie Magazine.
A lir e su r le w a g g es en pa r t icu lier : Un e ch a n ce pou r sa u v er l’école et l’en sem ble de n os ch r on iqu es
Original URL:
http://lewagges.fr/?p=2166
Michel Serres / Bernard Stiegler : « Pourquoi nous n’apprendrons plus... http://www.readability.com/art icles/lypifytj
2 sur 2 14/03/2013 18:02

123
sergetisseron.com
Posté par Serge Tisseron le 7 juin 2012.
La première révolution engagée par la culture numérique est culturelle
La culture du livre est une culture de l’un, dominée par une conception verticale du savoir : celui
qui sait écrit un livre pour ceux qui ignorent. Par le livre, ils accèdent à la connaissance du clerc, ou
du savant. Elle est en cela inséparable du monothéisme. La culture des écrans est au contraire une
culture qui privilégie les relations horizontales : son modèle est l’encyclopédie Wikipédia. C’est une
culture du multiple, voire du métissage, du multiculturalisme, et pourquoi pas du polythéisme.
Avec les écrans, apparaît l’idée d’une « intelligence globale » et d’un partage en temps réel des
connaissances. Alors que la culture du livre se caractérise par l’association d’un livre, d’un crayon
et d’un cahier par élève, la culture numérique est celle du travail en réseau. C’est pourquoi il serait
absurde de vouloir introduire un écran par enfant. Les écrans doivent être d’abord un espace de
co-réflexion et de co-construction dans un effort de s’écouter et de se comprendre, sous peine de
se transformer très vite en outil de retrait du monde. En primaire et en début de collège, la règle
doit être d’un écran pour trois ou quatre enfants, et absolument pas d’un écran par enfant. C’est
dans le travail mené par plusieurs face à un seul écran que les enfants intériorisent les règles du
travail en réseau qu’ils mettront ensuite en pratique quand ils se retrouveront seul face à un écran.
La seconde révolution engagée par la culture numérique est cognitive.
Si la culture du livre était capable de relayer toutes nos possibilités psychiques, la culture
numérique n’aurait jamais été inventée ! Et en effet, nous nous apercevons de plus en plus qu’elle
cultive des processus cognitifs et des stratégies d’apprentissage que la culture du livre laissait en
friche. 1. La culture numérique ne favorise pas la mémoire événementielle, comme la culture du
livre, mais la mémoire de travail. En effet, quand nous lisons un livre, nous sommes obligés de
nous souvenir de ce que nous avons lu dans les pages précédentes, de suivre une narration, et le
livre est naturellement un support d’apprentissage par cœur. Mais l’être humain a toujours été
confronté, et il l’est de plus en plus, à la nécessité de travailler avec diverses sources, à les croiser, à
les concilier, à les comparer, et à en tirer une information pour un usage précis. C’est ce qu’on
appelle la mémoire de travail : maintenir et manipuler des informations et des instructions,
éventuellement en nous appuyant sur des documents que nous avons devant nous, mais plus
souvent et plus efficacement en exerçant ces tâches de façon mentale. Les écrans interactifs
favorisent cette mémoire de travail, permet de la cultiver chez l’enfant et de la rendre plus
efficiente. 2. La culture numérique ne favorise pas la pensée linéaire, comme la culture du livre,
mais la pensée en réseau, circulaire et fonctionnant plus par analogies et contiguïtés que par
continuité. L’organisation spatiale prime sur l’organisation temporelle. 3. La culture numérique ne
favorise pas une pensée qui exclue les contraires, comme la culture du livre, mais elle les accepte.
Son paradigme est l’image dans laquelle les contraires coexistent. 4. Enfin, là où la culture du livre
favorise plutôt les automatismes, voire les habitudes, la culture des écrans favorise l’inhibition au
sens positif du terme : elle apprend à rompre les habitudes mentales, comme dans les jeux vidéo
où le joueur ne peut réussir chaque nouveau niveau qu’en étant capable d’oublier la stratégie
gagnante qu’il a utilisée au niveau précédent. Là où la culture du livre encourage la recherche des
analogies (reconnaître des styles, des écoles, des procédés littéraires), la culture des écrans favorise
la capacité de s’ajuster aux changements.
La troisième révolution engagée par la culture numérique est psychique.
Les technologies numériques modifient enfin le fonctionnement psychique de plusieurs façons. 1.
Serge Tisseron — www.sergetisseron.com — Readability http://www.readability.com/articles/tjpjvcnv
1 sur 2 14/03/2013 18:03

124
Tout d’abord, l’identité se démultiplie. Le Moi n’est plus la propriété privée d’un individu, mais une
construction à chaque fois tributaire des interactions. Le psychisme humain est un dispositif
d’interaction intériorisé qui se complète et se nuance sans cesse sous l’effet de nouvelles
communications. A chaque moment, il en est de nos identités comme des vêtements dans notre
garde-robe. Nous les essayons à la recherche de notre personnalité décidemment insaisissable. Les
identités multiples et les identifications flottantes définissent une nouvelle normalité dont la
plasticité est la valeur ajoutée, tandis que l’ancienne norme du « moi fort intégré » est disqualifiée
en psychorigidité. Quant à la pathologie, elle ne commence que quand ses identités échappent au
sujet et qu’il devient incapable de différencier le dedans du dehors, l’intériorité de l’extériorité. 2.
Ensuite, avec les technologies numériques, le clivage s’impose comme mécanisme défensif
prévalent sur le refoulement. Sur Internet, en effet, aucun contenu n’est réprimé et tous sont
accessibles instantanément par l’ouverture d’une « fenêtre » : c’est le système « windows ». Or
cette logique correspond exactement à ce qui se passe lorsque, dans le clivage, nous sommes
capable de penser à une chose, et aussitôt après de l’oublier comme si elle n’avait jamais existée.
Du coup, les contraires peuvent y coexister sans s’exclure. Cela renforce le processus du clivage
aux dépends du refoulement, avec des effets considérables sur l’éducation. 3. Enfin, Internet
reproduit la caractéristique de notre mémoire qui est d’être un espace d’invention permanente
dans lequel rien n’est daté de telle façon que le passé peut toujours être confondu avec le présent.
Alors que la culture du livre fait une grande place à la succession et à la narration (avec un avant,
un pendant, un après et un conditionnel), celle des écrans se déroule dans un éternel présent
Ces trois révolutions ne font pas de la culture des écrans une « sous culture » inférieure celle du
livre, mais une culture différente, chacune avec ses points forts et ses faiblesses, ses excès et ses
impasses. Abandonnons alors les penseurs catastrophistes à leurs ratiocinations morbides et
prenons plutôt le temps de nous familiariser avec ces deux cultures : nous apprendrons ainsi à
passer de l’une à l’autre pour ce que chacune porte de meilleur, et nous pourrons l’enseigner à nos
enfants, pour leur bonheur.
Original URL:
http://www.sergetisseron.com/blog/nouvel-article-618
Serge Tisseron — www.sergetisseron.com — Readability http://www.readability.com/articles/tjpjvcnv
2 sur 2 14/03/2013 18:03

125
favicon apprendreaapprendre.com
Reportage France 3 ©
(Si vous n'arrivez pas à lire la vidéo, utilisez le navigateur firefox) Télécharger
Firefox
;;;;;• Une carte heuristique qu'est-ce que c'est?
Une carte heuristique (mind map en anglais), également appelée carte des idées, carte
conceptuelle, carte mentale, arbre à idées ou topogramme, est un diagramme qui représente les
connexions sémantiques entre différentes idées, les liens hiérarchiques entre différents concepts
intellectuels. À la base, il s'agit d'une représentation principalement arborescente des données,
basée sur les mêmes principes que l'organigramme (l'un étant en fait une variante de l'autre et
réciproquement).
C'est par exemple un moyen visuel et symbolique de décrire l'architecture informatique générale
d'un PC :
Une carte heuristique met en œuvre différentes composantes améliorant son exploitation :
utilisation de formes, de couleurs et de graphismes (illustrations, symboles) qui permettent
théoriquement une compréhension aisée par un fonctionnement optimal et conjoint des
hémisphères cérébraux.
Exemple de carte heuristique
;;;;;• Origine
Le système de représentation hiérarchique aurait été inventé par Aristote.
Le concept des cartes heuristiques a été formalisé par un psychologue anglais, Tony Buzan. L'idée
lui vint alors qu'il écrivait Une encyclopédie du cerveau et de son utilisation (An Encyclopedia of
the Brain and Its Use) en 1971. Il utilisait également ce système sans lui donner de nom dans ses
cours sur la chaîne BBC.
Les travaux de Tony Buzan ont montré que nous avons tendance à privilégier les activités de
l'hémisphère gauche du cerveau (logique, pensée rationnelle, classement, langage) par rapport à
Méthode d’enseignement en Finlande (1er dans l’étude PISA) — www.... http://www.readability.com/article s/avhumseh
1 sur 2 14/03/2013 18:04

126
celles de l'hémisphère droit (créativité, pensée holistique, capacité de synthèse).
D'autres études en linguistique ont montré que seuls quelques mots-clés appelés « mots de rappel
» apportent de la valeur ajoutée. Ces mots ne représentent qu'environ 10% des mots employés
dans un texte.
;;;;;• Limites et critiques
S'il est vrai que l'arborescence heuristique peut, dans certains cas et pour certaines applications
spécifiques, aider à la compréhension d'une structure, il y a eu, à la suite de la formalisation de
Tony Buzan, une vague d'enthousiasme injustifiée et on a vu (et certains y voient encore) dans le
topogramme heuristique la solution miracle pour synthétiser toutes les connaissances dans tous
les domaines, notamment l'enseignement. C'était évidemment une illusion. Un tel engouement
n'a rien de surprenant et répond parfaitement à des schémas classiques de comportement sociaux :
dès qu'un nouveau concept apparaît, ou dès qu'un concept ancien et oublié est reconceptualisé et
remis au "goût du jour", il ne manque jamais d'emporter avec lui, pour un temps, l'adhésion de
quelques leaders d'opinion et cela peut devenir une mode. Et puis la mode passe.
Il convient donc de souligner que le topogramme heuristique n'est qu'une méthode parmi d'autres
pour organiser des idées et n'est donc ni meilleure ni pire qu'une autre. Son accessibilité n'est pas
universelle. N'étant fondée que sur le visuel, elle est, par exemple, totalement inaccessible aux
aveugles et aux déficients visuels.
Par ailleurs, comme cela est souligné plus haut, un topogramme devient rapidement
incompréhensible si le nombre de données à organiser dépasse un certain seuil. De simplification
on arrive rapidement à un fouillis que seul l'auteur initial du topogramme peut démêler. Le
principal défaut du topogramme est précisément sa quasi non-communicabilité car s'il paraît
simple pour celui qui l'a réalisé (puisqu'il correspond à une vision personnelle), il peut paraître
incompréhensible voire inextriquable pour un observateur extérieur. Raison pour laquelle le
topogramme n'a pas fait d'émules pour devenir l'outil pédagogique universel que l'on voyait en lui
dans les années 70.
Pour illustrer cette réalité, voici quelques exemples de topogrammes dont la complexité les rend
incompréhensibles, voire rébarbatifs. S'il est vrai que, comme dit le proverbe, un petit dessin vaut
mieux qu'un long discours, encore faut-il que le dessin soit simple.
Source: wikipédia
Retour accueil
Aller à la liste des vidéos
Original URL:
http://www.apprendreaapprendre.com/reussite_scolaire/methode-enseignement-
en-finlande-1-etude-pisa-460-8-17.html
Méthode d’enseignement en Finlande (1er dans l’étude PISA) — www.... http://www.readability.com/article s/avhumseh
2 sur 2 14/03/2013 18:04

127
C’est un point important
L’expérience de Sugata Mitra nous
montre que Internet, même en libre
service, permet d’acquérir des
connaissances
Mais les moyens
mis en œuvre ne
suffisent pas, il faut
également revisiter
les pédagogies. A
partir de la culture
numérique.

128
rslnmag.fr
(photo : Andreas Sterzing)
Pédagogue, professeur, informaticien, physicien, psychologue, philosophe… ou tout
cela à la fois ?
Sugata Mitra ne se laisse pas enfermer dans la case d’une discipline. Pour l’heure, cet Indien
de 59 ans enseigne les technologies de l’Education à l’Université de Newcastle, en Angleterre, où il
est installé depuis 5 ans.
Quand vous lui demandez qui il est, il vous répond en plaisantant par la question qui le
poursuit depuis toujours :
« Je suis de l’espèce des homo sapiens et mon métier est de chercher quel était le but des hommes
quand ils sont un jour descendus de leur arbre. »
Physicien de formation, il est l’inventeur, dans les années 1980 et 1990, de multiples
systèmes informatiques comme la base de données du premier annuaire téléphonique indien.
> Une expérience révolutionnaire : « a hole in the wall »
Mais sa notoriété internationale, il la doit à l’expérience éducative qu’il a menée à partir de
1999, auprès d’enfants des bidonvilles de Delhi, et qui aurait insipiré Vikas Swarup, l'auteur
indien du roman Q&A ayant servi de base au scénario du film Slumdog Millionaire.
« A hole in the wall » (littéralement « Un trou dans le mur ») est un dispositif qui donne accès
pour les enfants, à travers une fente trop étroite pour une main d’adulte, à l’écran, au clavier et à la
souris d’un ordinateur inséré dans le mur d’une bâtisse.
>> Regardez un reportage consacré à l'expérience :
REGARDS SUR LE NUMERIQUE | Sugata Mitra, et l'expérience « a ho... http://www.readability.com/articles/ x8ryvlh8
1 sur 4 14/03/2013 18:07

129
Le principe de l'expérience :
Sugata Mitra voulait voir si des enfants qui n’avaient jamais approché un ordinateur de leur vie et
ne parlaient pas anglais pouvaient apprendre à s’en servir, seuls, sans l’intervention d’adultes.
... et ses enseignements :
Huit mois après le début de l’expérience, les enfants, âgés de 6 à 14 ans, avaient acquis,
collectivement et en jouant, un socle de compétences informatiques comparables à celles d’enfants
ayant suivi une formation ad hoc.
Le chercheur notait également une augmentation sign ificative du niveau d’anglais et
de mathématiques, une amélioration de l’assiduité scolaire, la diminution du taux d’échec scolaire
ou encore la réduction de la criminalité infantile.
Pour s’approprier l’outil, les enfants avaient inventé leur propre vocabulaire - aiguille pour le
curseur de la souris par exemple -, appris les mots d’anglais indispensables et, très vite, découvert
le surf sur Internet. L’expérience a essaimé en Inde, au Cambodge, en Afrique, pour des résultats
qui s’avèrent, à chaque fois, aussi spectaculaires.
> Un chemin vers la non-violence
L’expérience a surtout révélé que l’enfant n’apprend pas seul, mais en groupe, par
échange d’expérience, par imitation. Car les enfants regroupés autour d’un ordinateur ne se
disputent pas, ne veulent pas interdire l’accès aux autres.
« Dans une société ignorante, le pouvoir se structure autour de la domination physique. Dans la
société de l’information, je ne peux prendre par la force une information. Je dois devenir votre ami
pour que vous la partagiez. C’est un chemin vers la non-violence », explique ainsi Sugata Mitra.
Bien qu’il réfute toute ambition de changer le monde, le chercheur prête à la société de
l’information des vertus pacifiques. Sugata Mitra a d’ailleurs fini par acquérir la conviction que,
dans un univers connecté, les enfants peuvent tout apprendre ainsi, pas seulement l’usage d’un
ordinateur.
Du coup, il a importé son système en ouvrant dans 40 écoles anglaises des SOLE (Self
Organised Learning Environment) , en marge de la salle de classe traditionnelle (retrouvez
notre dossier : Bienvenue à l'école du futur).
REGARDS SUR LE NUMERIQUE | Sugata Mitra, et l'expérience « a ho... http://www.readability.com/articles/ x8ryvlh8
2 sur 4 14/03/2013 18:07

130
Aux enfants, il pose des questions, volontairement épineuses : d’où vient le langage ?
comment un téléphone sait-il où je suis ? que sont les fractales en mathématique ?
Les enfants vont puiser les réponses sur le web, en suivant les règles que leur a fixées le
chercheur, des règles qui vont à l’encontre de celles de l’école traditionnelle : les enfants doivent
former un groupe, mais ont toute liberté d’en changer, de parler autant qu’ils veulent, d’aller
écouter un autre groupe.
- « Mais on peut copier ? », s’étonnent les enfants.
- « On ne copie pas, on partage ! », rétorque Sugata Mitra.
Et d'expliquer, toujours étonné de la capacité des enfants à s’auto-instruire en groupe :
« Quand je reviens, ils me donnent des leçons de religion comparées, découvrent que la localisation
par GPS repose sur la trigonométrie et ont envie de comprendre ce que c’est. »
> L’auto-organisation : une porte d’accès au savoir
S’il s’est frotté au monde de l’entreprise pendant quelques années – il dirigea
l’équivalent indien des Pages jaunes à la fin des années 1980, il s’en souvient comme l’une des
pires expériences de sa vie. Ni business, ni politique, Sugata Mitra est ailleurs. Ce qui le fascine,
c’est de comprendre comment des phénomènes émergents évoluent en systèmes auto-organisés.
Pour se faire comprendre, il prend l’exemple d’une tornade : des grains de poussière, au
départ soulevés par le vent, finissent par prendre force ensemble en s’organisant dans un même
mouvement en spirale. Loin du déterminisme de la pensée occidentale, il voit dans cette image
celle de l’évolution de l’humanité. C’est le vent du vouloir apprendre qui a soulevé les humains de
terre, ou plutôt qui les a fait descendre des arbres et avancer.
Aujourd’hui, Sugata Mitra voudrait pousser l’expérience « A hole in the wall » plus loin.
Des enfants dans une société sans contacts extérieurs peuvent-ils apprendre à lire seuls ? Il
cherche une tribu primitive sans écriture pour mener à bien cette expérience. Car la quête de ce
physicien devenu spécialiste en sciences de l’éducation est métaphysique.
Il ne croit pas en un Dieu qui aurait dessiné l’humanité et son destin, mais plutôt à
l’émergence spontanée d’une auto-organisation qui dépasse chaque individu et l’entraîne dans un
mouvement pour former un niveau de conscience supérieur.
Quand il parle de ses recherches en cours sur la « mémoire du futur », on a quitté depuis
longtemps l’ordinateur dans le mur d’un bidonville de Delhi et les découvertes des enfants qui s’en
emparent. Mais Sugata Mitra, lui, continue à assembler les pièces de son puzzle.
[teaser : cet entretien est issu du prochain numéro du magazine RSLN, version papier, qui sera
disponible à la mi-juillet]
> Sugata Mitra en quelques dates :
• 1952 : Naissance à Calcutta, Inde.
• 1978 : Doctorat de physique à l’Institut de Technologie de Dehli.
• 1987 : Directeur de United Database, premier éditeur indien d’annuaire téléphonique
• 1990 : Fonde puis dirige jusqu’en 2006, le centre de R&D des systèmes cognitifs de NIIT,
première entreprise indienne de formation et de logiciels pour la formation.
• 2001- 2006 : Déploiement de plus de 500 « kiosques » sur le modèle du « Hole in the Wall »,
touchant plus de 150 000 enfants dans le monde.
• 2006 : quitte l’Inde pour l’Université de Newcastle en Angleterre.
> Pour aller plus loin :
- Un reportage de CNN sur l'expérience :
REGARDS SUR LE NUMERIQUE | Sugata Mitra, et l'expérience « a ho... http://www.readability.com/articles/ x8ryvlh8
3 sur 4 14/03/2013 18:07

131
- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -
Dans la salle de classe du futur, les résultats ne progressent pas
Posted By Hubert Guillaud On 21/9/2011 @ 7:40 In Articles,Débats,Education et formation | 21
Comments
Dans le cadre d’une série sur le “pari éducatif high-tech” (dans laquelle notamment plusieurs
experts américains tentent d’apporter leur vision sur ce à quoi ressemblera l’école dans 10 ans
[1]
), Matt Richtel
[2]
, pour le New York Times
[3]
s’est rendu dans le district scolaire pilote de
Kyrene en Arizona
[4]
: un secteur où tous les élèves utilisent des tableaux blancs interactifs et
des ordinateurs à l’école. Depuis 2005, le district a investi 33 millions de dollars pour moderniser
ses écoles. Ici, c’est la nature même de la classe, du rapport à l’enseignant qui a été transformé :
l’enseignant circule entre les élèves qui apprennent à leurs rythmes sur leurs ordinateurs.
Au profit de qui se fait la surenchère technologiqu e à l’école ?
Or, depuis 2005,
les scores du district aux tests nationaux en lecture et mathématiques stagnent
[5]
, alors même que les résultats des élèves de l’Etat d’Arizona ont augmenté – mais il faut
préciser que les résultats du district étaient à l’origine biens supérieurs à ceux du reste de l’Etat.
Est-ce à dire que Kyrene se serait-il trompé d’approche ? Son exemple doit-il remettre en
question “l’un des plus importants mouvements contemporains éducatifs” qui vise à équiper
classes et élèves en informatique, à permettre aux étudiants d’apprendre à leur propre rythme…
mais aussi à réduire le nombre de professeurs, souligne consciencieusement Matt Richtel. “Les
écoles dépensent des millions de dollars pour acquérir des technologies, tout en réduisant les
budgets et en licenciant les enseignants sans apporter la preuve que cette approche permet
d’améliorer l’apprentissage de base”.

[6]
Image : Le graphique de l’évolution des dépenses et des résultats du district de Kyrene dans
l’Arizona réalisé par le
[5]
New York Times.
Pour les partisans des TICE (les technologies de l’information et de la communication pour
l’enseignement), les tests standardisés n’arrivent pas à mesurer l’ampleur des compétences que
les élèves équipés d’ordinateurs assimilent. Tom Vander Ark
[7]
, ancien directeur du secteur
éducation de la fondation Bill et Melinda Gates, reconnaît que les données ne sont pas vraiment
concluantes : ce qui ne l’empêche pas de demeurer enthousiaste sur la révolution en cours
[8]
.
Les détracteurs des TICE répondent que les résultats montrent combien les écoles sont aveuglées
par la surenchère technologique.
La poussée des dépenses technologiques intervient alors que les écoles doivent faire de durs choix
financiers. A Kyrene par exemple, alors que les dépenses technologiques ont augmenté, le reste
InternetActu.net » Dans la salle de classe du futur, les résultats ne progr... http://www.internetactu.net/2011/09/21/dans-la-salle-de-classe-du-futur...
1 sur 9 14/03/2013 18:07

132
du budget de l’éducation du district a diminué conduisant à avoir des classes avec plus d’élèves et
moins de cours de musique, d’art ou d’éducation physique. Pour Matt Richtel, la poussée de la
technologie à l’école profite surtout aux entreprises technologiques. Aux Etats-Unis, la vente de
logiciels éducatifs pour les classes a représenté 1,89 milliard de dollars en 2010. On estime que
les dépenses en matériel représenteraient cinq fois ce montant.
Malgré cela, Kyrene a construit sa réputation sur la technologie et accueille 18 000 élèves de la
maternelle au secondaire, dont certains venant d’autres districts. A l’heure où de nouveaux
investissements doivent être votés, la question de leur efficacité se pose. Pour le surintendant à
l’éducation du district, David K. Schauer : “Nous devrions avoir une mesure valable, mais nous ne
l’avons pas”.
La technologie n’a pas d’effet en tant que tel
En 1997, un comité pour la science et la technologie assemblé par le président Clinton avait émis
un appel urgent à la nécessité d’équiper les écoles de nouvelles technologies.
Dans ce rapport
[9]
pour appuyer sa conclusion, le comité signalait pourtant que la recherche sur l’impact de la
technologie sur les résultats scolaires était insuffisante. Cela n’a pas empêché le comité à
exhorter les écoles à s’approprier les TICE. Depuis, les ambitions de ceux qui défendent les
technologies éducatives ont grandi à mesure que l’équipement se développait.
Des chercheurs de l’université du Maine du Sud ont montré (.pdf)
[10]
que les scores d’écritures
d’élèves de huitième année ou les résultats de tests en mathématiques ont été améliorés suite à
l’équipement en ordinateurs portables des enfants. “Mais est-ce l’effet de l’introduction des
ordinateurs ou de la formation qu’ont reçus les enseignants ?”, s’interroge Matt Richtel.
Il est difficile de mesurer l’effet de la technologie, car les classes et les écoles sont toutes
différentes et la technologie évolue très vite. “Les petites études produisent des résultats
contradictoires : certaines montrent que les résultats en mathématiques progressent grâce à
l’utilisation de logiciels dédiés, d’autres montrent que les scores ne s’améliorent pas.” Pour
Katrina Stevens de LessonCast
[11]
, “la question ne devrait pas être de savoir s’il y a des preuves
concluantes que les logiciels d’enseignement sont efficaces, mais plutôt de savoir quels logiciels
pédagogiques sont efficaces et dans quelles conditions”. Mesurer leur efficacité des logiciels
éducatifs, c’est d’ailleurs ce que se propose de faire le SCE
[12]
, rapporte Matt Richtel sur son blog
[13]
. Mais cela ne suffira peut-être pas à améliorer l’impact de la technologie sur les résultats
scolaires.
Une vaste analyse sur l’utilisation des ordinateurs portable, comme cela a été le cas dans le Maine
par exemple, montre que l’ordinateur n’est pas un facteur majeur de la performance des élèves.
“Les programmes un ordinateur portable par enfant ne font qu’amplifier ce qui est déjà en cours –
pour le meilleur et pour le pire”, estime Bryan Goodwin, porte-parole d’un groupe
[14]
qui a
rédigé une étude sur le sujet
[15]
. Les bons enseignants peuvent faire un bon usage des
ordinateurs, tandis qu’avec d’autres, les élèves pourraient se laisser distraire par la technologie.
Une étude (.pdf)
[16]
de 2009 du ministère américain de l’éducation sur les cours en ligne (que
suivent plus d’un million d’étudiants de primaire et de secondaire, qui vantait pourtant l’impact
positif des cours en ligne
[17]
) a néanmoins souligné que les décideurs manquaient de preuves
scientifiques sur leur efficacité. Larry Cuban
[18]
, professeur émérite d’éducation à Stanford, a
déclaré que les technologies ne justifiaient pas les gros investissements qu’elle recevait. “Il n’y a
pas suffisamment de preuves pour montrer la moindre tendance”.
Les métriques en question
Pour Karen Cator, directrice du
bureau des technologies éducatives
[19]
au Département d’Etat
chargé de l’éducation, les résultats aux tests fournissaient une mesure inadéquate de l’apport de
la technologie dans les écoles. “Les résultats aux tests sont les mêmes, mais regardez tout ce que
les élèves qui utilisent les technologies savent faire : utiliser l’internet pour chercher des
informations, organiser leur travail, utiliser des outils de rédaction professionnels, collaborer avec
les autres.”
Pour beaucoup, Kyrene est devenu un modèle pour la formation des enseignants à utiliser la
technologie. Car l’essentiel ne repose pas tant dans la technologie, que dans ce qu’on en fait.
Beaucoup d’écoles du district – notamment celles des régions les plus riches – avaient déjà des
résultats élevés avant les ordinateurs : est-ce à dire qu’il est plus difficile de progresser encore,
même avec les ordinateurs ? A moins que le léger recul des résultats provienne de
l’élargissement de la population des élèves accueillis ?…
Reste que comme l’a constaté le journaliste, l’enthousiasme que l’on trouve dans les classes qui
InternetActu.net » Dans la salle de classe du futur, les résultats ne progr... http://www.internetactu.net/2011/09/21/dans-la-salle-de-classe-du-futur...
2 sur 9 14/03/2013 18:07

133
utilisent les TICE, lui, n’a pas faibli (en France également, comme le soulignait cet article du
Monde sur l’utilisation de Twitter en classe
[20]
). Il y a des choses qu’on doit faire avec des outils
traditionnels, et d’autres pour lesquels les ordinateurs sont des supports efficaces. Les
ordinateurs, estime un professeur, aident les élèves à identifier leurs idées, ils leur permettent
d’éditer leur travail, d’améliorer immédiatement leur travail et de mieux le partager avec la
classe. Pour d’autres enseignants, passer par la technologie est la seule façon pour atteindre cette
génération et la conduire à apprendre. Avec les technologies les élèves se sentent plus impliqués.
Comme le montrent les réactions des élèves lorsqu’un professeur affiche instantanément le
camembert des résultats d’un QCM qu’elle vient de leur poser via le tableau blanc interactif.
L’implication est au coeur du Plan technologique pour l’éducation nationale
[21]
publié l’année
dernière par la Maison Blanche. La transformation “révolutionnaire” par les TICE des écoles a pour
but de motiver et d’inspirer tous les élèves.
[22]
Image
: la
couverture du Plan technologique pour l’éducation nationale
[21]
publié par la Maison Blanche en
2010 sous le titre “l’apprentissage propulsé par la technologie”.
Dépasser l’opposition ordinateurs contre professeur s
Pourtant, là encore, la recherche n’établit pas un lien clair entre l’ordinateur et l’implication,
explique
Randy Yerrick
[23]
, doyen en technologie éducative à l’université de Buffalo. Pour lui, les
meilleures utilisations pédagogiques des ordinateurs sont celles qui n’ont pas d’équivalent, comme
d’utiliser des capteurs en classe de science pour observer des modifications physiques ou
chimiques ou utiliser des systèmes adaptés aux enfants handicapés. L’implication est un terme
“moelleux” : la maintenir nécessiterait une nouveauté constante, ce qui lui semble un objectif
inatteignable.
Reste que si les enfants ont plus accès à des ordinateurs, ils ont un peu moins accès aux
enseignants, conclut Matt Richtel. Les salles de classe se sont peuplées et le rôle des enseignants
a changé. A Kyrene, les enseignants n’ont pas été augmentés depuis 2008 et beaucoup sont
contraints d’avoir un second emploi, dans la restauration ou la vente. “Nous avons des ordinateurs
dans les salles de classe, mais pas assez d’argent pour acheter du papier, des crayons ou du
désinfectant”.
Bien sûr, ce papier a déclenché de très nombreuses réactions dans la presse et la blogosphère
éducative américaine. L’une des plus stimulantes est celle de Cathy Davidson
[24]
(la chercheuse
de l’université de Duke en Caroline du Nord qu’évoquait Xavier de la Porte lundi dernier dans sa
lecture
[25]
) qui rappelle qu’à travers toute l’Amérique, les résultats des tests scolaires suivent
ceux de Kyrene et sont plutôt stagnants. “Ce n’est pas les résultats des tests qui sont stagnants,
ce sont les tests eux-mêmes”. Et Cathy Davidson de rappeler, comme elle le fait dans son livre
[26]
, que les QCM d’évaluation qui ont cours aux Etats-Unis, ont été inventés au début du XXe
siècle, au coeur de l’ère industrielle. “Pouvons-nous mesurer l’enseignement avec une métri que
inventée pour nos arrières grands-parents qui proposent des options limitées (A, B, C ou D) dans
un monde où ils peuvent Googler n’importe quoi ? Pire, nous leur disons que, dans le monde de
l’avenir, les compétences dont ils auront besoin, il doivent les apprendre par eux-mêmes,
puisqu’après tout, elles ne sont pas sur le test !”
Pourtant, reconnait Cathy Davidson, la question que soulève Richtel sur les coûts et les
investissements est bonne. “Je suis très méfiante du coûteux dumping technologique qui envahit
la classe”. Selon elle, le complexe industriel éducatif est toujours à considérer avec suspicion. Et
le technodéterminisme (penser que la technologie est la réponse) est tout aussi douteux et
InternetActu.net » Dans la salle de classe du futur, les résultats ne progr... http://www.internetactu.net/2011/09/21/dans-la-salle-de-classe-du-futur...
3 sur 9 14/03/2013 18:07

134
coûteux que le test-déterminisme (penser que les résultats révèlent la réalité de l’apprentissage).
Aucune école ne doit investir dans la technologie sans investir de manière substantielle dans la
formation des enseignants. Or, la plupart du temps, l’introduction des technologies se fait sans
formation, sans accompagnent des enseignants. Pire, bien souvent, les dépenses dans les
technologies de l’éducation se font au détriment du nombre d’enseignants, comme le rapportait
récemment Courrier International
[27]
.
“Nous perdons notre argent et le temps que nos enfants passent à l’école si nous nous contentons
simplement de jeter un tas de technologie en classe, sans aider les enfants à comprendre cette
technologie.” Et ce d’autant plus que la question de la technologie est devenue inséparable de
toutes les manières dont nous pensons, communiquons , interagissons. Mais cette question ne se
résume pas à trouver la bonne réponse sur Google, rappelle Cathy Davidson.
A sa manière, Richard Halverson
[28]
, professeur à l’université de Madison et coauteur de
Repenser l’éducation à l’âge de la technologie
[29]
, ne dit pas autre chose quand il pointe du doigt
(.pdf)
[30]
que la fracture scolaire ne repose plus sur l’accès, mais sur la différence entre les
technologies pour l’apprentissage et les technologies pour les apprenants. La fracture scolaire
repose plus sur la différence entre ceux qui utilisent la technologie pour amplifier leur
apprentissage et ceux qui ne l’utilisent pas, explique-t-il
[31]
.
Cathy Davidson rappelle que “nous ne sommes pas responsables en tant qu’éducateurs si nous ne
faisons qu’enseigner avec la technologie, car il faut également enseigner à travers elle, sur elle et
à cause d’elle. Nous devons faire comprendre aux enfants sa puissance, son potentiel, ses
dangers, ses usages. Ce n’est pas seulement un investissement qui en vaut la peine, mais c’est un
investissement qu’il serait irresponsable d’éviter.”
21 Comments To "Dans la salle de classe du futur, l es résultats ne
progressent pas"
#1 Comment By
Christian Jacomino On 21/9/2011 @ 8:18
Pour ce qui concerne au moins l’apprentissage de la langue (et de la lecture qui n’est qu’un aspect
de l’apprentissage de la langue), l’utilisation des nouvelles technologie pousse férocement vers
une plus grande autonomie. Or, il paraît assez évident que cet apprentissage ne peut être efficace
qu’en situation de communication réelle, vivante. À l’intérieur du groupe. Le numérique peut y
aider, mais il y a là une tendance à renverser. Peut-être parce que les outils numériques ont été
inventés d’abord par des scientifiques, pour des scientifiques, et que les littéraires s’en méfient.
Le TBI est un bon exemple. Il me paraît très utile pour le mathématiques, la géométrie. Mais
pour les apprentissages linguistiques, nous devons faire en sorte que les élèves
parlent_ensemble. Et non pas qu’en silence, ils fassent glisser des mots vers des cases où ils sont
acceptés ou refusés.
#2 Comment By Christophe Deshayes On 21/9/2011 @ 11:43
Le bilan des TICE est bien plus ambivalent que cet article le montre. Le bilan relatif résultat/coût
montre que le TBI (tableau blanc interactif) est probablement trop cher pour ce qu’il produit dans
le contexte actuel. Son bilan va s’améliorer lentement avec l’appropriation obligatoirement très
lente des enseignants. En revanche twitter qui ne coute rien permet à des enseignants de
vraiment faire des choses convaincantes dès aujourd’hui.
Mais les élus préfèrent montrer des TBI (investissement massif) pour prouver leur engagement à
moderniser l’école… ?!
Deux articles à lire dans deux numéros récents de la jaune et la rouge (la revue des
polytechniciens)
[32]
[33]
#3 Comment By Hubert Guillaud On 21/9/2011 @ 12:21
InternetActu.net » Dans la salle de classe du futur, les résultats ne progr... http://www.internetactu.net/2011/09/21/dans-la-salle-de-classe-du-futur...
4 sur 9 14/03/2013 18:07

135
framablog.org
by AK A • NO V. 6, 2 012
La société Ericsson a rassemblé quelques « grands penseurs de l’Internet éducatif de demain »
pour nous proposer une vidéo d’une vingtaine de minutes, intitulée The Future of Learning, qu’on
a jugé suffisamment importante pour faire l’effort de la traduction puis du sous-titrage.
On ne mesure pas forcément les grands bouleversements qui nous attendent dans le champ
éducatif tant sont fortes l’inertie et la résistance des structures existantes. Il est aussi plus que
probable que « le Libre » saura tirer son épingle du jeu car on ne peut désormais pleinement
échanger et partager sans lui.
Permettez-moi cependant d’avoir de légers doutes quant à l’accès en masse de toutes ces
merveilles promises en temps de crise. Je n’irais pas jusqu’à dire, comme le mouvement #Occupy
que cela ne profitera qu’aux 1%, mais il est fort possible, si nous n’y prenons garde, que se
développe un enseignement à deux vitesses : celui du vieux public sans le sous gardant ses
traditionnelles écoles prisons-casernes et celui du privé captant presqu’à lui seul toute la
modernité dont il est question ci-dessous.
(pour faire disparaître le sous-titrage anglais à l’arrière plan, cliquer sur l’icône CC dans la barre
d’état du bas)
URL d’origine du document
Traduction et transcription : GPif, LuD-up, PM, goguette, HgO, albahtaar, Goofy, aKa
Remarque : On peut considérer ce sous-titrage comme une sorte de perfectible « première
version ». Si cela ne vous convient pas, c’est comme dans Wikipédia, il suffit d’aller sur Amara, la
plateforme de sous-titrage et modifier.
The Future of Learning - Transcription
Sugata Mitra : Tout semble plus excitant quand vous avez cinq ans. Alors, tout était grand, tout
était étrange, et je me souviens avoir été un peu effrayé.
Stephen Heppell : Comme beaucoup d’enfants, je me souviens de mes années d’école avec
tendresse mais le peu dont je me souvienne ainsi n’est pas le peu dont je devrais me souvenir. Je
me souviens des jeux et du sport, de la méchanceté, des espiègleries et des bêtises. En fait, je me
souviens du peu qui était hors-norme.
Daphne Koller : C’est un incroyable privilège pour moi d’avoir eu une éducation qui a pris et
gardé une place si importante dans ma vie, encore aujourd’hui.
Jose Ferreira : Je me souviens m’être beaucoup ennuyé. Ça n’a pas révélé le meilleur de
moi-même, je m’en suis sorti, quoi qu’il en soit. Je n’étais pas très adapté ou le système n’était pas
très adapté pour moi. C’est un peu dingue quand on y pense. On prend les enfants et on les force à
essayer de s’adapter à ce système bureaucratique vraiment complexe, alors que le système devrait
s’adapter à eux.
Il faut voir cette vidéo sur le possible futur de l'apprentissage sous-titré... http://www.readability. com/articles/ez0dnrwh
1 sur 6 14/03/2013 18:08

136
Sugata Mitra : L’éducation traditionnelle tire ses origines du système militaire, en grande partie.
L’armée avait besoin de personnes identiques ; soldats, administrateurs, etc…, elle a donc
engendré ce système. Quand la révolution industrielle a eu lieu, on a encore voulu des personnes
identiques pour les chaînes de montage. Même pour les consommateurs, on voulait qu’ils soient
identiques afin que tous achètent les mêmes choses.
Seth Godin : Alors si on regarde l’école sous cet angle, si on considère le fait qu’on enseigne à
vingt ou trente enfants à la fois, en série, exactement comme à l’usine. Si on considère le fait que si
vous ratez votre CE2, (d’après Collins; ce qui convient mieux au sujet d’enfants), que vous
arrive-t-il ? On vous retient et et on vous reconditionne. Tout correspond aux travaux d’usines, on
l’a élaboré à dessein. Et c’était vraiment utile pour son fonctionnement. Mais on ne manque plus
de travailleurs à l’usine.
Stephen Heppell : On assiste probablement à la mort de l’éducation, aujourd’hui. Je pense que
les structures et les restrictions de l’école, qu’apprendre de neuf heures à quinze heures, en
travaillant seul, sans travailler avec les autres ; je pense que tout ça, c’est un système mort ou
moribond. Et je pense que l’apprentissage ne fait que commencer.
Seth Godin : J’ai souffert d’un trouble du déficit de l’attention en grandissant, comme beaucoup
d’autres maintenant. Et ce sentiment persiste dans l’inconscient collectif qu’il y a quelque chose de
brisé chez les enfants sujets à ce genre de troubles, car ils ne sont pas conformes au système. Donc
ce que nous faisons, c’est donner des médicament aux enfants pour les rendre conformes au
système, au lieu de dire : mais attendez, le système est là pour les enfants. Et il y a beaucoup de
gens qui peuvent assez facilement rester assis pendant huit heures et prendre des notes, et
ensuite, deux semaines après, répéter ce qu’ils ont écrit. Mais il y a également cette immense
quantité de personnes extrêmement talentueuses et engagées qui ne peuvent pas apprendre de
cette manière. Il y a une grande différence entre accéder à l’information et l’école, alors
qu’auparavant, c’était la même chose. L’information est là, en ligne pour n’importe laquelle des
milliards de personnes qui ont accès à internet. Donc cela signifie que si on donne accès à un
enfant/quelqu’un de quatre, huit ou douze ans, ils prendront l’information s’ils la veulent.
Sugata Mitra : Savoir quelque chose est probablement une idée obsolète. Vous n’avez en fait pas
besoin de savoir quoi que ce soit, vous pouvez le trouver au moment ou vous avez besoin de le
savoir. C’est le travail des enseignants de diriger les jeunes esprits vers les bons types de questions.
L’enseignant n’a pas besoin de donner les réponses, car les réponses sont partout. Et nous savons
désormais après des années d’études que les élèves qui trouvent les réponses par eux-mêmes se
souviennent mieux que si on leur avait donné la réponse.
Stephen Heppell : L’Education est très lente à appréhender les données, les nombres, à
comprendre les analyses et ce qui en fait est en train de se passer. Nous effectuons un contrôle ici,
et un examen là, mais les détails de ce qu’il se passe, nous ne les comprenons pas vraiment. Ce
sera, à coup sûr, la prochaine étape importante de notre bagage, notre capacité d’analyser où que
nous soyons. Certains de ceux qui regardent ceci seront déjà en train d’analyser leur santé et leur
bien-être et les effets sur leur forme. Ils seront aussi en train d’analyser leur apprentissagen
bientôt. Et ensuite nous serons vraiment bons à ça.
Jose Ferreira : Knewton est une plate-forme d’extraction de données et d’apprentissage
adaptatif qui permet à n’importe qui, n’importe où de publier du contenu. Ça peut être un éditeur,
un professeur en particulier, ou n’importe qui entre les deux. et il produit un cours qui va être
personnalisé de manière unique pour chaque étudiant, en se basant sur ce qu’elle sait et comment
elle apprend le mieux. Le manuel du futur sera distribué sur des appareils connectés. Ça signifie
que le volume incroyable de données que les étudiants ont déjà produit, lors de leurs études, sont à
présent à portée de main et utilisables. Donc Knewton et tous les dérivés de Knewton peuvent
déterminer des choses comme ; vous apprenez les maths plus efficacement le matin entre 08h32
et 9h14. Vous apprenez les sciences plus efficacement par tranches de 40 minutes. À partir de la
42e minute, votre taux d’attention commence à baisser, nous devrions mettre ça de côté pour le
moment et vous diriger vers quelque chose d’autre qui vous maintient attentif. Ce travail intense
Il faut voir cette vidéo sur le possible futur de l'apprentissage sous-titré... http://www.readability. com/articles/ez0dnrwh
2 sur 6 14/03/2013 18:08

137
de 35 minutes, que vous faites tous les jours pendant la pause déjeuner : vous n’en retenez rien ;
allez plutôt traîner avec vos amis, et vous ferez ce travail l’après midi quand vous serez plus disposé
à apprendre. Vous apprenez mieux ceci avec des questions courtes; mieux celà avec des questions
compliquées et difficiles. Nous devrions vous soumettre à nouveau ces informations dans quatre
jours pour une mémorisation optimale. Et voici exactement les détails où vous allez batailler
quand vous ferez vos devoirs ce soir, parce que vous n’avez pas appris certains concepts
nécessaires à cet exercice. Et nous pouvons, en temps réel, allez chercher le petit bout de cours
particulier, du mois dernier, ou de l’an dernier, et de manière transparente le placer sous vos yeux,
pour que vous n’ayez pas à batailler. Nous pouvons prédire les échecs à l’avance et éviter qu’ils ne
se produisent. Nous allons nous émanciper de ce modèle aliénant, parfois ennuyeux et parfois
frustrant où tout le monde reçoit exactement la même chose, au même moment, rigoureusement
dans le même ordre et avec le même niveau de difficulté. Pour la moitié de la classe, c’est trop
difficile, et pour l’autre moitié, c’est trop lassant. On va proposer aux élèves qui ont le meilleur
niveau les outils les plus stimulants. Cela leur permettra de libérer leur potentiel d’une manière
innovante. Mais pour chaque enfant, quelles que soient ses difficultés, il existe une voie vers la
réussite. Cela pourra prendre un peu plus longtemps, mais il existe toujours une voie vers la
réussite. Et le système devient aussi de plus en plus performant à mesure que plus de gens s’en
servent. Les différentes stratégies sont en compétition entre elles pour être réintroduites au sein de
la génération suivante, de façon à ce que la stratégie qui est la plus efficace pour vous, une fois
déterminée, n’importe quel enfant pourra ensuite profiter de cette stratégie. C’est complètement
nouveau. Quand l’automobile a été inventée, ce n’est pas ce que les gens attendaient : ils
demandaient des chevaux plus rapides. Et les gens ne demandent pas encore vraiment Knewton,
car il ne savent pas encore ce que c’est, mais une fois qu’ils l’auront vu et essayé, alors ils
l’adopteront tout de suite.
Stephen Heppell : On dit que l’éducation évolue très lentement. Mais tout à coup, il suffit d’être
connecté. Ca change tout ; ça change les modalités de contribution, votre cerveau peut contribuer à
distance.
Sugata Mitra : C’est une chose d’être assis là, dans le labo multimédia, et de discuter du futur. Je
vais souvent dans des endroits aussi différents que possible d’un labo multimédia. Et je me
demande, quelle est la valeur de toutes mes idées, ici. Mais il y a une grande raison d’avoir de
l’espoir. Où que j’aille, la toute première chose que je demande, ou que je vérifie avec mon
téléphone, c’est si la bande passante est suffisante pour avoir accès à Internet. Et en plein milieu de
la jungle, parfois je constate qu’il y a toujours une connexion. Et je sais que tout ce que je dis peut
aller n’importe où, et de la même manière. C’est une question de temps.
Lois Mbugua : La connectivité est réellement en train d’ouvrir le monde. Si vous connectez un
village, par exemple Bonsaaso, les élèves peuvent alors réellement communiquer avec d’autres
élèves, par exemple à Londres. Cela signifie qu’il peuvent commencer à voir le monde autrement.
Éduquez un jeune, et vous éduquez une nation.
Margaret Kositany : “Connecter pour Apprendre” est un partenariat entre Ericsson, l‘“Earth
institue” de l’université de Columbia, et la “Promesse du Millénaire”. Il y a deux aspects : cela
fournit des bourses d’étude au filles, et “Connecter pour Apprendre” donne aux élèves des
ordinateurs et un accès à internet, et leur montre comment s’en servir et comment récupérer des
informations. L’éducation était limitée à ce que le professeur pouvait dire aux élèves, et le
professeur s’appuyait sur un petit manuel scolaire, ou quelques rares livres, de sorte que
l’enseignant n’était pas très impliqué. Maintenant il est possible d’avoir accès à beaucoup
d’informations et les enfants discutent et échangent des informations, vous voyez qu’ils ont
beaucoup plus de sujets de discussion, car ils ont le sentiment d’être plus impliqués. Et les enfants
sont plus confiants.
Lois Mbugua : Ils ont l’énergie, ils ont toute la vie devant eux, et ils sont sur le point de
commencer quelque chose de plus grand/à penser plus globalement. Si on leur apporte la
connectivité, ils sont en fait capables de faire des transactions et ils peuvent commencer de petites
affaires/choses, qui vont les transcender. Donc, je dirais qu’il s’agit en fait de l’ouverture de nos
Il faut voir cette vidéo sur le possible futur de l'apprentissage sous-titré... http://www.readability. com/articles/ez0dnrwh
3 sur 6 14/03/2013 18:08

138
villages, de notre pays, et de tout le continent.
Margaret Kositany : Nous sommes en train de le mettre en oeuvre dans autant de pays que
possible en Afrique, et aussi en Amérique du Sud. Il est possible de le développer à l’échelle de
n’importe quel pays.
Seth Godin : La manière dont nous résolvons les problèmes captivants consiste à faire des
erreurs, et des erreurs, et encore des erreurs, jusqu’à ce que nous réussissions. Et si vous avez eu
l’occasion de parler à des gens qui ont réussi, de fait, la chose qu’ils ont presque tous en commun,
c’est qu’ils ont essuyé une centaine d’échecs avant de réussir. Et ce qui les distingue des gens qui
ne réussissent pas, ça n’est pas le fait qu’ils ont réussi, c’est qu’ils ont échoué plus que les autres.
Jose Ferreira : Je ne suis pas certain que les écoles puissent se permettre de dire : “nous devons
nous perfectionner, afin de préparer le plus de gens possible à correspondre à ce système qui
repose sur l’expérimentation.”
Stephen Heppell : C’est inimaginable, dans une société où l’on s’assoit pour passer un examen
en se disant j’espère qu’il n’y aura pas de questions-pièges dans l’énoncé ; pendant que les
professeurs pensent j’espère que je l’ai bien préparé pour tout. Comment cela pourrait-il préparer à
un monde où chaque jour apporte son lot de questions-pièges. Un monde où la surprise est
partout : dans l’économie, dans la société, dans la politique, dans les inventions, dans la
technologie. Chaque jour est une surprise. L’apprentissage nous prépare à faire face aux surprises,
l’éducation nous prépare à faire face aux certitudes. Alors qu’il n’y a pas de certitudes.
Sugata Mitra : Le professeur occupe une place entre l’enfant et l’éducation classique, en
essayant de faire en sorte que l’enfant se confronte au système. Et jusqu’à ce que ce système
s’écroule ou disparaisse, il/elle a un un rôle incroyablement compliqué qui consiste à maintenir la
curiosité de l’enfant éveillée, tout en lui déclarant ; écoute, lorsque tu auras seize ans, tu devras
commencer à mémoriser certaines choses, de manière à ce que tu puisses aller t’asseoir pour
passer un examen, que tu le réussisses et que tu termines ta scolarité correctement.
Seth Godin : Je ne connais personne qui passe d’examen standardisé pour gagner sa vie.
Pourquoi donc utilisons-nous les examens standardisés pour vérifier si vous allez être bons alors
qu’il n’y aura plus d’examens standardisés après que vous l’aurez passé ? Cette façon de faire a
contaminé la totalité de l’écosystème mercatique de l’éducation parce que les universités
renommées le sont parce qu’elles sont extrêmement sélectives au regard des résultats du
Scholastic Aptitude Test (test d’entrée pour les universités Américaines). Les parents veulent que
leurs enfants aillent étudier dans une université renommée. Ils poussent donc les écoles à
formater des élèves qui iront dans ces universités en obtenant de bons scores au SAT, ce qui
dénature totalement les fondements de l’éducation. Si l’on pouvait faire en sorte que les parents,
les enseignants, les enfants et les administrateurs aient cette discussion, qu’ils en parlent entre
eux, qu’ensuite aux conseils d’administration des écoles ou aux réunions décennales les questions
posées ne soient pas quels sont les résultats de vos élèves au SAT ? ; mais qu’on dise plutôt : le SAT
n’a aucun sens, le système d’universités renommées est une escroquerie. On doit créer quelque
chose de différent. Ce débat est possible. Ainsi le cours des choses pourra commencer à changer.
Daphne Koller : Coursera est une société d’entrepreneuriat social qui permet aux meilleurs
universités de partager leurs meilleurs cours afin que n’importe qui autour du monde, dans la
mesure où il possède une connexion internet, puisse jouir de l’accès à une éducation de qualité. À
ce jour, c’est-à-dire fin septembre, on compte un million et demi d’étudiants qui viennent de 196
pays, même si la manière de compter les pays reste un peu discutable. On a 195 cours qui
proviennent de 33 universités. Les cours les plus importants ont 130 000 inscrits, les cours moins
fédérateurs sont suivis seulement par environ 10 000 personnes ; naturellement, ils continuent à
se développer ; la plupart des cours n’a même pas commencé. Une classe moyenne, quand elle est
lancée, est composée d’à peu près 50 ou 60 000 étudiants inscrits. L’ampleur est intéressante
parce qu’elle permet de proposer un produit de grande qualité pour un coût différentiel par
étudiant assez bas, ce qui nous autorise à accepter des gens qui ne peuvent vraiment pas se
Il faut voir cette vidéo sur le possible futur de l'apprentissage sous-titré... http://www.readability. com/articles/ez0dnrwh
4 sur 6 14/03/2013 18:08

139
permettre de payer pour l’éducation et ainsi leur fournir une éducation gratuite. Une éducation
gratuite de la plus grande qualité, parce que les coûts par étudiant sont si bas. La pratique, chez
Coursera, c’est que le cours commence à une date donnée, et chaque semaine, l’étudiant a accès à
de nombreuses rubriques. Chaque rubrique est un cours en vidéo, mais une vidéo interactive ;
c’est-à-dire que vous ne restez pas assis là, pendant une heure, à regarder une vidéo, vous avez la
possibilité d’interagir avec la vidéo. Il y a des contrôles rigoureux et significatifs de diverses
catégories ; pas juste des questions à choix multiples, mais des exercices bien réels et approfondis.
Et il y a une communauté d’étudiants avec laquelle interagir, à qui poser des questions, afin
d’obtenir des réponses d’étudiants suivant le même cursus. Ainsi on a un meilleur apprentissage à
travers l’aide réciproque, aussi bien qu’un échange social, de sorte qu’on a une réelle impression
d’appartenir à une communauté d’étudiants autour de cette activité intellectuelle. Les gens nous
demandent souvent si les universités appartiennent désormais au passé, si les universités vont
disparaître… et je pense avec certitude que ce n’est pas le cas. Il y a quelque chose de formidable à
l’idée de réunir des gens dans un endroit où des interactions fortuites peuvent voir le jour. Un
endroit où on peut avoir un tutorat en face-à-face entre un étudiant et un instructeur, où les
étudiants peuvent se parler entre eux, créer ensemble et apprendre à débattre d’idées. Cette
expérience sur un campus physique n’a pour le moment aucun équivalent virtuel effectif. Notre
but ici, et je pense qu’il faut être pragmatique sur ce sujet, n’est pas nécessairement d’ouvrir la
voie, ni de donner un équivalent à des étudiants qui n’ont pas actuellement accès à ce à quoi les
étudiants fortunés de Princeton ont accès. Ce qui serait réellement un but enviable, mais qui n’est
pas forcément quelque chose que nous pouvons accomplir dans un délai aussi court. Ce que nous
aimerions faire, c’est amener ces deux extrêmes à faire considérablement mieux que ce qu’ils
peuvent faire actuellement, même s’ils ne se retrouvent pas égaux en fin de compte. Si nous
améliorons beaucoup les choses, à la fois pour les étudiants du campus, et ceux qui n’y ont pas
accès actuellement accès, je pense que nous aurons fait une chose géniale.
Seth Godin : Alors voyons comment les révolutions fonctionnent. Les révolutions détruisent le
parfait et permettent l’impossible. Elles ne passent jamais d’un coup de “tout va bien” à “tout va
bien”. Il y a beaucoup d’interférences entre les deux. Quand on observe le milieu musical :
l’Internet a d’abord détruit les maisons de disque. Et cela permet seulement maintenant aux
musiciens indépendants d’être entendus.
Jose Ferreira : L’éducation a tendance à évoluer par paliers, donc quand, effectivement, ça
évolue, le changement est explosif. le mouvement qui va d’avant l’imprimerie à après l’imprimerie
est une seule et même transition dans l’Histoire du monde, en termes d’éducation. L’éducation en
ligne va bientôt être ainsi. Et nous voulons être sûrs, en tant qu’espèce, que l’espèce humaine fait
bien les choses.
Daphne Koller : Une des révolutions que nous nous apprêtons à voir est : comment l’éducation
est de moins en moins un pourvoyeur de contenu parce que ça va être une denrée disponible,
espérons-le, elle va être accessible pour tous dans le monde entier. Et une partie beaucoup plus
importante que ce que nous pensions de l’éducation est en route pour revenir aux origines de
l’enseignement. Celle où l’éducateur engage la conversation avec les étudiants et les aide à
développer leurs compétences intellectuelles, leur capacité à la résolution de problèmes, et leur
passion pour la discipline. Le genre de choses qui sont bien plus faciles à faire dans un face à face
et qui sont vraiment très dures à faire avec un format en ligne, mais pour lesquelles l’expérience
des universités, comme nous la connaissons c’est : vous êtes à la bonne place pour ce genre de
développement de compétences.
Seth Godin : Maintenant ce que je veux voir des écoles c’est : amener les enfants à la vouloir.
Créer un environnement où les enfants sont sans repos jusqu’à ce que leur besoin d’informations
soit satisfait.
Sugata Mitra : A chaque fois que j’ai une bonne question, j’obtiens un engagement immédiat. Je
pense qu’un professeur doit rester en arrière et dire quel est le sujet du jour. Ouvrez vos cahiers et
découvrez le vous-mêmes.
Il faut voir cette vidéo sur le possible futur de l'apprentissage sous-titré... http://www.readability. com/articles/ez0dnrwh
5 sur 6 14/03/2013 18:08

140
Seth Godin : Ce dont nous avons besoin, ce sont des professeurs qui vont regarder les gens dans
les yeux et qui vont croire en eux, et les pousser à aller de l’avant, et c’est dur de faire ça sur
Internet. Ça doit vraiment être fait en face de la personne.
Stephen Heppell : L’école a décidé d’être meilleure car elle voit les enfants devenir meilleurs. Et
les professeurs… Que dit leur t-shirt ? Il dit : “on est là pour le résultat, pas pour le salaire !” Les
professeurs sont là car ils peuvent voir le changement chez leurs élèves. Si vous ajoutez tous les
enfants de l’histoire du monde, plus d’enfants vont quitter l’école dans les 30 prochaines années
qu’ils ne l’ont fait au cours de toute l’histoire. Si je devais changer une seule chose, j’améliorerais
juste un peu leur éducation. Et ça changerait l’histoire plus que tout le reste.
Original URL:
http://www.framablog.org/index.php/post/2012/11/06/the-future-of-learning-vostfr
Il faut voir cette vidéo sur le possible futur de l'apprentissage sous-titré... http://www.readability. com/articles/ez0dnrwh
6 sur 6 14/03/2013 18:08

141
Cyborgs
Les ordinateurs, notamment dans leur version
portable (tablettes, smartphones, laptops,..)
font de nous des humains augmentés,
capable d’accéder à la connaissance dans
des délais très courts,
L’Internet des objets, aujourd’hui
essentiellement concentré dans la domotique
ou les transports est en passe de se
généraliser et pourra nous suppléer encore
plus fortement,
Les progrès technologiques permettront
demain des prothèses affordantes,
La médecine peut profiter des aujourd’hui du
numérique, notamment pour tout ce qui
concerne le suivi médical,
Nous sommes en train de devenir cyborgs

142
de Michel Lévy-Provençal
Tous cyborgs ?
Par Les Echos | 15/01 | 07:00
L'homme est un cyborg depuis la nuit des temps. Evidemment, pas ce cyborg que les
auteurs de science-fiction fantasment à longueur de romans et de grosses productions
hollywoodiennes ; mais un cyborg plus silencieux, moins visible, bien plus réel. Un cyborg
est un organisme auquel on a ajouté des composants exogènes pour lui permettre de
mieux s'adapter à l'environnement. Vous lisez cet article lunettes sur le nez ?
Littéralement, vous êtes un cyborg. Il existe des cyborgs encore plus évolués, bien sûr,
comme les spationautes ou les champions des jeux paralympiques.
Avec l'avènement des technologies de l'information, l'impact sur l'être n'est plus physique
mais bel et bien cérébral. Le réseau est devenu une extension de notre cerveau. Vous en
doutez ? Pensez à ces notes, ces courriels ou ces listes de tâches stockées dans votre
smartphone, votre ordinateur ou vos serveurs. Si soudainement vous les perdiez,
ne perdriez-vous pas une part de votre mémoire ? Je vous l'accorde, dans le langage
courant, les cyborgs évoquent plutôt ces êtres hybrides, ces monstres dotés de
dispositifs sophistiqués aux facultés physiques et mentales extraordinaires.
Extraordinaires, dites-vous ? Non, les avancées technologiques qui sortent des
laboratoires incitent à penser que ces facultés vont devenir presque banales. A force
d'accélération des évolutions technologiques et avec l'avènement des NBIC
(nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives), la donne
changera à l'horizon 2030-2040. Aujourd'hui, un dispositif de calcul à 1.000 dollars permet
d'atteindre la capacité cognitive d'un insecte, voire d'une souris. Vers 2020, cette
puissance devrait croiser celle du cerveau humain. Que se passera-t-il dix ou vingt ans
plus tard ?
Selon certains scientifiques, nous avons déjà changé d'ère pour entrer dans
l'anthropocène : une nouvelle époque géologique causée par la main de l'homme et non
par les forces naturelles. De la même façon, notre capacité à manipuler le vivant nous
fera-t-elle lentement changer d'espèce ? Nous avons encore quelques années à attendre
pour le savoir...
Michel Lévy-Provençal
Michel Lévy-Provençal est président de TEDxParis et PDG de Joshfire.
A LIRE AUSSI
La douce insouciance européenne
ShareShare
Tous cyborgs ?, Chroniques http://www.lesechos.fr/imprimer.php
1 sur 2 14/03/2013 18:16

143
- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -
Sommes-nous encore autonomes ?
Posted By Hubert Guillaud On 19/9/2012 @ 7:00 In Articles,Communication
interpersonnelle,Confiance et sécurité,Débats,Identité numérique | 8 Comments
A l’heure où l’électronique s’intègre dans presque n’importe quel objet (des voitures aux appareils
électroménagers, aux vêtements que nous portons…) e t se connectent sans fil sur le web, nous
entrons dans l’ère de l’internet des objets, explique l’éditorialiste Christine Rosen pour The New
Republic
[1]
. Un monde où nos interactions quotidiennes avec les objets du quotidien laissent une
trace de données, de la même manière que le font déjà nos activités en ligne. “Avec l’internet des
objets, nous sommes toujours (et souvent sans le savoir) connectés à l’internet, ce qui apporte
des avantages évidents en terme d’efficacité et de personnalisation. Mais cela accorde également
aux technologies de nouveaux pouvoirs, pour nous persuader ou nous obliger à nous comporter
de certaines façons.”
“La pratique de la technologie est toujours en avance sur la théorie, c’est pourquoi nos points de
référence culturels en la matière proviennent plus de la science-fiction que de la philosophie”,
estime la journaliste. C’est peut-être pourquoi nous sommes dans une illusion persistante sur la
neutralité de la technologie. “Si l’on en croit ce raisonnement, nos iPhone et les pages Facebook
ne sont pas le problème, le problème est de savoir comment nous choisissons de les utiliser. Si
l’on suit cette perspective, nous serions toujours autonomes, libres de mettre de côté nos
technologies et de nous livrer à un Sabbat numérique chaque fois que nous le choisissons”.
Poutant, comme l’explique le philosophe hollandais Peter-Paul Verbeek
[2]
(@ppverbeek
[3]
) dans
son dernier livre – Moraliser la technologie : comprendre et concevoir la moralité des objets
[4]
-,
ce n’est déjà plus le cas.
A qui devons-nous attribuer la responsabilité de no s actions ?
Les technologies peuvent ne pas avoir d’esprit ou de conscience, affirme Verbeek, mais elles sont
loin d’être neutres. Elles nous “aident à façonner notre existence et les décisions morales que
nous prenons, ce qui leur donne indéniablement une dimension morale”. A l’heure où de plus en
plus de nos activités sont médiées par la technologie, à qui devons attribuer la responsabilité de
nos actions ?
S’appuyant sur les théoriciens de la technologie comme Don Ihde (
Wikipédia
[5]
) et Bruno Latour,
ainsi que sur les travaux de Michel Foucault, Verbeek propose une approche
“postphénoménologique” qui reconnaît que nos actions morales et nos décisions sont devenues
une affaire conjointe entre les humains et les technologies. L’échographie par exemple, explique
Christine Rosen, a transformé notre expérience de l’enfant à naître. Conçue pour améliorer notre
connaissance médicale, l’échographie a généré involontairement de graves dilemmes moraux.
“”Cette technologie n’est pas simplement un moyen fonctionnel pour rendre visible un enfant à
naître”, affirme Verbeek, “elle contribue activement à façonner la manière dont l’enfant à naître
nous est humainement connu.” Cette expérience est à la fois d’une grande transparence et d’une
grande abstraction. Nous voyons l’enfant comme quelque chose de distinct de sa mère : le ventre
devient un “environnement”.”
La technologie modifie fondamentalement non seuleme nt ce que nous voyons, mais aussi la
qualité et la quantité des choix qui nous sont proposés. Dans le cas d’une interruption de
grossesse par exemple, la technologie joue un rôle actif dans les questions morales et fixe
désormais le cadre pour y répondre. Comme demain le décodage par la technologie des signaux
non verbaux dont nous ne sommes pas nécessairement conscients
[6]
, transformera le cadre par
lequel nous comprenons le monde.
Nos machines exercent-elles un contrôle sur notre l ibre arbitre ?
“Que nos machines puissent exercer un contrôle sur notre prise de décision morale est une idée
impopulaire. Nous aimons nous considérer comme capa bles d’exercer notre autonomie sur les
choses que nous créons et les actions que nous entreprenons.” Nous voudrions bien pouvoir
continuer à nous accrocher à ce principe des Lumières, mais à une époque où les technologies
sont aussi omniprésentes et puissantes que les nôtres, nous devons déplacer la source de la
morale, estime Rosen à la suite de Verbeek. La raison humaine n’en est plus la seule origine.
Dans son livre,
Signaux honnêtes, Alex Pentland affirmait déjà
[7]
: “Nous ne ressemblons plus
aux êtres idéalisés, aux êtres rationnels imaginés par les philosophes des Lumières. L’idée que
InternetActu.net » Sommes-nous encore autonomes ? » Print http://www.internetactu.net/2012/09/19/sommes -nous-encore-autonome...
1 sur 6 14/03/2013 18:13

144
notre conscience, que la pensée individuelle est le facteur déterminant de notre comportement
peut désormais être considérée aussi folle que la vanité qui nous plaçait avant au centre de
l’univers.”
En 1997, BJ Fogg
[8]
(@bjfogg
[9]
) a inauguré à l’université de Stanford le Laboratoire des
technologies persuasives
[10]
, qui peuvent être vues comme un des modèles de la “moralité des
objets”. Les technologies persuasives prennent aujourd’hui sans cesse de nouvelles formes :
applications de téléphones mobiles, podomètres sophistiqués qui utilisent des stratégies familières
(comme les simulations ou le “renforcement positif”) pour nous permettre d’atteindre leurs
objectifs. Le conditionnement opérant
[11]
(qui utilise la technique du renforcement positif pour
modifier nos comportements) se manifeste dans nombr e de techniques de micropersuasion
utilisées par des sites comme Amazon ou eBay ou les classements encouragent un sentiment de
confiance entre utilisateurs, où la personnalisation vous accueille par votre nom, où nombre de
fonctions vous incite et vous persuade à revenir. Ces technologies savent également prendre des
formes moins subtiles et peuvent agir comme des dispositifs de surveillance efficaces, à l’image
d’HyGenius
[12]
un dispositif pour surveiller si vos employés (notamment dans la restauration ou
dans les services de santé) se lavent bien les mains.
[13]
Image
: BJ
Frog
présente la “captologie” à la conférence Meet The Media Guru en 2009
[14]
.
Les technologies persuasives sont plus efficaces, car elles sont persistantes, permettent de gérer
de grands volumes d’information et ont une mémoire, estime Christine Rosen. Une journaliste du
Boston Magazine qui a utilisé un smartphone pour perdre du poids
[15]
écrivait ainsi que son
téléphone “est devenu un entraîneur, un coach de vie, et mon confident. Il sait maintenant ce que
je mange, comment je dors, combien je dépense, comb ien je pèse et combien de calories je brûle
(ou pas) à la salle de gym chaque jour”.
“La littérature des technologies persuasives utilise autant le langage de la séduction que celui de
la persuasion. Ces technologies tentent activement de provoquer en nous une réaction
émotionnelle ou comportementale, qui peuvent être une expérience riche pour les personnes qui
ont besoin de motivation ou d’encouragement. Mais ces technologies dont l’objectif déclaré est la
persuasion interpersonnelle soulèvent également d’importantes questions relatives à la vie privée
et à l’autonomie”, rappelle Christine Rosen.
“Pour comprendre ces défis, Verbeek nous invite à nous tourner vers la conception et l’ingénierie
des objets technologiques eux-mêmes. Comme l’archit ecture du code a joué dans la création
d’internet pour Lawrence Lessig, Verbeek estime que tous les utilisateurs doivent être plus
engagés dans la lutte contre la façon dont ces technologies sont conçues et utilisées.”
Mais Verbeek n’explique pas comment, regrette Rosen. A quoi pourraient ressembler des
technologies développées démocratiquement ? Les utilisateurs mesurent-ils bien l’impact que de
nombreuses technologies ont sur eux ? Peut-on “cofaçonner” un environnement conçu par
d’autres justement pour vous empêcher de l’influencer ? Et ce, alors qu’il devient de plus en plus
difficile de refuser certaines technologies, nous ne pouvons plus toujours décider de nous retirer
InternetActu.net » Sommes-nous encore autonomes ? » Print http://www.internetactu.net/2012/09/19/sommes -nous-encore-autonome...
2 sur 6 14/03/2013 18:13

145
de ces environnements. Comment un travailleur d’un service alimentaire ou médical peut-il
“cofaçonner” quelque chose quand son employeur lui délivre un badge qui permet de mesurer le
nombre de minutes qu’il a passées à se laver les mains ? Les fabricants de ces technologies
sont-ils intéressés aux conséquences morales et psychologiques de leurs créations ?
Sommes-nous conscients de la mesure de soi ?
Verbeek exhorte également les concepteurs de ces technologies à réfléchir sur les conséquences
prévues et imprévues qui sont susceptibles de résulter de l’utilisation de leurs créations. “Mais
comment les techniciens qui fabriquent ces objets pourraient-ils être motivés à construire des
garde-fous éthiques ou à céder le contrôle aux utilisateurs, comme les y encourage Verbeek,
alors qu’ils ont jusqu’à présent montré bien peu d’intérêt pour les conséquences involontaires de
leurs créations ?”, interroge Christine Rosen, qui estime que la tension est de savoir si l’on veut
rendre ces technologies moins ou plus transparentes…
Un contributeur à l’ouvrage
le Nouveau quotidien
[16]
, un livre sur l’intelligence ambiante, appelle
ces technologies de la persuasion les “technologies de dématérialisation” et affirme : “C’est
sûrement plus proche de ce que nous voulons : la connaissance, l’excitation, le divertissement,
l’éducation, la productivité, le contrat social – sans l’importune proéminence de la technologie qui
les délivre.” Comme le partage sans friction de Facebook, les technologies persuasives seront plus
convaincantes lorsque nous ne réaliserons pas que nous les utilisons. Comme la technologie est
reléguée au second plan, il en va de même de notre volonté de les questionner. “Moins ces
technologies ressemblent à des biens ordinaires, plus elles sont à l’abri de tout examen.”
Les préoccupations de Verbeek sur la moralité des choses font partie d’un plus vaste débat sur
notre libre arbitre à une époque où les découvertes scientifiques et technologiques prétendent
offrir de nouvelles perspectives, estime Christine Rosen. “On nous dit que nos gènes nous
déterminent, que notre cerveau nous contrôle, que les vestiges de notre biologie évolutionniste
nous induisent en erreur. “Comment définissons-nous la responsabilité morale quand les
neuroscientifiques affirment que notre inconscient est le principal moteur de notre comportement
et que les ingénieurs en logiciel nous rappellent que leurs algorithmes sont supérieurs à notre
intuition ?”" Dans ce contexte, la conscience de soi semble mieux assurée par l’analyse de
données. La magie informatique paraît une meilleure réponse que la contemplation et
l’introspection.
Les données seront-elles notre nouvelle conscience ?
“La technologie a aidé l’homme à contrôler son environnement naturel. Maintenant, elle est la
“nature humaine” à laquelle les technologues, en toute confiance, proposent de nous soumettre.
Comme le déclare le site web du laboratoire des technologies persuasives de Stanford : “Notre
objectif est d’expliquer clairement la nature humaine et de cartographier les connaissances sur les
nouvelles possibilités de la technologie.”"
“En fait, ces nouvelles technologies séduisent souvent en invoquant quelque chose de beaucoup
plus banal : le langage de l’auto-amélioration. C’est peut-être la raison pour laquelle, nous
n’avons pas à ce jour, discuté publiquement et sérieusement de leurs conséquences, comme nous
l’avons fait sur l’énergie nucléaire. Les technologies actuelles semblent trop banales. Elles
semblent plus susceptibles d’améliorer que de bouleverser nos vies et la plupart d’entre elles ne
sont pas radicalement utopiques sur la façon dont leur utilisation va transformer ce que signifie
l’être humain. Leur objectif comme le décrit Pentland est la création de sociétés sensibles basées
sur l’analyse rationnelle des données. Et c’est un message plus attrayant et rassurant
qu’effrayant.”
“Nos technologies nous aident à apprivoiser nos appétits pour les calories ou les dépenses
excessives en agissant comme une sorte de conscience externe. Comme Ulysse lui-même
s’arrimant au mât de son navire pour éviter le chant des sirènes, ces nouveaux programmes et
dispositifs visent à contrecarrer nos désirs turbulents. Ils le font non par le renforcement de notre
capacité d’auto-contrôle, mais par son externalisation. Pourquoi méticuleusement compter les
points Weight Watchers d’un régime quand vous pourriez, dans un avenir proche, programmer
votre “maison intelligente” pour verrouiller le réfrigérateur et le garde-manger pour éviter le
grignotage de fin de soirée ?”
“Les technologies persuasives et l’intelligence ambiante promettent un monde où le contrôle sera
plus efficacement externalisé.
Ginger.io
[17]
est une application pour smartphone qui déclenche
une alerte quand il remarque que vous êtes restés à la maison plusieurs jours d’affilés où que
votre activité d’échange en ligne a baissé, en envoyant à votre médecin, à des proches ou à vous
mêmes un message pour vous prévenir des premiers si gnes de la dépression.”
“Il est un fait évident, mais rarement mentionné que l’attribution de l’intelligence dans ces
scénarios est toujours le fait des technologies et non des personnes qui les utilisent.
InternetActu.net » Sommes-nous encore autonomes ? » Print http://www.internetactu.net/2012/09/19/sommes -nous-encore-autonome...
3 sur 6 14/03/2013 18:13

146
Contrairement à nous, ils sont susceptibles de devenir “plus intelligents” avec le temps. Les
simulacres algorithmiques de l’empathie humaine sont l’avenir. En fin de compte, le but des
créateurs de l’intelligence ambiante, des technologies de persuasion et de l’internet des objets
n’est pas seulement de les rendre plus sensibles au contexte, de s’y adapter, de nous offrir des
réponses personnalisées en temps réel, mais de deviner nos besoins futurs (voir La capacité
prédictive de nos systèmes sociotechniques va-t-elle tuer notre libre arbitre ?
[18]
). Comme un
collaborateur du Nouveau Quotidien le note, finalement ces technologies visent à “anticiper vos
désirs sans médiation consciente”. C’est le summum de l’efficacité : voir ses besoins et désirs
prévus et les vicissitudes de futures possibles expériences contrôlées.”
Notre jugement est-il déjà façonné par les algorith mes ?
“Les philosophes doivent-ils suivre cette vision ?”, s’interroge Christine Rosen. “Les êtres humains
sont les produits de la technologie tout comme la technologie est un produit des êtres humains”,
écrit Verbeek. “Les promoteurs de l’intelligence ambiante et des technologies persuasives
souhaitent identifier, quantifier et tracer tout ce qui concerne l’expérience ordinaire dans l’espoir
d’améliorer la vie des gens”, souligne Christine Rosen. Mais en externalisant tant d’aspects de
notre vie quotidienne à la technologie, nous faisons un choix moral. Nous remplaçons le jugement
humain par des algorithmes programmés qui appliquen t leurs propres normes et les normes de
notre comportement, habituellement dans le but d’une plus grande efficacité, d’une plus grande
productivité et d’une vie plus saine.”
“Mais en révélant comment fonctionne la machine hum aine, ces technologies sapent une qualité
humaine cruciale (même si elle est souvent décriée) : la tromperie de soi”, estime Christine
Rosen. “Bien sûr, la tromperie de soi est inefficace. Elle pose des problèmes – ce qui explique
pourquoi les technologues voudraient la remplacer par l’apparente honnêteté des données, qui,
une fois traitées, promettent de nous connaître mieux que nous-mêmes. Mais être humain est
une affaire compliquée. Faire preuve de jugement et de maîtrise de soi, apprendre les normes
sociales complexes qui signalent un comportement acceptable sont aussi les choses qui nous
rendent humains. Nous ne devrions pas avoir besoin ou envie de compter sur un capteur pour le
faire pour nous. Les hypocrisies quotidiennes et les compromis qui rendent la vie supportable
(même s’ils ne sont pas toujours honnêtes) sont précisément ce que l’intelligence ambiante et les
technologies persuasives espèrent éliminer. Le droit de ne pas savoir certaines choses (comme
c’est le cas des tests génétiques, du droit à l’oubli…) est aussi d’une importance cruciale (si ce
n’est plus) à notre époque que la poursuite vorace d’information et de transparence.”
En “améliorant” qu’allons-nous perturber ?
“Or, Verbeek est d’accord avec les technologues pour dire que la tromperie de soi est intéressante
à contrôler ou à éliminer”. Ce qui n’est pas si sûr, estime Christine Rosen. “Il ne s’intéresse pas
non plus à une question plus large : est-ce parce que nous pouvons faire quelque chose que nous
devrions le faire ? Si quelque chose est possible, est-elle pour autant souhaitable ? Dans The
Demon Forlorn, le poète
Allen Tate
[19]
déclare : “Nous ne pouvons plus demander “est-ce juste
?”. Nous demandons : “est-ce que cela fonctionne ?”"
“Dans notre engagement avec la technologie, nous devrions passer plus de temps à répondre à la
première question, alors que nous vivons des vies toujours plus médiatées qui nous demandent
sans relâche une réponse à la seconde”, conclut Christine Rosen.
La technologie doit-elle nous aider à mieux comprendre les relations interpersonnelles ? Doit-elle
nous aider à les “améliorer” ? Et en les améliorant, qu’allons-nous perturber ? Si demain nous
sommes plus conscients des signaux non verbaux que nous échangeons de manière souvent
inconsciente, qu’est-ce que cela va modifier dans nos interactions sociales ? Cela va-t-il juste
“améliorer l’efficacité de nos échanges” ? Changer nos relations sociales ? En s’immisçant toujours
plus intimement, les technologies se proposent de changer notre rapport aux autres et à
nous-mêmes… Sauf qu’on a tendance à ne vouloir en v oir que le côté positif, pas les dégâts que
ces changements vont produire.
Hubert Guillaud
8 Comments To "Sommes-nous encore autonomes ?"
#1 Comment By
fm On 19/9/2012 @ 9:01
Algorithmes, données, computation,… tout cela n’est pas simple.
InternetActu.net » Sommes-nous encore autonomes ? » Print http://www.internetactu.net/2012/09/19/sommes -nous-encore-autonome...
4 sur 6 14/03/2013 18:13

147
electriclove.info
Les outils technologiques électroniques que nous possédons dans nos maisons sont d’une telle
sophistication qu’ils peuvent rendre des services insoupçonnés, dont les scientifiques n’osaient
même pas rêver il y a moins d’une décennie.
C’est le cas de l’iPad, dont la caméra est si sensible qu’un logiciel peut en interpréter les images
pour déterminer le rythme cardiaque d’un individu et sa fréquence respiratoire.
Vital Signs de Philips
La société néerlandaise Philips, qui
possède une forte expertise des
systèmes d’imageries médicales
professionnelles, vient de rendre
disponible une application de ce type
pour le grand public.
Elle se prénomme Vital Signs et il ne
vous en coûtera que 0,79 euros pour
pouvoir vérifier en quelques secondes
votre pouls, et l’envoyer via Facebook à tous vos amis !
Cela peut paraître un peu gadget aujourd’hui, mais on peut imaginer les futures applications d’une
telle technologie, par exemple pour la surveillance à distance des personnes âgées isolées. Il
suffirait d’une webcam pour s’assurer que votre grand-mère cardiaque va bien, et en cas d’alerte
des secours pourrait être immédiatement dépêchés sur place.
C’est bien l’objectif du groupe néerlandais, qui cherche à commercialiser des licences d’utilisation
de cette technologie. La version iPad n’est donc qu’un début.
Remonter à la source :
Vital Signs Camera App of Philips
Original URL:
http://www.electriclove.info/2011/big-brother-veille-sur-votre-sante/
Big Brother veille sur votre santé — www.electriclove.info — Readability http://www.readability.com/articles/kzo34ihz
1 sur 1 14/03/2013 18:14

148
McKinsey Quarterly / Rédaction / October 12th, 2011
SYNDICATED FROM
McKinsey Quarterly
health and medical research technology adoption
Avec le vieillissement de la population et la transformation de pathologies aiguës en maladies
chroniques, le nombre de patients va grandissant. La dernière génération d'appareils
médicaux pourrait aider à les soigner à domicile plutôt que de les envoyer dans des
établissements spécialisés. Cela représenterait des économies substantielles pour les systèmes
de santé publique. Pourtant, ce marché est loin d'avoir exprimé tout son potentiel.
Prenons l’exemple des Etats-Unis. Les soins à domicile y représentent environ 3% des
dépenses de santé du pays, soit 68 milliards de dollars par an. Le marché progresse d’environ
9% par an: une croissance solide mais sans être remarquable, d’autant que la main d’œuvre –
principalement des infirmières et des auxiliaires de vie – représente environ les deux tiers des
dépenses, et que la surveillance à domicile n’en représente qu’une toute petite partie. Ce
développement relativement modéré du marché s’explique par un nombre significatif
d’obstacles financiers et opérationnels: non alignement des organismes fournisseurs et
payeurs, nécessité de repenser la proposition de valeur clinique, et d’imaginer des produits
attractifs et facilement utilisables par les patients.
Les nouvelles technologies jouent un rôle central dans l’expansion du marché des soins à
domicile. Historiquement, la majeure partie des équipements de santé à domicile se
composait de matériel médical durable: déambulateurs, fauteuils roulants, barres murales,
tapis de sécurité etc. Ces équipements ont rendu possibles les soins à domicile de base, mais
ne pouvaient se substituer à des centres de soins spécialisés aux capacités bien plus
sophistiquées, comme la présence d’infirmières de garde dans les établissements de longue
durée. Ces dernières années, cependant, de nouvelles technologies ont fait leur apparition et
peuvent permettre d’introduire des soins de pointe au cœur même des foyers des patients, que
ce soit par des moniteurs connectés à Internet, des applications médicales sur téléphones
mobile, ou encore la télémédecine. L’usage de ces technologies se développe chaque jour à
travers le monde.
L’utilisation des technologies du maintien à domicile ouvre des perspectives prometteuses
pour ralentir la progression des dépenses de santé. Néanmoins, bien au-delà de l’aspect
économique, le principal apport des soins à domicile est de permettre aux plus âgés de vivre la
période de soins au sein de leur propre foyer, ce qui leur procure souvent, ainsi qu’à leurs
proches, un bénéfice moral. Parmi les conditions de succès d’un tel dispositif, les acteurs du
secteur doivent développer des modèles de remboursement plus équitables, afin qu’il y ait des
incitations à contribuer au développement du marché. Les fabricants d’appareils médicaux
doivent pour leur part se concentrer sur des technologies faciles d’utilisation, avec un impact
L'avenir du high-tech médical à domicile http://www. paristechreview.com/2011/10/12/avenir-high-tech-medical...
1 sur 6 14/03/2013 18:14

149
réel et mesurable sur l’état des patients.
Toutes les parties prenantes, fabricants d’équipements médicaux, assureurs, médecins,
hôpitaux, régulateurs, doivent avoir une vision claire de ces enjeux afin d’optimiser
l’investissement dans les soins à domicile. La croissance de ce marché, tant à l’échelle locale
qu’internationale, représente une opportunité pour tous les acteurs.
Les bénéfices de l’utilisation des technologies de pointe
L’objectif des technologies du maintien à domicile – fourniture de diagnostics ou de thérapies
au domicile du patient – est de prévenir ou de réduire le besoin de soins au sein
d’établissements spécialisés, permettant ainsi d’alléger la charge financière, mais surtout
affective et morale qu’ils impliquent pour le patient et son entourage. Leur efficacité découle
du fait que certaines maladies chroniques, notamment, sont mieux traitées par la surveillance
et par des interventions à domicile, plutôt que dans des environnements spécialisés.
Bien sûr, le segment des plus de 65 ans constitue le gros de la population des soins à domicile
et alimente la croissance du marché. L’expérience des soins vécue par cette population passe
principalement par quatre environnements: leur résidence, les maisons de retraite, les
établissements de soins intensifs (les hôpitaux) et les établissements consacrés à la prise en
charge de longue durée, tels que les maisons de repos, avec infirmiers de garde, ou les
établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD en France).
Habituellement, les patients passent d’un établissement à un autre en fonction de facteurs
cliniques ou économiques. En effet, passer de son foyer à un espace consacré à l’aide à la
personne, comme une maison de repos, est typiquement lié à une baisse progressive des
capacités cognitives ou physiques; passer de chez soi ou d’une maison de repos à un lieu de
convalescence active est généralement dû à un événement accidentel, comme une fracture ou
une crise cardiaque; enfin, passer de chez soi, d’une maison de repos ou d’un centre de soins
actifs à un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes est souvent lié à
une difficulté clinique ou financière (par exemple, un diagnostic de démence sénile ou autre
maladie chronique, ou une insolvabilité).
Le principal intérêt des soins high tech à domicile est de prévenir ou retarder le moment où
les patients glissent vers un stade de médicalisation intensive ou de longue durée. Bien sûr, les
technologies utilisées dans les soins à domicile ne peuvent pas couvrir tous les facteurs
pouvant conduire à de telles situations – par exemple, un traumatisme dû à un accident de
voiture échappe à leur champ d’action. Les pathologies susceptibles d’être traitées avec succès
par une médicalisation technologique à domicile répondent à trois critères:
. elles sont chroniques et durent plusieurs années (plutôt que quelques jours ou quelques
mois);
. elles peuvent être prévenues ou traitées par des protocoles faciles à suivre et à reproduire,
via des instructions étape par étape, pour que des personnes n’appartenant pas au corps
médical puissent accomplir les bons gestes;
. elles ne sont pas de nature intensive (elles ne nécessitent pas une attention ou une
surveillance humaine 24 heures sur 24).
Le diabète, l’hypertension, l’insuffisance cardiaque congestive, les maladies pulmonaires
obstructives chroniques tout comme la prévention des fractures sont des pathologies à forte
prévalence qui répondent à ces critères: les soins à domicile de pointe sont particulièrement
adaptés dans ces cas.
Choisir le bon modèle économique
Aux Etats-Unis, les technologies de maintien à domicile n’ont jusqu’ici été adoptées avec
L'avenir du high-tech médical à domicile http://www. paristechreview.com/2011/10/12/avenir-high-tech-medical...
2 sur 6 14/03/2013 18:14

150
succès que dans quelques environnements spécifiques: les systèmes intégrés d’acheteurs et
fournisseurs tels que Kaiser Permanente (à travers sa filiale KP OnCall) et les centres
médicaux du ministère américain des Anciens Combattants (US Department of Veterans
Affairs), à travers son programme Care Coordination/Home Telehealth. Or l’intérêt de ces
programmes est de plus en plus reconnu: une étude menée en 2008 pour évaluer Telehealth a
révélé que les hospitalisations avaient diminué de près d’un cinquième grâce à ce programme,
alors que son coût était jusqu’à deux fois moins élevé que celui des alternatives.
Au vu du gisement d’économies qu’elles représentent, pourquoi le recours aux technologies du
maintien à domicile est-il si peu répandu? Nous avons identifié huit facteurs de succès,
pouvant être regroupés en trois catégories. Ces huit facteurs doivent être réunis
simultanément pour qu’un modèle soit économiquement viable. Les nouveaux entrants sur le
marché des technologies du maintien à domicile ont tout intérêt à porter un regard critique
sur leur offre, afin de vérifier que ces conditions font partie intégrante de leur modèle.
Les conditions financières
1. L’alignement des fournisseurs de soins et les organismes payeurs. Les remboursements
d’hospitalisations épisodiques pour des patients souffrant d’insuffisance cardiaque congestive,
par exemple, ne sont pas alignés avec ceux des programmes de soins high tech à domicile
gérés depuis l’hôpital: chaque patient que l’on peut maintenir à domicile génère donc moins
de revenus pour les hôpitaux. Une raison essentielle de la réussite du modèle intégré payeurs-
fournisseurs (tels que celui du US Department of Veterans Affairs) dans la médicalisation high
tech à domicile est leur modèle de remboursement par capitation – l’indexation est calculée
par patient et par an – de sorte que chaque patient qui évite l’hospitalisation représente un
bénéfice global.
Les parties prenantes, notamment les payeurs et les fournisseurs, doivent coopérer pour
s’assurer que les incitations à recourir aux technologies appropriées sont alignées. Cela
implique soit de créer de nouveaux modèles de remboursement, comme subventionner
directement l’utilisation de technologies médicales à domicile, soit d’adapter des modèles
existants, avec par exemple des remboursements groupés couvrant un ensemble complet
d’activités cliniques à travers divers centres de soins.
2. Le rapport coût – utilité. Le retour sur investissement des technologies de soins à domicile
doit être clair pour les patients et, lorsqu’il ne s’agit pas d’eux-mêmes, pour les organismes
payeurs. Par exemple, les logiciels personnels de suivi de santé destinés aux patients
individuels restent impopulaires parce que chaque utilisateur doit renseigner manuellement
un grand nombre d’informations, alors même que les bénéfices qu’il en tire restent ambigus. A
l’inverse, si les glucomètres personnels, qui mesurent la concentration de sucre dans le sang,
ont connu un franc succès, c’est parce que l’utilité qu’ils apportent au patient est évidente et
immédiate.
Facteurs d’efficacité
3. Un impact significatif. Une technologie de soins à domicile doit faire pencher la balance
dans l’évolution clinique d’un patient médicalisé; si, à l’inverse, elle se contente de fournir des
informations qui ne peuvent changer le cours de la maladie ou la progression du traitement, sa
valeur est négligeable. La surveillance du poids d’un patient souffrant d’insuffisance cardiaque
congestive, par exemple, alertera très efficacement les cliniciens d’une aggravation imminente
de cette pathologie. En revanche l’interprétation qu’on fera à la maison n’est en rien utile si
une nouvelle douleur thoracique survient chez un patient en convalescence de crise
cardiaque: dans ce cas, la seule marche à suivre reste de se rendre à l’hôpital.
L'avenir du high-tech médical à domicile http://www. paristechreview.com/2011/10/12/avenir-high-tech-medical...
3 sur 6 14/03/2013 18:14

151
4. Une fonction d’activation. La simple observation ou le signalement d’un événement n’est pas
suffisant: toute technologie de soins à domicile doit être accompagnée d’une possibilité
d’action – que ce soit celle d’un dispositif, d’une infirmière ou du patient lui-même –
lorsqu’une intervention est nécessaire. Si en effet l’intervention d’une infirmière provoquée
par une prise de poids alarmante chez un patient en insuffisance cardiaque congestive est une
action efficace, l’affichage d’une page Web autonome indiquant la récente prise de poids d’un
patient tout en le laissant ce dernier seul juge du diagnostic est évidemment inefficace.
5. Le rapport au temps. Les technologies des soins à domicile doivent être suffisamment
rapides et fiables pour guider la prise de décisions ou déclencher une intervention. Un
accéléromètre porté en permanence, par exemple, détectera rapidement une chute; en
revanche, cette capacité échappera à l’appel téléphonique quotidien automatisé qui vérifie si
un patient est tombé chez lui.
6. Le fonctionnement en boucle fermée. Une technologie doit contenir une boucle de
rétroaction fermée, afin de pouvoir mesurer des progrès par rapport aux objectifs et de
vérifier si des actions efficaces ou des traitements ont réellement eu lieu. Sans cette
dimension, la valeur réelle d’une technologie ne peut être ni démontrée, ni mesurée, ni
optimisée. Une technologie qui, par le biais d’un appareil porté sur soi, fait remonter de
l’information sur les activités physiques d’un patient en convalescence directement vers le
dossier médical cybernétique d’un fournisseur fonctionne donc en circuit fermé. A l’inverse,
une technologie qui renseigne ce même niveau d’activité physique d’un patient dans un
système, cette fois-ci extérieur et nécessitant une authentification électronique indépendante
pour le fournisseur, fonctionne, elle, en protocole ouvert. En l’absence d’un processus
ininterrompu, la remontée d’informations peut être négligée ou non détectée du fait de la
discontinuité des données. Pour remplir les critères d’un processus en boucle fermée, une
technologie de soins à domicile doit être très étroitement associée à des processus et des outils
garantissant que les mesures atteignent bien leurs destinataires en temps réel, et sur un mode
aisément visualisable.
Facteurs d’accessibilité
7. Fonctionnalité. Les technologies doivent être fonctionnelles et compréhensibles pour les
utilisateurs au bon endroit et au bon moment; une interface utilisateurs mal conçue ou un
appareil que l’on ne peut déplacer peuvent rendre un équipement inutilisable. Par exemple,
un tensiomètre sans fil porté chez soi est immédiatement accessible, tandis que le tensiomètre
sur socle d’une pharmacie de quartier l’est nettement moins. En outre, si une technologie n’a
été testée que sur des populations spécifiques, ou dans des conditions particulières (comme
les essais cliniques), il est capital de vérifier qu’elle pourra être transposée à plus grande
échelle et dans des conditions réelles.
8. Répétition. Une technologie doit être utilisée fréquemment, en principe au moins une fois
par jour, tout au long d’une maladie chronique, les technologies utilisées trop peu souvent ne
parvenant pas à susciter des habitudes nouvelles chez les usagers à domicile, et finissent par
être oubliées ou ignorées. Se peser sur une balance électronique est un geste facile à répéter
jour après jour lorsqu’on souffre d’insuffisance cardiaque congestive. En revanche, un appareil
effectuant une seule fois par an un examen de l’œil pour des patients diabétiques a une utilité
trop intermittente pour justifier un usage domestique.
Ce que l’avenir nous réserve
Les années à venir verront vraisemblablement des changements significatifs dans le domaine
de la médicalisation high tech à domicile. Pour que celle-ci soit plus largement adoptée, deux
facteurs sont décisifs.
L'avenir du high-tech médical à domicile http://www. paristechreview.com/2011/10/12/avenir-high-tech-medical...
4 sur 6 14/03/2013 18:14

152
La réforme des systèmes de santé. Dans une période de tensions budgétaires générales, il est
peu probable d’imaginer une augmentation de la couverture des soins à domicile. Le Bureau
du Budget du Congrès américain estime par exemple que le Affordable Care Act de 2010 va
représenter une économie cumulée de 39,7 milliards de dollars au cours de la prochaine
décennie sur les remboursements fédéraux des soins à domicile. Les payeurs, quant à eux,
vont probablement se tourner vers des formes de paiement par tête plutôt que par service, et
vers des modèles à risques mutualisés, dans l’espoir d’inciter les fournisseurs à subventionner
les équipements technologiques et les services de soins à domicile.
Des intérêts divergents entre payeurs et bénéficiaires constituent un frein important au
développement des technologies de soins à domicile. Les patients ne seront susceptibles d’en
bénéficier qu’à condition que les efforts de réforme parviennent à accélérer une synergie entre
incitations, par exemple, à travers la création d’organismes de soins vérifiables (Accountable
Care Organizations ou ACO aux Etats-Unis, des groupes de prestataires de soins coordonnés)
ou à travers des paiements groupés entre organismes payeurs et prestataires. La diffusion des
technologies de médicalisation à domicile dépend directement de cette concertation, car les
filières qui reposent sur une main-d’œuvre qualifiée de personnel médical – pharmaciens,
infirmières et médecins – sont les plus vulnérables en matière d’emploi face au
développement prochain des technologies de soins à domicile.
Un accroissement des bases des données disponibles. Alors que plusieurs programmes pilotes
de soins à domicile technologiquement assistés ont été lancés au cours de la dernière
décennie, les données se sont accumulées sur la valeur clinique et les retours sur
investissement. Dans certains cas, les programmes pilotes de soins technologiques à domicile
ont connu un succès incontestable; dans d’autres, ils n’ont pas su faire leurs preuves.
Alors que la fraude reste un sujet de préoccupation majeur (le contrôleur général du
Government Accountability Office américain a estimé à près de 48 milliards de dollars les
demandes d’indemnisation irrégulières remboursées par le programme de santé Medicare
pour l’exercice 2010, y compris les dépenses d’oxygénothérapie et autres demandes liées aux
soins à domicile), le développement de ces technologies pourrait servir la lutte contre la
fraude.
Nous voyons dans les soins à domicile technologiquement assistés un potentiel de
développement significatif. En effet, la charge combinée du vieillissement de la population et
la progression des maladies chroniques annoncent un marché important et voué à se
développer. Pour cela, les parties prenantes doivent désormais trouver les bons modèles de
remboursement et s’assurer que les technologies qui arrivent sur le marché font vraiment la
différence, tant pour le patient qu’en fonction des objectifs de résultats.
——
Basel Kayyali est directeur associé au bureau de McKinsey New Jersey, où Zeb Kimmel est
consultant et Steve Van Kuiken, directeur associé senior. Les auteurs tiennent à souligner la
contribution de Bob Kocher, Jeffrey Lewis, et Arsalan Tavakoli-Shiraji pour l’élaboration de
cet article.
Cet article a été publié à l’origine en anglais dans le McKinsey Quarterly Review,
www.mckinseyquarterly.com. Copyright McKinsey & Company. Tous droits réservés. Traduit
et republié sur autorisation.
More on paristech review
On the topic
L'avenir du high-tech médical à domicile http://www. paristechreview.com/2011/10/12/avenir-high-tech-medical...
5 sur 6 14/03/2013 18:14

153
Les centenaires seront-ils les quinquas de demain?By ParisTech Review on August 23rd, 2011
Le flop d’une technologie : pourquoi certaines technologies n’accrochent-elles pas?By
ParisTech Review on April 14th, 2010
By the author
Médias sociaux : six compétences que tout dirigeant se doit de maîtriseron March 8th, 2013
Les systèmes d’information au défi de la mobilitéon October 22nd, 2012
Vers une élaboration ouverte de la stratégie?on May 25th, 2012
This content is licensed under a Creative Commons Attribution 3.0 License
You are free to share, copy, distribute and transmit this content
73 rue Sainte-Anne 75002 Paris, France - Email : [email protected] / Landline : +33 1 44 50 32 89
L'avenir du high-tech médical à domicile http://www. paristechreview.com/2011/10/12/avenir-high-tech-medical...
6 sur 6 14/03/2013 18:14

154
presse-citron.net
by K EVI N
Vendredi 18 mai
Robots - 18 mai 2012 :: 07:00 :: Par Kevin
Cathy Hutchinson, tétraplégique de 58 ans, a pu déguster un café par elle-même, comme bon lui semblait ou plutôt…
comme elle le voulait. En effet, malgré sa paralysie, elle a contrôlé un bras-robot par la pensée.
C’est un petit séisme pour le monde de la science, une bouffée d’espoir pour des millions de personnes. Après des
années de recherche, l’Université Brown (en collaboration avec le Département américain des Anciens conbattants)
vient de publier dans le magazine Nature du 16 mai dernier les fruits de leur travail, qui s’avèrent la plus grande
avancée neuroprosthétique jamais réalisée.
En 2004, la même équipe de chercheurs avait permis à un homme de déplacer un curseur de souris par la pensée
(expérience semblable au système Brindisys). L’exploit de Cathy Hutchinson de porter un verre à sa bouche réside
dans le fait d’avoir fait bouger le bras-robot dans l’espace, et non plus « en 2D », sur un écran. Le mouvement a été
généré par les signaux de son cerveau, lesquels, après avoir été captés par une micro-puce implantée, étaient traduits
dans un langage que la neuroprothèse pouvait interpréter.
Cette expérience est donc une ligne de plus à ajouter à l’aventure cybernétique, dans laquelle l’éthique vient de plus en
plus se frotter aux prouesses technologiques et humaines. Encore récemment, une femme paralysée des membres
inférieurs parvenait à terminer une course de 42 kilomètres à l’aide de « jambes bioniques. »
Leigh Hochberg (le neurologiste à la tête de cette étude), lui, est formel :
Et John Donoghue, neurobiologiste également, d’ajouter :
« Quand cette femme victime d’un AVC a réussi à atteindre ce thermos plein de café et l’a mis à sa
bouche, pour ensuite le reposer à sa place, le sourire sur son visage était significatif. »
« Nous aurons vraiment atteint nos objectifs lorsque quelqu’un qui a perdu sa mobilité [...] pourra
interagir pleinement avec son environnement sans que personne ne sache qu’il emploie une
interface cerveau-ordinateur. [Dans] moins d’une décennie. »
Diriger un bras robotisé par la pensée, c’est possible ! — www.presse-c... http://www.readability.com/ar ticles/w7bndhnr
1 sur 2 14/03/2013 18:15

155
sanscontact.wordpress.com
D EC . 13, 2 012
Objets connectés
La conférence LeWeb 2012 a eu le mérite de
mettre sur le devant de la scène médiatique le
sujet de l‘Internet des objets. La radio, la
presse écrite, les blogs se sont emparés du sujet et
ont relaté les différents produits et objets de la
conférence. Dans ce flot d’enthousiasme, certains
chroniqueurs sont restés sceptiques, ne voyant
dans ces objets connectés que gadgets de geek,
sans utilité réelle.
Les objets communicants ne sont pas nouveaux. Le concept de Communicator de Star Trek n’est
pas très différent de nos smartphones actuels et la tablette TV utilisée dans 2001 l’Odyssée de
l’Espace ou le Guide du Routard Intergalactique ne sont pas très éloignés de nos tablettes. Ces
objets ont bien sûr depuis longtemps dépassés le stade de gadgets pour devenir indispensables.
Dans l’internet des objets, l’objet connecté le plus connu est certainement le Nabaztag, le premier
lapin connecté et première star médiatique de l’industrie. Nous avons également le réfrigérateur
connecté à Internet qui se remplit tout seul en passant commande de ce qui manque et plus
récemment la machine à laver se programmant également toute seule en reconnaissant le type de
vêtements introduits dans son tambour. Il existe même un produit commercial permettant
d’appairer correctement des « chaussettes dites intelligentes » taguées grâce à une application
iPhone. Ces produits marquent les esprits, les média et les conférences mais on peut douter de leur
utilité réelle.
Sur la conférence, parmi les objets connectés présentés, il y avait le pèse-personne connecté
Withings, Nest, un thermostat « intelligent », Muse, un bandeau « intelligent », Fitbit, un autre
pèse-personne Wi-Fi et autres coachs électroniques et LifX des ampoules connectées. Certains
d’entre eux comme les balances de Withings ou Fitbit, sont plus du ressort du « soi quantifié« ,
utilisant des capteurs pour capturer des données personnelles pour diverses raisons comme
l’amélioration des performances ou le suivi d’un régime alimentaire. Chacun de ses produits a
potentiellement son marché et son utilité.
Réseaux de capteurs (c) Inria
Ceci dit, comme nous l’avons déjà écrit sur ce blog,
l’Internet des objets sera multiple et donc cet internet
des objets, c’est bien plus que ces quelques objets
connectés, en particulier dans le domaine de la santé et
de l’écologie. Ce sont :
des améliorations de notre environnement (air /eau) grâce à des mesures de pollution
précises, localisées et économiques permises par de nouveaux capteurs de pollution, –
Waspmote de Libellium – Citoyens Capteurs
des arrosages de champs parfaitement dosés grâce à des capteurs d’humidité ce qui va
L'internet des objets sera bien plus sociétal qu'individuel — sanscontac... http://www.readability.com/ articles/j1aklnnd
1 sur 3 14/03/2013 18:15

156
entrainer une utilisation plus efficicace d’une ressource de plus en plus rare,
des incendies qui vont être maitrisés parce que l’alerte sera donnée à temps avec des capteurs
de fumée disposés aux endroits stratégiques,
des éruptions volcaniques détectées à temps grâce à des réseaux de capteurs déposés sur les
flancs du volcans (voir schéma ci-dessus et article),
des ponts et des bâtiments réparés voire évacués à temps parce que des capteurs auront
mesuré des faiblesses ou des défaillances dans les structures, (voir schéma ci-dessous et
article)
des accidents de la circulation évitées parce que les voitures connectées comme la « Google
car » seront plus attentives que nous le sommes,
de l’énergie économisée dans les consommations de chacun d’entre nous, à la maison ou au
bureau, d’eau, d’électricité, de gaz grâce au smartmeters, compteurs intelligents comme Linky,
des poches de sang dont l’intégrité sera garantie grâce à des capteurs de température et que le
chirurgien pourra donc utiliser avec confiance,
des médicaments dont l’authenticité et l’efficacité seront garantis par des puces RFID,
des enfants sauvés dans les contrées les plus pauvres et les plus reculées grâce à des mobiles
équipés de « testeurs » médicaux qui permettront de diagnostiquer plus rapidement et donc
agir.
Pont intelligent (c) Bloomberg
On peut même imaginer des capteurs qui, installés dans
nos corps, mesureront les taux vitaux de nos
organismes et préviendront notre médecin traitant à
temps pour des traitements plus légers et plus efficaces.
Sur ce dernier point, à tous ceux qui en lisant ces lignes ont pensé, « Quel cauchemar, jamais une
puce en moi« , nous rappellerons que des millions de personnes vivent plus longtemps grâce à des
stimulateurs cardiaques ou pacemakers, objets électroniques avec pile et sonde, implantés dans
leur corps.
Tous les projets ci-dessus existent ou sont en cours de déploiement. C’est cela aussi l’internet des
objets, pas simplement des objets connectés à usage personnel comme présentés à la conférence
LeWeb (1), mais des produits au service de tous sur la planète. Des millions de vies vont être
améliorées, prolongées et sauvées grâce à un ensemble de technologies rassemblées sous ce terme.
L’internet des objets est et sera personnel et commercial mais comprendra une dimension
sociétale et planétaire, dans les domaines de la santé et de l’écologie, dimension qui est la vraie
raison de l’importance de son déploiement.
A suivre
Pierre Métivier
(1) En plus des objets cités précédemment, il y avait, à la conférence LeWeb, au moins deux sociétés
qui participent à cet internet des objets plus global, sen.se et Sigfox dont nous avons déjà parlées
dans ce blog
Pour aller plus loin
Livre
Comptes rendus – Le Web 2012
WordPress:
J’aime Chargement...
L'internet des objets sera bien plus sociétal qu'individuel — sanscontac... http://www.readability.com/ articles/j1aklnnd
2 sur 3 14/03/2013 18:15

157
- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -
“Quand les produits communiquent “, ou le retour du frigo RFID
Posted By Jean-Marc Manach On 6/11/2006 @ 15:49 In Brèves,eBusiness,Economie et
marchés,Rfid,Services | 1 Comment
Depuis septembre, vingt familles danoises reçoivent chaque semaine un panier ménager dont la
particularité est que tous les aliments sont dotés de puces RFID. Le projet, intitulé Helpful Food of
the Future
[1]
(l’alimentation utile du futur), est financé par le ministère des sciences et
technologies danois, et géré par l’Innovation Lab
[2]
.
Son objectif : créer un lien direct entre le producteur et le consommateur, offrir des services et
informations que ni les intermédiaires, ni les emballages, ne peuvent fournir, et leur permettre,
par le biais de l’internet ou de SMS, de “pouvoir, à tout moment, communiquer
[3]
avec leur
réfrigérateur“.
Les producteurs pourront ainsi obtenir une traçabilité totale de leurs produits, et les
consommateurs connaître dans les détails le trajet suivi “de la ferme à leur table“. Ils accèdent à
une documentation complète concernant les labels, autorisations et contrôles sanitaires afférents
(encore que le projet ne précise pas si producteurs et consommateurs ont accès aux mêmes
informations et si la transparence va dans les deux sens).

[4]
Outre des recettes de cuisine et des informations plus précises sur les valeurs nutritionnelles, les
particuliers pourront également être alertés des dates de péremption de la bouteille de lait, du
moment le plus opportun pour faire cuire leur steack, des risques d’allergies et rappels de
produits.
Les consommateurs pourront également se servir de l’etiquette du produit pour envoyer un
“feedback” aux producteurs, qui, de leur côté, pourront en profiter pour leur faire des suggestions
d’achat, ou encore co-gérer leurs listes de course. Au final, c’est toute la chaîne traditionnelle de
distribution des biens de consommation qui s’en trouve raccourcie, permettant à ces deux acteurs
de ne plus dépendre des intermédiaires.
Voir aussi, sur ces mêmes sujets :
. La maison du futur et les nanotechnologies
[5]
. Adam Greenfield : l’informatique ambiante, “objet social involontaire”
[6]
. L’internet ambiant au défi du réel
[7]
. Sun teste la maison Internet à haut débit
[8]
1 Comment To "“Quand les produits communiquent “, ou le retour du
frigo RFID"
#1 Comment By
polus On 6/11/2006 @ 22:29
InternetActu.net » “Quand les produits communiquent“, ou le retour du f... http://www.internetactu.net/2006/11/06/quand-les-produits-communique...
1 sur 2 14/03/2013 18:16

158
Amateurs
«Les quidams ont conquis
Internet»
Patrice Flichy
• artistes en herbe
•fans
• malades
• business angels du dimanche
•bricoleurs

159
rslnmag.fr
NO V. 2 2, 2 010
(Visuel : L'extension des « espaces de réception créatrice » : quand les fans détournent les
productions manga Naruto, via la pratique du cosplay).
Et si on laissait de côté, quelques minutes, la discussion sur la qualité des contributions des
non-professionnels en ligne pour mieux comprendre les ressorts qui les poussent à participer ?
Voilà la proposition, simple, formulée par Patrice Flichy, professeur de sociologie à
l’université Paris-Est Marne-la-Vallée et directeur de la revue Réseaux, dans Le sacre de
l’amateur, publié en novembre 2010, dans la collection La République des Idées (éd. Le Seuil).
Elle lui permet d'examiner cette question dans des perspectives plus lointaines, et, surtout,
détachées des habituelles passions entretenues par les inconditionnels de l’UGC - comme de de
ses contempteurs.
Nous vous proposons un passage en revue de quelques-uns des points abordés dans son
ouvrage par Patrice Flichy, sorte de mise en bouche avant la rencontre que nous organisons, ce
mardi 23 novembre chez Microsoft, dans le cadre des Rencontres RSLN, avec Andrew Keen.
– Les postulats de départ –

Oublié le débat blogueurs vs journalistes, dépassé celui du Wikipédia vs Britannica,
ringardisé celui techtoc.tv vs A vous de juger (au hasard) : Patrice Flichy ne cherche pas à
apporter une pierre de plus au débat révolution vs contre-révolution numérique. Le constat, de
toute façon, est posé dès les premières lignes : « Les quidams ont conquis Internet », écrit Patrice
Flichy.
C’est donc uniquement de l’évolution des pratiques amateurs dont il est question dans
REGARDS SUR LE NUMERIQUE | Qui sont donc les amateurs : l'analy... http://www.readability.com/articles/ 2vws0yhk
1 sur 5 14/03/2013 18:21

160
l’ouvrage. Soient celles comprises dans un espace que Flichy définit avant tout en creux, comme
un « entre-deux » :
« Le monde l’amateur que j’étudie dans ce livre est moins celui du mélange que celui de
l’entre-deux. L’amateur se tient à mi-chemin de l’homme ordinaire et du professionnel, entre le
profane et le virtuose, l’ignorant et le savant, le citoyen et l’homme politique »
Et Internet, dans son ouvrage, tient plus de l’outil que de l’objet mythifié, paré d’a
priori positivistes :
« Internet facilite cet entre-deux : il fournit à l’amateur des outils, des prises, des voies de passage.
[…] Sur Internet, l’amateur peut non seulement acquérir des compétences, mais aussi les mettre en
œuvre sous différentes formes.».
Ces deux définitions posées, la « filiation » intellectuelle revendiquée de Flichy sur la question
s’écarte logiquement des thèses développées par « les prophètes du web 2.0 », pour se situer en
complément « des penseurs qui se sont intéressés aux compétences ordinaires de tout un chacun ».
Et Flichy de citer notamment Richard Sennett (en photo ci-dessus), sociologue
américain contemporain, enseignant à la LSE, et fervent pratiquant des récits de vie - voir une très
bonne présentation de son dernier ouvrage « Ce que sait la Main. La culture de l’artisanat », sur le
blog homo-numericus.
Patrice Flichy étudie successivement les évolutions des pratiques amateurs dans trois
domaines : les arts, la chose publique, et la connaissance. Son travail est nourri d’exemples
concrets, principalement piochés dans des travaux de mémoire d’étudiants qu’il a manifestement
dirigés (honnêteté à saluer en ces temps où le copier-coller universitaire semble progresser
!) : la lecture est du coup agréable, concrète. Nous reprenons cette structure en vous proposant un
exemple - tiré de l'ouvrage - pour chacun des chapitres.
– Les arts –
Un mot revient à plusieurs reprises dans ce chapitre pour présenter les possibilités
offertes au public des amateurs par le numérique : le « braconnage ». Ce terme n’est pas à
entendre en tant que déviance à la règle, au droit, mais dans un sens bien plus large. Celui de la
marge de « réception créatrice » dont dispose l’amateur, qui, au passage, gagne un nouveau titre : «
fan ».
Car, entre modèle économique et pur effort de conceptualisation, Internet semble
REGARDS SUR LE NUMERIQUE | Qui sont donc les amateurs : l'analy... http://www.readability.com/articles/ 2vws0yhk
2 sur 5 14/03/2013 18:21

161
présenter une vertu clef aux yeux de Flichy : celui d’une extension de cet « espace de réception
créatrice » :
« L’ère numérique remet en cause le fonctionnement de la culture populaire industrielle, qui
imposait que l’œuvre soit consommée sous la forme choisie par l’éditeur. Les fans retrouvent, au
contraire, les pratiques de la culture préindustrielle où les contes pouvaient être réappropriés en
permanence par les auditeurs et les lectures. Ainsi, le remix n’appartient plus à l’éditeur, mais au
fan. Celui-ci ne prend pas seulement plaisir à consommer, mais à lire, écouter ou regarder comme
bon lui semble. »
C'est dans ce chapitre que le texte de Flichy se confronte le plus aux analyses
sociologiques traditionnelles. Ainsi, Flichy soutient-il que le numérique remet en cause l’analyse
sociologique classique du fan, basée sur une grille de lecture « bourdieusienne ». Soit celle,
largement partagée aujourd’hui en sciences sociales, qui voit en lui un « représentant d’un public
dominé asservi à la culture de masse et, plus particulièrement, aux produits à grand succès ».
Un exemple : les détournements et les émulations collectives de « la communauté virtuelle des
fans du manga Naruto sur Dailymotion », analysée par Erika Antoine dans un mémoire
universitaire [non disponible en ligne]. Cette communauté réalise des clips à partir d’images issus
dudit manga, dans la plus pure tradition de « l’Anime Music Video » (AMV).
Petit exemple de production ci-dessous, visionnée à plus de 130.000 reprises :
Et de discussions passionnées sur la question, sur le forum AMV.
Commentaire de Patrice Flichy :
« Les plateformes [de partage vidéo] permettent de donner une visibilité aux pratiques créatrices
qui touchent aujourd’hui un public de masse. […] Les clips postés sur le site sont commentés : les
auteurs reçoivent ainsi […] jugements […] conseils, pour réaliser tel ou tel effet, […] etc. . Il s’agit là
d’une communauté d’apprentissage mais aussi […] de jugement et d’audience ».
– La chose publique –
Enfin, un peu de nuance ! Reconnaître Internet comme le lieu d’une « forme modeste mais
capitale » d’action publique n’est pas si courant : les analyses sur ce sujet ne font souvent pas dans
la nuance.
Passant en revue les deux formes que peut revêtir Internet en matière politique – «
dispositif d’expression et débat public » et « nouvelle configuration d’action » - Patrice Flichy
REGARDS SUR LE NUMERIQUE | Qui sont donc les amateurs : l'analy... http://www.readability.com/articles/ 2vws0yhk
3 sur 5 14/03/2013 18:21

162
reconnaît que « les registres d’action politique portés par Internet ne s’inscrivent pas dans la
dynamique traditionnelle d’une action pérenne », qui reste celle « des partis ou des syndicats ». Et
que toutes les « nouvelles formes démocratiques, même équipées avec les derniers outils
informatiques, sont loin d’occuper une place centrale dans la vie publique. »
Néanmoins, la « démocratie réticulaire » - comprendre : en réseaux - peut prendre deux
visages bien réels :
Celui de « l’aiguillon, qui oblige les élus à tenir compte du citoyen en dehors des temps forts
électoraux ; [forçant] les journalistes à s’intéresser à d’autres événementsn moins évidents ou
moins visibles.»
Dans des situations « aujourd’hui plus restreintes », elle permet également au « citoyen
oridinaire, amateur branché sur ses réseaux informatiques, [d’acquérir] un vrai pouvoir : il
écrit sur des blogs qui deviennent des médias de référence, prend en charge des campagnes
électorales qui sortent des sentiers battus. »
Un exemple : #jeansarkozypartout. Mais si, souvenez-vous.
– La connaissance –
Un terme, qui n’est pas explicitement cité par Flichy, court tout le long de cette troisième
et dernière partie. Celui de crowdsourcing, ou la sous-traitance de certaines tâches aux
internautes.
Flichy lui substitue des notions plus conceptuelles - la recherche « en plein air », qui
repose sur « la colecte d’informations réunies par de nombreuses personnes dispersées dans des
espaces multiples [où l’amateur] trouve facilement sa place », la distinction entre « intérêt à » et «
intérêt pour », ou bien encore la « démocratie scientifique et technique ».
Mais, au fond, la place qu’attribue Flichy à l’amateur dans le domaine de la connaissance
est sans doute celle qui reste la plus restreinte : celle d’une expertise acquise « par l’expérience »,
qui ne substituera jamais à « l’expert-spécialiste ».
« Dans Wikipédia, l’amateur se contente de vulgariser des savoirs qu’il n’a pas élaborés ; […] dans
les sites d’échange sur la santé, les malades ne veulent pas se substituer aux médecins, mais mieux
collaborer avec eux pour prendre leur santé en mains », affirme-t-il par exemple.
Un exemple : Le site internet Patientslikeme, « modèle de construction participative de
connaissances médicales », sorte de plateforme de crowdsourcing de renseignements sur les
maladies rares, nourrie par des malades « anonymes » et qui fait l’objet d’une activité commerciale
REGARDS SUR LE NUMERIQUE | Qui sont donc les amateurs : l'analy... http://www.readability.com/articles/ 2vws0yhk
4 sur 5 14/03/2013 18:21

163
– en l’occurrence, la revente, par une entreprise, de résultats d’analyses sur les données collectées
à l’industrie pharmaceutique.
Décryptage de Patrice Flichy :
« Toutes ces expériences visant à construire un espace public de santé permettent […] de passer de
la juxtaposition d’un certain nombre de « je » […] à un « nous » capable de structurer des savoirs
ou de prendre des positions collectives. […] Le web a permis aux patients non seulement de faire
connaître à leur médecin les symptômes et souffrances associés à la maladie, mais de mettre en
contact des malades dispersés et dévalorisés. »
– Un point commun avec Andrew Keen : la nécessaire révolution des experts –
Quel point commun y-a-t-il alors entre un Keen, longtemps dénonciateur de la «
médiocrité » généralisée de l’UGC, et Flichy, l’universitaire des idées ? Eh bien il tient en un point.
Celui de la nécessité de nouveaux spécialistes.
Souvenez-vous ce que Keen nous disait à ce sujet :
« Dans « l’ancien monde » - celui du XXe siècle, on va dire – vous pouviez être un universitaire
perché dans votre tour d’ivoire, réfugié dans le douillet cocon de votre « chapelle », et professant
votre savoir à des étudiants respectant totalement votre parole. Je ne sais pas si c’est une bonne ou
une mauvaise chose, je ne me situe pas sur ce terrain là, mais une chose est sûre : aujourd’hui, cette
attitude n’est plus tenable, vous devez apporter votre autorité par la preuve plus que par le statut.
La hiérarchie ne fait plus l’expertise, c’est la compétence qui la révèle. »
Et lisez à présent les dernières lignes de l’ouvrage de Flichy :
« La montée en puissance des amateurs peut […] être profondément déstabilisante pour les
experts-spécialistes. Il est difficile pour l’enseignant d’avoir en face de lui des élèves qui contestent
son savoir au nom d’informations recueillies dans des encyclopédies en ligne. […] Ces nouveaux
rapports sociaux obligent le spécialiste à changer de position et de ton : ne pouvant plus imposer
son savoir par des arguments d’autorité, il doit s’inscrire dans une relation plus égalitaire où il faut
expliquer, dialoguer, convaincre, tenir compte des objections de ses interlocuteurs. »
Sûr que l’on va en parler, ce mardi soir … .
> Visuels utilisés dans ce billet :
Naruto at Sakure-Con 2008, par heatbar, licence CC
The Craftsman, par Ars Electronica, licence CC
Naruto!, par Amigurumis, licence CC
Layer#5, par alinssite, licence CC
> Pour aller plus loin :
Tous nos articles sur les rencontres RSLN
Original URL:
http://www.rslnmag.fr/post/2010/11/22/qui-sont-donc-les-amateurs_l-analyse-
de-patrice-flichy.aspx
REGARDS SUR LE NUMERIQUE | Qui sont donc les amateurs : l'analy... http://www.readability.com/articles/ 2vws0yhk
5 sur 5 14/03/2013 18:21

164
- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -
La nouvelle science des amateurs
Posted By Rémi Sussan On 30/11/2011 @ 10:52 In Articles,Brèves,Communautés,Débats,Education
et formation,Santé | 5 Comments
La science est-elle le dernier bastion de la recherche individuelle ou devient-elle aussi l’enjeu des
nouvelles technologies de la communication ? Doit-elle s’ouvrir aux perspectives de l’intelligence
collective et adopter à son tour le “web 2.0 < ? C’était un peu l’enjeu des questions posées
mercredi 23 novembre à la faculté d’Orsay lors d’un séminaire du centre d’Alembert
[1]
où sont
intervenus François Taddei
[2]
(@FrancoisTaddei
[3]
) chercheur à l’Inserm, directeur du Centre
pour la recherche et l’interdisciplinarité
[4]
et responsable de l’initiative Universités X.0, et
Thomas Landrain (@t_landrain
[5]
), doctorant à l’Institut en biologie synthétique
[6]
et
cofondateur du biohackerspace de la Paillasse
[7]
.
Les nouveaux défis de l’éducation à l’heure des nou veaux défis de la
science
Comment passer du questionnement
individuel à l’exploration collective ? Beaucoup
s’inquiètent aujourd’hui des mutations de
l’enseignement supérieur. Tandis que le
nombre d’étudiants augmente, les contenus
des cours doivent voir leur qualité s’améliorer
dans des limites budgétaires de plus en plus
strictes, rappelle François Taddei. Là-dessus,
les jeunes sont de moins en moins nombreux
à vouloir poursuivre leur cursus dans les
sciences. “Nous devons être en mesure de
développer de nouvelles compétences, savoir
coopérer, nous montrer créatifs, critiques, et
ce, de manière constructive, car si en France
nous sommes doués pour la critique, celle-ci
se révèle beaucoup plus rarement
constructive”, a souligné Taddei. Un tel changement de paradigme est rendu en partie possible
par les nouvelles technologies. Un simple téléphone portable intègre aujourd’hui davantage de
puissance de calcul que la Nasa n’en possédait quand elle a envoyé l’homme sur la lune. Or
aujourd’hui, rien n’est plus facile que de transformer un téléphone en microscope en lui
incorporant des lentilles, voir d’en faire un labo portatif. Toute la question est de savoir quels
changements de telles technologies apportent-ils à la pratique de la science ?
Tout n’est pas uniquement question d’ordinateurs. La connaissance aussi s’accroit dans de folles
proportions . Depuis les années 1700, le nombre de journaux scientifiques s’est accru de manière
exponentielle. Ce qui nous éloigne de l’idéal du génie solitaire capable d’embrasser l’ensemble
des connaissances de son époque.
Aujourd’hui nul ne peut connaître “toute” la physique. De manière générale, personne ne maîtrise
tous les aspects d’un domaine : la seule solution consiste à s’inscrire dans divers réseaux
réunissant différents experts.
Il faut aussi compter avec des “robots scientifiques”, capables d’analyser les données, de planifier
l’expérience suivante. Mais forme-t-on les doctorants à s’adapter aux machines ?
Du jeu d’échecs à la recherche scientifique
Taddei s’est longuement penché sur le jeu d’échecs en tant que
métaphore du futur. Dans sa jeunesse, les joueurs battaient
relativement facilement les ordinateurs. C’était avant que Deep
Blue ne l’emporte sur Kasparov en 1996. Cette année-là, The
Economist titrait “Si votre métier ressemble à un jeu d’échecs,
changez de métier”.
Aujourd’hui l’existence de robots généticiens implique-t-il la
condamnation du travail scientifique ? Pas vraiment. Ainsi, après
sa défaite devant Deep Blue Kasparov a conduit diverses
InternetActu.net » La nouvelle science des amateurs » Print http://www.internetactu.net/2011/11/30/la-nouvelle-science-des-amateu...
1 sur 6 14/03/2013 18:24

165
expériences montrant comment nous pouvions interagi r avec les
machines. La première a déjà été abordée par Xavier de la Porte
dans les colonnes d’InternetActu
[8]
. Pour résumer, elle a établi
que le jeu d’échecs garantissait la victoire à la meilleure paire
homme-machine, pas au meilleur joueur ou à la meilleure
machine. Taddei a mentionné une autre expérience très
intéressante, car mettant en scène l’intelligence collective et
exposant simultanément ses limites et sa puissance. Il s’agit de
la compétition “Kasparov contre le reste du monde”
[9]
. Derrière
cette appellation plutôt comique (voire comics tant ce titre
évoque une BD de chez Marvel) se cache une expérience fascinante. Lors d’un match contre “le
reste du monde”, un maître d’échecs lutte contre une communauté de joueurs dispersés sur toute
la planète. Pour jouer, la communauté doit voter pour meilleur coup proposé.
Kasparov n’était pas le premier à lancer dans ce genre de tentatives. Karpov l’avait précédé, et
avait sans difficulté écrasé son adversaire multicéphale. La plupart des coups votés étaient
inférieurs à son niveau, et un petit pourcentage de propositions de coups n’était pas jouable.
Mais quelques années plus tard, Kasparov dut faire face à l’une des plus difficiles parties de sa vie.
Qu’est-ce qui avait changé entre temps ?
Un petit point de règle essentiellement. Dans le combat contre Karpov, le “reste du monde” ne
disposait en tout et pour tout que de 10 minutes pour voter. Contre Kasparov, il lui fut accordé 24
heures, ce qui laissait aux joueurs le temps de s’organiser. Parmi eux, une jeune championne de
15 ans qui avait mis au point une architecture logicielle permettant de comparer et coordonner les
propositions de coups des différents participants. Du 9e au 51e coup, ses conseils furent suivis par
la communauté et Kasparov se sentit gravement menac é. Au 52e coup, “le reste du monde”
négligea la suggestion de la demoiselle, et cette erreur permit à Kasparov de reprendre
l’avantage.
Cette histoire montre le passage entre la bêtise collective et l’intelligence collective, coordonnée,
organisée sans pour autant impliquer d’autorité centralisatrice, explique Taddei.
Ce pouvoir de l’intelligence collective, Taddei l’a découvert lors de ses recherches en biologie
moléculaire, alors qu’il étudiait l’évolution des bactéries et leur croissante résistance aux
antibiotiques.
Les micro-organismes se sont montrés capables non seulement d’évoluer pour survivre à leur
adversaire, mais de trouver de nouveaux moyens d’év oluer pour parer les attaques futures.
Comment ont-elles réalisé une telle performance ? Simplement en échangeant des informations.
De fait, le monde bactérien constitue un gigantesque réseau biologique de taille mondiale. Et cet
échange, précise Taddei, s’effectue sans ministère centralisé !
Taddei a cité de nombreux exemples de “science 2.0 <, comme cette collaboration entre des
membres de Patient Like Me et des chercheurs, qui contribue à invalider une hypothèse
scientifique. De toutes les manifestations de cette “science 2.0 < (au rang desquels on retrouvera
Foldit
[10]
), le cas le plus spectaculaire reste sans doute celui des plus jeunes auteurs d’une
publication scientifique
[11]
âgés de 8 ans à 10 ans. Il s’agit des élèves de l’école primaire de
Blackawton qui ont travaillé, sous l’égide de leur professeur, sur la reconnaissance des modèles
par les abeilles. Les enfants, en menant leurs propres observations et expériences, ont découvert
que les abeilles utilisaient une combinaison de couleurs et de relations spatiales pour décider
quelle fleur butiner. Au-delà de l’intérêt réel de leur étude, le point le plus notable est peut-être, a
affirmé Taddei, la conclusion de leur article, comme quoi “la science peut être cool et fun”.
François Taddei a terminé son intervention en présentant une compétition étudiante pour créer les
meilleurs jeux scientifiques dans la tradition de Foldit.
La nouvelle attitude scientifique, exploratoire, fun, procédant souvent un peu à l’aveuglette,
Taddei la nomme la “science de nuit”, en reprenant une expression du célèbre biologiste François
Jacob. Si la science de jour est celle des publications, des cours en amphi, la science de nuit,
tâtonnante, ludique, est un domaine auquel peuvent participer l’ensemble des citoyens, y compris
les plus jeunes.
DIYBio exploratoire et constructive
Thomas Landrain est venu présenter son nouveau hacke rspace,
la Paillasse
[7]
, premier du genre
en France. A ses yeux, il existe deux grandes raisons de se livrer à la “Do It Yourself Biology” : on
peut le faire pour des raisons idéologiques (en établissant en biologie un équivalent du libre en
informatique), ou simplement en tant qu’amateur, pour se former et pour le plaisir. Sa conférence
a surtout concerné les amateurs, pour qui le domaine de la science a toujours été un terrain de
jeu. Il existe déjà bien des hobbyistes en chimie, en astronomie, en conception de fusées. Une
illustration particulièrement impressionnante dans ce domaine est celui de cette recréation d’un
InternetActu.net » La nouvelle science des amateurs » Print http://www.internetactu.net/2011/11/30/la-nouvelle-science-des-amateu...
2 sur 6 14/03/2013 18:24

166
modèle à l’échelle du dixième de la fusée Saturne 5
[12]
(qui a servi à envoyer l’homme sur la
lune), et qui fut achevée et lancée en 2009.
Aujourd’hui la communauté DIYbio s’étend sur toute la planète. Elle est présente dans la plupart
des pays développés, bien sûr, mais fait notable, on la trouve également dans les pays en voie de
développement, où elle peut jouer un rôle tout à fait important. Un exemple en est un
hackerspace du Nicaragua qui a mis au point un procédé de distribution de médicaments par
inhalation. Certains produits sont en effet absorbés sous forme de vapeur et nécessitent un
système de masque assez complexe. Les hackers du Ni caragua ont pu mettre au point une
machine équivalente à bas prix en utilisant des petites pompes à vélo.
Thomas Landrain a divisé les activités de la DIYbio en deux grandes catégories : la biologie
exploratoire et la biologie constructive.
La première consiste à découvrir notre environnement et notre corps. Un exemple en est le projet
BioWeatherMap”
[13]
, qui consiste à cartographier, au fil des saisons, les organismes peuplant
certains microsystèmes d’une ville, comme observer la présence de bactéries sur un unique
pylône.
Une autre direction prise par la biologie exploratoire est la génomique personnelle, l’étude de nos
propres constitutions physiologiques ou génétiques. A noter que Jason Bobe
[14]
le créateur du
mouvement DIYBiology (qui a donné il y a une quinzaine de jours une conférence
[15]
au théâtre
de la Gaité Lyrique, sous la houlette de La Paillasse) est également l’un des acteurs principaux du
projet “Personal Genome”, déjà présenté dans nos colonnes
[16]
.
Car la génomique personnelle ne se limite pas à 23andMe
[17]
et consorts. Il faut parfois mettre
la main à la pâte. Certaines informations ne sont pas disponibles sur 23andMe, a expliqué Thomas
Landrain. Et de citer d’une jeune femme qui soupçonnait chez elle la présence d’une maladie
génétique l’hémochromatose
[18]
, dont son père était atteint. Le test médical coûtant trop cher,
elle a décidé de créer le sien propre.
A côté de la biologie exploratoire, on trouve la
“biologie constructive”. Cette activité consiste
essentiellement à fabriquer à bas prix des
outils généralement réservés aux laboratoires
haut de gamme de biotechnologie. Nous
avons déjà parlé d’openPCR, de LavaAmp ou
de l’Opengelbox
[19]
. Thomas Landrain a
également évoqué la “Dremelfuge”
[20]
une
centrifugeuse basée sur une simple perceuse.
Mais avant tout, et sur ce point, Thomas
Landrain rejoint les préoccupations de
François Taddei : la DIYbio est une “science de
nuit”, qui permet à des amateurs de
contribuer à la recherche. De fait, cette année, pour la première fois, un biohackerspace,
GenSpace
[21]
, comportant parmi ses participants des élèves de collèges et lycée, a pu participer
à la fameuse compétition de biologie synthétique IGEM
[22]
, réservée en général… aux
universités.
Certes, tout cela n’est pas sans susciter des inquiétudes, d’où la nécessité de mettre au point un
code éthique pour ces laboratoires d’un nouveau style. Plusieurs réunions du mouvement DIYbio
ont ainsi établi des règles de bonne conduite, une série de principes fondamentaux sur lesquels
baser leur activité. Au premier plan, la transparence, qui implique que toutes les activités dans ce
domaine doivent être intégralement publiées et documentées. Des aspects tout aussi importants
sont, entre autres, la mission éducative et l’accès ouvert à tous, sans oublier, bien évidemment,
l’exigence de ne se livrer qu’à des opérations sans danger.
Mais la réflexion éthique ne devrait sans doute pas rester l’apanage des biohackers, et l’État
devrait à son tour s’interroger sur la moralité de certaines de ses lois. Comment expliquer, a
rappelé Landrain, qu’aujourd’hui en France, demander un test à 23andMe pourrait
(théoriquement) coûter un an de prison et 15 000 euros d’amende ? Une loi qui partait certes au
début d’une bonne intention mais qui demanderait aujourd’hui à être révisée : en effet l’article
226-25
[23]
du code pénal ne fait pas la différence entre les test génétiques effectués pour soi
même ou sur un autre.
Naissance dun biohacklab français
InternetActu.net » La nouvelle science des amateurs » Print http://www.internetactu.net/2011/11/30/la-nouvelle-science-des-amateu...
3 sur 6 14/03/2013 18:24

167
En marge du séminaire, j’ai pu poser quelques questions à Thomas Landrain :
InternetActu.net : Comment vous est venu le désir d e créer la Paillasse ? Auparavant,
étiez-vous déjà en contact avec les groupes américa ins travaillant sur la DIYBio ?
Thomas Landrain : Ayant la chance de pouvoir m’épanouir tous les jours au sein d’un laboratoire
de recherche, j’ai d’abord voulu offrir la possibilité à chacun de vivre cette même expérience.
Nous nous sommes d’abord inspirés de la communauté DIYbio née aux USA et en s’appuyant sur
la communauté des FabLab et Hackerspace Français, tout particulièrement le /tmp/lab
[24]
et
l’Electrolab
[25]
, nous avons pu faire émerger le premier laboratoire ouvert français pour les
biotechnologies, la Paillasse. Nous sommes ensuite rentrés naturellement en contact avec le reste
de la communauté internationale, en particulier lors du processus de fabrication de notre code de
pratique et d’éthique, objet essentiel afin d’assurer la pérennité de nos activités.
InternetActu.net : Comment avez-vous trouvé le matériel nécessaire au travail
biologique ?
Thomas Landrain : Principalement via des dons d’équipements obsolètes venant de laboratoires
privés, publics ou particuliers. Nous avons bénéficié jusqu’à maintenant de l’aide matérielle du
Genopole d’Evry
[26]
et de la Mairie de Paris. Notre existence et nos activités ne sont aujourd’hui
possibles que grâce à ces apports extérieurs, nous ne les remercierons jamais assez.
InternetActu.net : Donc vous n’avez pas utilisé les outils “DIY” comme openPCR
[27]
,
n’êtes pas passé par Ebay, etc. ? Pensez-vous qu’il est vraiment possible aujourd’hui
de se livrer au “biopunk” avec des outils “bricolés ” ou “open” ?
Thomas Landrain : Nous n’avons pas eu besoin d’acheter une openPCR grâce aux dons de
matériel, mais il s’agit là d’une exception. La plupart des projets développés au sein du DIYbio
reposent sur la capacité de leurs créateurs à pouvoir recréer et détourner l’équipement leur étant
nécessaire. Nous sommes à peine capables d’imaginer à quoi ressembleront les biotechnologies
de demain, en prenant Steve Jobs comme référence, il n’est pas improbable que des amateurs
puissent à nouveau transformer le paysage technologique de leur génération grâce des structures
comme La Paillasse. Car au-delà de l’aspect ludique et pédagogique certain du DIYbio, nous
voyons apparaitre des technologies prometteuses comme des détecteurs d’arsenic dans l’eau
potable, des yaourts détectant des contaminations à la mélanine, de nouveaux moyens de
visualisation et de compréhension de nos données génomique, de nouvelles capacités à
comprendre notre environnement et le contrôler.
InternetActu.net jusqu’où, selon vous, les adeptes de la DIYBio peuvent-ils aller ? Faire de la
recherche fondamentale ? Mettre au point de nouveaux produits ou méthodes pour les pays
émergents ?
Thomas Landrain : Le DIYbio ne se destine pas à la recherche fondamentale par essence, mais
cherche plutôt à manipuler et utiliser le savoir engrangé par l’humanité pour l’appliquer au
développement d’outils et de technologies citoyennes. Des groupes équivalents à celui de La
Paillasse commencent à naitre au sein de pays en voie de développement et donc pauvres. Leur
existence est motivée par le développement de technologies biomédicales open-source pouvant
être facilement fabriquées et réparées. Ceci dans le but de faire ainsi baisser les couts de
maintenance des structures médicales sur place et leur dépendance aux technologies occidentales
souvent trop couteuses et dont les services après-ventes sont difficiles à maintenir.
InternetActu.net : Question inévitable sur la sécur ité : vous ne souhaitez travailler, je
crois, qu’avec des organismes inoffensifs. N’avez-v ous pour autant rencontré des
objections sur les risques que des groupes comme la Paillasse pourraient faire courir ?
Que répondez-vous en général ?
Thomas Landrain : La pratique sécurisée de la biologie est un point majeur sur lequel la
communauté repose, tous les laboratoires DIYbio sont classifiés Niveau 1 pour la biosécurité,
l’équivalent d’une cuisine commune en fait, c’est-à-dire que tous les échantillons biologiques que
nous manipulons sont entièrement inoffensifs pour l’Homme et son entourage. En pratique il s’agit
d’observer et d’utiliser des échantillons venant de notre environnement immédiat (notre corps, le
sol…). Rien de plus.
Propos recueillis par Rémi Sussan.
5 Comments To "La nouvelle science des amateurs"
InternetActu.net » La nouvelle science des amateurs » Print http://www.internetactu.net/2011/11/30/la-nouvelle-science-des-amateu...
4 sur 6 14/03/2013 18:24

168
LE 3 AVRIL 2011 STÉPHANIE VIDAL
Le chercheur Mark Suppes s'adonne à un loisir bien particulier, qui pose in fine la question
de l'alternative à la technique utilisée actuellement dans les centrales. Rassurez-vous, ce
n'est pas un savant fou.
Musique, voyages et fusion nucléaire
Depuis l’été 2010, Mark Suppes doit souvent rassurer les voisins de l’entrepôt qu’il a investi à
Bedford–Stuyvesant : “ne vous inquiétez pas, je ne ferai pas exploser Brooklyn.” Les travaux de
ce trentenaire hyperactif, chercheur obsessionnel et entrepreneur compulsif inspirent tantôt la
crainte, tantôt l’espoir mais toujours l’étonnement car son petit hobby et sa grande passion, c’est
la fusion nucléaire.
Un soir de juin dernier, Mark Suppes est prêt à mettre en route son Fusor, ou plus précisément son
Farnsworth-Hirsch Fusor du nom d’un autre autodidacte dont les bidouillages ont conduit aux
premières expérimentations en fusion nucléaire et à l’invention de la télévision. Ce Fusor, Mark
l’a construit lui-même à partir de pièces détachées qu’il a majoritairement achetées sur eBay.
Et ça a pris ! A la suite de l’expérience, la capsule de fluorine scotchée sur la paroi du réacteur
porte les stigmates du passage d’un neutron émis lors d’une fusion. Même s’il ne va pas faire
sauter New York, il n’est pas illogique de s’inquiéter de la dangerosité du dispositif :
Le Fusor est un petit réacteur à fusion qui fonctionne selon le procédé de
confinement électrostatique. Le nom est barbare mais la méthode est assez simple : on
injecte dans une chambre à vide les atomes de deutérium qui serviront de
combustible, on augmente le courant électrique afin que les atomes deviennent
ionisés formant ce que l’on nomme un plasma. Ce plasma se trouve alors confiné
dans le centre de la chambre à vide et si l’on a un peu de chance des atomes se
rapprochent et la fusion prend.
Dans cette installation, c’est le courant à haute tension alimentant le réacteur qui est
Mark Suppes et son Fusor.
Mark Suppes, l’homme qui fusionne des atomes dans son garage » OWN... http://owni.fr/2011/04/03/mark-suppes-lhomme-qui-fusionne-des-atom...
1 sur 7 14/03/2013 18:22

169
La minuscule bulle d’air prisonnière de la fluorine atteste que la réaction a bien eu lieu et intronise
Mark dans la communauté restreinte des amateurs ayant réalisés une fusion atomique. Déjà en
2006, Thiago Olsen – alors âgé de 17 ans – avait mis en émoi l’équipe enseignante de son lycée et
le département de la santé du Michigan en réalisant une fusion dans le labo de physique. Mark est
le trente-huitième mais n’est déjà plus le dernier membre en date. C’est que la liste a tendance a
rapidement s’allonger.
Fusion vs Fission
Force est de constater que la fusion fascine. Sur la plateforme fusor.net, les “fusionnistes” se
retrouvent pour partager méthodes, plans et projets. La communauté grandit lentement mais
sûrement et des clubs bourgeonnent désormais dans les garages du monde entier. Les amateurs
mènent leurs propres expériences en parallèle de celles des scientifiques – les vrais, les durs – qui
tentent depuis les années 1950, de dompter les atomes autrement.
Pour remettre tout cela en contexte, la fission est tout comme la fusion, une réaction nucléaire. La
fission consiste à briser un atome lourd tel que l’uranium ou le plutonium en atomes plus légers. À
l’inverse la fusion, se produit quand deux atomes légers comme l’hélium, le deutérium ou tritium
(isotopes de l’hydrogène) s’assemblent pour former un atome plus lourd.
Aujourd’hui, nous savons comment casser des noyaux atomes pour produire massivement cette
énergie que nous utilisons avec gloutonnerie. Toutefois, l’histoire et l’actualité du Japon nous
obligent à regarder la vérité en face : nous brisons bien plus que des atomes, que nous cherchions
délibérément à nuire ou que nous persistions vainement à nous croire maîtres et possesseurs de la
nature.
Les États sont souverains dans le choix de leurs options énergétiques et les politiques en œuvre
sont très contrastées à l’échelle mondiale : certains n’ont pas eu à se poser la question, d’autres
ont pris la décision de s’en passer, d’autres encore de tenter de s’en passer, et les derniers,
lourdement équipés, vont certainement devoir prendre leur responsabilités. La France avec ses 80
% d’énergie provenant du nucléaire – un triste record mondial – fait partie de ceux-là.
Ces derniers temps, les dangers de l’énergie nucléaire nous sont cruellement rappelés chaque fois
qu’une information émane de la centrale de Fukushima, faisant de la recherche d’autres moyens
de production énergétiques autant une nécessité qu’une gageure.
À l’instar de Mark Suppes, un nombre croissant de spécialistes pensent qu’une des meilleures
alternatives au nucléaire n’est autre que le nucléaire. Ils voient ainsi dans la fusion un moyen à
long terme de remplacer la fission.
le plus dangereux. Quand on s’attelle à la fusion, il y a quand même quelques
précautions à prendre et des consignes de sécurité à suivre. Pendant l’expérience je
me suis éloigné du réacteur afin d’éviter les neutrons ou les rayons X, même s’ils ne
sont émis qu’en faible quantité.
Mark Suppes, l’homme qui fusionne des atomes dans son garage » OWN... http://owni.fr/2011/04/03/mark-suppes-lhomme-qui-fusionne-des-atom...
2 sur 7 14/03/2013 18:22

170
Sur le papier – car ce sont bien de vieilles feuilles jaunies que Robert Bussard a projeté lors de
cette intervention – l’idée est séduisante, élégante et dissidente. En effet il existe en théorie
plusieurs types de combustibles utilisables, de réactions possibles et de méthodes envisageables
pour bâtir les réacteurs qui les contiendraient.
Au-delà de ces divergences sur lesquels nous reviendrons, les pro-fusion se retrouvent sur les
grandes lignes quand il s’agit d’argumenter. Ils vantent les avantages du contrôle de la fusion
nucléaire pour la production d’électricité en les confrontant à celui de la fission et de toutes les
nocivités qui la caractérisent.
À quantité de combustible égale la fusion serait bien plus puissante ; elle engendrerait trois à
quatre fois plus d’énergie que la fission. Il y aurait suffisamment de combustible pour combler nos
besoins énergétiques pendant quelques centaines de milliers d’années et, en fonction du
combustible sélectionné, il n’y aurait pas ou peu de déchets radioactifs. Pour couronner le tout, la
fusion ne ferait pas encourir des risques de réactions en chaine incontrôlées et incontrôlables.
La raison pour laquelle l’ensemble est au conditionnel, c’est que tout cela reste purement
théorique. Les bémols sont nombreux car si la fusion de noyaux atomiques est un phénomène
anodin dans le soleil et les étoiles qui constellent le ciel, ce n’est pas du tout le cas sur notre bonne
vielle Terre.
La possibilité d’un réacteur
Quand on demande à Mark comment fonctionne la fusion nucléaire sa réponse surprend par sa
franchise, et peut-être est-ce son statut d’amateur qui le dispense de langue de bois :
Quand Mark dit “on”, c’est à la communauté des passionnées qui bricolent dans leur garage qu’il
fait référence mais à l’ensemble des fusionnistes mettant dans le même panier les amateurs et les
scientifiques qui planchent depuis des dizaines d’années sur la construction de réacteurs de fusion
thermonucléaire.
Le contrôle de la fusion nucléaire est perçu comme un enjeu considérable et nombreuses sont les
nations de par le monde investissant temps et argent dans sa recherche et son développement.
Cette recherche, comme nous l’avons dit précédemment, s’engage dans plusieurs directions. Celle
qui a le vent en poupe auprès des gouvernements s’incarne dans les Tokamaks, des immenses
structures expérimentales de confinement magnétique visant à contrôler le plasma. À ce sujet, le
projet ITER est exemplaire et l’on note au passage que trois jours après l’accident de Fukushima
la plateforme science.gouv.fr republiait un dossier datant de 2008 intitulé La fusion contrôlée, le
rêve du nucléaire propre.
Ce Réacteur Thermonucléaire Expérimental International en construction à Cadarache dans le
Lorsque j’ai découvert sur YouTube une conférence sur la fusion nucléaire donnée
par Robert Bussard lors d’un Google Talk en 2006 [vidéo, en], j’étais entrepreneur
depuis dix ans. Tout ce que j’avais tenté de mettre en place avait échoué au fil des
années. Je ne cherchais pas spécialement à me lancer dans un nouveau projet mais
j’étais curieux et bien disposé. En l’écoutant j’étais fasciné : il parlait d’énergie
nucléaire abondante, propre et à faible coût. Sa méthode s’opposait non seulement à
la fission tout en divergeant des recherches actuellement en cours dans le domaine de
la fission. Tout ce qu’il disait m’a semblé vraiment plausible. Même si à ce moment là
je n’y connaissais strictement rien en physique, son discours faisait sens. J’y ai vu la
première idée véritablement excitante dans le domaine de l’énergie.
On me pose souvent cette question mais je suis bien embêté quand il s’agit d’y
répondre. Je suis capable de vous expliquer comment marche un Fusor qui permet
d’aboutir à une fusion, et j’ai ma petite idée sur le mécanisme d’un Bussard qui
fournirait de l’énergie grâce à la fusion… Mais ni moi, ni personne ne sait vraiment
comment ça fonctionne… D’ailleurs, le véritable problème est là : ça ne fonctionne
pas ! Si j’étais capable de construire une machine permettant de générer et d’utiliser
de l’énergie grâce à une fusion nucléaire je la construirais en ce moment même. Pour
le moment nous ne savons pas la mettre en œuvre, mais nous ne cessons d’y tendre
par nos expériences.
Mark Suppes, l’homme qui fusionne des atomes dans son garage » OWN... http://owni.fr/2011/04/03/mark-suppes-lhomme-qui-fusionne-des-atom...
3 sur 7 14/03/2013 18:22

171
sud de la France a pour objectif de “démontrer la faisabilité scientifique et technologique de
l’énergie de fusion, et d’ouvrir ainsi la voie à son exploitation industrielle et commerciale”.
France, Japon, Chine, Corée du Sud, Russie et États-Unis sont engagés depuis des années, l’Inde a
rejoint un peu plus tard, le Brésil et le Kazakhstan ne demandent qu’à rallier l’équipe déjà
constituée.
Cette “expérience scientifique à très grande échelle” à un coût proportionnel. Estimée à 12,8
milliards d’euros pour la construction, 5,3 milliards pour les vingt années d’exploitation, 280
millions pour la période de cessation d’exploitation et 530 autres millions d’euros pour le
démantèlement : la note prévisionnelle d’ITER est salée et le sera peut-être encore plus.
Un joli rêve
Si la théorie est communément admise, c’est encore sa faisabilité technique qui est testée avec
ITER, en faisant donc un prototype et non pas un véritable réacteur capable de produire de
l’énergie. La fusion nucléaire implique de grandes contraintes que nous ne savons pas encore
résoudre.
Par conséquent, les attaques fusent. Il faut d’abord convoquer de grandes quantités d’énergie afin
de déjouer les forces qui repoussent naturellement les noyaux atomiques les uns des autres et
rapprocher suffisamment les atomes pour provoquer une fusion. Bien plus d’énergie que la fusion
ne génère en retour. Le fameux “break-even”, le point de rentabilité énergétique, se dérobe
encore.
Un Tokamak n’est pas non plus capable de produire la quantité de chaleur adéquate pour
qu’opèrent des réactions aneutroniques de type PB-11 (Proton – Boron 11). Les réactions
envisageables impliqueraient du deutérium et du tritium libérant des neutrons à grande vitesse. Il
faudrait donc parvenir à constituer des matériaux spécifiques pour bâtir des enceintes de
confinement capables de résister aux flux de ces neutrons et espérer que les bobinages
supraconducteurs seront capables de tenir le choc pendant la durée de vie du réacteur, ce que des
scientifiques comme feu Pierre-Gilles de Gennes mettent en doute.
Enfin, beaucoup blâment les sommes investies dans ces projets perçus comme “des gouffres à
fric” monumentaux et pensent que si jamais les machines atteignent un jour le point de rentabilité
énergétique, elles ne parviendront jamais celui de rentabilité économique.
Pour résumer, si parvenir à construire les structures et à rassembler les conditions adéquates pour
générer une fusion relève de l’exploit dans un garage, sa mise en œuvre industrielle n’est
clairement pas pour demain. Personne n’oserait fanfaronner en annonçant une date précise pour
une production significative d’énergie par ce moyen. Nombre de scientifiques ayant connu avec
enthousiasme les débuts de la recherche en fusion nucléaire s’en sont détournés, abandonnant ce
“joli rêve qui n’est pas prêt de se réaliser » pour reprendre une phrase de Georges Vendryes
(directeur honoraire des applications industrielle du CEA) à propos d’ITER.
Les Tokamaks et la volonté de Bussard
Robert Bussard était lui aussi très critique envers les Tokamaks. Il blaguait qu’en quarante années
de recherche, le seul enseignement qu’on avait pu en tirer était qu’ils ne fonctionnaient pas. Il est
Le Tokamak de Varennes, une initiative canadienne qui s'est finie en 1999.
Mark Suppes, l’homme qui fusionne des atomes dans son garage » OWN... http://owni.fr/2011/04/03/mark-suppes-lhomme-qui-fusionne-des-atom...
4 sur 7 14/03/2013 18:22

172
tout aussi sévère envers les gouvernements investissant à tire-larigot dans cette technologie. Il
avait d’ailleurs salué l’initiative du jeune Thiago Olson : “Ce gamin étudie de la physique bien
plus utile que celle pour laquelle le gouvernent américain dépense des millions.”
Mais contrairement à Georges Vendryes et tant d’autres, Bussard n’a jamais cessé de croire qu’il
arriverait à réaliser son rêve de son vivant. Plus qu’un projet de laboratoire, la fusion était pour lui
la quête d’une vie. Il s’est battu jusqu’à son dernier souffle, mais sans succès, pour trouver des
financements essentiels à la construction de son réacteur communément appelé Bussard ou
Polywell.
Né dans les années 20, Bussard a dévoué sa vie entière à la fusion, rêvant aux grands projets que
celle-ci pourrait fournir à l’humanité : une énergie propre et propice aux missions spatiales.
Malheureusement pour lui, ses projets ont souvent suscité plus d’engouement dans le monde de la
science-fiction que dans celui de la science ; dans Star Trek tous les vaisseaux sont équipés d’un
Collecteur Bussard les propulsant grâce à la fusion d’atomes d’hydrogène directement prélevés
dans l’espace interstellaire.
Une décennie plus tard, il s’active sur des Tokamaks pour le gouvernement américain mais
abandonne l’affaire, désenchanté. Pour le bon mot, il dira que c’était perdu d’avance : travailler
sur des plans russes en pleine guerre froide était forcement une mauvaise idée. Il monte alors sa
propre entreprise, EMC2, afin de se consacrer à la construction d’un réacteur alternatif : ce
fameux Polywell.
Même s’ils tendent vers le même but, les Tokamaks et les Bussards ne s’appuient pas sur les
mêmes procédés explique Richard Nebel [en], dirigeant de EMC2. Le Bussard est un réacteur
hybride utilisant à la fois confinement magnétique et électrostatique tandis que les “les Tokamaks
sont des instruments qui n’emploient que le confinement magnétique. L’avantage de notre
système c’est que nous obtenons facilement de très hautes températures. Par contre, nous luttons
pour avoir de fortes densités, ce qui n’est pas un problème pour les Tokamaks : ce qui est
difficile pour nous est simple pour eux, et vice versa. Mais nous pensons que notre concept est
bien meilleur et ce pour plusieurs raisons : ce système hybride utilise le PB-11 (Proton – Boron
11) comme combustible et qu’il ne produit aucun matériel radioactif. Il est compact et peu
onéreux à développer et à exploiter – il ne requiert pas d’énormes budgets de développement
comme c’est le cas pour les Tokamaks.”
Une fois encore tout est question de proportions : plus petit qu’un Tokamak le cœur d’un Polywell
mesurerait quand même 3 mètres de diamètre ; moins cher qu’un Tokamak, il implique quand
même de pouvoir poser 200.000 dollars sur la table.
Pendant près de onze ans, c’est l’US Navy qui a financé les recherches de Bussard mais son
silence sera une des conditions sine qua non du deal : le scientifique ne publiera rien sur ses
avancements pendant toute cette période. Bussard enchaîne essais et erreurs, ses ressources
s’amenuisent. Elles arrivent à leur terme quand sa dernière machine s’autodétruit. Le labo est
démantelé faute de budgets. En lisant a posteriori les données de cette ultime expérience Bessard
est persuadé qu’il a touché au but.
Il n’a alors plus qu’une obsession : trouver des investisseurs. Nous sommes en 2006, Bussard sort
de l’embargo imposé par la Navy et présente ses recherches à des colloques et même à l’occasion
d’une Google Talk qui sera filmée et postée sur Youtube. En appuyant sur play, Mark Suppes va
complétement changer de vie.
La rencontre
L’étrange rencontre de Suppes et Bussard aussi peu probable qu’elle soit (entre un profane et un
scientifique, entre un vivant et un défunt) n’est a posteriori pas si étonnante. Les deux hommes
partagent certains traits de caractère.
Ils ont en commun la patience et le calme pour supporter la pression des dysfonctionnements et
des échecs, l’ambition et la volonté d’aller toujours plus loin dans leur travaux, la confiance si ce
n’est la foi dans leur projet pour tolérer les ricaneries et les découragements passagers, l’humilité
et l’abnégation essentielles pour se savoir toujours ignorant et en quête, le verbe piquant pour
contrer les attaques ou les provoquer, l’impérieuse nécessité de poursuivre une grande idée et de
s’engager viscéralement pour tenter de la mettre en œuvre.
Je suis parvenu à faire une fusion en construisant un Fusor mais je veux désormais
passer à l’étape suivante en construisant un Polywell, qui n’est finalement qu’une
version améliorée du Fusor.
Mark Suppes, l’homme qui fusionne des atomes dans son garage » OWN... http://owni.fr/2011/04/03/mark-suppes-lhomme-qui-fusionne-des-atom...
5 sur 7 14/03/2013 18:22

173
Mark poursuit donc désormais les travaux et les rêves de Bussard. Pourtant rien ne le destinait
vraiment à s’impliquer corps et âme dans le domaine de la fusion nucléaire.
Son blog [en] fait partie intégrante de sa recherche, à la fois carnet de bord et plateforme
d’échange. Il y poste ses idées et ses avancements. L’ensemble de son projet est open source.
Tout un chacun peut ainsi avoir accès à ses codes, ses plans, ses idées et ses doutes mais aussi lui
donner des avis ou des conseils. “Je sais que de véritables scientifiques lisent mon blog,
explique-t-il, certains même me laissent des commentaires. Pourtant je ne sais pas vraiment ce
qu’ils en pensent. Pas forcément du bien, cela doit être assez désagréable de voir un amateur
disqualifier vos efforts.
Un amateur qui commence à être assez spécialisé donc ! Son agenda est déjà défini et n’a rien à
envier à celui des vrais scientifiques.
Mais Mark reste un amateur qui s’auto-finance et qui doit de fait mettre sporadiquement ses
projets sur pause. Régulièrement, il lâche ses bobines pour le turbin : pendant les trois prochains
mois, il développera des des applications web pour une boîte. Sa passion à un coût non
négligeable, il lui avait fallu rassembler 35.000 euros pour construire son Fusor et avait obtenu
presque 4.000 euros de la part d’investisseurs privés via Kickstarter [en].
L’amateur
Les avantages des uns sont les inconvénients des autres, et vice versa. L’image est pertinente
quand elle met en exergue les différences entre un Tokamak et un Polywell et elle sied tout autant
quand il s’agit de distinguer la posture du scientifique de celle de l’amateur. Chacun à ses
contraintes, le scientifique a des deadlines, des objectifs fixés par d’autres, des financements
appropriés, des résultats à présenter, des gens à satisfaire. L’autre n’est jamais vraiment considéré
comme légitime et doit toujours faire ses preuves, s’interrompre momentanément quand le compte
en banque est vide mais il sait parfois aller très loin avec des dispositifs qui ne coûtent rien et ne
paient pas de mine. Il a aussi l’opportunité de choisir ses propres défis ce qui les rend
généralement audacieux mais accessibles et souvent accomplis.
L’amateur a aussi l’opportunité de changer de posture, de “jouer” au professionnel. Mark souhaite
par exemple publier dans des revues ne comportant que des textes de scientifiques. Si jamais cela
se produisait nous serions ravis pour lui, mais personne ne pardonnerait à un professionnel de se
comporter comme un amateur. L’amateur a un autre temps et un autre espace pour manœuvrer à
sa guise : il jouit aussi des marges, des chemins de traverse, des sillons déjà tracés qu’il peut suivre
ou qu’il peut bouder pour s’enfoncer dans les orées, n’ayant d’autres contraintes que son propre
enthousiasme et sa curiosité.
Quand j’ai vu cette vidéo, je n’ai pas pu m’empêcher d’y penser. C’est devenu une
obsession. Pendant un mois je n’ai pas arrêté d’en parler à mes amis et j’ai fini par
ouvrir un blog. Je pensais qu’il n’y aurait qu’un post, un seul et unique. Puis je me
suis mis à désigner, via un logiciel CAD, un réacteur à fusion en métal qui pourrait
être imprimé via une imprimante 3D. À ce moment là, j’ai su que j’étais
complètement pris par ce projet et que je ne pourrais pas revenir en arrière.
Je réplique actuellement une expérience menée par une équipe de chercheur
australiens. Joe Khachan [en] a construit un réacteur Bussard à bobines de cuivre. Je
m’y essaie à mon tour et mène des essais cinétiques. J’envisage d’ailleurs d’écrire un
papier à ce sujet et j’espère qu’il sera publié par une revue scientifique. Mais ce n’est
qu’un pas parmi d’autres. C’est bien de se faire la main en reproduisant des choses
qui ont déjà été faites avant de se lancer dans ses propres aventures. La prochaine
étape, et pas des moindres, sera de mettre au point un réacteur Bussard agrémenté
d’aimants supraconducteurs. Ce genre d’aimant est utilisé dans les Tokamaks. Si cela
fonctionne je ne serai pas seulement le premier amateur mais le premier homme a en
avoir créé un. L’idée n’est pas de moi mais personne n’en a jamais réalisé
auparavant. J’ai déjà construit une Magrid en acier inoxydable (une sorte de
polyèdre formé par des rouleaux de métal), il me reste à m’atteler aux bobines en
cuivre. Grâce à ce procédé la fusion pourrait perdurer indéfiniment et nous pourrions
l’étudier à volonté.
Mark Suppes, l’homme qui fusionne des atomes dans son garage » OWN... http://owni.fr/2011/04/03/mark-suppes-lhomme-qui-fusionne-des-atom...
6 sur 7 14/03/2013 18:22

174
Il ne faut pas oublier que les découvertes majeures ne sont pas arrivées par inadvertance mais
parce que le scientifique confronté à cet évènement a eu les connaissances mais aussi le temps et
la curiosité pour le considérer. La véritable chance de l’amateur c’est qu’il a le luxe de perdre du
temps, le privilège d’attendre et sa véritable force, c’est qu’il est celui qui n’est jamais attendu.

Illustrations Flickr quinnums, Marylise Doctrinal et cstmweb
Les autres articles du dossier :
Free Cultures: des levures au service des Indonésiens
La prochaine révolution ? Faites-la vous même !
Image de une Marion Boucharlat. Téléchargez-là :)
La prochaine révolution ? Faites-la vous même !
Mark Suppes, l’homme qui fusionne des atomes dans son garage » OWN... http://owni.fr/2011/04/03/mark-suppes-lhomme-qui-fusionne-des-atom...
7 sur 7 14/03/2013 18:22

175

Enquête | Les “Fab Labs” ? Des coopératives futuristes intégrant
ordinateurs, marteaux, tournevis, perceuses et imprimantes 3D
dans un joyeux foutoir participatif. Une nouvelle révolution
industrielle portant la “bricolabilité” au pinacle ?
Le 01/09/2012 à 00h00
Xavier de Jarcy - Télérama n° 3268
Dans le sillage du FacLab de Gennevilliers ou d'Arilect à
Toulouse, La Nouvelle Fabrique vient de s'installer au
Centquatre parisien. © Léa Crespi pour Télérama
Nous sommes en 2022. Un nouveau modèle économique émerge, où
l'on répare au lieu de jeter, où l'on fabrique soi-même. De plus en plus
de foyers possèdent une imprimante 3D, avec laquelle ils produisent
des objets du quotidien ou des pièces de rechange pour leur
électroménager. Les éléments de leur machine ont été taillés par une
autre imprimante 3D, dans une coopérative de quartier, tenue par un
designer-artisan. Beaucoup d'habitants viennent s'y fournir en meubles
sur mesure. Les plus doués les dessinent eux-mêmes ou adaptent des
plans libres de droits, disponibles sur Internet.
De la science-fiction ? Pas sûr. Collaborative et connectée, l'ère de «
l'artisanat 2.0 » ou de « la micro-industrie » s'esquisse déjà. Au FacLab
de Gennevilliers, par exemple. Un Fab Lab (fabrication laboratory, ou
http://www.telerama.fr/critiques/imprimer.php?chemin=http://www.tel...
1 sur 5 14/03/2013 18:23

176
laboratoire de fabrication, surnommé aussi fabuleux laboratoire)
inauguré en février dans une extension de l'université de Cergy-
Pontoise. Inventés à la fin des années 1990 par Neil Gershenfeld,
chercheur au MIT (Massachusetts Institute of Technology), les Fab
Labs fonctionnent comme des forums Internet, sauf qu'ils se situent
dans le monde réel. Conçus pour décloisonner les disciplines, en
France presque toujours à l'initiative d'institutions publiques,
universités, écoles, centres culturels, ils « permettent la rencontre de
gens qui ne devraient jamais se croiser », explique Olivier Gendrin,
scientifique et fabmanager du FacLab. Ouvertes à tous, les six salles
de Gennevilliers forment donc un mélange d'atelier de bricolage, de
centre de formation, de lieu de prototypage, de club de sciences... On y
trouve des ordinateurs, des outils classiques (marteaux, tournevis,
perceuses) ou numériques : imprimante 3D, machine de découpe
laser...
« L'équipement est mis gratuitement
à disposition du public sous trois conditions morales :
participer, documenter, partager »
Olivier Gendrin
© Léa Crespi pour Télérama
Ce jour-là, Josiane, une femme au foyer venue pour l'atelier couture
discute avec Charles, un ingénieur électronicien qui veut se tailler un
sac à dos à ses mesures. Près d'eux, une enseignante découvre la
modélisation sur écran. Clément, un bricoleur, bidouille un support pour
fixer un néon. Dans la pièce d'à côté, Julien, patron d'un bureau
d'études en mécanique et design, découpe des plaques de
contreplaqué au laser : « Je suis en train de créer une imprimante 3D !
»
« L'équipement est mis gratuitement à disposition du public sous trois
conditions morales : participer, documenter, partager », précise Olivier
Gendrin. Chacun s'engage à contribuer aux projets des autres, à
décrire par écrit et sur Internet les étapes de son travail pour le rendre
reproductible, et à transmettre ses connaissances. Ces trois exigences
permettent au FacLab de remplir la charte des Fab Labs, définie par le
MIT. Une idée d'objet peut donc, en théorie, être améliorée sans cesse
dans le monde entier, comme pour les logiciels libres. Ainsi a été
inventée la plante qui tweete quand elle a soif, grâce à un
mini-ordinateur placé sur son pot...
http://www.telerama.fr/critiques/imprimer.php?chemin=http://www.tel...
2 sur 5 14/03/2013 18:23

177
© Léa Crespi pour Télérama
Le FacLab est l'un des premiers Fab Labs français (avec La Forge des
possibles à La Roche-sur-Yon, Artilect à Toulouse, Ping à Nantes, et
quelques autres). A côté de ce modèle idéal, des structures voisines
existent : le Fab Lab de l'Ensci (Ecole nationale supérieure de création
industrielle), lui, n'est pas ouvert au public. « Nous y envisageons les
nouvelles façons de fabriquer avec le numérique, raconte François
Brument, designer et enseignant. Au moment de la révolution
industrielle, la mécanisation des outils a permis de passer de
l'artisanat à la grande série, avec des machines reproduisant toujours
la même pièce. Aujourd'hui, les outillages autorisent une production
sur mesure, au coup par coup, sans stock, ce qui peut ouvrir sur un
nouveau monde industriel. »
« L'effort de création
demande un apprentissage. »
Vincent Guimas
Une autre variante, La Nouvelle Fabrique, sera lancée dans quelques
semaines au Centquatre, à Paris. Elle va sensibiliser le public aux
machines numériques, dont le prix ne cesse de baisser (l'imprimante 3D
la moins chère revient à 400 euros). Mais à La Nouvelle Fabrique, elles
ne seront pas en libre accès et passeront par la médiation d'un
designer. Car l'idée d'un monde où nous serions tous créateurs et
producteurs suscite un certain scepticisme. « On peut imaginer que
des amateurs chevronnés puissent utiliser ces outils, mais nous
restons prudents : l'effort de création demande un apprentissage, une
connaissance des matériaux qui ne s'acquiert pas du jour au
lendemain », estime Vincent Guimas, militant associatif responsable de
La Nouvelle Fabrique. Qui ajoute : « Affirmer que les imprimantes 3D
peuvent se répliquer facilement est un mensonge grossier qui fait le
bonheur des fabricants. En réalité, très peu de gens sont capables de
les construire eux-mêmes, mis à part quelques geeks. »
« Il s'agit de retrouver le plaisir
de travailler, la fierté de bien faire. »
Stéphanie Bacquère
François Brument non plus ne croit pas à l'idée du « tous designers » :
« C'est un peu comme pour l'informatique musicale : l'ordinateur a
rendu l'apprentissage de la musique très accessible. Mais devenir un
vrai musicien n'est pas à la portée de chacun. » Stéphanie Bacquère,
ingénieure et fondatrice de Nod-A, une PME spécialisée dans le
prototypage rapide et utilisatrice du FacLab, est, au contraire,
enthousiaste. Avec le Fab Lab, « l'outil de production n'appartient plus
http://www.telerama.fr/critiques/imprimer.php?chemin=http://www.tel...
3 sur 5 14/03/2013 18:23

178
à un petit nombre de privilégiés, mais potentiellement à tout le monde.
Cet aspect redistributif se situe dans l'héritage de William Morris et du
mouvement Arts and Crafts (lire ci-dessous) : il s'agit de retrouver le
plaisir de travailler, la fierté de bien faire. »
© Léa Crespi pour Télérama
La multiplication annoncée des machines numériques, au Fab Lab
comme à la maison, soulève d'autres questions. L'historienne du design
Alexandra Midal s'interroge ainsi sur ce nouveau culte machiniste,
rappelant « les années 1920 », et débouchant peut-être sur un
déferlement de gadgets. L'artiste Ewen Chardronnet, lui, redoute que
ces machines ne favorisent un nouveau capitalisme, une « économie
proto-industrielle », semblable au temps des canuts et du travail à
domicile. Une crainte infondée, estime Arthur Schmitt, ingénieur et
designer chez Nod-A : « Les gens possèdent déjà des imprimantes
papier chez eux, ils ne sont pas devenus des canuts pour autant. »
Les plus convaincus voient dans les Fab Labs un remède à la crise.
Emmanuelle Roux, patronne d'une PME vendéenne et co-initiatrice du
FacLab, estime qu'ils entraîneront un bouleversement aussi fort que
l'arrivée d'Internet : « De nouveaux objets et services, de nouvelles
manières de travailler ensemble vont apparaître. Les Fab Labs vont
développer l'esprit d'entreprise. Et pas seulement le modèle à
l'ancienne où l'on gagne de l'argent, mais aussi l'entrepreneuriat
associatif ou artistique. Il en sortira de vraies innovations. » La Ville de
Barcelone, elle aussi, prend l'affaire au sérieux : son projet de Fab City
prévoit un Fab Lab dans chaque quartier. Avant 2022.
http://www.telerama.fr/critiques/imprimer.php?chemin=http://www.tel...
4 sur 5 14/03/2013 18:23

179
ÉCONOMIE
Crowdfunding: 10 projets étonnants financés par les
internautes
25 février 2013 à 12:42
(DR)
Sur le site de crowdfunding Kickstarter, les inventeurs ne portent pas de cravate et commencent tous la
présentation de leur projet par un énergique «Hy, my name is Jim and I want to change the world».
Hélicoptère, bateau, instrument de musique, robot, machine agricole, lampe, ils cherchent des financements.
Sélection des meilleurs projets des derniers mois. L'avenir dira s'ils ont réussi.
Un hélicoptère mû par la force humaine
Récolte: 34 424 $
Une lampe de poche épaisse comme une carte de crédit
Récolte: 18 514 $
Crowdfunding: 10 projets étonnants financés par les internautes - Libération http://www.liberation.fr/economie/2013/02/25/crowdfunding-10-projet...
1 sur 4 14/03/2013 18:22

180
Un gant pour jouer dans une fanfare sans instrument
Récolte: 10 665 $
Un drone piloté par la pensée
Récolte: 74 799 $
Un procédé d'impression photo par la lumière du sole il
Récolte: 268 437 $
Crowdfunding: 10 projets étonnants financés par les internautes - Libération http://www.liberation.fr/economie/2013/02/25/crowdfunding-10-projet...
2 sur 4 14/03/2013 18:22

181
Synergy, un avion d'avenir
Récolte: 95 627 $
Une souris d'ordinateur greffée sur l'index
Récolte: 132 302 $
Un vélo aux roues lumineuses
Récolte: 215 621 $
Crowdfunding: 10 projets étonnants financés par les internautes - Libération http://www.liberation.fr/economie/2013/02/25/crowdfunding-10-projet...
3 sur 4 14/03/2013 18:22

182
Un bateau robot explorateur des océans
Récolte: 83 424 $
Des machines agricoles en open source
Récolte: 63 573 $
ALLER PLUS LOIN Lire tous les articles du dossier EcoFutur

Crowdfunding: 10 projets étonnants financés par les internautes - Libération http://www.liberation.fr/economie/2013/02/25/crowdfunding-10-projet...
4 sur 4 14/03/2013 18:22

183
- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -
Ce que les patients changent à la santé
Posted By Hubert Guillaud On 13/7/2011 @ 13:00 In Articles,Communautés,Communication
interpersonnelle,Confiance et sécurité,Coopération,Santé,Usages | 4 Comments
“Voit-on des changements radicaux dans la santé, le bien-être ?”, s’interrogeaient les
organisateurs de la 3e édition de la Conférence Lift France
[1]
. Les soins sont des systèmes
souvent mal aimés et coûteux, rappelle Daniel Kaplan, délégué général de la Fondation internet
nouvelle génération. Y-a-t’il des changements dans la façon dont on apporte les soins aux gens ?
Y-a-t-il, plus encore, un changement dans la façon dont les patients gèrent leur santé ?
Un des phénomènes les plus importants pour la transformation de la relation patients-médecins
ces dernières années repose sur la naissance des réseaux de patients dont PatientsLikeMe
[2]
demeure le symbole. PatientsLikeMe a transformé la relation entre malades et la relation entre
malades et médecins.
La valeur de l’ouverture
Pour
Paul Wicks
[3]
, directeur de la R&D
[4]
de PatientsLikeMe, la science-fiction n’avait pas prévu
le web. “Nul n’avait vu arriver Google, Facebook, Wikipédia… c’est-à-dire le rôle majeur que joue
la composante individuelle des êtres humains. Il y a quelques années, nul n’aurait pensé qu’on
abandonnerait nos encyclopédies pour Wikipédia, ou qu’on utiliserait si massivement des sites
sociaux comme Facebook. Nous nous sommes trompés su r l’internet. On pensait y créer des
autoroutes de l’information où nous trouverions toute l’information disponible, alors qu’il a
d’abord été un outil permettant aux gens de s’organiser, de créer des groupes de manière
spontanée.” Et ce que nous avons à faire est juste de mieux les organiser.
[5]
Image : Paul Wicks, directeur de la R&D de PatientsLikeMe sur la scène de Lift France,
photographié par Pierre Metivier
[6]
.
“Avant pour voyager, il fallait entrer dans une agence de voyages et une personne qui n’avait
probablement jamais visité le pays où vous vouliez aller vous fournissait tous les renseignements
disponibles. Désormais, avec des sites comme Kayak
[7]
, TripAdvisor
[8]
ou Expedia
[9]
, non
seulement on accède à toute l’information, mais on accède en plus à la couche d’évaluation des
utilisateurs. On peut lire les commentaires des usagers qui nous correspondent.”
L’ancien système existe encore, estime pourtant Paul Wicks. “Aller voir son médecin généraliste
InternetActu.net » Ce que les patients changent à la santé » Print http://www.internetactu.net/2011/07/13/ce-que-les-patients-changent-a-...
1 sur 8 14/03/2013 18:23

184
ressemble à aller voir un agent de voyage. On prend un rendez-vous de manière très classique.
Le médecin connait certes la maladie que vous avez, mais ne sait pas ce que c’est que d’avoir
cette maladie, car il n’a pas accès à beaucoup de sources d’information sur l’information
elle-même. A PatientsLikeMe, l’approche est différente, un peu comme ces nouveaux sites de
voyage. Elle est plus bottom-up. Les patients sont invités à saisir des données sur leur maladie
pour être mis en contact avec des malades qui partagent leurs symptômes.”
Sur PatientsLikeMe, les internautes créent un profil de données sur leurs maladies, leurs
symptômes, leurs traitements. Ils renseignent avec précision les symptômes dont ils souffrent, la
date de diagnostic de leur maladie, son évolution, les médicaments qu’ils prennent, indiquent les
effets secondaires éventuels… Le but du site est de pouvoir comparer des expériences et
rassembler les gens qui ont les mêmes symptômes pour apprendre de ces communautés
agrégées autour de symptômes et de traitements comm uns.
L’idée radicale qu’il y a dans PatientsLikeMe, estime son directeur de la R&D, est de faire
apparaitre les données cachées des patients via des outils en ligne. Par exemple, les patients
évaluent, font part de leur ressenti, sur l’efficacité des traitements qu’ils suivent ou documentent
leurs effets secondaires. Pour traiter l’épilepsie par exemple, il existe toute une gamme de
médicaments dont certains ont des effets secondaires plus ou moins importants. Les études
cliniques utilisent des populations bien définies et souvent très réduites. Ici, l’idée est d’élargir
l’échelle, estime Paul Wicks. “Bien souvent, face à plusieurs traitements disponibles, le médecin
fait un choix pour vous, selon ce qu’il connait ou ce qu’on lui a appris. Le site montre qu’il y a
d’autres possibilités de traitement, comme un moyen de contourner la logique paternaliste de la
médecine. Via PatientsLikeMe, les patients peuvent même candidater à des essais cliniques
recensés par le site.” PatientsLikeMe a d’ailleurs publié une étude
[10]
pour montrer combien son
service pouvait permettre d’accélérer la découverte clinique en utilisant la collecte de données
autogérée par les patients.
Bien sûr, les résultats ne sont pas aussi simples qu’ils paraissent et le rapport à la maladie est
également à prendre en compte, d’autant qu’il est différent pour chacun. Certaines données
permettent ainsi de voir la progression de sa maladie, et dans le cas de maladies à évolution
rapide, se situer par rapport à la progression de la maladie des autres, peut être pour certains
très déstabilisant ou au contraire très motivant. Il peut y avoir également un effet placebo : voir
les symptômes ou les effets secondaires que déclarent d’autres patients peut nous les faire
ressentir… Les interactions permettent de mesurer aussi les différents effets des médicaments :
combien de fois faut-il prendre telle pilule pour qu’elle soit efficace ? Un patch est-il plus efficace
qu’un sirop ?…
Bien sûr, ces systèmes posent des problèmes relatifs à la protection de la vie privée. Par
exemple, sur TuDiabetes.org
[11]
, on a constaté que les gens qui étaient les plus prêts à partager
l’information étaient aussi ceux qui géraient le mieux leur maladie. “Il faut bien mesurer que les
gens qui contribuent ne représentent pas l’ensemble des malades, mais peut-être un certain type
de malades”, modère Paul Wicks. Il manque également sur ces sites de partages d’information de
santé une législation pour protéger les gens afin qu’ils ne puissent pas être discriminés du fait
qu’ils partagent une information sensible. Dans son processus d’inscription, PatientsLikeMe invite
d’ailleurs les internautes à ne pas utiliser un nom permettant de les reconnaitre.
“Nous sommes très clairs avec les patients sur nos clients qui sont systématiquement listés
[12]
.
Nos clients qui viennent utiliser nos données sont bien sûr surtout des entreprises
pharmaceutiques, mais pas seulement : il y a également des gouvernements, des assureurs, des
scientifiques… En fait, on constate que les patients sont plutôt d’accord pour partager les données.
Ils sont prêts à aider, car ils savent qu’en le faisant ils aident les autres et certainement aussi, ils
s’aident eux-mêmes.”
L’ouverture est la clef, mais elle ne suffit pas
Officier dans les Marines, Jonathan Kuniholm a été blessé en 2005 en Irak. Une embuscade lui a
fait perdre son avant-bras droit. En rentrant de l’hôpital, en se retrouvant chez lui, sans son bras,
Jonathan s’est retrouvé face à un nouveau défi, celui de devoir apprendre à vivre avec ce
morceau de lui en moins.
Jonathan Kuniholm ne connaissait rien du monde des prothèses. Il n’en connaissait que ce que
nous en avons vu dans des films de science-fiction : le bras bionique de l’Homme qui valait 3
milliards, celui de Luke Skywalker ou de Terminator. La réalité ne s’est pas avérée être celle-ci.
Le principe de la prothèse qu’il porte et que la plupart de ceux qui ont été amputés portent n’a
pas vraiment évolué depuis son invention vers 1912. Le crochet qui lui sert de main a été imaginé
dans les années 50. La prothèse myoélectrique, qui permet une préhension active des objets
grâce à la contraction des muscles sur lesquels sont placés des capteurs qui permettent de fermer,
d’ouvrir ou de faire tourner la main mécanique, date des années 80, mais elle est très couteuse
d’autant qu’elle demande le plus souvent une personnalisation poussée pour s’adapter aux
InternetActu.net » Ce que les patients changent à la santé » Print http://www.internetactu.net/2011/07/13/ce-que-les-patients-changent-a-...
2 sur 8 14/03/2013 18:23

185
multiples formes d’amputation existantes.
[13]
Image : Jonathan Kuniholm photographié par Pierre Metivier
[14]
.
“En fait, la plupart des personnes amputées d’un bras ne portent pas de prothèse. Le marché est
minuscule. La R&D est très limitée. En fait, aucune industrie n’a vraiment investi ce secteur.” Le
gouvernement avait bien un projet de recherche financé par la Darpa
[15]
(auquel Jonathan a
participé un temps), mais c’était un projet de recherche avec de micro-financements, par rapport
à tous les grands projets de l’Agence de recherche militaire américaine. Les designers exposent
souvent des concepts dans les magazines, mais qui ne sont pas fonctionnels. Ce sont juste de
belles intentions sur de belles images : des prototypes non fonctionnels, qui ne se préoccupent
pas de comment s’actionne le bras, comment on intègre des batteries, des moteurs…
“Plutôt que me plaindre, que puis-je faire ?”, s’interroge l’ex-soldat. “Les patients sont la clef,
disait à l’instant Paul Wicks. Eric von Hippel est arrivé à la même conclusion
[16]
de façon
empirique en montrant que les consommateurs sont le s premiers innovateurs. Les premiers
InternetActu.net » Ce que les patients changent à la santé » Print http://www.internetactu.net/2011/07/13/ce-que-les-patients-changent-a-...
3 sur 8 14/03/2013 18:23

186
utilisateurs inventent des produits pour résoudre leurs problèmes et c’est seulement sur leurs
innovations que peut se construire un marché de masse…”
Pour concevoir des prothèses adaptées à aujourd’hui, il faut pouvoir emprunter les meilleures
technologies des plus grosses sociétés, notamment par exemple pour y intégrer de petites
batteries, suffisamment efficaces et simples à recharger. “Mais ces industries ne sont pas
intéressées par un marché qui leur semble inexistant”.
“Dans le cadre du programme de la Darpa pour lequel j’avais été retenu, on m’a fait tester une
guitare utilisant la technologie myoélectrique, mais c’est un équipement qui coûte plus de 11 000
$.” Autant dire inabordable pour la plupart des amputés. Pourtant, des espoirs sont possibles. Via
les technologies logicielles et matérielles désormais disponibles en open source on pourrait
construire une interface de ce type pour 200 $.
On pourrait ! C’est ce que Jonathan Kuniholm a essayé de faire. “Via l’internet, j’ai lancé le Projet
de prothèse open source
[17]
, en utilisant la collaboration et les réseaux sociaux (voir le site de
discussion lié au projet
[18]
) pour rassembler des gens confrontés au problème et prêts à se
mettre au travail ainsi que des concepteurs prêts à nous aider. Le site accueille et documente
plusieurs projets comme une main myoélectrique articulée en Lego
[19]
, la reconception d’un
modèle de pince qui n’est plus disponible commercialement
[20]
, les travaux d’une personne qui a
construit elle-même ses bras et ses jambes… “Voilà ce qu’on peut faire avec les outils gratuits du
web !” Pour cela, l’essentiel estime Jonathan Kuniholm est d’avoir accès à du matériel libre
[21]
(comme Arduino
[22]
, Open Hardware ou Bug Labs
[23]
) et s’appuyer sur la participation des
utilisateurs et la collaboration sociale pour tenter de construire des choses. Pour l’instant, la
culture makers n’a pas encore fait ses preuves dans le domaine des prothèses, mais Kuniholm
reste confiant. Il vient de lancé StumpWorks, une société créée avec d’autres amputés, pour
construire ce qu’ils souhaitent construire, et mettre en avant des plans, des dessins, du matériel
pour permettre aux gens de fabriquer et reprendre en main leurs propres équipements.
“Personne ne prétend que la démocratie est parfaite disait Churchill. La technologie ouverte pour
l’instant n’a pas résolu mon problème, mais c’est le système le moins imparfait qu’on ait.”
Et Jonathan de souligner qu’il n’a trouvé que 6 patients comme lui sur PatientsLikeMe. “Dans la
liste des 6000 pathologies orphelines établies par le ministère de la Santé américain, la mienne
n’en fait pas partie. Bien sûr le mouvement du bricolage ouvert peut aider, mais en matière de
handicap, trop souvent, le besoin est très individuel et doit être traité de manière personnalisée.
Le fait que les outils soient disponibles est capital pour qu’on exprime des besoins et que d’autres
nous aident à y répondre ou qu’on puisse le faire seul. Peu de gens ont encore essayé de modifier
les crochets, de leur trouver d’autres formes. Mais on s’y emploie. Et c’est aujourd’hui plus
possible qu’hier. Il y a juste encore pas mal de travail”, conclut avec courage l’ex-officier de la
Marine toujours en croisade
[24]
.
Stimuler la discussion avec le public
Tobie Kerridge
[25]
est designer. Il travaille au Studio de recherche d’interaction
[26]
de
l’université Goldsmith de Londres et s’intéresse à produire des systèmes conçus “avec” et “pour”
les gens.
Les technologies peuvent nous aider à regarder le monde autrement, à modifier la relation des
gens et des objets, dans leur environnement immédiat, un peu à la façon de Playing Tracker, un
dispositif permettant de suivre les déplacements d’avions en projetant sa position sur Google
Earth comme dans un poste télé. Depuis longtemps les artistes s’intéressent à stimuler la
discussion entre les publics, les concepteurs et l’industrie. Les artistes Dunne & Raby
[27]
avaient
en 2001 imaginé des dispositifs pour les gens électrosensibles
[28]
afin de pouvoir amener les
gens à discuter de leurs peurs des technologies.
L’engagement du public dans la science a toujours été une question compliquée. Les scientifiques
devraient mieux parler de leur travail pour développer une relation de confiance avec le public et
lui permettre de mieux comprendre ce qu’ils peuvent apporter. Sauf que le plus souvent, on
souhaite éduquer les gens pour qu’ils aient confiance dans les avantages et les bénéfices de la
technologie, pas nécessairement pour qu’ils expriment leurs craintes et doutes légitimes. On sait
désormais discuter très tôt des dimensions sociales des technologies les plus pointues et de leurs
implications réelles, même si celles-ci sont souvent loin d’être claires.
Avec le programme Material Beliefs
[29]
(Croyances matérielles, voir le livre (.pdf)
[30]
qui
rassemble toutes les contributions artistiques), Tobie Kerridge a animé tout un programme de
mise en relation entre scientifiques et artistes, pour que les seconds interrogent les travaux des
premiers. Par exemple, Tobie Kerridge a travaillé avec le laboratoire de biotechnologie de
InternetActu.net » Ce que les patients changent à la santé » Print http://www.internetactu.net/2011/07/13/ce-que-les-patients-changent-a-...
4 sur 8 14/03/2013 18:23

187
l’université de Londres, pour comprendre le fonctionnement de leur pancréas artificiel, une
micropuce capable d’analyser le niveau de sucre dans le sang pour maîtriser son insuline. Les
designers ont fait discuter patients, ingénieurs et médecins autour de leurs découvertes, de leurs
usages et de leurs angoisses pour mieux les comprendre. Ensuite, ils ont imaginé des prototypes
et scénarios pour intégrer physiquement les comportements, les craintes, les espoirs que l’on
place dans la technologie. Le projet Vital Signs
[31]
(signes vitaux) a utilisé un pansement
numérique (doté de silicium permettant de mesurer la tension d’un patient et de le transmettre
via un téléphone mobile à son médecin) pour exprimer dans un tout autre objet les angoisses
d’une mère surveillant l’insuline de son enfant. Les données biométriques de l’enfant sont
diffusées à distance via un appareil qui, par son balancement, retraduit les pas de l’enfant, bat au
rythme de la respiration de l’enfant qui s’amuse dans un parc pas très loin.
[32]
InternetActu.net » Ce que les patients changent à la santé » Print http://www.internetactu.net/2011/07/13/ce-que-les-patients-changent-a-...
5 sur 8 14/03/2013 18:23

188
[33]
Image : Vital Signs, du croquis à la scénarisation.
L’intérêt de la conception spéculative adaptée à la science est qu’elle imagine des appareils et des
images qu’elle déplace dans d’autres environnements pour en montrer la puissance ou les limites.
Le but est de créer des matériaux qui posent des questions sociales à partir de problématiques
scientifiques ou technologiques et peuvent ainsi participer du nécessaire débat entre science et
société. Ces objets matérialisent et rendent plus vivant la technologie, pour monter combien la
société et la technologie sont toujours un peu plus imbriqués l’un l’autre.
Paul Wicks, Jonathan Kuniholm et Tobie Kerridge nous répètent la même chose : on ne saura pas
bâtir une science qui ne tirerait pas partie des contributions du public.
4 Comments To "Ce que les patients changent à la sa nté"
#1 Pingback By
My Stimuli » Ce que les patients changent à la santé sur @internetactu
www.internetactu.ne… On 25/7/2011 @ 6:09
[...] que les patients changent à la santé sur @internetactu
[34]
; #socialnetwork #PatientLikeMe
#healthcare Category: HealthcareIT, Uncategorized | Tags: [...]
#2 Pingback By My Stimuli » Groupe à écouter On 25/7/2011 @ 6:10
[...] que les patients changent à la santé sur @internetactu
[34]
; #socialnetwork #PatientLikeMe
#healthcare Category: HealthcareIT, Uncategorized | Tags: [...]
#3 Pingback By Où va la Quantification de Soi? (Internet Actu) | Navicorp On 11/3/2012 @ 4:00
[...] Ce que les patients changent à la santé (2) [...]
#4 Pingback By Je me modifie, donc je suis » Dextre zèbre On 24/10/2012 @ 9:27
InternetActu.net » Ce que les patients changent à la santé » Print http://www.internetactu.net/2011/07/13/ce-que-les-patients-changent-a-...
6 sur 8 14/03/2013 18:23

189
Et demain ?
Plus de problèmes de traduction, la démocratie directe, la
réalité virtuelle, les mobilités « temps réels », le
transhumanisme ?…

190
Imprimer
le 12/03/2012
Microsoft vous permettra de parler japonais sans effort
Voilà qui devrait faciliter encore la mondialisation, tout en respectant les langues de chacun. Microsoft
travaille sur une solution qui permet de traduire vocalement ce que dit une personne, en utilisant sa propre
voix plutôt que celle d'une synthèse vocale traditionnelle.
Il arrive encore que la technologie nous épate. L'an dernier, nous avions déjà été impressionnés par le
Conversation Mode de l'application de traduction de Google sous Android, qui permet à l'utilisateur de parler
dans sa langue et de faire écouter une traduction à son interlocuteur étranger. Mais Microsoft a placé la barre
encore plus haut, dans un projet de recherche dévoilé lors du TechFest 2012 la semaine dernière.
Frank Soong, responsable de la recherche vocale chez Microsoft, a présenté un logiciel qui permet non
seulement de traduire ce que dit quelqu'un et de le synthétiser vocalement, mais qui utilise en plus la propre
voix de la personne pour restituer la traduction. Il suffit d'apprendre au logiciel à reconnaître les
caractéristiques de la voix de l'utilisateur, ce qui peut ne prendre qu'une heure, et le logiciel est alors capable
de synthétiser la voix dans n'importe quelle langue.
Pour ce faire, des algorithmes découpent la synthèse vocale en de très nombreux morceaux de 5
millisecondes chacun, et les fait correspondre au modèle type d'une voix dans la langue cible. Le ton, la
longueur du son, ou le volume sont alors automatiquement ajustés pour restituer le meilleur accent possible,
sans trahir la voix de la personne. Pour la démonstration, Soong fait ainsi parler une voix virtuelle de son
supérieur Rick Rashid, qui dirige les laboratoires de recherche de Microsoft.
Mieux encore, il a demandé à Craig Mundie, le directeur de la recherche et de la stratégie de Microsoft,
d'utiliser le logiciel pendant 1 heure pour lui apprendre sa voix, mais pas uniquement. Le logiciel est également
capable de capturer les expressions faciales qui correspondent aux différents phonèmes, pour synthétiser
non seulement la voix mais aussi le mouvement des lèvres, ce qui facilite la compréhension et ouvre de
1 sur 2 14/03/2013 18:31
nouvelles perspectives, notamment pour les jeux vidéo ou les visioconférences.
Pour le moment, la solution de Microsoft est déjà capable de traduire entre 26 langues.

191
transportsdufutur.typepad.fr
by GABRI EL PLAS S AT • M AR C H 11, 2 010
De n om br eu x a r t icles on t ét é r édig és su r le su jet du t éléph on e por t a ble da n s les t r a n spor t s et la m obilit é (v oir i ci pou r ce blog ). Des
a pplica t ion s dédiées son t dispon ibles, d'a u t r es se dév eloppen t , r éa lisa n t pr og r essiv em en t u n pu issa n t a ssist a n t per son n el de m obilit é.
Qu el r ôle v a jou er ce n ou v el objet ? Qu elles ca pa cit és ce n ou v el a ssist a n t per son n el de m obilit é v a n ou s per m et t r e de dév elopper ? Est ce
v r a im en t in dispen sa ble ?
Depu is la pr em ièr e pea u , le pr em ier la n ceu r , ou le pr em ier silex , la r ech er ch e et la cr éa t ion d’ou t ils est u n e a ct iv it é st r u ct u r a n t e des
sociét és h u m a in es. N ot r e cor ps se com plèt e de ces pr ot h èses pou r a m élior er ses per for m a n ces, ou r éa liser de n ou v elles, pu is t ou t
sim plem en t pou r v iv r e da n s u n m on de « t r op » com plex e. En m êm e t em ps, n ou s per don s des ca pa cit és pou r en a cqu ér ir de n ou v elles.
Ain si à l’in v en t ion de l’im pr im er ie, les pr em ier s liv r es et bibliot h èqu es ét a ien t a ccu sés de fa ir e per dr e la m ém oir e. Ceci ét a it v r a i, m a is
n ou s a v on s a ccédé à u n n iv ea u su pér ieu r : ch a m ps de con n a issa n ce éla r g i. Com m e l’in diqu e Michel Serres (v idéo ex cept ion n elle à v oir
ici), nou s pou r su iv ons l ’ex t er nal i sat i on de nos fonct ions cogni t i v es, don t n ou s pen sion s qu ’elles n ou s ca r a ct ér isa ien t . En ce sen s,
les t ech n olog ies de l’in for m a t ion pa r t icipen t à ce da r w in ism e dev en u ex t er n e, cet « ex o-da r w in ism e » pou r r epr en dr e M.Serres. Depu is
t ou jou r s don c n ou s per don s (a u sen s de fuire) pou r g a g n er de n ou v elles ca pa cit és, don t cer t a in es r est en t à décou v r ir .
Au jou r d’h u i, l’a u t om obile peu t êt r e con sidér ée, pou r cer t a in s, com m e n ot r e pr olon g em en t , pou v a n t con du ir e a u x pir es des
com por t em en t s. Pr olon g em en t de n ot r e sa lon , de n os ja m bes, de n ot r e cor ps. « J e su is g a r é là ba s », t ra du it bien cet t e iden t ifica t ion . N on
v ou s n ’êt es pa s g a r é, v ot r e v oit u r e l’est . La v oit ur e et sa clé per m et t en t à l’in div idu de se pr ojet er loin , v it e, à t ou t m om en t . Ou t il
com plex e, sim ple à u t iliser , per m et t a n t de sim plifier des sit u a t ion s, elles a u ssi com plex es. Le v élo à a ssist a n ce élect r iqu e pou r r a it êt r e
u n e des m eilleu r es pr ot h èses (v oir i ci).
Ma is la com plex it é de n os v ies v a con t in u er de s’a ccr oît r e. La clé n e per m et t r a plu s, à elle seu le, de r éu ssir à se dépla cer . Déjà
a u jou r d’h u i, le GPS, pa r ex em ple, a con n u u n essor sa n s pr écéden t , s’im posa n t com m e a ccessoir e in dispen sa ble. Le r ésea u r ou t ier , le
t r a fic t em ps r éel doiv en t m a in t en a n t êt r e in t ég r és à la m a ch in e. La clé de la v oit u r e doit dev en ir plu s in t ellig en t e pou r g ér er des
sit u a t ion s et des m ission s plu s com plex es. Le GPS in t ég r a n t le t r a fic t em ps r éel dev ien t a u ssi im por t an t qu e le v éh icu le ou l’én er g ie da n s
le r éser v oir . Ce n’est qu e l e com m encem ent , a rr iv er a l e m om ent où l a v oi t u re, si el l e rest e u n objet « déconnect é »,
dev i endra u n frei n à l a m obi l it é.
Les in for m a t ion s à con n a ît r e, les t en da n ces à pr év oir , les décision s à pr en dr e pou r pou v oir se dépla cer , en r espect a n t des object ifs
(t em ps, coû t , pu is ém ission s) eu x a u ssi de plu s en plu s com plex es, v on t cr oît r e à la lim it e de n os ca pa cit és. Cet t e com plex it é ser a , u n e
n ou v elle fois, g ér ée pa r des m a ch in es. N ou s l’a ccept er on s com m e n ou s a v on s a ccept é les m a ch in es pr écéden t es, ca r les bén éfices
en g en dr és ser on t su pér ieu r s a u x r isqu es est im és. N ou s a u r on s r a ison à con dit ion de n e pa s sou s-est im er les r isqu es. Ces der n ier s doiv en t
êt r e dès à pr ésen t êt r e ét u diés, com pr is et m in im isés.
N ot r e r obot per son n el n om a de, le t éléph on e por t a ble, v ér it a ble con cen t r a t eu r de solu t ion s, g èr er a cet te com plex it é. L’ex o-da rwi ni sm e
nou s a u ra perm i s d’ex t erna l iser des fonct i ons cognit i v es pou r r éa l i ser des t â ch es com pl ex es en pa ra l l èl e, t ou t en ét a nt
ca pa bl e d’u t i l i ser en perm a nence ces fonct i ons et ca pa cit és, dev enu es por t a t i v es. Ut ilisa n t des ba ses de don n ées pu bliqu es ou
pr iv ées, des ou t ils de sim u la t ion ou a ccéda n t à des ser v ices fou r n is pa r des opér a t eu r s de m obilit é, cet t e clé n u m ér iqu e n ou s don n er a
a ccès à des solu t ion s de t r a n spor t opt im isées en fon ct ion du besoin , n ou s in diqu er a les m eilleu r es r out es, pa ier a sa n s con t a ct et fou r n ir a
des a ssu r a n ces a da pt ées à ch a qu e in st a n t . Réa lisa ble dès a u jou r d’h u i, cet a ssist a n t per son n el de m obilit é v a t r a n sfor m er la fa çon don t
n ou s n ou s dépla çon s, bien qu ’ét a n t r éa lisé pa r des in du st r ies v en a n t essen t iellem en t des t elecom s et des ser v ices. Cer t a in s con st r u ct eu r s
r éu ssir on t à in t ég r er ces n ou v ea u x sa v oir s à la m a ch in e a u t om obile, m a is l es v a gu es su iv a nt es v ont défini t i v em ent di ssoci er
infor m a t ions, donc conna i ssa nces et objet s v éh icu l es. Il n e ser a plu s n écessa ir e d’a v oir des m a ch in es au t om obiles plu s
in t ellig en t es pu isqu e l’in t ellig en ce ser a « pa r t ou t », et por t a t iv e.
Deu x a u t r es t ech n olog ies v on t v en ir com plét er pu is dém u lt iplier les possibles et les in n ov a t ion s : l’in t er n et des objet s (v oir ég a lem en t
ici)et les n a n ot ech n olog ies. « A ppor t er a u m on de ph y siqu e la pla st icit é du n u m ér iqu e», Daniel Kaplan pr opose a in si cet t e pr opr iét é de
l’in t er n et des objet s (IdO). En fa it , cet ou t il n ous per m et t r a , u n e n ou v elle fois, de r a jou t er des degr és de liber t és là où t ou t ét a it fig é,
con t r a in t , g r a v é da n s le m a r br e. L'In t er n et des Objet s, s'il com pr it da n s sa g loba lit é, s'in scr it da n s l'év olu t ion g én ér a le de la
décen t r a lisa t ion des ou t ils et des con n a issa n ces, du peer t o peer , de la sociét é u biqu it a ir e, de l'in tr u sion du con som m a t eu r /cit oy en da n s
la dém a r ch e de ch oix , de pr odu ct ion et d'in n ov a t ion (com m e l'a v a it déjà in diqu é A .Gorz).
Pu is, d’ici qu elqu es a n n ées, qu a n d les TIC a u r on t bén éficiées des pr océdés in du st r iels des n a n ot ech n olog ies, n ot r e con n ex ion a u x r ésea u x
d’in for m a t ion s et socia u x r éa lisée a u jou r d’h u i pa r le t éléph on e, dispa r a ît r a ph y siqu em en t pou r n ’ex ister qu ’in t ég r ée da n s n os objet s
m illén a ir es : l u net t es, v êt em en t s, m on t r es. L’objet « t éléph on e por t a ble » n ’a u r a it ex ist é qu ’u n in st a n t da n s l’h ist oir e de l’h u m a n it é.
L’êt r e h u m a in pou r se dépla cer u t iliser a a lor s, sa ns s’en r en dr e com pt e, sa con n ex ion per m a n en t e a u x résea u x , lu i per m et t a n t de g ér er
u n e com plex it é d’in for m a t ion s sa n s pr écéden t , et d’a ccéder a in si a u m eilleu r m ode de t r a n spor t , a u m eilleu r m om en t , pa r t ou t , t ou t le
m om en t . Dev en u cy bor g con n ect é, n ot r e u biqu it é a u r a la r g em en t pr og r essée t ou t en n ou s per m et t a n t à la fois de n ou s dét a ch er des
objet s ph y siqu es et de bien m ieu x les u t iliser . La v oit u r e d’a u jou r d’h u i ser a don c r em pla cée pa r u n g ar a g e v ir t u el con t en a n t plu sieu r s
objet s r ou la n t s don t n ou s ser on s pou r la plu pa r t pas pr opr iét a ir es, qu e l’on u t iliser a selon le besoin, et des ser v ices d’a ide à la m obilit é
g ér a n t les don n ées pou r n e fou r n ir qu e les in for m a tion s u t iles. Ces i nform a t i ons prendront l ’a v a nt a ge su r l ’objet véh i cu l e da ns
l a ch a îne de v a l eu r, l e cl i ent fi na l pou rr a i t ne plu s êt re en cont a ct a v ec l e const ru ct eu r.
Les r isqu es a ssociés à ces t ech n olog ies, ces pr ot h èses, ces « solu t ion s » n ou s per m et t a n t de g ér er ou de v iv r e da n s cet t e com plex it é, son t à
la h a u t eu r des bén éfices. Fin a lem en t , cet t e u biqu ité a ssist ée pou r r a it , com m e l’a u t om obile, se r év éla it elle a u ssi a lién a n t e et
da n g er eu se, u n n ou v ea u ph a rm a cone, a v ec de n ou v ea u x su jet s com m e l’iden t it é ou l’in tég r it é. Est -ce qu e cet t e m obilit é 2 .0 ser a plu s
effica ce, plu s per for m a n t e, plu s cit oy en n e, plu s socia le, plu s … ? N ou s dev r on s v eiller à con st r u ir e et à con t r ôler ces in dica t eu r s, à n e pa s
les ou blier , à ét u dier de n ou v ea u x r isqu es : ex clu sion des TIC, escla v e des TIC, opa cit é des for fa it s de m obilit é, opa cit é des fin a n cem en t s
et coû t s r éels des ser v ices de m obilit é.
Les transports du futur — transportsdufutur.typepad.fr — Readabilit
y http://www.readability.com/articles/wihwrkvt
1 sur 2 14/03/2013 18:33

192
Corriere della Sera |Marta Serafini | 25 Septembre 2012 | 0Réagir
Un site du groupe
> Europe > Multimédia > Allemagne - Italie - Suisse
La plupart des partis Pirates européens l'ont adopté, le mouvement populaire du comique italien Beppe
Grillo songe à s'y mettre : le logiciel libre LiquidFeedback permet aux organisations de prendre toutes les
décisions par référendum ou par vote. Démocratie directe ? Mieux : "démocratie liquide". Explications.
Dessin de Ruben.
Beppe Grillo [leader du nouveau parti politique Mouvement 5 étoiles] face à la démocratie liquide. Que ce
soit via les forums, commentaires, blogs, tweets et autres messages, le débat sur les processus de
sélection des candidats au sein du Mouvement 5 étoiles (M5S) agite les fidèles de Beppe Grillo depuis un
certain temps. Le mouvement a faim de démocratie directe et tous les sympathisants veulent faire entendre
leur voix. Par conséquent, depuis quelque temps déjà, on envisage dans les rangs du M5S d’adopter une
plate-forme de "démocratie liquide" pour débattre et voter les motions. Et, pourquoi pas, pour désigner les
candidats aux élections.
L’instrument idéal pourrait être LiquidFeedback, un logiciel libre disponible sur Internet qui permet aux
membres d’une association de prendre part aux processus décisionnels. Ce système a déjà été adopté par
les partis Pirates du monde entier, à commencer par celui d’Allemagne. Pratique, surtout quand les
représentants politiques sont éparpillés aux quatre coins du pays et que le parti ne dispose pas de fonds
pour créer une entité politique au sens classique.
Mais comment fonctionne LiquidFeedback ? Après l’inscription, on discute d’une question avant de voter,
par le biais de la "méthode Schulze" [du nom de son inventeur Markus Schulze qui a mis au point en 1997
un système de vote permettant de désigner un gagnant à partir d'une liste de candidats]. Celle-ci permet
de donner son avis en établissant un ordre de préférence incluant toutes les autres propositions. Le
INTERNET • La démocratie liquide, ça vous dit ? | Courrier international http://www.courrierinternational.com/article/2012/09/25/la-democratie...
1 sur 3 14/03/2013 18:33

193
Corriere della Sera |Marta Serafini | 25 Septembre 2012 | 0Réagir
programme calcule ensuite quelles sont les idées les plus plébiscitées. Mais le plus intéressant est
probablement le système de mandats, qui permettrait, à condition de l’utiliser correctement, de mettre en
œuvre une véritable démocratie directe sur Internet. Ou mieux, une démocratie liquide. À travers un
système contrôlé et certifié, il est possible de déléguer son vote à un autre participant pour un sujet en
particulier.
Cela semble simple, et pourtant : "Le risque est de voir s’instaurer une dictature des actifs, c’est-à-dire de
ceux qui se servent le plus de la plateforme", explique Carlo Brancati, vice-président du parti Pirate suisse.
"Si une seule personne vient à concentrer trop de pouvoirs, on risque le 'coup d’État'". Une minorité devient
alors en mesure de prendre des décisions contre la volonté de la majorité. Un danger surtout encouru si le
nombre d’inscrits est faible."
La dictature des actifs
LiquidFeedback a également ses failles et points faibles dont pourrait tirer parti un habile manipulateur.
"S’il est vrai, comme on le raconte, que Gianroberto Casaleggio [proche de Beppe Grillo, créateur de son
blog et accusé dernièrement d’être celui qui choisit arbitrairement ceux qui représenteront le mouvement
Cinque Stelle au Parlement lors des prochaines élections législatives] impose sa ligne, ce système lui
permettrait de contrôler très facilement tout le processus décisionnel", continue Brancati. Et pas seulement.
En supposant qu’il soit vrai que la moitié des abonnés de Beppe Grillo sur Twitter sont des bots [des "web
robots", de faux comptes], alors il serait probablement facile de trouver un moyen de contourner le
système de certification des mandats sur LiquidFeedback. Ainsi, tout le monde pourrait se créer son petit
groupe de partisans et imposer son avis. Mais ce ne sont que des hypothèses.
La démocratie liquide est très efficace pour ces mouvements, mais elle doit être appliquée à la lettre pour
fonctionner correctement. "Plusieurs étapes sont nécessaires. Premièrement, le nombre de votants doit être
suffisamment important pour éviter un 'coup d’État'. Deuxièmement, il faut surveiller de très près l’Admin
(l’administrateur de la plateforme) pour qu’il n’ait pas trop de pouvoir et qu’il n’influence pas le vote si
celui-ci est ouvert. Troisièmement, il faut un règlement très strict concernant la gestion pratique de la
plateforme et la certification des mandats", prévient [le pirate suisse] Carlo Brancati.
Logiciel traduit en italien
Comment se situe le Mouvement 5 étoiles vis-à-vis de la démocratie liquide ? A ce jour, LiquidFeedback a
été testé dans plusieurs régions, comme en Sicile. Le logiciel a également été traduit en italien lors des
tables rondes de Bergame. Et comme l’explique Marco Piazza, conseiller municipal de Bologne, "de
nombreux sympathisants demandent à l’essayer en Émilie-Romagne; mais pour l’heure, on en est
seulement au stade des discussions." Qu’en est-il de la sélection des candidats ? Tout le monde pourra-t-il
vraiment se présenter, même sans programme ou liens avec la région ? Au contraire, le chef de file
aura-t-il le dernier mot comme c’est le cas dans les partis classiques ? Récemment, Beppe Grillo a annoncé
que pour les prochaines élections, "les candidats du M5S seraiont choisis en ligne et le programme débattu
et complété de manière transparente par le biais d’une plateforme Internet." Affaire à suivre.
À LIRE ÉGALEMENT
INSOLITE • Chine : l'infâme cloaque à 24 000 euros
ROYAUME-UNI • Kate Middleton – Royal soit le fruit de ses entrailles
GUERRE AU MALI • Ne jamais sous-estimer ces "capitulards" de Français !
INTERNET • La démocratie liquide, ça vous dit ? | Courrier international http://www.courrierinternational.com/article/2012/09/25/la-democratie...
2 sur 3 14/03/2013 18:33

194
Les transports du futur
Livre - Vos critiques
Projets en cours
Flux d'info
Livres
Think Tank
MétaNotes
Contact
Base de savoirs
Application Mobile
Présentations
27/02/2012
Les lunettes Google traduisent une évolution millénaire, présentent de nombreux
intérêts dans la mobilité et la consommation, et posent de nombreuses questions …
philosophiques
La rumeur se confirme (déjà abordé dans 2 précédents articles:
ici et là). Google devrait commercialiser fin
2012 des lunettes intégrant les principales fonctionnalités d’un smartphone : téléphone, connexion web, GPS,
mémoire, appareil photo, avec une projection des informations sur les verres. Cet objet arrivera d’ici quelques mois,
il concentre et cristallise de nombreuses évolutions à venir dans nos rapports au contexte, à l’environnement, aux
autres. Il crée également de nouveaux risques qu’il faudra comprendre, débattre et limiter pour profiter des
avantages dans de nombreux domaines, ceux des mobilités et des chaînes logistiques.
Ces lunettes rendent visible, à double titre, la façon dont des entreprises comme Google, Facebook ou Amazon,
voient le monde qui vient. Petit rappel technologique : tout est décrit ici.
Futur Smartphone ?: L’équipement en téléphone portable et en smartphone indique globalement que ces objets
sont acceptés et demandés. Prothèse nomade « parfaite », les lunettes prolongent les tendances millénaires :
l’appropriation d’objet portable permettant à l’homme de se déplacer, de s’adapter à son environnement, d’échanger
avec les autres des connaissances, des objets ou des savoirs, de pratiquer le troc. Le smartphone que nous appelerons
« cerveau externalisé », en référence à Michel Serres, apporte donc ces éléments essentiels au nomadisme dans un
monde complexe. Une évolution possible verra donc disparaître l’objet smartphone dans les lunettes et la montre,
objets historiques.
En pratique, les lunettes apporteront plusieurs niveaux d’informations, de liens en temps réel :
sur l’environnement, les objets, bien sûr les véhicules en circulation, en résumé le contexte,
sur soi-même, sa position,
sur son réseau de connaissance, sur les personnes
sur les connaissances et savoirs répertoriés sur internet, indexés et accessibles aux robots numériques.
Votre cerveau externalisé: En conséquence, vous parlerez virtuellement plusieurs langues, demanderez à votre
« cerveau externalisé » de résoudre des problèmes en marchant, serez capable de (re)connaître de nombreuses
personnes, d’être quasiment partout comme dans votre quartier, d'avoir toutes les informations que vous jugez
importantes pour choisir le produit adapté … Les conséquences sont nombreuses, liées entre elles, complexes (au
sens de complexus), paradoxales ; Certains pensent alors que la richesse sera la capacité à être seul, coupé des
autres, à pouvoir se recueillir (voir Vidéo Conversation d'Avenir - la solitude ici).
Ces connaissances sont « ajoutées » au monde physique réel devenant « réalité augmentée » (voir ici par exemple).
Ceci pose déjà des questions auxquelles nous devrons répondre sur l’intrusion, sur le partage de nos données
publiques, de nos traces numériques conscientes ou inconscientes, de nos données privées. Cela ouvre également des
possibilités infinies d’intrusions commerciales de plus en plus sophistiquées (voir quelques exemples ici et là). La
frontière privée/publique, professionnelle/privée s’estompera pour devenir connectée/non connectée. Certains
Les lunettes Google traduisent une évolution millénaire, présentent de ... http://transportsdufutur.typepad.fr/blog/2012/02/les-lunettes-google-trad...
1 sur 3 14/03/2013 18:34

195
pensent alors que ne pas être connecté sera suspect, notamment par votre réseau (voir Vidéo Conversation d'Avenir -
La vie privée: ici).
Plus faciles et rapides à utiliser ces informations apportées au moment où nous en avons besoin modifieront nos
usages, nos pratiques. Mais plus encore, nous pourrons apprendre les liens entre ces informations fournies au bon
moment (Google appelle cela ZMOT), et les changements de comportements, nous aurons des outils pour apprendre
à apprendre permettant d’accélérer le processus.
Puis de nouvelles connaissances seront proposées : le futur, le temps d’après. Par exemple, vous verrez sur le bus, le
nombre de place libre, l’heure d’arrivée simulée intégrant les bouchons qui arriveront sur le trajet ; et également un
comparatif des autres options de mobilité en intégrant dans les propositions le futur. Ces modèles prédictifs du futur
concentreront toutes les données temps réel du passé ; ils leurs donneront un autre sens (voir quelques exemples ici
et ici).
Connexion aux savoirs et aux objets: Puis arrivera l’internet des objets, ces derniers communiqueront avec
nous et entre eux, ouvrant des possibilités inimaginables aujourd’hui, au sens que nous ne pourrons pas le concevoir
dans leur ensemble tant les interactions et rétroactions sont multiples. Nous ne pourrons que les expérimenter pour
trouver en même temps les domaines d’application et les normes pour les diffuser et les lois pour les limiter. Un
colis affichera son contenu carbone, sa trace ; un camion circulant informera les autorités sur ses émissions
polluantes, sa masse totale, déterminant automatiquement le montant du péage, et proposant alors au chauffeur la
meilleure organisation de livraison revue et mise à jour au dernier moment, réservant l’aire de livraison et
établissant automatiquement la comptabilité carbone de l’entreprise.
Dans le domaine des transports, il est alors probable que les gains de productivité, d’énergie et économiques soient
alors majoritairement apportés par l’optimisation des systèmes rendus possible par ces évolutions, et non pas par les
progrès technologiques sur les véhicules. En conséquence : et si Google se rapprochait de Veolia Transport ?
Cette paire de lunettes confirme également l’arrivée des géants numériques dans le monde physique ; quand il leur
apparaît nécessaire de matérialiser sous des formes précises (kindle, ipad, …) leurs services, leurs Univers pour se
positionner dans la chaîne de valeurs. Quand investiront-ils les secteurs de l’énergie et des transports ?
Ces lunettes permettent de voir le monde comme Google le voit, pour le moment : orienté utilisateur, communicant,
apprenant, temps réel et prédictif … Mais après ? Comment même concevoir ces risques pour s’en protéger ? Ces
derniers seront tellement nouveaux et changeant. Certains philosophes, comme Michel Serres (voir vidéo), abordent
ces questions essentielles portant sur les évolutions « du support / message » après les deux révolutions précédentes
(inventions de l’écriture, puis de l’imprimerie). Il indique notamment qu’avec cette 3ème révolution, nous devrons
(ré)inventer de nouvelles lois, de nouveaux codes. « C’est lorsque interviennent des révolutions concernant
l’information, que les civilisations basculent ».
Les ingénieurs et les scientifiques ne doivent plus ignorer ces changements dès la conception des nouveaux
systèmes. Ces derniers doivent donc intégrer les outils, les technologies qui permettront de penser de nouvelles lois,
de nouveaux codes permettant de mieux se protéger collectivement.
Rédigé par Gabriel PLASSAT à 10:31 dans assistant de mobilité, Assistant Personnel de Consommation, citoyen,
collectivité, confiance, connectivité, données réelles, google, gouvernance, gratuit, holoptisme, intelligence collective,
internet, internet des objets, living lab, management de la mobilité, marchandises, marketing individualisé, monnaie
complémentaire, multimodes, partage de données, pensée complexe, Service de mobilité | Lien permanent
Favoris
| Envoyer sur del.icio.us | Tweeter ceci !
Les lunettes Google traduisent une évolution millénaire, présentent de ... http://transportsdufutur.typepad.fr/blog/2012/02/les-lunettes-google-trad...
2 sur 3 14/03/2013 18:34

196
envisioningtech.com
What we do:
What is the visualization?
Understanding where technology is heading is more than guesswork. Looking at emerging trends
Envisioning the future of technology — envisioningtech.com — Readability http://www.readability.com/articles/jwocvfij
1 sur 3 14/03/2013 18:32

197
dailygeekshow.com
D EC . 2, 2 012
2 décembre 2012 - Par Martin Rousseau
Plusieurs universitaires ont ouvert à l'université de Cambridge en Grande-Bretagne, un centre
spécialisé dans l'étude d'un "risque existentiel". I ls devront réfléchir à l'éventualité qu'un jour les
machines puissent se révolter contre leurs créateurs.
À la vitesse à laquelle vont nos avancées en matière de technologie, il est normal de se demander quand la limite entre
réalité et science-fiction aura été franchie. C'est pourquoi un collectif d'universitaires a décidé d'ouvrir un centre
scientifique à l'université de Cambridge afin d'étudier la menace d'une révolution des intelligences artificielles. Le
CSER, centre d'étude du risque existentiel, a été fondé par l'astrophysicien Lord Martin Rees, le philosophe
Bertrand Russel ainsi que l'ingénieur Jaan Tallinn, qui a notamment participé au développement de Skype et
Kazaa.
Ce centre d'étude des "Terminators" comme il a été surnommé, compte forcément évoquer la possibilité que l'homme
soit un jour dominé par ses créations. Sur le site du CSER, ils expliquent que "beaucoup de scientifiques sont
préoccupés par le fait que les développements dans les technologies humaines pourraient bientôt poser de nouveaux
risques allant jusqu’à l’extinction de notre espèce en tant que telle. Ces problèmes requièrent plus d’attention
scientifique qu’ils n’en reçoivent pour l’instant".
Le lancement du centre s'effectuera en 2013, après avoir été officiellement annoncé lundi dernier. Selon eux pour
éviter au maximum qu'un Terminator vienne un jour éradiquer la planète, il faudrait déjà "arrêter de traiter les
machines intelligentes comme un dérivé de la science-fiction et de commencer à les considérer comme une part
intégrante de la réalité à laquelle nous, ou nos descendants, serons confrontés, tôt ou tard". Alors si l'un de vous
travaille chez Skynet, qu'il se dénonce tout de suite.
L’université de Cambridge ouvre un centre pour étudier la menace des ... http://www.readability.com/art icles/jjatfksd
1 sur 3 14/03/2013 18:31

198
Craignez-vous qu'un jour les machines puissent se révolter contre l'homme ?
Original URL:
http://dailygeekshow.com/2012/12/02/luniversite-de-cambridge-ouvre-un-centre-
pour-etudier-la-menace-des-robots/#!
L’université de Cambridge ouvre un centre pour étudier la menace des ... http://www.readability.com/art icles/jjatfksd
2 sur 3 14/03/2013 18:31

199
Et souvenez vous
1993 2013

200
- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -
Quand vous ne voyez pas le service, c’est que vous êtes le produit !
Posted By Xavier de la Porte On 27/2/2012 @ 10:21 In Articles,Economie et
marchés,eDémocratie,Services | 13 Comments
La lecture de la semaine, il s’agit d’un article de l’hebdomadaire américain The Nation, il est signé
par Ari Melber, journaliste et spécialiste des réseaux sociaux, il s’intitule “Le secret de la
valorisation de Facebook”
[1]
. L’occasion de revenir sur un événement largement commenté et
dont nous avions dit quelques mots ici même.
“Une chose manque dans tous les commentaires au suj et de la valorisation boursière de
Facebook”, commence Ari Balmer. “Tout le monde sait à quel point l’entreprise est populaire,
avec ses 845 millions d’utilisateurs, et à quel point elle marche bien, avec une valorisation
potentielle à 100 milliards de dollars (soit 5 fois celle de Google quand il fut introduit en Bourse en
2004). Mais qu’est-ce qui fait vraiment de Facebook une entreprise aussi rentable ?” demande Ari
Melber.
C’est vous, répond-il. Ses utilisateurs. Et plus exactement, ce que vous y mettez.

[2]
Image : Mark Zuckerberg nous dit merci !
Dans les faits, à l’époque contemporaine, l’introduction en Bourse de Facebook constituera l’un
des plus gros transferts volontaires de propriété d’une masse de gens à une entreprise.
Le mot “volontaire” est, selon Melber, une façon plutôt gentille de voir les choses. Les études
montrent
[3]
que la plupart des utilisateurs de Facebook ne savent pas qu’ils abandonnent tout
droit sur leurs photos et leurs informations quand ils acceptent les conditions générales
d’utilisation
[4]
de l’entreprise. Après tout, qui a le temps de lire les 4 000 mots que comptent ces
conditions d’usage ?
Mais si vous les lisez, poursuit Melber, vous apprendrez que tout contenu relevant de la propriété
intellectuelle de l’utilisateur (comme les photos et les vidéos) est cédé à Facebook “sous une
licence mondiale, non exclusive, transférable, sous-licenciable, et gratuite”. Cela signifie que
Facebook peut faire ce qu’il veut de ce matériel.
C’est un pouvoir vraiment exorbitant ainsi cédé à un fournisseur de service, ajoute Melber –
comme si un service de messagerie revendiquait la propriété intellectuelle de chaque mot qui est
échangé dans son système.
Il n’y a, par ailleurs, aucun moyen de récupérer sa propriété intellectuelle dans Facebook. Si des
InternetActu.net » Quand vous ne voyez pas le service, c’est que vous êt... http://www.internetactu.net/2012/02/27/quand-vous-ne-voyez-pas-le-se...
1 sur 6 14/03/2013 18:39

201
usagers ferment leurs comptes, Facebook conserve la même licence pour tous les contenus qui
“ont été partagés avec les autres”. Chaque mot écrit sur Facebook étant partagé, l’entreprise
garde donc la propriété de tout ce qui a été mis sur son site.
C’est donc un arrangement à sens unique, qui est d’autant plus remarquable que Facebook a
réussi à convaincre toujours plus d’utilisateurs qu’il offre un service “gratuit”. Certes,
techniquement, l’entreprise ne fait rien payer à ses usagers. Le micropaiement est réservé aux
journaux. Les milliardaires voient plus loin. Facebook trouve ses revenus dans un produit qui a
beaucoup plus de valeur : les données personnelles.
Il est difficile de mesurer quelle part de la valeur de Facebook réside dans la récolte des données
de ses utilisateurs. Pour être tout à fait juste, aujourd’hui, la plus grosse part de ses revenus
provient de la publicité, ce qui est carrément démodé, dit Melber. Certaines de ces publicités sont
ciblées individuellement, les autres trouveraient sans doute leur place sur n’importe quel site très
fréquenté. Les 15 % restant des revenus de l’entreprise proviennent des jeux, qui n’ont rien à voir
avec le vol de vos albums photo.
Mais la vraie valeur de Facebook ne réside pas dans son bilan comptable. Il s’agit d’un pari sur
l’avenir. Beaucoup d’analystes boursiers l’ont dit
[5]
, les revenus de Facebook aujourd’hui, autour
de 3 milliards de dollars, ne justifient absolument pas la valorisation de l’entreprise. Le jackpot,
en fin de compte, devra venir d’une monétisation plus agressive de l’expérience Facebook.
Alexis Madrigal, qui écrit sur la technologie pour The Atlantic, avance que l’entreprise devra tirer
de chacun de ses utilisateurs actifs 4,39 dollars
[6]
pour justifier une capitalisation boursière de
100 milliards de dollars. Comment ? Madrigal imagine un autre programme pour diriger les
utilisateurs dans des publicités pour des produits qu’ils pourraient chercher à se procurer via le
site. “Je m’attends à voir la résurrection de quelque chose de l’ordre du malheureux plan Beacon
[7]
“ (un système publicitaire ciblé lancé par Facebook en 2007 qui utilisait l’activité des utilisateurs
sur des sites partenaires, et permettait donc un ciblage très précis. Il a été abandonné suite à un
mouvement d’usagers, en 2009). Madrigal écrit : “Cette fois, ce sera plus subtile, mais Facebook
arrivera à vous montrer des produits que vous et vos amis aimez. Vous partagerez sans friction
tous vos goûts avec vos amis et avec les publicitaires.”
Le partage, reprend Melber, est un de ces mots dont le sens habituel disparaît sur Facebook.
Comme “volontaire”. Ou “gratuit”. Ou “ami”. Beacon ne consistait pas à partager tous vos goûts,
ce qui implique les notions de choix et de réciprocité. Le programme mesurait les habitudes
d’achat des utilisateurs pour leur suggérer des publicités personnalisées, sans aucun
avertissement. Le programme a été retiré à la suite d’un backlash, mais le signal était clair. Les
utilisateurs de Facebook n’étaient pas des consommateurs à satisfaire : ils étaient des produits à
vendre.
Le modèle de l’entreprise – de la dépossession première des biens des utilisateurs jusqu’à la
manière dont on peut les exploiter – est la démonstration parfaite d’un vieil adage selon lequel la
gratuité en ligne est une illusion. Comme l’exprimait un commentaire anonyme sur un sit e
[8]
:
“Si vous ne payez pas, c’est que vous n’êtes pas un consommateur, mais un produit à vendre”.
Xavier de la Porte
[9]
Xavier de la Porte, producteur de l’émission
Place de la Toile
[10]
sur France Culture, réalise
chaque semaine une intéressante lecture d’un
article de l’actualité dans le cadre de son
émission.
L’émission du 25 février 2012
[11]
était consacrée
à la grande offensive du copyright, c’est-à-dire
comprendre pourquoi le droit d’auteur se durcit à
l’heure d’internet, en compagnie de Jérémie
Zimmermann, porte-parole de la Quadrature du
Net
[12]
, association qui milite pour un Internet
libre, qui explique clairement : “Tenter de
contrôler l’internet comme un énième canal de
distribution conduit invariablement à avoir un impact sur les communication
interpersonnelles donc sur les libertés fondementales”.
13 Comments To "Quand vous ne voyez pas le service, c’est que
InternetActu.net » Quand vous ne voyez pas le service, c’est que vous êt... http://www.internetactu.net/2012/02/27/quand-vous-ne-voyez-pas-le-se...
2 sur 6 14/03/2013 18:39

202
Pour voir les vidéos et pouvoir aller sur les pages des
articles, cliquez sur la dernière page de la présentation
et vous accéderez au Pearltrees spécial 
“la transformation de la société par le numérique”
Tags