Grez doiceau à travers les âges - nory zette

JeanpierreBontront 471 views 131 slides Jan 05, 2022
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About This Presentation

Livre écrit par Monsieur Nory Zette (Norbert Herizette) sur un ballade à travers les âges de la commune de Grez-Doiceau.


Slide Content

No r y Ze t t e
Grez-Doiceau
À travers les âges
Éditions Nestor Hance
Grez-doiceau
LOUVAIN
Établissement Fr. Ceuterick
Rue Vital Decoster, 66
1933

Grez-Doiceau à travers les âges

Il a été tiré de cet ouvrage
25 exemplaires sur Hollande numérotés sur presse
de 1 à 25
constituant l’édition originale
Grez-Doiceau
à travers les âges
par
No r y Ze t t e
LOUVAIN
Établissement Fr. Ceuterick
Rue Vital Decoster, 66
1933

A Monsieur Ernest Dubois,
le sympathique et tout dévoué
bourgmestre de Grez-Doiceau.
Hommage respectueux.
N. Z.
Table des matières
Première partie.........................................................................................7
I. Promenades à Grez-Doiceau.................................................11
II. Lieux-dits anciens...................................................................25
III. Étymologies.............................................................................31
IV. Hydrographie..........................................................................37
V. Grez-Doiceau et la géologie...................................................43
VI. Grez-Doiceau dans la préhistoire.......................................... 47
VII. Grez-Doiceau sous les romains.............................................53
VIII. Grez-Doiceau sous les Francs................................................59
IX. Grez-Doiceau sous les comtes et les ducs de brabants........ 63
X. Grez-Doiceau sous les ducs de Bourgogne.......................... 83
XI. Grez-Doiceau sous la période Austro-Espagnole................ 91
XII. Grez-Doiceau sous la domination Espagnole.................... 103
XIII. Grez-Doiceau sous la domination Autrichienne............... 129
XIV. Grez-Doiceau sous la domination Française..................... 151
XV. Grez-Doiceau sous la régime Hollandais........................... 161
Deuxième partie...................................................................................183
I. Souvenirs de 1830.................................................................187
II. Grez-Doiceau au point de vue administratif..................... 199
III. Notre population..................................................................205
IV. Nos châteaux.........................................................................215
V. Nos voies de communications actuelles............................. 221
VI. Nos biens communaux.........................................................231
NOTRE MAIRIE.....................................................................231
NOS ÉGLISES..........................................................................233
NOS ÉCOLES...........................................................................243
LES HOSPICES........................................................................245
L’ORPHELINAT.......................................................................248
LE LIBEL..................................................................................249
VII. Nos services publics.............................................................253

PREMIÈRE PARTIE
NOS BOURGMESTRES..........................................................254
NOS PRÊTRES.. .......................................................................256
NOS NOTAIRES......................................................................257
NOS SECRÉTAIRES COMMUNAUX................................... 257
NOS RECEVEURS COMMUNAUX..................................... 257
NOS INSTITUTEURS ET NOS INSTITUTRICES.. ............258
NOS SOUS-INSTITUTEURS.................................................259
NOTRE SERVICE DE SANTÉ..............................................267
LA DISTRIBUTION D’EAU..................................................268
L’ÉCLAIRAGE PUBLIC.........................................................269
NOS P. T. T.. ..............................................................................269
LE BUREAU DE BIENFAISANCE.......................................270
NOTRE BIBLIOTHÈQUE PUBLIQUE................................271
VIII. Industries d’hier et d’aujourd’hui........................................ 273
IX. Nos sociétés d’agrément.......................................................285
NOS FANFARES......................................................................291
NOS CERCLES SYMPHONIQUES......................................294
NOS SOCIÉTÉS DRAMATIQUES.......................................295
NOS SOCIÉTÉ SPORTIVES..................................................295
QUELQUES SOCIÉTÉS D’AGRÉMENT..............................296
X. Grez-Doiceau et la guerre 1914-1918................................. 297

A ceux d’hier
A vous j’ai pensé en écrivant ces lignes et en fouillant les
archives poussiéreuses où vos noms pâlissent.
En respirant les parfums du temps qui se dégageaient de
ces vieilles liasses teintées de souvenirs, j’ai cru un instant que
vous viviez toujours et que vous nous parliez encore ! Que
dis-je ? Mais n’êtes-vous pas aujourd’hui; ne serez-vous pas
d’avantage demain ? Ne sommes-nous pas les seuls artisans
de votre mort, nous, les créateurs de notre oubli ?
Et des voix blanches murmuraient...
Leur murmure était pareil au bruissement qu’on entend le
soir dans la ramure quand les petits oiseaux se cachent pour
dormir... Cette musique enlace et enivre...
C’était à la fois une plainte, un appel et un sourire.
A vous j’ai pensé, tout ceux d’hier...
A ceux d’aujourd’hui...
A vous j’ai pensé, ceux qui luttent, ceux qui aiment...
AVANT-PROPOS

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Au blé qui lève, qui apprendra par cette histoire qu’il est
des contes vrais, et que les héros qui les illustrent sont parfois
des personnages dignes de légendes.
Au blé vert, qui conclura que nos actes restent et que leurs
conséquences dépassent les limites de la vie.
Au blé d’or, qui percevra dans l’unisson grandiose qui
s’élève du passé, l’accord ténu d’une voix éteinte, dont l’écho
seul suffira à ranimer l’éclat.
Oui, à vous j’ai pensé, tous ceux d’aujourd’hui...
A ceux de demain...
A vous j’ai pensé, ceux qui viendront quand nous serons
froids et à jamais étreints par la mort...
Puissiez-vous, en lisant ces pages, revivre à votre tour, nos
joies et nos transes, nos espoirs et nos déconvenues ; puissiez-
vous, ô ceux qui viendront, ne pas laisser accumuler la neige
sur nos pas ! ...
A vous j’ai pensé, tous ceux de demain...
Nory ZETTE.
I. PROMENADES À GREZ-DOICEAU
Avant de commencer la lente et si intéressante
exploration du passé, arrêtons-nous, un instant, au
présent, à ce Grez-Doiceau que nous habitons et que nous
connaissons pourtant si peu.
Serait-il vrai qu’un Grézien de vieille souche ne connût
point sa terre nourricière ? Hélas, oui !
Hier encore, nous demandions à un de ces vieux, rompu
d’années, s’il avait idée de tel et tel incident local, s’il avait
ouï parler de tel lieu-dit de son village. Nous entendons
encore sa réponse, à la fois candide et confuse : « Je me
rappelle bien de quelque chose, mais je ne m’en souviens
plus ! »
Les événements que nous allons essayer de faire revivre
nécessitent cependant pour cadre la connaissance des
lieux qu’ils illustrèrent.
Nous vous convions donc, chers lecteurs, à faire en

— 12 — — 13 —
notre compagnie, ce bout de route et ce brin de causette.
Transportons-nous en imagination sur la chaussée de
Wavre à Louvain, face au chemin qui conduit à la commune
de Bossut. Au loin, Grez repose dans son cirque, que
dominent les hauteurs voisines. Deux chemins courent là-
bas dans la campagne vers le village (Point 1): le chemin
des Campinaires et le chemin des Béguinages, autrement
dit de Mont-Saint-Guibert ou ruelle de Bossut.
Suivons le chemin des Campinaires, qu’ont foulé tant
de bons Flamands de Campine, venant à Grez faire
d’abondantes provisions de chaux. Les terres que nous
traversons forment ce qu’on appelle la Campagne de
Bossut. Nous enjambons un petit ruisseau (Point 2): c’est
le Lambais. Nous voici dans la Campagne des dix-huit
bonniers, qui doit certainement son nom à son étendue.
Au nord, le hameau de Gottechain, magistralement perché,
domine de sa hautaine morosité. Nous voilà au carrefour
formé par le chemin de la Croix-Claude et celui que nous
suivons (Point 3).
La campagne des huit bonniers, limitée à droite par
le chemin de la Croix-Claude fuit vers l’horizon. Nous
traversons le champ des Lowas
1
, que coupe le chemin
du dit nom, pour arriver à la campagne-des Chaux-
Fours, comprenant l’emplacement de l’ancienne propriété
Victorien Lacourt, actuellement de Monsieur Notebaert F.
Nos anciens fours à chaux occupaient cet endroit.
Nous franchissons la chaussée de Wavre à Jodoigne. La
1. Les orthographes diffèrent d’après les actes et les époques :
Lowas, Lois, Louas.
chapelle du Château, ou de Notre-Dame des Sept Douleurs,
se dresse à notre droite. Le château de Piétrebais
1
en Grez
ne tardera pas à s’offrir à nos regards.
Nous longeons les propriétés du dit château sur le
territoire de la commune de Biez, laissons à notre droite le
moulin du Pirroir, pour rejoindre la commune au hameau
de Morsain, au lieu-dit « les prés de Biez ». Nous nous
écartons quelque peu du Train avant d’entrer au hameau de
Royenne. Mais abandonnons le chemin des Campinaires,
qui se poursuit jusque Bonlez, pour emprunter, à notre
gauche, le chemin du Résidal. Au sud, à perte de vue,
s’étendent la grande Hésidelle et sa cadette, la petite. Les
murmures du ri de Hèze nous font escorte jusqu’au hameau
dont il a pris le nom et qui étend sa nappe de maisons, là-
bas, vers l’est. Nous y voici enfin.
Poursuivons le chemin du Résidal. Nous rencontrons,
à notre gauche, la chavée Boulanger
2
, le chemin dit :
Bruyère Caton ; à notre droite, l’immense campagne du
Grand Sart, qui se déploie à perte de vue.
Nous virons vers le sud, nous laissant toujours guider par
le chemin du Résidal
3
. A gauche, le sentier de la Citadelle
s’enfonce dans le Fonds des Bruyères que nous côtoyons
pour arriver à la limite du territoire de Longueville, au
chemin de Grez-Doiceau à ladite commune
4
. Remontons
vers le nord, dans la direction de Grez. Nous abordons
1. Piétrebais : 1200-1237-1277-1622, Piétrebaie : 1643.
2. La chavée Boulanger porte actuellement le nom de boulevard.
3. Appelé ici : «Les fonds de Hèze». Nous arrivons à la captation de
la distribution d’eau.
4. Lieu dit : Chapelle au Chêneau.

— 14 — — 15 —
rapidement le chemin de la chapelle au Chêneau qui mène
à ladite chapelle et qui traverse la campagne de la Sarte.
Nous voilà à nouveau dans le riant hameau de Hèze.
Nous remontons, à gauche, le chemin Evrard, le chemin
d’Agneau, le chemin Doyen ; à droite, le chemin Remi
1
, le
chemin du Cocher, et nous découvrons enfin les abords de
la ferme du Sartage.
Enfants de Hèze, si vous laissez parler vos souvenirs,
vous vous souviendrez avoir entendu énoncer jadis,
d’autres dénominations tout aussi savoureuses : le Petrau,
le champ des petits saules, le Pelé, la Vallée Rose, le Fond
de Mennevaux et bien d’autres… mais, Grez, dans la vallée
sourit et nous invite à la descente.
Revenons au point de départ de notre première
promenade.
Entamons le chemin des Béguinages. Il tient son
appellation de l’endroit qu’il côtoie, le Béguinage de Grez,
duquel nous aurons l’heur d’entretenir nos lecteurs dans
les pages qui suivront.
Parcourons la Ruelle de Bossut, profondément enclavée
dans les terrains voisins. Après avoir franchi le pont qui
surmonte le ruisseau « le Lambais » nous entrons dans le
hameau du même nom.
A notre droite, nous reconnaissons le chemin des
1. Il conduit au château d’eau de Hèze.
Aloux, sur Lequel s’élevait jadis le moulin Bataille, sis sur
la rivière le Train. Mais continuons nos investigations. A
notre droite encore s’étend le grand Cortil, limité par le
sentier Warichet, la ferme du Stampia et la rivière le Train.
A notre gauche, se dresse la petite chapelle de la sainte
Duchêne
1
qui a donné son nom au sentier qui y donne
accès et qui joint le chemin des Béguinages à celui de la
Croix-Claude.
A notre droite, nous reconnaissons, à l’entrée de l’actuel
Chaux-Four, le chemin du Pont d’Aulin, nom du pont sur
la rivière qu’il traverse ; puis, à notre gauche, le chemin de
Lowas.
Mais nous voilà au centre du bourg riant. Laissons
à notre gauche la rue d’Enfer appelée aujourd’hui rue
Henri Lecapitaine, nom d’un ancien mayeur, et longeons
les actuelles rues du Waux-Hall et Lambermont, pour
arriver à la rivière le Train, que nous franchissons au pont
de la barre. Nous sommes toujours sur le chemin des
Béguinages. Empruntons la rue de La Barre, laissons à
notre droite la rue Saint-Georges et la rue Coppe ; à notre
gauche la rue
Sainte-Anne et dirigeons nos pas vers l’hospice du Péry
2

.
A notre droite, nous remontons encore un chemin
fort accidenté dénommé jadis chemin Maurice Lacourt ;
appelé de nos jours, le Cortil Mylon. Marchons toujours. A
notre dextre nous saluons au passage la petite chapelle de
1. L’ancienne chapelle se trouvait sur l’emplacement du tram.
2. El Perroit 1218.

— 16 — — 17 —
Notre-Dame du Bon Secours. Un chemin encaissé aboutit
au petit oratoire : c’est la ruelle Purlin. Mais, poussons
plus avant nos découvertes. Nous longeons le nouveau
cimetière de Grez que dessert la proprette ruelle Fontaine.
Un chemin de terre côtoie le cimetière a notre droite, c’est
le sentier des Béguinages qui mène aux lieux-dits, la Potrée
et le Vivier Hanquet. Voici enfin le fameux béguinage, que
nous laissons à notre gauche avec le chemin de l’hospice.
Continuons. Après avoir traversé les champs du Béguinage
et de Présenne, nous avons enfin vue sur le hameau de
Morsain. Nous y entrons.
Arrêtons-nous un instant au carrefour formé par le
chemin de Bimebaume
1
à notre gauche, des Bottiniers face
à nous et de Bayarmond, à notre droite. Sur le second de
ces chemins, que voisine le champ de Bottnie
2
, se dresse
la ferme Roucheaux, actuellement Tilmant. E.
Un coup d’œil encore et partons.
Toujours nous nous laissons conduire par le chemin des
Béguinages. A notre droite nous laissons le chemin de la
Bruyère à l’arbre, la route de Wavre, le champ des Gottes
3

que traverse le sentier du même nom, et là-bas, ... mais
déjà les premières maisons de Bonlez, paresseusement
1. Bimebaume, sobriquet donné à un fermier qui s’avisa de sonner
le tocsin pour appeler le curé aux vêpres. (Tarlier et Wauters.)
2. Champ des Bottiniers-Champ de Bottigny 1625.
3. Champ de Got 1625.
assises, découpent le ciel...
Voulons-nous entamer notre troisième promenade ?
Nous partons de la place communale de Grez. Après
avoir monté quelque cinquante mètres dans la chaussée
de Wavre, nous prenons à notre, gauche la rue actuelle
des Combattants. Nous laissons à notre droite le sentier
de Wavre pour gravir le chemin de la Queue. Avant de
commencer la montée, nous remarquons à notre droite le
sentier de La Motte, que traverse le ri Mazarin, à notre
gauche le chemin Purlin et le sentier de la Traverse, joignant
tous deux la ruelle de la Croix. Escaladons. A notre gauche
nous voyons la sablonnière, jadis occupée par le Bois
Mazarin, qui s’étendait jusque la ruelle de la Croix. Nous
sommes au lieu-dit Crolis-Joir
1
. Si nous montons encore
un peu, nous arrivons à un vaste plateau. Continuons tout
droit. Nous traversons un chemin particulier et arrivons au
chemin des Vaches qui conduit vers la Cense de la Brique à
Doiceau, en traversant le domaine du château de Madame
la Comtesse d’Ursel, sis à droite du dit chemin. Laissons ce
sentier courir sa destinée ; pour nous, prenons, à gauche,
l’Allée du bois de Bercuit
2
qui nous vient tout droit du
hameau du Centri. Respirons à pleins poumons l’odeur
prenante des pins. A notre gauche, un chemin, la ruelle la
1. Bourbier Georges que le cadastre dénomme Croix de Risoir.
2. Biercuit 1284 - Berquyz 1374 - Bierquid 1398 - Berquyt 1405 -
Bois de Berquit 1404 - Berquit 1440 - Biercui 1779 - Bierchuid 1780.

— 18 — — 19 —
Croix, qui vient expirer à nos pieds. A notre droite, deux
sentes étroites : le sentier de la Sapinière et le sentier Masy.
Mais voilà le carrefour dénommé Aux Six Chemins. Nous
y avons accès en abandonnant l’allée du bois de Bercuit et
en empruntant le sentier des Six Chemins. En trouverons-
nous six ? Comptons. Un chemin vient du nord-ouest, de
l’église de Doiceau, c’est celui des Crahauts
1
. Il coupe le
lieu-dit Les Six Chemins et file vers le sud rejoindre l’Allée
du bois de Bercuit : et de deux ! Le sentier des Six Chemins
qui prend naissance à l’allée du bois de Bercuit, que nous
venons de quitter, coupe le carrefour-et s’enfuit vers Dion-
le-Val : et de quatre !
Le sentier Loye qui nous vient de Dion-le-Val et
abandonne sa course Aux Six Chemins : et de cinq.
Enfin, le chemin de la Bruyère à l’Arbre qui accourt du
riant hameau de Morsain. Cela fait six. L’auteur du dit-lieu
savait bien compter.
Mais ne nous laissons aucunement influencer par tous
ces chemins qui nous font signe. Retournons sur nos pas
et prenons le sentier Masy, que nous avons remonté tout
à l’heure. C’est le premier à notre gauche. Nous traversons
le chemin des Crahauts et arrivons au lieu-dit : champ
du Vevrou, que franchit le sentier du même nom. Après
avoir passé le Pisselet, nous entrons dans la campagne
de Rois-Mont, limitée au nord par le chemin qui porte
son nom. Arrêtons-nous un instant, dans la direction
de Dion-le-Val. Au sud, à la limite de ladite commune,
nous remarquons le Fond de Braibeson ; au sud-ouest,
1. Dit actuellement Voie de Bonlez.
le chemin des Epines. Achevons notre périple. Le sentier
Masy que nous suivons jusqu’au chemin de Rois-Mont,
file vers la chaussée de Wavre à Louvain. Nous quittons ce
sentier. Au nord, vers Gastuche, s’étend l’immense culture,
de son nom : La Schavée. Dirigeons nos pas vers Doiceau,
par le chemin de Rois-Mont. Nous traversons à nouveau le
Pisselet pour emprunter le chemin de Dion-le-Val, Nous
laissons l’église de Doiceau à notre gauche, la cense de la
Brique et le sentier Dirt à notre droite. Franchissons pour
la troisième fois le Pisselet, pour suivre les destinées du
chemin Hottart. A notre gauche, le chemin du Cul-de-Sac
s’enfonce dans la Schavée pour se diriger vers le sentier
Masy et la chaussée de Wavre. Nous marchons, coupons
avec le chemin Hottart le chemin des Thils et dévalons
vers le hameau de Gastuche.
Nous voilà sur la chaussée de Wavre à Louvain.
Dirigeons-nous vers le hameau. Le chemin de la gare.
Face à lui, le sentier de la Bruyère Sainte-Anne qui descend
des Tiennes. Orientons-nous vers la station ; longeons
le sentier de la gare
1
jusque l’avenue d’Ottembourg, que
nous suivons. Arrêtons-nous un instant sur le pont de la
Dyle. Après avoir traversé les Warlandes et la propriété
de Laurensart, cette rivière se dirige vers Archennes en
avoisinant les Grandes Prairies et les Prairies de La Motte.
Mais rejoignons la grande route de Wavre à Louvain, que
nous suivons dans la direction de Hamme-Mille. Nous
laissons à notre droite le chemin des Thils, le Sentier de
Wavre, le chemin Martin ; à notre gauche, le chemin des
1. Dit sentier Hottat.

— 20 —
Grands-Prés Nous quittons un instant le territoire de Grez
1

. A notre dextre, nous remarquons le chemin longeant la
Magnette
2
, qui traverse la grande route que nous suivons
et court vers Archennes par la ruelle du même nom.
Quittons la grande route et dirigeons-nous à notre tour
vers Archennes, en empruntant la Ruelle. Nous sommes
à nouveau sur le territoire de Grez. Au premier carrefour,
prenons le chemin à droite, dénommé chemin des Foins,
qui traverse la campagne des Aloux. Joli nom. Nous
arrivons encore à la grande route de Wavre à Louvain que
nous avons quittée et que nous remontons jusqu’à celle de
Wavre à Jodoigne qui nous mènera vers le coquet village
de Grez.
A notre gauche nous remarquons encore le champ de
Pannard
3
. Nous sommes au lieu-dit actuel, l’Escavée. A
notre droite, sous le hameau de Centri, s’étend le champ
du dit nom
4
. A notre gauche sous le chemin des Foins, vers
Archennes, les Cinq Bonniers.
Le clocher du bourg pointe le ciel. Nous descendons le
champ du Mont, laissant à notre gauche le Trou-à-l’huile...
1. La grand’route de Wavre à Louvain, du chemin Martin à la
ruelle d’Archennes, est située sur le territoire de cette dernière com-
mune.
2. Ce chemin était autrefois la seule voie de communication avec
Wavre, par Doiceau.
3. Pannarde 1374 - Pannaerde 1618.
4. Situation des réservoirs de la distribution d’eau.
Et voici Grez.
Un petit bout de route encore. Jolie promenade.
Nous partons du pont de La Barre. Nous entamons le
chemin de la Violette
1
actuellement dénommé avenue
Jean du Monceau.
A notre gauche une sente monte vers la station du
Vicinal, c’est le sentier des Fours à Chaux, la Violette
d’aujourd’hui
2
. Nous continuons le chemin de la Violette,
traversons le pont du Cocrou pour longer le château de
Piétrebais en Grez.
Nous empruntons le chemin des Campinaires et
abandonnons à notre gauche le chemin de Grez à
Longueville. Bientôt après, à main droite, une petite sente
merveilleuse nous appelle. Laissons-nous tenter. C’est le
sentier Dave que longe le petit canal du château à droite,
le parc du moulin banal ou Franc Moulin à gauche. Suivez
ce sentier par un beau jour d’été, vous m’en direz des
nouvelles. Nous n’avons plus qu’à traverser la rivière le
Train et à revenir à Grez par le sentier des prés et le Pont
1. Bien de la Violette 1426 - ‘T huis van der Vyoletten 1530 - ‘T
huys van den Violetten 1559 - Ferme de la Violette 1604 - Maison de
la Violette 1613 - La Violette 1624-1692.
2. Un sentier, dénommé anciennement sentier de la Violette,
prenait naissance à l’actuelle avenue Jean du Monceau, traversait
les prairies et aboutissait au château de Piétrebais en Grez. Ne pas
confondre avec le chemin de la Violette.

— 22 — — 23 —
d’Arçole
1
.
Mais, arrêtons nos flâneries. Je crois vous avoir conduit,
au gré des chemins et des sentiers, aux quatre coins de
notre village. Je crois aussi vous avoir cité, en passant, les
noms des lieux-dits que nous traversions. Mon but n’était
d’ailleurs que de vous amener à raviver dans vos mémoires
quelques souvenirs de lieux-dits que vous connaissiez
sans doute, mais que vous ne pouviez plus situer. Si j’y ai
contribué, j’aurai fait un bon calcul.
1. Le pont d’Arcole a eu comme dénomination ancienne, le pont
du Noir-Trou.
Pont d’Arcole : Nom donné par un habitant de l’endroit nommé
Thity. Actuellement, quartier Saint-Michel.

— 24 — — 25 —
II. LIEUX-DITS ANCIENS
Dans l’exposé qui suivra, il nous arrivera fréquemment
de citer des lieux-dits au gré des circonstances. Afin de ne
point interrompre l’exposé par des détails souvent oiseux,
ce qui nuirait à la clarté des faits, nous nous permettrons de
situer par avance certains lieux-dits que nous renseignent
les auteurs Tarlier et Wauters
1
.
Argenteau. — La seigneurie d’Argenteau devait se trouver
sur le territoire de Lambais, aux limites de la commune de
Bossut. L’histoire de cette seigneurie se confond d’ailleurs
avec celle du manoir de Bossut.
Le Rieu del Huibaise, nom antique du ruisseau de Bossut
à Grez, appelé de nos jours le Lambais. Un acte du 20 juin
1460 stipule : « Russeau de Grée à Boussut ».
Le Bois du Belloir, autrement dit Ballaer, sis au champ
1. Géographie et histoire des communes belges. A. Decq , 1859-
1887.

— 26 — — 27 —
du grand Sart à Hèze, date de 1373.
Le Broke, situé au même endroit, date de 1374. Voici
d’ailleurs ce qu’énonce un acte du temps : « Derrière le
Broke à Grand Sau ».
La terre de Froideval . Nous ignorons son emplacement
exact, cependant tout nous porte à croire que la dite
seigneurie se trouvait sous l’église actuelle de Biez. Voici
l’étymologie du mot, qui nous est donnée par un document
de 1209. Il était question alors de la Frigida Valles,
communément, terre froide. Pourquoi cette appellation ? Il
nous reste encore à le découvrir. Le terme a évolué avec les
années. Nous le rencontrons en 1214 Frigidae Valles – en
1237, Froidesval – en 1322, Frondeval – en 1376, Froidevail
– en 1840, Froideval – en 1482 Froideval ou le bien de
Barbançon ou de Dave. Cette dernière dénomination
autorise l’emplacement que nous avons cru réserver à la
dite seigneurie. En effet, un sentier qui prend naissance
au chemin des Campinaires et qui sépare le domaine du
château de Piétrebais en Grez de celui du Franc Moulin,
s’appelle encore de nos jours, le sentier Dave.
Le domaine de Froideval se confondit plus tard, comme
nous le verrons, dans le domaine seigneurial de Grez.
La seigneurie de Froideval avait, outre ces dépendances,
un bonnier de terre situé près de la Dyle et qu’on dénommait
en 1440, le Bonnier de Froidevaul.
Le Fond de Mémmone sis à Hèze, devait se trouver au
sud de la Vallée Rose, lieu-dit actuel. Cette dénomination
ne date d’ailleurs que de 1811, de même que celle des
Grandes Communes situées également à Hèze, à la limite
de la commune de Longueville.
Prairies de Perrerye, étendues des prés au long sentier
allant à Grand-Sart, à Hèze. Acte de 1612.
La ferme de Valduc, dépendance de l’Abbaye de Valduc
de Hamme-Mille, était située également à Hèze.
Le Blocq aux Briques, datant de 1750, autrement dit
Careel Block ou Courtil à Briques devait se trouver
entre Laurensart et la Motte. C’était un enclos où on ne
distinguait jadis qu’une habitation.
Predickeeren, plus communément appelé Blocq ou
Enclos du Prêcheur. Nous le croyons situé à proximité du
Blocq à Briques. Il date de 1618.
Tillich, se situait près du château de la Motte. Ce lieu-dit
doit tenir son nom de la Tille ou Dyle qu’il avoisinait. A
Tellich, delez la Motte, 1374 – Te Tellich, boven de Beemp
van den Motten, 1460.
La Brumagne. On parle de ce lieu dans un document de
1759. On le rencontre au village de Dion-le-Val, à la limite
du hameau de Doiceau.
La Chaussée. Vous pouvez en ouïr parler de nos jours
encore, par de vieilles personnes originaires de Gastuche.
Elle se trouve, en effet au Nord de ce hameau.
Les Communes, communément dénommées les
Grands-Prés
1
, le long de la Dyle à Gastuche. Elles
doivent probablement leur nom au fait d’être accessibles
à la communauté, jouissance immémoriale accordée
aux habitants de l’endroit. Une partie des Grands-Près
1. Arthur Maricq les appelait encore la Vaine Pâture. Annales de
la Société Archéologique de l’arrondissement de Nivelles, tome IX.

— 28 — — 29 —
appartenait jadis à la commune de Grez. On peut encore
trouver là, l’origine du lieu-dit.
La seigneurie de Lis devait se situer au hameau de
Morsain. Elle a relevé d’ailleurs de la seigneurie de Grez.
Elle date de 1374. On a retrouvé différentes orthographes :
Lys, 1470 – Lyez, 1491 – Lisse, 1530.
Le Sart, Tarlier et Wauters
1
énoncent quantité de noms
composés où entre la particule « Sart ». Nous les donnerons
à titre complémentaire.
Loncsaert, 1435 – Lonsinsart – Longinsart 1160 environ
Lonsinsart, à la Caucherie, 1371 – Lonsinsaut, 1418
Lorimisart, 1587 – Mironsart ou Mininsart, 1383.
Tinnesart 1312 – Tiengisart, 1345 – Tignesart, 1446.
Thinssaut, 1465 – Thynnesaert 1499 – Thynnesart, 1542.
Tinissart, 1587 – Tinisart, 1674 – Timmesart, 1689,
appelé quelquefois Tinnesart Fleurie (Tunnesart Florie,
1611).
Ces domaines se confondent de nos jours dans celui de
Laurensart.
Le Sartiaux, probablement dépendance de la seigneurie
de Sart sur le territoire de Dion-le-Val.
Croix de Berquit, autrement dit, ‘t Cruys van Bierquit,
emplacement actuel de la ferme de Madame Lambert. A
donné son nom à la ruelle qui y conduit, Ruelle de la Croix.
Bois de Fa, bois situé sous Bonlez (1407). Il a été réuni
au domaine de Bercuit.
Bois de Genyenvail ou Geneval , bois sis à Boulers
1. Ibidem.
(Bonlez) 1274. Voici quelques orthographes rencontrées :
bois de Genyenval, 1476 – bois de Genevaul, 1478, bois de
Geneval, 1510.
Prairies de Roesbare, prairies qui s’étendaient aux
environs du bois de Bercuit.
Bois de Sainte Marie (1407) dénommé encore Haye
de Sainte-Marie, entre le bois de Fa et Bercuit. Doit son
nom à Marie de Bonlez, dame de Bonlez. Il a été réuni au
domaine de Bercuit.
Fosse Calamart (1618) Lieu-dit sis aux environs du
chemin allant de Grez à Pannaerde (champ de Pannard)
et de Grez au bois de Berquyt (Bercuit).
Courtil del Chastre, nous le croyons situé aux abords de
la rivière le Train, sans pouvoir cependant en déterminer
l’emplacement certain.
Bois de Festiaux, bois voisin de la ferme de Beausart
(1209).
Ranarium, autre dénomination du château de piétrebais
en Grez. Elle date de 1214.
Voici en complément quelques noms de lieux-dits que
nous n’avons pu fixer. Nous faisons appel à l’érudition de
nos lecteurs.
Terre de Faverly (1312) dénommé aussi le Prez Hauthain
(1592).
Le Bois Ferieres (1312) ou Ferires. Ci, extrait d’un acte
de 1417, à son sujet : « A Ferires, en la moyenne Nowe,
joignant à la voie de Dieghem.
La Fosse Boubottes (1635). – Molandoirs (1618). –

— 30 — — 31 —
Derrière le petit Moulin, au lieu-dit, la Perire (1417).
Le Bois Mullichamp (1779). – La Roy-Voye (1625).
III. ÉTYMOLOGIES
Le nom de Grez, cela va sans dire, a évolué comme le
reste du langage. L’écriture ne fixant l’originalité du mot
qu’en de très rares exceptions, le terme primitif variant au
gré de la prononciation de chacun. Ainsi, nous rencontrons
maintes orthographes du mot Grez.
Notons tout d’abord la forme suivante : Greis, employée
sous les Romains, en 300, en 1096, en 1217, et ses dérivatifs
ou homonymes : Greys, 1312 – Greizium, 1372 – Gré,
1460 – Graiz, 1612 et le Grez actuel. Cette forme devrait
son origine au mot Grès, produit que l’on extrayait à Grez
à ces époques.
La deuxième façon d’expression rencontrée est la
suivante :
Aysau et son homonyme Ayseaux, en 1192.
Ayseaux se décomposerait de la façon suivante : Ays
viendrait de Aice, Aizis, Aizum, en bas latin, ce qui signifie,

— 32 — — 33 —
contrée, territoire et de Eaux.
Ayseaux signifierait, territoire près de l’eau.
Une troisième et dernière forme rencontrée est la
suivante :
Grave et ses dérivatifs ou homonymes : Gravium, 1312
– Gravia, 1332 – Graven, 1372 – Grave in ‘t Walschlant,
1551.
C’est la forme germanique du mot, élément qui
nous porte à croire qu’à ces époques, notre village était
flamandisé.
Mais comment expliquer l’étymologie du terme ?
Grave serait identique à Graeven, pluriel de Graef,
signifiant fosse. Du fait que notre industrie consistait dans
l’exploitation des fosses à grès, nous pouvons en conclure
que là réside uniquement l’origine de la dénomination.
Grave, nom corrompu de Graef-Graeven a donc pour
signification, carrière, fosse à grès.
Le hameau de Lambais est situé au nord.
Lambais serait la forme corrompue de Leembeeck,
Beeck du flamand, ruisseau et Leem, argile. Lambais
pourrait donc signifier, ruisseau argileux.
Dans la même orientation, sur la route de Hamme-
Mille, dans la direction de la commune d’Archennes, nous
situons quelques maisons réunis au lieu-dit, La Pavée,
dénommé autrement Les Aloux.
Cette dénomination a également évolué. Nous la
rencontrons en 1204 : Allodium de Gratz et en 1394, Aleut
en Greis.
Le mot Aloux serait la mutilation du nom Alouette. Ce
lieu-dit, est en effet situé sur le champ qu’on appelle encore
champ des alouettes.
Au sud-est, nous rencontrons le hameau de Hèze.
La prononciation du mot a toujours été identique à celle
du terme auquel il doit son origine.
Hèze dérive en effet de Aice, du bas latin Aizis, Aizum
signifiant territoire, contrée, plaine.
Pris individuellement, Hèze voudrait dire, plaine,
culture.
Voici quelques orthographes rencontrées : Heys, 1374 -
Heyst, 1383 - Heze, 1486 - 1528 - Heeze, 1650.
Au sud s’étend le coquet hameau de Morsain.
Morsain détient son nom de sa seigneurie. Il est
évident que cette forme d’expression est le résultat d’une
longue évolution de langage. Ci, d’ailleurs, l’intéressante
constatation.
En l’an 1000, Morsain s’appelait Morceshem. - en 1282,
Morchetain - en 1374, Morchyen - en 1536, Mortchain - en
1557, Mortssain - en 1661, Mort-chaine - en 1675, Cortil
de Morzaine - en 1759, Morsain.
On rattache à ce hameau, Bayarmond ou Baiarmont,
1417.
Le cheval Bayard aurait-il passé par cet endroit ? Nous
l’ignorons comme nous ignorons l’origine du lieu-dit.
Fontenelle serait l’expression corrompue de Fontenalle,

— 34 — — 35 —
petite fontaine.
Royenne, pourrait être une évolution des termes romans
: Roie, Roye, Royere, signifiant, ligne, raie, sillon.
Royenne aurait donc la signification de petit chemin.
Le hameau de Centri est perché au sud-ouest du village.
Nous avons découvert une forme caractéristique du même
mot.
Sain-Try. Que le lecteur se tranquillise, aucun saint
du même nom n’a été dressé sur les autels de notre petit
hameau. Voici peut-être l’origine de l’expression. L’histoire
nous apprend qu’il existait dans nos contrées, un petit
peuple, les Centrones, tributaire des Nerviens. L’analogie
entre les termes est frappante. Ce n’est naturellement
qu’une hypothèse qu’il est peu aisé de contrôler
1
.
Au sud-ouest également se localise le hameau de
Doiceau.
L’expression originale du lieu-dit serait Duenchiel,
dénomination rencontrée en 1209, et même dès le
douzième siècle. Duenchiel se décomposerait de la façon
suivante. Duen, viendrait de Doe-Douve, signifiant canal,
rivière, ruisseau et Chiel de Cella, identique à demeure,
1. Le mot Centri ne doit-il pas son origine au fait suivant : ancien-
nement tout ce plateau était inculte, en tri, comme dit en Wallon. En
1722, ces terrains furent vendus à un grand nombre de particuliers.
Ceux-ci devaient par contre verser une rente à la commune. N’y
avait-il pas environ une centaine de tris ?
hameau par extension.
Duenchie serait donc le hameau près de l’eau.
On découvre l’analogie entre Ayseaux et Duenchiel.
Le mot primitif a considérablement évolué, comme
nous le montrent les exemples suivants: 1345, Duenchial
- 1374, Duwensial ou Duchial - 1383, Duwenciail - 1415,
Duwenchial (à comparer avec le mot wallon actuel,
Duwecha) - 1436, Duwencheaul, 1492, Douchial - 1596,
Ducheau - 1607, Dolceau - 1674, Douceau - 1707,
Doiceaux.
A l’ouest s’étend le hameau de Gastuche.
Gastuche est le nom corrompu du mot flamand Gasthuis,
signifiant Asile, hospice, hôpital.
En 1759, on l’orthographiait d’ailleurs de cette façon. En
1786, le Gasthuis, en 1834, La Gastuche.
Laurensart a pris le nom du château, de même que La
Motte, que nous découvrons au nord-ouest du village de
Grez.

— 36 — — 37 —
IV. HYDROGRAPHIE
La première de nos rivières est la Dyle. Le mot Dyle,
a également évolué. Au XIV
e
siècle on en fait mention
sous le nom de Tilh. Le chemin des Thils qui débouche
aux environs de la rivière devrait-il son appellation à la
circonstance ? Ce cours d’eau vient de Wavre. Aux confis
de cette dernière commune, avant de pénétrer dans le
territoire de Grez, il reçoit sur sa rive gauche, le Ri du Pré
des Graisses.
Jadis il activait la machinerie des Papeteries de Gastuche
par une chute d’eau de 1,44 mètre.
Dans le domaine de Laurensart, qu’il traverse, il reçoit
encore deux offrandes d’importance différente : sur sa rive
gauche, le Ri de Laurensart, et sur sa rive droite le Pisselet.
Mais le voilà parti à la conquête des Grands-Prés.
Tout aussitôt, il court après l’ombre du bois de Laurensart,
qu’il côtoie. Et voici encore deux tributs offerts au roi de
la contrée. Celui du Ri de la Motte et celui de Train, tous

— 38 — — 39 —
deux sur la rive droite.
Il trace la limite naturelle entre les communes de Grez-
Doiceau et d’Archennes.
Mais il fuit, gonflé de toutes les eaux de nos contrées,
ayant parcouru sur le territoire de la commune une
distance de 4500 mètres.
D’après Le Roy, la Dyle était autrefois très poissonneuse
: «Claire et froide, elle nourrit une grande quantité de
truites» disait-il.
Le Train. D’après Arthur Cosyn
1
nous devrions cette
dénomination à l’érudition d’un habitant de Bonlez.
Anciennement, la commune de Bonlez se divisait en Bonlez
deseurtrain et Bonlez desoubstrain. Notre philologue
aurait tout simplement conclu que Train n’était que le nom
de la rivière qui arrose le village. Avait-il tort ?
Le Train - le nom et la rivière - nous vient donc de
Bonlez, côtoie le hameau de Royenne, où il reçoit le Ri de
Hèze, sur la rive droite. Après avoir fait la limite entre le
hameau de Morsain, et le lieu-dit Basse-Biez, il absorbe le
Ri du Vivier Hanquet, sur sa rive gauche. Jadis il activait
la machinerie de la filature de Grez par une chute d’eau de
1 m. 96. Après avoir baigné les dépendances du moulin
banal, avant d’entrer dans le bourg, il reçoit su sa rive
droite le Piétrebais.
Mais voilà notre rivière qui dévale vers le village. Après
avoir activé le moulin de Grez par une chute de 1 m. 70, elle
traverse la grand’route provinciale de Wavre à Jodoigne et
court à la rencontre du Ri Mazarin, qu’elle reçoit sur sa
1. Le Brabant inconnu, Bruxelles, 1911.
rive gauche.
Jadis, au lieu-dit, le Chemin des Aloux, elle activait
encore le moulin Bataille, avant de recevoir sur sa rive
droite, le Lambais.
Et voilà le plus grézien de nos cours d’eau qui nous quitte
après avoir agrémenté nos sites pendant 5800 mètres.
La rivière le Train est assez poissonneuse.
Mais voici nos petit ruisseaux tributaires.
Le Lambais, dénommé jadis Rieu del Huibaise 1490, ou
Ruisseau de Lembaij, an XIII.
Il dévale du hameau de Gottechain et franchit notre
territoire au Champ des XVIII Bonniers. Après avoir
parcouru 850 mètres en terre grézienne, il se jette dans le
Train à Lambais, en aval du lieu-dit Moulin Bataille.
Le Rie Mazarin prend sa source au lieu-dit Crolis-
Joir, à l’endroit où s’étendait jadis le bois du même nom.
Après avoir grossi sur sa rive gauche du déversoir de la
distribution d’eau communale, il se réunit au Train entre
Grez et Lambais. Sa longueur est de 1.500 mètres.
Le Piétrebais autrement dit, le Ri de Coqueroux ou le Ri
de la Falise, Ri de Chapelle Saint-Laurent, ou encore Ri de
Saint-Denis. (Acte de l’an XIII.)
Ce charmant petit ruisseau nous vient de la commune
de Biez, hameau de Cocrou. Après avoir alimenté le canal
du Château de Piétrebais en Grez, il se jette dans le Train,
en aval du Pont d’Arcole.
Il a parcouru sur notre territoire une distance de 300

— 40 — — 41 —
mètres.
Le Ri du Vivier-Hanquet, appelé encore Rigo des
Champs de Grez, prend naissance au lieu-dit Vivier
Hanquet. Après avoir franchi le champ de Présenne, il se
jette dans le Train en aval de la carrière à grès. Son étendue
est de 1400 mètres.
Le Ri de Hèze, nous vient du hameau de Hèze. Il longe
le chemin du Résidal et se réunit au Train face au hameau
de Morsain. Sa source est dans la nappe d’eau qui alimente
la commune.
Le Glabais, dénommé jadis rivière Glabaise, ou en
patois le Rucha des Près, a sa source à Bonlez. Il se réunit
au Train, vis à vis des anciennes filatures du Monceau,
après avoir parcouru sur notre territoire une distance de
300 mètres.
Le Ri des Gottes prend cours au bois des Gottes et à
la Bruyère à l’arbre. Après avoir servi de limite naturelle
entre les communes de Grez-Doiceau et de Dion-le-Val,
il pénètre dans cette dernière localité. Il a parcouru 750
mètres.
Le Pisselet. Ce ruisseau - ne revendique-t-il pas le titre
de fleuve ? - a son histoire. Au X
e
siècle, on l’appelait déjà
le Dion
1
de l’endroit qu’il arrose avant d’entrer dans notre
territoire.
En 1537 on le dénommait le Doisselet. Sous le régime
français, en l’an VIII : le Vieux-Sart. C’était plus poétique
1. Cosyn nous apprend que ce ruisseau est cité dans un acte du X
e

siècle sous le nom de Fluvium Dions. Notre Pisselet un fleuve ? O
chute d’Annibal !
et plus français !
Après avoir traversé le hameau de Doiceau, après avoir
franchi la route Wavre-Louvain, au lieu-dit, Cimetière
1
, le
Pisselet se jette dans la Dyle dans les Grands-Près, après
avoir parcouru dans notre commune une étendue de 2.800
mètres.
Le Ri de la Motte est alimenté par les fontaines de la
Motte. Après avoir traversé les Grands-Près, il se réunit à
la Dyle, après un parcours de 600 mètres.
Enfin, le Laurensart nous vient des Grandes Warlandes
aux confins de la commune. Après avoir arrosé les Prairies
sur une étendue de 800 mètres, il se jette dans la Dyle.
1. Il doit son nom aux ossements retrouvés, avec quelques usten-
siles de ménage.

— 42 — — 43 —
V. GREZ-DOICEAU ET LA GÉOLOGIE
Le territoire de la commune de Grez-Doiceau est
marqué de quelques vallées bien accusées.
Les endroits les plus accidentés se rencontrent au
hameau de Hèze, à Gastuche, communément dit «Les
Tiennes», au bois de Laurensart et à Centri.
Le point culminant de la commune se trouve aux
environs de la chapelle au Chêneau; l’altitude en est de
138 mètres alors que celle du village, au porche de l’église
paroissiale, n’est que de 47,20 mètres.
Mais entamons quelques fouilles.
Dans les dépendances de l’ancien moulin banal, existait
encore, il y a quelque cinquante années, une carrière à grès
d’exploitation d’ailleurs immémoriale.
La mine était creusée dans le quartzite gedinnien
1
.
Voici quel était l’aspect de celui-ci.
La pierre était tantôt gris-pâle, tantôt bleuâtre. Les bancs
1. Tel qu’on le rencontre à Gedinne.

— 44 — — 45 —
de quartzite irréguliers étaient divisés par des couches de
phyllades
1
que les carriers, dans leur langage, appelaient
raches. On a rencontré à cet endroit quelques lits de quartz
blanc.
Dirigeons-nous vers le Champ des Lowas.
Devant nos lecteurs creusons un puits et cataloguons
nos découvertes. Les terrains que nous foulons sont de
nature crétacée
2
, du moins souterrainement, comme nous
allons le voir.
Après avoir rencontré dans nos fouilles diverses espèces
de terrains, nous arrivons à quelque quarante mètres de
profondeur, à une couche continue de silex ayant une
épaisseur de 10 à 20 centimètres
3
. Il se présente en blocs à
angles saillants, de couleur grise ou noirâtre, rarement en
ruban. La cassure de ce silex est conchoïdale
4
et à bords
légèrement translucides. Voici enfin la craie blanche du
système sénonien
5
. Elle a une épaisseur approximative de 18
mètres. Elle est traversée verticalement et horizontalement
par des fissures qui la divisent en parallélépipèdes inégaux.
Dans la craie, on aurait rencontré à maints endroits,
des poches d’argile verdâtre, imprégnée de carbonate de
1. Roches dures que l’on peut diviser facilement en feuillets comme
des ardoises.
2. De nature de la craie.
3. L’exploration se fait au milieu de la montagne. Les fouilles
opérées au pied de la colline nous livrent la craie à 7 ou 8 mètres de
profondeur. En certains endroits on en a découvert à fleur de terre.
4. Qui ressemble à une coquille.
5. Tel qu’on le rencontre à Sens.
chaux.
Nous verrons, dans le courant de notre exposé, quel
était le mode d’exploitation de cette industrie.
Sur la rive droite du Pisselet, A. Dumont a rencontré du
calcaire dit d’Avernas. Cet endroit est situé à 800 mètres au
sud de l’église de Doiceau.
Sur la rive droite de la Dyle, à Doiceau, aux Lowas,
à la Campagne de Bossut, sur les rives du Train, nous
découvrons un terrain formé de psammite landenien mêlé
de sable.
Le psammite en se désagrégeant forme un sol de surface
moins froid, moins compact et très propre à la culture.
Au sud-est du Chemin de la Croix Claude, nous
découvrons du sable landenien avec sous-sol argileux,
composé d’argile dite Ypresienne. Le sable bruxellien
se remarque à divers endroits de notre territoire, entre
autres, au pied des Lowas, au bois de Bercuit, au bois de
l’Ermitage Saint-Pierre et à Hèze.
Le sable que l’on trouve au Crolis-Joir diffère du
précédent, il est plus siliceux.
Nous rencontrons une troisième qualité de terrain
sablonneux, au Champ des Gottes au hameau de Morsain.
C’est du sable argileux. Le limin Hesbayen se découvre
aux confins du hameau de Hèze, près de la commune de
longueville, sur les rives gauches du Train et du Pisselet et
à la Campagne de Bossut.
Enfin des terrains de formation récente, amenés par les
alluvions de la Dyle, se rencontrent le long du cours d’eau
à l’emplacement des prairies actuelles.

— 46 — — 47 —
VI. GREZ-DOICEAU DANS LA PRÉHISTOIRE
Si notre intention est de tracer une histoire complète de
notre village, il nous faudra remonter très haut dans les
brumes du passé.
La préhistoire, période qui précède l’histoire, comme
son nom l’indique, est, à vrai dire, inconnue. Les assertions
des spécialistes en la matière ne sont que des hypothèses.
Cependant, l’étude des terrains et de leur contenu
a permis d’établir l’époque probable de l’apparition de
l’homme sur la terre. Au début des temps, les eaux de
la mer couvraient nos parages. Ce ne fut que longtemps
après, que des ceintures de récifs formées en Haute
Belgique protégèrent nos contrées des fureurs de l’océan
Atlantique. Des côtes se dessinèrent, des promontoires se
dressèrent du sein des eaux. L’élément liquide se rétrécit en
canaux qui sillonnèrent tout le territoire. Les soulèvements
souterrains desséchèrent bientôt le sol, qui apparut nu et

— 48 — — 49 —
délabré.
La mer en se retirant, laissa des traces de son passage :
des galets (à la Potrée, au Champ du Centri, à la Magnette);
des dépôts caillouteux accompagnés de sédiments argileux
(au sud-est de la Croix-Claude); sablonneux (au pied des
Lowas, au bois de l’Ermitage Saint-Pierre, à Hèze, au bois
de Bercuit, au Crolis-Joir); sablo-argileux (au Champ des
Gottes).
Ces dépôts s’accumulèrent. Les premières couches
placées à l’abri des influences climatériques et soumises aux
pressions incalculables exercées par les dépôts supérieurs,
avec les siècles se transformèrent en roches.
Le sable comprimé se métamorphosa en grès; les
psammites et la craie furent la résultante de cette action
des éléments.
Dans les puits creusés au Champ des Lowas, on a
découvert la preuve évidente du séjour de la mer en ces
lieux.
Les Fossiles
1
étaient très nombreux dans la craie et
leur test bien conservé
2
. Galeotti, a découvert au même
lieu un poisson qu’il ne put identifier, et plusieurs espèces
d’huîtres.
Mais nous allons poser et tâcher de résoudre un
problème qui, sans aucun doute, aura déjà préoccupé bon
1. Nom donné aux débris ou empreintes de plantes ou d’animaux
ensevelis dans les couches terrestres antérieures.
2. Preuve qu’à l’époque où se sont formés ces dépôts, le sol bien
qu’émergé, a pu produire des plantes terrestres.
nombre de nos lecteurs.
«A quelle époque Grez-Doiceau a-t-il été visité et habité
par l’être humain ?»
Répondons d’abord à la question d’une façon générale.
Le Père de Sinéty, dans le Dictionnaire de la Foi
Catholique estime que la date d’apparition du type humain
sur la terre peut dépasser cent mille ans.
Pierre Termier, le savant académicien, réduit ce chiffre
à trente ou quarante mille.
Certains auteurs, Verneau en particulier, sont
catégoriques sur ce point : «l’homme aurait été témoin de
la période tertiaire de l’univers.»
Nous partageons plutôt l’opinion du baron de Loé : «les
premiers vestiges de l’homme sur la terre dateraient de
l’époque quaternaire.»
Supposons donc notre planète habitée à cette époque.
Comment délimiter le territoire qui nous intéresse ?
La chose n’est pas possible, car l’histoire du pays n’est
pas divisée d’après la nationalité de l’occupant mais d’après
les vestiges de l’industrie du temps.
Le développement de l’industrie humaine primitive
se divise en trois périodes qui correspondent aux trois
substances employées par l’homme pour la fabrication de
ses armes et ustensiles : l’âge de la pierre, l’âge de bronze
et l’âge du fer. Avons-nous des éléments susceptibles de
prouver l’existence de l’homme préhistorique dans nos
contrées à l’âge de la pierre ? Telle est la question.
L’âge de la pierre se divise en trois période bien distinctes

— 50 — — 51 —
: La période éolithique, la période paléolithique et la
période néolithique.
Pendant la période éolithique, nos pères employaient la
pierre telle qu’ils la trouvaient, avec ses éclats naturels.
On n’en a pas observé de traces chez nous.
Pendant la période paléolithique les anciens employaient
le silex taillé. Une pointe de flèche de cette substance fut
retrouvée il y a quelques années dans des fouilles opérées
à Grez. Elle est restée longtemps la propriété d’Arthur
Maricq, l’ancien secrétaire communal.
Elle fut donnée au Musée royal d’antiquités sous
certaines conditions que nous relaterons en lieu opportun.
Ce silex taillé servait à la chasse et à la guerre, occupations
exclusives des hommes de la préhistoire.
Il est à noter qu’à cette époque, nos pères habitaient de
préférence les cavernes naturelles desquelles nous n’avons
trouvé trace sur le territoire de Grez
1
.
Durant la période néolithique ou période de la pierre
polie nous avons encore des preuves du séjour de l’habitant
en nos parages.
En creusant un puits situé au Champ des Lowas, le
terrassier mit à jour deux haches en silex poli. Cette
trouvaille inestimable fut jointe à la flèche citée plus haut
et offerte au Musée royal de l’État.
A cette époque, nos pères n’habitaient plus les cavernes,
mais se construisaient des habitations, se groupaient,
1. On nous a cependant signalé l’existence d’une de ces cavernes
sur le territoire de Bonlez. Nous n’avons pas contrôlé la chose.
cultivaient la terre et formaient la famille primitive que
Fustel de Coulange nous décrit dans La Cité Antique .
«Hors de la maison, tout près, dans le champ voisin,
dit-il, il y a un tombeau. C’est la seconde demeure de la
famille. Là reposent en commun, plusieurs générations
d’ancêtres; la mort ne les a pas séparés. Ils restes groupés
dans cette seconde existence et continuent à former une
famille indissoluble. Entre la partie vivante et la partie
morte de la famille, il n’y a que cette distance de quelques
pas qui sépare la maison du tombeau...»
L’âge du bronze, limité de 1000 à 850 de l’ère païenne,
n’a guère laissé de trace en notre pays. Le bronze fut
d’ailleurs importé chez nous en quantité très minime par
des vendeurs étrangers.
L’âge du fer ouvre l’ère des invasions guerrières. Nous
voyons nos contrées conquises par les Barbares, les
Germains, les Celtes qui s’établissent parmi nos populations
néolithiques qu’ils asservissent.
Enfin, vers 57 avant Jésus-Christ, lors de l’arrivée de Jules
César, en Belgique, il n’y avait pas moins de 24 peuplades
disséminées sur toute l’étendue du territoire.
L’histoire nous apprend que notre contrée était habitée
par les Nerviens et quelques groupes tributaires dont un
est cité comme nous touchant de plus près, les Centrones.
Il est probable que nos pères s’allièrent aux Nerviens
pour défendre le pays contre l’invasion romaine.
Ils ne réussirent d’ailleurs qu’à se faire massacrer presque
jusqu’au dernier.
Rome allait désormais régner...

— 52 — — 53 —
VII. GREZ-DOICEAU SOUS LES ROMAINS
Nous avons des preuves indéniables du passage des
Romains chez nous.
Deux éléments essentiels nous permettent de l’établir : la
découverte d’une villa romaine et l’existence de nombreux
tumuli.
Parlons tout d’abord de la villa romaine.
Ces édifices étaient généralement construits sur le
versant d’une colline, nous loin d’un cours d’eau et à la
lisière d’un bois.
La villa romaine découverte à Grez-Doiceau devait, à la
fois, réunir les trois conditions.
Elle était située au Champ de Présenne, à l’est du chemin
des Béguinages, donc à proximité du Train et du ruisseaux
qui le grossit, du bois du Bercuit, et sur le versant du dis
bois. La découverte fut faite l’année 1860, par Rouchaux,
fermier à Morsain et propriétaire du champ.
Des fouilles furent immédiatement opérées sous la

— 54 — — 55 —
surveillance du Comte du Monceau, qui catalogua les
découvertes qu’il fit parvenir sous forme de rapport au
Gouverneur de la province en 1863.
La villa romaine mesurait 16 mètres de longueur sur 6
mètres de largeur. Elle était garnie de petites places carrées,
voisines, mais sans trace de communication entre elles.
Toutes ces chambres s’ouvraient sur la façade sud-est de
l’édifice. Les unes avaient pour sol du béton teinté de brun,
les autres des carrelages en terre cuite.
Les parois étaient recouvertes de béton sur lequel des
ornements de couleurs diverses avaient été estampés.
On rechercha avec attention quelques indices qui
pussent divulguer la continuité du séjour de l’homme en
ce lieu. Malgré le soin apporté aux fouilles on ne trouva
ni traces d’incendie, ni objets de métal, ni vestiges de
mobiliers ou d’ustensiles ménagers, si ce n’est un fragment
de pierre meunière.
Sur la face nord-est de la villa, on découvrit des débris
de piliers alignés, séparés les uns des autres d’une trentaine
de centimètres. Ces piliers étaient formés de carreaux de
terre cuite scellés entre-eux par de l’argile.
Dans l’espace intermédiaire, on remarqua du charbon
de bois et les restes d’un foyer.
Dans la direction du nord, on retrouva les vestiges d’une
clôture qui entourait le bâtiment. Elle s’étendait sur une
longueur de plus de 100 mètres.
Les débris de la villa romaine furent morcelés et servirent
à construire les fondements de la ferme Rouchaux au
hameau de Morsain. Toutefois, le Comte du Monceau
conserva quelques grandes tuiles, dalles, briques et restes
de maçonnerie, le fragment de pierre meunière et neuf
échantillons de peinture murale.
Entamons, à présent, notre étude sur les tumuli
rencontrés sur notre territoire.
Mais commençons notre exposé par quelques notes
explicatives très brèves à ce sujet.
Les Romains attachaient une très grande importance au
culte des morts. Ils brûlaient les cadavres et recueillaient
leurs cendres dans des urnes qu’ils disposaient dans des
tombes soit en terre, soit en maçonnerie.
Ils croyaient à l’immortalité de l’âme; de là leur
préoccupation de joindre aux restes du mort des ustensiles
multiples destinés aux mânes du défunt. Ces tombes
étaient recouvertes de terre et formaient les tertres qu’on
a appelé par la suite, les tumuli. Nous possédions sur le
territoire de la commune de Grez-Doiceau, de nombreux
tumuli.
Et tout d’abord au bois de Laurensart.
En 1839, on nivela un tumulus situé dans le dit bois. On
y découvrit deux vases antiques et une pièce de monnaie
romaine. Ces précieuses trouvailles restèrent la propriété
du châtelain de l’endroit.
D’autres tumuli s’observaient encore au même
emplacement. Nous ne pensons pas qu’ils furent explorés.
Ils formaient deux groupes bien distincts, séparés par un
ravin.
Le premier de ces groupes comprenait trois combelles,
le second quatre. L’emplacement du cimetière était

— 56 — — 57 —
approximativement le suivant : 1.000 mètres au nord,
nord-est de l’église de Basse-Wavre. Un second tumulus
a été exploré au lieu-dit, Champ de Rois-Mont, au centre
d’une sapinière. Les fouilles en furent opérées en 1863. On
y découvrit des cendres de charbon, des ossements et une
globerie de bronze.
Une troisième série de tumuli, la plus imposante, était
visible, il y a quelques années, au hameau de Hèze. Les
habitants de l’endroit les appelaient communément, les
tombeaux romains.
Ils occupaient une parcelle de terrain située au lieu-dit,
Grande-Bruyère, cadastrée section C, numéro 836. Le sud
de ce terrain est limité par le chemin de la Coquière.
On y distinguaient neuf tumuli.
Lors des premières fouilles, deux des tombeaux avaient
déjà été nivelés par les défrichements. (Voir croquis p. 58,
aux numéros VIII et IX). Les sept autres étaient encore
parfaitement reconnaissables. Leur hauteur variait de 50
centimètres à 1 m. 50; leur diamètre de 10 à 20 mètres. Les
recherches se limitèrent à deux tumuli. Dans le premier,
on découvrit quelques fragments de poteries et un demi-
fond d’urne. Ces restes étaient mêlés à des cendres et à des
ossements. Ces trouvailles furent faites en trois endroits
différents du tumulus.
La seconde tombe ne contenait qu’une fosse sépulcrale
rectangulaire, où se mêlaient des os calcinés et des cendres.
Un élément intéressant à constater est l’absence presque
totale d’ustensiles, desquels les romains avaient l’habitude
d’encombrer leurs morts pour le grand voyage.
Dans le second tumulus nous ne rencontrons en effet
aucun de ces objets; dans le premier quelques débris
négligeables.
Comment expliquer cet oubli ? - si oubli il y a - de la part
d’un peuple qui avait le culte de ses morts si haut placé ?
La chose ne peut s’expliquer que de la façon suivante.
Le temps ne fut point donné aux vivants de rendre
aux défunts les honneurs complets. Un combat doit s’être
engagé sur ce plateau, et pour ne point laisser les dépouilles
des leurs aux mains de l’ennemi, les soldats romains durent
tout simplement livrer les restes glorieux aux flammes
salvatrices.
C’était un suprême hommage rendu à la mort.
En dehors de la villa romaine et des tumuli desquels
nous avons entretenu nos lecteurs, plusieurs autres vestiges
romaines furent découverts sur notre territoire.
Entre Basse-Wavre et Laurensart, on mit à jour des
fragments de vases d’un rouge éclatant et recouverts
d’inscriptions. Ces trouvailles n’ont malheureusement pas
été conservées.

— 58 — — 59 —
LES TUMULI DE HÈZE
Van Dessel, Extrait du Bulletin des Commissions
royales d’art et d’archéologie.
Route de Bonlez à Longueville ou chemin de la coquière
En reconstruisant le pont sur le Train, de la chaussée
de Wavre à Jodoigne, les terrassiers découvrirent plusieurs
pièces de monnaies romaines datant du haut Empire, sous
Claude, Domitien et Trajan.
Ces monnaies ont été tout un temps la propriété d’Arthur
Maricq, notre érudit ancien secrétaire communal.
IX
VIII
VII
VI
V
III
I
IV
II
VIII. GREZ-DOICEAU SOUS LES FRANCS
Après plusieurs siècles de domination romaine, notre
pays connut l’invasion des Francs.
A ce sujet un peu d’histoire est nécessaire.
A l’avènement de Clovis, en 481, les wisigoths, les
Burgondes, les Romains, les Allemands se disputaient le
territoire de la Gaule.
Clovis assura la supériorité aux Francs. Il défit les
Romains à Soissons (486), assujettit les Allemands à
Tolbiac (496), réduisit les wisigoths à la possession de la
Septimanie par la victoire de Vouillé et ébranla la puissance
des Burgondes, que ses fils détruisirent en 534.
Après la mort de Clovis (511) les fils de celui-ci avaient
partagé le territoire conquis par leur père, et de ce partage
étaient nés quatre royaumes distincts : ceux de Paris, de
Metz, de Soissons et d’Orléans.
En 558, Clotaire réunit tout l’empire des Francs, mais
de 561 à 613, a lieu un second partage, suivi de guerres

— 60 — — 61 —
civiles qui, après une réunion momentanée, amenèrent
la division de la France en quatre régions : l’Austrasie, la
Neustrie, la Bourgogne et l’Aquitaine
1
.
Le Brabant qui faisait partie de l’Austrasie échut à
Thierry I
er
, fils de Clovis.
Après maints partages et cessions, en 911, le Brabant
reconnut comme souverain - comme la Belgique entière
d’ailleurs - le roi de France, Charles le Simple, dernier
descendant de Charlemagne. En 977, par un mariage
de Lambert, Comte de Louvain, avec la fille de Charles
de France, Bruxelles et ses environs passèrent sous la
suzeraineté de ce seigneur.
Lentement, le Comté de Brabant se formait.
A la tête de chaque portion de territoire, délimitée par
le seigneur haut suzerain, en l’occurrence le Comte de
Brabant, étaient établis des Comtes, vassaux du premier,
qui administraient la justice et réglaient les finances.
C’est au Xe siècle que fut formé le Comté qui avait
Grez pour chef-lieu. Son territoire ne devait pas avoir une
étendue considérable, il ne dépassait probablement pas les
limites de la chef-Mairie de Grez que nous retrouverons
au Moyen-Age.
Le Comté de Grez n’était pas habité par moins de quinze
seigneurs, chevaliers vassaux du Comte de Grez.
Chacun de ces seigneurs devait l’investiture et le cens au
Comte Suzerain. Chaque chevalier avait son manoir, ses
1. Voir Dictionnaire d’Histoire et Géographie au terme, France.
serviteurs et ses esclaves.
Grez ouvrait l’ère de sa féodalité.
Les invasions ayant troublé profondément la vie religieuse
de notre pays, aux Francs nous devons l’établissement de
l’église de Grez, qui eut rang d’église entière et fut élevée
sous le vocable de saint Georges.
Mais nous avons réuni autour d’un clocher quelques
maisons simples, menues, où vivent des hommes taillables
et corvéables à merci.
Dans l’étendue du Comté, nous avons édifié des manoirs
somptueux, où vivent des seigneurs investis de tous les
pouvoirs : droit de vie, droit de mort.
Que nous faut-il de plus pour ouvrir nos portes à
l’Histoire ?

— 62 — — 63 —
IX. GREZ-DOICEAU SOUS LES COMTES ET
LES DUCS DE BRABANTS
Le premier comte de Grez que mentionne l’histoire est
Wermer.
Les historiens ne précisent pas l’emplacement probable
du château des Comtes. Il est à supposer que le domaine de
ces seigneurs était identique à celui des Chevaliers de Grez
desquels il sera fait mention au cours de notre exposé.
Les Comtes de Grez avaient donc pour demeure le
château de Piétrebais en Grez.
Vers l’an 1000, on fait mention de la femme du dit
Wermer, qui fit don à l’abbaye de Gembloux de plusieurs
biens. Parmi ceux-ci, on cite la donation de deux manses
1

sises à Morceshem qui rapportaient annuellement un cens
2

1. Habitation de campagne à laquelle se rattachait une certaine
étendue de terre.
2. Redevance payée par un vassal à son suzerain.

— 64 — — 65 —
de 10 sous de Louvain et 4 poules.
En 1056, on ramène à Liège, quelques reliques de l’apôtre
saint Jacques de Galice. Parmi les quelques pèlerins belges
à qui on doit ces restes, on cite le nom de Herman, consul
de Grez. Werner de Grez, fils du premier Comte duquel
nous avons fait mention, laissa deux fils Henri et Werner.
Ce dernier devait illustrer les annales de notre village.
Les débuts de leur vie se confondent. On les rencontre,
unis en maintes circonstances. En 1092, nous les trouvons
rassemblés comme témoins de la fondation de l’abbaye de
Flône.
Quatre ans plus tard, nous découvrons encore leurs
noms associés lors de la cession de l’alleu
1
de Genappes et
Baisy à l’abbaye de Nivelles. Ils figurent parmi les témoins
de cette donation.
Mais bientôt les circonstances vont les séparer et faire
de l’un un héros.
La voix du pape Urbain II, promoteur de la première
croisade n’a pas été entendue en vain. Belliqueux et chrétien
fervent, Werner de Grez n’a pas tardé à se joindre à son
cousin Godefroid de Bouillon, de qui il est le conseiller.
Henri resta seul au pays. On rencontre encore son nom
lors de la fondation du prieuré de Frasne en 1099.
Mais abandonnons Grez pour suivre un instant les chefs
de la première croisade.
Voici d’ailleurs comment deux de nos meilleurs
1. Propriété héréditaire et exempte de toute redevance.
historiens
1
retracent cette odyssée glorieuse.
«Albert d’Aix, auteur contemporain, exalte en plusieurs
endroits de sa chronique son habileté (de Werner) dans l’art
de la guerre, et sa vaillance. Werner accompagna Godefroid
à l’entrevue qu’il eut avec le roi de Hongrie, lorsque les
Croisés traversèrent ce pays, et à l’audience solennelle de
l’empereur de Constantinople, Alexis Commène.
Il fut l’un des huit chefs qui dirigèrent les chrétiens
pendant leur marche de Laodicée à Antioche, l’un des
capitaines qui allèrent chercher des vivres au port dit de
l’Ermite Siméon, et de ceux qui commandèrent à la grande
bataille d’Antioche. Après la prise de Jérusalem, il resta en
terre-sainte et aide Godefroid de Bouillon à administrer et
à défendre son nouveau royaume. A la tête de 140 cavaliers
il surprit les défenseurs de la forteresse d’Arsid, ce qui
amena la reddition de cette place. Godefroid était déjà
malade, lorsque Tancrède, prince d’Antioche et Werner
assiégèrent le château de Cayphas; mais celui-ci atteint par
la maladie, dut se faire porter à Jérusalem où il mourut en
même temps que son illustre parent.
Huit jours après la mort de Godefrois, il reçut la
sépulture dans la Vallée de Josaphat, à la porte de l’église
de Sainte-Marie.
Selon Guillaume de Tyr, le roi Godefroid avait, quelques
temps auparavant, donné la forteresse de David, la citadelle
de Jérusalem, au patriarche de cette ville, Daimbert, en ne se
réservant que l’usufruit. Mais les exécuteurs testamentaires
de ce prince, et en particulier le Comte Werner de Grez,
1. Tarlier et Wauters, op. cit.

— 66 — — 67 —
refusèrent de donner suite à cette cession.
Godefroid avait à peine expiré, que Werner s’empara de
la tour, qu’il fit fortifier et se hâta d’envoyer des députés
à son parent, le Comte Baudoin, frère et héritier de
Godefroid, afin qu’il arrivât sans retard. Il ne vit pas le
résultat de sa démarche, car il mourut au bout de cinq
jours, ce que quelques personnes, dit Guillaume de Tye,
regardèrent comme un miracle.»
Vers l’an 1110, nous entendons parler fréquemment de
Sart
1
associé à diverses formes, qui variaient d’après les
actes. Godefroid I
er
, dit le Barbu, avait accordé des chartes
au prieuré de Basse-Wabre. Il pria Siger de Longinsart de
lui servir de témoin en cette circonstance. C’est le premier
seigneur de Sart duquel il est fait mention dans l’histoire.
Mais que deviennent nos comtes de Grez après la mort
de Henri ? Nous sommes dans l’ignorance à ce sujet. Il est
cependant reconnu qu’à partir de cette époque, le titre de
Comte ne fut plus conféré aux seigneurs de notre village.
Est-ce par rivalité entre les ducs de Brabant et nos
Comtes ? Probablement.
Vers l’an 1145, les chevaliers de Grez étaient qualifiés,
soit d’hommes libres (ingenuus homo ), soit de membres de
la Familia du duc de Brabant.
Sanderus cite Werner, comte de Grez qui vivait sous le
règne de Godefroid III, duc de Brabant. La chose n’est pas
en contradiction avec notre opinion, Godefroid n’ayant
1. Voir page 28
été sacré duc qu’en 1142.
Dix ans plus tard apparaît un Thomas de Greis, homme
libre, à qui succède un Arnould de Greis, membre de la
familia du duc Godefroid III.
Le village de Grez, groupé autour de l’église, consacrée
à saint-Georges, commençait à s’organiser et à prendre
l’essor que nous lui connaîtrons bientôt. Pour favoriser
cette efflorescence, des habitant de la localité, groupés en
corporation ouvrière, créèrent une guilde qu’ils mirent
sous la protection de saint Georges, patron de la paroisse.
Cette corporation, ouvrière en son essence, fut bientôt
organisée en congrégation religieuse d’abord, militaire
ensuite. Un autel à saint Georges fut édifié à ses frais et
confié à sa garde et à ses soins. Lors du décès d’un des siens,
la corporation entière assistait aux funérailles. Chacun de
ses membres était initié au maniement des armes, et le tir
à l’arbalète était leur principal délassement. De là leur nom
d’arbalétriers de saint Georges.
Rase de Grées était alors le seigneur de l’endroit. En
1200, il épousa Marie et de cette union naquit Nicolas,
chevalier de Greis.
Ce dernier avait reçu de ses parents le domaine de
Festiaux, situé à Grez, près de la ferme de Beausart. Il
comprenait un bois, des terres et des bruyères. Avec
l’assentiment de Henri I
er
, duc de Brabant, il fit don de ce
domaine à l’abbaye d’Alne.
A cette époque le territoire de Doiceau, appartenait à
Jonas de Duencel, possesseur de nombreux biens à Dion-

— 68 — — 69 —
le-Val. Il avait accordé un fief à un vassal, Sigis Waverel. Ce
dernier donna à l’abbaye d’Afflighem l’alleu qu’il tenait de
son suzerain.
Nous entendons parler vers l’an 1209 de la Chef-Mairie
de Grez. Le premier de ses mayeur fut Rengold qui assuma
le pouvoir de 1209 à 1231. Le chef-maire était secondé
par un receveur établi par le duc. Ce receveur dépendait
du receveur principal qui avait siège à Nivelles. Lorsque
s’élevait une contestation dans le village au sujet d’un cens
qui n’était pas payé en temps voulu au duc de Brabant, le
receveur jugeait le délit, assisté des alloyers ou alleutiers
1
.
Le duc prélevait la dîme
2
de Grez et possédait en plus
le bois de Bercuit, des terres, des cens et redevances.
Par après, comme nous le verrons, le duc octroya une
partie de la dîme, à titre de fief à divers seigneurs. Ceux-
ci, gentilshommes charitables, la cédèrent par la suite à
diverses communautés religieuses.
Le duc Henri I
er
accorda la partie de la dîme qu’il avait
conservée à sa fille Mathilde, comtesse de Hollande. Celle-
ci la légua à l’abbaye de Valduc.
A partir de 1209, l’abbaye de Valduc de Hamme-mille,
prélevait donc à Grez une partie de la dîme.
Comment était organisée la justice en notre territoire ?
Le duc de Brabant avait la haute, moyenne et basse
justice sur tout le domaine de Grez. Conformément à la
1. Propriétaire d’un alleu.
2. Dixième partie des récoltes qu’on payait à l’Église ou au sei-
gneur.
loi de Louvain, c’était lui qui percevait les amendes. Les
seigneurs de l’endroit n’avaient que quelques prérogatives
qu’ils devaient singulièrement étendre par la suite.
Nicolas, chevalier de Grez comptait parmi ses serviteurs
et vassaux, le chevalier de Ranario et Meuzon de Duvencel.
Nicolas avait cédé au premier un huitième de la dîme
de Grez qu’il tenait de son suzerain immédiat le duc
Henri I
er
de Brabant. Le chevalier de Ranario en fit don à
une communauté religieuse, l’abbaye d’Alne, 4 chapons et
un poulet.
Le seigneur de Duvencel, second vassal de Nicolas de
Grez, fit également don à la même abbaye d’une terre située
à Duvencel. Ces donations furent ratifiées par Nicolas et
par Henri I
er
, le 12 juin 1214.
A cette époque apparaît pour la première fois le nom de
la seigneurie de Froides-Vallées ou Froideval. Nous avons
indiqué sa situation probable. Elle appartenait à des preux
chevaliers qui en portaient le nom. En 1209, on cite entre
autres, Jean de Froideval. Il avait donné en fief à Henri
de Bavenchien une partie de la dîme de Franquenies à
Céroux.
D’autre part, nous rencontrons aussi le nom de Siger
de Sart, petit-fils de seigneur du même nom, duquel nous
avons entretenu nos lecteurs.
Siger de Sart, fut, comme son aïeul, un des témoins de la
charte ou diplôme octroyé au prieuré de Basse-Wavre par
le duc de Brabant Henri I
er
. Il mourut laissant son nom et

— 70 — — 71 —
ses pouvoirs à son fils Jean de Sart.
En 1213, Nicolas, seigneur de Grez, laissa sa succession
à Tholin, chevalier de Grez. Au cours de la même année,
nous rencontrons pour la première fois le nom de du Péry.
C’était celui d’une famille de Grez, à laquelle appartenait
un Lamber del Perroit. La sœur de Lambert fit construire
une chapelle qu’elle appela, Capella de Piro (Chapelle du
Péry).
L’origine de l’hospice du Péry remonte donc à l’an 1213.
Sa fondatrice fut Élisabeth del Perroit ou du Péry.
L’abside extérieure de la chapelle actuelle est encore
ornée de la pierre tumulaire de la fondatrice. On n’y voit
malheureusement plus que des traces de la représentation
d’une femme.
Revenons-en à la dîme de Grez.
Comme nous l’avons vu, c’est l’abbaye de Valduc qui
percevait la majeure partie de la dîme du village; une autre
fraction était prélevée par les abbayes d’Inde, d’Alne et de
Parc-les-Dames. Une partie infime de cette dîme restait à
Gérard, frère de Tholin, chevalier de Grez. Il la céda à son
tour à l’abbaye de Parc-les-Dames. La totalité de la dîme de
Grez était donc perçue par les communautés religieuses.
Le chevalier Gérard de Grez, fut le tuteur de Wicard de
Dion. Ce Wicard de Dion céda aux Duencel la dîme qu’il
percevait dans la paroisse de Dion-le-Val. Le seigneur de
Duencel était à cette époque, Ivon, frère de Meyson.
Meyson de Duencel eut deux fils, Guillaume et Rodolphe
de Duencial. Ceux-ci, vassaux du seigneur Gérard,
reçurent en fief de celui-ci des terres situées à Dion-le-Val.
C’est marquer l’importance de la seigneurie de Doiceau à
cette époque.
En ce temps là, les tenanciers
1
du prieuré de Wavre,
obtinrent du duc de Brabant, Henri I
er
, certaines libertés.
Maints tenanciers du dit prieuré habitant le village de
Grez, obtinrent les mêmes privilèges que ceux accordés
par le duc aux tenanciers de Wavre.
A la mort du duc de Brabant, Henri I
er
, survenue en 1235,
son successeur, Henri II, ratifia la cession de la seconde
partie de la dîme de Grez à l’abbaye de Valduc. Comme on
s’en souvient, ce don avait été fait par Mathilde, comtesse
de Hollande, fille de Henri I
er
.
La puissance des communautés religieuses allait
cependant encore s’accroître sur notre territoire par le don
que fit Jean de Froideval au monastère de Parc-les-Dames.
Ce seigneur possédait en effet en fief de Guillaume
de Piétrebais, une partie de la dîme de Biez. Il la céda à
l’abbaye mentionnée.
Le seigneur Jean de Froideval eut pour successeur,
le chevalier Arnould de Froides-Vallées. Son nom est
mentionné dans une charte de l’en 1242.
Gérard, seigneur de Grez, laissa à sa mort un fils,
Rodolphe, chevalier de Greis ou de Piétrebais. C’est la
1. Qui tenait une terre en roture, dépendante d’un fief.

— 72 — — 73 —
première fois que nous rencontrons l’association de ces
deux noms. La demeure seigneuriale prendra désormais
l’appellation de Château de Piétrebais en Grez, Castellum
de Peeterbaix justa Grez.
En 1247, Guillaume de Duenchial, fils de Meyson, par
la mort de son frère Rodolphe, devint seul seigneur de
Doiceau.
La même année on mentionne la vente du bois de Grez,
appartenant à Gérard de Jauche, à l’abbaye de la Ramée.
En 1250, nous notons pour la première fois le nom de
la seigneurie de la Motte. Le pouvoir se partageait entre
Gilles de Bonlez et Guy del Motte.
Mais quittons cette seigneurie pour revenir au Ranarium
de Grez.
Sous le règne de Jean I
er,
en 1270 environ, se lève la
silhouette d’un preux chevalier. Ce chevalier est Rase, et
son nom est digne de celui de son auguste prédécesseur,
Werner de Grez. Comme les seigneurs à qui il succédait,
mais qu’il allait bientôt dépasser de cent coudées, le
chevalier Rase de Piétrebais en Grez, laissa une partie de
la dîme à l’abbaye de Valduc.
Son suzerain, le duc de Brabant, voulant réunir le
Limbourg à son duché et permettre ainsi aux marchands
brabançons l’accès de l’importante route du Rhin, entreprit
la campagne que l’on connaît et qui devait se terminer par
la brillante victoire de Worringen
1
. Rase de Grez portait
l’étendard du duc à cette sanglante bataille. Au fort de la
lutte son cheval s’abattit sous lui et glorieux étendard fut
près de tomber entre les mains de l’ennemi.
«Cet incident jeta un instant la consternation dans
l’armée brabançonne; le ménestrels n’apercevant plus le
souverain du duché (le cheval du duc avait également
été abattu) cessèrent de jouer de leurs instruments. Mais
bientôt leurs accents retentirent avec plus d’énergie.
Nicolas d’Uders et Walter de la Chapelle avaient relevé
l’étendard ducal, et Jean I
er
, monté sur un autre coursier
jetait derechef la terreur dans les rangs ennemis
2

La pierre tombale de Rase ornait jadis le chœur de l’église
de l’abbaye de Villers. Elle fut acquise par Man de Lennick.
Elle est visible de nos jours au Musée royal d’antiquités du
Cinquantenaire. En voici une sommaire description.
C’est une dalle en pierre bleue. Une incrustation de
marbre blanc représente un chevalier armé et logé dans
une niche. Il a les pieds posés sur un lion. Lors de son
séjour à l’abbaye de Villers, la tête et les pieds de l’image
sépulcrale étaient d’argent.
On lit l’inscription suivante sur la pierre tombale : chi
gist raes de greis chlr (seig:)de bierc-ki... de la ilh ala outre
meir en a.re et porta le standar à Waronck avek le duc jehan
et trépassa lan de grasche MCCCXVIII le vigile saint-thomas
(le mot Priis pour priez aura été oublié et placé plus bas)
1. Dans la Prusse rhénane, au nord de Cologne.
2. Wauters, Jean 1er.

— 74 — — 75 —
por sarme et par son bain signour le duc jehan.
Après avoir vanté les exploits du guerrier, revenons aux
affaires courantes, car il est sur terre d’autres personnages
que des héros.
Le bois de Bercuit appartenait vers l’an 1276 à Jean Ier,
duc de Brabant. Celui-ci le céda à son frère Godefroid.
Marguerite de Brabant était alors abbesse de Valduc. Elle
reçut ratification de la cession de la partie de la dîme qui
était réservée aux ducs de Brabant et que les prédécesseurs
de Jean I
er
avaient toujours octroyée à cette abbaye.
Mais l’intérêt a toujours guidé les hommes quelles que
soient leurs convictions. Aussi vit-on des contestations
s’élever entre les décimateurs
1
de l’abbaye de Valduc, Alne
et Parc-les-Dames. Valduc leva dès lors la dîme réservée à
ces deux abbayes. En retour il versa annuellement à Alne
20 muids
2
de blé dur, 19 muids d’avoine et 50 sous de
monnaie usuelle.
A Parc, la même redevance, diminuée d’un muid de
blé dur. Ces deux abbayes secondaires devaient entretenir
pour une part, l’église de Grez.
L’an 1298 est marquant dans l’histoire de notre
commune, car il y est fait pour la première fois mention
de la franchise de Grez. La franchise de Grez avait comme
1. Les abbayes qui dépendaient de Valduc et qui avaient le droit de
percevoir la dîme.
2. Environ 18 Hectolitres.
sceau un cavalier représentait saint Georges, patron de la
paroisse, armé de la lance et du bouclier. En exergue du
scel, on lisait la devise suivante : Sigilum Villici et Scabinat
de Gravia. C’est celui qu’on remarquera au-dessous de la
grande charte de Cortenberg en 1312.
Il servait également à ceux de Doiceau qui n’avaient pas
de sceau commun.
Avec le quatorzième siècle, nous voyons le château de
Piétrebais en Grez occupé par de nouveaux seigneurs
appelés Gilbert de Greis. Gilbert épousa Clémence, fille et
héritière du Sire de Malève, dénommée aussi la dame de
Rixensart.
Raule ou Rodolphe reçut du Chapitre de Saint-Lambert
de Liège, le village de Biez où il s’établit. De plus, il tenait
en fief du duc de Brabant Jean III quelques biens situés à
Grez.
Les seigneuries voisines avaient également changé de
propriétaires. Sart, appelé alors Tyenghissaert avait été
légué par le duc de Brabant, à un bourgeois de Louvain,
appelé Othon de Wertheike ou encore Vertike de Louvain.
Il possédait 15 bonniers de terres, 3 bonniers de prairies,
2 bonniers de bois, 5 bonniers de terrains vagues, un cens
de 19 chapons, 5 pouletteaux (sic) et 30 sous de paiement.
Il ne resta guère propriétaire de la dite seigneurie. Il la
vendit à Jean de Bossut. Ce dernier eut pour successeurs
respectifs, Baudouin dit Jacques de Bossut, son fils et

— 76 — — 77 —
Marie de Bossut, fille de Jacques.
La seigneurie de la Motte après avoir été possédée
par Othon de la Motte eut pour propriétaires successifs,
Baudouin de Saint-Pol, puis son frère Siger de Saint Pol
dit de la Motte.
Pour la première fois en 1312, il est fait mention de
la Maison de la Violette, fief du duché de Brabant. Cette
petite seigneurie, possession de Reynard ou Renaud de
Hoslbeke avait l’étendue suivante : 4 bonniers de prés
situés à Archennes, 6 journaux de terre au bois de Meylem
(Melin).
La seigneurie de Froideval fut léguée la même années,
1312, par le duc Jean III à Ostelet de Walhain (petit Othon).
Cette seigneurie avait, à cette époque, l’importance
suivante : 24 bonniers de terre, 1 journal de pré, une cour
de tenanciers, un cens de 8 deniers et 23 chapons.
En 1328, Gilbert de Greis meurt, suivi peu après de son
frère Rodolphe, seigneur de Biez. Leurs biens réunis vont
à leurs fils et neveux. L’aîné, Gilbaud ou Gilbert de Grez,
seigneur de Bierch et de Hauchines, prend possession
du château de Piétrebais en Grez et de ses nombreuses
dépendances. Pour ne faire qu’un bloc de son vaste
domaine, il achète la terre voisine de Froideval. Pour
dédommager un de ses frères, Baudechon, il lui accorde
cette dernière acquisition en échange de la terre de Malève.
Ce Gilbert de Grez se fit remarquer en maintes
circonstances.
En 1334, il fut un des juges de l’enquête ordonnée en
Brabant. Deux ans après, il scella le traité entre le Duché
et la Flandre. A cette occasion, en 1346, il dut prêter le
serment de fidélité à Louis de Mâle, comte de Flandre.
Il avait épousé la fille aîné de Rase, chevalier de Seraing.
Fatigué du pouvoir, il céda ses charges à son frère Rase de
Grez. Rase avait épousé Marguerite de Neer Linter.
Seigneur très pieux, il fit ériger une chapelle sous le
vocable de saint Jean-Baptiste. Cette chapelle était contiguë
à l’église de Grez. La chapellenie possédait 16 bonniers
et demi de terre, 5 journaux de prés, une redevance de
8 mesures de froment payable par Valduc. Elle avait en
outre un revenu de 263 florins. Par contre, elle devait
trois messes par semaine. En 1704, par acte du chanoine
d’Anderlecht, Christophe Van den Berghe, frère du comte
de Limminghe, duquel nous reparlerons, la chapelle Saint-
Jean-Baptiste dut célébrer une messe de plus par semaine,
consacrée au Saint-Sacrement
1
.
Rase de Grez et son épouse moururent en 1351 quelques
années avant leur frère Gilbert de Grez qui s’éteignit en
1362. Les deux premiers furent ensevelis dans la chapelle
Saint-Georges, adjacente à l’église de Grez.
A Gastuche sur la Dyle, existait un moulin, propriété
du duc de Brabant, Jean III. Il était situé à l’emplacement
1. Telle est l’origine de la messe du Saint-Sacrement qu’on doit
chanter à Grez, le jeudi.

— 78 — — 79 —
actuel des Papeteries de Gastuche. Il était banal
1
pour les
habitants de Bossut, Gottechain, Guertechain, Pécrot, de
la Chaussée, de Tingissart, de Loucsart, de Doiceau et de
Nodebais. C’était le moulin de Loucsart. Le duc de Brabant
le céda à perpétuité, moyennant 20 muids de seigle par
an et 20 livres de cire à Jean d’Aske, abbé d’Afflighem, qui
devait percevoir le droit de mouture et qui avait rôle de
poursuivre ceux qui se soustrayaient à l’obligation de s’y
soumettre. Par acte de 1345, Jean III promit de ne jamais
dévier le cours de la Dyle entre Basse-Wavre et Florival,
ni de construire de moulin, ni de tordoir entre ces limites.
Il se réserva toutefois le privilège de faire démolir les
bâtiments du moulin ou d’en enlever les meules.
Le domaine de la Violette appartenait en 1350 à Arnoul
de Hoslbeke, fils de Renaud, duquel nous avons déjà
entretenu nos lecteurs. Jean III, duc de Brabant, acheta ce
domaine et en fit don à Quaderebbe. Il y ajouta 4 bonniers
de terres, un cens de 12 gros et une Cour féodale de sept
hommages acquis à Baudechon de Grez.
A la mort de Baudechon, chevalier de Froideval,
Godefroid dit Poure Valet (pauvre valet) parent de Ostelet
de Walhain, hérita de la seigneurie de Froideval. Elle avait
été mutilée d’une dépendance de 5 bonniers au profit de
Quaderebbe, seigneur de la Violette.
Nous avons parlé en temps opportun, de Rengold,
premier maire de la chef-Mairie de Grez. Nous n’avons
1. Soumis à une redevance au seigneur, tout en étant d’un usage
public et obligatoire.
pas retrouvé les noms des mayeurs qui se sont succédé
jusqu’en 1370, époque où apparait Sohier.
Jeanne, duchesse de Brabant, ordonna dans son duché,
une enquête destinée à contrôler les agissements de ses
officiers de Justice. Sohier ayant été reconnu coupable de
certains faits répréhensibles, fut condamné à une amende
de 20 moutons et à l’annulation de toutes les dettes qui
avaient été contractées envers lui.
Mais que devint la seigneurie de Grez, lors de la mort
des chevaliers Rase et Gilbert ? Elle échut à un second
Gilbert, dit de Soyse, autre frère de Gilbert de Grez. Il ne
la conserva pas longtemps, car il la vendit bientôt après à
Engelbert, son frère et frère des précédents. La seigneurie
avait belle apparence à cette époque. En supplément
du domaine de Grez, il y était adjoint l’alleu de Biez. Le
château formait un quadrilatère de 50 mètres de côté. A
chaque angle, on remarquait une tour ronde et massive.
La cour était divisée en deux, par un grillage et ornée en
son centre d’un jet d’eau. Le tout était entouré de fossés
larges et profonds. Le château avait son jardin, sa vigne
située au lieu dénommé au XVII
e
siècle le Bois des Vignes.
Les ornements de ses chambres étaient riches et luxueux;
maintes tapisseries étaient inestimables dont quatre de
couleur jaune et quatre de couleur bleue.
Englebert mourut sans enfants. La totalité de ses biens
revint à son neveu, sire Rase de Rivieren ou de Neer-Linter.
Rase de Rivieren, sire de Neer-Linter était le fils de
Marie de Grez, sœur de Engelbert, qui avait épousé Daniel

— 80 — — 81 —
de Rivieren, sire de Linter.
Le nouveau seigneur du château de Piétrebais était très
puissant, ayant accumulé par héritage les biens de ses
oncles : Gilbert, Rase, Baudechon et Englebert de Grez.
Grez était déjà à cette époque un bourg important. On y
comptait 99 ménages, Doiceau n’en possédait que 18.
Sohier, chef-mayeur, représentant la duchesse Jeanne et
subordonné au Bailli de Nivelles, étendait sa juridiction
sur une vaste étendue de territoire.
Ci, les lieux situés dans son ressort. Nous mettons en
regard de chacun, le montant de sa Cote dans l’aide votée
au Duché en 1383
1
. Le lecteur pourra ainsi apprécier leur
importance respective.
1. Tarlier et Wauters, ibidem.
Grez 126 2/3 vieux écus
Ferrox (Ferrières); 33 1/3 « «
Heyst (Hèze); 13 1/3 « «
Duwenchiail 35 2/3 « «
Sart-sur-Dyle 29 « «
Mironsart 18 2/3 « «
Bossut 80 « «
Nodebais 40 « «
La seigneurie de Biez 13 1/3 « «
La seigneurie de Bonlez 9 « «
La seigneurie de
Chapelle Saint-Laurent 26 2/3 « «
425 2/3 vieux écus.
Sous le rapport des aides
1
, après avoir formé six
juridictions, Grez n’en formait plus que quatre : Grez,
Doiceau, Sart et Bercuit. Sous ce même rapport, la mairie
de Grez ressortissait de Louvain.
Mais ne laissons pas s’en aller ce siècle, sans avoir dit
un mot du Bois de Bercuit. Cette seigneurie, après avoir
appartenu à maints chevaliers, desquels nous ignorons les
noms, passa aux mains de Renaud, sire de Schoonvorst.
Ce seigneur étant créditeur de Jean Pinnock, lui légua son
bien sous condition d’être quitte et libre de toute dette.
En 1398, Jean Pinnock vendit le domaine de Bercuit
1. Levée de deniers qui se faisait sur le peuple pour aider à soutenir
les dépenses de l’État.

— 82 — — 83 —
à Rase de Rivieren sire de Neer-Linter. Le territoire des
chevaliers de Grez s’accroissait de 277 bonniers, contenance
du bois de Bercuit.
Ce domaine ne devait pas rester longtemps en possession
de nos seigneurs. Rase de Rivieren ayant contracté une
dette de 6000 couronnes à l’endroit de Henri de Hoslbeke,
ce dernier acquit le bien qu’il céda quelques jours après
(14 août 1404) au Chapitre de Cambrai.
A cette occasion, le Chapitre reconnut devoir servir la
duchesse Jeanne par un homme d’arme.
Le bois de Bercuit resta la possession de l’abbaye de
Cambrai, jusqu’à la domination française.
Wenceslas de Luxembourg étant mort sans enfants,
Jeanne, son épouse céda ses duchés en nue-propriété à
son neveu Philippe le Hardi, en se réservant l’usufruit et
l’exercice de la seigneurie. En 1406, Antoine de Bourgogne,
second fils de Philippe le Hardi, succéda à sa grand’tante.
Nous entrions dans la période Bourguignonne de notre
histoire.
X. GREZ-DOICEAU SOUS LES DUCS DE
BOURGOGNE
Au commencement du XVe siècle, il existait à Grez un
moulin et une brasserie dits banals.
Les revenus de ces exploitations revenaient pour une
part, au seigneur de Grez et pour l’autre au duc suzerain.
Voici à titre d’information, ce que rapportait au duc, le
cens de domaine de Grez. A l’Assomption de l’an 1406, il
était de 8 livres; à la Noël de la même année de 14 livres
19 sous, 4 deniers. A cette époque, la brasserie banale était
affermée pour trois ans, moyennant 30 muids de blé par
an.
Au début du siècle, on cite ce petit fait-divers local.
Le doyen de Grez fut arrêté par les officiers de l’élu
de Liège, Jean de Bavière. Un habitant du village, appelé
Ernekin ou Arnoul Helair, ayant, au préjudice des privilèges
de Brabant, coopéré à l’arrestation, fut de ce chef poursuivi

— 84 — — 85 —
et forcé à prendre la fuite.
Le petit bourg de Grez s’édifiait insensiblement. Un
marché était organisé chaque semaine sur la place, près de
la maison du conseil. Au même endroit, on remarquait une
boucherie de coquette apparence, tenue par un grézien,
Collard de la Tannerie.
Chaque année, à la mi-août, le dit Collard devait payer
au domaine 6 deniers pour «le stael (étal) au marchiet, là
où soulloit vendre char (chair).»
Les habitants de la commune reçurent de leurs seigneurs
maintes prérogatives, notamment celle de laisser paître
leur bétail du 15 juillet au 15 mars sur les prés de la
commune de Grez. Ces prés n’étaient accessibles qu’une
fois la première fauchaison effectuée.
Enfin, la petite population campagnarde était gouvernée
par son maire et ses échevins. Ces derniers recevaient
chaque année du domaine ducal, pour le dîner qui avait
lieu lors du plaid
1
général de Noël, 10 florins du Rhin.
Le conseil des bourgmestre et échevins se rassemblait
sur la place du marché à la Raethuys ou maison du Conseil.
Cette maison payait au duché un cens annuel de 2 vieux
gros.
En l’an 1419, cette contribution ne fut pas payée; la
propriété fut aussitôt saisie.
Mais pendant que la population diligente de nos
campagnes travaillait sans trêve, qu’étaient devenus nos
1. Assemblée judiciaire ou politique qui avait lieu tous les cinq ans.
seigneurs ?
Rase de Linter, seigneur de Grez, qui par la mort de
Hostelet de Walhain était en possession du domaine de
Froideval, se dépouilla de cette propriété au profit de son
beau-frère Werner, sire de Davels ou de Dave?
Siger de Saint Pol que nous avons trouvé possesseur de
La Motte, en 1312, laissa ses biens et ses pouvoirs à Marie,
sa fille. Celle-ci se dépouilla aussitôt de ses titre en faveur
de son fils, Jean de Boullier ou de Bonlez.
Marie, fille de Jacques de Bossut, seigneur de
Tyenghissaert, était morte sans avoir contracté mariage.
La seigneurie de Sart revint à sa sœur puinée, Catherine.
Celle-ci épousa Walter Vanden Voerde.
Nous avons vu de quelle façon le domaine de Bercuit
était passé aux mains du chapitre de Cambrai. Le territoire
de ce chapitre devait considérablement s’agrandir sous le
gouvernement d’Antoine de Bourgogne.
Il s’accrut tout d’abord d’un petit bois, dénommé le bois
de Fa, d’une étendue de 23 bonniers.
Bientôt après, on y ajouta le bois de Sinte-Marie Haye
ou Haye Sinte-Marie, étendue boisée située sous Bonlez,
qui devait son nom à sa propriétaire, la demoiselle Marie
de Bonlez.
Le vois de Bercuit formait une juridiction particulière et
indépendante. Elle avait son maire, ses jurés, ses sergents.
Le chapitre de Notre-Dame de Cambrai avait le droit
de percevoir les amendes et forfaitures et celui d’y avoir
garenne. Un tribunal siégeait à des époques déterminées

— 86 — — 87 —
au lieu-dit, la Croix de Bercuit. Il ne jugeait que les délits
forestiers. Ce tribunal était formé du maire, aidé d’au
moins quatre marchands de bois de la régions.
Si le nombre des assesseurs du maire était inférieur à
quatre, le tribunal ne pouvait prononcer ses sentences.
En cas de doute ou de non accord entre les parties,
on consultait les chefs de cens, les gros marchands de la
Tombe de Merdael, les Louvain.
Le 3 juillet 1416, l’abbaye de Valduc acheta à Philippe de
Dion, au prix de 105 couronnes de France, un bois situé
entre les dépendances du chapitre de Cambrai et le bois de
Jean de la Tour.
La même année, la bailli de Nivelles, Jean de la Rue,
propriétaire des deux bonniers de terre sis à Grez, afferma
ces dits biens pour une durée de 12 ans à Houbin de
Warnant.
La seigneurie de Grez, possession de Rase de Linter
devrait bientôt s’accroître du bien de la Violette. Voici
d’ailleurs comment.
Nous savons que la maison de la Violette fut donnée
au sire Henri Quaderebbe par le duc de Brabant Jean III.
Marie, sa fille, épousa le seigneur de Diepenbeke. Elle
lui apporta en dot, le fief de la Violette. A la mort de ce
chevalier, le domaine échut aux Bornival. Un de ceux-ci,
Roland, le vendit à Rase de Linter en 1426. La Violette fit
désormais partie intégrante de la seigneurie de Grez.
Bientôt après cet achat, Rase de Linter meurt. Sa
succession échoit à son fils Rase de Rivieren, sire de Linter.
Mais les hommes partout se succèdent.
Walter Vanden Voerde, seigneur de Tyenghissaert
s’éteint, laissant le domaine de Sart à son fils Imbert ou
Engelbert Vanden Voerde.
Werner de Dave et Marguerite de Rivieren son épouse,
seigneurs de Froideval meurent laissant leurs pouvoirs à
leur fille, Marie de Bollant. Cette dernière épouse le sire
Henri de Polairde.
Le seigneur de Grez, Rase de Rivieren, sire de Neer-
Linter, eut une fille Cécile. Il lui alloua une rente annuelle
de 100 Livres sur le domaine de Grez. Cécile releva le
village de cette garantie. Elle épousa Philippe de Baillet.
C’est ce seigneur qui accompagna en France le sire de
Renty, serviteur de Louis XI.
Charles le Téméraire, duc de Bourgogne et notre
souverain ne pardonna pas cette défection. Par plis daté
de son camp d’Amiens, le 18 mars 1470, il ordonna la
confiscation des biens du Seigneur de Baillet, situés à
Ranst.
La seigneurie de Sart passa bientôt par achat en mains
de nouveaux propriétaires. En 1465, Jean Van den Rode,
dit Timmerman, acquit le domaine ayant appartenu à
Walter Vanden Voerde et son épouse Catherine.
Après un silence de plus de deux siècles, nous pouvons
enfin parler de la seigneurie de Doiceau. Nous avions
laissé le pouvoir à Guillaume de Duenchial en 1247. Nous

— 88 — — 89 —
ignorons quels furent ses successeurs. Nous retrouvons en
1474 un Guillaume de Dion, seigneur de Doiceau. Il tenait
son fief du chevalier de Piétrebais en Grez. Du mariage
qu’il contracta avec Marguerite Vander Eycken naquirent
deux enfants : Philippe et Isabelle.
En 1476, on note l’achat de la ferme de Hèze par l’abbaye
de Valduc et, l’année suivante, la nomination de Guillaume
Dedion comme chef mayeur de Grez.
Mais continuons nos découvertes.
Nous avons dit que la terre de Froideval avait été léguée
à Marie de Bollant, fille de Marguerite de Neer-Linter. A
sa mort, et à celle de son époux Henri de Polairde, cette
seigneurie devint la propriété de Jean de Bollant, chevalier
de Roley (1480). Il n’en profita que deux ans, après lesquels
il mourut, laissant ses biens à ses enfants : Jean, Guillaume
et Robert de Bollant.
La motte devait également servir de cadre à bien des
visages et à bien des événements.
Nous avons laissé cette seigneurie en possession de
Jean de Bonlez. Ce chevalier eut une fille, Jeanne de
Brousberghe, dame de Bonlez. Elle s’allia à Engelbert
Herincx, après s’être assurée la propriété de la Motte.
L’année 1482 allait amener la chute de la Maison de
Bourgogne en Belgique. Par la mort de Marie, fille de
Charles le Téméraire, nos provinces passèrent à son époux
Maximilien d’Autriche. Après une période de prospérité et
de bonheur, une ère de misère et de dévastation se levait,
sombre, sur nos contrées, hier heureuses.

— 90 — — 91 —
XI. GREZ-DOICEAU SOUS LA PÉRIODE
AUSTRO-ESPAGNOLE
Ouvrons ce chapitre par l’exposé d’un fait-divers local
qui montrera combien nos sergents de police étaient déjà
tenaçes à cette époque.
Notre garde-champêtre, jean Daminode, était, en 1485,
un homme qui savait faire respecter ses droits.
Ayant saisi les biens de Mathy de Mont, bourgeois
de Louvain, il reçut de cette ville l’ordre écrit de lever le
séquestre. Il refusa, non seulement de prendre connaissance
du pli, mais il accompagna son geste de mille injures à
l’adresse de la Bourgeoisie de Louvain.
Les Louvanistes, ayant eu vent de la chose, traduisirent
en justice notre zélé sergent de police. Il fut condamné à
faire construire à Louvain deux verges de murs. Jacques
son frère, qui avait trempé dans l’insulte dut aller en

— 92 — — 93 —
pèlerinage à Strasbourg.
Autres temps, autres mœurs.
De Fontenies Pierre, fut nommé chef maire de Grez
le 2 décembre 1483. Trois ans plus tard, il était suspendu
momentanément de ses fonctions à cause des guerres
qui s’abattirent sur nos contrées. Les luttes menées
par Maximilien d’Autriche contre la France et contre
l’opposition des grandes communes flamandes, furent
des plus malheureuses pour nous. De lourds impôts et
les déprédations incessantes des mercenaires allemands
réduisirent bientôt nos populations à la famine. La
majorité des la population aisée, la totalité de la noblesse,
avaient fuit le théâtre des hostilités. Le peuple profita de
cette absence pour s’accorder maintes prérogatives. On
note en particulier la suivante :
On sait que le territoire des Communes de Grez n’était
accessible au bétail que du 15 juillet au 15 mars. Les pauvres
du village prirent l’habitude d’y laisser paître leur bétail du
24 juin, jour de la saint Jean, jusqu’au 23 avril, jour de la
saint Georges.
Cette liberté devait amener par la suite les réformes que
nous indiquerons en temps voulu.
Revenons-en à nos seigneurs.
De son mariage avec Cécile de Rivieren, Philippe de
Baillet eut un fils, Rase de Baillet. Celui-ci épousa Jeanne
de Gesves. Lors de son mariage, il assigna pour douaire à
son épouse, une rente de 200 florins, réduite de moitié si
Jeanne restait veuve avec des enfants.
Nous avons abandonné la seigneurie de Sart à Jean
Vanden Rode. En 1486, fatigué du pouvoir, celui-ci légua
ses droits à sa sœur Augustine, épouse Joseph Boone.
Les héritiers ne conservèrent pas longtemps les lourdes
charges de la gestion du domaine, car la même année, ils
vendaient leurs biens à Martin Gheylaert.
En 1497, Robert de Bollant, fils de Jean, par la mort de
ses frères Jean et Guillaume, restait seul possesseur de la
terre de Froideval.
Vers la fin du XV
e
siècle, il y a eu à Grez quelques
procès retentissants pour vaudoisie et sorcellerie. De date
immémoriale, certaines personnes du village s’adonnaient
à la magie noire. Au XIII
e
siècle, on faisait déjà mention de
ces pratiques.
En 1495, une femme appelée Marion de Laucsoy,
n’échappa à une lourde peine qu’en promettant de payer
une amende d’un florin du Rhin, et d’abandonner ces
pratiques.
D’après une statistiques de l’époque, après les guerres
qui ensanglantèrent nos contrées, la population du village
était réduite à 38 ménages pour Grez, à 7 pour Doiceau.
Jusqu’à l’an 1500, l’église de Grez, ressortit de l’évêché
de Liège et du doyenné de Jodoigne. A partir de cette
époque, elle fut englobée dans l’archevêché de Malines et
le doyenné de Louvain.
Nous avons déjà entretenu nos lecteurs de la fondation

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de la chapelle du Péry par Elisabeth du Péry.
En 1500, «un mal qui répand la terreur», «la peste
puisqu’il faut l’appeler par son nom» força quelques
habitants de Grez, à se réunir au Béguinage pour échapper
aux ravages de l’épidémie. Telle est probablement l’origine
de l’hospice. Le Béguinage était entouré de quelques
masures de pauvres apparence, habitées par de vieilles
femmes indigentes qu’attiraient les prodigalités d’une
chapelle bien dotée. Le seigneur de Piétrebais était le
collateur de la dite chapelle.
Le Béguinage payait au seigneur collateur une redevance
annuelle de 2 chapons et 12 deniers de Louvain pour
un jardin situé dans l’enceinte du Béguinage et une de 3
deniers de Louvain et 6 deniers d’obole pour des terres
sises au champ voisin.
On a longtemps confondu le Béguinage del Perroit avec
la Maison de Dieu ou l’Hôpital de Grez. Les historiens
prennent, en effet, indifféremment une expression pour
l’autre.
Ces établissements étaient cependant nettement
distincts.
L’hôpital se trouvait également sous Biez, mais sur la
rivière le Train. Il payait au domaine de Grez, un cens de 3
chapons, 12 deniers et une fourche.
En 1501, la mairie de Grez dut affermée à un certain
Jérôme Vanden Veken. Les amendes et forfaitures, loin d’être
négligeables, devaient rapporter gros au concessionnaire.
Tel ne fut pas le cas pour le premier dénommé.
Une grosse partie des amendes fut, en effet, perdue lors
de la prise de la ville de Tirlemont par les Gueldrois en
1507.
Pendant les guerres qui réduisirent notre village à
la misère, le moulin banal, ainsi que la brasserie, furent
complètement anéantis.
On sait que ces exploitations appartenaient par moitié à
Philippe le Beau et pour le reste, par engagère au seigneur
de Grez. En 1504, on reconstruisit le moulin et la brasserie.
Le maître charpentier Martin del Fontaine, fut chargé du
devis. Pour rémunération de ses peines, il demanda la
somme de 2 sous 6 deniers. La construction fut entreprise
par Bertran, charpentier du village, moyennant 16 livres
7 sous pour le Franc-Moulin et 23 livres 7 sous pour la
brasserie banale.
La paix et le travail pouvaient désormais régner dans
notre petit bourg. Nous verrons bientôt que la destinée en
décida tout autrement.
En 1504, Frastrée de Baillet, seigneur de Grez, succéda
à son père Rase.
La même année, Catherine Herdincx, fille du seigneur
de la Motte, Engelbert, prend possession du domaine
que lui lègue son père. Elle a épousé en première noces,
Nicolas Van Nyvele. Un second mariage l’unit à Jean de
Fréviller. Son second maître et seigneur a tôt fait de vendre
le domaine à Guy de Heule, en 1505.
La même année, la seigneurie de Sart, est propriété

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de l’audiencier Laurent de Blioul. Il acquiert en même
temps que ces biens, la haute justice
1
à Sart, Minonsart,
Lonsinsart et Tinissare, moyennant 50 florin philippins.
Ce Laurent de Blioul était un personnage des plus
influents de l’époque. C’est lui qui fit construire le château
auquel il donna son nom. Il occupait le poste élevé de
secrétaire particulier de Philippe le Beau puis de Charles V.
En 1516, lorsque fut établi le conseil privé de l’Empereur,
il en assuma la tâche importante de secrétaire qu’il
partageait avec la délicate fonction de greffier de l’ordre
de la Toison d’Or. Il servit de médiateur entre Louis XI et
Charles V pour mener à bien les négociations qui devaient
se terminer par le traité de Blois en 1505, traité qui fut
déchiré peu après par les États généraux de Tours.
En 1524, il est à nouveau négociateur de la Trêve de
Heusden; un peu plus tard de la réconciliation de Bois-le-
Duc. Enfin, en 1528, il signe pour son maître le traité de
Gorcum.
Il fut un des quatre exécuteurs testamentaires de
Charles-Quint. Pour les hautes fonctions qu’il occupait,
Laurent de Blioul touchait journellement dix-huit sous
d’émoluments. Pour le récompenser de ses fidèles services,
l’empereur lui accorda par lettre patente du 20 février 1531,
une rente viagère de 300 livres, moyennant condition
d’assister comme par le passé aux séances du conseil privé.
Quittons le château de Laurensart pour revenir au
1. Elle donne au seigneur le droit de prononcer des peines capi-
tales.
manoir de La Motte.
En 1520, Jeanne de Gesves, veuve de Rase de Baillet,
achète le domaine à Guy de Heule, propriétaire du bien
depuis 15 ans.
La seigneurie de Doiceau, par la mort de Guillaume de
Dion, survenue en 1510, est devenue la propriété de son
fils, Rase de Dion.
Mais que se passe-t-il à Grez ?
Le village, insensiblement, se repeuple. De 33, le
nombre de foyers monte à 65. Le paisible peuple oublie les
maux qu’il a endurés. «Il est heureux pour la conduite des
hommes qu’ils ne pressentent pas leur destin.»
Fastrée de Baillet, le seigneur du village, meurt en
1524. Ses quatre fils : Jean, Rase, Louis et François veulent
morceler le territoire. La mésentente, au chevet du père
défunt, divise les quatre frères. Toujours l’homme a été
identique à lui-même !
Le 24 septembre de la même année, un traité est conclu
à ce sujet sous forme de condamnation volontaire, par le
conseil de Brabant. La même rivalité sépare toujours les
fils de Fastrée de Baillet.
En 1529, le sort va éliminer deux compétiteurs. Jean
et Louis de Baillet meurent. Rase et François restent
seuls propriétaires du domaine de Grez. Trois ans plus
tard, - comme les circonstances (?) favorisent parfois les
prétentions des hommes ! - Rase disparaît à son tour.
François, seigneur de Baillet, est désormais l’unique

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propriétaire des biens de Grez. Il épousa Marguerite de
Spontin, le 21 août de l’an 1532.
En 1530, l’histoire nous révèle l’existence de deux
petites seigneuries : la seigneurie foncière d’Argentrau et
la seigneurie de Lys.
La première est mentionnée comme faisant partie du
manoir de Bossut. La seconde nous intéresse à divers
points.
Elle doit son nom à ses derniers possesseurs, la famille
de Lis ou de Lys. Elle était située au hameau de Morsain,
mais relevait du domaine de Grez. Elle avait d’ailleurs son
maire et ses échevins. Les particuliers mis à l’amende,
étaient traduits devant les échevins de Grez qui jugeaient
les délinquants suivant la coutume de Louvain.
A cette époque, le seigneur du fief de Lys était Pierre
Morchain.
En 1530, Rase de Dion, seigneur de Doiceau, meurt.
Son fils Pierre de Dion, dit le Docheau, lui succède.
Nous avons vu, lors de l’exode des notables, le territoire
«des communes» occupé par le bétail des pauvres, bien
avant le temps requis. Le 17 mars de l’année 1535, les
habitants se rassemblèrent dans l’église de Grez. Sous la
présidence du maire et du lieutenant-maire, l’établissement
de l’ancien usage fut reconnu.
Les prés des Communes ne seraient désormais
accessibles que du 15 juillet au 15 mars. Tout délinquant
serait punissable d’une amende d’un demi-Carolus d’or;
amende répartie comme suit : un tiers au maire et le reste
à l’Empereur.
Quelques mois après, une nouvelle assemblée arrêta
que les pourceaux ne pouvaient être parqués dans les dites
prairies.
En 1539, nous voyons la terre de Froideval devenir la
propriété de Everard de Bollant, par la mort de son père,
Robert de Bollant.
En 1542, les villages de Grez et de Doiceau furent, en
partie, ravagés par les troupes de passage, commandées
par Van Rossem. Les notables firent une réclamation
à l’Empereur avec l’espoir d’obtenir réparation des
dommages causés. On leur accorda une certaine remise
de leur cote dans l’aide, Grez, jusqu’à concurrence de 38
livres et Doiceau de 8 livres.
Mais revenons-en à la seigneurie de Sart dont l’histoire
jette une clarté et une dorure sur le blason de Grez.
Laurent de Blioul s’est éteint avant son maître et seigneur,
Charles-Quint. Son fils Laurent lui succède. Il est parfois
difficile de porter un grand nom ! Deux ans plus tard, en
1544, nous trouvons, en effet, au manoir de Sart, la sœur
de Laurent, Marguerite de Blioul. Après avoir acquis la
seigneurie de Docheau, à Pierre de Dion, elle épouse le sire
de Revel, seigneur d’Audregnies, personnage considérable
de l’époque.
On se souvient du Compromis des Nobles par lequel
les confédérés s’engageaient par serment à se soutenir
mutuellement, à mettre tout en œuvre pour maintenir

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les libertés du pays et pour s’opposer à l’établissement de
l’Inquisition espagnole.
Le sire de Revel en fut un des signataires. Lors de
l’arrivée du farouche duc d’Albe, il s’expatria. Le Conseil
des Troubles le condamna par contumace et séquestra ses
biens de Sart et de Doiceau. Comme le domaine appartenait
à son épouse, Marguerite de Blioul, ils durent aussitôt
restitués, mais le gouverneur y nomma un maire, Jean
Delfosse, chargé de prélever les amendes et forfaitures.
Charles, fils du Sire de Revel, par l’absence de son père,
posséda la seigneurie sans lui rendre sa dignité passée.
Sa sœur Louise épousa messire François de Lens,
seigneur de Viouville. Elle mourut du vivant de sa mère,
Marguerite de Blioul. Mais nous voilà fort engagé dans le
seizième siècle.
Revenons un peu en arrière et parlons de la Société
Saint-Georges, en pleine efflorescence vers 1550.
Cette guilde, avait nom Le Grand Serment de Saint-
Georges. Ses membres prêtaient le serment réglementaire
sur un vieux tambour datant de 1451.
Ce serment devait ressembler à celui qui était en
usage à Braine-l’Alleud, où existait également une guilde
d’arbalétriers.
En voici la teneur :
Je jure et promet à Dieu de paradis; le glorieux martire
monsieur Saint Etienne et nostre très honoré et doublé
seigneur de Berselle, seigneur de Braine l’Alleud...
d’estre à lui bon et féal, au Roy, conestables, aux Doyens,
aux jurés, d’estre obéissant, d’entretenir l’ordonnance cy
dedent escripte, de la confrérie et serment de la ville et
franchise de Braine l’Alleud. Ainsy me puisse Dieu ayder,
la glorieuse Vierge Marie, Monsieur Saint Etienne, tous les
saincts et sainctes du paradis
1
.
La guilde avait son drapeau et sa lance. L’étendard était
en soie, à la croix de Bourgogne. Sur la lance était gravé le
nom du capitaine.
Le Grand Serment Saint-Georges assista en 1551 à la
révision des statuts du Landjuweel , à Louvain. A cette
occasion, un grand concours à l’arc fut organisé.
Quatre ans plus tard, en 1555, le 24 octobre, dans une
grandiose séance, tenue au Palais de Bruxelles, Charles-
Quint déposait le fardeau de son immense pouvoir entre les
mains de son fils Philippe II. La période austro-espagnole
finissait...
Des signes avant-coureurs d’orage, s’accumulaient
à l’horizon. L’Espagne et la Terreur allaient désormais
régner.
1. C. Schepers, Wallonia , 1889.

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XII. GREZ-DOICEAU SOUS LA DOMINATION
ESPAGNOLE
Ouvrons l’ère de nos malheurs.
Nous sommes en 1558. François de Baillet est
toujours seigneur de Grez. Sa puissance va s’accroître
considérablement par l’achat de la haute, moyenne et
basse justice sur les territoires de Grez, de Chapelle-Saint-
Laurent et de Nodebais. Moyennant 482 livres, il aura droit
de vie et de mort sur ses sujets.
Un an plus tard, la haute justice de Doiceau devient
la propriété du sire de Revel, seigneur d’Audregnies,
moyennant la somme de 150 livres.
Pour la même engagère, il acquiert le droit de haute
justice sur les territoires de Laurensart. Le sire de Revel
ne pouvait que se faire livrer les criminels. Le châtiment
n’était pas infligé par ses soins; il se contentait d’envoyer le

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coupable au supplice.
La même année une épidémie de lèpre sévit dans nos
contrées. Maints habitants furent terrassés par le terrible
fléau; on cite, entre autres, un certain Jose Coosman.
Plusieurs ladreries s’établirent; on en rencontrait aux
confins de Grez, près de Ierchenne.
Le peuple est terrorisé et livré au mal, d’autant qu’une
affliction ne vient jamais seule. Les guerres de religion
sévissent, semant partout l’effroi et la terreur. Le village
est décimé. La brasserie banale de Grez est démolie de
fond en comble, il n’en reste qu’une chaudière rongée par
l’incendie.
Messire Jacques de Baillet, fils de François, meurt en
1569. Il est jeune, il n’a pas profité de la puissance. Pour
comble de malheur, il n’a pas d’héritiers et le dissentiment
familia se mêle à la crainte qu’éveillent les invasions sans
cesse répétées des hordes espagnoles.
La zizanie a séparé les trois sœurs de Jacques de Baillet. Il
y a l’aînée, Jeanne qui a épousé le sire Jean de Houtoye. Il y
a la puinée, Anne, femme soumise de Hustin d’Oultremont
et enfin la cadette, Marie, l’épouse de Guillaume Hoen van
Carteyls.
Les échos de la discorde sont parvenus aux oreilles
d’Albe. Le conseil de Brabant est médiateur dans ce litige. Le
domaine de Grez sera partagé entre les trois prétendantes.
Mais nous assistons à une seconde invasion de notre petit
village. Au mois d’août de l’an 1572, le prince d’Orange,
Louis de Nassau, appuyé par les Huguenots de France, se
présente devant Louvain. Nouveau sac de Grez, nouvelle
terreur !
Hélas ! ... Nos malheurs ne faisaient que commencer.
Requesens, successeur d’Albe, achève la politique de son
prédécesseur.
En 1576, une bataille sanglante s’engage à Vissenacken,
entre la cavalerie espagnole et le sire de Glymes, partisans
du prince d’Orange. Les soldats espagnols victorieux,
repassent à Grez et pillent à nouveau le malheureux
village. Le maire du temps, Lambert l’Host qui a succédé
à Vandervecken Jérôme, ne peut rien contre «la furie des
troupes espagnoles».
Mil cinq cent septante-sept ! Année terrible. Invasions
sur invasions, pillages sur pillages. Ce sont les ravages
causés par les guerriers rassemblés en nos régions à
l’effet d’attaquer les Espagnols ramassés dans la citadelle
d’Anvers. C’est encore la fuite de la population, provoquée
par la présence du régiment de Balfour, bivouaquant aux
environs de Wavre.
Le peuple épeuré, déserte les maigres biens qu’il possède
encore. Les riches se sont retirés dans les villes voisines; les
pauvres se sont tapis dans les châteaux fortifiés. L’étranger
règne dans le petit bourg abandonné. L’armée espagnole
réitère ses victoires. Les gens de guerre, que les provinces
ont réunis pour défendre les droits sacrés des Belges, sont
battus à Gembloux par Don Juan. Les troupes victorieuses,
livrées à la joie du triomphe, renouvellent le pillage de

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Grez.
Un exemple entre cent, cité par Tarlier Wauters :
Le fermier de la brasserie et taverne, appartenant au
Domaine et au seigneur Gilles de Mée
1
perdit ses chevaux,
ses bestiaux, ses meubles et mourut bientôt de la contagion
2
.
Sa veuve parvint à grand’peine à faire récolter 550 gerbes
de seigle et 600 de froment, mais elles lui furent enlevées
presque immédiatement par les pauvres habitants du
village, par les soldats espagnols qui occupaient Louvain
et les châteaux de la Motte et de Laurensart, et par les
troupes des états, qui au mois de septembre passèrent par
Grez dans leur marche vers Genappes et Nivelles. La veuve
de Mée mourut dans l’indigence
3
.
C’est de cette époque que date le siège mémorable de la
Motte. Le château était occupé par les soldats espagnols et
par quelques habitants qui s’y étaient réfugiés.
Les troupes des États avaient à leur tête le général de
Boussu. Après avoir enlevé Laurensart et Dion-le-Val,
elles vinrent camper aux abords du canal qui entourait le
manoir de la Motte. Une douzaine de soldats occupaient
le château. Ils luttèrent bravement. Peu disposé à faire
un long siège, Lanoue, maître de camp du comte de
Boussu, aidé du colonel Michel Caulier, se mit à la tête
du détachement d’Anglais et prit la forteresse d’assaut.
1. Le seigneur de Grez avait probablement transmis ses droits sur
la dite brasserie, au seigneur dénommé.
2. La lèpre.
3. Tarlier et Wauters, ibidem .
Ensemble, ils franchirent les fossés, ayant de l’eau jusque
la ceinture et bientôt toute résistance fut paralysée. Les
soldats espagnols, un à un, furent passés au fil de l’épée, les
civils seuls eurent la vie sauve.
A l’avènement d’Alexandre Farnèse, que restait-il de
notre bourg ? Peu de chose. Des maisons en ruine, sans
porte ni fenêtres, aux toits mis à découvert, aux planchers
arrachés et brûlés. Des restes fumants gisant ça et là.
Les terres, les prés étaient en friche, et pourtant l’homme
se remit à la peine. Grez allait renaître et devenir la villette
que nous connaîtrons bientôt.
Nous voyons tout aussitôt nos manoirs reprendre leurs
allures de fête.
Froideval, que nous avons laissé à Evrard de Bollant
se retrouve la propriété de Messire Henri de Barbançon,
seigneur de Willemont Mon Jardin, neveu d’Evrard.
La seigneurie de Sart se voit, elle aussi, assaillie par le
malheur. Nous avons relaté la mort de Louise de Revel, fille
de Marguerite de Blioul. De son mariage avec François de
Lens une fille est née. Sa grand’mère lui servira de tutrice.
Nouvelle affliction : l’enfant meurt le 3 février 1594, laissant
l’illustre famille sans descendant, Charles étant décédé
célibataire.
La petite de Lens fut inhumée dans le chœur de l’église
de Basse-Wavre.
Marguerite de Blioul, éplorée, vendit Laurensart et
Doiceau à Philippine de Longine et à son mari, Maximilien

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Scheyfve, seigneur de Coorbeek-over-Dyle.
Le premier soin de la population de Grez fut de racheter
la juridiction qui la mettait à la merci du seigneur de
l’endroit.
On sait que le comte de Baillet avait acquis la haute,
moyenne et basse justice sur les territoires de Grez, de
Chapelle-Saint-Laurent et de Nodebais, moyennant la
somme de 482 livres.
Grez a toujours et partout montré un grand souci
d’altruisme. Dans la pétition que la commune envoya
au conseil des Finances, à l’effet d’être dégagée de cette
juridiction, elle demanda la même faveur pour le domaine
de Doiceau. Le marquis d’Havré, ne donna aucune suite
aux prétentions des Gréziens. Ceux-ci ne se tinrent point
pour vaincus. Ils refusèrent aussitôt de liquider leur
compte avec l’auditeur sire Jean de Cortenbach.
Enfin, le 28 août de l’an 1600, les archiducs Albert et
Isabelle leur permirent de verser aux héritiers du seigneur
de Baillet les 482 livres qui avaient été engagées pour
l’achat de la juridiction.
La même année, le chevalier Henri de Barbançon,
seigneur de Froideval, meurt. Son fils Everard de
Barbançon, vicomte de Dave, lui succède.
A cette époque, le domaine de Laurensart était le plus
puissant de la contrée. Sans être monumental, le château
était majestueux, ses moyens de défense efficaces. Il était
entouré de fossés larges et profonds; un pont levis et un
pont fixe y donnaient accès. Ce dernier était construit sur
pilotis et garni de balustrades. Le manoir était entouré
d’une enceinte à créneaux, les tours et les bâtiments
recouverts, de toits en escaliers.
Au centre du château, une petite chapelle dédiée à Saint
Laurent mêlait sa candeur à la puissance et à l’austérité des
dépendances voisines.
Le domaine de Laurensart s’étendait à perte de vue et
ses revenus auraient comblé d’aise un prince du temps.
Donnons un aperçu de son importance.
Le seigneur de Sart possédait la ferme de Doiceau avec
ses 100 bonniers de terre et ses 50 bonniers de prairies.
Le château lui-même était entouré de terres et de bois.
Les terres totalisaient une surface de 146 bonniers, d’un
rendement annuel de 3000 florins. Les prés s’étendaient
sur une superficie de 38 bonniers. Leur location rapportait
au propriétaire foncier un produit de 2000 florins. Les bois
avoisinaient le manoir. Leur contenance de 92 bonniers
produisaient par an, une somme de 100 florins.
Le seigneur de Laurensart avait, de plus, un bien sis à
Minonsart valant 115 florins et des rentes s’élevant à 169
florins 19 sous, 18 deniers. Telle était, vers l’an 1600, la
splendeur du manoir de Laurensart.
Nous avons laissé le domaine de Grez, réparti entre les
filles de François de Baillet : Jeanne, Anne et Marie.
Anne gouverna ses propriétés, secondée par son époux
Hustin d’Oultremont. En 1605, leur fils François, seigneur

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de Flémalle et de Soye, gouverneur de Stavelot, succède à
ses parents.
Marie de Baillet, épouse de Guillaume Hoen, seigneur
de Rummen, Geet-Betz et de Binkem, laisse son tiers dû à
son fils Florent Hoen dit Carteels.
Aussitôt après la mort de Florent, le domaine échoit à
son frère Jean. Peu désireux de maintenir le pouvoir, Jean
cède ses droits à sa sœur Isabelle.
Isabelle épousa Jean Vanden Berghe, dit Trips, seigneur
de Rolduc.
Jeanne de Baillet, par alliance, dame de Houtoye,
laissa sa part à son fils, Jean de Houtoye. Jean mourut
prématurément, cédant le pouvoir à son fils Gauthier.
En 1607, l’engagère sur le droit de juridiction de Doiceau
et de Sart passe à Jean de Dion, chevalier de Wandosme,
pour la somme de 150 florins et pour une durée de dix ans.
Le contrat signé entre ce seigneur et les archiducs
Albert et Isabelle pouvait être résilié suivant le désir des
souverains. En ce cas l’acquéreur de la juridiction ne
pouvait exiger le remboursement de la somme payée. Lors
de cet achat, on ne comptait que dix maison à Doiceau.
Nous avons déjà entretenu nos lecteurs de certains
jugements prononcés pour vaudoiserie ou sorcellerie.
Malgré la crainte qu’éveillait ce genre de procédure,
et les châtiments qui en étaient la juste fin, plusieurs
personnes s’adonnaient encore à ces pratiques occultes...
Une grézienne, Jeanne de Broux, fut reconnue coupable
d’occultisme et arrêtée. Elle fut jugée sur la place de Grez
par le Conseil des échevins et condamnée à la peine de
mort. Le 18 août 1611, elle fut étranglée, et son cadavre fut
livré aux flammes.
Jean Cox, maire de Grez de 1580 à 1608 fut remplacé
par Jean Herwaert.
On parle de la seigneurie de Morsain au sujet d’un
petit fait-divers intéressant. Pour distraire le lecteur des
énumérations parfois fastidieuses, nous le retracerons
dans toute sa saveur.
Morsain appartenait en 1611 à un soudard, Blaise
Plainfin. C’était un ivrogne et un bravache. Il vendit son
bien à Etienne Hulet, seigneur de Limelette et abandonna
son épouse pour vivre avec sa concubine. Le maire Jean
Herwaert, de qui le haut emploi autorisait la médiation
dans ce conflit matrimonial, fut frappé et indignement
traité par le soulard amoureux.
Pour son inconduite, il fut traduit devant les échevins
du fief de Lothier à Genappe et condamné à payer une
amende de 300 livres. Emprisonné dans la demeure de
l’auditeur Putcanus, il s’évada. Il fut à nouveau appréhendé
et enfermé. Un second jugement l’exila et prescrivit la
confiscation de ses biens dont la vente rapporta 244 livres.
En 1611, Philippine de Longin, Dame de Sart et de
Doiceau, céda ses biens au seigneur de Wandosme,
propriétaire de la juridiction. Des complications d’intérêt
s’élevèrent entre les parties. La châtelaine reprit ses

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pouvoirs sur Laurensart qu’elle transmit aussitôt à Louis
Verreycken.
Le nouveau propriétaire du château était un personnage
influent du temps. Il était chevalier audiencier et secrétaire
au conseil privé, membre des Conseils d’État et de guerre,
seigneur de Hamme. Il était, de plus, très écouté à la Cour
des Archiducs Albert et Isabelle.
Le domaine de Grez, morcelé par la mort de Jacques de
Baillet, allait acquérir à nouveau son unité antérieure.
En 1616, Jean Vanden Berghe, gendre de Marie de
Baillet, vend sa part à François d’Outremont.
Six ans plus tard, Gauthier de Houtoye, petit-fils de
Jeanne de Baillet, vend la part de sa grand’mère à François
d’Oultremont. Ce dernier seigneur, fils d’Anne de Baillet,
était donc, en 1622, propriétaire foncier du domaine de
Grez.
Mais n’anticipons pas.
En 1613, le 3 juin, la brasserie banale, reconstruite,
est donnée à cens pour 80 années, moyennant 16 livres
d’Artois l’an.
En 1611, nous avions laissé la juridiction sur Doiceau et
Sart au chevalier Wandosme. En 1617, avec l’assentiment
des Archiducs Albert et Isabelle, il cède son droit à Louis
Verreycken, audiencier et propriétaire du château de
Laurensart.
Quatre ans après, Louis Verreycken meurt, à l’âge de 69
ans, laissant ses domaines et la juridiction sur ceux-ci à
son fils François-Louis Verreycken.
En 1622, la seigneurie de Froideval échoit à Marie de
Barbançon, fille d’Everard. Elle épouse Albert, prince de
Barbançon et d’Aremberg, Comte d’Aigremont.
Nous avons abandonné la seigneurie de la Motte à
Marie de Gesves, femme de Rase de Baillet. Comme ce
domaine, par héritage, ressortissait de celui de Grez, en
1569, il fut morcelé avec le dit domaine et reparti entre les
mêmes compétiteurs.
François d’Oultremont acquit la part échue par alliance
à Jean Vanden Berghe dit Trips.
Gauthier de Houtoye acheta, en 1622, les deux tiers
du territoire de la Motte qui étaient en possession du sire
François d’Oultremont. (Une, par achat à Jean Vanden
Berghe et l’autre par héritage.) Le manoir devint donc la
propriété de Gauthier de Houtoye.
Il existant cette année là près du chemin de Wavre
vers Archennes, une habitation solitaire. On l’appelait
l’Ermitage. Un homme y vivait esseulé. Il était reconnu par
sa sainteté. René le Roy, seigneur de Bossut, s’intéressa à
l’ermite et se chargea de son entretien. Cette charge incomba
d’ailleurs au même titre à ses héritiers. Le solitaire recevait
chaque année 12 setiers de seigle. En retour, il devait
réciter tous les cinq chapelets à l’intention des défunts. Le
lieu voisin de l’Ermitage prit nom d’Ermitage Saint-Pierre.
En 1624, François d’Oultremont, seigneur de Grez,

— 114 — — 115 —
achète à Philippe d’Oultremont quelques biens qui avaient
appartenu jadis au domaine de Grez.
Voici d’ailleurs des explications à ce sujet.
On se rappelle Jeanne de Gesves, épouse de Rase de
Baillet. A la mort de son époux, Jeanne, jeune veuve, jolie
et puissante, épousa en secondes noces le sire de Lonchin,
seigneur de Vaulx. De ce second mariage, Jeanne eut une
fille, Jeanne de Lonchin. Une fraction du domaine de
Grez lui fut donnée en dot, lors de son mariage avec le
sire d’Oultremont qui hérita de sa mère, et à qui François
d’Oultremont, seigneur de Grez, acheta la fraction de
territoire mentionnée.
En 1625, Jean de Houtoye, succède à Gauthier, seigneur
de la Motte. Ce chevalier ne gouverne son fief que peu de
temps, car, en 1630, il cède de son vivant les pouvoirs à son
fils Ferdinand de Houtoye. Ces deux seigneurs s’éteindront
la même année.
Jetons un coup d’œil rétrospectif sur ce que fut la
puissance ducale en nos contrées. L’exposé des faits nous
amènera à une curieuse constatation. Le peuple s’affranchit
de plus en plus, de moins en moins les pouvoirs se
trouvent concentrés entre les mains des gouverneurs de
nos provinces.
Les ducs percevaient la dîme. Celle-ci est entièrement
prélevée par le clergé, en l’occurrence l’abbaye de Valduc.
Les ducs avaient le droit de haute, moyenne et basse
justice.
Après avoir été engagé aux seigneurs de Grez, ce pouvoir
a été acquis par la population du village moyennant
paiement de 482 livres.
Le cens à payer est réduit au minimum. Voici d’ailleurs
ce qui restait au domaine en 1626, lors du règne d’Isabelle
: La moitié du moulin banal, la brasserie et quelques terres
longeant la rivière le Train, d’une contenance totale de 44
bonniers.
Le cens était réduit à la somme de 43 livres, 7 sous et
9 deniers. Souvent même, il était payé en nature, soit 18
setiers de seigle, 23 muids d’avoine, 35 pains, 500 chapons
et 200 poules.
Le receveur établi par le domaine recevait comme
émoluments des paiements en nature, à charge de quelques
habitants.
Cette contribution personnelle pouvait s’élever à 78
pains l’an.
Ce court exposé suffit à faire constater l’affaiblissement
constant du pouvoir de nos gouverneurs.
Mais les choses allaient encore singulièrement changer
de face.
En 1626, les biens qui relevaient du domaine furent
engagés à Jean Bertholt, baron de Wonsheim, pour la
somme de 30.100 florins. Il acquit en même temps la
juridiction provisoire sur le territoire de Grez.
Les derniers vestiges de la puissance féodale des anciens
ducs de Brabant, avaient à jamais vécu dans nos contrées.
François d’Oultremont, seigneur de Grez, de son

— 116 — — 117 —
mariage avec Constance de Brialmont, eut un fils, Prosper.
A la mort de son épouse, François céda son pouvoir à
son héritier.
En 1628, de consentement mutuel, le père et le fils,
vendent le domaine à Lamoral Vanden Berghe.
Cette même année, l’ancienne seigneurie de La Violette
menace ruine. Le seigneur de Grez, Lamoral Vanden
Berghe, la transforme en métairie. La maison de la Violette
sera désormais appelée ferme de la Violette.
L’illustre et immémoriale seigneurie de Froideval
s’éteint en 1629. Lamoral Vanden Berghe achète en effet, le
domaine qui se confondra désormais dans celui de Grez.
Nous avons parlé à maintes reprises du fief de Lys.
En 1630, ce domaine appartenait à Jean d’Hoste,
bourgeois de Louvain. Au cours du XVII
e
et du XVIII
e

siècles, nous le trouvons successivement en possession des
Govaerts et des Morsain.
Sire Lamoral Vanden Berghe, qui était échevin et
trésorier de la ville d’Anvers, avait épousé Catherine de
Taxis. Ses occupations le rappelant à Anvers, il laissa
le château de Grez à son beau-frère Antoine de Taxis,
chanoine de l’église Notre-Dame d’Anvers. Celui-ci le
posséda jusqu’en 1643.
Sire Lamoral Vanden Berghe qui avait occupé l’éminet
emploi de maître ordinaire de la Chambre des Comptes de
Brabant, réintégra sa demeure seigneuriale.
Il s’occupa activement de l’enjolivement de son domaine,
qu’il s’efforça de rendre digne de son grand nom et de sa
haute personnalité.
L’année suivante, François-Louis Verreycken, seigneur
de Laurensart, acheta définitivement la jouissance de la
haute juridiction sur les territoires de Doiceau et de Sart.
A l’avenir, Doiceau dépendra uniquement de Laurensart.
Nous avons informé nos lecteurs en temps opportun,
de l’achat de la juridiction sur les biens de Grez, par le
Baron de Wonsheim. En 1646, le même seigneur acheta
définitivement la même juridiction. L’année suivante,
il mourait, laissant ses importants pouvoirs à sa veuve,
Ermengarde de Ghislenghien.
Nous arrivons ainsi vers l’an 1650, à l’éclosion d’une de
nos plus florissantes industries. Nous voulons parler de
l’exploitation de la chaux. Nous en devons l’initiative à un
bourgeois de Wavre qui vint s’établir à Grez et apprit aux
habitants à faire de la chaux d’une pierre qu’on rencontrait
en abondance dans le sous-sol de certains terrains du
village.
On ouvrit de nombreux puits pour en extraire la pierre
merveilleuse.
Avant d’arriver à la craie, on traversait des zones de
terrain aquifère. L’eau était épuisée au moyen de seaux.

— 118 — — 119 —
On découvrait ensuite un lit de pierre très dure que les
ouvriers, dans leur langage, appelaient le grenier. D’après
eux, cette couche de silex devait empêcher les éboulements.
On creusait des galeries autour du puits; elles avaient en
moyenne de 2 à 6 mètres de hauteur et de 2 à 5 mètres de
largeur.
Cette pierre, de nature crétacée, a servi plus tard à
alimenter l’industrie de la craie et du petit blanc.
On dénombre au XIX
e
siècle, une quinzaine de fabricants
de petit blanc, appelés, dans le langage local, des lapotis .
Voici à tire documentaire, comment on obtenait le
produit.
On cassait la craie au fléau, puis on la broyait. La
poussière obtenue était mise à l’eau, moulue puis tamisée.
Cette eau, chargée de craie pulvérisée, s’écoulait dans des
citernes. Après évaporation, on retirait du liquide ce qu’on
appelait des michots qu’on mettait sécher sur des écuelles
de craie. Certains négociants du village fabriquaient
d’autres couleurs avec des terres végétales : le noir qui
venait de Faux sous Court-Saint-Etienne, le vert qui venait
de Lonzée.
L’exploitation de la craie, industrie bien grézienne, a
droit à un souvenir et aussi à un regret. Mais revenons-en
au cœur de notre sujet.
Lamoral Vanden Berghe, seigneur de Grez, mourut,
laissant son vaste domaine à son fils, Charles.
Charles Vanden Berghe s’engagea tout jeune en qualité
de cornette de cuirassiers dans un régiment allemand,
au service de l’Espagne. Il fut nommé successivement,
sergent-major, puis maître de camp, et fut mis à l’ordre du
jour lors de la sanglante bataille de Saint-Denis, en 1678.
Les Vanden Berghe prétendaient constituer la branche
principale de l’une des sept familles patriciennes de
Louvain, appelée Unterlimminghe ou Limminghe.
Sur la demande de Charles, et en considération de sa
bonne conduite sur le champ de bataille, il obtint la faveur
de porter le blason des Limminghe. Il s’appellera désormais,
Messire Charles Vanden Berghe de Limminghe. Ses armes
étaient d’or à trois palmes d’azur.
A cette époque, Grez était un centre de pèlerinage très
réputé. Saint Marcoul y était invoqué pour la guérison
des écrouelles. Le premier dimanche de mai, les pèlerins
assistaient en grand nombre à une procession faite en
l’honneur du saint. Chaque pèlerin recevait une petite
bannière sur laquelle se découvrait l’ancienne église de
Grez.
Le saint y est représenté dans un angle du drapelet; un
roi est agenouillé à ses pieds. Des fidèles se dirigent vers
l’église, but de leurs longs déplacements.
En 1663, on fonda à Grez la confrérie de Saint-Marcoul.
Les noms de ceux qui en ont fait partie figurent au registre
que possède encore M. Pourvoyeur, curé. Ce livre, très
bien conservé et excessivement intéressant, sert encore
de nos jours à l’inscription des nouveaux membres de la
confrérie.
Monsieur le curé conserve avec un culte tout religieux,

— 120 — — 121 —
la plaque d’impression qui servait jadis à imprimer les
petites bannières dont nous avons fait mention.
L’église possédait encore un reliquaire en argent,
renfermant un doigt du saint. Cette précieuse relique,
ainsi que d’autres objets du culte, furent volés il y a quelque
cinquante ans par un habitant de Grez.
Malgré les instances du curé Dubois, jointes à celles
d’Arthur Maricq; malgré la juste condamnation du
coupable, on ne put rentrer en possession des reliques.
Animé d’un désir trop logique de découverte, nous
avons omis de faire connaître à nos lecteurs les quelques
bourgmestre qui se sont succédé au cours des événements
que nous avons relatés.
Herwaert Regnault succéda à Herwaert Jean. Il fut chef
mayeur de Grez de 1625 à 1640. Herwaert Jean reprit de
nouveau la charge du pouvoir, qu’il maintint de 1640 à
1665. Thirry succéda à ce dernier de 1665 à 1684.
Mais rompons notre silence à l’adresse de nos curés.
Si nous n’avons pas fait mention de nos pasteurs, c’est
que leurs noms restent ignorés jusqu’en 1626. Le premier
de ces prêtre fut Matthias Servais qui exerça son sacerdoce
de 1626 à 1644. Philippi lui succéda de 1644 à 1693. Mais
retournons au profane.
En 1674, François-Louis Verreycken, seigneur de
Laurensart meurt. Son fils, Pierre Ignace Verreycken,
Baron de Bonlez lui succède. Les domaines de Sart, de
Doiceau et de Bonlez se trouvent réunis sous la même
tutelle.
Par lettre patente du 16 septembre 1674, datée de
Madrid, le propriétaire de Laurensart est créé comte de
Sart.
Pierre Ignace eut une fille qui épousa un de Varick.
Celui-ci devint à son tour seigneur de Sart et de Bonlez.
Enfin, par une nouvelle alliance, le domaine Comtal
passa aux Romerswael.
Il est à savoir que par lettre patente du 22 avril 1675, la
baronnie de Bonlez fut annexée au domaine de Laurensart.
Le curé de Grez, à cette époque Philippi, avait, non
seulement le bénéfice de la chapelle Saint-Jean-Baptiste,
contiguë à l’église, mais en 1676, on annexa à la cure les
chapellenies de Saint-Barthélemy et de Saint-Jean-Baptiste
de la Motte : la première au revenu de 70 florins, la seconde
de 128.
Le dit curé devait, par contre, chanter une messe dans
chacune de ces chapelles, un fois par semaine.
En 1685, la cure reçut encore le bénéfice de la chapellenie
de Sainte-Catherine qui avait un revenu de 194 florins.
Nous avons laissé la juridiction sur les biens de Grez à
la veuve du baron de Wonsheim. A sa mort, son petit-fils
Jean de Wallenrodt lui succède.
Une statistique générale du domaine fut dressée l’année

— 122 — — 123 —
1686.
Voici à titre comparatif quelques détails intéressants.
Grez contenait 861 bonniers
1
, un journal
2
de propriétés,
dont 733 bonniers 2 journaux de terres. 34 bonniers un
journal de prés, 93 bonniers 2 journaux de bois.
Doiceau : 342 bonniers un journal.
Le Comté de Sart : 249 bonniers 3 journaux.
Bercuit : 200 bonniers de bois.
Grez contenait 84 maisons, 2 moulins, 4 chaux-fours, 6
tavernes, 2 brasseries et de nombreuses boutiques.
Doiceau comptait 24 maisons et une taverne. Il y avait
une maisonnette à Sart
3
.
En 1692 Charles Vanden Berghe de Limminghe s’éteint,
laissant son titre et ses pouvoirs à son fils Christophe-
François de Limminghe. Sept ans après, la juridiction
sur Grez et ses dépendances, par la mort du Comte de
Wallenrodt, passe à sa sœur Catherine-Charlotte, comtesse
de Furstemberge. On se souvient que le propriétaire de
la juridiction possédait la Brasserie banale, la moitié du
moulin et quelques propriétés.
Ne quittons pas le siècle, sans donner un aperçu succinct
du château de Piétrebais en Grez.
A cette époque, comme nous l’avons renseigné au
cours de nos exposés, le seigneur de l’endroit possédait de
1. Quatre-vingt-huit ares
2. Vingt-deux ares, ce qu’un homme pouvait labourer en 1 jour.
Ces mesures variaient d’après les contrées.
3. Tarlier et Wauters, ibid .
nombreuses dépendances. Il avait, de plus, maints pouvoirs
et prérogatives. C’est lui qui entretenait, avec l’abbesse
de Valduc, quelques chapellenies de l’église de Grez. Il
conférait encore les emplois et les charges au Béguinage
del Perroy et à l’importance cure de Mousty.
Nous avons déjà esquissé un rapide schéma du château;
ajoutons quelques traites qui en compléteront l’aperçu.
La propriété en elle-même, avait une étendue d’un demi-
bonnier. Les bâtiments étaient disposés en quadrilatère de
50 mètres environ de côté. Chaque angle était occupé par
une tour ronde. Le domaine était entouré de fossés remplis
d’eau; en dehors, dans la direction de Biez, on remarquait
quelques étangs et avenues qui ont été supprimés.
Sur le côté oriental du quadrilatère, s’élevait un donjon
carré d’aspect monumental, aux murs d’une épaisseur
de 1 m. 50. Cette vaste construction a été ornée par les
de Limminghe, d’une fenêtre surmontée d’un fronton
triangulaire. C’était le seul motif architectural de la bâtisse.
A côté du donjon, une porte cochère, précédée d’un pont-
levis, donnait accès à l’habitation. C’était la seule entrée
du château. Cette porte cochère, de style renaissance, était
surmontée d’un écusson aux armes des Vanden Berghe de
Limminghe. Le tout est encore visible de nos jours.
A l’angle formé par l’aile orientale et l’aile septentrionale
du château, s’élevait une tour abritant un immense
pigeonnier. Il est admirablement conservé et voici

— 124 — — 125 —
comment le décrit Cosyn
1
.
La tour bâtie en briques est un des rares pigeonniers
féodaux encore existants en Belgique. Elle est restée intacte
à l’intérieur. Cinq cents boulins s’y superposent en rangs
horizontaux. Ces niches sont rendues accessibles par une
échelle de la même hauteur que la tour et supportée par
un solide madrier en chêne, tournant verticalement sur
un pivot.
L’aile septentrionale du château a été démolie, puis
reconstruite. On y a ouvert une porte cochère qui remplace,
pour les propriétaires, l’admirable porte renaissance
affectée exclusivement aux usages de la ferme.
L’aile occidentale, ou corps de logis, était composée
uniquement d’un rez-de-chaussée recevant la lumière par
une rangée de 14 fenêtres. Un perron, auquel on arrivait
par un double escalier mi-circulaire y donnait accès.
L’aile méridionale du château était formée par les
dépendances : elle a été supprimée.
Telle était au XVII
e
siècle, la conformation du château
de Piétrebais en Grez.
Mais avant de quitter ces vieilles pierres, témoins de tant
de faits, et conservatrices de tant de souvenirs, laissons
s’éteindre le seigneur Christophe-François Vanden
Berghe de Limminghe. Il meurt sans enfants laissant son
domaine à son cousin, Charles, Comte Vanden Berghe de
Limminghe. Son successeur porte la couronne comtale.
Voici les circonstances qui ont amené l’octroi de cette
1. Op. cit.
haute distinction.
Ce chevalier, maître de camps dans la cavalerie
espagnole, se distingua par ses hauts faits d’arme. Pour
récompense de sa bravoure, par lettre patente, datée du 7
juillet 1694, il reçut le titre de Comte.
Ce seigneur occupa maintes situations en vue à
Bruxelles. Il remplit successivement les hautes fonctions
de surintendant du canal, de trésorier, d’échevin et de
bourgmestre de cette ville. Voici comment les historiens
des communes du Brabant nous décrivent ce puissant
personnage.
Le comte Charles Vanden Berghe de Limminghe était
très populaire à Bruxelles. Pendant les troubles qui se
terminèrent par la mort d’Anneessens, il soutint dans les
assemblées des états de Brabant, que la Constitution ne
permettait pas de priver de leurs privilèges les nations
de Bruxelles. On le vit même après une séance, se rendre
avec deux de ses collègues chez le pensionnaire des états,
pour faire enregistrer son vote négatif. Les habitants de
la capitale désiraient ardemment l’avoir de nouveau pour
bourgmestre parce que, dit un document, il avait toutes les
qualités que le peuple aime à trouver dans ses magistrats.
Ces fonctions lui furent de nouveau confiées en 1725 et
1726 et en 1740 et 1741. Il fut en outre trésorier de 1729 à
1734 et surintendant du canal de 1734 à 1737.
Le comte Charles Vanden Berghe de Limminghe
contracta alliance avec Anna Isabella d’Arazola d’Onate.
Son épouse mourut assez jeune. Il s’allia en secondes noces

— 126 — — 127 —
à Jeanne-Thérèse-Josèphe Massiet.
La juridiction sur la Franchise de Grez et les territoires
de Nodebais et de Chapelle-Saint-Laurent que nous
avons laissée en 1697 à Catherine Charlotte, Comtesse
de Furstemberge, fut achetée en 1704 par Charles de
Limminghe.
Au cours des siècles écoulés, les habitants du village
versaient leur taille entre les mains du receveur qui
habitait l’endroit. Nous avons d’ailleurs exposé la chose en
son temps.
En 1704, lors du règne de Philippe d’Anjou, petit-fils
de Louis XIV, la taille du domaine était payée au receveur
résidant à Maestricht. Un collecteur était chargé par la
mairie de Grez de recueillir auprès des habitants leurs
impôts respectifs qu’il totalisait entre les mains du receveur
dénommé.
Voici copie authentique d’un récépissé de versement,
fait en 1704 par le collecteur Glaude Lanwick à la Croix,
commis de Mgr Pesters.
Cette quittance doit être enregiftrée au
controlle à peine de Nullité.
Comté de Grez.
Je souffigné receveur des contributions reconnois
d’avoir Reçu des habitans de Grez par les mains de Glaude
Landwick La Fomme de quarante-cinq cenf à bon compte
des contributionf auxquelles les dits habitans font taxés
pour l’année 1704.
Fait à Maestricht, le faizième avril 1705.
(S.) La Croix, commis de Mgr Pesters.
Enregiffre fol. 579 et contrefigné
Par le foufigné controlleur
A Maeffricht, ce 29 7bre 1704
(Signature illisible.)
Payé deux efcallins pour la quitance et tente pour
lenvoys.
Voici par ailleurs, copie d’un autre reçu de versement,
fait la même année par la commune aux États de Brabant.
Reçu de Grez par Anthoine Ferdinand la fomme de
quarante livres Arths à compte de leur quote dans la Taille
ordinaire fini noël mil fept cent quatre.
Actum au bureau des aides le 13 Obre 1704.
(Signature illisible.)
Avant de clore la période espagnole de notre histoire,
disons un mot encore de la seigneurie de la Motte que nous
avons laissée, au siècle dernier, à Ferdinand de Houtoye.
Ce chevalier laissa le pouvoir à son fils Maximilien. Ce
dernier ne jouit pas longtemps de ses prérogatives, car en
1713, il lègue son domaine à un de ses parents Mathieu,
Augustin, d’Arazola d’Onate de Peuteghem. Ce seigneur

— 128 — — 129 —
mourut treize ans après.
Ses héritiers n’ayant pas observé certains rites en usage
sous la domination autrichienne, se virent dépossédés des
biens de leur père, en faveur de l’empereur d’Autriche, duc
de Brabant.
A titre documentaire notons en passant, que Grez
comptait en 1709, une population de 490 habitants,
Doiceau de 73 et Sart de 21.
Par le Traité d’Utrecht, signé en 1715, notre pays
allait passer à la branche autrichienne des Habsbourg,
représentée par Charles VI. L’ère qu’on a appelé à juste titre,
l’ère de malheur, sombrait dans la tourmente des batailles.
Etait-ce une aube heureuse, qui s’annonçait ? L’avenir
devra nous l’apprendre.
Ainsi commence la Période autrichienne de notre
histoire.
XIII. GREZ-DOICEAU SOUS LA DOMINATION
AUTRICHIENNE
Avant de commencer l’historique de notre commune
sous le sceptre des empereurs d’Autriche, arrêtons-nous
un instant aux principaux magistrats qui ont gouverné le
village, au cours de la période que nous venons de passer
en revue.
En 1664, nous avons laissé les rênes du pouvoir à Thiry,
chef Mayeur de Grez. De Pattin Antoine lui succède et
assume pendant six ans la lourde responsabilité. En 1690,
l’autorité communale est confiée à François Daix qui en
maintient les charges pendant dix-huit ans. Coesman
Jean-Baptiste se voit enfin attribuer les pouvoirs pour une
période de vingt-deux années. Son mandat devait expirer
en 1730.
Nous avons laissé le pouvoir spirituel à Philippi. En 1693,
lors de son décès, il est remplacé par Antoine Becquevort.
Se prêtre exerce son office jusqu’en 1726. En 1730, nous

— 130 — — 131 —
trouvons enfin la cure de Grez occupée par Pierre Lurquin.
Mais que devient notre paisible population sous la férule
du Marquis de Prié ?
Des troubles graves s’élèvent de toutes parts, troubles
causés par le mécontentement excité par le Traité de
la Barrière, par l’antipathie du marquis de Prié pour les
libertés communales, par les complications des rouages
administratifs en matière d’impôts.
Après neuf années de dictature, notre intrigant
gouverneur est remplacé par la sœur de Charles VI, Marie-
Elisabeth.
Cette femme exquise gouverna la Belgique pendant seize
ans, avec une autorité presque souveraine, à la satisfaction
générale des Belges, qu’elle sut maintenir dans une paix
profonde
1
.
Un de ses premiers édits réglementa le port de l’épée.
L’ordre envoyé à la chef Mairie de Grez était ainsi conçu :
A Nivelles, 20-9bre-1727.
Monsieur le chef Mayeur de Grez,
Je vous envoie cy joint de la part du Seigneur grand
Bailly, quelques exemplaires défendant le port de l’épée à
ceux qui n’ont pas la qualités requifes affin de le publier et
1. Jules Herment, Histoire de Belgique.
faire publier dans votre office je suis
Vre très humble et obéisfant serviteur
(s) A. Biourge, Greffier.
En 1736, le châtelain de Grez, Charles Vanden Berghe
de Limmingue meurt, âgé de 96 ans. La seigneurie
avec la juridiction sur les territoires de Grez, Chapelle-
Saint-Lambert et Nodebais, qu’il tenait de Wallenrodt,
échoit à Guillaume-François-Joseph Vanden Berghe de
Limminghe, son fils du premier lit.
Ce personnage est assez influent. On le rencontre à
diverses reprises, soit comme échevin de Bruxelles, soit
comme surintendant du canal. Il fut créé comte par lettre
patente du 6 décembre 1761. Huit ans après, il mourait
célibataire.
Nous nous souvenons du séquestre apposé sur le
domaine de la Motte, lors de la mort, survenue en 1726,
de Mathieu-Augustin Arazola d’Onate de Peuteghem.
Par une décision du Conseil des Finances, sur proposition
de la gouvernant Marie-Elisabeth, le dit domaine fut
restitué aux héritiers d’Onate et d’Anne-Ernestine Reale.
Marie-Elisabeth mourut au château de Mariemont,
laissant le pays livré aux aléas d’un nouveau pouvoir.
Marie-Thérèse, fille de Charles VI, succède à son père
en 1740. Avec ce règne s’ouvre une nouvelle période de

— 132 — — 133 —
guerres et d’invasions.
En 1745, par les victoires de Rocour et de Laeffeld, les
Français occupent toute la Belgique, sauf le Limbourg et le
Luxembourg.
Toutes les invasions se ressemblent. Nous avons encore
en mémoire, celle de 1914. Nos pères en connurent d’autres,
toutes, aussi tragiques. Il n’a pas appartenu uniquement à
l’armée allemande de réquisitionner nos hommes et nos
chevaux. C’est un droit qu’accorde la puissance.
Nous présentons aux lecteurs deux copies authentiques
d’ordres de réquisition, envoyés à la chef Mairie de
Grez par les autorités militaires françaises. Leur lecture
amènera évidemment en chacun, des comparaisons et des
reviviscences.
Ville et Mairie de Grée
de par le Roy
Nous prudent, Baron de Fregval, Ecuyer, Confeiller du
Roy, commiffaire des guerres, ordonnateur de l’armée de
Son Altesse Sérénissime, Monseigneur le Prince de Conty,
aux ordres de M. le Comte Destrées.
Ordonnons aus Mayeur et Magistrats de la ville et
Mairie de Grée, de faire rassembler le 31 May à fept
heures du matin, vingt voitures attelées chacune de quatre
chevaux qui fe rendront au magazin des avoines près
labbaie du parc, lesquelles voitures feront commandées par
un conducteur qui en répondra à PEINE D’EXECUTION
MILITAIRE. fait à labbaie du parc le 30 May 1746
(s) Baron de Fregval.
Barthélemy de Vanolles, Conseiller du Roy en tous
ses conseils, Maistre des requestes honoraire, intendant
d’Alsace et de l’armée de Sa Majesté sur les frontières
d’Allemagne.
Il est ordonné aux magistrats et gens de loix de la ville et
Mairie de Grez, de faire fournir par les communautés qui
en dépendent, cent cinquante pionniers qui seront rendus
sans faute et à PEINE D’EXECUTION MILITAIRE, le 20
du présent mois à Gilly pour y être employés au service du
Roy. Un tiers des dits pionniers se pourvoira de serpes, le
second tiers de pelles et l’autre de pioches. Il sera proposé un
conducteur par les dits Mayeurs, par cinquante pionniers,
lequel en remettra la liste à l’ynspecteur qui sera établi de
notre part au dit Gilly.
Les dits pionniers pourront être relevés en totalité ou en
partie par un pareil nombre, chaque fois que les Mayeurs
de leurs communautés le jugeront à propos en observant
que les premiers ne seront renvoyés qu’après l’arrivée de
ceux qui devront les remplacer. Les pionniers déserteurs
seront remplacés par les communautés et payeront quatre
florins chacun d’amende au profit de ceux qui marcheront
en leur place. Le pain double sera fourny aux dits pionniers
sur des états certifiés à l’ynspecteur, visés et ordonnés par
le commissaire des guerres qui en aura la police. Les dits
Mayeurs ne comprendront pas dans les répartitions qu’ils
feront, en conséquence de notre présent mendement, les

— 134 — — 135 —
exempts ou privilégiés qui sont ou seront porteur des
sauvegardes du Roy.
Fait au camp de Chasseler, le 15 juillet 1746.
(s.) Vanolles.
Les guerres ne mettaient pas obstacle à la ferveur des
fidèles de la paroisse de Grez.
Vu l’accroissement constant des charges de son ministère,
Jean-Baptiste Collet, curé de l’époque, demanda l’aide
d’un vicaire. Cette proposition fut acceptée par le pouvoir
compétent. Les revenus de la cure étant insuffisants pour
parfaire aux exigences de ce nouvel emploi, on y adjoignit
les chapellenies de Saint-Nicolas et de la Vierge, qui avaient
un revenu respectif de 350 florins 12 sous et de 372 florins
12 sous.
Jean-Baptiste Collet touchait comme émoluments,
la somme respectable de 1611 florins. Son vicaire, n’en
prélevait que 240.
En 1748, par le traité d’Aix-la-Chapelle ,nos provinces
retournent à l’Autriche. Si nous fûmes une fois de plus
délivrés de l’envahisseur, nous verrons, au cours des guerres
qui vont suivre, que nos populations eurent à fournir à la
France, des subsides et un contingent de 12.000 hommes.
Nous avons laissé la seigneurie de Grez sans propriétaire.
On se rappelle encore la mort de Guillaume-François-
Joseph de Limminghe. Ce comte étant mort sans enfants,
institua pour héritier un de ses demi-frères, - on sait que
Charles Vanden Berghe de Limminghe contracta deux
fois mariage. - Philippe-Joseph, seigneur de Limelette.
Philippe-Joseph épousa l’héritière de Gentinnes.
Le domaine de la Motte échut à Josse-Léonarde Arazola
d’Onate, fille de Mathieu-Augustin Arazola d’Onate. Cette
dame épousa Henri Vanden Berghe de Limminghe, frère
puîné du seigneur de Grez. La seigneurie de la Motte
n’était guère puissante à cet époque. Voici d’ailleurs, à titre
documentaire, quelle était son importance. Elle possédait
une ferme avec ses dépendances : 4 bonniers d’étang, 1
bonnier de jardin, 17 bonniers de prés et un petit bois.
En 1757, Philippe-Joseph de Limelette, seigneur
de Grez, cède le pouvoir à son frère François-Joseph,
Comte Vanden Berghe de Limminghe. Personnage de
haute distinction, ce chevalier se distingua en maintes
circonstance. Il parvint au grade élevé de maréchal de
Camp dans les gardes Wallonnes de l’armée espagnole.
Nommé lieutenant-général, il gouverna Jaca, l’ancienne
capitale du royaume de Sobrabe (Espagne).
En 1757, le Comte François-Joseph de Limminghe
épousa Eléonore O’Brien Dolonergain. Nous verrons
qu’à la mort de son époux cette dernière s’allia au Comte
Maximilien-Joseph de Berlaimont.
D’après une statistique de 1759, voici quel était le
nombre de maisons que l’on comptait à Grez et dans les
hameaux actuels.
Grez centre : 109; Morsain : 12; Royenne : 7; Hèze :

— 136 — — 137 —
32; Centri : 3; Brumagne : 2; Doiceau : 24; Gasthuis : 13;
Laurensart : 4.
A cette époque Grez n’était pas le bourg riant que nous
connaissons aujourd’hui. Pas de routes carrossables, des
ponts de bois, frêles et branlants jetés sur la rivière le Train.
Les bourgmestres Duchesnes Martin et Thumas avaient,
en vain, fait maintes requêtes pour remédier à ce piteux
état de choses. Jacqmot Jean, chef Mayeur de 1759 à 1783,
obtint l’autorisation de faire ce que ses prédécesseurs
avaient rêvé d’accomplir. Il établit un morceau de chaussée,
large de douze pieds, destiné à relier le centre du village
à quelques localités de la mairie de Louvain: Archennes,
Néthen, Ottembourg.
Il fit construire un pont sur le Train, au lieu dit : La
Barre.
Les ressources ne suffisaient hélas ! pas à combler de
telles dépenses. Afin de récupérer la somme engagée, et
à la condition de payer chaque année une redevance d’un
chapon par habitant, il fut permis à la commune de lever
pendant vingt ans, un péage d’un liard par cheval attelé
qui passait sur ce pavé.
Cette prérogative fut étendue. Le même droit de péage
fut perçu au pont de la Barre.
La population, soucieuse de ses intérêts intellectuels aussi
bien que de ses avantages matériels, nomma un chapelain
maître d’école. Un peuple qui a souci de l’instruction de
ses enfants est un peuple qui se civilise.
Ce chapelain, maître d’école, avait une maison et des
terres communales. En plus de l’enseignement qu’il était
appelé à donner à la communauté, il devait célébrer deux
messes par semaine, plus une messe avec sermon, les
dimanches et jours fériés au Béguinage du Péry.
Nous avons laissé la juridiction sur Grez, Chapelle-
Saint-Laurent et Nodebais au Comte François-Joseph
Vanden Berghe de Limminghe. En 1770, le dit seigneur
se dégagea de ce pouvoir en faveur des États de Brabant.
Un receveur fut établi par Marie-Thérèse, il assumait les
fonctions de régisseur du domaine de Grez.
Jean-Baptiste Thumas géra les biens pendant dix-sept
mois. Au cours de cette régence, les recettes s’élevèrent à
2.046 livres, 15 sous et les dépenses à 121 livres 18 sous
seulement.
Les État de Brabant ne devaient guère conserver la
juridiction ci-dessus mentionnée. En effet, en 1772, Jean-
Goscein Vanden Broeck, factotum du Comte de Lalaing,
grand chambellan, la leur acheta pour la somme de 70.000
livres.
Nous avons vu, dans nos investigations antérieures,
que la brasserie banale appartenait au domaine, en cette
occurrence, au Comte de Lalaing.
Toute personne qui voulait faire brasser de la bière,
devait produire un permis à cet effet, et verser une somme
proportionnée à la matière fournie.
Voici copie d’une autorisation délivrée à la Comtesse de

— 138 — — 139 —
Limminghe par le préposé à cet emploi.
PERMIS DE BRASSER DE LA BIÈRE.
Il est permis à madame la Compte de Liniminche,
demeurant à Grez de Braffer à la petite chaudière de
Maricq la quantité de six Aimes de bonne bière mefure de
Bruxelles et six de petite, de mettre le feu le quinze 8bre
à une heure du matin dont il m’a été payé pour les Droits
des seigneurs Etats de Brabant, la somme de six florins à
charge de montrer le présent billet et de laiffer fuivre à la
requifision des Vifitateurs.
Fait au comptoir de Bonlez le 14 Xbre 1777.
(s.) A. Ghion.
Mais décidément, on a raison de dire que l’histoire est
un perpétuel recommencement.
La juridiction sur Grez, Chapelles-Saint-Laurent,
Nodebais, qui avait été engagée par les États de Brabant
au Comte de Lalaing, est rachetée en 1777, par François-
Joseph, Comte de Limminghe. Les droits sur ces deux
dernières localités furent donnés en dot à la fille de ce
dernier, lors de son mariage.
Nous allons entretenir pour la première fois nos lecteur
d’un usage unique dans les annales des communes du
Brabant. Nous voulons parler du libel du hameau de Hèze.
En vertu d’une charte de Jeanne de Brabant, épouse de
Wenceslas de Luxembourg - les habitants de Hèze ont de
qui tenir ! - la population du village obtint la propriété
d’une certaine étendue de territoire qu’ils administraient
et exploitaient à leur profit.
Les chefs de famille, dans une assemblée plénière qui se
faisait au centre du hameau, choisissaient leurs députés,
qu’ils envoyaient siéger au Conseil communale de Grez, et
débattaient l’emploi et la répartition des revenus.
Voici à cet égard, extrait d’un compte de l’an 1779
1
.
Rentes dues pour arrentement des communes 832
Rentes en blé et argent 414
1243
Dépenses 113
Reste Florins 1.133
Neuf cent cinquante-sept florins furent répartis en
parties égales de 40 florins 91 sous entre les 23 ménages
du hameau.
Pour participer à ces avantages, les chefs de famille
devaient résider dans le hameau depuis au moins deux ans.
Mais le destin fait à chacun sa part.
Parlons un brin de Doiceau, au point de vue paroissial.
On doit savoir que les habitants du hameau ressortissaient
de la compétence spirituelle du curé de Dion-le-Val. Ceux
qui désiraient assister à la messe devaient ainsi se rendre,
soit dans cette dernière localité, soit à Basse-Wavre. Les
paroissiens désireux qu’il soit remédié à un tel état de
1. Tarlier et Wauters, op. cit.

— 140 — — 141 —
chose, demandèrent une chapelle distincte à l’abbesse de
Valduc. On sait que la dite abbaye prélevait la dîme de Grez,
de Doiceau. La supérieure de la communauté fit mauvais
accueil à la requête. Les habitants du hameau s’adressèrent
en dernier ressort au Conseil du Brabant.
Par un arrêté du 26 août 1782, l’abbesse de Valduc fut
condamnée à bâtir une chapelle à Doiceau. Le desservant
qui résidait à Grez recevait à charge de la dite abbaye, la
somme de 240 florins par an. Il devait par contre célébrer
la messe à Doiceau et y enseigner le catéchisme.
Le château de la Motte dépendait de la paroisse
d’Archennes.
A la même époque, nous assistons à la reconstruction
de l’église de Grez, détruite par un incendie.
Comme Valduc prélevait la dîme du village, il couvrit les
frais d’édification. La nouvelle église, mois la tour, coûta à
la dite abbaye la somme de 39.253 florins. La tour date de
1722.
Lors de sa création, la Société Saint-Georges, avait un
caractère purement corporatif; de corporatif, il devint par
la suite militaire et religieux. Le lente évolution des choses et
des être ne devait pas épargner notre antique corporation.
Elle perdit en effet tous ses caractères distinctifs pour ne
conserver que celui de société d’agrément.
Sous ce signe, nous la voyons déchoir rapidement.
Malgré cette décadence, les fêtes qu’elle organisait étaient
fort goûtées du public. Nous en donnerons un aperçu au
cours d’un de nos futurs exposés.
Nos lecteurs se souviennent encore de ce que nous
appelons le libel du hameau de Hèze.
Cette prérogative qui n’appartient qu’au dit hameau, dut
porter préjudice aux habitants des deux localités. Le conflit
devint âpre. Le Conseil de Brabant, saisi de la question,
promulgua le 12 décembre 1783 un nouveau règlement
dont voici les principales dispositions :
Le 12 décembre de cette année, le maire de Grez
convoquera une assemblée de la communauté de Hèze
et y présidera, assisté de deux échevins et du greffier du
bourg. Les pères de famille, et à défaut du père, les mères
de famille pourront seuls y assister. On y élira 2 députés
administrateurs qui devront être âgés de 25 ans au moins,
et être père de famille, à moins que le père ne se porte
garant pour son fils. Le premier député restera en fonction
jusqu’au premier mars 1785, et le second un an de plus.
Chaque année, on élira un nouveau député, de manière à
ce qu’il y en ait toujours deux en fonction.
Ce règlement subit par la suite plusieurs modification
comme nous le verrons bientôt.
D’après une statistique du temps, voici qu’elle était la
population de Grez. Le centre contenait 890 habitants
parmi lesquels 5 prêtres, 328 hommes et garçons âgés de
plus de 12 ans; 333 femmes et filles âgées de plus de 12 ans

— 142 — — 143 —
et 112 garçons et 112 filles âgés de mois de 12 ans.
Doiceau comptait 274 habitants dont 47 hommes, 50
femmes, 44 garçons et 39 filles âgés de plus de 12 ans; 44
garçons et 50 filles âgés de mois de 12 ans.
Hèze : 190 habitants; Morsain : 51; Royenne : 68; aux
Quatre-Maisons : 22; à Brumagne : 9 et à la Motte : 8.
Pendant l’année 1786, l’hospice du Péry jouissait d’un
domaine évalué à 110 bonniers environ. La Comtesse de
Berlaimont, châtelaine de Grez, en était la collaticre. La
même année le domaine fut morcelé et loué.
Ci, copie authentique d’un fragment de l’acte notarial
de location :
Comme au conseil souverain de sa Majesté Joseph II,
Empereur des Romains toujours auguste, roi d’Allemagne,
de Hongrie, de Bohême, archiduc d’Autrice, duc de
Lorraine et de Bar, de Bourgogne, de Lothier, de Brabant,
de Limbourg, de Luxembourg, de Gueldre, de Milan, de
Styrie, de Carinthie, de Carniole, grand duc de Toscane,
Comte de Flandre, de Hainaut, de Namur, seigneur de
Malines, ordonné en son pays et duché de Brabant, requête
fut présentée de la part de la Comtesse de Berlaimont,
jadisse comtesse de Limminghe, suprême collatrice au
béguinage du Péry, les Grez, contenant qu’ensuite de
la sentence rendue en ce conseil entre la suppliante et
ceux du dit béguinage il étoit ordonné que les biens de
cette fondation seroient à l’écoulement de baux loués
publiquement sur les conditions à agréer par le conseil
et comme les trois baux y joints expiroient à la Saint
André Mil sept cent quatre-vingt-six, il étoit nécessaire de
procéder à une nouvelle location des biens y mentionnés,
et dans cette circonstance, La suppliante avoit dresser le
projet.
Viennent à la suite, les conditions de location. Elle sont
au nombre de dix-huit. Les adjudications suivent. En voici
un fac-similé.
25
e
partie :
Item, un journal de terre ou environ, sous Grez, joindant
de deux côtés à madame Schotte, du troisième à la cure de
Biez et du quatrième à l’abbaye d’Audreghem, à François
Flamand à Aix sous Grez pour 6 florins par an.
Caution, Jean-François Coppe à Aix à Grez.
(s.) F. Coppe.
Thumas était à cette époque châtelain au béguinage du
Péry.
Le règlement mis en vigueur dans l’établissement
fut élaboré le 12 décembre 1786 par le Conseil de Biez.
Par arrêté royal du 3 juillet 1818 ce même règlement fut
légèrement modifié.
En voici d’ailleurs les principales clauses.
Chaque béguine recevait 35 sous par semaine. Chaque
année, il leur était réparti deux paires de souliers, deux
paires de bas, deux chemises, deux mouchoirs et d’autres
vêtements estimés à deux pistoles. En plus, la communauté
touchait annuellement 400 fagots, 12 wistes de bois, 2

— 144 — — 145 —
charrettes de charbon.
Chaque béguine avait son lit, chaque chambre abritait
six pensionnaires.
En 1786, la population de l’hospice du Péry n’était que
de six béguines.
La chapelle du béguinage du Péry, avait un revenu de 67
florins. Moyennant cette somme, les chapelains devaient
dire une messe par semaine, plus une par an, en mémoire
de la fondatrice, Elisabeth del Perroy.
La chapellenie de Saint-Michel, annexée par après
était conférée alternativement par le seigneur de Grez et
l’abbesse de Valduc. Le chapelain devait célébrer la messe
les dimanches et jours fériés et donner une instruction
religieuse aux béguines.
A cette époque, le curé de Grez, était De Ridder Jean-
François. Sa paroisse n’avait pas la même étendue que la
commune. En 1786, elle englobait le centre et les hameaux
de Morsain et de Brumagne. Hèze, Royenne, ressortissaient
de la compétence spirituelle du curé de Biez.
A maintes reprises ce premier hameau éleva des
réclamations à l’effet d’avoir son église distincte, offrant
un bonnier de terre pour y construire l’édifice, mais se
refusant d’intervenir dans les frais d’érection.
La même année, la chapelle de Doiceau fut achevée. Elle
coûta à l’abbaye de Valduc la somme de 8.303 florins.
C’était un joli petit sanctuaire de style renaissance, à
nef unique et à plafond horizontal. Au-dessus de l’arc de
triomphe, on lisait l’inscription : Anno 1786.
Le petit temple était surmonté d’un clocheton recouvert
d’ardoises. Le marguillier recevait de l’abbaye de Valduc
un traitement annuel de 25 florins.
Nous avons vu ce que la même communauté religieuse
versait au chapelain résidant à Grez. A comparer les
émoluments et les rentes des cures de Doiceau, et de Grez,
le pasteur de cette dernière localité se trouvait, par rapport
à celui de Doiceau, dans la situation d’un puissant suzerain
à l’endroit d’un faible vassal.
Voici d’ailleurs en sus des chapellenies, ce dont jouissait
le curé de Grez. Il avait en propriété, 10 bonniers de terre,
11 journaux de bois. Il lui était versé annuellement par
Valduc une redevance de 64 setiers de blé.
Par contre, il serait peut-être intéressant de faire connaître
à nos lecteurs ce que Valduc prélevait approximativement
dans le village.
La dîme perçue par l’abbaye, s’élevait à la coquette
somme de 2.906 florins. On voit qu’en regard de la recette,
la dépense était infime.
En dehors des chapellenies que nous avons déjà
mentionnées, on citait encore vers l’an 1787, la chapellenie
des Ames ou de Sainte-Agnès, qui possédait 3 bonniers 3
journaux de terre et un journal de bois. Son revenu était
de 83 florins.
Le curé de Grez était chargé d’y célébrer une messe par
quinzaine. La chapellenie de Saint-Antoine fut également
annexée à la cure de Grez. Elle possédait 6 bonniers et demi
de terre et un revenu de 115 florins. On devait y célébrer

— 146 — — 147 —
une messe par semaine. La première était à la collation
alternative de l’abbesse de Valduc et du châtelain de Grez;
la seconde à la collation de l’abbesse de Valduc seule.
Grez a toujours eu le souci de placer à l’avant-plan de
ses activités ses œuvres de charité et de bienfaisance.
En 1787, nous notons l’existence d’une table des pauvres
qui alimentait un fort contingent de nécessiteux. Ce comité
de secours aux indigents possédait 39 bonniers 1 journal
de terre, 3 bonniers de prés et 8 bonniers 2 journaux de
bois.
Cette organisation dépensait chaque année, 592 florins
16 sous en denrées alimentaires, 294 florins 9 sous en
vêtements répartis entre les nécessiteux et 237 florins 9
sous en soins médicaux et pharmaceutiques.
Le hameau de Doiceau avait aussi son comité de secours
aux indigents, composé du curé de Grez, du maire et des
échevins de la seigneurie de Doiceau.
Nous assistons, vers l’an 1789, à la transformation
radicale du château de Laurensart. On sait que cette
seigneurie appartenait à cette époque aux Romerswael.
Le nouveau manoir était comme par le passé, entouré
de fossés comblés d’eau. Un pont d’une seule arche donnait
accès au château, par une entrée en plein cintre, flanquée
de deux tours à créneaux et à meurtrières.
Des pierres, formant le millésime 1789, ornaient le dessus
de la porte. On distinguait encore une troisième tour de
forme mi-circulaire, qui dressait sa majesté à quelques pas
des deux autres. Les bâtiments du logis étaient disposés
sans ordre, par le hasard, comme tombent des dés. Cette
asymétrie des lieux rendait à cette propriété, un cachet de
grande originalité. Tel était le château de Laurensart vers
1789.
Au moment où François II montait sur le trône
d’Autriche, la révolution française éclatait. Notre souverain
et le roi de Prusse formèrent une coalition contre la France.
On sait que Dumouriez, général révolutionnaire, eut tôt
fait de vaincre les confédérés. Par la victoire de Jemappes,
notre pays passait à la France.
Ce changement de nationalité fut de courte durée, car
en 1793, par la défaite de Neerwinden, nos nouveaux
maîtres abandonnaient leur conquête à Charles, archiduc
d’Autriche.
Nous retombions sous la domination autrichienne.
Notre paisible population prit un part active à cette
campagne et maints de nos aïeux, embauchés par le
gouvernement autrichien, contribuèrent indirectement à
cette victoire qui devait avoir l’heureux résultat de nous
faire échapper aux mauvais jours de la Terreur.
Voici d’ailleurs fac-similé d’un acte envoyé au chef Maire
de Grez. Sa lecture se passera aisément de commentaires.
Nivelles, le 17 may 1793.
Monsieur le chef Mayeur de Grez.
Je vous fais la présente de la part du Seigneur Grand
Bailli, ensuite de la réquisition des Seigneurs Etats
de Brabant pour vous dire qu’il est de la plus grande
importance que le Wallon fournifse 1134 pionniers pour

— 148 — — 149 —
travailler aux ouvrages de l’armée pendant dix jours.
En conséquence, vous ferez fournir par votre mairie de
Grez, quarante-sic pionniers munis de pèles et pioches qui
doivent se trouver sans aucune faute au village de Ville
près de Saint-Ghislain, mercredy prochain 22 du courant
à midy et y être adrefsés au commissairial civil, vous
prévenent qu’il doit y avoir un conducteur pour ces 46
pionniers muni de la liste nominale des pionniers, laquelle
liste il présentera à lemploié Yernaux, pour être vérifié par
lui et ce sera au pied de cette même liste que ce dit emploié
couchera lors du retour des dits ouvriers la déclaration
du nombre, des jours qu’ils auront emploiés, ils recevront
tous les jours une ration de pain et vous la ferez assurer de
la part de S.A.S. Le prince de Cobourg qu’aucun d’eux ne
sera exposé au feu de l’ennemi.
Voici d’autre part, un ordre de réquisition de charroi.
A le comparer avec ceux que maints de nos lecteurs ont
encore en mémoire - 1914 n’est pas si loin de nous - on
en conclut aisément que l’histoire n’est qu’un éternel
recommencement.
Nivelles, le 15 avril 1793.
Monsieur,
Je vous fais la présente de la part du Seigneur Grang
Bailli ensuite de la réquisition de M. le commissaire
général civil pour que vous fassiez fournir par votre mairie
de Grez, Onze chariots, savoir deux attelés de 2 chevaux
et neuf attelés de 4 chevaux, avec des cordes, qui devront
se trouver sans faute mercredy 17 du courant à partir
de 8 heures au magazin de Jéricho, marché au Grain à
Bruxelles, pour conduite des farines, des pailles et foin,
vous prévenant que l’expedition de ces chariots étant de
la plus grande importance pour le service de S. M. je sui
chargé de vous en rendre responsable et Monsieur Votre
très humble serviteur.
(s.) Biourge.
A Monsier le Chef-Mayeur de Grez.
Nos fouilles nous ont permis de présenter à nos lecteurs
les noms des Gréziens qui prirent part à ces expédition.
Les voici.
François Maricq, avec une charrette et 2 chevaux.
A. Manick avec le même attelage.
Avec chariots à quatre chevaux : François Jossart, Jean-
Baptiste Baufanie, Coppe, Philippe-Robert Chaux, Jean
Noël de Doiceau, Jean-Baptiste Motte, Fernand Demais,
Joseph Michaux et Pierre Hallaux de Doiceau.
On resta de longs mois sans nouvelles des quatre
derniers. On les retrouva à Saint-Amand dans la France
du Nord.
En 1794, la courte restauration autrichienne allait laisser
place à la seconde occupation française. Les armées de la
Convention, commandées par Jourdan devaient rendre
notre pays terre française.

— 150 — — 151 —
XIV. GREZ-DOICEAU SOUS LA DOMINATION
FRANÇAISE
Cette nouvelle invasion allait bouleverser de fond en
comble les us et coutumes de nos vieilles populations
campagnardes.
Notons rapidement quelles furent les principales causes
de ce désarroi.
1° La suppression des ordres religieux.
C’est alors que disparaissent les abbayes qui ont joué
un rôle si actif dans nos histoire communale et nationale :
Alne, Villers, Cambrai, Valduc, Florival, etc.
2° Substitution du calendrier républicain au calendrier
grégorien. La première année du calendrier républicain
commençait le 22 septembre 1792.
Le mois se divisait en trois décades et comprenait 30
jours. On ajoutait cinq jours à la fin de l’année destinés à

— 152 — — 153 —
des festivités. Voici quels étaient les noms des mois.
AUTOMNE
Vendémiaire : mois des vendanges.
Brumaire : mois des brumes.
Frimaire : mois des frimas.
HIVER
Nivôse : mois des neiges.
Pluviôse : mois des pluies.
Ventôse : mois des vents.
PRINTEMPS
Germinal : mois de la germination.
Floréal : mois des fleurs.
Prairial : mois des prairies.
ÉTÉ
Messidore : mois des moissons.
Thermidor : mois des chaleurs.
Fructidor : mois des fruits.
Les jours de la décade s’appelaient : Primidi, duodi, tridi,
quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octodi, nonidi, décadi.
3° Remplacement des vieux noms de nos provinces par
des dénominations géographiques.
Nous avons ainsi les départements suivants :
de la LYS, chef-lieu Bruges.
de l’ESCAUT, chef-lieu Anvers.
de la MEUSE INFÉRIEURE, chef-lieu Maestricht.
de l’OURTHE, chef-lieu Liége.
des FORÊTS, chef-lieu Luxembourg.
de la SAMBRE-ET-MEUSE, chef-lieu Namur.
de JEMAPPES, chef-lieu Mons.
de la DYLE, chef-lieu Bruxelles.
Grez était un canton de ce dernier département. C’était
le plus étendu et le mieux aggloméré en communes. Il
ressortissait de l’arrondissement de Louvain.
Il était borné au nord par les cantons de Tervuren et de
Bautersem. A l’Est, par ceux de Hougaerde et de Jodoigne.
Au sud, par celui de Nil-Saint-Martin. Au Sud-Ouest, par
celui de Wavre. Au Nord-Ouest, par celui d’Overyssche et
par une autre partie de celui de Tervuren.
Il avait quinze kilomètre du Nord au Sud et la même
étendue de l’Est à l’Ouest.
Il était traversé dans ses parties orientales et
septentrionales par la chaussée de Louvain à Namur et
dans sa partie occidentale par la Dyle.
Il était composé de vingt-deux communes : Grez,
Archennes, Beauvechain, Biez, Bonlez, Bossu, Chapelle-
Saint-Laurent, Dion-le-Mont, Dion-le-Val, Doiceau,

— 154 — — 155 —
Gottechain, Hamme, Huldenberg, Longueville, Mille,
Néthen, Nodebais, Ottembourg, Piétrebais, Rhode-Sainte-
Agathe, Tourinnes, Weert-Saint-Georges.
Sa population était de 7.800 âmes. Il avait trente
brasseries et quelques genièvreries.
Nous avons laissé le domaine de Sart aux mains des
Romerswael. Nous savons que Laurensart et Bonlez se
confondaient sous la tutelle des dits seigneurs. Sous la
domination française, la seigneurie fut morcelée. Nous
retrouverons bientôt le château occupé par le Comte de
Baillet.
Après une histoire si captivante et si fournie, le domaine
de la Motte devait, en 1799, être cédé en location à un
fermier de l’endroit. Les vieux souvenirs que les tours
abritaient encore, allaient s’effeuiller lentement, pour ne
laisser à nos générations que les pauvres ruines que chacun
de nous a connues et interrogées.
Les maires du canton de Grez se réunissaient chaque
année au chef-lieu. Cette réunion était qualifiée du titre
pompeux «d’assemblée primaire du salut public.» Elle fut
convoquée pour la première fois en l’an V. Les magistrats
se réunissaient dans l’église de Grez.
Comme chef-lieu de canton, notre village abritait le
Tribunal de simple police ou de Justice de Paix, créé l’an X
de la république.
Nous avons relevé les noms de nos principaux juges.
Citons, Jean-Albert Roberti, Constant-Joseph Debeaufay,
Jean-Baptiste Godfroid, premier suppléant et Pierre Hugo,
2
e
suppléant.
Le greffier du dit tribunal était Thiry.
La gendarmerie du canton occupa tout d’abord une
partie de l’abbaye de Valduc à Hamme-Mille. Comme
cette résidence tombait en ruine, en l’an VIII, ce corps
abandonna la dite abbaye pour la cure de Grez.
Nous nous sommes laissé dire que le curé de l’époque,
Jean-François De Ridder n’avait pas quitté le territoire
de la commune pendant les persécutions religieuses qui
sévirent à cette époque. Il fut caché et nourri par les
habitants du village.
En 1783, nous avons laissé à la tête de la chef-Mairie de
Grez, Jean Jacqumot. La même année, nous trouvons Du
Houx Nicolas, comme premier magistrat de la commune.
Il exerça son mandat jusqu’en 1794, époque à laquelle lui
succéda Heurion Jean-Baptiste, successivement maire de
1794 à 1799 et de 1803 à 1806. De 1799 à 1803 Thumas
Lambert assuma la lourde responsabilité du pouvoir. Enfin
la période française de notre histoire nous donna comme
mayeur, Lecapitaine Henri.
De son mariage avec François-Joseph, Comte Vanden
Berghe de Limminghe, Eléonore O’Brien Dolonergain
eut une fille, Philippe-Caroline, Comtesse Vanden Berghe
de Limminghe. Comme Eléonore n’eut pas d’enfants de
son second lit, la seigneurie de Grez échut tout entière à
Philippe-Caroline. Cette dame de Grez épousa Charles-

— 156 — — 157 —
Antoine, Comte d’Arberg de Valengin, veuf de la Comtesse
de Dion-le-Mont.
Philippe-Caroline, Comtesse d’Arberg de Valengin
perdit prématurément son mari. Cette dame appauvrie
par la Révolution, dut vendre ses biens qui furent acquis
par Charles-Louis-Auguste-Ferdinand-Emmanuel de
Looz Corswarem, ancien possesseur de la principauté de
Rheina-Wolbeck.
La puissance des Vanden Berghe de Limminghe
s’éteignait.
Après plus de cent cinquante années d’histoire, ces
dames et ces seigneurs ne laissaient à nos yeux éblouis,
que des images fugitives, que des formes fanées. C’est déjà
beau ! Que resterait-il vraiment du passé, si nous n’avions
nos seigneurs et nos princes ?
Nous avons entretenu nos lecteurs de ce qu’on appelait
à l’époque, l’Ermitage Saint-Pierre.
A la mort de l’ermite, les murs de l’asile abritèrent tout
un temps les pèlerins qui se rendaient à Grez, à l’autel
de Saint-Marcoul. Les voyageurs exténués trouvaient
également asile dans cette demeure hospitalière. De là,
probablement, le nom de Gasthuys, donné au hameau qui
avoisinait cet hospice ou hôpital. Vers 1800, les murs de
l’Ermitage menaçaient ruine, ils s’effritèrent et le temps fit
son œuvre.
De nos jours, il n’en reste que l’emplacement et un vague
souvenir. Sous les ruines on découvrit une source
1
et il
1. Cette source a alimenté tout un temps les Papeteries de Gas-
paraît qu’une des caves existe encore, mais que la voûte en
est recouverte de terre.
Mais voici le Concordat.
Nous assistons au rétablissement du culte catholique
en France et dans nos provinces. L’église de Grez
devient succursale de la cure de Beauvechain, dont la
circonscription avait la même étendue que notre justice
de paix.
Citons encore ce fait capital. En 1811, par un décret
impérial, du 15 août, les territoires de Doiceau et de Grez
se trouvent réunis. Grez et Doiceau eurent des procès-
verbaux séparés pour la délimitation de leur territoire.
Celui de Doiceau fut dressé le 22 germinal, an XII.
Celui de Grez, le 16 Vendémiaire an XIV.
Cette délimitation des deux territoires amena maintes
réclamations, surtout de la part des habitants de la
commune de Biez.
Le préfet de la Dyle avisé du conflit, arrêta ce qui suit :
Le préfet de la Dyle, vu son arrêté du 14 frimaire an
XIV, portant que la ligne de démarcation entre Biez et
Grez reste fixée telle qu’elle est établie au procès-verbal
délimitatif du 16 vendémiaire an XIV - la décision de
l’Empereur du 10 mars 1806 portant que S. M. se réserve
de statuer sur les changements des limites - sur l’avis des
conseils municipaux, du sous-préfet et du préfet; - la
tuche.

— 158 — — 159 —
lettre du directeur des contributions du 15 mai 1807 par
laquelle il provoque son avis - les délibérations des conseils
municipaux de Biez et de Grez du 5 juin dernier par
lesquelles ils proposent des modifications de l’arrêté du 14
frimaire an XIV; que chacun d’eux ayant cru nécessaire de
proposer de reprendre les anciennes limites, qui en faisant
cesser les prétentions de chaque commune, les rétabliront
dans leurs droits.
Modifiant son arrêté du 14 frimaire an XIV : Arrête
que la limite entre Biez et Grez sera... en tant qu’elle soit
l’ancienne limite qui devra être suivie dans tous les points
où il sera possible de la reconnaître.
De nouveau procès-verbaux furent dressés pour Grez,
le 14 juin 1810; pour Doiceau le 22 juin 1810.
Enfin, un décret impérial du 5 avril 1811, fixa la limite
entre Grez et Biez.
Un fait important à relater est la création, par arrêté du
25 mars 1814, de la milice bourgeoise qu’on appellera par
la suite, la garde-civique.
On embrigadait à cet effet, les hommes les plus vigoureux,
les plus actifs, domiciliés, ou exerçant une profession dans
la commune. Les limites d’âge étaient de 22 à 52 ans.
Étaient exemptés :
Les propriétaires fonciers ayant des terres dont le
produit net dépassait la somme de 2.000 francs par an.
Le clergé, les médecins et chirurgiens, les fonctionnaires
publics, ayant un traitement de plus de cinq francs; les
marchands en gros, les propriétaires de fabriques ou
de manufactures, les infirmes, impotents, invalides ou
valétudinaires, les journaliers ou manœuvriez (sic).
Dépeignons par un langage du temps, l’accoutrement
de nos valeureux gardes-civiques. La couleur locale prête
mieux aux formes leurs contours.
Le paragraphe 63 du règlement du 6 avril 1814 prescrivait
à ce propos :
Comme l’on ne peut gêner les citoyens en leur prescrivant
un uniforme coûteux, il sera permis à chaque milicien
de faire le service dans ses vêtements ordinaires, pourvu
qu’ils ne soient pas malpropres et déguenillés.
Celui qui a un habit bleu le mettre lorsqu’il sera de
service tout comme il est prescrit d’avoir pendant le service
un chapeau à trois cornes avec une cocarde à trois couleurs
: jaune, noire et blanche. Il est permis aux miliciens de
campagne de faire le service en chapeau rond et en sarraux
bleus, tels que les habitants des campagnes le portent
généralement dans nos contrées; mais ils ne sauraient se
dispenser du port de la cocarde; et les officiers doivent être
uniformisés selon ce qui est stipulé aux articles 65 et 66.
Disons d’ailleurs un mot de nos gradés.
Comme il est séant et avantageux même pour le
service que les officiers, sergents-majors et sous-officiers,
durant l’exercice de leurs fonctions, se distinguent par
un uniforme, chacun d’eux portera l’habit bleu à collet
rouge, droit et serré d’une agrafe et parements en forme
de botte, de la même couleur. L’habit sera garni de huit
boutons plats, jaune de métal, en une rangée; ils auront

— 160 — — 161 —
les pans doublés de blanc, à retroussis de la même couleur
et à passe-poil rouge; la culotte bleue ou verte, des bottes,
un chapeau à trois cornes à panache noir avec la cocarde
décrite à l’article 53. Les gardes des officiers sont marqués
par les épaulettes.
Un colonel et chef de bataillon a deux épaulettes à
chenilles, le capitaine deux épaulettes à franches, le
lieutenant deux épaulettes sans franche (sic).
Outre cela, les colonels ont, au lieu d’un panache noir,
un panache blanc (Art. 66).
Mais l’ombre de 1814 s’étendait...
A la suite de la tragique retraite de Russie, l’Empire
s’effondra. C’est dans nos plaines, témoins de tant de
tueries historiques que se jouèrent nos destinées.
La Hollande devait désormais guider nos élans, mais
aussi le ferment de révolte qui imprégnait déjà nos âmes,
amoureuses de liberté.
1815 avait sonné.
XV. GREZ-DOICEAU SOUS LA RÉGIME
HOLLANDAIS
Avant d’ouvrir l’ère de nos libertés, attardons-nous
quelque peu aux faits qui ont marqué la période hollandaise
de notre histoire.
Bien que peu nombreux, ils méritent cependant de
retenir tout notre attention.
Au lendemain de la constitution du royaume des Pays-
Bas, l’Administration communale de Grez-Doiceau envoya
à Guillaume d’Orange, notre souverain, la lettre suivante :
HOMMAGE AU SOUVERAIN
à son avènement au
ROYAUME DE BELGIQUE
Les fonctionnaires publics de l’arrondissement de la

— 162 — — 163 —
justice de Paix de Grez au Département de la Dyle.
A Sa Majesté le Roy de la Belgique,
Sir,
C’est au milieu de nos champs fertiles et tout le long
de nos collines verdoyantes que se fait entendre l’écho
ministériel d’une voie magnanime, repérant sans cesse le
nom de Guillaume-le-Bon.
Il nous annonce les hautes destinées de la Belgique,
érigée en Royaume sous l’Égide du meilleur des Princes.
Le Prince de Nassau-Orange descendant d’une famille
illustre, dont la Belgique s’enorgueillit d’avoir été le berceau.
Il apporte la joie dans les cœurs des habitants de vingt-
deux communes, composant l’arrondissement de justice
de Paix de Grez, au département de la Dyle.
Ce peuple agricole remplissant par ses travaux le trésor
de l’État est aussi fier de sa valeur qu’il est humble et
soumis. Animé des sentiments de rivalité il ne se sent pas
moins que les citadins son droit à la gratitude éclatante
des hautes puissances alliées, encore occupées à achever
l’important ouvrage de l’équilibre de l’Europe.
Ce titre aussi éminemment acquis de la part des Belges
qu’il est augustement sanctionné au Congrès de Vienne
n’est plus un problème.
La Belgique est proclamée Royaume et Bruxelles dite la
Noble, en est la capitale.
Le Bon Roy qui vient la gouverner honorera les Belges
autant qu’il est honoré lui-même. Entouré des grands
personnages pris dans la nation, en père tendre, juste et
éclairé, rien ne lui échappera de ce qui peut contribuer
au parfait bonheur de peuple bon, sage et vertueux.
Fortement persuadé de sa fidélité et de son attachement à
la pure et sainte morale de la Religion, il en sera le garant
et puissant soutien.
Marchant sur les traces des grands princes qui l’ont
gouverné, il dirigera sa gloire vers l’immortalité et le buron
de l’Histoire en sera informé.
Dans cette concurrence, le parfait bonheur des Belges et
la gloire de leur auguste chef n’est plus à chercher.
Puisse Votre Majesté accueillir les très humbles
hommages des sentiments inaltérables de respect et de
fidélité de la part des habitants de cette contrée de la
Belgique de la part des habitants de cette contrée de la
Belgique, par l’organe très honoré des fonctionnaires
publics soussignés auxquels les leurs sont naturellement et
bien étroitement liés.
Qu’elle daigne donc le pénétrer dans toute sa confiance
de l’assurance du plus profond respect et du dévouement

— 164 — — 165 —
le plus parfait de ses très humbles et ses plus fidèles sujets.
(Suivent les signatures).
Grez comptait à cette époque, 1027 habitants, Hèze, 252.
Jean-Baptiste Jacqmot ayant succédé à Henri
Lecapitaine, comme bourgmestre, présidait aux destinées
de la commune.
Jean-Joseph Nihoul était le Pasteur des âmes.
Nous avons abandonné le château de Piétrebais en Grez
à Charles-Louis-Auguste Ferdinand Emmanuel, duc de
Looz-Corswarem.
Par un diplôme du roi de Hollande, Guillaume I
er
, daté
du 16 décembre 1816, le châtelain de Grez fut créé duc
1
.
Six ans après, il mourut laissant le domaine seigneurial
à sa veuve, Marie-Caroline Denu, âgée de 38 ans.
De ce mariage sont nés de nombreux enfants.
Le Duc Charles-François-Guillaume de Bonlez.
Le Prince Auguste-François-Charles.
Le Comte Edmond-Prosper.
Le Comte Guillaume Désiré.
Les filles s’allièrent à des personnages qui jouèrent pour
la plupart des rôles historiques.
La Comtesse Caroline-Arnoldine épousa, en 1826,
don José, Mariano de la Riva Agnero, dit marquis Alegre
1. Depuis mai 1932, et après un procès qui dura 27 ans, le descen-
dant de cette famille est rentré en possession de la principauté de
Rheina-Wolbeck en Wesphalie.
d’Aulestia, président de la république du Pérou et maréchal
de ses armées
1
.
La Comtesse Octavie-Victoire s’allia, en 1839 à Thierri,
baron de Lockhorst.
La Comtesse Stéphanie-Adolphine Emmanuelle Amour,
s’unit en 1836 à Léo-Louis-Aimé-Elie, baron Picot de la
Peyrouse.
Cette dernière mourut à l’âge de 33 ans et fut enterrée
dans l’ancien cimetière de Grez.
La Comtesse Zéphirine qui contracta alliance en 1836
avec Louis-François du Monceau, fils de Jean-Baptiste
du Monceau de Bergendal, maréchal du Royaume de
Hollande.
Cette branche donna naissance aux Comtes du Monceau,
personnages dont le nom est depuis un siècle, intimement
lié à nos annales communales.
Mais quittons la seigneurie de Grez pour revenir au
centre du village.
En 1817, Grez fut érigé en chef-lieu de canton de Milice.
Notre village était à cette époque à l’apogée de son
épanouissement. Il ne lui suffisait pas d’abriter la justice
de Paix, il devait briller sous d’autres faces.
La gloire ne fut jamais si éphémère.
L’hospice du Péry était administré par trois proviseurs,
les curés d’Archennes, de Grez, et de Biez. Ses biens étaient
confiés à un receveur nommé par le seigneur de Grez, à
1. Cette dame habita la demeure actuelle de M. Ernest Dubois,
bourgmestre d’aujourd’hui.

— 166 — — 167 —
qui il devait rendre compte.
En 1818, cet état de chose fut modifié. Il fut établi une
commission administrative, présidée par le bourgmestre
de Grez.
La population du dit Hospice était alors de 22 béguines.
Fait curieux, la messe n’y était plus célébrée. Plus tard, vers
1850, l’ancienne coutume d’y chanter une messe à la fête
de Saint-Michel fut rétablie. Il n’y a pas longtemps, l’office
y était encore célébré le vendredi de chaque semaine.
L’année 1822, loin de nous apporter la splendeur, nous
amenait la ruine de ce qui avait fait et fera note juste
orgueil.
Quand on n’est plus, la plus grande consolation est
d’avoir été. Le canton de milice qui avait Grez pour chef-
lieu, fut supprimé par arrêté du 30 décembre 1822. La
même année, la justice de Paix subit un sort semblable.
Les communes d’Archennes, Biez, Bonlez, Bossut,
Dion-le-Mont, Dion-le-Val, Grez-Doiceau et Néthen,
furent réunies au canton de Wavre. Beauvechain,
Tourinnes, Nodebais, Hamme-Mille, Piétrebais, Chapelle-
Saint-Laurent et Longueville, au canton de Jodoigne, et
Huldenberg, Ottembourg, Rhode-Sainte-Agathe et Weert-
Saint-Georges, au canton de Louvain N° 2.
Un second arrêté du même jour fit entrer Grez, Bossut
et les communes réunies au canton de Jodoigne dans celui
de Tirlemont N° 1.
Enfin, par un arrêté du 13 avril 1823, Grez-Doiceau et
Bossut-Gottechain, furent réunis à nouveau au canton de
Wavre.
La presque totalité de l’ancienne justice de Paix de Grez,
passait de l’arrondissement de Louvain à celui de Nivelles.
Le Comte de Baillet, seigneur de Laurensart qui avait
succédé comme bourgmestre à Lecapicaine Henri, céda
ses charges à Baugniet Maximilien, docteur en médecine.
C’est sur proposition de ce dernier qu’en 1825, le
conseil communal fit édifier une école pour garçons.
Cet établissement se trouvait à l’emplacement actuel
du monument élevé à la mémoire des combattants de
1830. L’école occupait le rez-de-chaussée, les bureaux et
dépendances communales étaient situés à l’étage.
L’instituteur jouissait d’un traitement annuel de 125
florins 34 sous. Deux instituteurs furent nommés, l’un à
Doiceau, l’autre à Hèze. Le bureau de bienfaisance leur
octroyait à chacun une prime d’encouragement s’élevant à
76 florins l’an.
En 1825, par arrêté royal du 4 novembre, la chapelle de
Doiceau fut reconnue annexe de l’église de Dion-le-Val.
La population du hameau ressortissait donc de l’autorité
spirituelle du curé de cette commune.
L’histoire nous apprend que l’hiver de l’an 1826 fut
particulièrement rigoureux dans nos contrées. Le bureau
de bienfaisance, établie à Grez, dut spécialement se
prodiguer en aumônes et en encouragements.
Le nombre de familles indigentes secourues fut de 256,

— 168 — — 169 —
formant un total extraordinaire de 1408 nécessiteux.
Avant de voir disparaître notre vieille Société Saint
Georges, convions nos lecteurs à une des fêtes que cette
ancienne corporation avait le cachet d’organiser.
La perche, surmontée de son perroquet, domine la
Grand’Place. Une foule joyeuse entoure quelques tireurs
armés de l’arbalète. Le village entier suit des yeux la flèche
qu’une main experte a lancée et que nargue le perroquet
écarlate, fièrement stable. Un trait a touché l’impertinent.
Les bravos éclatent. Fausse alerte. Et les cris et les rires
d’égrener leur claires sonorités. Un roulement de tambour.
L’oiseau est décroché, et l’adroit tireur est déclaré le roi du
Serment.
Un plantureux bourgeois s’avance, un plat d’étain à la
main; c’est le vainqueur de l’année précédente. Il a charge
d’octroyer à son successeur le titre qu’il détient. La royauté
n’est pas héréditaire à Grez.
Quelques-uns de ces plats d’étain étaient encore visible,
il y a quelques années, chez Caroline Rigaux, qui les
détenait de son aïeul Guillaume-Joseph Thibou.
Monsieur Charles Le Lorrain, le dévoué secrétaire actuel
de la Société Saint-Georges de qui nous tenons d’ailleurs
certains de ces détails, nous a assuré que ces reliques d’un
cher passé étaient la possession d’un Liégeois.
Des démarches pour les recouvrer n’ont pas abouti.
Voici un fac-similé des inscriptions qu’on pouvait lire
sur chacun des ces plateaux :
Prix du Roi de
l’an MDCCCVI
Donné par
M. Pierre Hugo.
Prix donné par
J.-B. Maricq
roi de l’an 1807
à Guillaume Thibou
Plat donné par
J.-B. Maricq
roi du serment
de Grez 1810
La perche cambrée sur notre Grand’Place fut enlevée en
1826, à la suite des faits que nous allons relater.
Le 24 août 1826, l’Administration communale de Grez
recevait la lettre suivante :
Le soussigné, Jean-François Thibou, charron sur la
place de Grez, prie Monsieur le Bourgmestre du dit lieu, de
vouloir empêcher que la perche du Serment de St-Georges
qui existe sur la place du dit lieu, démontée en ce moment,
ne soit plus rétablie pour en faire usage sur la place, à
cause du grand dommage que les flèches, tombant sur la
toiture de son bâtiment, causent à ses pannes.
Grez, le 23 août 1823. (s) Jean-François
Thibou.
Après avoir tenu la cause en délibéré, le Conseil

— 170 — — 171 —
communal arrêta ce qui suit :
L’administration communale de Grez
VU la plainte faite par le Sieur Jean-François Thibou,
charron sur la place de Grez, du 23 courant afin d’empêcher
que la perche de la confrérie de St-Georges existante sur
la place de Grez, démontée en ce moment, ne soit plus
rétablie à cause du dommage qu’on cause lors des tirages
par la chute des flèches à la toiture de ses habitants.
VU la demande faite à l’Administration communale
du dit lieu le 24 du dit mois d’aoüt par les chefs de cette
confrérie, tendant à obtenir d’elle l’autorisation de pouvoir
replacer la dite perche, sous la condition de payer les
dommages et intérêts à occasionner lors des tirages par la
chute des flèches sur la toiture des bâtiments et ailleurs.
CONSIDÉRANT que la connaissance de l’administration
il est causé à chaque tirage, aux propriétaires voisin de la
perche, plus ou moins de dommage à la toiture de leurs
bâtiments.
CONSIDÉRANT que le dit J.-B. Thibou a prié
l’Administration de faire droit à sa plainte et qu’il a été
reconnu par la confrérie que celle-ci occasionnait à chaque
tirage du dommage aux propriétaires puisqu’elle consent
de payer les dommages et intérêts.
ATTENDU que l’administration est chargée de veiller
aux intérêts de ses administrés.
En conséquence, il a été résolu que la dite perche ne
pourra plus être rétablie sur la place de Grez où elle était
autrefois, prie le Bourgmestre de vouloir informer les chefs
de la dite confrérie de la présente disposition.
Fait à Grez, le 29 août 1826.
(s) J.-J. Baugniet
Thumas F. Hugo
Lamarre P. C. Noël
1
.
Le 29 août, l’Administration communale faisait parvenir
au comité de la Société Saint-Georges la lettre que voici.
Grez-Doiceau, le 29 août 1826.
A messieurs les chefs de la Confrérie de Saint-Georges
à Grez.
Messieurs,
Ayant communiqué au Conseil communal du lieu la
demande que vous avez adressée en date du 24 courant,
tendant à être autorisé de pouvoir établir sur la place de
Grez, la perche de la confrérie St-Georges, démontée en ce
moment, j’ai l’honneur de vous informer que le dit Conseil
à résolu que la dite perche ne pourrait plus être rétablie
sur la place de Grez à cause des dommages que l’on fait
lors des tirages aux toitures des propriétés voisines.
En conséquence, je vous prie, Messieurs, de vouloir
1. Ces documents sont extraits des registres aux délibérations
communales de la dite année aux n
os
56-57.

— 172 — — 173 —
transporter de cet endroit, dans un court délai, les bois y
déposés provenant de cette perche.
(s) J.-J. Baugniet.
Suite à cette délibération, la perche fut «stempée» au
lieu dit Le Stampia.
D’après certains échos, elle aurait encore été dressée au
Centri, en face de la maison occupée par Louis-Joseph
Schepers, dénommé Moucron.
Mais abandonnons cette vieille société pour revenir à la
population de Grez de 1828.
Elle est heureuse et désinvolte et vogue à ses occupations
journalières. On est content, car la récolte s’annonce riche
et le pain peu coûteux. Voici d’ailleurs à titre d’information,
quel était le prix du pain, fixé mensuellement par arrêté
communal.
Maricq Jean-François, notre premier boulanger, devait
fournir le pain de froment bluté, au prix de 19 centimes
½ la livre.
Jacqmot Charles-Melchior, notre second boulanger,
vendait le pain mêlé, moitié froment, moitié seigle, au prix
de 13 centimes la livre.
Tollet Pierre-Joseph, notre troisième boulanger, offrait
au public sa marchandise de seigle au prix de 9 centimes
la livre.
Ces prix étaient affichés aux endroits les plus apparents
de la commune et proclamés au son de la cloche, usage qui
fut repris, si on s’en souvient, lors de la guerre de 1914.
Le 26 février 1828, une séance communale attira
particulièrement l’attention des habitants de la commune.
Étaient réunis, le Conseil communal de Grez, celui de
Biez et les principaux notables de Doiceau.
Voici d’ailleurs quel était l’objet de semblable affluence.
Simplement la proposition de la réunion administrative
des communes de Biez à Grez et de Doiceau à Dion-le-Val.
Le projet fut rejeté à une forte majorité des voix.
La même année, l’antique guilde Saint Georges fut
dissoute par arrêté de Guillaume Ier, notre souverain. Cette
éclipse, car ce n’en fut qu’une, ne devait que lui rendre plus
de vitalité lors de son prochain réveil.
Et nous arrivons insensiblement vers la liberté, celle
que nos pères n’avaient pas connue, mais qu’ils avaient
préparée à leurs enfants.
A cette époque, le droit de péage était encore perçu
sur les deux points, situés au centre du village. Ce droit
était affermé pour la somme de 16 florins à un habitant
du bourg qui prélevait un liard au passage de tout cheval
attelé.
La même année, nous retrouvons la carrière à grès située
au Franc Moulin, en pleine exploitation. Cette carrière était
abandonnée depuis des siècles. Le notaire Lamarre conçut
le projet de ranimer cette industrie. On y tailla les pavés
qui servirent à construire un tronçon de la grand’route de
Wavre à Hannut.
L’exploitation fut à nouveau interrompue et reprise par

— 174 — — 175 —
Devroide. Le travail était rendu pénible par le manque
de modernisme des procédés d’extraction. Il fallut
établir un manège pour la montée des pierres et il devint
bientôt impossible d’épuiser à bras d’homme, les eaux qui
s’accumulaient dans le fond de la carrière.
L’année 1830 allait bientôt graver ses quatre chiffres sur
nos granits et en nos mémoires.
Voici d’ailleurs comment Monsieur Maricq, notre ancien
secrétaire communal, relate, dans un délicieux livret, la
part active que prirent nos Gréziens dans les journée de
septembre.
Puissent les paroles qu’il va prononcer par delà la tombe,
raviver en chacun de nous, les sentiments d’estime et de
vénération que ce grand patriote, qui fut une des plus belle
célébrités communales, nous avait laissés lors de sa mort
trop prématurée.
Dans les communes, dit-il, le mécontentement était
général, surtout depuis l’établissement des taxes sur
la mouture et sur l’abattage comme dans tout le pays,
l’effervescence était grande.
Nous lisons dans le magnifique ouvrage de M. Van Neck
«1830 Illustré» le récit suivant.
En route, Charles Rogier, faillit être tué. A la tête d’une
troupe de combattants liégeois, il passait près du château
de Grez, occupé par le Prince de Looz-Corswarem qui
professait des idées orangistes très avancées.
Le fils du Prince, le jeune Guillaume de Looz chassait
dans les prés voisins, quand il aperçut la petite troupe
qui suivait le chemin conduisant vers Grez. Il mit en joue
Charles Rogier qui était à cheval et voulut tirer.
Son garde, Toussaint Maricq, abattit l’arme. Quand le
groupe fut à une certaine distance, le garde alla déposer sa
casquette sur un buisson près de l’endroit où Rogier avait
passé et invita le Prince à tirer.
La casquette fut criblée.
Le vendredi 24 septembre 1830, dans la matinée, Pierre
Bonjean, messager du canton de Wavre, apporta à Grez,
la nouvelle que la révolution venait d’éclater à Bruxelles
et que les Wavriens étaient partis pour prendre part au
mouvement.
MM. Théophile Colette, Alexandre Thiry et Antoine
Latour, enfoncèrent la porte de la Maison communale et
arborèrent à une fenêtre de l’étage un drapeau aux couleurs
brabançonnes. Ils firent battre le tambour par Pierre
Dumont et appelèrent aux armes les habitants.
Un grand nombre de jeunes gens répondirent à l’appel
et formèrent une compagnie, pour se porter au secours de
Bruxelles.
Une collecte fut faite dans la commune et produisit en
quelques heures 182 florins 53 sous.
Le lendemain 25, les volontaires se réunirent chez
Jérôme Lecapitaine, firent confectionner un drapeau et des
cocardes chez Vitou et prirent leurs dernières dispositions
pour le départ.
Le dimanche 26, à 6 heures du matin, nos compatriotes

— 176 — — 177 —
assistèrent à la messe basse et se mirent en route pour
Bruxelles.
Ils s’arrêtèrent successivement à Gastuche chez Loicq,
où les sieurs Hottat J.-B. et F. Desonne se joignirent à eux; à
Wavre, chez Corvilain; à Isque, à l’auberge de Saint-Martin
chez Rigaux; à Notre-Dame-au-bois ; à Auderghem, et
arrivèrent à la porte de Namur, gardée par les Hollandais,
qui les empêchèrent de pénétrer dans Bruxelles.
Un guide conduisit la petite troupe à la porte de
Hal, par où nos volontaires pénétrèrent en ville; ils se
rendirent à l’Hôtel de ville où ils se firent inscrire et prirent
immédiatement part à l’attaque du Parc.
Ils furent hébergés en partie au cabaret «A la Main
bleue» et l’autre partie «Au Chien d’or». Ils montèrent la
garde dans différents endroits de la ville, les 27, 28, 29 et
30 septembre.
Ils quittèrent Bruxelles dans la nuit du 30 septembre et
rentrèrent à Grez le vendredi 1
er
octobre dans la matinée.
Voici la liste des volontaires composant la compagnie
de Grez.
Thiry Philippe, officierVandries Jean-François.
Colette Théophile, idemVandries Jean.
Thiry Alexandre. Bonjean Boniface.
Colette Constantin Hanquet Ghislain
Latour Antoine. Hanset Pierre.
Hanquet Charles Rolin Jean-François.
Lecapitaine Pierre-Antoine.Boremans Charles.
Deridder Isidore. Boulanger Jean-Baptiste.
Derrider Jean-JosephHottat Constant
Lacourt Jean-Joseph Desonne Joseph
Lacourt Alexandre Librekx Jean-Joseph
Thumas Désiré s’était joint aux patriotes de la ville de
Louvain où il étudiait en ce moment. Roels François et
Remy François avaient suivi Rogier lors de son passage
à Grez dans les premiers jours de septembre et s’étaient
engagés dans le régiment des Chasteleers
1
.
L’année 1831 devait nous amener une nouvelle invasion
des armées hollandaises. Nul n’ignore que pour faire face à
cette brusque agression, la Belgique eut recours à la France.
Voici d’ailleurs comment Arthur Maricq retrace le rôle
joué par nos concitoyens dans cette nouvelle campagne.
«En apprenant l’envahissement du pays par les
Hollandais, l’Administration communale de Grez-
Doiceau, n’hésita pas à prendre les mesures nécessaires
pour coopérer à la défense de la Patrie menacée. Elle fit
afficher la proclamation suivante :
ORDRE
est donné aux officiers et sous-officiers de la 2è compagnie
(2e et 3e bans) de la garde-civique de Grez-Doiceau, dont
les noms suivent, de se rendre sur-le-champ, à la Maison
communale à l’effet de se concerter avec l’Administration
communale, sur les mesures de sûreté à prendre dans les
1. Arthur Maricq , Grez 1830. - Bruxelles, Th . Dewarichet,
1905.

— 178 — — 179 —
circonstances actuelles.
A 2 heures
après midi.
MESSIEURS
Lamarre Barthélémy, lieutenant.
Taymans Josse, sous-lieutenant.
Noël Gonzague, sous-lieutenant.
Latour André-Joseph, fourrier.
Hottat Jean-Baptiste, sergent.
Pierson Toussaint, caporal
Godefrod Richard Lacourt Etienne.
Coppe Jean-François. Pierson Louis,
Devos Jean-Baptiste sous-lieutenant 1
re
C
ie
.
Bouvy Nicolas. Rigaux Jean-Baptiste.
Lecapitaine Jean. Bidoul Antoine.
Bedschie Jean-Baptiste. Lacourt Jean.
Van Inthout Henri. Hottat Brice.
Robert Alexandre. Deridder Isidore.
Les manquants à cet appel sont passibles d’une amende
de 7 florins conformément à la loi.
Grez-doiceau, le 7 août 1831.
Le Président du conseil de discipline Le Bourgmestre,
J. J. Loicq. Rayée.
Par ordonnance : Le secrétaire,
Maricq.
Le même jour, le Bourgmestre reçoit de M. de Coppin,
gouverneur du Brabant, l’ordre de faire conduire à
Bruxelles, à la caserne des Annonciades, rue Notre-Dame-
aux-Neiges, deux chariots à deux chevaux.
Le lendemain, 50 hommes armés, sous les ordres de
Louis Pierson, montent la garde, et font des patrouilles.
Le 10 août, la rumeur publique fait connaître que les
Hollandais se dirigent sur Grez. En effet, un corps de
l’armée du Prince d’Orange, la division du général Duc
de Saxe-Weimar, se porta dans l’après-midi du 10 août,
de Tirlemont à Bossut et coupa les communications de
Louvain vers Namur et Wavre. Le duc traversa la Dyle à
Weert-St-Georges, et prit à revers la position des troupes
belges à Louvain.
Le Bourgmestre de Grez reçoit le billet suivant :
Monsieur le Bourgmestre de Grez est prié de vouloir
réunir l’état-Major du bataillon à l’Hôtel de Ville de Grez,
aujourd’hui à 4 heures du soir, pour former un plan
général de poste pour notre bataillon.
Bossut, 10 août 1831. Le Major,
Duc de LOOZ.
Le même jour, 50 hommes armés, des hameaux de
Doiceau et Gastuche, sous les ordres de Noël Gonzague,
font le service des patrouilles depuis midi jusqu’au
lendemain à la même heure.
Le 11 août, dans la matinée, Grez est envahi et pillé par
l’ennemi qui se fait délivrer de force onze tonneaux de bière

— 180 — — 181 —
par le brasseur Maricq et un bœuf par Charles Hanquet.
Pendant la nuit un exprès apporte l’ordre suivant :
Jodoigne, 11 août, 7 heures du soir.
Monsieur le Bourgmestre,
Un courrier extraordinaire venant du quartier général
de Liège se rendant à Louvain en toute hâte, au quartier
général de ce dernier lieu, va s’arrêter chez vous, pour avoir
deux autres chevaux de selle dont il fait la réquisition avec
un guide.
Veuillez les tenir prêts, la chose est pressante
Le Bourgmestre de Jodoigne,
BOUVIER
Le même jour, vers midi, venant de Bonlez, arrive
précédé d’un parlementaire portant un chapeau blanc, le
régiment des chasseurs de Chartres, qui se dirige sur Bossut
où les Hollandais sont campés. Le lendemain suivent le
premier régiment des cuirassiers et trois compagnies du
65
e
de ligne.
Les 11 et 12 août, les habitants montent la garde et font
des patrouilles sous les ordres de Josse Taymans et de B.
Lamarre.
Le 13 août, l’armée française est concentrée à Wavre; sur
sa réquisition, la commune livre 3450 pains de froment de
trois livres, 4 hectolitres 50 litres de froment, deux bœufs
vivants.
Le 14 août, un escadron du 4
e
régiment des cuirassiers
fait étape à Doiceau. Sur réquisition, la commune envoie,
à Wavre, 5 voitures à 4 colliers et 5 à deux.
Le 15 août, nouvelle réquisition de l’armée française,
12 charrettes à deux colliers quatre chevaux de trait sont
dirigés sur Louvain avec 7.590 kilos de froment.
La Belgique était enfin libre.
Le 26 juin 1831, le Traité des Dix-Huit articles proclamait
notre indépendance et notre perpétuelle neutralité.
Nous étions désormais maître de nos destinées.
Le règne de Léopold Premier allait éclore.
L’esprit de certains faits relatés dans cette première partie
a été inspiré par les auteurs Tarlier et Wauters. Op. cité.

— 182 — — 183 —
DEUXIÈME PARTIE

— 184 — — 185 —
Nous nous permettons d’interrompre notre exposé à l’effet
de donner à nos lecteurs quelques-uns des motifs qui nous ont
poussé à varier le mode de développement de notre sujet.
Alors même que nous avions adopté l’ordre chronologique
dans les faites, nous nous proposons, au moment où nous
entrons dans une période plus ou moins connue de notre
histoire, d’avoir recours à l’ordre purement idéologique qui
nous semble plus susceptible d’apporter aux choses la clarté
désirable.
Pourquoi l’avoir employé si tard, diront certains ?
Pour les raisons que voici.
L’histoire antique de notre village, ignorée de la plupart,
nécessitait un mode d’exposition à la fois intuitif et coordonné.
Telle seigneurie, prise à part, séparée du cadre de son époque
devenait une sorte d’abstraction, d’autant que nos seigneurs
avaient des accointances, soit entre eux, soit avec leurs vassaux,
soit avec le même prince, soit avec l’identique abbaye.
Nous avons donc cru indispensable de laisser agir ces
fantômes ensemble, dans le même cadre, agités par les mêmes
conflits, séparés par les mêmes conflits, séparés par les mêmes
prétentions du pouvoir et livrés aux semblables tracasseries.
AVANT-PROPOS

— 186 — — 187 —
La couleur locale d’une époque est dans une description, ce
qu’est la coloration dans un paysage de tableau.
Ceux qui, toutefois, voudraient, après lecture, retracer la
physionomie d’une génération de seigneurs, ou l’évolution
d’une coutume, nous les renvoyons aux dernières pages de notre
ouvrage. Ils y trouveront, dans notre catalogue analytique,
dressé à leur intention, tous les éléments nécessaires à une
analyse spéciale.
Il nous reste désormais à affronter le siècle qui fut, sinon le
nôtre, du moins celui des nôtres.
I. SOUVENIRS DE 1830
Cent communes belges avaient coopéré à la libération
du territoire. Grez-Doiceau était parmi elles.
En souvenir de la valeureuse conduite de quelques-uns
de ses habitants, par arrêté royal du 13 septembre 1932,
notre village se vit octroyer un drapeau d’honneur.
Le conseil communal réuni en la circonstance, élut
une députation chargée de recevoir des mains de Léopold
Premier, le glorieux emblème.
La délégation était composée comme suit :
A. Rayée, bourgmestre.
Collette Théophile, commandant des volontaires de
1830 et lieutenant dans l’armée de réserve.
Collette Constantin, volontaire de 1830 et médecin de
bataillon, au 1
er
régiment d’infanterie de ligne.
Thiry Alexandre, volontaire de 1830 et capitaine de la
garde civique.
Roels François, volontaire de 1830 et chasseur de

— 188 — — 189 —
Chastelller.
La délégation se rendit à Bruxelles, le jeudi 27 septembre
où elle reçut des mains du Roi, le drapeau qu’elle devait
garder si jalousement pendant tant d’années.
Le lendemain, vendredi 28 septembre, la population
du village fit une réception magnifique à ses cinq
représentants. Une cavalcade et des festivités de toutes
sortes durent organisée à leur intention.
Deux jours après, l’arrêté communal suivant était
promulgué.
Voulant perpétuer le souvenir d’une journée qui sera
toujours chère aux habitant de cette commune,
ARRÊTE,
Une fête communale aura lieu à perpétuité à Grez-
Doiceau, le 27 septembre de chaque année, jour où la
dite commune, par l’intermédiaire de ses députés, a reçu
des mains de S. M. le Roi Léopold Premier, le drapeau
d’honneur qui lui était destiné au nom du peuple belge.
Grez-Doiceau, le 30 septembre 1832
Par ordonnance :
Le Secrétaire communal, Le Bourgmestre,
(s) Maricq. (s) Rayée.
L’année suivante, la population tout entière célébra avec
éclat, le premier anniversaire de la remise du drapeau à ses
combattants.
Voici le programme communal de la fête du 27
septembre 1833.
Le 26 courant au soir, veille de la fête, le son des cloches
et le bruit de la mousqueterie annonceront aux habitants
le solennité du lendemain.
Le 27, à 9 heures du matin, un service funèbre sera
chanté dans l’église de Grez en mémoire des braves, morts
en combattant pour la liberté belge. Les volontaires de
1830 sont invités à y assister. A cet effet, ils se rendront à
huit heures et demie du matin, à la mairie, en uniforme,
pour faire partie du cortège établie comme suit :
La Société philharmonique de Grez est invitée à ouvrir
la marche. Après, suivront l’Administration communale et
les fonctionnaires publics. Ensuite, la députation de 1832
portant le drapeau, les volontaires fermant la marche.
Le cortège, ainsi formé, partira de la Maison communale
à 9 heures précises pour se rendre à l’Église où le drapeau
sera placé au lieu indiqué. Des places particulières seront
assignées aux membres du cortège qui, après le service,
retournera dans le même ordre à la mairie pour y déposer
le drapeau.
A une heure, un dîner aura lieu dans le local du
Waux-Hall. Les frais en seront couverts au moyen d’une
souscription volontaire et communale. Tous les habitants
seront admis à y prendre part en se conformant aux
dispositions qui seront prises à cet égard. Les volontaires
seuls qui n’en pourraient supporter les frais, obtiendront

— 190 — — 191 —
gratuitement une carte d’entrée.
A sept heures, un bal gratuit et public aura lieu au
Waux-Hall.
Tous autres bals sont autorisés dans la commune.
Le soir les habitants sont invités à illuminer la façade de
leur maison.
Les commissaires de la fête seront nommés par le
Conseil communal.
Les fêtes et dîners annuels se renouvelèrent jusqu’en
1848, époque à laquelle disparurent les principaux
organisateurs.
Pour commémorer dignement le cinquantenaire des
journées de septembre, la population de Grez, organisa
en 1880 de nombreuses festivités dont le programme fut
arrêté par le Comité formé par les personnalités que voici
: Arthur Dubois, Félix Hanset, Joseph Devroye, Gustave
Tollet, Félix Perin, Edmond Le Lorrain et Georges Maricq.
Afin de fournir un aperçu de ce qu’étaient nos
réjouissances d’antan, nous nous permettrons de donner
copie de l’affiche de circonstance.
COMMUNE DE GREZ-DOICEAU
50
e
Anniversaire de l’Indépendance Nationale
Le Conseil Communal
Voulant célébrer le 50e anniversaire de l’Indépendance
Nationale décide de donner les fêtes et réjouissances
suivantes :
Dimanche 29 août
A 8 heures du matin : Salve de 21 coups de canon.
A 10 heures : Réception solennelle.
A 2 heures : Réception des jeunesses étrangères.
A 3 heures : CONCERT MUSICAL.
sur la Grand’Place par les sociétés de Fanfares, de
Symphonie et l’Union chorale de Grez-Doiceau.
A 5 heures du soir : Dans populaires.
A 8 heures : Grand BAL, chez la Vve Th. Lacourt.
sur la Grand’Place p
Lundi 30 août.
A 9 heures du matin : Promenade musicale.
CONCOURS de pigeons Voyageurs, offert par
la Société colombophile «Le Train». (Le lâcher
aura lieu à Paris, à 6 heures du matin).
1
er
prix : 50 frs, 2
e
prix : 30 frs, 3
e
prix : 20 frs.
A 3 heures : Jeux populaires.
A 5 heures : Danses.
A 8 heures : BALS.
Jeudi 2 septembre.
CONCOURS DE JEU DE QUILLES
Chez Étienne Lacourt à Hèze ; Georges Thumas J.-B.
Hamart, J.-P. Hanquet à Grez.
1
er
prix : 15 frs, 2
e
prix : 10 frs, 3
e
prix : 5 frs.
A 3 heures : Mâts de Cocagne - Courses dans les sacs -

— 192 — — 193 —
Concours de grimaces.
A 8 heures : BALS.
Dimanche 5 septembre
Excursion des sociétés de Fanfares, de Symphonie et de
St-Georges au hameau de Hèze.
Dimanche 12 septembre
A 2 heures du soir : CARROUSEL gratuit et au trot.
offert par la Société St-Georges.
1
er
prix : une pendule, 2
e
prix : une montre en
argent, 3
e
prix : une pipe en écume.
A 9 heures du soir : GRANDE ILLUMINATION.
Dimanche 19 septembre
A 2 heures du soir : FESTIVAL
Le cortège se formera à l’avenue du château à 1
heure et demie.
A 6 heures du soir : ASCENSION D’UN BALLON.
A 8 heures : FEU D’ARTIFICE.
A 9 heures : BALS.
Arrêté en séance de la commission des fêtes, le 27 juillet
1880.
Le secrétaire, Le Président,
(s) MARICQ, G. (s) F. HANSET
Par Ordonnance : Le Bourgmestre,
(s) Maricq A. (s) Ed. BEAUTHIER.
La commune ne devait pas arrêter là sa reconnaissance
et son souvenir à l’adresse des braves disparus qui
avaient contribué, dans la mesure de leur pouvoir et des
circonstances, à la délivrance de notre cher Pays.
Le 3 mai 1905, dans une cérémonie aussi émouvante
que solennelle on posa la première pierre du monument
élevé à la mémoire des volontaires de 1830. Le 13 juillet
suivant, en présence du ministre Schollaert, la stèle était
inaugurée.
Un Comité exécutif avait apporté à cette élaboration et
son dévouement et ses peines; un comité d’honneur, son
appui pécuniaire.
Voici pour mémoire, la composition du premier.
A. Lacourt - A. Maricq - Ed. Beauthier - G. de Leemans
- Vicomte L. de Spoelberch - Lucien Lacourt - Ernest
Dubois - Victorien Lacourt - Ed. Le Lorrain - F. Linthout

— 194 — — 195 —
- A. Pourvoyeur - C. J. Schepers.
Voici, d’autre part, le comité d’honneur :
Le Comte de Mérode Westerloo, président du Sénat.
Schollaert, président de la chambre.
Le Baron Lambermont, ministre d’État.
Les sénateurs Brûlé, Dumont, Henricot, Roberti.
Les députés Allard, Brabant, Jonre, Snoy.
Le gouverneur du Brabant, Vergote.
Le député permanent Willame.
Les conseillers provinciaux Berger et Duquaine.
Le commissaire d’arrondissement Van Ham.
Le Comité exécutif reçu en outre, de l’État et la commune,
un subside de 3.200 francs.
Ce joli monument, construit en pierre d’Euville est dû
au burin de Jean Hérain. Les noms des combattants de
1830 sont gravés sur une table de bronze, fixée à la stèle.
Un bas-relief de la même matière, représente, sous
l’aspect d’une jeune femme, l’Histoire devant le temple de
la gloire.
Mais avons-nous tout dit des souvenirs de 1830 ?
En 1930, la commune entière s’associa pour célébrer
avec éclat, le centenaire de notre indépendance.
Voici quelques-unes de festivités qui figuraient au
programme des journées consacrées à la Patrie.
Le 13 juillet 1930 :
Inauguration d’un mémorial de la guerre de 1914-1918.
Ce monument est l’œuvre du statuaire Albert Brichart.
Voici, d’autre part, quel était le comité chargé de mener
à bien l’érection du mémorial.
Les Présidents, Vice-Présidents et membres d’Honneur
:
M
me
de Kuyper de Willens, M
me
Beauthier, Colonel Van
Loqueren, F. Lacourt, A. Haye, A. Pourvoyeur, M. Lamort,
F. Notebaert, Comtesse L. de Spoelberch, Comtesse T. de
Spoelberch, Comtesse d’Ursel.
Les Présidents et Vice-Présidents effectifs :
Gustave Van Helmont, Dr Duchesne, Dr Hardy, E.
Thibou.
Les Secrétaires et Secrétaires adjoints :
J. Baudot, L. Degeneffe, O. Jacqmot.
Les Trésoriers et Trésoriers adjoints :
F. Lurquin, Ch. Le Lorrain, J. Courtois.
Les membres :
J. Dagneau, S. Defat, E. Dubois, G. Hallaux, M. Remacle,
E. Tilmant, J. Remy, Ch. Romain, E. Louis, J. Niset, A.
Pauli, J. Goffin, J. Desclez, J. Crikeler, E. Servais, S. Masset,
N. Pilet, G. Dagneau, J. Lacourt, L. Antoine, A. Beaudot,
V. Vigneron.
Le délégué de la section locale de la Fédération nationale

— 196 — — 197 —
des Combattants : Aug. Jacqmot.
Le délégué de l’Administration communale : G. Baugniet.
Le 20 juillet.
Cortège Historique. Festival, retraite aux flambeaux.
Voici quel était l’ordre et la composition de ce cortège.
A. Gendarmerie à cheval.
B. Fanfares de Gastuche (Commissaire Pilet Nestor)
C. Godefroid de Bouillon et les Croisés (Groupe Charlet
L.)
D. La Belgique et les neuf provinces (Char de M
me

Theisen).
E. Fanfares de Pécrot (Commissaire Thumas L.)
F. Société Saint-Georges (Groupe Le Lorrain Ch.)
G. L’Espoir de la Belgique (Char de M
lle
Boulanger).
H. Combattants de 1830 et Congo) Groupe de l’École
des Sœurs).
I. Combattants, Seigneurs, Divers (Groupe École des
Garçons).
J. Fanfares de Tourinnes-Saint-Lambert (Commissaire
Thibou J.)
K. Passage de Charles Rogier à Grez (Groupe et char de
O. Jacqmot).
L. Prestation du serment de Léopold Premier (Charles
Le Lorrain).
M. Fanfares de Bossut (Commissaire R. Detienne).
N. Cabaret du temps passé (Char Van Bever).
O. La Belgique fleurie (Char de E. Thibou).
P. Fanfares de Gistoux (Commissaire J. Desclez).
Q. Le Prince Humbert et la Princesse Marie-José (Char
E. Pira).
R. La Belgique et les neuf provinces (Char des Papeteries).
S. Fanfares de Bonlez (Commissaire J. Desclez).
T. Les Pays Alliés (Char Marie Hannon).
U. Les Combattants de Grez (Groupe).
V. L’armée belge (Groupe).
W. L’aviation (Degeneffe V.).
X. Glorification de la Belgique (Char Hardy A.).
Y. Les Fanfares de Grez.
Le 27 juillet.
Plantation d’un arbre du Centenaire dans les sections de
Hèze et de Morsain.
Le 3 août.
Même cérémonie dans les sections de Doiceau et de
Gastuche.
Le 31 août.
Fête communale et distribution des primes du concours

— 198 — — 199 —
de façades fleuries.
Mais que dirons-nous encore de nos «souvenirs de
1830» ?
Ajoutons que notre vieil étendard, admirablement
reconstitué, mêle encore et son sourire et ses plis glorieux
à toutes nos cérémonies patriotiques, et souvent, nous
l’avons vu se pencher sur son cadet d’un siècle, et entendu
murmurer, dans son langage «froufrouté» les longues
histoires de «ce temps-là»
1
.
1. Les combattants actuels ont leur étendard pour lequel la com-
mune octroya un subside 1.000 francs.
Le vieil étendard a été volé par les Allemands lors de l’invasion. Le
lion héraldique surmontant la hampe a été retrouvé à Braine-l’Al-
leud.
Lors des fêtes du Centenaire une cantate fut exécutée par tous les en-
fants des écoles de la commune. Musique de M. Ch. Devaert. Paroles
de M. F. Lurquin.
II. GREZ-DOICEAU AU POINT DE VUE
ADMINISTRATIF
Comme nous l’avons vu dans nos précédents exposés,
après avoir été chef-lieu de canton, de justice de Paix et de
Milice, notre village n’était plus après la révolution qu’un
bourg important, il est vrai, mais sans titre nobiliaire.
A la première instance près, on eût pu appliquer à son
endroit l’épitaphe suivante :
Ci gist le tribunal de première instance
Passant ne priez pas pour lui,
Comme il est mort dans son enfance,
Il est sans doute en paradis.
La commune de Grez faisait simplement partie du
canton de Wavre et de l’arrondissement de Nivelles.
La population, qui dans ses instants de lassitude, rêvait

— 200 — — 201 —
encore à ses fastes évanouis, essaya, en vain, de reconquérir
ce qui faisait jadis son orgueil.
L’autorité compétente resta sourde à ses appels.
E comme on devait être bien dans le canton de Grez !
A preuve. En 1831 et 1833, les communes de l’ex-
canton de Grez, s’adressèrent au Sénat et à la Chambre, à
l’effet d’obtenir le rétablissement de leur douce servitude.
Nouveau refus.
Enfin en 1849, le Conseil provincial du Brabant est saisi
d’une nouvelle demande. Toute discussion à ce sujet est
déclarée ajournée et close par la suite.
Grez restera, malgré tout, un des joyaux de nos Ardennes
brabançonnes.
Au cours des âges, le sceau de la commune à
singulièrement varié dans les actes successifs au bas
desquels nous le voyons apposé. Nous avons décrit le
scel de la Franchise de Grez, appliqué sur la Charte de
Cortenberg en 1312. L’exegue seul se transforma au cours
des siècles, pour devenir, en 1794 : Sigillum scabinorum
Libertatis Graviensis. L’effigie de Saint Georges transperçant
le dragon de sa lance a été maintenue.
En 1794, lors de notre réunion à la France, le sceau de
Grez fut remplacé par celui en usage en ce pays depuis
1792. Il représentait une femme appuyée d’une main sur
un faisceau et tenant de l’autre une lance surmontée d’un
bonnet de la liberté.
Quelques temps après, nos provinces furent transformées
et perdirent leurs anciennes dénominations.
Le scel employé cette fois, représentait un faisceau
surmonté d’une hache et d’un bonnet phrygien.
En 1818, par arrêté royal du 3 janvier, la commune
employa un sceau dépourvu de vignette. On y lisait la
seule inscription que voici Administration communale de
Grez-Doiceau. Brabant méridional.
Enfin, lors de notre libération, par un arrêté royal du
6 février 1837, le cachet communal porta en son centre
le Lion belge et en exergue Administration communale de
Grez-Doiceau.
C’est le motif qui illustre la majorité des sceaux de nos
communes belges.
Ce n’est pas tout, a-t-on jamais fini de vouloir et de
désirer ? Sur la demande de l’Administration communale,
et sur l’avis favorable du conseil héraldique, par un arrêté
du 3 mai 1903, l’emploi de l’ancien sceau de la Franchise
fut autorisé.
C’est celui que nous voyons sur nos actes administratif
actuels.
La commune de Grez participa, elle aussi, à ’élection
de six députés et de six suppléants au Congrès national de
1830.
A cet effet, 12 électeurs gréziens se rendirent à Nivelles.
Six ans plus tard, lors de nos élections municipales, le
nombre de votants n’était que de 110 sur 2354 habitants.
Nous n’avions certes pas besoin de nos trois bureaux

— 202 — — 203 —
actuels.
A cette époque, la contenance globale du territoire était
de 2099 Hectares 32 ares 44 centiares, réduit par après à
2099 Ha 04 a. 04 ca.
Voici quelle en était la répartition d’après une statistique
du temps.
Ha.a.ca.
Terrains arables 13535
Jardins légumiers 311020
Jardins d’agrément 112440
Pépinières 27
Prés et pâturage 1784280
Vergers 29250
Bois 4788180
Étangs et mares 590
Bruyères et terrains vagues 257120
Bâtiments et cours 115964
Cimetières 1940
Routes et chemins 357080
Rivières et ruisseaux. 79180
La commune jouissait de 7 Ha 51 a 80 ca de terrains.
L’hospice du Péry de 54 Ha 1a 95 ca;
Les biens des pauvres de 49 Ha 97 a 57 ca;
La fabrique de l’église de 6 Ha 50 a 60 ca;
Le hameau de Hèze de 47 Ha 57 a 60 ca.
La même année, le budget communal nous donnait un
excédant des recettes sur les dépenses de 9 fr. 57. C’était
peu, mais on vivait bien. Les recouvrements s’élevaient à
2072 fr. 78, les débours à 2063 fr. 21.
Lors du tracé du cadastre, la commune fut divisée de la
manière suivante :
Section A, le village.
Section B, le hameau de Morsain.
Section C, le hameau de Hèze.
Section D, le Bois de Bercuit.
Section E, le hameau de Doiceau.
Section F, le hameau de Gastuche et Laurensart.
Section G, le Centri.
Au 1
er
janvier de l’an 1859, ces sections étaient partagées
en 4.152 parcelles, appartenant à 958 propriétaires et
donnant un revenu cadastral de 117.119,32 fr.
Les terres rapportaient 96.606,32 fr.
Les habitations et bâtiments 20.513 francs.
2043 Ha 88 a 25 ca étaient imposables.
55 Ha 15 a 79 ca ne l’étaient pas.
En 1859, les pauvres de Grez jouissaient de 37 Ha 29
a 90 ca de propriétés, la fabrique de l’église de 5 Ha 92 a
70 ca, l’hospice du Péry 52 Ha 74 a 70 ca, les biens de la
commune 7 Ha 43 a 80 ca, les biens de Hèze 46 Ha 90 a 40
ca.
Voici à titre de renseignement quel était le budget de la

— 204 — — 205 —
commune pour 1859.
Les recettes de toutes natures s’élevaient à fr. 9.652,42.
Les biens et les rentes rapportaient annuellement la
somme de fr. 1.266,35.
Les dépenses obligatoires étaient estimées à fr. 3.558,40,
le budget de l’enseignement à fr. 3.004, inférieur à celui de
la voirie qui se montait à fr. 4.713,96.
Parmi les recettes figuraient fr. 46,75 revenu de la ferme
des Boues et fr. 2,4 recette d’un droit de barrière.
Mais bornons-nous et abandonnons ces énumérations
fastidieuses qui n’intéressent d’ailleurs que quelques-uns
de nos lecteurs.
III. NOTRE POPULATION
En 1831, la commune entière comptait 2.190 habitants.
En tout temps sa population fit preuve d’un grand esprit
de civisme et de patriotisme. En maintes circonstances elle
sut manifester hautement ces généreuses qualités, 1830 et
1914 en font foi.
Dans la paix, comme dans la guerre, les Gréziens surent
montrer leur attachement indéfectible à la Dynastie et au
Pays.
En 1833, lors de la naissance du Prince Héritier,
le bourgmestre annonça par voie d’affiche l’heureux
événement à ses administrés. A cette occasion, les voix des
cloches et les salves de mousqueteries se firent entendre
jusque bien avant dans la nuit. Le soir, cédant à une simple
invitation du bourgmestre, les habitants illuminèrent les
façades de leurs habitations.
En 1900, lors de l’annonce des fiançailles de Son Altesse
Royale, le prince Albert de Belgique avec Son Altesse

— 206 — — 207 —
Royale Madame Élisabeth de Bavière, la commune de
Grez leur envoya la lettre suivante :
Sire, Madame,
L’annonce des fiançailles de Son Altesse Royale le Prince
Albert de Belgique avec Son Altesse Royale Madame
Élisabeth de Bavière à fait naître dans tous les cœurs des
Belges une joie profonde qui leur est suggérée par leur
patriotisme et leur dévouement à la dynastie. C’est que
la nation est profondément attachée à cette maison que
nos pères ont fondée et qui a été la gardienne fidèle de
ses institutions vraiment nationales, conquises après tant
de vicissitudes. C’est que les Belges aiment d’un amour
profond ce Prince qu’ils ont vu naître et grandir parmi
eux et qui est en même temps l’espoir du Pays et le gage
d’un avenir meilleur.
Que vos Majestés permettent au Conseil communal de
Grez-Doiceau de venir vous présenter leurs félicitations
les plus sincères au sujet de cette union qui sera un gage
de sécurité pour le Pays.
Puisse le Ciel qui depuis plus d’un demi-siècle protège
visiblement notre Patrie, exaucer nos vœux et rendre cette
union heureuse et féconde pour la prospérité du peuple
belge.
Daignez agréer, Sire, Madame, les sentiments de
profond dévouement avec lesquels nous sommes
De Vos Majestés,
Les très humbles, obéissants et respectueux sujets.
Pour le Conseil communal de Grez-Doiceau,
Le secrétaire Le Bourgmestre,
(s) A. Maricq (s) Cte Jean du Monceau.
Nous aurions pu ajouter d’autres éléments susceptibles
de tracer la nette physionomie de nos tendances
patriotiques. Ceux que nous avons développés et ceux que
nous exposerons dans notre chapitre consacré à la grande
guerre, auront, à notre avis, assez de poids pour exclure
l’idée de tout sentiment contraire à notre endroit.
Vers 1852, étrange phénomène, nous assistons à un vaste
mouvement d’émigration pour l’Amérique, mouvement qui
se manifestera aussi bien à Biez que dans notre commune.
Voici comment Tarlier et Wauters nous exposent cette
bizarre constatation.
Vers cette année, un grand mouvement d’émigration
pour l’Amérique se manifesta à Grez, à Biez et en d’autres
localités adjacentes. On évalue à 400, le nombre des
personnes qui quittèrent Grez, outre 88 qui partirent pour
Charleroi.
Dans le principe, les émigrants aux États-Unis eurent à
lutter contre de grandes difficultés et beaucoup d’entre eux
souffrirent de privations inouïes, mais leur persévérance

— 208 — — 209 —
paraît avoir triomphé des obstacles, et aujourd’hui (1862)
une colonie belge renfermant près de 7000 habitants occupe
une partie des environs de Green Bay dans le Wisconsin.
Les établissements qu’elle a fondés sous les noms
de Grez-Daems, Dykesville, Saint-Sauveur, Grand-
Lez, Walhain, Sucreries-Rosières, Nouveau-Bruxelles
rappellent le souvenir de la mère patrie. Chacun d’eux a
des écoles où l,instruction est donnée gratuitement et des
églises catholiques s’élèvent à Grez-Daems et Rosières.
Nous avons d’ailleurs constaté cette vague d’émigration
lors de nombreuses investigations opérées dans les
archives communales, qui nous ont révélé l’expatriation
de 56 familles gréziennes.
Malgré cette désertion du clocher, Grez comptait en
1856, 2601 habitants
1
abrités par 560 maisons.
A comparer ce chiffre avec celui de 1831, on voit dans
quelle proportion s’est accrue la population du village
pendant ces vingt-cinq années.
Voici d’autre part, un aperçu des quelques professions
et corps de métiers mis en pratique dans la commune vers
1. Le dernier recensement accuse une population de 2.653 habi-
tants.
1850.
Un berger :
Delisse Charles, domicilié à Grez.
Deux brasseurs :
Robert-Maximilien Robert, à Grez
Roels, à Grez.
Deux bouchers :
Lacourt, Jean-Joseph demeurant à Grez.
L’église Charles, demeurant à Hèze.
Neuf cabaretiers :
Lacourt Théodore-Gérard.
Courtois Martin.
Jacqmot Adolphe-Joseph.
Masset Isidore.
Sortet Jean-François-Désiré.
Maricq Isidore.
Courtois Martin-Joseph
Tous résidaient à Grez,
Prince Jean-Joseph et la veuve Jean-Louis

— 210 — — 211 —
Noël, à Doiceau.
Un charpentier :
Vaes Christophe, domicilié à Doiceau.
Trois charrons :
Thibou Jean-François, résidant à Grez.
Smets Jean-Joseph-Janvier, au Centri
Smets Jean-Baptiste, au Centri
Deux boulangers :
Lacourt Joseph-Olivier et
Maricq François, à Grez.
Trois cordonniers :
Robert Mathieu-Jean et
Dandois Jean-François, à Grez.
Robert Jean-Joseph, à Morsain.
Un coiffeur :
Lacourt Antoine, à Grez.
Deux couturières :
La veuve Jean-Baptiste Lacourt et
Oger Françoise à Grez.
Un couvreur en paille :
Doyen-Gilles Joseph, à Hèze.
Un jardinier :
Feron François-Joseph, à Grez.
Un lattier :
Lebecq Désiré-Joseph, à Morsain.
Trois maçons :
Prud’homme Charles-François, à Grez.
Delvaux Jean-François, à Hèze.
Tricot Jean-François à Doiceau.
Trois médecins :
Rayée Emmanuel-Joseph,
Thumas Jean-Charles et
Pierson Charles, à Grez.
Cinq maréchaux-ferrant :
Gauthier Clément,
Wiry Pierre-Joseph et
Boulanger Jean-Baptiste, à Grez.
Flémal Aubin, à Hèze.
d’Aoust Jean-Baptiste, à Doiceau.
Un meunier :
Maricq Jean-Joseph, à Grez.
Six menuisiers :
Thumas Georges,
Dryvers Martin,
Hanquet Guillaume-Joseph et
Laurent Constant-Joseph, à Grez.
Thumas Charles, à Morsain.
Guns Antoine, à La Chaussée.
Cinq négociants :
Tollet Grégoire-Joseph,
Remy Jean-Joseph,
Decordes Émile-Jacques,

— 212 — — 213 —
Devroye Charles-Philippe et
Pierson Pierre-Jacques-Louis, à Grez.
Un notaire :
Colette Philippe-Théophile, à Grez.
Trois pharmaciens :
Joris Guillaume,
Joris Victor et
Mathot Joseph, à Grez.
Un plafonneur :
Delwiche Maximilien, à Hèze.
Deux tailleurs :
Limelette Antoine-Ghislain et
Bare Pierre, à Hèze.
Cinq tisserands :
Devleeschouwer Jean-Joseph,
Pierre Joseph Morsaint et
Wezel Henri-Joseph, à Hèze.
Pierard Pierre-Joseph, à Morsain.
Beaudot Jean-Pierre-Joseph, à Centri.
Un sabotier :
Socquet Jean-Baptiste, à Grez.
Un voiturier :
Duquaine François-Joseph, à Grez.
On rencontrait jadis dans la localité de nombreux
chauxfourniers et négociants en craie, desquels nous
reparlerons quand nous traiterons de nos industries
locales.
La majorité de la population cultivait la terre ou était
occupée dans les usines que nous rencontrions à cette
époque sur le territoire : la clouterie à Grez et les Papeteries
à Gastuche.
Quelques exploitations agricoles se remarquaient par
leur étendue.
La ferme de Laurensart, tenue par la veuve Hendricks
et appartenant au Comte de Baillet avait des dépendances
estimées à 90 Ha.
La Cense de la Brique, gérée par Hallaux et appartenant
au Baron de Osy avait 72 Ha 58a 90ca.
Le ferme du Sartage appartenant à la Veuve Th. Godart
avait des biens estimés à 67 Ha.
La ferme de Colonval à Doiceau, tenue par Deleuze et
appartenant au Comte de Lalaing, totalisait une superficie
de 66 Ha 80a 20ca.
La ferme Blyckaerts à Bercuit avait 61 Ha 62 a 60 ca de
terrains en culture.
La ferme de ‘tSerclaes Tilly située à Doiceau face à la
ferme de Colonval avait des dépendances évaluées à 52 Ha
32 a 50 ca.
Enfin la ferme Roucheaux estimée à 23 Ha 59 a 40 ca
s’étendait au hameau de Morsain.
Au sein de cette population diligente, vivait-on vieux ?
M. le Curé Pourvoyeur qui a parcouru avec minutie
le registre de la confrérie de Saint-Marcoul, duquel nous

— 214 — — 215 —
avons déjà entretenu nos lecteurs, nous a déclaré n’avoir
constaté l’existence que d’un seul centenaire. On sait que
le dit registre date de 1663.
Nous même, dans nos recherches, nous n’avons
découvert, à côté de nombreuses noces d’or, qu’une seule
noce de diamant, celle des époux Charles Collin de Hèze,
célébrée en 1900.
Pour terminer ce chapitre, disons un mot de l’exquise
propreté de notre village, qualité qui lui valut dans les âges
le titre de Greizium illustre municipium, amplum, potens,
nobile.
Grez est un beau, grand, puissant et noble bourg.
En 1912, la députation permanente du Brabant lui
octroyait le prix de propreté, et chaque jour l’étranger de
passage le lui décerne encore par mille louanges.
IV. NOS CHÂTEAUX
Arrêtons-nous quelque peu à nos vieux manoirs aux
murs teintés d’années et demandons-leur de nous confier
ce qui leur reste encore de souvenirs.
Nous avons laissé le château de Piétrebais en Grez aux
mains de Marie-Caroline Denu, veuve du Duc Charles-
Louis-Auguste-Ferdinand-Emmanuel de looz Corswarem.
En 1827, elle épouse en secondes noces le chevalier
Alphonse-Prudent Huyttens de Beaufort.
Marie Denu mourut le 12 avril 1852 à l’âge de 68 ans;
Les biens de la seigneurie de Grez échurent en totalité
au prince de Looz Corswarem.
1° A titre de la donation contenue en son contrat de
mariage avec dame Eugénie-Augustine-Jeannette O
Sullivan reçu par son maître Rouflette, notaire à Ixelles,
le 22 avril 1838, lui faire par Alphonse-Prudent Huyttens
de Beaufort de tous les biens tant meubles qu’immeubles

— 216 — — 217 —
qu’il délaisserait à son décès.
2° Par suite de l’acquisition de tous ces biens faite par le
prince de Looz Corswarem envers Huyttens de Beaufort,
par acte de vente du ministère de maître Libert, notaire à
Longueville, en date du 8 octobre 1885.
3° Au terme du testament du dit Huyttens de Beaufort,
reçu par maître Delvaux, notaire à Huy, le 13 mai 1857.
Lors du décès de son époux survenu en 1852, Huyttens
de Beaufort, abandonna le manoir. Il se retira à Ben-Ahin,
commune de l’arrondissement de Huy.
Le prince de Looz Corswarem n’occupa pas davantage le
domaine qui resta vide jusqu’en 1864.
En 1853, il y eut des pourparlers, d’ailleurs sans suite,
à l’effet de céder le château au Haras de l’État à Vilvorde.
Enfin en 1864, Édouard Beauthier en faisait l’acquisition.
En 1889, Édouard Beauthier s’éteignait laissant son
domaine à son fils Édouard.
Nous devons à ce châtelain, maintes transformations
heureuses. Il sut, en effet, tout en respectant le cachet
ancien de son domaine, allier l’antique à un moderne de
bon goût.
En 1922, par la mort de ce dernier, le château et ses
dépendances passaient aux héritiers de la famille Beauthier
et en usufruit à Mme Veuve Édouard Beauthier, née Babut
du Marès.
Ainsi ces vieilles pierres au parfum des siècles nous
ont tout divulgué de leur passé. Tout ? Non, car il est des
secrets que certaines murailles n’ont jamais décelés.
Nous avons abandonné le château de Laurensart aux
mains des Romerswael en 1789.
Le comte Joseph-François-Jean-Népomucène de Baillet,
acheta le domaine aux Romerswael. Ce personnage fut
membre du Sénat et ministre plénipotentiaire du roi
Léopold I
er
à la Cour de Berlin. Il avait épousé Maria-Julia-
Clara, baronne de Osy de Zegwaert.
En 1860, il fit exécuter des travaux de modernisation à
son château, en y laissant subsister toutefois les pignons à
redents.
Le comte de Baillet avait des biens estimés à 309 Ha 56 a
60 ca. Le domaine passa par après au baron de Woelmont
qui avait épousé une des héritières des de Baillet.
Le baron de Woelmont mourut le 7 janvier 1878, après
avoir perdu son enfant unique Émile-Marie, âgée de 6 ans.
Son épouse s’éteignit à son tour le 19 juillet 1895.
Avec elle, une des plus belles incarnations de la charité
disparaissait. A son décès, n’ayant pas eu d’autres enfants,
ses biens passèrent à son neveu, le Vicomte Louis de
Spoelberch.
Ce dernier avait épousé dame Françoise de Woelmont.
En 1907, le Vicomte Louis de Spoelberch, fit construire
un nouveau château sur le versant du côteau, au nord-ouest
de Laurensart, aux environ de la ferme. Cette magnifique
demeure seigneuriale est l’œuvre de l’architecte Flanneau.
L’antique manoir qui avait été abandonné fut restauré
et habité après la guerre par le Vicomte Thierry de

— 218 — — 219 —
Speolberch, fils du précédent. Le dernier possesseur de
l’antique domaine de Laurensart a épousé dame Isabelle-
Juliette, Vicomtesse d’Oultremont.
Le Vicomte L. de Sprolberch est décédé le 7 janvier 1926.
Sa douairière occupe toujours la nouvelle propriété sur
le côteau de Laurensart.
Mais qu’était devenu à son tour, le vieux manoir de la
Motte ?
En 1852, la ferme qui y était annexée fut démolie. Le
château seul fut conservé par ordre de Jacques Depret,
propriétaire des biens de la Motte et rentier à Anvers.
Il ne restait du domaine, dix fois séculaire, qu’un
bâtiment de briques avec fondement en pierre blanche.
On y pouvait, de plus, observer une porte cochère en
plein cintre, flanquée de deux tours mi-circulaires.
Cinquante ans après, il n’en subsistait que deux pauvres
tours décapitées et branlantes.
Quant à nous, nous n’avons plus que l’histoire et le rêve.
Le domaine de Bercuit qui appartenait au Chapitre de
Cambrai fut séquestré par la révolution française.
En 1850, nous le trouvons morcelé et réparti entre trois
propriétaires.
Blyckaerts, Jean-Henri Winand, négociant à Jodoigne,
possesseur de la ferme, avec dépendances évaluées à 61
Ha 62 a 60 ca. Lauwers Ange, propriétaire à Bruxelles,
possesseur de 62 Ha 11 a 10 ca de sapinière et bois.
Les veuves Guillaume-Jean-François Janssens et
Lambert Dominique Wilequet, propriétaires à Tirlemont,
possesseurs de 74 Ha 26 ca de sapinières et de bois.
Vers 1900, nous retrouvons la ferme de Bercuit aux
mains de Célestin Goffin, industriel.
En 1910, ce dernier se dessaisit de ses biens qui furent
acquis par Louis Lambert, industriel. Son successeur
Fernand Lambert annexa une coquette habitation qui
sert de résidence à la propriétaire actuelle, dame veuve
Fernand Lambert.
Un château domine le versant opposé du bois de Bercuit.
C’est la demeure estivale de Dame la Comtesse-douairière
Pierre d’Ursel, née Zoé-Marie-Jacqueline de Néverlée.
Cet édifice, bâti par l’avocat Dubois, père de M. Jean
Dubois, président du Tribunal de 1
re
instance de Nivelles,
n’avait pas à cette époque, l’ampleur que nous lui connaissons
aujourd’hui, il fut, en effet, considérablement agrandi par
le Comte W. d’Ursel, premier époux de la propriétaire
actuelle. Sur le côteau des Lowas, nous remarquons encore
la villa bâtie à l’aube de ce siècle par Victorien Lacourt,
administrateur directeur-général de la société Le Kasaï,
un des premiers pionniers de notre civilisation coloniale,
généreux mécène à qui notre commune doit tant de choses.
Après avoir appartenu à l’avocat Leemans, ce bijou et son
écrin de verdure furent acquis par Monsieur F. Notebaert.
Mais quittons les sommets pour redescendre dans la
plaine...

— 220 — — 221 —
V. NOS VOIES DE COMMUNICATIONS
ACTUELLES
Faire l’histoire de nos voies de communications, serait
retracer celle du véhicule à travers les âges. Nous devons
nécessairement nous borner et diviser notre sujet pour
être clair.
Parlons tout d’abord de nos voies ferrées.
La gare de Gastuche, hameau de la commune, située
à quelques trois kilomètre du bourg, est comme un
centre d’attraction aspirant, chaque jour, quantité de nos
Gréziens, qu’elle refoule ensuite vers la ville.
C’est la halte du chemin de fer de Louvain à la Sambre.
Les travaux d’établissement de la voie furent amorcés en
1850. Quatre ans après, ils étaient achevés.
En 1855, la société le Grand Central y faisait construire
la station que nous connaissons.
En 1864, il fut question d’établir une ligne de Bruxelles
à Mayence avec arrêt à Grez, Malheureusement cette

— 222 — — 223 —
encourageante perspective ne resta qu’à état de projet,
circonstance qui devait ruiner nos industries locales
1
.
Nous ne devions cependant pas tout perdre, car après
de nombreux pourparlers avec le Conseil communal, en
1887, la Société Nationale des Chemins de fer vicinaux,
commençait l’établissement de la ligne vicinale Wavre-
Jodoigne. Le service fut solennellement inauguré le 12
septembre 1889.
Neuf ans plus tard, une demande était introduite par
la même Société pour la mise à l’étude d’un chemin de
fer vicinal de Grez-Doiceau à Chaumont-Gistoux, par
Bonlez. La mise à exécution de ce projet eût été on ne peut
plus profitable pour les deux communes, d’autant qu’elle
sont devenues l’une et l’autre deux centres de tourismes
très importants. Les pourparlers furent une fois de plus
abandonnés.
Notre tram a toutefois remplacé avantageusement les
paraches d’antan, la malle-poste d’autrefois, Jodoigne-
Gastuche avec arrêt à Grez. Chaque jour, celle-ci
franchissait deux fois dans chaque sens, les 15 kilomètres
qui séparent les deux localités.
Actuellement, depuis 1931, un service intensif d’autobus
relie Wavre à Hamme-Mille, en passant par notre bourg.
A noter aussi qu’un service d’autorails entre Wavre
et Jodoigne est envisagé comme possible. Des essais
1. La construction d’un chemin de fer Tubize-Jodoigne fut égale-
ment projetée. La station aurait été située au Champ de la Queue.
concluants ont d’ailleurs déjà été opérés.
Disons maintenant un mot de nos grand’ routes.
La plus ancienne des chaussées qui traverse notre
village est celle qui va du centre du bourg à la commune
d’Archennes. Elle fut construite à l’effet de réunir nos deux
mairie, aux villages faisant partie de la mairie de Louvain.
En 1837, nous assistons au tracé de la route de Wavre
à Hannut. Comme nous l’avons déjà renseigné, elle fut
construite en partie avec les matériaux extraits de notre
carrière à grès.
Jusqu’en 1840, la commune perçut un droit de péage sur
la route des Béguinages de Grez à la chaussée de Wavre à
Louvain.
Voici quel était le tarif mis en vigueur :
Pour un cheval, droit de passage de 0,03 cm.
Pour deux chevaux idem 0,07 cm.
Pour trois chevaux idem 0,10 cm.
Pour quatre chevaux idem 0,13 cm.
Pour cinq chevaux idem 0,18 cm.
Pour six chevaux idem 0,25 cm.
Pour sept chevaux idem 0,38 cm.
Pour huit chevaux idem 0,55 cm.
Pour un âne, bœuf, coche, attelés 0,01 cm.
Pour une voiture à deux roues 0,02 cm.
Pour une voiture à 3 et 4 roues 0,04 cm.
Avant la construction de la chaussée de Wavre à Hannut,
les véhicules devaient emprunter la route des Béguinages

— 224 — — 225 —
jusque Archennes, pour se rendre à Wavre.
Par arrêté du 13 août 1841, Grez fut autorisé à lever
pendant dix ans, sur le même chemin, un droit s’élevant au
tiers du péage ordinaire des routes de l’État.
En 1858, par un arrêté du 17 juin, il fut permis à la
commune de prélever pendant dix ans un péage entier sur
la route de Wavre à Hannut.
Nous avons fait remarquer au cours d’un exposé
antérieur, qu’un droit de passage était également perçu sur
nos deux ponts, au centre du village.
Que dire de nos routes communales ?
Si nous déroulons un ancien plan de Grez, nous voyons
avec étonnement, que nombreux sont les sentiers qui
furent supprimés au cours de la dernière moitié du siècle
dernier.
En revanche, maints autres chemins ont été réfectionnés
et plusieurs même ont été créés.
Mais puisque nous voici à nos voies de communications,
nous voudrions entretenir plus longuement nos lecteurs
de trois de nos rues : la rue Lambermont, la rue Saint-
Georges et l’avenue Jean du Monceau.
L’exposé des mobiles qui ont suscité leur création, et
l’énumération des quelques festivités qui ont couronné
leur baptême ne nous semblent pas vain.
Le Baron Lambermont qui fut Ministre à porte-feuille
puis Ministre d’État, était originaire de Dion-le-Val. Il
fut élève de Constant-Joseph Lacourt, notre instituteur
communal à l’école de Centre.
En souvenir de ses années de jeune étudiant, il conserva
toujours un contact étroit avec Grez. Il fut membre
protecteur de la Société St-Georges et contribua, par ses
deniers, à l’achat d’un emblème à la Guilde.
Voici d’ailleurs le modeste billet qu’il faisait parvenir en
cette occurrence à l’antique corporation.
«Le Baron Lambermont, en envoyant cette offrande
à la Société Saint-Georges, désire témoigner combien il
est touché des maques de sympathie qui lui a données la
commune de Grez.»
8 août 1903.
Le 15 avril 1903, une manifestation nationale était
organisée à Bruxelles en l’honneur de notre Ministre
d’État.
Le 6 janvier de la même année, le Conseil communal
avait arrêté ce qui suit :
«Le Conseil se fera représenter à la manifestation
organisée à Bruxelles. La rue de l’École portera son nom.
Le jour de la manifestation, le drapeau national sera
arboré à l’hôtel de ville et aux écoles communales, et congé
sera accordé aux élèves des dites écoles.»
En 1905, le 6 mars, le grand ami de Grez s’éteignait.
Une délégation du village se rendit à ses imposantes
funérailles. La députation grézienne fut invitée à prendre

— 226 — — 227 —
la tête du cortège.
Voici retracées, en quelques mots, les raisons qui
suscitèrent nos édiles à donner à une artère de notre village
l’appellation de rue Lambermont.
La rue Saint-Georges fut inaugurée le dimanche 17 avril
1904, à l’occasion de la bénédiction du nouveau drapeau
de la société.
Ci le programme des festivités qui se déroulèrent à cette
occasion.
«Le dimanche 17 avril 1904, à 1 heure précise, réunion,
place de la Station, des sociétés participantes.
Ordre du Cortège :
1. Groupe de cavaliers.
2. Fanfares de Grez-Doiceau avec bannière.
3. Secours mutuel St-Martin, de Biez, avec bannière.
4. Fanfares de Hèze avec bannière.
5. Secours mutuel Saint-Pierre de Doiceau-Gastuche,
avec bannière.
6. Fanfares de Biez, avec bannière.
7. Secours mutuel Saint-Antoine de Padoue, de Grez,
avec bannière.
A 2 heures, à l’Hôtel de Ville.
Remise par l’autorité communale du nouveau drapeau
au président de la Société Saint-Georges.
A 3 heures, Salut et bénédiction solennelle du drapeau
par le T. R. M. Meeurs, doyen de Wavre, et allocution par
le R. M. Joseph Le Lorrain, curé à Braine-le-Château.
A 5 heures, Inauguration de la rue Saint-Georges.
A 8 heures, Illumination.
Le 16 juillet 1922, toute la population de la commune
prenait part aux fêtes organisées en l’honneur du Comte
Jean du Monceau de Bergendal, ancien Bourgmestre et
Charles Duquaine, ancien conseiller provincial, échevin
des Finances et des Travaux publics, deux des figures les
plus pures de nos vertus civiques.
Sous la présidence de Monsieur Louis Hingot, promoteur
de la fête, d’émouvantes cérémonies, tant religieuses que
patriotiques furent célébrées, parmi lesquelles, le baptême
de l’avenue Jean du Monceau.
Voici en quels termes, un chroniqueur de l’époque, nous
relate cette imposante manifestation :
«Il est cinq heures, la pluie a cessé. La foule se presse
vers les rues Lambermont et de La Barre où des kiosques
ont été dressés. Outre les familles, de nombreux orateurs.
C’est M. Adolphe Lacourt, notre échevin de l’état-civil
qui ouvre le feu des discours. Sa parole émue secoue
l’assistance qui interrompt souvent l’orateur par des
applaudissements.
Sont longuement écoutés et applaudis ensuite, M.
Louis Hingot, conseiller communal, M. Jacqmot Fernand,

— 228 — — 229 —
avocat. Tous ces discours sont des chefs-d’œuvre.
Le défilé des orateurs se termine par une belle péroraison
improvisée de notre distingué sénateur M. Pastur qui
a bien voulu adresser, au nom de l’arrondissement de
Nivelles, tous ses hommages aux chers disparus. Le
Comte du Monceau remercie les orateurs et la population
grézienne
1

L’exécution d’une cantate de plus de 100 choristes
clôturait la cérémonie. La musique, chaude, alerte, était
d’un enfant de Grez, Monsieur Raymond Hance. Les
paroles, du révérend père Dom Norbert de Nieuwland,
un grand Belge et un des principaux destructeurs de la
stupide légende des Francs-Tireurs.
Sous la baguette de Monsieur Nestor Hance, dans un
unisson admirable et indéfinissable à la fois, la mélodie
enjouée égrena les paroles que voici. Elles aideront à
raviver en chacun les traits d’une image qui ne doit pas
1. Fragment d’une chronique de M. Omer Hizette dans Le
Brabant-Wallon du 27 juillet 1922.
s’estomper dans nos mémoires.
Que notre langue chante et nos mains applaudissent
Cet homme bon, ce maire aimé, ce grand chrétien;
Qui passa parmi nous, semant la paix, le bien,
Et qu’en le célébrant, nos cœurs se réjouissent.
Son portrait en notre âme à jamais est gravé
Car son esprit fut grand, juste, prudent et sage;
Ses procédés exquis paraissaient d’un autre âge,
Et de son noble cœur rayonnait la bonté.
En nous administrant, il montra sa grande âme,
Son amour de la paix pour unir les esprits,
Sa fermeté sans peur devant les ennemis,
Son dévouement sans fin, sa généreuse flamme.
Que n’a-t-il fait pour nous, ses chers administrés ?
Devant nos yeux encore tous ses bienfaits reluisent ;
Que n’ont pas fait ses soins ? ses œuvres nous le disent,
Les routes, les chemins créés et réparés.
Mais, ce qui surtout brille en toutes nos mémoires,
C’est sa grande piété, c’est sa foi de chrétien,
C’est sa bonté de cœur qui répandait le bien,
Achevant dignement sa couronne de gloire.
Notre grand Roi si bon, en fit son chevalier,
Récompensant ainsi sa loyale noblesse;
Dieu veuille aussi dans son éternelle tendresse,
Le bénir à jamais et le glorifier.

— 230 — — 231 —
Mais terminons notre chapitre par des vers, en cela
nous singerons maintes gentes filles qui finissent tout par
des chansons.
VI. NOS BIENS COMMUNAUX
NOTRE MAIRIE.
Notre mairie n’eut pas toujours l’ampleur et la joliesse
que nous lui connaissons aujourd’hui. Nous avons vu dans
nos investigations antérieures, la place qu’elle occupait
précédemment, mettant ses locaux déjà si étroits, au
service de l’enseignement public.
Un village qui se respecte, qui a un passé et des
prétentions, ne pouvait pas éterniser ce piteux état de
choses.
En 1885, l’édification d’une nouvelle Maison Communale
était arrêté et Messieurs Lejour et Masté en étaient déclarés
adjudicataires pour le prix de 62.700 francs, l’école des
filles y comprise.
Cet édifice, sans architecture caractéristique n’en

— 232 — — 233 —
présente pas mois tout le confort désiré.
Au rez-de-chaussée, une salle de fêtes spacieuse est
destinée aux distributions des prix et aux fêtes de charité.
Une pièce était réservée jadis aux souvenirs communaux
que groupait, avec un religieux respect, Arthur Maricq.
A l’étage, quatre pièces de grandeur proportionnée à
leur destination.
La première, de forme carrée, sert de bureau communal.
Par de vastes fenêtres pleines de ciel, on domine toute la
place du village.
La seconde, de forme rectangulaire, est plus solennelle;
c’est la salle des mariages
1
. Le visiteur la contemple avec
respect, le cœur inondé de silence.
Des tentures épaisses tamisent les ardeurs d’un jour
trop indiscret. Les décorations murales, choisies avec un
discernement expert, mêlent leur esthétique à un mobilier
de bon goût.
C’est le charme des yeux qu’on y trouve... C’est le charme
de l’âme et du cœur que beaucoup y amènent.
Une pièce plus exiguë est destinée aux archives et une
seconde au bureau du cadastre.
Mais qu’était devenue la vieille mairie désaffectée ?
Obéissant à un besoin d’esthétique, d’autant qu’elle
tombait en ruine et n’était bonne à aucun usage, le Conseil
1. C’est également la Salle du Conseil.
communal en résolut la démolition.
NOS ÉGLISES.
L’église de Grez, telle que nous la voyons de nos jours
1
,
date de l’année 1782. A l’entrée du chœur, sur le plafond,
on peut d’ailleurs y lire l’inscription suivant AN-1782-NO.
La flèche très élancée, est surmontée d’une belle croix à
jour, de 6 m. 50 de hauteur. En 1793, la croix fut dépouillée
de ses deux bras et resta dans cet état jusqu’en 1858, date
de sa restauration. Pendant la grande guerre, le même
accident mutila à nouveau notre tour. Elle fut restaurée
une seconde fois en 1929.
Mais entrons dans le sanctuaire.
Au premier abord, ce qui frappe le visiteur, c’est l’ampleur
de l’édifice, un des plus vaste de la région.
L’architecte a disposé l’église en basilique à trois nefs.
Des arcades en anse de panier retombent sur des colonnes
toscanes et la divisent en six travées. La voûte est bannie
du plafond qui est horizontal.
De vases fenêtres en plein cintre déversent dans le
temple une lumière abondante. Le maître-autel domine de
toute sa majesté et de toute sa puissance évocatrice.
Il provient du prieuré de Saint Martin à Louvain.
Il n’est pas entier, tel qu’on le remarquait dans la dite
abbaye. Ses vastes dimensions n’ayant pas permis de
l’édifier entièrement dans notre église, il fut adroitement 1. Réfection de la toiture de l’église de Grez du 3 au 10 juin 1952.

— 234 — — 235 —
mutilé dans son somment.
Au centre du monument d’ordre composite, on remarque
une vaste peinture de Jacques de Formentray brossée en
1661 et représentant trois pères de l’Église écrasant l’hydre
de l’hérésie.
Le chœur est garni latéralement de stalles en chêne
marbré.
Les bas-autels sont dédiés, l’un à Saint Marcoul, l’autre
à la Vierge.
La chaire de vérité, d’un motif architectural assez relevé,
nous représente Saint Georges et les quatre évangélistes.
L’ornementation intérieure de l’église est assez pauvre.
On peut y voir au-dessus du baptistère, un grand Christ
ancien, grossièrement sculpté. Une toile fort mal peinte,
représentant Saint Marcoul guérissant un roi agenouillé,
surmonte la porte du jubé. On voit encore quelques
statues, de sainte Anne, de Saint Joseph, de Sœur Thérèse
de Lisieux, un groupe de Saint Famille, etc.
Un beau chemin de Croix, offert par les paroissiens,
disperse ses notes claires dans le vaste édifice. Nous le
devons aux généreux donateurs que voici :
Le conseil de Fabrique - Monsieur Pourvoyeur, Curé -
les Vicaires de Grez - Le Comte du Monceau de Bergendal
- le chanoine Maricq - Armand Maricq - les paroissiens
- Madame de Leemans Hicguet - la famille Duchesne -
la famille Van Dormael - Madame Colette-Plaisant - J.
Desmedt - E. Delattre.
Le baptistère contient un autel de valeur, à colonnes
torses et en chêne sculpté. Un tableau central représente
le baptême de Jésus. Cet autel doit être celui de l’ancienne
chapelle Saint-Jean-Baptiste qui était contiguë au chœur
de l’église.
On sait que la chapelle Saint-Georges y était aussi
adjacente. On ne rencontre plus de nos jours, les pierres
tumulaires offrant les représentations d’un homme d’arme
et d’une dame vêtue à l’antique, et qui se trouvaient dans
les chapelles voisines. Ces dalles funéraires recouvraient
les restes de plusieurs personnages illustres, tels Gilbert de
Biez, Rase de Grez, Marguerite de Rivieren, etc.
L’ancien caveau des de Limminghe, d’aspect somptueux
s’abritait aussi dans la chapelle Saint-Jean. Sur la pierre
armoriée qui le fermait, on pouvait lire ce qui suit :
Ostium
Monumenti
Antiquissimi
Antiquissimae familiae de Vandenberghe wt den
Limminghe
R. I. P.
Dans l’église actuelle, nous pouvons encore retrouver
une pierre tumulaire très ancienne. Elle se trouve en face
du confessionnal de Monsieur le Curé, au pied du groupe

— 236 — — 237 —
de la Sainte Famille.
En voici l’inscription qu’on déchiffre difficilement.
Icy repose honorable homme
Regnault Herwart escuier en son
temps chef Mayeur de la Mayerie de
Grez qui trespassa (le 28 juillet 1640
1
)
et mademoiselle Jacqueline del Haye
son espeuze qui trespassa le 26 d’apprils 1638
Priez Dieu pour leurs âmes.
Mais montons au clocher. Nous côtoyons la machinerie
électrique qui anime les grandes orgues.
En 1858, la tour n’abritait qu’une cloche du poids de
1700 kgr. Elle avait été achetée par l’abbaye de Valduc de
Hamme-Mille qui, on s’en souvient, prélevait la dîme du
village.
On pouvait lire sur cette cloche l’inscription suivante :
Madame Fioco, abbesse de l’abbaye de Valduc,
décimatrice de Grez m’a fait fondre. Andreas Vandengheyn
Lovaniensis G. D. me fudit Lovanii anno 1758, SIT
MOMEN Di BENEDICTUM
Cette cloche s’est fêlée et fut refondue. La matière
obtenue ajoutée à une certaine quantité de métal acheté,
permit de couler deux autres cloches que nous possédons
1. Ce passage est devenu illisible.
aujourd’hui.
Une troisième fut acquise. Ces trois cloches nous
donnent l’accord : Ré-Mi-Dafièze.
La grosse est dédiée au Sacré-Cœur de Jésus. Elle porte
la date du 1
er
Mai 1871. Le parrain en fut Ghislain Hanset,
bourgmestre et la marraine Eugénie de Grégoire, épouse
Hicguet.
La moyenne est dédiée au glorieux Saint Georges. Elle
porte la date, 1871, et eut pour parrain Nestor Dubois, curé
et pour marraine, Eugénie Lebrun, épouse H. Vandormael.
La petite est dédiée à l’ineffable conception de la sainte
Vierge. La dédicace forme un chronogramme indiquant la
date à laquelle elle fut fondue.
DéDIée à L’IneffabLe ConCeptIon De La VIerge
1
.
Le clocheton qui surmonte le chœur abrite une
petite cloche. Jeanne Landwick en fit don à l’église, de
là l’appellation qu’on lui donne dans le village : «Djenne
Landek».
Le trésor de l’église était jadis mieux fourni qu’il ne
l’est de nos jours. On sait, en effet, qu’un reliquaire en
argent, renfermant un doigt de saint Marcoul et une autre
reliquaire en vermeil, du même saint, furent enlevés il y a
quelque cinquante ans.
L’église possède encore de nos jours, six chandeliers
monumentaux en métal argenté, un plateau d’offrande
en cuivre jaune repoussé, garni d’étoiles sur les bords et
1. Elle eut pour parrain Charles du Monceau de Bergendal et pour
marraine Madame Hanset née Adolphine Rouchaux.

— 238 — — 239 —
représentant en son centre, un aigle à deux têtes avec deux
V, et un magnifique ostensoir ciselé, du poids de 5 Kgr.,
provenant de la maison Van Ryswyck d’Anvers.
Si nous faisons le tour du vieux cimetière, nous y
rencontrons encore, de nos jours, plusieurs pierres
tombales excessivement intéressantes.
La première située au nord-ouest de l’église, porte
l’épitaphe que voici :
D. O. M.
A la mémoire de dame
Elisabeth Albertine Honnorez
épouse de Messire
Charles Eppo du Monceau
Née à Bruxelles, le 16 janvier 1803.
Décédée à Grez, le 16 août 1845.
Bonne épouse, bonne mère, amie dévouée
elle fut pleurée de tous ceux qui l’on connue.
R. I. P.
Au nord-est de l’église, sous la sacristie, nous découvrons
encore deux pierres, dont voici les inscriptions qui les
revêtent :
Ici repose en paix sous cette humble pierre
Un ange que le ciel fit passer sur la tette
Pour y perpétuer l’exemple des vertus
Qu’au prix de tant de sang nous enseigna Jésus.
A la mémoire de Dame
Stéphanie, Adolphine, Emmanuelle, Amour,
Princesse de Looz-Corswarem
Née au château de Niel le 21 j. 1810
mariée en la commune de Grez-Doiceau
à Léo Louis Aimé Élie Baron Picot
de la peyrouse, le 14 mars 1836
décédée à Ixelles lez Bruxelles.
Le reste de l’épitaphe est recouvert de terre. Voici

— 240 — — 241 —
cependant ce qu’on pouvait encore y lire par le passé :
le 29 septembre 1843
A ma femme tant aimée
A notre bonne et tendre mère
A notre chère sœur
Regrets éternels
Pleurez sur ceux qui l’ont perdue
R. I. P.
Voici l’inscription que porte la tombe voisine :
Nihil temere
Ci git, noble dame Marie Caroline Denu
épouse en I
res
noces de S. A. S. Mgr Ch.
Fer. Em. Duc de Looz Corswarem et
de Corswarem Looz, et en 2
e
noces de M
e
Le chevalier Alph Pt Huyttens de Beaufort
décédée à Grez. le 12 avril 1852
à l’âge de 68 ans
R. I. P.
Disons en passant que, depuis 1893, ce cimetière est
désaffecté et remplacé par le nouveau cimetière situé à
l’intersection du chemin des Béguinages et de la ruelle
Fontaine.
Mais avant de quitter l’église de Grez, arrêtons-nous
encore à quelques détails qui intéresseront certes, nos
lecteurs. Il existe et il existait certaines confréries placées
sous maints vocables, du Saint-Sacrement, de l’Immaculé
Conception, de Saint Antoine de Padoue, etc., etc.
En 1837, l’église de Grez, qui faisait partie du doyenné
de Beauvechain, fut annexée au doyenné de Wavre.
Vers cette époque, la fabrique d’église jouissait d’un
revenu de 1972 francs et ses biens étaient estimés à 7 Ha
52 ares.
Mais transportons-nous à Doiceau et arrêtons-nous
devant l’église de ce hameau. Nous savons que la chapelle
de Doiceau ressortissait jadis de la paroisse de Dion-le-
Val. Le curé de cette dernière commune y célébrait la
messe les dimanches et jours fériés. De ce chef, il recevait
annuellement un honoraire de 250 frs.
En 1862, le 24 mars, la chapelle de Doiceau fut rangée
dans les chapelles reconnues. L’année suivante, le 26
janvier, elle fut érigée en succursale particulière. Enfin, en
1874, la commune accorda les subsides nécessaires pour la
construction d’une église.
C’est celle devant laquelle nous nous sommes arrêtés.
C’est une église de village, sans richesse, sans luxe. La
meilleur façon de la décrire et de la caractériser est de dire
qu’elle est simple.
En 1863, lorsque la chapelle fut reconnue, le clocheton
fut garni d’une cloche respectable. Elle remplit encore son
office pendant 24 ans dans la tour de la nouvelle église.
En 1898, elle se fêla et fut vendue pour la somme de 300
francs.
Deux cloches durent acquises; la première d’un poids de
1400 kilos par la famille d’Aoust, la deuxième d’un poids

— 242 — — 243 —
de 600 kilos, par les paroissiens.
La première eut comme parrain Constant d’Aoust et
comme marraine Louise d’Aoust.
Pour la seconde, Madame Hottat en fut la marraine et
Antoine Hallaux, le parrain.
Derrière le chœur de l’église, nous découvrons le caveau
de la famille des de Baillet, anciens propriétaires du château
de Laurensart.
L’entrée du caveau est garantie par une dalle sur laquelle
est sculptée une croix et gravée l’inscription que voici :
OSTIUM MONUMENTI
FAMILIAE de BAILLET
Contre l’abside de l’église s’élève une grande croix garnie
du verset suivant :
O CRUX AVE SPES UNICA
Jos : Franc : Joan : Nep : De Baillet
et Maria Julia Clara Osy Conjuges
sepulcretum aedificaverunt
MDCCCXXXIX
Un parie d’une épitaphe est cachée, on n’y peut lire que
ce qui suit :
... son épouse
dame, Marie, Julie, Claire
Baronne Osy de Zegwaert
née le 4 septembre 1790
décédée le 1er juillet 1862
Priez Dieu pour le repos
de leur âme
A droite de la croix, on lit l’inscription suivante :
HIC JACET
Emilia, Maria, Thérésia Cornelia de Baillet
nata bruxellis, anno MDCCCXV
die januarii decimo quinto
ibidem denata anno MDCCCXXX
dis martis vicessimo septimo
R. I. P.
A gauche de la croix, figure une autre épitaphe :
ICI REPOSE
Émilie Marie Ghislaine Joséphine Philippine
baronne de Woelmont
née à Bruxelles le 10 mai 1851
ravie en quelques heures à la tendresse
de ses parents le 16 mars 1857.
Mais quittons ces lieux et revenons aux choses profanes.
NOS ÉCOLES.

— 244 — — 245 —
Le siècle dernier peut vraiment s’appeler le siècle
de l’enseignement, car rien n’a attiré à un tel degré les
préoccupations et les sollicitudes des administrations
communales qui se sont succédé dans notre commune.
En 1844, nous assistons à l’érection de l’école des filles
qui occupait l’emplacement de l’école actuelle.
Deux ans après, on bâtit l’école du hameau de Hèze,
malgré le refus de la population de la localité d’intervenir
dans les dépenses.
En 1849, on achève l’édification de l’école communale
pour garçons sise à Doiceau, aux environs de la ferme de
la Brique.
Quatre ans après, on assistait à l’érection de l’école des
filles du dit hameau, fondée par le curé de Dion-le-Val
qui desservait la paroisse. La direction de cette école fut
confiée à deux religieuses.
Comme on le sait, l’école communale pour garçons,
située au centre de Grez, occupait le rez-de-chaussée de
l’ancienne Maison communale. Cet état de choses ne
pouvant persister, en 1865 l’administration résolut la
construction d’un édifice strictement réservé à l’instruction
des garçons. L’école fut élevée rue du Pont d’Aulin et coûta
31.590 francs.
En 1871, l’exiguïté du local du hameau de Hèze ne
permettant plus d’assurer l’enseignement à la population
scolaire de l’époque, on y construisit un nouveau bâtiment
d’école, dont coût, 18.400 frs.
Cinq ans plus tard, les mêmes exigences se faisaient
sentir à Doiceau. On y édifia un nouveau local, évalué à
20.955 frs.
En 1886, lors de la construction de la mairie de Grez, on
érigea un nouveau bâtiment d’école réservé aux filles.
Enfin, en 1890, on note un nouvel agrandissement de
l’école de Hèze
1
.
Faisons remarquer, en passant, qu’il existe au centre
du village de Grez, une école dirigée par les religieuses et
reconnue par les autorités compétentes.
A Gastuche, nous rencontrons également deux écoles
privées, l’une dirigée par Madame Foucart et l’autre par
un comité d’œuvre dans lequel figure particulièrement
Madame la Vicomtesse Douairière L. de Spoelberch.
En temps opportun, nous retracerons l’histoire générale
de l’enseignement dans notre commune.
LES HOSPICES.
Nous avons déjà longuement entretenu nos lecteurs
de l’hospice du Péry, cette antique institution. Nous n’en
reparlerons donc que très succinctement.
En 1846, l’hospice du Péry contenait 31 vieilles femmes.
Cette population se répartissait de la façon suivante :
14 de Grez, 3 de Doiceau, 7 de Biez et 7 d’Archennes.
En vertu d’un arrêté de la députation permanente du 12
juillet 1822, les vieilles femmes de Doiceau pouvait jouir
1. De nouveaux travaux furent opérés à l’école de Doiceau en 1928.

— 246 — — 247 —
de l’hébergement au dit béguinage.
En 1858, nous assistons à la reconstruction de l’asile.
Tout le monde a en image cet édifice d’’aspect
monumental.
La chapelle érigée sous le vocable de Saint Michel est
placée en avant-corps dans la direction du hameau de
Morsain.
Nous avons dit un mot de la pierre tumulaire qui en
garnir encore l’abside, côté extérieur.
Les dépendances ont été respectées. On y remarquait
encore il y a quelques années, sur une poutre du plafond
de l’écurie, le chronogramme qui voici :
IMpLearBeneDICtIone
Dans l’ancienne chapelle, le millésime 1789 était inscrit
au plafond.
A cette époque, donc vers 1860, une sœur de la
Providence y faisait l’office d’infirmière. Elle a été remplacée
par deux sœurs franciscaines.
L’hospice Thumas est notre second asile de vieillards.
En voici succinctement l’origine.
Des fermiers de Grez, appelés Thumas, après avoir fait
de mauvaises affaires, quittèrent la commune pour aller
s’installer à Villers-Perwin, puis à Wagnelée.
Le sort les favorisa, leurs affaires prospérèrent et ils
firent fortune. A leur mort, survenue en 1836, devant
maître Misonne, notaire à Fleurus, par testament daté
du 26 janvier de la dite année, Jean-François Thumas,
affectait sous conditions - le versement d’une rente viagère
à l’une de ses sœurs - tous ses biens meubles et immeubles
à l’érection d’un hospice de vieillards à Grez-Doiceau.
L’asile occupa une belle habitation située à l’endroit où
est élevée notre Maison communale actuelle.
Voici à titre de documentation, quel était le budget du
dit hospice en 1859, alors qu’il abritait 9 vieillards.
Recettes ordinaires 2,835,54 frs.
Fermage des biens ruraux : 16 Ha 51 a. : 1441 frs.
Rentes et capitaux placés : 1,314,54 frs.
Dépenses ordinaires 2,441 frs.
L’hospice Thumas occupa cet emplacement jusqu’en
1883, année de son édification à l’endroit que nous lui
connaissons aujourd’hui.
Plusieurs généreux donateurs contribuèrent à rendre à
nos vieillard des garanties de confort.
En 1841, J.-B. Dedoncker, en 1853, J.-H. Vandersande,
en 1857, Isabelle Thumas, en 1876, Victor Hicguet, Félix
Perin, Arthur Maricq et l’Union Chorale, en 1881, C.
Limelette, en 1886, E. Beauthier, en 1899, Henriette
Vandormael, en 1903, Armand Joris, en 1922, E. Beauthier
et Joris Jules.
L’hospice abrite actuellement une douzaine de vieillards,
choyés par deux sœurs franciscaines.
Mais puisque nous sommes aux biens publics, disons

— 248 — — 249 —
un mot de notre orphelinat.
L’ORPHELINAT.
Le premier promoteur de cette œuvre, fut le chanoine
Maricq qui, en 1892, fit un don à la commune de Grez, à
l’effet d’ériger un orphelinat.
En 1902, le docteur Demain laissa sa fortune évaluée
à 100.000 frs aux communes de Grez-Doiceau pour une
moitié, Bossut-Gottechain, hameau de Gottechain pour
un quart et Biez pour le quart restant à seule fin d’ériger
à Grez, quarante ans après la donation, un orphelinat
intercommunal.
Cet orphelinat devait être pour orphelins de sexe
masculin d’abord, et des deux sexes si les revenus étaient
suffisants.
Les revenus de ces legs et intérêts de ces revenus devaient
être capitalisés pendant 40 ans qui suivaient le décès, pour
parfaire un capital nécessaire à la bâtisse et à l’entretien de
l’hospice.
Cet hospice devait porter l’inscription que voici, sans y
rien ajouter, ni rien retrancher :
«HOSPICE DU DOCTEUR DEMAIN POUR BIEZ,
GOTTECHAIN ET GREZ-DOICEAU».
Il devait de plus être administré par une commission
intercommunale, composée de cinq membres, dont trois
seraient nommés par le Conseil communal de Grez-
Doiceau, un par celui de Biez et un par celui de Bossut-
Gottechain
1
.
La durée du mandat des membres de la commission
intercommunale était fixée à cinq ans.
En 1905, le Conseil communal proposa la construction
du dit orphelinat. Il ne fut donné suite à cette idée.
Il y a quelques années, la demeure du docteur Demain
fut acquise par son successeur, Monsieur le docteur Hardy.
Mais n’abandonnons pas ce chapitre sans dire un mot de
l’antique prérogative dont jouissent les habitants de Hèze,
nous voulons parler du Libel.
LE LIBEL.
Nous avons déjà amplement parlé de ce bien communal.
Nul n’ignore donc quelle était sa destination. Voici à titre
de comparaison ce qu’a touché chaque ménage au cours
des années 1830-31-32-33-34.
En 1830, le libel a rapporté 9 florins à chacun des 83
ménages du hameau.
En 1831, 9 florins 25 cent. aux 83 ménages.
En 1832, 10 florins 25 cent. aux 85 ménages.
En 1833, 21 francs aux 87 ménages et 1834, 9 florins 70
cent. aux 87 ménages.
Voici, de plus, un aperçu du budget de Hèze pour l’année
1940.
On sait que ce budget est dressé séparément de celui de
1. Actuellement elles est constituée de 7 membres : 3 de Grez, 2 de
Gottechain et 2 de Biez.

— 250 — — 251 —
la commune.
Produits de fermages 1948,37
Produit des rentes 565,51
Location du droit de chasse 28
2541,88
Dans les dépenses figurent :
Indemnités aux deux députés 25
Au desservant de Biez pour supplément
de traitement 100
Au même pour l’anniversaire de
la communauté 3
Tantième au receveur 95,32
Au 93 ménages (22) 2046
2269,32
En 1847, un règlement communal accorda la direction
des biens de Hèze aux deux conseillers communaux élus
aux élections municipales par le hameau.
Le conseil a cependant toujours l’administration du dit
hameau.
En 1900, quelques habitants de Royenne eurent une
singulière prétention. Parce que situés sur la même section
du cadastre que le territoire de Hèze, ils prétendirent jouir,
au même titre, des prérogatives accordées aux habitants
du hameau.
La campagne électorale battant son plein, le bénéfice
leur fut accordé, moyennant la condition que l’on suppose.
Cet état de chose fut rapidement rétabli sur ses anciennes
bases.
Pour jouir des biens de la communauté, il fallait résider
au hameau depuis deux ans. Cette clause n’a plus été
respectée par la suite.
En 1931, chaque ménage a touché la somme importante
de 125 frs.
Heureux habitants de Hèze, que ne devez-vous à
la généreuse Jeanne et à son époux prodigue, le bon
Wenceslas !

— 252 — — 253 —
VII. NOS SERVICES PUBLICS
Au cours de nos exposés antérieurs, nous avons déjà fait
connaître les noms des quelques bourgmestres qui se sont
succédé à Grez pendant les siècles écoulés.
Pour que la liste de nos premiers magistrats soit
complète, nous en reprendrons l’énoncé, auquel nous

— 254 — — 255 —
aurons soin d’ajouter quelques noms.
NOS BOURGMESTRES.
Rengold, de 1209 à 1231.
.....
Sohier, de 1370 à ....
.....
Dedion Guillaume, de 1477 à 1481.
De Fontenies Pierre, de 1482 à ....
Vandervecken Jérôme, de 1501 à 1515.
L’Host Lambert, de 1550 à 1580
Cox Jean, de 1580 à 1608.
Herwart Jean, de 1608 à 1625.
Herwart Regnault, de 1625 à 1640
1
.
Herwart Jean, de 1640 à 1665.
Thiry, de 1665 à 1684.
De Pattin Antoine, de 1684 à 1690.
Daix François, de 1690 à 1708.
Coesman Jean-Baptisten de 1708 à 1730.
Duchesne Martin, de 1730 à 1753.
Thumas, de 1753 à 1759.
Jacqmot Jean, de 1759 à 1783.
Du Houx Nicolas, de 1783 à 1794.
Henrion Jean-Baptiste, de 1794 à 1799.
Thumas Lambert, de 1799 à 1803.
1. Sa pierre tombale s’observe dans notre église.
Heurion Jean-Baptiste, de 1803 à 1806.
Lecapitaine Henri, de 1806 à 1812.
Jacqmot Jean-Baptiste, de 1812 à 1819.
de Baillet J., de 1819 à 1825.
Baugniet Maximilien, de 1825 à 1830.
Rayée Emmanuel, de 1830 à 1851.
Du Monceau Charles, de 1851 à 1857.
Hanset Ghislain, de 1857 à 1872.
Godard François, de 1872 à 1879.
Beauthier Edouard, de 1879 à 1889.
Devroye Charles de 1889 à 1891.
Du Monceau de Bergendal Jean, de 1891 à 1917.
Lacourt Félix, assuma la charges du pouvoir, en déclinant
le titre de premier magistrat.
Théodule Jacqmot, de 1919 à 1923.
Gustave Hallaux, de 1923 à 1924.
Adolphe Lacourt, de 1924 à 1926.
Ernest Dubois, de 1926 à ...
Procédons avec nos prêtres comme nous l’avons fait

— 256 — — 257 —
avec nos bourgmestres.
NOS PRÊTRES.
Matthias Servais, de 1626 à 1644.
Philippi, de ... à 1693.
Antoine Becquevort, de 1693 à 1726.
Pierre Lurquin, de 1726 à 1730.
Hannicq Jean-Baptiste, de 1730 à 1741.
Collet Jean-Baptiste, de 1746 à 1761.
Deridder Jean-François, de 1761 à 1812.
Nihoul Jean-Joseph, de 1812 à 1852.
Dubois Nestor, de 1852 à 1891.
Aerens Michel, de 1891 à 1895.
Pourvoyeur Alphonse, de 1895 à ...
La paroisse de Grez eut toujours un ou même plusieurs
vicaires. Après la révolution française, en 1802, Deridder
Jean-François supporta seul le poids du sacerdoce.
En 1833, le vicariat fut rétabli; on sait qu’il fut de nouveau
supprimé après le départ de M. Joseph Vanpée en 1915.
Voici d’autre part, les noms des curés qui se sont succédé
à Doiceau depuis 1863. Avant cette époque, les paroissiens
de ce hameau ressortissaient de la cure de Dion-le-Val.
Delferriere, de 1863 à 1873.
Bourgaux Zénon, de 1873 à 1896.
Houbart Charles-Antoine, de 1896 à ...
NOS NOTAIRES.
Colette Philippe-Théophile.
Lamarre Barthélémy.
Beauthier Édouard.
Baugniet Gustave.
NOS SECRÉTAIRES COMMUNAUX.
Thiry a été remplacé par Maricq qui laissa la place
vacante en 1878.
Le 16 mars de la même année, Arthur Maricq, petit-
fils du précédent est nommé à l’unanimité des voix. Il se
consacra au service de la commune pendant près de 45
ans.
Enfin, le 11 décembre 1923, M. Joseph Baudot est promu
au poste laissé vacant.
NOS RECEVEURS COMMUNAUX.
En 1886, Arthur Dubois est élu receveur communal en
remplacement de Théophile Colette.
Le 5 mars 1915, M. Ernest Dubois est nommé à
l’unanimité des voix, en remplacement du précédent,
décédé.
Le 13 avril 1927, M. Ernest Dubois démissionnaire,

— 258 — — 259 —
cède sa place à M. Émile Hannon.
NOS INSTITUTEURS ET NOS INSTITUTRICES.
Commençons par l’école communale des garçons de
Grez-Centre.
Nous avons vu dans nos exposé antérieurs, que
l’enseignement communal avait été assuré par un chapelain
maître d’école.
Le premier de nos instituteurs laïcs fut Constant-Joseph
Lacourt. Nous trouvons son nom mentionné dans les
annales de l’enseignement communal jusqu’en 1850.
La même année Adolphe Lacourt lui succède. Il se
dévouera pendant quarante-cinq années au service public.
En 1895, M. Ernest Dubois est nommé à l’unanimité
des voix, instituteur communal à Grez-Centre.
Neuf ans après, ce dernier présente sa démission, laquelle
est acceptée à regret de la part du Conseil communal.
Lucien Lacourt est promu au grade d’instituteur
communal à l’unanimité des voix.
Le 27 décembre 1920, ce dernier démissionne et cède
son emploi à M. Fernand Lurquin, nommé à l’unanimité
des suffrages.
Nous avons enregistré la présence de deux institutrices
intérimaires, l’une en août 1913, Mademoiselle Elen Mathy
en remplacement de Lucien Lacourt, malade; l’autre en mai
1926, M
lle
Laure Renglet, en remplacement de M. Fernand
Lurquin, malade.
NOS SOUS-INSTITUTEURS.
À l’école du Centre.
Avant 1858, nous relevons le nom de David Goffin.
Le 28 juin 1858, Gillet François-Joseph est nommé en
remplacement du sieur David Goffin, promu instituteur
communal à Bonlez.
En octobre 1859, nous assistons à la nomination de
Coppe François, en remplacement de François Gillet,
nommé instituteur à Longueville. Deux ans plus tard, la
place devient de nouveau vacante par la mort du titulaire.
Une annonce de la vacance de l’emploi est insérée
au Moniteur belge et dans la feuille du canton. Aucune
candidature n’est posée.
Deconninck Ferdinand-Joseph, élève non diplômé, est
provisoirement promu au poste de sous-instituteur.
En 1863, nomination de Williquet Louis-Joseph à la
place de Deconninck Ferdinand, désigné pour l’école de
Hèze.
Fabry Barthélémy est nommé sous-instituteur en 1864,
en remplacement du sieur Williquet, promu à l’école de
Biez.
Mais les titulaires se succèdent avec une rapidité
étonnante.
En 1865, Daix Charles-Joseph, remplace Fabry
Barthélémy, nommé à Tourinnes-la-Grosse.
Daix Charles-Joseph nommé à Doiceau à tôt fait de

— 260 — — 261 —
démissionner à l’avantage de Trèfois Émile, promu au
grade en 1866.
Deux ans plus tard, Sylvain Lacourt est nommé en
remplacement de Trèfois Émile, nommé à Chapelle-Saint-
Laurent.
Le 25 juin 1880, nomination de Monsieur Émile
Humbeeck qui succède à Sylvain Lacourt, promu au grade
d’instituteur à Baulers.
Cinq ans après, nous assistons à la démission de
Monsieur Émile Humbeeck. Monsieur Ernest Dubois le
remplace.
En 1895, Monsieur Lucien Lacourt est nommé sous-
instituteur en remplacement de Monsieur Ernest Dubois,
promu instituteur à la même école.
En 1904, Monsieur Alfred Vilain est nommé en
remplacement de Lucien Lacourt, promu au grade
supérieur.
Monsieur Alfred Vilain démissionne en 1912 en faveur
de Monsieur Firmin Guiche.
Le 8 février 1913, Monsieur Guiche est démissionnaire.
Monsieur Anatole Romain lui succède.
Le 20 septembre 1914, Monsieur Fernand Lurquin est
nommé sous-instituteur en remplacement de Monsieur
Anatole Romain.
Le 27 décembre 1920, Monsieur Léon Chaltin succède
à Monsieur Fernand Lurquin promu au grade supérieur.
Le 31 décembre 1925 Monsieur Joseph Degeneffe est
nommé à l’école du centre en remplacement de Monsieur
Chaltin Léon.
Enfin, le 21 novembre 1931, Monsieur Soumoy Marcel
est nommé provisoirement en remplacement de Monsieur
Joseph Degeneffe, nommé instituteur provisoire à l’école
Moyenne de Wavre.
Nous avons relevé les noms de deux femmes comme
sous-institutrices intérimaires.
En 1904, Mademoiselle A. Langhendries en
remplacement de Lucien Lacourt, nommé instituteur.
Le 25 juillet 1914, Mademoiselle Jeanne Rongé à défaut
de titulaire.
Mais entretenons nos lecteurs de l’école pour fille établie
au centre de la commune.
Avant 1863, cette école était desservie par des religieuses.
Le 14 septembre de la dite année, cet établissement est
transformé en école communale. La sœur Plaisant Amélie
continue à y enseigner temporairement.
En 1868, une sous-institutrice est nommée, c’est
Mademoiselle Pauline Marchand, sœur de la Providence.
En 1879, les demoiselles Marchand et Plaisant donnent
leur démission en faveur des demoiselles Hortense
Leclercq comme institutrice et Marie Lacourt comme
sous-institutrice
1
.
Le 4 novembre de la même année, Mademoiselle
Maria Englebert succède à Mademoiselle Marie Lacourt
1. Cette dernière n’a pas enseigné.

— 262 — — 263 —
démissionnaire.
En 1896, Madame Gérard Englebert, donne sa démission
au poste de sous-institutrice à l’école du centre.
Le Conseil communal décide de supprimer la seconde
classe, le nombre d’élèves étant insuffisant.
La même année, l’école des sœurs de la Providence,
établie à Grez-Centre est adoptée pour dix ans. Messieurs
Alphonse Pourvoyeur et Alfred Decordes acceptent le
patronage de la dite école.
En 1905, l’adoption de l’École des sœurs est rejetée par
5 voix contre 3. Le conseil propose cependant d’établir
l’école communale des filles, soit une seconde classe avec
sous-institutrice religieuse belge et diplôme exigé par la
loi.
Madame la Directrice des sœur fait connaître au
Conseil communal sa décision de ne pouvoir accepter la
proposition.
En 1911, Madame Tollet-Scruel est nommée
temporairement en remplacement de Madame Maricq,
malade.
Le 9 décembre de la dite année, Madame Maricq
Leclercq, démissionne. Nomination définitive de Madame
Tollet-Scruel.
Le 14 janvier 1928, à la demande d’un certain nombre
de chefs de famille, la création d’une école gardienne est
décidée à Grez-Centre. Mademoiselle Marthe Boulanger
est nommée provisoirement à ce poste le 28 janvier de la
dite année. Le 29 décembre suivant, elle se voit attribuer
définitivement l’emploi.
Nous avons rencontré comme institutrice intérimaires :
Mademoiselle Anatolie Langhendries en maintes
circonstances; Mademoiselle Lucienne Hanquet, en 1925,
en remplacement de Madame Theisen, et Mademoiselle
Constance Hubin en 1922, en remplacement de la même.
Mais que dirons-nous de l’école de Hèze ?
En 1858, nous trouvons l’école adoptée du hameau,
gérée par Jean-François-Xavier Lacourt.
Le 16 mai de l’année 1862, l’école adoptée devient
communale.
L’année suivante, nous assistons à la nomination de
Deconninck Ferdinand au poste d’instituteur communal
du hameau.
En 1871, un ouvroir est établi pour les filles. La
demoiselle Noël Marie-Josephe-Philomène est proposée
pour remplir cet emploi.
La demoiselle Noël donne ses cours les mardi et
vendredi, de chaque semaine de 10 à 11 heures du matin.
A cet effet, l’instituteur devait finir ses leçons quinze
minutes avant l’entrée de la maîtresse d’ouvroir dans la
salle d’école.
En 1881, la demoiselle Noël décédée, a pour remplaçante
Mademoiselle Alice Genquinnes.
Le 22 mars 1883, Auguste Vilain est nommé sous-
instituteur communal à Hèze.
En 1893, Auguste Vilain succède à Ferdinand

— 264 — — 265 —
Deconninck décédé.
La même année il est décidé de remédier aux
inconvénients de la coéducation des sexes au hameau de
Hèze.
Mademoiselle Flore Deconninck est nommée institutrice
à l’unanimité des voix.
Démission de ses fonctions est donnée à Alice
Genquinne, maîtresse d’ouvroir.
En février 1909, Monsieur Ernest Benoit est nommé
instituteur en remplacement de Monsieur Auguste Vilain
promu à Doiceau.
Le 25 octobre 1920, il est procédé à la nomination d’un
instituteur en remplacement de Monsieur Ernest Benoit,
démissionnaire. Monsieur Léon Degeneffe est nommé.
Le 29 avril 1926, Mademoiselle Lucienne Hanquet,
est désignée pour remplacer temporairement Madame
Trèfois-Deconninck.
Le 6 avril 1929, cette dernière est mise en disponibilité
pour cause de maladie; le 29 du même mois elle
démissionne.
Enfin, le 15 juin, Mademoiselle Lucienne Hanquet
est nommée définitivement institutrice communale au
hameau de Hèze.
En septembre 1922, nous signalons la présence
de Mademoiselle Hélène Goffin, comme institutrice
intérimaire en remplacement de Monsieur Léon Degeneffe.
Parlons un peu de l’enseignement au hameau de Doiceau.
En 1858, Gérard Martin est instituteur à l’école adoptée
Le sieur Bierlin François lui succède.
Le 26 juin 1863, les deux écoles de Doiceau sont
réunies sous la direction de l’instituteur, la commune se
trouvant hors d’état de pourvoir aux exigences de ces deux
institutions. Le Conseil communal estime donc qu’il y a
lieu de retirer l’adoption de l’école des filles, dirigées par
Mademoiselle Julie Lambert, sœur de la Providence.
En 1866, nous assistons à la nomination d’un instituteur
communal en remplacement de François Bierlon.
Daix Charles-Joseph sous-instituteur à Grez est promu
à cet emploi.
L’année 1873, voit le décès du sieur Daix. Lacourt
Charles-Joseph lui succède.
En 1887, un ouvroir est créé au hameau de Doiceau.
Madame Lacourt Joseph, née Adèle Noël est promue à cet
emploi.
Dix ans après, la titulaire dénommé donne sa démission.
Il n’est pas remédié à la vacance de l’emploi, vu l’insuffisance
des ressources financières de la commune.
Le 2 janvier 1909, Monsieur Benoit Léon-Ernest-Joseph
est nommé Instituteur communal à l’école de Doiceau en
remplacement de Joseph Lacourt, démissionnaire.
Le mois suivant, Monsieur Auguste Vilain, instituteur à
Hèze, prend la direction de l’école du hameau. Le titulaire,

— 266 — — 267 —
Ernest Benoît prend la direction celle de Hèze.
Le 6 janvier 1912, la place de maîtresse de couture est
rétablie. Mademoiselle Vanhaek est promue à cet emploi.
Quatre ans après, le 12 janvier, Monsieur Omer Jacqmot
succède à Monsieur Vilain, démissionnaire.
Au mois de mai 1922, nous assistons à la création de la
place d’institutrice au hameau de Doiceau. Mademoiselle
Léglise, Odile-Léonie-Joséphine obtient la majorité des
suffrages.
L’année suivante, l’ouvroir est supprimé.
Des écoles d’adultes furent établies à maintes reprises au
centre du village et dans les hameaux.
En 1867, une école su soir est créée pour les garçons à
Grez-Centre; une seconde au hameau de Hèze.
Les papeterie de Gastuche ouvrent d’autre part, une
école privée pour adultes au hameau de Gastuche.
Après avoir été supprimés en 1884, nous assistons à la
réouverture des cours du soir à Grez-Centre et à Doiceau.
Cet enseignement postscolaire était donné trois fois par
semaine pendant les mois de novembre, décembre, janvier,
février et mars.
Cette école d’adultes a été plusieurs fois supprimée puis
rétablie. De nos jours, l’instruction obligatoire jusque 14
ans ne justifie plus cette institution.
Voici à titre documentaire et comparatif, les émoluments
donnés à nos instituteurs en 1863.
Lacourt Adolphe, instituteur à Grez-Centre 1050 frs
Williquet, instituteur à Grez-Centre 608 frs
La dame Plaisant, institutrice à Grez-Centre 954 frs
Le sieur Bierlin, instituteur à Doiceau 714 frs
Le sieur Deconninck, instituteur à Hèze 726 frs
Mais quittons l’enseignement pour aborder nos autres
services publics.
NOTRE SERVICE DE SANTÉ.
En 1832, lors de l’épidémie de choléra, une commission
sanitaire fut formée à l’effet de visiter les maisons et d’y
rechercher les causes d’insalubrité, d’en faire sentir le
danger aux habitants et de les engager à y remédier.
Elle était composée de Nihoul, curé, Baugnier, médecin,
Thumas, chirurgien, Joris, pharmacien et Lamarre, notaire.
En 1839, voici quelle était la composition du corps
médical de notre commune :
Rayée Emmanuel-Joseph, docteur en médecine.
Thumas Jean-Charles, chirurgien des pauvres de Grez.
Pierson Charles, docteur en médecine.
Joris Guillaume, pharmacien des pauvres de Grez.
Mathot Joseph, pharmacien.
Voici d’autre part, la composition du même service en

— 268 — — 269 —
1910 :
Monsieur Victor Duchesne, docteur en médecine.
Monsieur Arthur Hardy, docteur en médecine.
Monsieur Adolphe Lacourt, pharmacien.
Monsieur Le Lorrain Edmond, pharmacien.
Monsieur Elie Servais, pharmacien.
Depuis de longues années le service d’inspection des
viandes est assuré par Monsieur Jean Crikeler, médecin
vétérinaire
1
.
A signaler la présence toute nouvelle d’un chirurgien
dentiste en la personne de Monsieur Paul Hanquet.
Nous notons par ordre chronologique les noms de
quelques sages-femmes qui ont desservi et qui desservent
de nos jours notre commune : Lucie Jacqmot, Julienne
Lacourt, Louise Feron, Juliette Lacourt à Grez, Sidonie
Scaux et Bertha Saublens à Doiceau.
LA DISTRIBUTION D’EAU.
Au cours du dernier siècle, l’Administration communale
s’efforça d’alimenter nos différentes sections en eau potable.
En 1859, nous notons l’ouverture de cinq puits
communaux et de deux réservoirs.
En 1907, établissement de la première section de la
distribution d’eau. Messieurs Raymakers, Vigneron et
Maricq en sont adjudicataires pour la somme de 25.220
1. Ce service était assuré par avant par Jossart, maréchal expert.
Le pharmacien Nonnet à précédé Le Lorrain Edmond.
frs. M. Octave Decreux et adjudicataire des deux autres
sections.
En 1931, extension du service des eaux aux hameaux de
Gastuche et Doiceau.
L’ÉCLAIRAGE PUBLIC.
Notre éclairage n’a pas toujours été ce qu’il est de nos
jours.
En 1874, ordre est donné de placer deux réverbères dont
un à la maison Delwiche et l’autre à celle de Prosper Louis.
En 1890, l’éclairage local était composé de 28 réverbères
à pétrole.
Le 15 septembre 1913, nous assistons à la signature du
contrat passé entre la commune, d’une part et Monsieur
Léon Devroye, d’autre-part, à l’effet d’installer un réseau
électrique à Grez-Centre. La durée du contrat était de
trente années à prendre cours le 1
er
novembre 1913.
En 1924, le précédent contrat étant résilié,
l’Administration communale conclut un nouveau contrat
d’une durée de 35 années avec la Compagnie Auxiliaire
d’Électricité, S. A., rue de la Presse, à Bruxelles. Le courant
nous est fourni par la Centrale de Hoeylaert.
NOS P. T. T.
Poste, téléphone, télégraphe, nous avons tout cela dans
notre commune.
Grez est le siège de la perception des postes. Le bureau de
perception fut successivement établi, rue du Waux-HAll,
maison appartenant actuellement au Docteur Duchesne;

— 270 — — 271 —
puis sur la place, petite maison Degeneffe, à la maison
Gravy; au pont de La Barre, maison Lacourt Adolphe et au
Chauxfour, son emplacement actuel.
Neuf facteurs desservent deux fois par jour la commune
et les environs. Pour le centre, la première distribution se
fait le matin vers 7 heures, l’après-midi, vers 2 heures.
Le bureau télégraphique est installé à la Poste et à la gare
de Gastuche. Le libellé peut être transmis par téléphone. La
remise des télégrammes se fait par porteur vélocipédique.
Les appareils téléphoniques se multiplient dans notre
commune. Le téléphone public a été installé à Grez en
1911. Actuellement la commune compte environ 140
abonnés particuliers.
LE BUREAU DE BIENFAISANCE.
Le comité de bienfaisance date de 1832.
Il se forma à Grez sous les auspices de l’autorité
communale. Il avait pour but, l’extirpation de la mendicité
au moyen de souscription mensuelles. Ces souscriptions
étaient totalisée et réparties d’après les besoins des
indigents.
Nous présentons à nos lecteurs, le budget du bureau de
bienfaisance pour l’année 1859. Il aidera à concevoir ce
qu’était et ce que reste encore de nos jours cette œuvre si
généreuse et si bienfaisante.
Nombre de familles secourues : 223
Nombre de personnes secourues : 1028
Recettes extraordinaires 2851,92 frs
Recettes ordinaires en argent 8020,55 frs
Fermage des biens ruraux (44 Ha 88 a) 6992 frs
Location de chasse 8 frs
Rentes et capitaux placés 960,55 frs
Recettes en nature : 50 litres de froment, 7 Hl, 96 litres 50 cl
de seigle.
Dépenses extraordinaires 4227,70 frs
Dépenses ordinaires 6743,67 frs
Secours, pensions 3227,72 frs
Soins médicaux 1700 frs
Instruction 1275 frs
De nos jours, la même institution se prodigue encore en
secours, là où la misère et l’adversité ont frappé.
C’est une belle œuvre
1
.
NOTRE BIBLIOTHÈQUE PUBLIQUE.
Ancienne déjà, elle était établie aux deux écoles
communales du centre, et au hameau de Hèze.
L’administration communale actuelle en a complètement
réorganisé le service et l’importance. Un grand nombre
de libres ont été acquis. Un soin est un dévouement
particuliers sont apportés à la distribution hebdomadaire,
de quantités d’ouvrages à la fois récréatifs et instructifs;
l’utile est ainsi joint à l’agréable
2
.
1. Elle a nom actuellement d’Assistance publique.
2. La bibliothèque est subsidiée.

— 272 — — 273 —
VIII. INDUSTRIES D’HIER ET D’AUJOURD’HUI
Nous avons déjà à maintes occasions entretenu nos
lecteurs de la carrière à grès située près du moulin banal.
En 1839, Huyttens de Beaufort, propriétaire de
l’exploitation, conclut une convention avec Devroye,
meunier du Pirroir, à l’effet de faire une reprise d’eau à
l’aval de décharge du Train, en amont du moulin. Sur cette
chute, il fit monter une roue qui activait deux pompes
destinées à assécher la carrière.
En 1856 cette industrie avait cessé toute exploitation.
Elle fut cependant reprise par la société Ruelle et Cie, puis
pas G. de Leemans et Cie.
De nos jours il n’en reste qu’une étendue d’eau, calme et
profonde.
Vers le milieu du siècle dernier, l’extraction de la craie
était en sensible décroissance dans notre commune. Nos
puits s’épuisaient. On en pratiqua de nouveaux sur le
versant méridional des Lowas vers l’ancien bois des Vignes,

— 274 — — 275 —
dans la direction de la commune de Biez.
En 1860, on ne comptait guère plus de deux puits et
trois chauxfours
1
.
Voici quels étaient, vers 1880, les noms des principaux
«lapotis» de Grez.
Bernard Duquaine et fils à Lambais.
Courtois Norbert à Grez.
Daix Grégoire, dit le Blouquié.
Delfosse frères, autrement dits Coleau Delfosse, à
Lambais.
Hanquet Frères, à Lambais.
Lacourt, dit Cocohe, au Pont d’Aulin.
Maricq, dit Panot, au Chauxfour.
Maricq Jean, dit Fastré.
Raaff, à Grez.
Vers 1900, nous assistons aux derniers soubresauts de
notre principale industrie locale.
Nous avons parlé en maints endroits du moulin banal.
A ce moulin a succédé pendant quelques années,
une fabrique de clous. Enfin, par arrêté du 3 août 1855,
l’établissement d’une filature est autorisé à Messieurs Du
Monceau Frères.
Cette usine était activée par une roue hydraulique
située sur le Train et développant une force de 12 chevaux.
On y fabriquait annuellement de 7 à 8000 paquets de 5
écheveaux chacun. L’exploitation occupait quelques 60
1. Les derniers puits servent actuellement de champignonnière.
ouvriers et ouvrières.
L’établissement était éclairé au gaz
1
.
En 1830, on élevait le vers à soie dans le domaine
dépendant du château de Grez et appartenant à Huyttens
de Beaufort. A cette fin, on pouvait y rencontrer les variétés
de mûriers que voici :
8000 mûriers à fruits blancs de 8 ans, de 6 pieds de h.
8000 idem de 6 ans, de 4 idem.
2000 idem de 2 ans, de 1 idem
6000 idem rose de 4 ans, de 3 idem
6000 mûriers à fruits roses de 2 ans, de 1 idem
En 1834, par arrêté du 20 septembre, nous assistons à
la création d’une papeterie à Gastuche par Jean-Baptiste
Devroye, bourgmestre d’Ottembourg.
Elle fut construite à l’emplacement de l’ancien moulin
de Loucsart.
Voici à titre purement documentaire copie du compte
rendu de la séance communale, siégeant à l’effet de
délibérer sur la demande formulée par le sieur Jean-
Baptiste Devroye, bourgmestre d’Ottembourg, tendant à
pouvoir ériger un moulin à papier sur la Dyle, au hameau
1. Cette industrie a été déplacée plus tard à Bonlez.

— 276 — — 277 —
de Gastuche, sous Grez-Doiceau.
Présents, Messieurs,
Rayée, bourgmestre, Huyttens, Loicq, assesseurs.
Mamarre, Godard, conseillers communaux.
L’an mil huit cent trente-quatre, le vingt juin à 6
heures du soir, le Conseil communal de Grez-Doiceau,
réuni extraordinairement sur la convocation par écrit du
bourgmestre d’Ottembourg, tendant à pouvoir ériger un
moulin à papier sur la Dyle, au hameau de Gastuche sous
Grez-Doiceau.
Vu le croquis figuratif des localités.
Vu l’arrêté royal du 31 janvier 1824.
Vu le certificat du garde-champêtre de Grez-Doiceau
constatant qu’une copie de cette demande a été affichée
pendant 23 jours sur la maison commune de Grez et à
Gastuche chez Loicq contenant en outre l’invitation
aux intéressés à adresser leurs réclamations écrites au
bourgmestre de Grez-Doiceau dans le même espace de
temps.
Vu le procès-verbal d’information de commodo et
incommodo rédigé par le sieur Maricq, commis à cette fin
par monsieur le commissaire du district de Nivelle.
CONSIDÉRANT
qu’aucune opposition n’a été faite, ni à l’autorité locale ni
au commissaire spécial, contre l’établissement du moulin
dont il s’agit
que cette érection d’ailleurs sera utile et avantageuse à
la commune
Est d’avis
qu’il y a lieu d’accorder à Monsieur Devroye,
l’autorisation qu’il sollicite.
Fait et clos, en séance du Conseil communal de Grez-
Doiceau, les jours, mois et an susdits.
(suivent les signatures).
En 1837, la papeterie devint la propriété de la société
Mathieu-Nélis et compagnie. La dite année, on y établit
une machine à vapeur d’une puissance de six chevaux et
une chaudière destinée au chauffage des eaux nécessaires
à la fabrication.
En 1859, la papeterie était actionnée par une roue
hydraulique sur la Dyle, développant une puissance de
25 chevaux et par cinq chaudière à vapeur alimentant des
machines d’une force totale de 75 H. P.
La machine continue n° 1 a été installée en 1859 - puis
démolie en 1881 - remplacée, ensuite en 1882. Fournisseur
Dautrebande et Thiry à Huy.
La machine continue n° 2 a été placée en 1869, aussi par
le constructeur précité; la machine continue n°4, en 1894,
par le constructeur Ed. Chantrenne de Nivelles. Toutes
ces machines ont subi, depuis, toutes les modifications
répondant aux progrès du jour. La machine à vapeur,
actionnant actuellement la papeterie, développe une

— 278 — — 279 —
puissance de 1000 chevaux.
L’usine occupait 190 ouvriers. Elle était éclairée au gaz,
Actuellement les papeterie de Gastuche, sans compter la
division de Basse-Wavre, occupent plus de 350 ouvriers.
Le modernisme de leurs procédés de fabrication, comme
la qualité exceptionnelle de leurs produits, les mettent au
rang de nos grandes usines belges.
Disons un mot de la culture du tabac, très répandue
dans notre localité vers 1835.
L’étendue du terrain employé à cet usage était d’environ
10 Ha. Le nombre de planteurs et de plantations s’élevait
à quelque cinquante. Le produit annuel des récoltes était
approximativement de 15.000 kilogrammes, dont le prix
pouvait varier de 30 à 50 frs. les 100 kilos.
Par contre, on ne disposait d’aucune terre pour la culture
de la betterave sucrière.
En 1853, le moulin de Grez ou moulin Maricq fut établi
sur le Train au lieu dit La Barre. Il était mu par une roue
hydraulique dont la retenue était à l’altitude de 42m 78. Il
avait deux paires de meules à farine. Il avait remplacé un
pressoir à l’huile. Un même pressoir était établi au lieu dit
«trou à l’Huile».
Par un arrêté du 17 décembre 1862, l’établissement d’un
moulin fut autorisé à Lambais au profit du sieur Bataille.
A la suite de nombreuses réclamations des habitants,
provoquées par les inondations occasionnées par la
retenue d’eau du dit moulin, le Conseil communal, dans
une séance de l’an 1872, résolut la suppression du barrage
du moulin de Lambais, dénommé moulin Bataille
1
.
La même année, nous assistons à l’installation d’une
tannerie corroierie, près du pont du noir Trou.
Dans un exposé antérieur, nous avons déjà fait mention
de quelques brasserie installées dans notre commune. Nous
ajouterons à celles mentionnées, la brasserie Duchesne à
Lambais.
Un marché public était jadis instauré sur la place
communale du village. Il avait lieu le mardi de chaque
semaine.
Voici quels étaient, en 1878, les droits de place mis en
vigueur sur le dit marché.
Pour un petit panier, 5 cm. Pour un grand panier, 10
cm. Pour un lapin ou un lièvre, 10 cm. Pour une couple de
volaille, 10 cm. Pour toute autre denrée, marchandise, etc.,
15 cm. au mètre carré.
La même année, les habitants de la commune, firent une
requête sollicitant que défense soit faite aux marchands
étrangers de vendre des marchandises autres que des
denrées, les jours de marché sur la place publique.
La commune rejeta cette réclamation.
En 1890, l’administration communale décréta un arrêté
destiné à réglementer le marché. Nous croyons intéressant
d’en donner les principaux articles.
Article I. - Le marché se fait sur la place communale. Il
est en conséquence interdit les jours de marché, d’offrir en
vente, d’acheter et de payer, beurre, œufs, volaille, gibier,
1. Il fut cependant exploité par après par Jules Looze.

— 280 — — 281 —
légumes, ailleurs que sur la place publiques.
Article II. - L’ouverture du marché aura lieu : en avril,
mai, juin, juillet, août et septembre à 6 heures du matin.
Les autres mois, à 9 heures. Aucune vente ne peut se faire
avant l’heure d’ouverture qui sera annoncée au son de la
cloche.
Article III. - Les vendeurs se tiendront sur les bancs aux
places indiquées par le concessionnaire du marché ou les
gardes-champêtres de service. Toute désobéissance sera
punissable.
Article IV. - Le beurre sera pesé dans le bâtiment
communal, construit à cet effet.
Article V. - Le marchand qui se croyait lésé sur le
poids, aura le droit de faire vérifier immédiatement sa
réclamation par le garde-champêtre de service.
Article VI. - Le droit de pesage est de 1 cm par 1/2 kgr
jusque 5 kgr et un demi-centime au 1/2 kgr au-dessus. Le
droit de place est ainsi fixé. Pigeon, la couple 0,05 cm. et
au delà 0,10 cm n’importe quel nombre. Un petit panier
0,05 cm. Un grand panier 0,10 cm. Un lapin, un lièvre
0,10 cm. Par porc vendu, 0,05 cm.
Ces droits sont perçus par le concessionnaire du marché.
Il pourra se servir d’une marque quelconque pour
s’assurer du paiement.
Le marchand qui achètera du beurre non marqué au
pesage sera ainsi que le vendeur, passible des peines de
contravention.
Les étrangers à la commune qui viendront vendre sur la
place d’autres marchandises que des denrées alimentaires
paieront chaque fois une taxe de 0,50 cm.
Enfin, après maintes sollicitations des négociants de
l’endroit, on vit notre marché du mardi lentement péricliter,
pour disparaître tout à fait par la suite.
Par un arrêté communal du 6 mars 1912, le conseil
municipal essaya, mais en vain, de faire revivre notre
traditionnelle foire hebdomadaire.
Il subsiste encore de nos jours un simulacre de marché.
Les cultivateurs qui ne vendent pas leurs produits au
marché de Wavre, les écoulent le plus souvent contre
marchandises chez les quelques boutiquiers de l’endroit
1
.
En 1899, nous assistons à la création de la scierie, les
Ateliers de Grez-Doiceau. Les actionnaires de cette société
anonyme étaient MM. Edouard Beauthier, Benoit Émile,
Courtois Félix, Dubois Ernest, Englebert Jules, Lacourt
Victorien, Charles Laurent.
Elle prit par après la dénomination que voici : Les
Nouvelles Scierie de Grez-Doiceau. Elle devint enfin la
propriété privée de Monsieur Odon Hizette qui la céda,
il y a quelques années, au propriétaire actuel, Monsieur
François Bosmans.
En 1915, nous assistons à la construction à Gastuche de
1. Un marchand se tient à la disposition des particuliers le mardi
matin chez M. Victor Boulanger.

— 282 — — 283 —
l’usine destinée à fournir la ouate thermogène.
Ce vaste établissement occupe de nombreux ouvriers des
deux sexes. Comme les papeteries, il est appelé à prendre
un essor considérable. C’est heureux pour nos générations
d’aujourd’hui d’abord, de demain ensuite.
Disons encore un mot de l’industrie hôtelière de notre
commune, représentée si avantageusement.
Nos sites enchanteurs, qui rappellent à beaucoup nos
Ardennes, nous valent chaque année la visite d’un grand
nombre d’excursionnistes. Nous en attendons toujours
davantage, c’est dire le souci apporté par nos hôteliers à
pourvoir leurs «Hostellerie» du dernier confort, qui leur
vaut tant d’éloges et tant de renom. Nous signalons par
ordre alphabétique, l’hôtel Beau-Séjour et l’hôtel Pensis.
L’un et l’autre, reçoivent en tous temps, mais
principalement en saison, une clientèle aussi sélecte que
nombreuse.
Grez, nous disait un sage, c’est l’enchantement continuel,
et il avait raison.
Notre village compte un certain nombre de rentiers
habitant soit des châteaux, soit des villas de coquette
apparence, souriant dans des décors de verdure. Ce sont
les rares.
La majorité de notre population est laborieuse et
diligente.
Ce sont des commerçants siégeant dans des magasins
spacieux et abondamment fournis.
Ce sont des cultivateurs robustes, amis de la terre et des
oiseaux, attachés au sillon comme à la vie.
Ce sont des ouvriers, heureux à l’usine, heureux surtout
à l’ombre de la maisonnette construite au bord du lopin
de terre qu’ils ensemencent à la vesprée, de la sueur que le
travail de l’atelier a épargnée.
C’est enfin cette pléiade d’employés et de fonctionnaires,
travailleurs de l’esprit, travailleurs du savoir, que la grande
ville fascinante attire chaque jour.
Oui, Grez, c’est tout cela.
«Le travail est un trésor» n’a jamais été démenti par
nous, c’est d’ailleurs pour conserver ce trésor qu’il apporte
chaque jour, que deux banques se sont installées dans
notre commune.

— 284 — — 285 —
IX. NOS SOCIÉTÉS D’AGRÉMENT
Parlons tout d’abord de notre doyenne d’âge, la Société
Saint Georges.
Nous en avons déjà, à diverses reprises, entretenu nos
lecteurs. Reprenons donc son histoire là, où nous l’avons
laissée en souffrance.
On sait que la Guilde avait été supprimée sous la
domination hollandaise.
Après 1830, elle fut rétablie. Elle végéta jusqu’en
1845, époque à laquelle quelques notables de l’endroit le
rétablirent sur des bases nouvelles. Nous n’avons pas trace
de ce règlement. Nous savons cependant que les membres
ne s’occupaient plus de tir. Ils offraient de temps en temps
un carrousel, dont le succès, comme nous le verrons, fut
de courte durée.
La société avait pourtant conservé quelques usages
anciens. Les membres étaient obligés d’assister, sous peine
d’amende, aux funérailles d’un des leurs. De même, la

— 286 — — 287 —
Guilde faisait chanter une messe de Requiem à la mémoire
du disparu.
Elle conserva encore l’antique tradition de planter un
«mai» au mayeur, au curé et au président de la société.
La corporation ainsi reconstituée ne porta plus son
ancienne dénomination, le serment n’étant plus en usage,
elle s’appela simplement «Société Saint Georges».
Le dernier survivant du «vieux serment», l’huissier
Latour, décédé en 1863, avait conservé le drapeau, la lance,
le tambour, desquels nous avons fait mention.
La nouvelle société voulut rentrer en possession de ces
précieuses reliques; le détenteur s’y refusa pour la bonne
raison que la prestation du serment avait été abolie. L’avocat
Latour, son fils, fit don de ces vestiges d’un cher passé au
Musée de la porte de Hal.
Nous verrons comment la Société Saint Georges, aidée
puissamment par Arthur Maricq, rentra en possession de
ces vieux souvenirs.
La corporation se trouvant désormais sans drapeau,
l’achat d’un emblème fut résolu. Il fut confectionné par
Jean-Baptiste Rigaux, tailleur à Grez. Il était de soie
rouge frangé d’argent. L’écusson central était peint, il
représentait saint Georges terrassant le dragon. C’était
l’œuvre de Hubert Henneberg, précepteur des enfants du
duc de Looz-Corswarem et ancien conservateur du Musée
d’histoire naturelle de l’Université de Louvain.
En 1849, la fête de Grez était encore célébrée le premier
dimanche de mai, le jour de la saint Marcoul. La population
pétitionna auprès de l’Administration communale à l’effet
de faire coïncider, comme par le passé, la fête Saint-Georges
avec la fête du village. La demande fut agréée. Comme on
le sait, la société prenait, et prend encore une part active à
la procession.
Voici ce qu’en dit A. Cosyn dans son ouvrage : Le Brabant
Inconnu :
«La Société Saint Georges y invite par voie d’affichages
les habitants de la commune et des environs. Tous les
amateurs sont admis sans condition aucune. Les cavaliers
attendent sur deux files devant le premier reposoir, la
bénédiction du Saint Sacrement. Le commandant de la
société organisatrice a soin de maintenir l’ordre dans le
défilé et il crie : «chapeau bas», au moment où l’officiant
va donner la bénédiction. Tandis que la procession
parcourt son itinéraire accoutumé, les cavaliers décrivent
autour d’elle, un vaste cercle et reviennent à temps au
même endroit pour recevoir au retour de la procession une
seconde bénédiction.
Cette solennité était autrefois un hommage rendu
à Saint Georges dont on implorait dont on implorait la
protection en faveur des chevaux.
De nos jours c’est un simple divertissement»
Tandis que les cavaliers accomplissent leur périple, les
membres effectifs de la société, insigne à la boutonnière,
escortent la statue de Saint Georges.
Cette statue en bois est déjà ancienne. Saint Georges est

— 288 — — 289 —
représenté à cheval, il perce de la lance un dragon terrassé.
Voici ce qu’en dit Schepers dans la revue Wallonia
1
.
«La monture était d’abord un fougueux étalon, mais
l’ancien curé Dubois, mu par un étrange scrupule, lui fit
subir une ablation humiliante, qui actuellement, pourrait
laisser douter du sexe de l’infortunée bête.»
En 1880, la société fit l’achat d’un nouveau drapeau, aux
ateliers Denis de Bruxelles. Le motif ornemental avait été
tracé par l’abbé Eugène Maricq.
Le carrousel qui avait été restauré en 1845, fut supprimé
50 ans après, l’année qui vit la célébration du cinquantenaire
de la reconstitution de la société. De nombreuses festivités
marquèrent cette date heureuse.
Beaucoup de Gréziens ont encore en mémoire le sinistre
incendie qui consuma la demeure de madame Colette,
sise sur la grand’place du village. C’était en 1903. Les
deux étendards qui étaient confiés aux soins de la dame
dénommée, devinrent la proie des flammes.
Un souscription publique fut organisée à l’effet
d’accorder à la Société Saint-Georges, les possibilités
d’acquérir un nouvel emblème. Le drapeau fut fourni par
les mêmes ateliers Denis de Bruxelles. L’étoffe de soie, aux
couleurs de Grez, bleue, blanc, rouge, est ornée de grappes
de primevères sur les bords et dans les coins. L’effigie de
Saint Georges garnit le centre de l’étendard. On y lit, sur
deux banderoles, les inscriptions : 1312-1904, surmontées
1. Wallonia, 13 juin 1899.
de la couronne royale de Belgique.
Ce drapeau fut bénit solennellement le 17 avril 1904.
Nous avons relaté cet événement au cours d’un de nos
exposés antérieurs.
Nous savons que l’avocat Latour avait légué au Musée de
l’état des objets ayant appartenu à la Société Saint Georges.
Arthur Maricq, l’éminente personnalité grézienne fit
tant, qu’il rentra en possession des précieuses reliques.
En effet, le 21 avril 1906, le ministre Van Der Bruggen,
annonçait la restitution des biens ayant appartenu à notre
antique corporation. En retour, Arthur Maricq donna à
l’État les objets que voici :
Une affiche du gouvernement provisoire du 26 septembre
1830.
Une dépêche du gouverneur du Brabant, F. de Coppin
du 9 août 1831.
Un manifeste de l’association belge.
Une affiche anniversaire des journée de septembre 1830.
Une croix de bronze provenant de l’abbaye de Beausart.
Un parchemin relatif à la même abbaye.
Deux haches en silex poli, provenant du plateau des
Lowas.
Un vase du moyen-âge trouvé près de Grez.
Un fragment en bronze d’un bas relief égyptien.
Le 18 juillet 1921, un évènement heureux mettait en
liesse tous les vrais Gréziens. Le Roi accordait à la Société

— 290 — — 291 —
Saint Georges le titre de Société royale.
L’année suivante, notre Guilde reprenait sa dénomination
antique de «Grand Serment Royal de Saint Georges».
Le 1
er
octobre 1913, toute la société était endeuillée par
la mort de son très actif secrétaire, Edmond Le Lorrain.
Avec lui s’éteignait une de ces vieilles figures, faite toute
de sympathie. Le mal eût été sans remède, si le maître
n’eût sons disciple en la personne de Monsieur Charles Le
Lorrain, notre très actif secrétaire actuel.
Le fils est ce que fut le père, c’est tout dire.
Mais voici la guerre. Nous rappellerons en temps
opportun les hauts faits ! de nos envahisseurs. Qu’il nous
suffise de signaler que la société fut très éprouvée par la
tourmente. Les Allemands brûlèrent en effet le vieux
étendard et enlevèrent le tambour, la pique et divers objets
ayant appartenu à la corporation.
Le tambour et la pique furent retrouvés dans le fossé
faisant face à l’hospice Thumas. Nous ignorons le sort
qui leur fut réservé. Le drapeau actuel de la société fut
également enlevé par les Allemands. Émile Hannon, notre
receveur communal, n’écoutant que son courage, arracha
l’emblème des mains d’un cavalier prussien. Cet acte de
bravoure lui valut les félicitations unanimes de toute la
population.
En 1922, le Prince Léopold de Belgique, acceptait la
présidence d’honneur du Grand Serment Royal de Saint
Goeorges
1
.
Mais nous n’avons pas tout dit. Notre société, si
1. Le Roi en a également accepté le patronage.
intimement liée à l’histoire de notre commune, devait
grandement s’associer aux fastueuses cérémonies du
Centenaire de notre indépendance.
N’avait-elle son feuillet dans le livre d’or du passé ;
n’avait-elle sa grande vitalité dans les épreuves du présent ?
La Guilde collabora de son mieux à la réussite de
l’Ommegang, cette magistrale reconstitution des siècles
endormis. Citons deux de nos groupes qui furent
représentés de façon si évocatrice : La réception de Notre-
Dame du Sablon par les arbalétriers de Saint Georges et la
construction de l’église du Sablon.
Enfin, avant de clore ce paragraphe que nous aurions
voulu développer davantage, mais que nous devons
forcément limiter, disons que les membres du Grand
Serment de Saint Georges s’exercent de nouveau au tir à
l’arbalète.
NOS FANFARES.
Notre société philharmonique fut fondée en 1829.
A peine constituée, elle se vit désagrégée par arrêté de
notre souverain, Guillaume d’Orange.
Elle n’était heureusement qu’assoupie - l’envahisseur
n’est jamais parvenu à tuer nos élans.
En 1838, le nombre des membres exécutants de la
fanfare était de 19, celui des membres honoraires de 14.
Elle ne recevait aucun subside communal. Elle était
simplement encouragée par quelques généreux mécènes
de l’endroit, parmi lesquels nous devons citer le Baron de

— 292 — — 293 —
Lockorst et le duc de Looz-Corswarem.
Les membres exécutants payaient mensuellement
chacun, 1 fr. 10 de cotisation, les membres honoraires 0,55
cm.
Le directeur était choisi dans une ville voisine et recevait
comme émoluments, la somme de 50 frs par mois.
En 1841, la fanfare de Grez était désignée sous la
dénomination de «Société Philharmonique de Saint
Georges». A cette époque elle n’avait participé à aucun
concours. Son président était le Prince Charles de Looz-
Corswarem; les commissaires Rayée, bourgmestre, Thumas
Jean-Charles, Pierson Louis, et Hennelerg Hubert.
Les membres exécutants étaient les suivants :
1. Grunenwald Désiré, directeur, clarinette.
2. Lacourt Désiré, instituteur, 1
er
clarinette.
3. Robert Maximilien, laboureur, ophicléide.
4. Joris Edmond, pharmacien, trombone.
5. Joris Victor, pharmacien, clarinette.
6. Coppe Désiré, sans profession, clarinette.
7. Pira Eugène, sans profession, clarinette.
8. Lacourt Théophile, sans profession, clarinette.
9. Lacourt Constant, sans profession, clarinette.
10. Thiry Constant, sans profession, clarinette.
11. Roels François, brasseur, cor.
12. Rigaux Jean-Baptiste, tailleur, cor.
13. Yernaux Jean-Joseph, cultivateur, cor à clefs.
14. Roels Victor, sans profession, petite flûte.
15. Maricq Louis, sans profession, flûte tierce.
16. Duquaine Honoré, laboureur, cornet à pistons.
17. Thiry Désiré, sans profession, trompette.
18. Rigaux Constantin, sans profession, grosse-caisse.
19. Lecapitaine Jean-Baptiste, aubergiste, cymbales.
En 1911, les société les Fanfares de Grez, reçurent
l’insigne faveur de porter le titre de Société royale.
A cette époque, Raphaël Grunenwald en était le dévoué
directeur. Cette sympathique figure grézienne fut pendant

— 294 — — 295 —
50 années, membre, puis directeur de notre société
d’harmonie.
Pour le récompenser de ses généreux services, le
souverain lui octroya le titre de chevalier de l’ordre de
Léopold II.
Monsieur Raymond Hance assuma pendant quelque
temps la direction de notre phalange.
La baguette directoriale est, de nos jours, magistralement
tenue par Monsieur Charles Devaert.
Disons, pour terminer, que la Société Royale des Fanfares
de Grez a obtenu maints prix et maints encouragements,
et que son étoile n’est pas près de pâlir. Son passé est le
meilleur garant de son avenir.
Il existe également au hameau de Gastuche une fanfare
qui célébra, il y a quelque temps, son vingt-cinquième
anniversaire. Cette phalange, très réputée déjà, est présidée
par Monsieur Arthur Pauli, son dévoué animateur.
Une société d’harmonie existait déjà à Gastuche il y a
quelques cinquante ans. Elle n’a aucune parenté avec celle
d’aujourd’hui.
NOS CERCLES SYMPHONIQUES.
Combien de société symphoniques n’avons-nous
connues ? Limitons-nous donc. Rappelons le Cercle
symphonique de Grez sous la direction de Raphaël
Grunenwald et le Cercle des XV, sous la direction de
Monsieur Nestor Hance.
NOS SOCIÉTÉS DRAMATIQUES.
Citons au passage :
La dramatique de la Société Sain Georges, local, salle
Pensis Jules.
La dramatique des Anciens Combattants, salle veuve
Defat.
La dramatique de la Fanfare, salle Siméon Masset.
La dramatique Les Riverains de la Dyle, à Gastuche,
salle Dumont.
La dramatique Les Gais Lurons, à Gastuche, salle
Gustave Van Groenderbeek.
La dramatique, Hèze s’amuse, à Hèze.
Il existait jadis à Grez, une société dramatique très
réputée, dénommée «le Cercle des étudiants», à laquelle a
succédé «Les Amis de l’Art».
NOS SOCIÉTÉ SPORTIVES.
La société cycliste, local Vandries Joseph.
La société cycliste, local Pensis Jules.
La société de Football, Grézin-Club, local Delwiche
Henri.
La société cycliste de Hèze.
La société Colombophile «Les Progrès» local Dewarichet

— 296 — — 297 —
Elie.
La jeune pelote de Gastuche.
La jeunesse sportive de Hèze.
QUELQUES SOCIÉTÉS D’AGRÉMENT.
L’espérance du Centri.
La Jeune Alliance Paysanne, donnant son bal annuel en
la salle Pensis.
X. GREZ-DOICEAU ET LA GUERRE 1914-1918
Nous réserverons quelques pages de notre histoire de
Grez, à la guerre mondiale. Nous serons cependant bref,
nous bornant à l’énumération de quelques faits marquants.
Bon nombre de nos Gréziens prirent part à la grande
épopée. Les noms de ceux qui restent et de ceux qui ne
sont plus, voisinent sur nos tables de granit. Les voici :
GREZ-CENTRE
Abeels, A. Duchesne, L. Gourgue, J.
Bricart, L. Deridder, A. Hulet, A.
Courtois, R. Detienne, R. Istas, L.
Delahaut, A. Englebert, H. Romain, R.
Devroye, T. Lebecq, J. Smets, F.
Jacqmot, A. Maricq, O. Socquet, A.
Jacqmot F. Morsaint, O. Socquet, L.
Hoslet, L.  Noël, L. Thibou, Ch. 
Hoslet, J. Pira, C.-J. Thumas, H.
Hannon, E. Pira, H.-J. Tricot, J. 

— 298 — — 299 —
Lacourt, A. Payez, F. Van Lesberghe, G.
Lacourt, L. Pensis, E. Vigneron, E.
Ladrière, A.  Raymackers, L. Englebert, J.
Lahaye, J. Riga, L. Englebert, S.
L amb eau, V. Riga, N. Lacourt, J.
Laurent, A.  Frisque, J.
Dewit, V. Goffin, F.
DOICEAU-GASTUCHE
Baes, J.-B. Dekeuster, V. Kock, A.
Baes, V. Draye, V. Lacourt, J.
B o el, V. Duquaine, H. Quineaux, G.
Boulanger, R. De Spoelbergh, Th.Saublens, L.
Bourdon, H. Englebert, O.  Vanhelwegen, E.
Buidin, J. Goffinet Zust, Z.
Bousman, J. Jaspart, M. Noël, L.
Charlet, V. Hallaux, H. Zwifluh, J.
Debouvry, A. Hottart, E. D’Ursel, W. 
Decoster, H. Heurtel, J.-B.
Degueldre, J.  Knippenberg, M.
HÈZE-MORSAINT
Benoit, E. Delvaux, F. Gilet, J.
Bonvalet, H. Delvaux, J. Lejeune, E.
Colon, V. Devroye, J. Marchal, J.
Dehut, S. Docq, J. Socquet, A. 
Delval, J.  Dive, M.
D’autres plumes plus autorisées ont chanté nos valeureux
soldats. Leur gloire et leur endurance n’est plus à célébrer.
Arrêtons-nous plutôt à notre population civile.
Le jeudi 19 août 1914, à midi, nous assistons à
l’envahissement de notre commune par les uhlans
allemands.
Beaucoup d’habitants ont fuit, laissant leurs habitations
livrées au sac. Tout était à craindre, d’autant que des fuyards
atterrés, venant de Mélin, étaient venu jeter l’effroi au sein
de notre paisible population.?
Voici copie d’une affichette que le Bourgmestre de
l’époque, le Comte Jean Du Monceau de Bergendal avait
fait placarder à maints endroits de la commune.
Certains lecteurs s’offusqueront peut-être de revoir ce
texte allemand, qui provoqua tant de commentaires. Si
nous le reprenons à notre tour, c’est pour louer la grande
psychologie de notre vénéré et regretté mayeur. Le proverbe
: «On n’attrape pas des mouches avec du vinaigre» n’a
jamais été si bien mis en relief. Nous n’avons qu’à nous
louer de ce geste, d’autant que ce qui est arrivé à maintes
communes voisines, nous était tout aussi bien destiné. Cet
acte, uniquement humanitaire était donc à la fois, œuvre

— 300 — — 301 —
de diplomate.
Burgemeister und die Einwohner
von den Döefern Grez-Doiceau, Hèze,
Mosaint, Gastuche, vollständig ent-
waffnet, bitten höhflichst üm scho-
nung. Die Bevolkerùng hat den fes-
ten vorsatz genommen sich ruhig
ùnd stiel zu benehmen.
Der Burgemeister
Comte Jean du Monceau de Bergend
1
al
Le 26 septembre 1914, Monsieur Ernest Thibou est
nommé Commissaire de police de Grez-Doiceau.
Le 5 novembre l’administration communale arrête ce
qui suit :
«A date de ce jour, considérant que dans l’intérêt de
l’alimentation publique, il y a lieu de prendre des mesures
urgentes pour assurer aux habitants les produits nécessaires
à leur subsistance. Il est interdit à tout particulier de
céder à qui que ce soit, du froment, de la farine, du pain
1. Le bourgmestre et les habitants
des villages de Grez-Doiceau, Hèze,
Morsaint, Gastuche, ont entièrement
désarmé et demandent le plus
courtoisement la modération.
La population a pris la ferme
intention de se comporter
calmement et tranquillement
Le Bourgmestre
ou des pommes de terre, sans une autorisation écrite de
l’Administration communale.
En 1915, le Comité de secours crée un service de
ravitaillement. Monsieur Linthout François est chargé du
dit service.
Le Comité de secours, à qui la population de Grez doit
tant de reconnaissance, était composé de la façon suivante
:
MM. Louis de Spoelberch.
Lamort, directeur des papeteries.
François Linthout.
Ernest Dubois.
Jacques de Kuyper de Willens.
Gustave Hallaux.
Edouard Beauthier.
Frédéric Decock.
Charles Le Lorrain.
Émile Lacourt.
Constant Daix, ancien facteur.
Divers particuliers firent à la caisse du ravitaillement des
prêts, destinés à permettre l’achat de denrées qui devaient
être mises à la disposition de la population.
Le 15 mai 1915, le bourgmestre de Grez envoyait à tous

— 302 — — 303 —
les anciens militaires de la commune, la lettre suivante :
Monsieur,
J’ai l’honneur de vous informer de ce qu’il s’est constitué
à Louvain, sous la présidence de monsieur le notaire
Roberti, un comité ayant pour but d’envoyer des vivres et
du linge aux prisonniers belges en Allemagne.
Ce comité insiste auprès des bourgmestres pour qu’ils
organisent dans leur commune cette œuvre de patriotisme.
Il semble que le cercle des anciens frères d’armes existant
dans la commune est tout indiqué pour prendre la direction
de ce comité. A cette fin, je vous prie de bien vouloir vous
trouver le dimanche 16 courant à 10 heures du matin en
la salle de l’hôtel de ville.
Persuadé que vous prendrez à cœur la situation de nos
concitoyens exilés, veuillez agréer, Monsieur, l’expression
de mes sentiments distingués.
Ct Jean du Monceau de Bergendal.
Les anciens frères d’armes obéirent nombreux à l’appel.
Un bureau fut constitué sous la présidence d’honneur du
Comte du Monceau. Il était ainsi composé :
Président : Arthur Hardy.
Secrétaire-trésorier : Ernest Thibou.
Membres : MM. Hubert Thumas, Joseph Demaret,
Henri Goffin, Gustave Hermand et Siméon Masset.
Des listes de souscription furent présentées au public
à Grez, par Messieurs Goffin, Demaret et Duquaine, à
Morsain par Grunenwald Raphaël, à Gastuche et Doiceau,
par Messieurs Goffin et Demaret.
Les sommes amassées servirent à l’achat de vivres et
d’objet d’habillement destinés à nos prisonniers militaires
incarcérés en Allemagne.
Ce Comité de secours acquit par la suite une grande
extension.
Ajoutons que les deux animateurs de cette œuvre si
méritante, furent Messieurs Thibou Ernest et Arthur
Hardy.
En mars 1916, nous assistons à l’établissement d’un
magasin communal d’épiceries et autres objets de
consommation, dans la maison occupée par Firmin
Hanquet.
Joseph Chapelle et Monsieur Émile Denayer sont
chargés de cette entreprise.
Le Conseil communal fixe à 3000 frs (une action par
1000 habitants, plus une action pour le millier incomplet)
sa souscription dans cette organisation. Un souscription
publique est ouvert à cet effet. Monsieur Dubois,
receveur communal est chargé de recevoir le montant des
engagements pour lesquels, il sera payé un intérêt de 4 ½%
jusqu’après la guerre.
En juillet 1916, nous assistons à l’établissement du
service des patrouilles. Celle-ci sont composées de douze
chômeurs désignés par le Bourgmestre.
Le même mois, une commission locale des récoltes est

— 304 — — 305 —
constituée. Elle est formée de deux cultivateurs possédant
plus d’un Ha de terre : Jacqmot Joseph et Hanquet Firmin.
De deux cultivateurs possédant moins d’un Ha de terre,
Messieurs François Maricq et Louis Daix;
De deux consommateurs : Messieurs Lacourt Oswald et
Thibou Ernest.
Le 17 novembre de l’an 1916, l’affiche suivante était
placardée sur les murs de la commune :
AVIS
«Tous les hommes de plus de 17 ans à 55 inclus de la
commune de Grez-Doiceau, sont tenus de se trouver le 17
novembre 1916 à 11 heures du matin (h. all.) à Jodoigne, au
marché. Le bourgmestre devra être présent. Les intéressés
devront être porteurs de leur certificat d’identité et, le cas
échéant, de leur carte de contrôle (Meldekarte).
Il est permis d’apporter de petits bagages à main.
Ceux qui manqueront au contrôle seront immédiatement
transportés, sans délai et par voie de contrainte, aux
lieux où ils devront travailler. En outre, on pourra leur
appliquer de fortes peines d’emprisonnement et des
amendes élevées. (Les ecclésiastiques, les médecins, les
avocats, les instituteurs et les professeurs ne doivent pas
venir au dit contrôle.)
Ottignies, le 3 novembre 1916.
Der Kaiserliche Kreischef
von Nivelles
(s) Graf von Schwerin.
Voici en quels termes, Monsieur Louis Hingot retraçait
dans un de ses discours, l’inoubliable exode de nos civils
vers l’esclavage :
«Souvenez-vous de ce matin tragique de novembre 1916
où sous 15° nous dûmes, tel un troupeau éperdu, nous
rendre à Jodoigne et où, parmi les lamentables scènes de
désespoir, nous vîmes surgir ce grand vieillard (le Comte
du Monceau) qui, n’ayant pas voulu nous abandonner,
venait ranimer nos forces anémiées, en nous servant de
rempart contre l’épidémie grise...
«Nous manquerions à un grand devoir : Celui de ne
pas rendre un hommage public à nos médecins : Messieurs
Hardy et Duchesnes, au Commissaire Ernest Thibou, au
regretté notaire Beauthier, à M. Hallaux et à sa vaillante
fille, à Madame de Kuyper deWillens et d’autres qui
luttèrent pied à pied contre les vautours et sauvèrent nos
frères de la Déportation».
Malgré tant de dévouement, bon nombre de nos

— 306 — — 307 —
concitoyens furent envoyés en Allemagne.
Nous citons :
POUR GREZ-CENTRE
Coppe, R. Vandenborne, H.
Lacourt, A. Vandenborne, E.
Lebrun, J.-B. Vandenbeck, E.
Maricq, J. Vanuytrecht, F.
Maricq, M.
POUR HÈZE ET MOSAIN
Abs, J.-B. Lacourt, J.-B.
Charlet, E. Marchal, A.
Colon, G. Spreutels, F.
Delongueville, O. Spreutels, L.
Demol, M. Staquet, A.
Gauvens, A.
VICTIME CIVILE
Duquaine, J.
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Le 9 mai 1917, par ordre de l’autorité allemande, des
affiches dont voici la teneur tapissaient les murs de la
1. Ce dernier a été tué lors de l’armistice par un soldat allemand.
commune entière.
COMMUNE DE GREZ-DOICEAU
Il est porté à la connaissance des habitants :
L’administration des chemins de fer demande des
ouvriers forts et en bonne santé (hommes de métier et
terrassiers) pour le travail en Belgique. Elle leur assure
logement et nourriture et en outre, un salaire journalier
pouvant aller jusqu’à 7 marks pour les terrassiers et 8
marks pour les hommes de métiers et même davantage.
On se fait inscrire chez le bourgmestre de la commune
ou à la Kommandanture jusqu’au 20 mai.
Grez-Doiceau, le 9 mai 1917.
Le ff. de Bourgmestre,
F. Lacourt.
Ces affichent furent placardées le 9 mai dans la soirée.
Le lendemain, il n’en restait aucune. Quelques patriotes
avaient obéi à l’appel, non de l’administration des chemins
de fer, mais uniquement à leurs sentiments de Belges.
En février 1918, le Comité de Secours décide de louer
et de mettre en culture quelques hectares de terre destinés
à la plantation de féculents réservés à l’alimentation de la
population.
Au mois d’avril de la même année, l’ancien sceau

— 308 — — 309 —
communal dont l’emploi avait été autorisé par arrêté royal
du 3 mai 1903, est livré à la Kommandanture de Wavre sur
réquisition de l’autorité militaire allemande.
En août 1918, la commune est condamnée à une
amende de 9800 marks pour insuffisance de la production
de beurre.
L’année de l’armistice et de la glorieuse libération
amena dans notre commune maints réfugiés français.
Plusieurs y décédèrent. Un monument à leur mémoire
fut élevé au cimetière. Voici comment des réfugiés eux-
mêmes caractérisèrent l’accueil qui leur fut réservé par
nos populations.
«Les habitants de la ville de Tourcoing, évacués
volontairement sur la France, expriment leurs
remerciements les plus cordiaux et toute leur reconnaissance
à Messieurs les membres du Conseil communal de Grez-
Doiceau pour l’accueil si sympathique qui leur a été fait
pendant leur séjour dans la noble Belgique. Ils prient ces
messieurs du Conseil de vouloir être leur interprète près
de tous les habitants, sans exception aucune, riches ou
pauvres qui tous ont eu à cœur de nous manifester leur
sympathie.
Grez-Doiceau, le 15 janvier 1918.
Date de votre départ.
Suivent les signatures.
A l’armistice, la commune hébergea avec le même
empressement et la même amabilité les troupes canadiennes
et écossaises.
Pendant toute la durée de l’occupation, il est à noter que
la population civile ne se départit pas un seul instant de sa
bonne humeur et de ses nobles sentiments de patriotisme.
Citons un fait-divers débordant de saveur.
C’était le 21 juillet 1915.
Des ordres avaient été donnés à l’effet d’interdire toute
manifestation.
C’était trop demander à nos Gréziens.
Madame Verhaegen de Nayer, celle à qui une main
indigente ne s’est jamais adressée en vain, et aussi celle
qui incarnait toutes les qualités du peuple belge, résolut
d’enfreindre l’ordre formel de la Kommandanture.
D’un commun accord avec le Commissaire Ernest
Thibou et Monsieur Ernest Dubois, une manifestation fut
décidée pour le lendemain au Franc-Moulin.
Cinq cents cartes d’invitation furent imprimées et
distribuées la nuit par MM. Joseph Baudot, Siméon De
Brakelaer et la police communale de Hèze et de Gastuche.
Le 21 juillet un fort contingent de Gréziens assistait
enthousiaste à l’émouvante cérémonie.
Chacun devait apposer sa signature au bas d’un
parchemin, afin de perpétuer dans le souvenir cet exploit
peu ordinaire. Quelques noms étaient à peine tracés, qu’un
cri répété par cent bouches, jaillissait, empreint d’effroi :

— 310 — — 311 —
Les Uhlans !!!...
Débandades, escalades, agrippades...
La place fut balayée en quelques secondes pour ne livrer
le passage qu’à deux paisibles soldats allemands en rupture
de caserne. Le parchemin jeté par-dessus une commode
ne fut jamais retrouvé. Cet épisode vaudevillesque fit
beaucoup rire
1
.
Qui ne se rappelle également les pommes de terre
pourries, lancées sur un bataillon allemand, en revue sur
la place de Grez.
Maintes personnalités, ajoutées à celles dont nous avons
déjà entretenu nos lecteurs, méritent une mention pour le
courage et le dévouement apportés à la cause commune.
Citons M. Joseph Niset, qui se chargea pendant tout un
temps du service de la correspondance entre nos soldats
et nos civils.
Monsieur Elie Servais qui, par ses soins empressés, permit
à des soldats français blessés, de rejoindre rapidement les
lignes alliées, et cela à la barbe des Allemands.
Monsieur et Madame Decordes qui hébergèrent ces
fugitifs et les réconfortèrent.
Ajoutons que notre commissaire Monsieur Ernest
Thibou fut mêlé intimement à tous ces faits. C’est ce
qui lui valut d’ailleurs du pays, la médaille du Roi et de
1. A la suite de cet incident M. Thibou et le Comte du Monceau
durent arrêtés ainsi que l’imprimeur M. Michaux.
l’Administration communale, le diplôme que voici :
Les Bourgmestres, Échevins, Conseillers communaux
et habitants de la commune de Grez-Doiceau, voulant
donner à Monsieur Ernest Thibou, nommé Commissaire
de police de la dite commune pour la durée de la guerre, un
témoignage de reconnaissance, lui avons délivré le présent
certificat pour le remercier de tous les services rendus à la
cause de la population.
Manœuvrant avec habilité et audace, il contribua à
éviter à la commune et à ses habitants des ennuis et des
amendes et lorsqu’elles étaient données, il parvint souvent
à les récupérer.
Il assuma avec grande satisfaction tous les services des
inscriptions et des réquisitions imposées par l’ennemi,
contribua pour une large part à la délivrance de ses
concitoyens jugés aptes par l’ennemi à la déportation en
Allemagne.
Il sut se dévouer au service des réfugiés français et au

— 312 — — 313 —
placement des troupes Alliées de passage dans la commune.
Grez-Doiceau, le 1er mars 1919.
Au nom de l’Administration communale
et de ses habitants,
Le Bourgmestre,
F. Lacourt.
Ces quelques faits relatés, nous montrent que notre
population fut toujours, à travers les temps, identique à
elle-même.
Nous sommes assurés par là même, que l’avenir n’aura
pour seul gage que le passé.
C’est un grand réconfort.
Il nous reste à remercier tous ceux qui nous ont aidé à
mener à bonne fin ce travail.
Citons au passage, Monsieur Dubois, notre dévoué
Bourgmestre; Monsieur Thibou, notre très actif Conseiller
communal; notre secrétaire, Monsieur Baudot, jamais lassé
de nous fournir des renseignements d’ordre administratif.
Un merci à Monsieur Le Lorrain, le très affable secrétaire
de la Saint Georges, à Monsieur Pourvoyeyr, révérend curé
de Grez et à Monsieur Houbart, curé de Doiceau.
Un détail confié par l’un, un renseignement
communiqué par l’autre, un souvenir remémoré par celui-
ci, ont fortement contribué à la bonne réussite du travail
que nous offrons à nos lecteurs.
Nous espérons qu’à travers bien des imperfections, cette
œuvre aura l’heur de leur plaire...
Grez-Doiceau, janvier 1933.